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NOTES SUR LE LIVRE DE LA GENÈSE (ch. 25 à 27)


GENÈSE 25
          Mort d’Abraham et bénédictions d’Isaac (v. 1-11)
          Les générations d’Ismaël (v. 12-18)
          Naissance des jumeaux : Jacob et Ésaü (v. 19-28)
          Le croyant et le profane (v. 29-34)
GENÈSE 26
          La descente en Égypte (v. 1-16)
          L’affaire des puits (v. 17-22)
          Isaac à Beër-Shéba (v. 23-33)
          Ésaü, l’impie (v. 34-35)
GENÈSE 27
          Isaac, aveugle, trompé par Jacob et Rebecca (v. 1-29).
          Le tremblement d’Isaac et les larmes d’Ésaü (v. 30-40)
          Le départ de Jacob (v. 41-46)
 

Quelques commentaires sur le livre de la Genèse figurent déjà sur ce site dans les « articles suivis » :
            
- Chapitres 1 à 11 : 26 (La création et les temps précédant le déluge, Noé, Babel)
            
- Chapitres 11 : 27 à 24 (La vie d’Abraham)
Dernièrement, le 27-01, un autre article a été publié : Les étapes de la vie d’Abraham

Nous proposons maintenant quelques notes sur la suite de ce livre :
            
- Chapitres 25 à 50 (Les autres patriarches : Isaac, Jacob, Joseph)


GENÈSE 25

            Ce chapitre 25 du livre de la Genèse termine une suite d’enseignements typiques présentés en relation avec Isaac (type du Seigneur Jésus) :
                  - sa naissance (ch. 21)
                  - sa mort et sa résurrection (ch. 22)
                  - la mise de côté d’Israël, avec la mort de Sara (ch. 23)
                  - les nations introduites pour le millénium avec Ketura, femme d’Abraham (ch. 25) ; les descendants (Madian) seront des ennemis du peuple, mais rendront gloire à l’Éternel pendant le millénium (És. 60 : 6).

                        Mort d’Abraham et bénédictions d’Isaac (v. 1-11)

            Isaac, image ici d’Israël pendant le millénium, garde la première place ; les fils des concubines d’Abraham reçoivent des dons et sont renvoyés, mais Isaac hérite de tous les biens de son père (v. 5 ; 24 : 36).
            Abraham, ayant réglé les affaires de sa maison, meurt à 175 ans (v. 7), après avoir parcouru pendant 100 ans le pays de la promesse, « sans avoir reçu ce qui était promis », mais l’ayant « vu de loin et salué » (Héb. 11 : 13). C’est un bel exemple de foi pour nous, croyants. Ses funérailles sont un modèle de sobriété : « Isaac et Ismaël, ses fils, l’enterrèrent dans la caverne de Macpéla, dans le champ d’Éphron » (v. 9). Macpéla, où avait été enterrée Sara (ch. 23), était sa seule possession.
            La bénédiction de Dieu sur Isaac au moment de la mort de son père (v. 11a) est une consolation et un encouragement. Âgé de 75 ans, il s’attache personnellement à l’Éternel, se tenant loin du monde, près du puits de Lakhaï-roï (le puits du Vivant qui se révèle) (v. 11b). Il demeure là, dans la proximité du Dieu vivant (voir 16 : 13-14).
            Que notre foi connaisse cet attachement personnel au Seigneur au moment d’un deuil (comme ici pour Isaac), et en tout temps.

                        Les générations d’Ismaël (v. 12-18)

            Ismaël, « fils d’Abraham, qu’Agar l’Égyptienne, servante de Sara, avait enfanté à Abraham » (v. 12 ; 16 : 15), nous parle de la chair, mais aussi de la loi par opposition à la grâce (voir Gal. 5).
            C’est un grand peuple comportant des princes (v. 16) ; il est établi à la vue de tous ses frères (v. 18), comme Dieu l’avait promis (16 : 12).

