bible-notes.org

L’ÉCOLE DE DIEU DANS LE LIVRE DE DANIEL (ch. 5-6)


DANIEL (ch. 5)
DANIEL (ch. 6)
 

DANIEL (ch. 5)

            Si l’histoire de Nebucadnetsar représente le triomphe final de la grâce sur l’orgueil humain quand Dieu « voit que la force s’en est allée », celle du roi Belshatsar illustre « l’éclair de l’épée » lorsque l’Éternel exécute la vengeance sur ses ennemis : « L’Éternel jugera son peuple, et se repentira en faveur de ses serviteurs, quand il verra que la force s’en est allée, et qu’il n’y a plus personne, esclave ou homme libre... Si j’aiguise l’éclair de mon épée et que ma main saisisse le jugement, je rendrai la vengeance à mes adversaires et je récompenserai ceux qui me haïssent » (Deut. 32 : 36, 41).
            Nebucadnetsar était apparu sur la scène comme quelqu’un qui ignorait complètement la majesté et la puissance du Dieu vivant. Son péché était grand assurément, mais il ne faut pas oublier qu’il venait d’un milieu de ténèbres morales et spirituelles complètes. Il s’est trouvé soudain dans la présence de Dieu qu’il ne connaissait pas, pour y apprendre personnellement et expérimentalement les caractères du seul vrai Dieu.
            Des songes lui ont fourni des avertissements. Il a été placé devant l’interprétation surnaturelle de ces songes. Il a reçu des exhortations patientes. Et finalement une discipline sous le gouvernement de Dieu a produit en lui un « esprit brisé » et un « cœur brisé et humilié » (Ps. 51 : 19).

                        Le blasphème de Belshatsar

            La situation est bien différente pour Belshatsar. Depuis longtemps, peut-être même depuis son jeune âge, il avait eu connaissance de ce que le Dieu d’Israël avait fait et était capable de faire. Le souvenir s’en trouvait encore dans les mémoires des officiers du royaume et des personnes qui avaient entouré Belshatsar dans son enfance. Une démonstration extraordinaire de la puissance divine avait même fait l’objet d’une proclamation publique de la part de Nebucadnetsar.
            Sans être touché par ce qui était arrivé à son grand-père, Belshatsar ajoute à l’orgueil et à l’esprit de défi qui avaient caractérisé celui-ci, le mépris total pour l’Éternel et la profanation outrageuse de ce qui Lui appartenait. Lors d’un festin, le roi, ses grands, ses femmes et ses concubines boivent du vin dans « les vases d’or qu’on avait tirés du temple de la maison de Dieu » (v. 3). Et ils louent « les dieux d’or et d’argent, de bronze, de fer, de bois, et de pierre » (v. 4).
            Ainsi, les leçons données par l’Éternel dans ses voies envers Nebucadnetsar étaient sciemment ignorées. Belshatsar le provoquait ouvertement, à la pleine lumière de faits qu’il devait connaître. Les avertissements solennels de Dieu étaient méprisés.
            Utiliser les vases sacrés pour boire des libations à toute sorte de divinités ! Quel défi ! Ce n’était pas une résistance résultant de l’ignorance, comme dans le cas de Nebucadnetsar, c’était un endurcissement délibéré du cœur. Le roi fermait les yeux aux preuves répétées de la toute-puissance du Dieu d’Israël.
            Mais lorsque le festin et les réjouissances sont à leur comble, les doigts d’une main d’homme écrivent des mots mystérieux sur le plâtre de la muraille du palais (v. 5). Ces mots, incompréhensibles aux astrologues, aux Chaldéens et aux augures, jettent la consternation et la terreur dans le cœur du roi. Mais ils fournissent à Daniel une nouvelle occasion d’être un témoin pour Dieu. Il semble que la reine avait été profondément touchée par ce qui était arrivé à Nebucadnetsar – événements dans lesquels Daniel avait été directement impliqué – et c’est grâce au souvenir de cette femme qu’il est appelé d’urgence à venir se présenter devant le roi (v. 11-12).
            Mais le moment favorable pour Belshatsar appartenait au passé. La lumière qui lui avait été accordée était devenue ténèbres et la grâce dont il avait entendu parler n’avait fait que rendre sa conscience dure comme une pierre. Il était maintenant étranger à toute émotion, si ce n’est à celle de la terreur.

