L’ÉCOLE DE DIEU DANS LE LIVRE DE DANIEL (ch. 3-4)
La statue d’or dressée par Nebucadnetsar
Ce chapitre manifeste le vrai état intérieur de Nebucadnetsar. Sa confession du Dieu d’Israël n’était pas allée plus loin que la reconnaissance que le Dieu de Daniel était « le Dieu des dieux et le Seigneur des rois » (2 : 47) – c’est-à-dire un dieu supérieur aux siens. Il a reconnu la main qui lui a confié la domination suprême du monde, mais il n’a pas la moindre pensée de soumettre son cœur à un tel Dieu. Son orgueil était satisfait, mais sa conscience n’avait pas été touchée. La bonté de Dieu ne l’avait pas encore poussé à la repentance.
Tout en ayant reçu la domination universelle des mains de Dieu, Nebucadnetsar n’adore pas le Dieu qui l’a ainsi favorisé. Dans ce chapitre, nous le voyons substituer au Dieu vivant et invisible une « statue d’or » dans la plaine de Dura (v. 1) – une vulgaire création de sa propre imagination.
Tel est l’homme. Bien que débiteur de Dieu, il refuse résolument son contrôle, étant dominé par une volonté qui l’éloigne de la juste soumission à son Créateur qui l’a comblé de biens.
Mais Nebucadnetsar devait apprendre que, dans son royaume, il y avait des hommes qui donnaient aux droits du Dieu vivant la première place, alors que, humainement parlant, ils devaient tout au roi. Ils étaient prêts à risquer leur vie en refusant de s’incliner devant l’autorité du souverain, si celle-ci était en conflit avec l’obéissance au Dieu d’Israël. Par le moyen de ces hommes fidèles, Dieu allait montrer à Nebucadnetsar sa puissance vivante, avant de la manifester sur la personne même du roi. Il allait ainsi, dans la grâce, rendre un témoignage clair à son contrôle total de l’un des éléments les plus incontrôlables, le feu. Leçon éloquente pour ce potentat dont la volonté n’avait jusque-là connu aucune restriction et dont l’orgueil et la vanité étaient sans limites !
Le refus des trois Hébreux d’obtempérer à la demande du roi
Le jour de la dédicace, un héraut annonce avec force la manière et le moment de cet hommage universel à la statue d’or. Mais voici un événement qui excite à un haut degré la fureur du roi. Trois captifs de Juda lui désobéissent et n’adorent pas la statue (v. 12). Le roi réitère l’ordre à ces trois fidèles jeunes gens, sous peine d’être jetés dans la terrible fournaise de feu ardent (v. 15).
Le contraste entre le roi et les trois captifs est très frappant. Le premier est dominé par une fureur débridée, qui se brise en vagues d’orgueil, de passion et de puissance, contre les rochers inébranlables de la foi invincible des seconds et de leur loyauté absolue au Dieu du ciel.
Le calme entier des trois jeunes hommes, qui sont conscients d’être dans la présence d’un plus grand que la « tête d’or », active encore les flammes de la colère du roi, lorsqu’ils répondent fermement mais paisiblement à ses demandes les plus pressantes. On ne voit pas trace d’anxiété chez eux. « Nebucadnetsar, il n’est pas nécessaire que nous te répondions sur ce sujet. S’il en est comme tu dis, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise de feu ardent… Et sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as dressée » (v. 16-18).
Il est certain que ces jeunes gens avaient vécu une vie d’intimité pratique avec l’Éternel jusqu’à ce moment. Un enthousiasme temporaire n’aurait pas suffi à les garder à travers une si terrible épreuve, le refus d’obéir au commandement du roi devant ouvrir la fournaise de feu ardent. Mais la certitude : « notre Dieu peut » était suffisante pour ces fidèles Hébreux. Ils L’avaient servi, Il les sauverait d’une manière ou d’une autre.
Dans cette foi et cette fidélité qui ne se laissent embarrasser ni perturber par rien au monde, ni par la fureur du roi ni par les flammes toutes proches, il y a une grandeur morale insurpassée dans tous les personnages de l’Écriture. Bien sûr, elle est éclipsée par Christ, qui tient en toutes choses la première place (Col. 1 : 18).
La délivrance de la fournaise
Le résultat de cette épreuve a été l’intervention miraculeuse de l’Éternel en faveur de ses fidèles serviteurs. Les flammes de la fournaise font périr les hommes qui y avaient jeté Shadrac, Méshac et Abed-Nego, et consument les liens qui retenaient les témoins de Dieu. Ils sont libérés pour marcher au milieu des flammes en compagnie d’un quatrième personnage dont Nebucadnetsar lui-même doit déclarer qu’il était « semblable à un fils de Dieu » (v. 25).