                        Naissance des jumeaux : Jacob et Ésaü (v. 19-28)

            L’histoire d’Isaac commence au verset 19. Il a 40 ans à son mariage (v. 20). Il prie instamment pour Rebecca qui est stérile. C’est seulement 20 ans plus tard (à l’âge de 60 ans) que Dieu « se rend à ses prières » (v. 21). La patience et la confiance entière d’Isaac sont un exemple pour nous. Par une parabole, le Seigneur a montré à ses disciples qu’il leur fallait « toujours prier et ne pas se lasser » (voir Luc 18 : 1-8).
            Rebecca aussi est prête maintenant à consulter l’Éternel dans cette affaire (v. 22), mais ce ne sont pas des prières en commun, ce qui nous montre une désunion dont nous verrons par la suite les conséquences malheureuses. Les relations familiales sont importantes dans nos maisons et nous avons à y prendre garde. Dans sa première épître, l’apôtre Pierre nous exhorte : « Vous, maris, vivez avec elles (les épouses) selon la connaissance, ayant égard à leur nature plus délicate, féminine, leur portant honneur, comme étant aussi ensemble héritiers de la grâce de la vie, pour que vos prières ne soient pas interrompues » (3 : 7).
            La prière de Rebecca place devant Dieu ses enfants avant même leur naissance, ce qui doit être notre part, parents chrétiens. Elle s’interroge à cause de ses enfants qui se heurtent fortement (selon ce que suggère le mot hébreu) au-dedans d’elle. Elle a besoin d’être rassurée. Sa foi la conduit vers Dieu et elle vient Lui apporter ce qui la préoccupe. Elle reçoit une réponse à sa prière : Dieu lui explique ce qui se passe en elle et ce qu’il adviendra de ces deux enfants, dont les descendants formeront deux peuples antagonistes.
            Deux fils jumeaux naissent ; ils sont aussi différents par leur aspect physique (v. 25) qu’ils le seront par l’état de leur cœur. À leur naissance, le second (Jacob) tient le talon de son frère (Ésaü). Dieu avait annoncé à Rebecca ce qui sera rappelé en Romains 9 : 12 : « Le plus grand sera asservi au plus petit ». Cette sentence sera confirmée : Jacob supplantera Ésaü dans les bénédictions divines. Tel est le choix souverain de Dieu. Nous sommes appelés à reconnaître la souveraineté de Dieu qui « nous a appelés selon son propos » (Rom. 8 : 28). La question de la responsabilité de l’homme quant à son salut est un autre aspect du problème. Jean 3 : 16 nous dit que « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ».
            Dieu avait un but tout particulier en donnant ces enfants. Il montre sa préconnaissance. Il savait à l’avance que Jacob s’attacherait à Lui, contrairement à Ésaü, le profane. Cela explique aussi le principe de « l’élection » comme nous le lisons aussi en Romains 9 : 11 : « Le dessein de Dieu selon l’élection demeure… » ; « J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Ésaü » (voir aussi Mal. 1 : 2-3).

                        Le croyant et le profane (v. 29-34)

            Nous voyons dans ces versets ce que peut apporter la recherche du bien-être terrestre, alors que nous sommes exhortés à porter nos regards sur les immenses richesses de « ce qui est en haut » (voir Col. 3 : 1-2), à « fixer les yeux » sur le Seigneur (Héb. 12 : 2), à « le connaître, Lui » (Phil. 3 : 10).
            Par un étrange raisonnement, Ésaü considère que le présent lui échappe et il méprise l’avenir. Insensé, il semble dire : « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ! » (És. 22 : 13 ; 1 Cor. 15 : 32). Prenons garde à l’héritage comme Caleb (Jos. 14), les filles de Tselophkhad (Nom. 27 : 4-7) et Naboth (1 Rois 21 : 3).
            Jacob profite de la lassitude de son frère pour acquérir quelque chose qui vient de Dieu. Pour assouvir sa faim passagère, Ésaü accepte de vendre son droit d’aînesse à Jacob contre des lentilles. Il affirme légèrement : « Je m’en vais mourir, à quoi me sert mon droit d’aînesse ? » (v. 32). Jacob, toujours à l’affût de son intérêt, saisit habilement cette opportunité et fait aussitôt jurer son frère avant de le servir (v. 33).
            Jacob a cherché à obtenir par lui-même ce que Dieu voulait donner par sa seule grâce. Aggée 1 : 5-6 nous exhorte à « considérer nos voies ». Laissons Dieu agir, faisons-Lui confiance, sans apporter nos machinations, ce qui vient de l’homme. Combien il est difficile de s’en remettre à la grâce de Dieu ! Pour Jacob, toute la première partie de sa vie a été une vie de souffrance à cause de son caractère rusé et trompeur.
            Ces versets montrent la part qu’avait en Israël le premier-né (considération, privilèges, responsabilité morale vis-à-vis de ses frères). Le Seigneur est le véritable premier-né duquel nous pouvons considérer l’ampleur des bénédictions : Dieu a prédestiné les croyants « à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né parmi beaucoup de frères » (Rom. 8 : 29). Jésus Christ est le « Premier-né de toute la création » (Col. 1 : 15). Les anges se prosternent devant Lui lorsque Dieu Le fait entrer dans le monde, car, s’Il a été « fait un peu moindre que les anges » (Héb. 2 : 7), toutefois Il est, de beaucoup, « plus excellent qu’eux », Lui, le Fils, le Premier-né (Héb. 1 : 4-6). Il est le « Premier-né d’entre les morts » (Col. 1 : 18), le « premier-né des morts » (Apoc. 1 : 5), ayant été ressuscité par Dieu ; en cela, comme en tout, Il a la prééminence, la primauté, « la première place » (Col. 1 : 18).
            Dans l’épître aux Hébreux, Ésaü est appelé « profane », « fornicateur » : « Poursuivez la paix avec tous, et la sainteté, sans laquelle personne ne verra le Seigneur… de peur qu’il n’y ait quelque fornicateur, ou profane comme Ésaü, qui pour un seul plat vendit son droit de premier-né » (12 : 14-16). Prenons garde de ne pas mépriser notre « droit d’aînesse » - une figure du privilège des jeunes gens élevés dans une famille chrétienne.


