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L’AGNEAU DE DIEU (3)

 

Voilà l’Agneau de Dieu

            « Voilà l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! …Voilà l'Agneau de Dieu ! » (Jean 1 : 29, 36)

            « Où est l'agneau pour l'holocauste? », avait demandé Isaac. Les sacrifices offerts dans les temps anciens, et particulièrement ceux que la Loi avaient ordonnés, évoquaient sans doute pour la foi la pensée qu'un sacrifice plus grand serait un jour offert, que Dieu se pourvoirait lui-même de l'agneau pour l'holocauste. Mais ils ne faisaient ainsi que renouveler la question d'Isaac, et qui aurait pu discerner à l'avance le conseil merveilleux de Dieu ? C'est à Jean le Baptiseur, bien des siècles plus tard, qu'il fut donné d'y répondre, le jour où voyant Jésus venir à lui, il déclara : « Voilà l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! ». Jésus est cet agneau, et par deux fois, Jean en rend témoignage : la première fois en exprimant la grandeur, la gloire de sa Personne, la seconde fois, en faisant de Lui le centre des affections des siens.
            C'est le lendemain du jour où il avait confessé que lui-même n'était pas le Christ, et qu'il n'était que la voix de celui qui crie dans le désert, que Jean vit Jésus venant à lui, et qu'il reconnut en lui l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. C'est lorsqu'il a pris sa place avec une admirable humilité que Dieu honore son serviteur, lui fait reconnaître en Jésus celui dont il annonçait la venue, lui donne d'en rendre témoignage.
            Jean voit Jésus venant à lui. Il le voit comme un homme, Celui qui est descendu au Jourdain, qui s'est associé là, en grâce, à ceux qui se repentaient; mais en cet homme, il a discerné Celui qui prend place avant lui, car Il est avant lui - la Parole devenue chair, pleine de grâce et de vérité (Jean 1 : 14-15, 29, 30). Puis Jean peut rendre témoignage qu'il a vu l'Esprit descendant sur Lui comme une colombe et demeurant sur Lui, Le distinguant ainsi de tous ceux qui venaient au Jourdain et confessaient leurs péchés. L'Esprit pouvait demeurer sur Lui en raison de la perfection de son humanité. Jean peut dire alors : « Et moi, j'ai vu et j'ai rendu témoignage que celui-ci est le Fils de Dieu » (v. 34). C'est ainsi qu'est placé devant nous en pleine lumière ce que, dès le commencement, Dieu lui-même nous avait fait entrevoir par des ombres et des figures : l'Agneau de Dieu est le Fils même de Dieu, mais aussi Celui qui est venu comme un homme au milieu de nous, se joignant dans sa grâce aux pauvres du troupeau. Homme divin, sur qui l'Esprit pouvait descendre et demeurer, venu pour accomplir une œuvre unique à la gloire de Dieu !
            Fils de Dieu, manifesté en chair au temps convenable, Il apparaît à Jean d'une part comme l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, d'autre part, comme Celui qui baptise de l'Esprit Saint. Deux aspects de son œuvre pour la gloire de Dieu nous sont ainsi présentés.
            Si nous considérons le monde dans lequel nous sommes, nous sommes bien obligés de dire qu'aujourd'hui, le péché n'est pas ôté du monde. Bien au contraire, « le monde entier gît dans le méchant » (1 Jean 5 : 19), et s'avance vers le jour où sera révélé « l'homme de péché » (2 Thes. 2 : 3). Même si nous regardons au glorieux règne du Seigneur, et aux jugements qui en précéderont l'introduction, nous constatons que le Roi de paix devra soulager les misères (Ps. 72 : 1-4, 12-14) et détruire le méchant chaque matin (Ps. 101 : 8 ; voir Es. 65 : 20), et qu'au terme de ce règne encore, la méchanceté du cœur non régénéré de l'homme se manifestera dans une dernière révolte (Apoc. 20 : 7-10). Mais après celle-ci, après le jugement final seront introduits « de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habite » (2 Pier. 3 : 13). Alors dans l'éternité bienheureuse, « la mort ne sera plus », le salaire du péché sera définitivement aboli ; « il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine », car les premières choses seront passées (Apoc. 21 : 4). C'est là l'aboutissement de notre espérance, ce que nous attendons selon la promesse (2 Pier. 3 : 13). Mais la parole divine est : « C'est fait » (Apoc. 21 : 5), car l'œuvre sur laquelle tout repose, et de laquelle tout découle, est accomplie. Celui qui l'a accomplie est l'Agneau de Dieu. Dès maintenant, Dieu est pleinement glorifié à l'égard du péché, à l'égard de tout ce qui L'avait déshonoré, à l'égard de tout ce qui avait introduit dans le monde la souillure, la violence, les ténèbres et la mort. Le Père avait tout mis entre les mains du Fils (Jean 3 : 35), et en toutes choses, le Fils a glorifié le Père, achevant l'œuvre qu'Il lui avait donnée à faire (17 : 4).
            Mais si Dieu est glorifié en toutes choses, si toutes les exigences infinies de sa nature sont satisfaites, son amour et sa justice peuvent alors se déployer en bénédiction envers l'homme. La grâce peut être offerte à tous, et donner à tous ceux qui croient un salut éternel, une part au repos de Dieu. Nous qui croyons, nous pouvons dire aujourd'hui de Jésus que « lui a été manifesté, afin qu'il ôte nos péchés» (1 Jean 3 : 5) ; nous Le connaissons comme « Celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang » (Apoc. 1 : 5b).