Les trois jeunes hommes ayant été appelés hors de la fournaise chauffée sept fois plus qu’à l’ordinaire, les satrapes, les préfets, les gouverneurs et les conseillers du roi sont les témoins de l’incontestable puissance du Dieu d’Israël. Ils peuvent voir « ces hommes sur le corps desquels le feu n’avait eu aucune puissance : les cheveux de leur tête n’avaient pas été brûlés, et leurs caleçons n’avaient pas changé, et l’odeur du feu n’avait pas passé sur eux » (v. 27). Le roi reconnaît spontanément le Dieu de Shadrac, de Méshac et d’Abed-Nego comme digne de louange, puisqu’Il a toute puissance et tout contrôle sur les flammes les plus terribles. Pourtant, rien n’indique un travail profond dans son cœur l’amenant à reconnaître le Dieu d’Israël comme son Dieu.
Le roi bénit Dieu et honore ses témoins
Un édit royal proclamant un jugement sommaire sur tous ceux qui parleraient mal du Dieu de Shadrac, de Méshac et d’Abed-Nego (v. 29) montre le respect de Nebucadnetsar pour un si grand Dieu. Et la promotion des trois jeunes hommes dans son royaume (v. 30) montre sa haute appréciation de leur fidélité envers leur Dieu. Mais tout ceci laisse inchangée la relation intérieure de Nebucadnetsar avec l’Éternel. Pour cette œuvre-là, il faudra que la toute-puissance de Dieu lui soit montrée sous une forme toute personnelle, de manière à briser finalement sa conscience cautérisée et sa volonté endurcie. Des concessions en faveur d’un dieu étranger étaient loin de suffire pour produire cela. Mais Dieu avait un propos de miséricorde envers le premier grand empereur de la domination gentile. Son contrôle sur celui-ci allait être démontré d’une manière aussi marquante que sur les flammes de la fournaise. C’est ce que Nebucadnetsar avait encore à apprendre personnellement et par expérience.
La proclamation rétrospective de Nebucadnetsar
À partir du verset 31 et jusqu’à la fin du chapitre 4, les événements relatés ne sont pas le rapport historique du prophète Daniel au sujet de Nebucadnetsar, mais le récit fait par Nebucadnetsar lui-même des voies merveilleuses de Dieu envers lui. C’est en fait la confession détaillée, par l’homme qui gouvernait alors le monde, du moyen humiliant par lequel sa volonté a été brisée et son orgueil abaissé. Le changement total effectué en lui est tout aussi extraordinaire que celui que la puissance du même Dieu accomplira en Saul de Tarse, quelques siècles plus tard.
Les derniers mots de ce chapitre témoignent clairement de ce travail de Dieu. Nebucadnetsar est amené à ne pas avoir honte de proclamer l’humiliation et la dégradation qu’il avait subies sous la discipline du Dieu Très-haut : « À tous les peuples, peuplades et langues, qui habitent sur toute la terre… Il m’a semblé bon de faire connaître les signes et les prodiges que le Dieu Très-haut a opérés à mon égard. Ses signes, combien ils sont grands ! Et ses prodiges, combien ils sont puissants ! Son royaume est un royaume éternel, et sa domination est de génération en génération » (v. 31-33).
Dans l’épître aux Romains, lorsque Paul parle de l’introduction des nations dans la sphère de bénédictions divines, et qu’il a devant lui toute l’étendue des conseils de Dieu - dont Nebucadnetsar, tête d’or inaugurant la domination des nations, n’avait reçu qu’une toute petite révélation -, il fait éclater la louange qui remplit son cœur : « Ô profondeur… de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses voies indiscernables !... Car de lui, et par lui, et pour lui, sont toutes choses ! » (Rom. 11 : 33-36).
L’avertissement divin par une nouvelle vision
Tout d’abord, le roi Nebucadnetsar raconte la vision qu’il a eue. Un arbre majestueux atteignait jusqu’aux cieux et on le voyait jusqu’au bout de la terre. Son feuillage était magnifique, et son fruit abondant fournissait de la nourriture à tous ; les bêtes des champs se tenaient sous son ombre et les oiseaux des cieux habitaient dans ses branches. Mais lorsqu’il est parvenu au point culminant de sa gloire, une sentence de jugement a été prononcée sur lui par un « veillant », par un « saint » (v. 10). Dieu prend note des privilèges conférés et de la responsabilité qui en résulte. Cette sentence est : « Abattez l’arbre et coupez ses branches, faites tomber son feuillage et dispersez son fruit… Toutefois, laissez dans la terre le tronc de ses racines, avec un lien de fer et de bronze autour de lui, dans l’herbe des champs ; et qu’il soit baigné de la rosée des cieux, et qu’il ait, avec les bêtes, sa part à l’herbe de la terre ; que son cœur d’homme soit changé, et qu’un cœur de bête lui soit donné ; et que sept temps passent sur lui » (v. 11-13).