GENÈSE 26

                        La descente en Égypte (v. 1-16)

            Isaac doit apprendre encore des leçons de la part de Dieu. Pour cela, l’Éternel le met à l’épreuve par la famine. Les circonstances de ce chapitre nous rappellent celles du chapitre 12 : Abraham allant à Guérar, auprès d’Abimélec, et faisant dire à Sara qu’elle était sa sœur. Nous nous souvenons aussi de ce que rapporte le chapitre 21 : Abraham ayant affaire avec Abimélec au sujet d’un puits.
            Nous apprenons par ce chapitre que notre appel est céleste, et que nous avons à nous tenir dans les lieux célestes, par la foi. Nous ne devons descendre ni en Égypte, ni parmi les Philistins. L’Égypte représente le monde gouverné par Satan, hors duquel nous avons été « retirés » moralement par « notre Seigneur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nos péchés » (Gal. 1 : 4). Les Philistins représentent le monde professant le christianisme ; ils habitaient à l’intérieur des limites de l’héritage destiné à Israël. Guérar était la limite des Cananéens (Gen. 10 : 19).
            Isaac descend à Guérar. Là, l’Éternel lui dit : « Ne descends pas en Égypte » (v. 2). Dans sa grâce, Dieu le met en garde contre le monde de façon très directe. Il ajoute : « Demeure dans le pays que je t’ai dit », c’est-à-dire le pays de la promesse. Voilà où Dieu veut que les siens habitent. Pour nous, ce sont les lieux célestes, et notre cœur et notre esprit doivent y demeurer.
            Là où Isaac est venu, l’Éternel lui dit : « Séjourne dans ce pays-ci » (v. 3). Dieu permet que les siens séjournent parfois dans des conditions qui ne sont pas pleinement selon sa pensée, mais Il veut les rencontrer là pour leur apprendre quelque leçon dans une situation correspondant à leur état spirituel du moment.
            Or, Isaac ne se contente pas de séjourner à Guérar, il s’y installe ; il y « habite » (v. 6) et son séjour s’y « prolonge » (v. 8). Il n’a pas saisi les paroles de l’Éternel, et se lie de plus en plus à ceux qui représentent le monde religieux. Et dans ce milieu, il craint de déclarer clairement sa relation avec Rebecca. Il a peur parce qu’il n’est pas à sa place, et parce qu’il n’est pas dans la liberté avec l’Éternel. Mais en l’observant, probablement à son insu, Abimélec comprend quelle est la vraie relation entre Isaac et Rebecca. Et il reprend Isaac : « Qu’est-ce que tu nous as fait ? » (v. 10).
            Si nous oublions que nous sommes des citoyens des cieux, si nous nous lions au monde, si nous nous conformons à son esprit, nous aurons peur de confesser notre relation avec le Seigneur ; ce sera alors un déshonneur pour Lui. Quelle honte si nous sommes repris à juste titre par des incrédules à cause de notre conduite ! Évitons toute attitude équivoque où nous n’aurions pas la liberté de demander à Dieu de nous garder.
            Le reproche fait par Abimélec à Isaac a dû produire un exercice dans la conscience de ce dernier, puisqu’il est dit ensuite : « L’Éternel le bénit » (v. 12). Il connaît déjà, bien qu’il soit encore à Guérar, une certaine bénédiction, mais pas encore la présence et la révélation de l’Éternel (v. 24-25).

