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Les dernières paroles de Jacob (Genèse 49)


L’annonce de l’oracle de Jacob à ses fils (v. 1-2)
Un panorama de l’histoire du peuple d’Israël en quatre tableaux prophétiques successifs (v. 3-26)
Les toutes dernières paroles de Jacob mourant (v. 28-33)


            Qui n’a jamais admiré un beau coucher de soleil après une journée d’orage ?
            La vie de Jacob, le trompeur, a connu bien des perturbations. Mais au soir de sa vie, comme un beau coucher de soleil, ce vieillard de 147 ans entrevoit l’avenir jusqu’à la fin des temps. Le Seigneur lui-même ne dit-Il pas que l’aspect du ciel le soir, annonce déjà le temps du lendemain (Matt. 16 : 2) ?
            Ses douze fils sont rassemblés autour de son lit. Avec quel soin recueillons-nous les dernières paroles d’un être cher qui va nous quitter ! Aussi ces dernières paroles de Jacob aux siens revêtent-elles une très grande solennité.


L’annonce de l’oracle de Jacob à ses fils (v. 1-2)

                        « Je vous ferai savoir ce qui arrivera à la fin des jours » (v. 1)
            
On a dit que Jacob n’a jamais aussi bien marché que lorsqu’il est devenu boiteux (Gen. 32 : 31) et qu’il n’a jamais aussi bien vu que quand il est devenu aveugle (48 : 10) En effet, sa vue naturelle déficiente a fait place à la vision de la foi qui discerne les choses invisibles et embrasse l’avenir jusqu’à la fin des temps.
            Avant même qu’Israël soit constitué en un peuple, le patriarche développe toute son histoire en un tableau prophétique impressionnant.
            Nous trouvons d’autres tableaux prophétiques dans la Parole de Dieu :
                  - Selon És. 46 : 10, on peut penser que déjà Genèse 1 est un tableau prophétique de l’histoire de l’humanité jusqu’à l’apparition de l’homme (Christ) pour établir son règne, le repos du septième jour préfigurant le millénium.
                  - Le chapitre 23 du Lévitique présente un tableau prophétique de l’histoire d’Israël à travers les sept fêtes à l’Éternel.
                  - La statue de Daniel 2 embrasse tout le temps des nations (Luc 21 : 24). Ce temps a commencé avec la déportation des Juifs à Babylone par Nebucadnetsar et se terminera par l’apparition de Christ pour établir son règne.
                  - Enfin les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse brossent un tableau prophétique de l’histoire de l’église responsable sur la terre.
                 
                        « Écoutez, fils de Jacob » (v. 2a)
            
En les interpelant ainsi, Jacob réalise qu’il n’a transmis à ses enfants que sa nature de supplanteur. Cette appellation - « fils de Jacob » - annonce déjà ce que sera ce peuple trompeur et désobéissant. Pourtant, Dieu ne se résoudra pas à le rejeter pour toujours, mais au contraire lui accordera une bénédiction milléniale définitive (Rom. 11 : 29). Plus encore que ce peuple infidèle, les croyants aujourd’hui ont été bénis et adoptés alors que Dieu savait à l’avance ce que manifesteraient nos cœurs naturels.

                        « Écoutez Israël, votre père » (v. 2b)
            
Maintenant leur père utilise le nom que l’Éternel lui a donné à Peniel et qui est désormais sa nouvelle identité (Gen. 32 : 28).
            Avant de rencontrer Christ, chacun de nous possède une identité naturelle. Mais par la nouvelle naissance, le croyant acquiert une nouvelle identité (voir 2 Cor. 5 : 17).
            C’est donc comme « prince de Dieu » que Jacob va révéler l’avenir du peuple d’Israël à ses fils.


Un panorama de l’histoire du peuple d’Israël en quatre tableaux prophétiques successifs (v. 3-26)

            Cette prophétie se décompose en 4 parties regroupant chacune 3 tribus d’Israël :
                  - Ruben - Siméon et Lévi (v. 3-7) symbolisent la corruption et la violence qui caractérisent l’histoire du peuple, mais aussi celles de toute l’humanité perdue et loin de Dieu.
                  - Juda, Joseph (v. 8-12) et Benjamin (v. 22-27) : leurs trois prophéties ne sont pas données à la suite, mais nous parlent toutes du Seigneur.
                  - Zabulon, Issacar, Dan (v. 13-18) parlent de la dispersion du peuple parmi les nations.
                  - Gad, Aser, Nephthali (v. 19-21) préfigurent les bénédictions du règne de Christ sur la terre.