La révélation de la vision à Daniel
La lumière nécessaire pour éclairer la vision céleste vient de nouveau de Daniel, le fidèle serviteur que l’Éternel a choisi et formé pour cela. Cependant la difficulté de la tâche à accomplir plonge Daniel dans l’angoisse. « Alors Daniel… fut stupéfié pour une heure environ, et ses pensées le troublèrent » (v. 16). Son trouble est si évident qu’il n’échappe pas au roi.
Revenu de sa stupéfaction quant à l’intention de Dieu à l’égard du roi, et rempli de sollicitude pour lui, Daniel donne l’interprétation du songe en termes clairs. Il annonce à Nebucadnetsar l’inexorable jugement de Dieu, en conséquence de son mauvais usage des grands privilèges qui lui avaient été accordés. Son orgueil impérial allait maintenant être abaissé et sa volonté brisée par l’action du Très-haut sur sa personne même. La gloire du royaume qui lui avait été donné allait demeurer, alors que lui-même serait abaissé, par la main toute-puissante de Dieu, à un niveau comparable à celui des bêtes des champs.
La discipline gouvernementale n’allait toutefois pas être un jugement définitif. En effet, Daniel poursuit : « Et quant à ce qu’on a dit de laisser le tronc des racines de l’arbre, ton royaume te demeurera, quand tu auras reconnu que les cieux dominent » (v. 23).
Rappelons-nous que c’est le roi lui-même qui rapporte d’une manière détaillée et au moment où son âme est éclairée, les signes que le Dieu Très-Haut a opérés à son égard. Avec sincérité et transparence, il raconte les événements tels qu’ils se sont passés. C’est ainsi qu’il rapporte les avertissements et les conseils de Daniel (v. 24), la façon dont il s’est glorifié lui-même malgré ces exhortations (v. 25-27), les détails de la dégradation effroyable qu’il a dû vivre (v. 28-30) et finalement le changement total intervenu dans ses relations personnelles avec le vrai Dieu (v. 31-34).
Combien petit est l’homme, même lorsqu’il paraît être grand ! Combien chétifs sont ses emportements et ses forces, lorsqu’il se trouve entre les mains du Dieu qui l’a créé. La volonté, fortifiée à l’extrême par l’orgueil humain et par la possession de la puissance terrestre, doit finalement laisser place à celle de Dieu.
Dans le cas de Nebucadnetsar, le résultat de la discipline divine est une volonté soumise et un esprit brisé. C’est très beau. Les voies de Dieu sont approuvées et justice est rendue à son intervention.
Nebucadnetsar bénit le Très-haut, le Dieu souverain
La « tête d’or » a maintenant appris à adorer le Dieu Très-haut. La première action de son intelligence restaurée est de lever les yeux vers les cieux et de bénir, louer, magnifier « celui qui vit éternellement » (v. 31). Plus encore, il confesse que lui-même n’est qu’un sujet du Dieu dont la domination est une domination éternelle et dont le royaume est de génération en génération. Il reconnaît que les habitants de la terre, quelle que soit leur gloire, sont réputés comme néant devant lui. Il est bien conscient que Dieu agit selon son bon plaisir dans le ciel et sur la terre, et que personne n’a le pouvoir d’arrêter sa main ou le droit de lui demander des comptes. C’est lui qui donne ou retire à l’homme l’intelligence, et par conséquent la capacité d’exercer la domination et l’autorité.
Ainsi le monarque qui avait mis en cause le titre et la puissance du Dieu suprême, lorsqu’il avait dit : « Et qui est le Dieu qui vous délivrera de ma main ? » (3 : 15), est maintenant devenu, par l’action de Dieu, un adorateur du Très-haut. Les lèvres qui avaient autrefois lancé un défi à l’Éternel s’expriment maintenant en louanges : « Maintenant, moi, Nebucadnetsar, je loue et j’exalte et je magnifie le roi des cieux, dont toutes les œuvres sont vérité et les voies, jugement, et qui est puissant pour abaisser ceux qui marchent avec orgueil » (v. 34).