                        L’affaire des puits (v. 17-22)

            L’enrichissement d’Isaac, alors qu’il séjourne encore parmi les Philistins, excite la jalousie de ces hommes. Ils la manifestent en bouchant les puits creusés du temps d’Abraham, cherchant ainsi à priver Isaac de cette eau indispensable à la vie.
            Si nous ne demeurons pas dans la position céleste dans laquelle Dieu nous a placés, et si nous séjournons moralement dans le monde même chrétien, celui-ci nous privera de nos sources spirituelles, de nos sources de rafraîchissement de l’action de l’Esprit, dont l’eau est une image. Mais nous pouvons retrouver l’accès à ces sources.
            La restauration d’Isaac implique plus que ce qu’on a vu au début du chapitre. Il doit maintenant se séparer des Philistins et revenir à Beër-Shéba. Il quitte d’abord Guérar, mais habite dans la vallée de Guérar, où il recreuse les puits creusés du temps d’Abraham son père. Remarquons dans le chapitre l’expression souvent répétée : « Abraham son père », ou « ton père », « son père (v. 18b). Isaac redonne à ces puits les noms qu’Abraham leur avait donnés » (v. 18). Cela représente pour nous le fait de revenir à « ce qui est dès le commencement » (1 Jean 1 : 1 ; 2 : 24). Des serviteurs ont été employés pour mettre à notre disposition les richesses de l’Écriture. Ne laissons pas le monde - le monde religieux, en particulier - nous priver de ces « puits ». Recherchons comme à nouveau ce que nous avons peut-être perdu. L’histoire de l’Église montre, depuis le début, des périodes de prospérité, suivies de périodes d’abandon, puis de périodes de réveil, où l’on revient à ce qui était dès le commencement.
            Tant qu’il est en dehors des limites fixées par Dieu, Isaac rencontre l’opposition des Philistins, et leurs disputes. Chaque fois, il doit s’éloigner un peu plus d’eux. Enfin, Dieu le conduit à s’éloigner d’eux ; alors il pourra réellement « fructifier dans le pays » à Rehoboth puis à Beër-Shéba (v. 22).
            Deutéronome 6 : 10-12 montre un autre cas où nous avons à prendre garde : c’est celui où nous bénéficions de « puits que nous n’avons pas creusés ». Leçon importante aussi pour nous, qui avons reçu beaucoup d’enseignements mis devant nous par d’autres. Nous devons veiller à ne pas négliger ces richesses, et à apprécier le travail de ces serviteurs « nobles », qui ont creusé ces puits « avec leurs bâtons » de pèlerins (Nom. 21 : 17-18).
            Il faut noter le caractère de « douceur » d’Isaac. Il ne conteste jamais avec les Philistins, mais leur laisse paisiblement ce qu’ils réclament. C’est un exemple pour nous, dans toutes nos relations avec le monde, même les plus ordinaires, celles de tous les jours. Écoutons cette exhortation de Paul aux Philippiens : « Que votre douceur soit connue de tous les hommes » (Phil. 4 : 5).

                        Isaac à Beër-Shéba (v. 23-33)