            Arrêtons-nous sur ces 4 périodes de l’histoire de ce peuple.

                                    1) Ruben – Siméon et Lévi 

            Les trois fils aînés de Léa préfigurent donc la corruption et la violence qui répondront si tristement aux manifestations de l’immense grâce de Dieu envers Israël. Ces deux caractères s’attachent à l’homme dans la chair depuis la chute et avaient déjà provoqué le jugement du déluge (voir Gen. 6 : 11-12).

                        « Ruben, tu es mon premier-né » (v. 3)
            
Dans le désir de l’Éternel d’établir une heureuse relation avec son peuple, Jacob s’adresse personnellement à Ruben : « Ruben, tu es ... ». Mais nous ne rencontrerons plus ce style direct, sinon pour Juda, Joseph et Benjamin. Tous les trois représentent notre Seigneur. Lui seul comme homme sur la terre a goûté avec son Dieu et Père une relation sans ombre.
            Sa position d’aîné conférait à Ruben des privilèges particuliers. Il représente le peuple d’Israël bénéficiaire de bénédictions divines extraordinaires (Deut. 33 : 29). Peuple mis à part, dépositaire de la loi de Dieu, ce peuple se corrompra tout autant que les nations cananéennes que Dieu détruira devant lui, lors de son entrée en Palestine (voir 2 Rois 17 : 7-20). Si l’inceste est une pratique réprouvée même par les hommes du monde, combien plus le péché de Ruben est grave compte tenu des privilèges qui étaient les siens. Notre responsabilité de croyants est, elle aussi, mesurée à nos privilèges. Nous sommes « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éph. 1 : 3). Ne devrions-nous pas vivre à la hauteur de tels privilèges ?

                        « Bouillonnant comme les eaux... » (v. 4)
            
On sait les difficultés que rencontrent les secours en cas d’inondation. Comme l’eau qui s’infiltre partout, la chair est indomptable et impossible à endiguer.

                        « Siméon et Lévi sont frères » (v. 5)
            
On dit que le mal unit mieux que le bien. Dans l’affaire de Dina (Gen. 34 : 25-31), l’action de ces deux frères manifeste la violence de la chair. Siméon et Lévi agissent sans aucune humiliation au sujet de ce qui s’est passé dans leur famille, ni dépendance de l’Éternel quant à ce qu’il fallait faire. Leur attitude nous enseigne sur le risque d’avoir raison, mais sans Dieu. Le problème de Dina a si peu passé sur le cœur et la conscience de Siméon que plus tard il tombera lui-même dans le même péché en épousant une Cananéenne (Gen. 46 : 10).

                        « Ils ont tué des hommes (ou l’homme) » (v. 6c)
            
Avec quelle violence le peuple s’opposera à Christ, réclamant sa crucifixion, c’est-à-dire le pire supplice qu’on pouvait infliger à un homme dans ce temps-là.

                        « Pour leur plaisir ils ont coupé les jarrets du taureau » (v. 6d) 
            
L’une des premières prophéties de l’Écriture annonce que la descendance du serpent brisera le talon de la descendance de la femme, qui est Christ (Gen. 3 : 15). Ici aussi, conduits par un plaisir cruel et malsain, ils coupent les jarrets du taureau, l’empêchant ainsi d’avancer. La crucifixion a mis un terme à la marche parfaite de notre Seigneur sur la terre.

                        « Je les diviserai en Jacob, et les disperserai en Israël » (v. 7b)
            
En effet, la tribu de Lévi habitera au milieu des autres tribus sans recevoir d’héritage (Nom. 18 : 24). Quant à Siméon, sa part sera au milieu de la tribu de Juda. (Jos. 19 : 9).

