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L’ÉCOLE DE DIEU DANS LE LIVRE DE DANIEL (ch. 1-2)


DANIEL (ch. 1)
DANIEL (ch. 2)

           
            Le but de ces notes est d’esquisser de quelle manière les personnes dont l’histoire est racontée dans le livre de Daniel ont dû passer par l’école de Dieu. Quant à ceux qui faisaient partie du peuple de Dieu, nous verrons quels ont été les principes de leur conduite et leurs exercices à cette école, de même que l’intervention miraculeuse de Dieu en grâce et en puissance envers ses serviteurs méprisés et persécutés. Nous verrons également le gouvernement de Dieu et son juste jugement contre l’usurpation des prérogatives divines par l’homme impie et contre son orgueil.
            Les détails cachés des exercices des serviteurs de l’Éternel, ainsi que les passions et les abus d’autorité des puissants de la terre en opposition ouverte contre Dieu, fournissent des leçons pratiques très instructives.
            Il n’est pas étonnant que le livre de Daniel, parmi tous les livres de la Bible, soit particulièrement l’objet des assauts de la critique et des incrédules. En effet, l’intervention directe de Dieu dans les affaires des hommes, sa puissance au-dessus de tout, son juste jugement et la délivrance que sa miséricorde apporte aux siens, tout cela y est présenté d’une manière très frappante. Ce livre demeure le témoignage permanent devant tous les hommes de ce qui a été la principale leçon enseignée à Nebucadnetsar, le fait que « les cieux dominent » (Dan. 4 : 26). Il est un puissant témoignage à l’existence du Dieu vivant.


DANIEL (ch. 1)

                        Juda, sous la main de Dieu en discipline, déporté à Babylone            
            Dans son ensemble, l’histoire d’Israël met en relief les voies de Dieu envers le peuple qu’Il avait mis à part pour lui-même et pour lequel Il avait prévu dès le début de merveilleuses bénédictions sur la terre.
            Les relations de l’Éternel avec toutes les autres nations étaient mesurées et contrôlées par la position d’Israël relativement à elles. « Quand le Très-haut partageait l’héritage aux nations,… il établit les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël » (Deut. 32 : 8).
            Mais cette bénédiction était liée à l’obéissance du peuple. Or les fils d’Israël ont manqué d’innombrables fois à cet égard, se plaçant sous la discipline de Dieu en gouvernement, et faisant finalement venir sur eux le châtiment extrême que l’Éternel leur avait annoncé : le bannissement hors de leur pays et leur dispersion parmi les nations (voir Lév. 26 ; Deut. 28).
            Les deux tribus et demie, détachées du reste de la nation par leur volonté de posséder leur héritage à l’orient du Jourdain, ont été victimes de leur éloignement du Dieu vivant, ont sombré dans l’idolâtrie et ont été les premières emmenées en captivité par le roi d’Assyrie. Un peu plus tard, le royaume d’Israël - occupant le nord de la Palestine - a également été déporté loin de son pays, après l’avoir occupé près de 750 ans.
            Le royaume de Juda survécut 140 ans à celui d’Israël. Mais, n’ayant pas profité des avertissements qui lui étaient donnés par le sort des dix tribus, il se trouva également sous la main de Dieu en discipline, ravagé par les jugements et finalement emmené en captivité par Nebucadnetsar, roi de Babylone (2 Chr. 36).
            Le livre de Daniel s’ouvre sur cet événement important.