                        La sentence divine annoncée par Daniel

            Daniel ne veut pas devenir le débiteur d’un tel homme, si haut placé qu’il soit. Les termes dans lesquels il répond à Belshatsar, n’exprimant que la sévérité et la condamnation, sont en contraste frappant avec les paroles d’exhortation et de grâce qu’il avait adressées à Nebucadnetsar. « Que tes présents te demeurent, et donne tes récompenses à un autre. Toutefois je lirai l’écriture au roi, et je lui en ferai connaître l’interprétation » (v. 17). En quelques mots, Daniel lui rappelle ce qui était arrivé à son ancêtre : l’orgueil et la présomption avaient amené sa dégradation jusqu’au niveau des bêtes. Vient ensuite cette flèche acérée destinée à sa conscience : « Et toi, son fils Belshatsar, tu n’as pas humilié ton cœur, bien que tu aies su tout cela » (v. 22). Daniel souligne son orgueil et sa profanation de ce qui appartenait au Dieu vivant. Il rappelle enfin la condition dans laquelle la vie du roi se trouve devant le Dieu auquel il a lancé un défi et sa responsabilité devant Celui auquel il a des comptes à rendre. « Et le Dieu en la main duquel est ton souffle, et à qui appartiennent toutes tes voies, tu ne l’as pas glorifié » (v. 23). La main d’un Dieu outragé et insulté de cette manière est venue écrire les mots mystérieux : « Mené, mené, thekel, upharsin » ! (v. 25).
            Mené : « Dieu a compté ton royaume, et y a mis fin » (v. 26). Les derniers grains du sablier de l’empire chaldéen allaient tomber, et son dernier roi allait disparaître.
            Thekel : « Tu as été pesé à la balance, et tu as été trouvé manquant de poids » (v. 27). L’estimation divine des voies de Belshatsar est communiquée ici, alors qu’il est pesé à la balance du sanctuaire.
            Upharsin : « Ton royaume est divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses » (v. 28). C’est ce qui va se passer sans délai, Belshatsar étant alors en guerre avec ces nations.
            Cependant, la grande proximité de ce jugement demeure inconnue du roi. Rassuré par la fausse confiance dans la solidité de son système de défense, il donne des ordres qui ne pourront jamais être exécutés. En reconnaissance des services de Daniel, et malgré le refus de celui-ci, il l’établit troisième gouverneur dans le royaume (v. 29).
            L’envahisseur étant aux portes, le jugement s’exécute sans délai. « En cette nuit-là, Belshatsar, roi des Chaldéens, fut tué » (v. 30). Et Darius le Mède reçut le royaume.
            Comme le dit le livre des Proverbes : « L’homme qui, étant souvent repris, roidit son cou, sera brisé subitement, et il n’y a pas de remède » (29 : 1). « Qui marche dans l’intégrité sera sauvé, mais qui suit tortueusement deux voies tombera une fois pour toutes » (28 : 18).


DANIEL (ch. 6)

                        Complot contre Daniel à la cour de Darius

            « Darius, le Mède, reçut le royaume à l’âge d’environ 62 ans » (v. 1).
            Plusieurs rois successifs avaient reconnu la sagesse de Daniel et son expérience en matière de gouvernement ; il avait prospéré de façon extraordinaire. Mis à l’épreuve, il avait montré qu’il était non seulement un homme sage, mais également un fidèle serviteur de l’Éternel. « Le roi (Darius) pensa à l’établir sur tout son royaume » (v. 4).
            Cependant, l’origine israélite de Daniel et ses grandes capacités dans l’administration de l’empire éveillèrent la jalousie parmi ses collègues. Celle-ci se concrétisa dans un effort commun de le discréditer aux yeux du roi. C’était, à leurs yeux, le seul moyen de se débarrasser de cet étranger qu’ils haïssaient. Ils cherchèrent d’abord à trouver Daniel en faute dans les choses ayant trait au royaume, mais leur effort échoua complètement. Il fut plus efficace lorsqu’il fut dirigé dans les choses qui concernent « la loi de son Dieu » (v. 6).
            Ils préparèrent un décret stipulant que, durant une période de 30 jours, personne n’avait le droit d’adresser une demande à un dieu ou à un homme quelconque, excepté au roi Darius lui-même. Le roi signa le décret sans en réaliser la portée (v. 8-10). Daniel se trouvait donc devant un choix : déshonorer son Dieu ou subir une mort atroce. Dieu permit que son serviteur passe par cette épreuve profonde ; il ne fit rien pour empêcher ce complot. Nous pouvons bien nous poser la question : comment se fait-il qu’un homme aussi fidèle et agréable à Dieu ne soit pas exempté d’une telle épreuve ? Tout d’abord, le Dieu d’Israël allait être une fois de plus glorifié parmi les nations païennes. De plus, dans les voies de Dieu envers ses serviteurs, les souffrances et la discipline sont nécessaires à leur développement spirituel et à leur progression. Et de leur fidélité même naissent des circonstances conduisant à une discipline profitable.
            Pour l’homme naturel, la vérité est désagréable, les exigences de Dieu sont intolérables, et la fidélité de ses serviteurs est détestable. Ainsi Daniel doit passer lui-même par une épreuve semblable à celle qu’avaient connue ses trois compagnons. Cependant il n’a pas le soutien d’un encouragement mutuel, comme ceux-ci l’avaient eu.
            Mais l’Éternel habitait le cœur de Daniel d’une manière telle que l’effet prévu fut totalement annulé.