                                    2) Juda ; Joseph, Benjamin
                        
                             2-1 Juda
(v. 8-12)
            Juda est associé à Joseph et Benjamin. Tous les trois sont des images de Christ sous différents caractères. Dans ce chapitre 49 de la Genèse, les deux fils de Rachel ne sont présentés qu’à la fin, alors que Juda est introduit immédiatement. Non seulement parce qu’il est le quatrième fils de Léa (Gen. 29 : 35), mais aussi parce qu’il remplace les trois premiers, en contraste total avec eux ; c’est à lui que reviennent l’autorité royale et les privilèges dont les trois premiers sont déchus (voir 1 Chr. 5 : 1-2).
            Comme l’indique la note (h) dans la Bible J-N Darby, il y a paronomase pour plusieurs noms des fils de Jacob. Une paronomase est un jeu de mots qui consiste à rapprocher des mots de sonorités voisines, comme par exemple : « Qui se ressemble, s’assemble ».
            Juda signifie « louange » (Gen. 29 : 35), ce qui pourrait se lire ainsi : « Louange ; tes frères te loueront » (v. 8).
            Dan signifie « juge » (Gen. 30 : 6), ce qui donnerait ceci : « Juge jugera son peuple » (v. 16).
            Gad signifie « une troupe » (Gen. 30 : 11), ce qui pourrait aussi se lire : « Une troupe, une troupe lui tombera dessus ».
            Zabulon signifie « habitation » (Gen. 30 : 20), ce qui donnerait ceci : « Habitation habitera sur la côte des mers ».

                        « Tes frères te loueront » (v. 8a)
            
Celui qu’on a mis sur la croix sera le sujet de la louange de ses frères, c’est-à-dire de son peuple restauré. Le résidu purifié le reconnaîtra et l’adorera comme son Sauveur et son Messie.

                        « Ta main sera sur la nuque de tes ennemis » (v. 8b)
            
Ce verset évoque les jugements que notre Seigneur opérera contre tous ceux qui s’opposeront à lui et à son règne (Luc 19 : 14).

                        « Les fils de ton père se prosterneront devant toi » (v. 8c)
            
Le retour du résidu d’Israël à leur père (És. 63 : 16) rétablira aussi leur relation de frères avec celui qu’ils ont livré autrefois aux nations pour être crucifié.

                        « Juda est un jeune lion » (v. 9a)
            
Nous avons ici la première mention de cet animal dans l’Écriture. Un lion est un prédateur qui est souvent une image de Satan (1 Pi. 5 : 8). Mais il représente aussi le Seigneur dans sa puissance pour juger les méchants. Il ouvrira les sceaux (Apoc. 5 : 5) afin d’établir son règne millénial (voir aussi Nom. 24 : 9).

                        « Tu es monté d’auprès de la proie, mon fils. Il se courbe, il se couche comme un lion… qui le fera lever ? » (v. 9b)
            
Après avoir exercé le jugement sur sa proie, le lion prend du repos. Rien ni personne n’interrompra le repos de son règne.

                        « Le sceptre ne se retirera point de Juda, ni un législateur d’entre ses pieds » (v. 10a) 
            La méchanceté des hommes a toujours voulu retirer au Seigneur son sceptre, c’est-à-dire sa royauté, en lui donnant une croix plutôt qu’un trône (voir Luc 19 : 14 ; Jean 19 : 21). Pourtant Nathan le prophète assurera à David que l’Éternel affermirait son royaume pour toujours. La gloire royale et définitive de Christ est annoncée ici (voir Dan. 2 : 44), car « il faut qu’il règne » (1 Cor. 15 : 25) ! La mention du législateur (ou bâton de justice, ou de commandement) annonce la justice qui accompagnera le Millénium (voir Jér. 23 : 5).

                        « ...jusqu’à ce que Shilo vienne ; et à lui sera l’obéissance des peuples » (v. 10b) 
            Après la justice, c’est la paix qui est présentée. En effet, Shilo est un terme voisin de Salem (paix), ou de pacifique (signification du nom de Salomon). Ces deux caractères de justice et de paix, portés déjà par Melchisédec (Gen. 14 : 18 ; Héb. 7 : 2) seront pleinement manifestés par Christ dans son règne (voir És. 9 : 6 : prince de paix – voir aussi Ézé. 21 : 32).
            L’obéissance ne sera pas alors imposée par un régime contraignant ou despotique, mais sera librement consentie par les nations elles-mêmes - le terme « peuples » semble désigner ici non pas les tribus d’Israël mais bien les nations. La venue du Messie sera une immense bénédiction pour Israël restauré, mais elle sera aussi le salut pour toutes les nations de la terre. On peut penser qu’alors s’opéreront des conversions massives de nations entières selon la promesse faite à Abraham (Gen. 22 : 18 ; voir aussi Ps. 2 : 8).