                        Quatre jeunes Hébreux fidèles dans un milieu idolâtre

            
Ce premier chapitre de Daniel nous présente Daniel, Hanania, Mishaël et Azaria, des représentants remarquables du résidu pieux de Juda, des jeunes hommes dont le cœur était resté fidèle à l’Éternel, au milieu des désolations qui avaient atteint la nation coupable. Ces jeunes gens ont été des instruments dans la main de l’Éternel pour mettre en évidence la toute-puissance du Dieu d’Israël dans les hautes sphères de la puissance du monde. La condition du résidu pieux de cette période est dépeinte d’une façon touchante et poétique dans le Psaume 137, où le souvenir inoubliable de Sion rend leurs harpes silencieuses, étouffe leurs chants et fait couler leurs larmes.
            Nous pouvons être assurés que ni la bienveillance du conquérant ni une promotion à sa cour ne pouvaient en aucune manière effacer la tristesse des circonstances oppressantes qui pesaient sur les esprits de Daniel et de ses trois amis, alors qu’ils assumaient les tâches inattendues qui leur étaient désormais imparties. Ces quatre jeunes hommes étant de la famille royale, et étant distingués par leur sagesse et leur savoir, le roi avait commandé de leur donner une position et des privilèges particuliers. Mais, derrière la volonté du souverain se trouvait la main de Dieu qui contrôle tout. Le témoignage du seul vrai Dieu, du Dieu vivant, a ainsi été amené non seulement dans le palais (voir Phil. 1 : 12-13), mais directement et à plusieurs reprises sous les yeux du monarque qui régnait sur le monde connu à l’époque.
            La clé de l’histoire remarquable de Daniel - que ce soit dans sa marche publique devant les hommes, dans le secret de son âme devant Dieu ou dans l’intimité des révélations prophétiques qui lui ont été faites - se trouve dans la résolution initiale qui a formé le principe directeur de sa vie. Ce principe était la fidélité à Dieu sans réserve ni compromis : « Et Daniel arrêta dans son cœur qu’il ne se souillerait pas par les mets délicats du roi et par le vin qu’il buvait » (v. 8). Mis à l’épreuve jusqu’au fond de son âme par les exigences royales, Daniel a d’emblée pris position. Et cette première prise de position a été le fondement de sa progression dans les choses de Dieu, car « celui qui est fidèle dans ce qui est très petit est fidèle aussi dans ce qui est grand » (Luc 16 : 10 ; voir aussi Ps. 141 : 4).
            Or tandis que Daniel s’engageait de cœur dans le chemin de l’obéissance aux commandements divins, l’Éternel, de son côté, opérait derrière la scène pour le bien de son fidèle serviteur. « Et Dieu fit trouver à Daniel faveur et grâce auprès du prince des eunuques » (v. 9). Il y avait ici un danger très subtil : celui de céder aux demandes d’un homme dont l’amitié et l’approbation pouvaient valoir beaucoup. Pour un captif à la cour du roi de Babylone, une telle faveur pouvait assurer une bonne position. Après avoir arrêté dans son cœur de ne pas se soumettre au commandement du roi, Daniel allait-il céder au plaidoyer de son supérieur ? Non, la loi de son Dieu indiquait le chemin sans erreur possible, et c’était suffisant pour le décider à suivre ce chemin quel qu’en soit le prix. Le résultat remarquable en a été qu’au bout de dix jours, « leurs visages avaient meilleure apparence et étaient plus gras que ceux de tous les jeunes gens qui mangeaient les mets délicats du roi » (v. 15).