            Beër-Shéba (le puits du serment) est le lieu où avait été fixée la limite entre Abraham et Abimélec (voir Gen. 21 : 31-33), après que, symboliquement, Abraham eut réalisé le plein affranchissement en renvoyant le fils de la servante et en donnant toute la place au fils de la femme libre selon les expressions de Paul aux Galates (Gal. 4 : 22). Remarquons qu’Abraham avait parlé à Abimélec d’une manière plus ferme et décisive que ne le fait Isaac dans ce chapitre 26.
            Dès qu’Isaac est de retour à Beër-Shéba, « cette année-là », l’Éternel lui apparaît. Là, il n’a pas seulement une bénédiction partielle (v. 12), mais la présence, les communications de Dieu et la jouissance de sa communion. La promesse divine lui est confirmée : « Je suis le Dieu d’Abraham ton père, ne crains pas, car je suis avec toi ; et je te bénirai et je multiplierai ta semence, à cause d’Abraham, mon serviteur » (v. 24). Il a un autel (communion et adoration), une tente (caractère d’étranger) et un puits (la Parole et le Saint Esprit).
            À la fin de l’entrevue avec Abimélec, « Isaac les renvoya » (v. 31). Il maintient la séparation qu’il vient d’apprendre avec difficulté. N’oublions pas que le but de la séparation, c’est d’honorer Dieu, et d’être près de Lui pour jouir de sa communion.

                        Ésaü, l’impie (v. 34-35)

            Cette fin de chapitre et le suivant montrent une situation bien affligeante : on y voit des croyants marcher selon la chair, sans foi, et sans dépendance de Dieu, n’ayant pas sa présence. C’est un exemple de la perfection de la Parole de Dieu qui présente en pleine lumière, pour notre profit, le caractère mauvais du cœur humain aussi bien que les plus beaux fruits de la vie divine.
            Isaac, Rebecca et Jacob sont des croyants. Ésaü est un homme perdu. Il n’a pas trouvé lieu à la repentance. Isaac n’a pas changé les dispositions testamentaires données à Jacob.
            Ésaü a déjà montré son caractère en méprisant son droit d’aînesse. S‘il a connu les enseignements d’Abraham au sujet du mariage avec des étrangères (24 : 3), il ne les a pas retenus. Il était sans doute indépendant de ses parents. Il prend deux femmes héthiennes, d’un peuple cananéen donné par Dieu à la descendance d’Abraham (15 : 21). Elles seront un sujet d’amertume pour ses parents.
            Combien la conclusion de ce court paragraphe à la fin de ce chapitre est solennelle pour les jeunes gens qui pensent se marier !


GENÈSE 27

                        Isaac, aveugle, trompé par Jacob et Rebecca (v. 1-29).