                        « Il attache à la vigne son ânon et au cep excellent le petit de son ânesse » (v. 11a) 
            Avec le figuier et l’olivier, la vigne est une image d’Israël. Nous savons aussi que l’âne est la monture royale (voir Matt. 21 : 5-11 ; Zach. 9 : 9). L’Éternel devra rejeter son peuple Israël, comme une vigne sauvage incapable de produire de bons fruits. Mais ici le cep est exquis. La royauté de Christ symbolisé par l’ânon s’attachera à la vigne, image du peuple restauré.

                        « …il lave dans le vin son vêtement et dans le sang des raisins son manteau » (v. 11b)
            
On lave un vêtement quand il est sale. En Gen. 37 : 31, les frères de Joseph avaient tué un bouc et trempé la tunique de Joseph dans son sang pour tromper leur père Jacob. Nous lisons aussi que les soldats ont accompli la prophétie du Psaume 22 : 18 en partageant les vêtements du Seigneur et en jetant le sort sur sa tunique (Jean 19 : 23). Y aurait-il une relation entre ces deux faits et le vêtement évoqué ici ?

                        « Ses yeux sont rouges de vin, et ses dents blanches de lait » (v. 12)  
            Le vin et le lait symbolisent l’abondante bénédiction que Christ lui-même apportera en entrant dans son règne. Le pays sera alors, comme jamais auparavant, « ruisselant de lait et de miel » (Ex. 3 : 17).
 

                             2-2 Joseph et Benjamin (v. 22-27)
            Avec Juda, Joseph et Benjamin sont des types du Seigneur. Joseph, comme celui qui recommence l’histoire d’Israël, mais toute à la gloire de Dieu.

                        « Joseph est une branche qui porte du fruit, une branche qui porte du fruit près d'une fontaine ; ses rameaux poussent par-dessus la muraille » (v. 22)
            
Comme le figuier sur lequel le Seigneur n’a trouvé que des feuilles (Marc 11 : 12-14), Israël n’a porté aucun fruit pour Dieu. Mais Christ, en contraste total avec ce peuple infidèle - tout à la fois rejeton sortant d’une terre aride (És. 53 : 2) et vrai cep (Jean 15 : 1) - porte du fruit pour la joie de son Dieu et Père.
            Les rameaux de cette « branche » de Joseph poussent par-dessus la muraille juive ; nous avons ici l’annonce de ce que Paul développera en Éph. 2 : 11-18. La muraille évoquée ici est le mur mitoyen de clôture (Éph. 2 : 14). La grâce que le Seigneur apportera ne sera pas limitée au peuple juif, même si c’est lui qui en sera le premier bénéficiaire. Comme les vieilles outres juives ne pouvant pas contenir le vin nouveau (voir Matt. 9 : 17), ainsi la grâce dépasse largement les limites du peuple juif pour atteindre toutes les nations de la terre.

                        « Les archers l'ont provoqué amèrement, et ont tiré contre lui, et l'ont haï » (v. 23)
            
Ismaël est le premier archer dont parle l’Écriture et Ésaü, le second (Gen. 21 : 20 ; 27 : 3). L’un et l’autre représentent l’homme dans la chair - Ismaël en contraste avec Isaac, et Esaü en opposition avec Jacob. Les frères ennemis confirment la prophétie de Gen. 3 : 15 et soulignent l’antagonisme constant dans la Bible entre la descendance du serpent et celle de la femme qui est Christ. (Gen. 3 : 15) Cette opposition se vérifiera tragiquement lorsque les hommes crucifieront le Seigneur de gloire.

                        « Mais son arc est demeuré ferme, et les bras de ses mains sont souples par les mains du Puissant de Jacob » (v. 24a)
            
Malgré la méchanceté unanime des hommes contre lui, notre Seigneur ne faiblira pas. Rien ne l’arrêtera dans son douloureux chemin jusqu’à la croix (Luc 9 : 51). La visite que Joas, roi d’Israël, rend à Élisée, le prophète, en 2 Rois 13 : 14-19, éclaire ce qui est dit ici au sujet des « mains du Puissant de Jacob ». Sur l’injonction du prophète, Joas s’apprête à tirer une flèche avec un arc. Élisée pose alors ses mains sur les mains du roi. La flèche tirée est une flèche de salut. Ainsi la totale dépendance de notre Seigneur, et sa parfaite obéissance amèneront le salut. Il est le grand Vainqueur de la croix.