                        L’intelligence spirituelle que Dieu donne aux fidèles

            
Par leur fidélité, les jeunes captifs avaient pris un bon départ, tant devant Dieu que devant les hommes. De plus, ils avaient été soutenus d’une manière merveilleuse par l’intervention de l’Éternel en leur faveur : Il inclinait le cœur du roi et celui du prince des eunuques, et Il s’occupait de leur santé physique malgré une alimentation de moindre niveau. Et ce n’est pas seulement quant à l‘apparence de leur visage qu’ils ont excellé. Il nous est dit : « Et à ces jeunes gens, aux quatre, Dieu donna de la connaissance et de l’instruction dans toutes les lettres et dans toute la sagesse » (v. 17). De sorte qu’au jour de l’examen, « dans toutes les choses qui nécessitaient de la sagesse et de l’intelligence, au sujet desquelles le roi les interrogea, il les trouva dix fois supérieurs à tous les devins et enchanteurs qui étaient dans tout son royaume » (v. 20).
            En dépit des influences hostiles qui ont été constamment à l’œuvre contre Daniel, le dernier verset du chapitre enregistre le fait remarquable que sa position à la cour a dépassé la période de la captivité. Daniel fut là jusqu’à la première année du roi Cyrus, le Perse. Il est permis de penser que, dans les voies merveilleuses de Dieu, sa présence a contribué à amener les bonnes dispositions de Cyrus en faveur des Juifs en captivité et leur retour dans leur pays à la fin des 70 ans (voir Esd. 1 : 1). Véritablement : « Le cœur d’un roi, dans la main de l’Éternel, est des ruisseaux d’eau ; il l’incline à tout ce qui lui plaît » (Prov. 21 : 1).
            Nous voyons ainsi que, si même le Dieu d’Israël ne demeure plus derrière le voile du temple à Jérusalem, maintenant détruit, Il agit toujours derrière le voile des circonstances, dans une fidélité qui ne peut changer, en faveur de son peuple. La force de son amour trouve le moyen de s’exprimer, même au milieu de la ruine nationale. Son intervention en faveur de ses fidèles serviteurs des temps anciens devrait nous encourager à la fidélité envers lui dans les circonstances que nous vivons aujourd’hui. « Lui demeure fidèle, car il ne peut pas se renier lui-même » (2 Tim. 2 : 13).


DANIEL (ch. 2)

                        La vision de Nebucadnetsar

            
Dans les voies de Dieu, l’histoire d’Israël était au début d’une période transitoire, qui affectait profondément l’histoire du monde.
            Parmi les bénédictions que l’Éternel avait promises à son peuple s’il était obéissant, se trouvait celle-ci : « L’Éternel te mettra à la tête, et non à la queue » (Deut. 28 : 13). Mais si le peuple était désobéissant, le contraire devait arriver : « Toi, tu seras à la queue » (v. 44). La conquête d’Israël par une nation étrangère et sa captivité dans une terre d’exil étaient les conséquences de ses péchés et de sa révolte contre Dieu. Ce n’était pas le résultat d’un concours de circonstances, des incertitudes de la guerre, ou de l’apparition de nouvelles puissances sur la terre. C’était le résultat direct du décret divin, et nous voyons l’Éternel le communiquer lui-même au roi qui, selon son propos, venait d’obtenir le trône du monde. Le trône avait été retiré à la dynastie royale d’Israël, dans la tribu de Juda, en raison de l’infidélité des individus et de la nation.
            Pour faire connaître son propos à cet égard, Dieu fit que le roi de Babylone eut un songe tel que « son esprit fut agité » et que « son sommeil le quitta » (v. 1). Ce n’était pas un rêve passager dont le souvenir allait se dissiper au petit matin, effacé par les affaires de l’État ou par les réjouissances de la cour. C’était une vision pesante qui hantait l’esprit du roi Nebucadnetsar, bien que les détails aient échappé de sa mémoire. Nous savons en effet qu’ils ont dû lui être rappelés par l’instrument que Dieu s’est choisi pour interpréter le songe (v. 31-36). Le rêve et sa signification étant de Dieu, la sagesse humaine était bien loin de pouvoir le remettre en mémoire ou l’interpréter (v. 10). Ni les promesses de récompenses, ni les menaces d’une colère impuissante ne pouvaient élever l’esprit de l’homme à la sagesse surnaturelle requise (v. 12). Alors, « un décret fut promulgué portant que les sages soient tués ; et on chercha Daniel et ses compagnons, pour les tuer » (v. 13).
            Mais la déroute de la sagesse humaine, l’impuissance du roi et des magiciens, ne vont servir qu’à mettre encore plus en lumière les ressources du Dieu vivant.