            La vie de famille d’Isaac et Rebecca n’est pas ce qu’elle avait été chez Abraham et Sara. L’Éternel avait pu dire au sujet d’Abraham : « Je le connais, et je sais qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit » (18 : 19). Plusieurs faits montrent qu’Abraham exerçait l’autorité et prenait lui-même les initiatives importantes dans sa famille.
            Il y a entre Isaac et Rebecca un désaccord au sujet de leurs enfants. Isaac n’a pas beaucoup d’énergie, et il aime le gibier au point d’en consommer habituellement (25 : 28). Il est maintenant aveugle, et sa cécité physique est l‘image d’un manque de discernement moral et spirituel. Quant à Rebecca, elle montre le caractère rusé de sa famille d’origine. Ses dernières paroles sont rapportées à la fin du chapitre : « J’ai la vie en aversion à cause des filles de Heth » (v. 46). Le foyer est divisé.
            Ce sont des leçons importantes pour nos familles : il revient au père d’assumer les responsabilités que Dieu lui a confiées. Et les parents doivent réaliser ensemble une communion dans le Seigneur. Autrement, Dieu est déshonoré, et il peut en résulter des conséquences graves pour les enfants. Rappelons-nous la ferme résolution de Josué : « Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel » (Jos. 24 : 15).
            Isaac s’apprête à prononcer sa bénédiction sur ses enfants ; acte important chez les patriarches, à la fois prophétique et sacerdotal. Mais, apparemment, il se prépare à le faire sans consulter l’Éternel, ni attendre un ordre de sa part. Toutes ces manifestations charnelles n’empêchent pas Dieu de discerner la foi qui subsiste cependant en Isaac : « Par la foi, Isaac bénit Jacob et Ésaü à l’égard de l’avenir » (Héb. 11 : 20). Il a une certaine foi, mais non la vertu et les autres qualités qui doivent l’accompagner (voir 2 Pi. 1 : 5-8).
            Rebecca imagine une action compliquée pour déjouer le plan de son mari. Elle sait que la bénédiction revient à Jacob selon la volonté de Dieu (25 : 23), mais elle ne consulte pas l’Éternel. Si sa relation avec Isaac avait été normale, elle aurait pu lui rappeler les paroles de l’Éternel, comme Sara avait aidé Abraham (21 : 10). Elle exerce aussi sur son fils Jacob une autorité égoïste, et non l’autorité d’une mère qui craint Dieu ; elle dit deux fois : « Écoute ma voix » (v. 8, 13).
            Jacob se laisse entraîner par sa mère. Il est conduit à mentir à plusieurs reprises. Sans doute un fils doit-il obéir à ses parents, mais « dans le Seigneur » (Éph. 6 : 1). Jacob est pleinement responsable de ce qu’il fait. Il semble surtout préoccupé des conséquences désagréables possibles, si sa fraude vient à être découverte par son père : « Je passerai à ses yeux pour un trompeur, et je ferai venir sur moi la malédiction et non la bénédiction » (v. 12). Il est entraîné à mentir, plus qu’il ne le pensait peut-être au début, en associant même le nom de l’Éternel à son mensonge (v. 19-24). On ne sait pas, en s’engageant dans un mauvais chemin (mensonge ou autre) jusqu’où on sera entraîné. Le diable est le « père du mensonge » (Jean 8 : 44) et l’Éternel hait le mensonge (Prov. 6 : 16, 19).
            Il y avait entre Isaac et Ésaü un point commun dans le domaine charnel (le goût pour le gibier), mais il n’y avait pas de communion sur les sujets importants. Nous devons prendre garde à ce qui nous lie les uns aux autres, non seulement dans la famille, mais entre frères et sœurs, entre jeunes aussi.
            Quoiqu’il en soit de ces faiblesses et de ces défaillances, Dieu accomplit sa volonté malgré les raisonnements, les calculs et l’agitation d’Isaac, de Rebecca et de Jacob. C’est Jacob qui reçoit la bénédiction réservée à l’aîné. Elle lui sera confirmée par Isaac au chapitre 28 : « Que le Dieu Tout-puissant te bénisse… et qu’il te donne la bénédiction d’Abraham, à toi et à ta descendance... » (v. 3-4). Elle le sera aussi par Dieu Lui-même au pauvre proscrit qui fuit la colère de son frère (v. 13-14). Cependant, le chemin de la foi aurait été beaucoup plus simple et paisible.
            On n’a pas consulté l’Éternel, mais sa pensée s’accomplit malgré les actions humaines. Remarquons que l‘histoire de Jacob et d’Ésaü est l’un des fondements de l’enseignement doctrinal de l’épître aux Romains relatif à l’élection du peuple d’Israël (voir Rom. 9 : 10-13). Il n’y a rien d’arbitraire en Dieu, mais son propos est fondé sur sa préconnaissance. Malachie 1 : 2-3 déjà cité a été prononcé 14 siècles après les événements de Genèse 27.
            On peut remarquer encore que si toutes ces dispositions compliquées ont été préparées en secret, Dieu les fait connaître encore aujourd’hui : « Ce dont vous avez parlé à l’oreille dans les chambres sera proclamé sur les toits » (Luc 12 : 3). Si quelqu’un marche dans la dissimulation, Dieu mettra tout en lumière un jour (Nom. 32 : 23).
            Isaac agit dans son aveuglement spirituel, causé par ses affections charnelles. Malgré cela, il est amené à exécuter la volonté de Dieu. Voilà un exemple du fait que si le résultat d’une action est selon Dieu, cette action elle-même n’est pas forcément selon Dieu. Il ne faut pas toujours voir dans la conformité d’un fait à la volonté de Dieu, son approbation sur notre conduite.

                        Le tremblement d’Isaac et les larmes d’Ésaü (v. 30-40)