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Pour notre instruction, l’Écriture présente plusieurs exemples des moyens variés par lesquels le Dieu infini réalise ce qu’Il veut avec ses créatures, là où une volonté rebelle se manifeste, ou bien là où l’orgueil et la puissance cherchent à se mettre en évidence.
La tour de Babel (Gen. 11)
Lorsque le monde, uni par un seul langage et par un objectif commun, a cherché à prouver sa volonté et sa puissance par la construction d’une tour atteignant aux cieux, Dieu l’a confondu en divisant son langage. En un instant, l’unité nécessaire à l’accomplissement de son dessein a été anéantie.
Le Pharaon (Ex. 14)
Lorsque le cœur endurci du Pharaon a refusé toutes les demandes du Dieu de grâce et de patience, il a été totalement détruit, lui et son armée, dans les eaux de la mer Rouge.
David (2 Sam. 12)
Le grave péché de David - qui était un défi à l’égard de la volonté expresse de Dieu exprimée dans les dix commandements et de la grâce qui l’avait amené des parcs des brebis jusqu’au trône - a fait venir sur lui la sentence sévère de Dieu : « L’épée ne s’éloignera pas de ta maison, à jamais » (v. 10). La parole de Dieu par le prophète Nathan s’est accomplie à la lettre, et les tragédies sont arrivées coup sur coup dans sa maison. Toute la suite de la vie de David a été marquée par les conséquences gouvernementales de son péché. Cependant, elles ont eu pour résultat une plus grande connaissance de la grâce de Dieu, comme aussi une plus grande connaissance de lui-même. C’est ainsi qu’il est écrit au Psaume 51 : « Voici, j’ai été enfanté dans l’iniquité, et dans le péché ma mère m’a conçu » (v. 7), ce qui montre à l’évidence « un esprit brisé » et « un cœur brisé et humilié » (v. 19). L’Esprit de Dieu a utilisé ces circonstances pour inspirer des psaumes empreints d’humilité, exprimant les expériences, dans tous les temps, des croyants conscients de leurs éloignements plus ou moins graves de la volonté de Dieu, pourtant connue.
L’Assyrien (2 Rois 19)
Nous lisons au sujet de l’Assyrien : « Quand le Seigneur aura achevé toute son œuvre contre la montagne de Sion et contre Jérusalem, je visiterai le fruit de l’arrogance du cœur du roi d’Assyrie et la gloire de la fierté de ses yeux » (Es. 10 : 12). C’est le jugement que nous voyons s’accomplir en 2 Rois 19 : 35.
L’Antichrist (2 Thes. 2)
Il en sera de même de « l’homme de péché… le fils de perdition », qui va usurper le trône au temple auquel seul Dieu a droit. Cet homme « s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu » (2 Thes. 2 : 4). Il sera l’incarnation de tout le péché qui a marqué l’homme, l’incarnation de l’orgueil et de la puissance de Satan. La venue de ce personnage terrible - appelé aussi « l’inique » - sera « selon l’opération de Satan, avec toute sorte de puissance, des signes et des prodiges de mensonge » ; mais « le Seigneur Jésus le consumera par le souffle de sa bouche et l’anéantira par l’apparition de sa venue » (v. 8-9).
Satan (Ézé. 28)
Mentionnons enfin l’orgueil et la chute de Satan lui-même, sous la figure du roi de Tyr en Ézéchiel 28, où il est identifié par le témoignage : « Tu as été en Éden, le jardin de Dieu » (v. 13). Son orgueil et sa chute sont résumés ainsi : « Ton cœur s’est élevé pour ta beauté, tu as corrompu ta sagesse à cause de ta splendeur ; je t’ai jeté à terre, je t’ai mis devant les rois, afin qu’ils te voient » (v. 17). Sa fin nous est rapportée en Apocalypse 20 : il sera « précipité dans l’étang de feu et de soufre, où sont et la Bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles » (v. 10).
Ainsi le sceptre de la domination et du pouvoir restera toujours entre les mains du Dieu Très-haut. D’une part, « l’Éternel jugera son peuple, et se repentira en faveur de ses serviteurs, quand il verra que la force s’en est allée » (Deut. 32 : 36). D’autre part, quant à ses ennemis, Il dit : « Si j’aiguise l’éclair de mon épée et que ma main saisisse le jugement, je rendrai la vengeance à mes adversaires et je récompenserai ceux qui me haïssent » (v. 41).
D’après M. C. Gahan (« Messager évangélique » année 2009 p. 29-32 ; 58-64)
À suivre