                        Le songe du roi et son interprétation révélés par Dieu à Daniel

            
Nullement intimidé, mais profondément exercé, Daniel, usant de son privilège comme l’un des favoris du roi, entre dans la présence de Nebucadnetsar, fait sa requête pour avoir plus de temps (v. 16) et lui laisse entendre que l’interprétation du songe ne va pas tarder.
            Nous trouvons ici chez Daniel une merveilleuse démonstration de foi et de confiance en Dieu, dans une situation où, remarquons-le bien, il n’y avait pas l’ombre d’un indice quant à la nature et à la signification du rêve que le roi avait demandé de raconter et d’interpréter.
            La décision de cœur de Daniel porte déjà son fruit : c’est une confiance inébranlable en Dieu à un moment de péril extrême. Sorti de la présence du roi, il cherche ses trois amis afin qu’ils puissent ensemble, dans la communion de la prière, répandre leurs cœurs devant l’Éternel (v. 17-18). Sans délai, Dieu révèle le songe et son interprétation (v. 19a).
            La situation dangereuse que Dieu permet pour Daniel et ses trois amis nous apprend que les difficultés extrêmes marquent souvent le chemin de la progression du croyant. Elles conduisent à une plus profonde connaissance des voies de Dieu et de Dieu lui-même.
            Daniel, jeune Juif captif, ressortissant d’une nation conquise et méprisée, devient maintenant la bouche de Dieu pour le souverain du monde. Il l’amène à la conscience, pour la première fois de sa vie, que le Dieu vivant est apparu sur la scène, en dépit de toute la sagesse des astrologues et des magiciens de l’époque. Nebucadnetsar apprend également qu’il détient son pouvoir impérial de Dieu et qu’il est sous son autorité, selon son propos et ses décrets.
            Qui ne préférerait pas infiniment la relation qu’avait cet humble captif avec l’Éternel, à celle qu’avait la « tête d’or » à laquelle le Dieu des cieux avait donné « le royaume, la puissance, et la force, et la gloire », et même le titre de « roi des rois » (v. 37-38) ? Daniel occupait une place d’intimité avec l’Éternel et avec sa pensée. Se tenant ainsi au centre du domaine des conseils divins, il contemplait de ce point de vue le panorama des vastes empires - chaldéen, médo-perse, grec et romain (v. 38-40) - qui allaient bientôt s’élever chacun sur les ruines du précédent, selon la volonté de Dieu. Il est vrai que Nebucadnetsar occupait une place privilégiée, mais à la périphérie ; il était centré sur lui-même et satisfait de sa personne, en raison de la dignité et de la gloire qui lui étaient imparties en tant que tête d’or. Mais il était complètement étranger à la proximité et à l’intimité dont Daniel jouissait avec le Dieu d’Israël.

                        Daniel élevé en dignité et en puissance à la cour du roi

            
Il restait au roi à exprimer son approbation sous une forme tangible que Daniel puisse accepter. Et ainsi, il l’éleva à l’un des plus hauts postes dans le gouvernement du royaume. Daniel fut établi « gouverneur sur toute la province de Babylone, et grand intendant de tous les sages de Babylone » (v. 48). Mais il ne fut pas rempli d’orgueil, ni par la révélation que Dieu lui avait faite, ni par la place élevée que le roi lui avait donnée. Il n’avait pas seulement appris à se confier en Dieu, mais aussi à se revêtir d’humilité.
            Combien admirable est sa conduite ! Alors qu’il détient seul les secrets de Dieu, il met de côté toute prétention à la sagesse humaine. Et il place le chef du monde d’alors devant le Dieu suprême qui lui a conféré la domination et l’autorité selon sa propre volonté. Plus grandes sont les révélations et l’intelligence que le vrai serviteur possède dans les choses de Dieu, plus grande est son humilité. Elle est produite dans son cœur par le sentiment de l’immense grâce qui trouve son plaisir à communiquer les choses divines à un cœur prêt à les recevoir. Plus le serviteur connaît les pensées de Dieu, plus il a conscience de sa propre indignité et de la grâce qui lui a confié un service.


D’après M. C. Gahan (« Messager évangélique » année 2008 p. 321-326 ; 362-366)

À suivre