            C'est pourquoi, si Jean peut contempler le résultat éternel du sacrifice de l'Agneau de Dieu (et notre foi en reçoit le témoignage, quoique la manifestation parfaite en soit encore à venir), il peut aussi annoncer le résultat présent de son œuvre accomplie : « C'est celui-là qui baptise de l'Esprit Saint » (Jean 1 : 33). Ce baptême, accomplissement de « la promesse du Père » (Luc 24 : 49 ; Act. 1 : 4), rend un double témoignage à la perfection de l'œuvre du Seigneur : d'une part, il nous dit que Jésus a été glorifié, parce qu'Il a glorifié le Père (Jean 7 : 39 ; 17 : 4-5) ; d'autre part, il nous parle de la valeur du sang qui nous purifie de tout péché, de sorte que maintenant, l'Esprit Saint peut habiter en nous. Il fait ainsi de nous des témoins au milieu d'un monde ennemi ; il rend témoignage de Christ, afin que nous aussi, nous rendions témoignage de Lui (Jean 15 : 26-27). Il fait aussi de nous les adorateurs que le Père a cherchés (4 : 23), des enfants, des fils.
            « Le lendemain encore, Jean se tenait là… et regardant Jésus qui marchait, il dit : Voilà l'Agneau de Dieu ! » (Jean 1 : 35-36). La première fois, il avait vu Jésus venant à lui. Il avait appris à connaître, de façon personnelle, Celui qui était déjà l'objet de sa foi et de son espérance. Il avait discerné quelque chose des gloires de sa Personne et de son œuvre. Maintenant, il peut Le regarder marcher, Le contempler et, pour ainsi dire, remplir son cœur du Seigneur; et, à nouveau, il parle de lui. N'en est-il pas ainsi pour nous ? Il nous faut apprendre à connaître personnellement le Seigneur, il nous faut « discerner le Fils » (6 : 40), Le voir venir à nous. Il nous faut aussi saisir, dans notre mesure, les gloires intimement liées de sa Personne et de son œuvre, la façon dont Il a pleinement et éternellement satisfait Dieu, et posé en même temps le fondement de notre bénédiction certaine et éternelle. Alors notre cœur, délivré et en paix, pourra s'occuper de Lui, Le contempler, Le voir marcher, recueillant et méditant les témoignages de l'Ecriture, goûtant aussi ce qu'Il est pour nous dans le chemin. Ces affections ne perdent rien de leur fraîcheur en s'approfondissant, et c'est encore la pensée de l'Agneau de Dieu qui se présente à Jean.
            Deux de ses disciples sont auprès de Lui, ce jour-là, et L'entendent exprimer - sans même s'adresser à eux - ce qui est « l'abondance de son cœur ». Dès lors, ils suivent Jésus, et Jean disparaît de la scène. N'est-ce pas à cela que devrait tendre tout service chrétien ? Attacher les cœurs au Seigneur et s'effacer, simplement, lorsque la grâce de Dieu a produit ce résultat. S'il nous est si difficile de le réaliser, n'est-ce pas parce que le Seigneur n'a pas dans nos cœurs la place qu'Il avait dans le cœur de Jean ?
            Ces disciples suivent le Seigneur et, nous est-il dit, « ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là ; c'était environ la dixième heure» (v. 39). Ces quelques mots décrivent notre précieuse part présente : la neuvième heure était l'heure de la prière (Act. 3 : 1) ; mais elle est aussi, pour nous, celle où le Seigneur a exprimé, sur la croix, son abandon, où sa prière « ne passait point » (voir Lam. 3 : 8). La dixième heure n'est-elle donc pas celle qui suit le sacrifice accompli par le vrai Agneau de Dieu ? Bientôt auront lieu les noces de l'Agneau, bientôt aussi son trône sera établi dans la sainte cité ; mais en attendant ces moments glorieux, nous pouvons déjà jouir avec Lui du repos et des bénédictions de son œuvre accomplie. Il nous invite à Le suivre et à demeurer avec Lui là où Il demeure. Si nous revenons sur les passages que nous avons déjà considérés, combien cela nous paraîtra merveilleux !
            Isaac était seul, montant avec son père à la montagne de Morija ; les jeunes hommes, restés en bas, attendaient. Le Seigneur a dû dire aux siens : « L'heure vient, et elle est venue, où vous serez dispersés chacun chez soi et où vous me laisserez seul. Mais je ne suis pas seul, car le Père est avec moi » (Jean 16 : 32). Puis à la neuvième heure, Il a dû se tourner vers son Dieu et dire : « Pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Matt. 27 : 46). Mais maintenant Il n'est plus seul, Il groupe autour de Lui les siens, fruit de ses souffrances infinies. Quelle joie pour son cœur quand nous Le suivons, quand nous demeurons avec Lui, réalisant que « notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jean 1 : 3) !
            Il est à la droite de Dieu dans le ciel, caché du monde qui L'a rejeté, mais c'est là que notre foi Le trouve, voit où Il demeure, et jouit de sa communion, de son amour. Si les sacrificateurs autrefois, présentant jour après jour l'holocauste continuel, ne pouvaient entrer dans le lieu très saint, Lui-même nous invite à demeurer auprès de Lui.
            Qu'il nous soit donné, alors que nous pouvons apprécier la réalité des choses dont ces types étaient la figure, de goûter la plus précieuse de toutes les bénédictions qui nous sont offertes aujourd'hui : demeurer auprès de Lui dans la pleine paix de son œuvre accomplie pour la gloire éternelle de Dieu !

 

P-Er. F - « Messager évangélique » 1991 p. 218-223

A suivre