            Dieu intervient maintenant d’une manière cachée pour ouvrir les yeux d’Isaac : c’est Ésaü réclamant la bénédiction promise qui fait reprendre conscience à Isaac. Il est probable que la conscience du patriarche a été touchée (tremblement très grand) et qu’il a été amené, à ce moment-là, à se soumettre à la pensée de Dieu, puisqu’il dit : « Je l’ai béni, aussi il sera béni » (v. 33). Ces paroles montrent qu’il se courbe devant la volonté divine, et se juge devant l’Éternel. C’est probablement à ce moment-là qu’il a eu la foi dont parle le verset d’Hébreux 11 déjà cité. La bénédiction par la foi est mentionnée dans notre chapitre (v. 33, 37) et dans le suivant (28 : 3-4).
            Quant à Esaü, se voyant dépouillé une seconde fois, il est plein d’amertume. Il pleure, il accuse Jacob de lui avoir pris son droit d’aînesse et sa bénédiction. Il présente la situation d’une manière tendancieuse, fausse. Il ne montre pas de repentance. Il y a eu cependant une bénédiction pour lui, mais dans la soumission à son frère. Mais, pour celui qui avait méprisé les choses sacrées, la bénédiction n’est que celle qu’un profane pouvait recevoir. Les descendants d’Ésaü ont été asservis à Israël (comp. v. 40a et 2 Sam. 8 : 14), et plus tard ils se sont affranchis de ce joug (comp. v. 40b et 2 Chr. 21 : 8-10). Signalons ce qu’a écrit un frère : Le mot « bénédiction » est parfois employé pour désigner un testament ou un dernier message, souvent prophétique. Son contexte peut être bon ou mauvais (voir, par exemple, Gen. 49 : 1-28).
            Ésaü avait méprisé cette part excellente et maintenant, c’est trop tard (Prov. 1 : 28-31). Isaac lui déclare : « Voici, je l’ai établi ton maître » (v. 37). Le refus qu’Isaac oppose à Ésaü montre la présence chez lui d’une foi vivante.
            Nous lisons dans le chapitre 12 de l’épître aux Hébreux : « Ésaü… pour un seul plat vendit son droit de premier-né… même si plus tard il voulut hériter de la bénédiction, il fut rejeté, bien qu’il l’ait recherchée avec larmes ; car il ne trouva pas lieu à la repentance » (v. 16-17). C’est la bénédiction, et non la repentance, qu’il a recherchée avec larmes. Il ne s’est pas repenti, il est un « profane ».
            Les prophètes Abdias (v. 4) et Malachie (1 : 3-4) montrent qu’après la période des jugements, il ne restera pas un seul descendant d’Ésaü (ou : Édom), contrairement à d’autres peuples. Bien sûr, cela résultera aussi d’autres fautes commises par ce peuple.

                        Le départ de Jacob (v. 41-46)

            C’est « le fruit qui convient à la repentance » (Matt. 3 : 8) qui prouve la réalité de celle-ci. Ésaü n’a pas montré ce fruit. Au contraire, il forme le vœu de tuer son frère (v. 41). Les pleurs qu’il verse ne sont pas des pleurs de repentance, mais ressemblent plus à ceux de Saül devant David (1 Sam. 24 : 17 ; 26 : 21). Ésaü, rempli de jalousie, marche sur les traces de Caïn (Gen. 4 : 8), comme, plus tard, les fils de Jacob (37 : 20).
            On voit, dans ce chapitre et dans les suivants, les conséquences des désobéissances de ces quatre personnes. Dieu prend connaissance de tout, et, dans son gouvernement, Il envoie les conséquences.
            Jacob va vivre 21 ans en pays étranger, et les tristesses continuent après son retour. Rebecca va être séparée de son fils préféré ; elle ne le reverra jamais, et l’Écriture ne la mentionne plus. Il y a une sérieuse leçon à retenir de la vie de cette femme qui a bien commencé (ch. 24) et mal terminé (ch. 27). Ici encore, la gravité de la situation ne la conduit pas à parler clairement et sincèrement à son mari ; cela l’aurait amenée à confesser ce qu’elle avait fait, mais elle continue ses intrigues. Elle exerce encore une mauvaise influence sur Jacob : « Écoute ma voix », dit-elle pour la troisième fois (v. 43).
            Les causes de cet état désastreux sont nombreuses. Peut-être Isaac a-t-il sa part de responsabilité dans l’état de sa femme : il l’a reniée publiquement au chapitre 26. Ils étaient déjà en désaccord depuis leur attitude différente à l’égard de leurs enfants, chacun ayant son préféré (25 : 28).
            Il faut veiller soigneusement, dans les foyers, à ne pas laisser pénétrer ou subsister des désobéissances, des fautes et des préférences qui troublent tous les membres de la famille et entraînent des conséquences durables. Il nous faut en particulier conformer toute notre vie à la Parole de Dieu avec le secours du Seigneur.
            « Affermis mes pas dans ta parole, et qu’aucune iniquité ne domine en moi » (Ps. 119 : 133).


D’après des notes prises lors de réunions d’étude de la Parole

 

À suivre (17-02) : Genèse 28-31