                        « De là est le berger, la pierre d'Israël : du Dieu de ton père, et il t'aidera » (v. 24b)
            
Dans trois circonstances, Israël sera présenté comme un troupeau qui n’a pas de berger : par Moïse (Nom. 27 : 17) ; par Michée (2 Chr. 18 : 16) ; par le Seigneur lui-même (Matt. 9 : 36).
            De sa souffrance, de sa mort et de sa victoire découleront son caractère de bon Berger (Jean 10 : 11). Israël connaîtra beaucoup de mauvais bergers (Ézé. 34 : 1-10), mais ce que les hommes n’auront pas su être, Lui le sera en perfection pour la gloire de Dieu et par amour pour ses brebis.
            La pierre est un grand sujet de l’Écriture. En l’évoquant, Jacob se souvient de la stèle de pierre qu’il avait érigée à Béthel (Gen. 35 : 19). La pierre parle de ce qui ne change pas, comme un rocher stable que ni le temps, ni les intempéries n’altèrent. Dans ses dernières paroles, Moïse parlera de l’Éternel comme étant le rocher (Deut. 32 : 4). N’a-t-il pas accompagné le peuple pendant toute la traversée du désert ? La Parole elle-même nous donne l’identité de cette pierre ou de ce rocher : « … et le rocher était le Christ » (1 Cor. 10 : 4). Tant de Psaumes aussi évoquent le rocher comme une protection inébranlable, un roc sur lequel chacun peut s’appuyer (Ps. 18 : 2, 31…). Cette même pierre frappera la statue de Daniel dans ses pieds (Dan. 2 : 45). Pierre ne comprendra peut-être pas bien ce que le Seigneur lui déclarera concernant la pierre de fondement (Matt. 16 : 18), mais plus tard sous l’action du Saint Esprit, cette déclaration prendra tout son sens pour lui (1 Pi. 2 : 4-8 ; voir aussi És. 28 : 16).

                        « Le Tout-Puissant… te bénira des bénédictions des cieux en haut, des bénédictions de l'abîme qui est en bas, des bénédictions des mamelles et du ventre maternel » (v. 25)
            
Les bénédictions des cieux en haut et celles de l'abîme en bas nous ramènent à la création. Au second jour, Dieu sépare les eaux qui sont en haut de celles qui sont en bas (Gen. 1 : 6-8). Les bénédictions d’en haut n’annoncent-elles pas la position de gloire que le Père a donnée à son Fils comme marque de son approbation divine sur son œuvre à la croix (Ps. 110 : 1) ? Les bénédictions de l’abîme évoquent le grand salut que notre Seigneur a acquis par sa croix. Là, il a connu un abîme de souffrances lorsqu’il est venu ôter le péché du monde (Ps. 42 : 7 ; Jonas 2 : 4).
            À sa demande, Caleb donnera à sa fille Acsa les sources du haut et les sources du bas (Jos. 15 : 18-19). Comme envers la pieuse Acsa, ces bénédictions sont aussi pour nous. Celles du haut nous sont décrites dans l’épître aux Éphésiens : « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éph. 1 : 3). La place actuelle de Christ dans le ciel auprès du Père ouvre aux croyants des bénédictions immenses et célestes qui devraient beaucoup plus occuper nos cœurs.
            Pour nous, les bénédictions de l’abîme sont le salut et le pardon que l’amour de notre Seigneur nous a acquis en mourant sur la croix. N’y a-t-il pas également une bénédiction particulière à réaliser que nous sommes morts avec Christ et que la place dans l’abîme où Lui a été plongé, est la place qui nous revenait ?

