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LE CULTE ET LE MINISTERE PAR L'ESPRIT (6)
 
           
 
Cinquième lettre (première partie) : Diverses observations sur la dépendance réciproque des saints dans les réunions d'édification mutuelle, et sur d'autres sujets.
 
 
 
Bien-aimés frères,
 
            Mes remarques dans cette lettre seront plus décousues que dans les lettres précédentes, mon but étant de relever divers points qui ne pouvaient guère entrer aisément dans les sujets que j'ai traités auparavant.
 
 
            Et d'abord, qu'il me soit permis de vous rappeler que tout ce qui se fait dans une réunion d'édification mutuelle doit être le fruit de la communion.
            Si je lis un chapitre de la Parole, il ne faut pas que j'aie à feuilleter longtemps ma Bible pour y chercher un chapitre qu'il convienne de lire ; mais, en admettant que je connaisse plus ou moins cette Parole, il faut que l'Esprit de Dieu m'ait mis au coeur la portion que je dois lire.
            De même, si une hymne doit être chantée, ce ne sera pas parce que j'aurai senti que le moment de chanter était venu, que je devrai chercher dans mon recueil un cantique que me plaise ; il faut que, suivant la mesure de connaissance que j'ai des divers cantiques, l'Esprit de Dieu m'ait fait souvenir de l'un d'eux et m'ait dirigé à l'indiquer.
            L'idée d'une demi-douzaine de frères parcourant leurs recueils de cantiques et leurs Bibles pour trouver des chapitres et des hymnes convenables, est aussi subversive que possible du véritable caractère d'une réunion d'édification mutuelle dans la dépendance du Saint Esprit. A cause d'une connaissance imparfaite de ma Bible, il est vrai que je peux avoir besoin de chercher le chapitre que l'Esprit m'a mis au coeur de lire ; la même chose peut se produire quand il s'agit d'une hymne. Mais il est clair que c'est le seul but que l'on doit avoir en feuilletant l'un et l'autre de ces livres, lorsqu'on est assemblé sur le principe de la dépendance du Saint Esprit pour s'édifier mutuellement.
 
 
            En second lieu, si ce que nous venons de dire était bien compris, il s'ensuivrait, comme une conséquence naturelle, qu'en voyant un frère ouvrir sa Bible ou son recueil de cantiques, on saurait qu'il le fait avec la pensée de lire une portion de la Parole, ou d'indiquer une hymne. Tout autre frère n'aura pas l'idée d'agir dans la réunion, jusqu'à ce que celui qui aurait ainsi manifesté son désir de lire ait mis la chose à exécution ou y ait renoncé : « Ainsi, mes frères, quand vous vous réunissez pour manger, attendez-vous l'un l'autre » (1 Cor. 11 : 33).  Ceci  nous amène au sujet de la dépendance mutuelle, sur lequel nous ferons bien de méditer un moment.
            Dans le chapitre 11 de la première épître aux Corinthiens, la question, quant aux croyants qui se rassemblaient à Corinthe, n'était pas le ministère, mais la manière de prendre la cène du Seigneur. La question du ministère se présente dans le chapitre 14 ; mais la racine morale du désordre était la même dans les deux cas.
            Les Corinthiens ne discernaient pas le corps, et ainsi chacun d'eux était occupé de sa propre personne. « Car lorsqu'on mange, chacun prend par avance son propre souper » (v. 21). Il en résultait ce qui suit : « Et l'un a faim, et l'autre s'enivre ». Le principe du « moi » produisait là des fruits tellement visibles et tellement monstrueux qu'ils choquaient même les sentiments naturels.
            Si, en allant aux réunions, je ne fais que penser au chapitre que je lirai, à l'hymne que j'indiquerai, en un mot à la part que je prendrai au culte, le moi est, dans les choses spirituelles, le pivot autour duquel tournent mes pensées et mes sollicitudes, tout autant que si, comme les Corinthiens dans les choses naturelles, j'avais apporté un souper et que je le mange, tandis que mon pauvre frère qui n'aurait pas pu s'en procurer un, s'en irait sans avoir soupé.
            C'est dans l'unité du seul corps de Christ, vivifié, animé, enseigné et gouverné par le seul Esprit, que nous nous assemblons ; et assurément la pensée de nos coeurs, en nous réunissant ainsi, ne devrait être ni le souper que j'ai, moi, à manger, ni la part que j'ai, moi, à prendre à la réunion, mais la bonté et la grâce admirable de Celui qui nous a confiés à la garde du Saint Esprit, lequel ne manquera pas, si nous nous attendons humblement à lui, d'assigner à chacun la place et l'action qui lui conviennent, sans qu'il doive y avoir en nous aucune préoccupation fiévreuse à ce sujet.
            Chaque chrétien n'est qu'un membre du corps de Christ, et, si les Corinthiens avaient discerné et réalisé cela, certainement celui qui avait un souper aurait attendu ceux qui n'en avaient point, pour le partager avec eux. De la même manière, si mon âme réalise cette précieuse unité du corps, et l'humble place que j'y ai comme en étant seulement un des membres, je me garderai d'agir dans l'assemblée avec une précipitation qui pourrait empêcher d'autres saints de le faire ; et, si je sens que j'ai une parole à adresser de la part du Seigneur ou qu'Il m'appelle à quelque service, je me souviendrai toujours que d'autres peuvent avoir aussi quelque chose à dire, avoir reçu le même appel, et je leur laisserai du temps pour agir ; et, par-dessus tout, si j'aperçois un frère qui a son livre ouvert pour lire une portion de la Parole ou pour indiquer une hymne, j'attendrai qu'il l'ait fait, au lieu de me hâter de le devancer.
            Ces mots : « Attendez-vous l'un l'autre », peuvent s'appliquer à cela aussi bien qu'à la fraction du pain, et dans le chapitre 14 nous trouvons que, lorsque des prophètes parlaient dans l'assemblée par une révélation immédiate, ils devaient être tellement soumis les uns aux autres que, même quand l'un d'entre eux parlait, si un autre qui était assis recevait une révélation, le premier devait « se taire ».
            En outre, si, comme nous l'avons déjà dit, nous réalisions notre place dans le corps et l'unité de celui-ci, la portée générale et morale de cette parole : « Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler » (Jac. 1 : 19), nous enseignerait à nous attendre ainsi les uns les autres.
 