                        Daniel en prière

            Passer en quelques heures de la situation de président de l’empire à celle d’un condamné qu’on jette à la fosse aux lions était bien sûr un changement violent et inattendu. Mais pour l’esprit paisible et équilibré de Daniel, ce n’était qu’un changement de circonstances dans lesquelles il pouvait, tout aussi bien qu’auparavant, être conduit par la puissance de l’Éternel, son Dieu, et être accompagné de sa présence. Pour sa foi, les mâchoires des lions étaient tout autant sous le contrôle du Dieu vivant que les jalousies des présidents et des satrapes. Comme le psalmiste, il aurait pu dire : « Mon âme est au milieu des lions ; je suis couché parmi ceux qui soufflent des flammes, - les fils des hommes, dont les dents sont des lances et des flèches, et la langue une épée aiguë » (Ps. 57 : 4). Que ce soit d’animaux féroces ou de lions humains, le Dieu d’Israël pouvait le délivrer.
            Quand le décret a été signé, il n’y a eu aucune hésitation chez Daniel. « Ses fenêtres étant ouvertes… du côté de Jérusalem, il s’agenouillait sur ses genoux trois fois par jour, et priait, et rendait grâces devant son Dieu, comme il avait fait auparavant » (v. 10). Son attitude sans compromis a pour effet immédiat de le placer directement sous la puissance de ses ennemis, du moins en ce qui concernait leurs mauvaises intentions. Le roi était animé de sentiments bien différents. Regrettant profondément la décision prise, mais lié par un décret ne pouvant être abrogé, il s’efforce jusqu’au coucher du soleil de délivrer Daniel. Finalement il doit, sous la pression des présidents et des satrapes mais bien à contrecœur, prononcer l’ordre de jeter Daniel dans la fosse aux lions.
            Darius avait une certaine confiance dans le Dieu de Daniel. Il dit à celui-ci : « Ton Dieu que tu sers continuellement, lui, te sauvera » (v. 17). Le comportement et les paroles du roi montrent clairement qu’il avait été marqué par la conduite droite et le fidèle témoignage de Daniel. Et cela allait encore s’approfondir par ce qui allait arriver.

                        La délivrance divine

            La nuit d’angoisse du roi est suivie d’un matin de soulagement. Se rendant personnellement à la fosse aux lions, le roi découvre pour sa plus grande joie que le Dieu vivant avait fermé la bouche des lions. Sur son ordre immédiat, Daniel en est tiré et ses accusateurs y sont jetés – pour leur destruction instantanée.
            La mesure dans laquelle Darius a perçu la grandeur et la gloire du Dieu d’Israël n’a probablement pas atteint celle qu’avait saisie Nebucadnetsar (voir ch. 4). En effet, sa déclaration ne mentionne que la crainte qui est due au Dieu de Daniel, la pérennité de son être, la durée illimitée de son royaume, et sa puissance dans les cieux et sur la terre. Il y avait toutefois suffisamment d’éléments pour établir devant lui et devant tous ses sujets la suprématie de Dieu, par la volonté duquel la domination universelle avait été transférée au deuxième empire, celui des Mèdes et des Perses.
            Quant à l’attitude de Daniel, la gloire de l’Éternel avait été sauvegardée par une fidélité sans compromis. Il sort de l’épreuve agrandi. « Et ce Daniel prospéra pendant le règne de Darius et pendant le règne de Cyrus, le Perse » (v. 29).


D’après M. C. Gahan (« Messager évangélique » année 2009)

 

À suivre