                        « Les bénédictions de ton père surpassent les bénédictions de mes ancêtres jusqu'au bout des collines éternelles ; elles seront sur la tête de Joseph, et sur le sommet de la tête de celui qui a été mis à part de ses frères » (v. 26)
            
Juste avant le chapitre qui nous occupe, Jacob avait eu un entretien privé avec son fils Joseph. Arrêtons-nous sur les dernières paroles du père à son fils : « Et moi, je te donne, de plus qu'à tes frères, une portion que j'ai prise de la main de l'Amoréen avec mon épée et mon arc » (Gen. 48 : 22). Jacob évoque donc là une part particulière, hors de l’héritage d’Israël. Cette portion que le Père donne à son Fils est « Sichem », nous dit la note (f).
            Lorsque notre Seigneur traversera la Samarie, il sera question d’une ville nommée Sichar située « près de la terre que Jacob donna à son fils Joseph » (Jean 4 : 5). Assis sur la margelle du puits, c’est bien dans cette portion-là que se tient notre Seigneur. Quelle est donc cette part ? N’est-elle pas l’immense grâce que le Fils de Dieu apportera à cette pauvre Samaritaine venue puiser de l’eau ?
            Cette bénédiction surpasse en effet toutes les bénédictions attribuées à Israël. Les « collines éternelles » soulignent l’infini de cette grâce divine. Ces collines sont aussi évoquées par Moïse dans ses dernières paroles, également au sujet de Joseph (Deut. 33 : 15). Non seulement cette Samaritaine n’appartient pas au peuple d’Israël, mais sa triste vie ne lui donne aucun droit à rien. Sur le terrain de sa seule grâce, le Fils de Dieu la bénira au-delà de toute limite et de tout ce que les hommes peuvent concevoir. N’est-ce pas la part exclusive que le Père a donnée au Fils ?
            Bien qu’associé à ceux qu’il n’a pas honte d’appeler frères (Héb. 2 : 11), Jésus reste le Premier-né, Celui qui a été mis à part, éternellement « le Fils unique qui est dans le sein du Père » (Jean 1 : 18).

                        « Benjamin est un loup qui déchire : le matin, il dévore la proie, et le soir, il partage le butin » (v. 27)
            
Cette prophétie est brève et terrible. Le matin désigne le début du jour du Seigneur qui succédera au temps des nations. À son apparition, Christ jugera sans miséricorde la Bête romaine et l’Antichrist, ainsi que tous ceux qu’ils auront séduits. Terrible perspective pour ceux qui persistent à vivre sans Dieu !
            « Fils de ma droite » (Gen 35 : 18), artisan des desseins de Dieu pour accomplir l’œuvre du salut, Il l’est aussi pour exercer les jugements et détruire tous ses opposants (Jean 5 : 22, 27 ; voir aussi Ps. 45 : 5).


                                    3) Zabulon, Issacar, Dan
            
Ces trois fils parlent de la dispersion du peuple d’Israël comme jugement sur sa désobéissance. Maintes fois ce jugement sera annoncé pour toucher la conscience de ce peuple rebelle (voir Deut. 28 : 64 ; Ézé. 22 : 15 ; Amos 5 : 27 et beaucoup d’autres passages).
            Aucun roi fidèle ne dominera sur les dix tribus. Aussi cette dispersion surviendra en 721 avant Jésus Christ, lorsque les Assyriens mettront fin au royaume du Nord (2 Rois 17 : 5-6). Le royaume du Sud, laissé aux descendants de David, subsistera environ 130 ans avant d’être lui aussi détruit par les Chaldéens conduits par Nebucadnetsar, en 586 avant Jésus Christ

                        « Zabulon logera sur la côte des mers, et sera sur la côte des navires ; et son côté sera près de Sidon » (v. 13)
            
En contact direct avec les nations au milieu desquelles il sera dispersé, Israël développera un commerce lucratif. Sidon est une ville florissante ouverte sur le bassin de la Méditerranée et donc à vocation commerciale.

                        « Issacar est un âne ossu, couché entre deux enclos » (v. 14)
            
L’image d’un âne ossu (« qui a de gros os », ou encore « bien charpenté ») suggère la solide infrastructure financière que le peuple juif a développée parmi les nations. Les deux parcs évoquent les échanges commerciaux entretenus par ce peuple.

                        « Il voit que le repos est bon et que le pays est agréable et il incline son épaule pour porter, et s’assujettit au tribut du serviteur » (v. 15) 
            Acceptant la domination des nations au milieu desquelles il habitera, les Juifs s’adapteront et supporteront la servitude. Ils y chercheront un repos très éloigné du repos que l’Éternel leur proposait dans la terre d’Israël. Errants parmi les peuples, les Juifs payeront des impôts, créés quelquefois spécialement pour eux.