 
            Troisièmement, le but de notre réunion est l'édification ; c'est là-dessus que l'apôtre insiste dans 1 Corinthiens 14. Dans le chapitre 12, nous avons le corps de Christ soumis à lui comme à son Seigneur, et témoin ici-bas de cette souveraineté de Christ, en vertu de l'habitation et de l'action du Saint Esprit, qui distribue ses grâces à chacun en particulier, selon qu'il le veut ; ce chapitre se terminant par la liste des dons : apôtres, prophètes... que Dieu a placés dans l'Eglise dans leurs diverses places d'utilité ou de service pour tout le corps.
            Il nous est recommandé d'avoir du zèle pour désirer de meilleurs dons, mais en même temps il est fait allusion à un chemin par excellence, celui de l'amour ou de la charité dont parle le chapitre 13, sans lequel les dons les plus magnifiques ne sont rien, et qui doit régler l'exercice de tous les dons, pour que le résultat en soit réellement l'édification. Celle-ci est le sujet du chapitre 14.
            Le don des langues étant le plus merveilleux aux yeux des hommes, les Corinthiens prenaient plaisir à l'étaler. Au lieu de l'amour cherchant l'édification de tous, c'était la vanité cherchant à faire parade de ses talents. Ceux-ci étaient réellement des dons, des dons de l'Esprit ; et c'est ici pour nous, bien-aimés frères, une chose sérieuse à considérer, que la puissance de l'Esprit, manifestée dans les dons pour le service, peut être séparée de la direction vivante du même Esprit dans l'exercice de ces sons. Cette direction ne peut se faire sentir que là où le « moi » est crucifié, où Christ est tout pour l'âme.
            Le but du Saint Esprit n'est pas de glorifier les pauvres vases de terre qui contiennent ses dons, mais, et cela par l'édification de tout le corps, de glorifier Christ de qui ces dons procèdent, en donnant à ceux qui les ont reçus d'en faire usage avec grâce, humilité et renoncement à eux-mêmes. Combien ce renoncement à soi-même est beau chez l'apôtre Paul ! Possédant tous les dons, avec quelle simplicité de coeur il cherchait, non à les déployer, mais à exalter son Seigneur et à édifier les saints ! « Je rends grâces à Dieu de ce que je parle en langue plus que vous tous ; mais, dans l'assemblée, j'aime mieux prononcer cinq paroles avec mon intelligence, afin que j'instruise aussi les autres, que dix mille paroles en langue » (1 Cor. 14 : 18-19).
            Combien elles ont de force, sorties de la pensée d'un tel homme, ces paroles du Saint Esprit : « Que tout se fasse pour l'édification » (v. 26). « Ainsi vous aussi, puisque vous désirez avec ardeur des dons de l'Esprit, cherchez à en être abondamment doués pour l'édification de l'assemblée » (v. 12).
 
               
                                                                                                            W. Trotter
             
           
(à suivre)