                        « Dan jugera son peuple comme une autre des tribus d’Israël » (v. 16)
            Dan évoque le temps actuel où Juda retrouve une existence politique après plus de 2 500 ans d’exil. En 1948, l’état d’Israël a été proclamé. Bien que quelques-uns soient retournés en Judée après les 70 ans de captivité à Babylone, ils n’auront plus jusqu’en 1948, d’indépendance politique et seront inféodés aux nations (voir És. 18). Aujourd’hui, le pays est gouverné mais dans une totale indépendance de Dieu. On ne peut qu’être admiratif en considérant les prouesses agricoles, économiques et technologiques mises en œuvre pour la prospérité de leur petit pays. Pourtant la vraie bénédiction de ce peuple ne viendra qu’avec le retour de leur Messie.

                        « Dan sera un serpent sur le chemin, une vipère sur le sentier, qui mord les talons du cheval, et celui qui le monte tombe à la renverse » (v. 17)
            
Leur incrédulité les amènera à accueillir l’Antichrist, cet être notoirement diabolique qui, non seulement persécutera le résidu (reste juif fidèle), mais ira jusqu’à faire la guerre à Christ (2 Thes. 2 : 3-4, 8-10 ; Apoc. 13 : 15 ; 19 : 19-21).
            Comme Satan brise le talon (Gen. 3 : 15), le serpent mord le talon du cheval. Il agit par derrière de façon sournoise.

                        « J’ai attendu ton salut, Ô Éternel ! » (v. 18) 
            Cette expression s’élèvera du cœur des fidèles persécutés. Aux prises avec la grande tribulation, détresse telle qu’ils n’en ont jamais connue auparavant, les fidèles du résidu appelleront de tout leur être la délivrance qu’apportera la venue de leur Seigneur (Matt. 24 : 2).

 

                                    4) Gad, Aser, Nephtali
            Ils préfigurent les bénédictions du règne millénaire de Christ sur la terre.

                        « Gad, une troupe lui tombera dessus ; et lui, il leur tombera sur les talons » (v. 19)
            
Ce verset évoque les jugements qui précéderont le règne. Comme dans le récit d’Esther, le malheur devait atteindre le peuple juif. Mais l’intervention de Mardochée et d’Esther transformera ce malheur en une éclatante victoire. Ainsi au moment même où leurs ennemis penseront avoir raison des fidèles, ce seront eux qui se rendront maîtres de leurs adversaires.

                        « D'Aser viendra le pain excellent ; et lui, il fournira les plats qui font les délices royales » (v. 20)
            
Maintenant la bénédiction milléniale est pleine et entière. La prospérité émanera de la royauté de Christ. Lui-même trouvera ses délices dans son peuple restauré.

                        « Nephthali est une biche en liberté ; il profère de belles paroles » ( v. 21)
            Comme les sauts gracieux d’une biche en liberté, Israël, délivré du mal, ne sera plus entravé dans sa course légère. Leurs paroles aussi seront en harmonie avec l’état heureux de ce peuple.


Les toutes dernières paroles de Jacob mourant (v. 28-33)

            « Tous ceux-là sont les douze tribus d'Israël, et c'est là ce que leur père leur dit en les bénissant : il les bénit, chacun selon sa bénédiction » (v.28). Devant ses fils, Jacob vient de dérouler la longue histoire d’Israël, qui durera environ 3 500 ans.
            Les péripéties de ce récit sont à l’image de la vie tourmentée du patriarche. Pourtant la fin de sa vie est lumineuse. De la même manière, le but final de Dieu envers Israël reste de le bénir. La bénédiction future que le Seigneur donnera à Israël resplendira durant le Millénium et sera pour le bien de la terre toute entière.
            La terre d’Israël est le thème des dernières paroles de Jacob mourant. Le faste des tombeaux égyptiens n’a pas d’intérêt pour lui. Étranger en Égypte, il désire être enterré dans le pays de Canaan et près du lieu au sujet duquel Dieu déclarera à Salomon : « Mes yeux et mon cœur seront toujours là » (2 Chr. 7 : 16).


B. Durst