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JÉSUS CHRIST, NOTRE MODÈLE (4)

 

            Cet article ancien de J. N. Darby (paru en 1873) nous fait considérer, dans deux passages de l’évangile de Matthieu, Christ comme le modèle du croyant quant à ses « privilèges » (fin du chapitre 3) et quant au « combat » contre l’Ennemi (début du chapitre 4).
 

CHRIST, MODÈLE DU CROYANT (Matthieu 3 : 13-17 ; 4 : 1-10)
            Modèle, en Christ, de la position dans laquelle le croyant est introduit par la rédemption
            Modèle, en Christ, pour le combat du croyant face à Satan
 

CHRIST, MODÈLE DU CROYANT (Matthieu 3 : 13-17 ; 4 : 1-10)

            La présentation de la grâce de Dieu dans la personne du Seigneur, dans l’évangile de Matthieu, montre d’une manière frappante comment le Seigneur a pris notre place et a été le modèle de la position qui, en Lui, nous appartient en vertu de la rédemption, soit quant à la bénédiction, soit quant à la lutte - Lui, seulement, triomphant pour nous.
            Beaucoup de passages nous disent sa grâce envers nous, mais ici, à la fin du chapitre 3 et au commencement du chapitre 4 de Matthieu, Il prend la place elle-même.

                        Modèle, en Christ, de la position dans laquelle le croyant est introduit par la rédemption

            La Loi et les Prophètes étaient jusqu’à Jean le Baptiseur ; le royaume des cieux était alors annoncé, comme s’étant « approché » (Matt. 3 : 1-2). Le chemin de la repentance était ouvert pour le peuple ; mais une chose nouvelle allait être établie. Le premier pas dans le chemin vers Dieu, c’était de recevoir le témoignage et de venir à cette repentance : la grâce touche les cœurs et les amène ainsi au baptême de Jean.
            Alors Jésus vient. Il ne pouvait pas laisser faire aux siens un seul pas, sans prendre sa place avec eux. Il vient pour être baptisé par Jean. Lui-même - il n’est pas nécessaire de le dire - n’avait pas besoin du baptême de Jean. Jean le reconnaît en disant : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » (v. 14). Jésus lui répond : « Laisse faire maintenant, car ainsi il nous est convenable d’accomplir toute justice » (v. 15). Alors il Le laisse faire (v. 16). Venir ainsi, c’était accomplir la justice. Cependant le Seigneur s’abaisse au niveau de son messager : Toi, Jean, tu as part dans l’accomplissement de la volonté de Dieu. Moi, j’ai la mienne. - En effet, le « nous » que nous trouvons ici, n’est pas, je pense, un pluriel de dignité, mais se rapporte à Jean aussi bien qu’au Seigneur.
            Le même évangile présente un exemple merveilleux de la même grâce (17 : 24-27), avec toutefois une différence : le Seigneur Jésus y apparaît comme une Personne divine. Il ne s’identifie pas avec Israël méchant et rebelle, mais avec le sentier de Dieu, et avec ceux qui y marchaient ; mais Il se place au milieu d’eux, comme l’un d’eux, quand ils y sont entrés.
            La parole de Dieu trouve une oreille ouverte, et dirige le cœur de son Serviteur parfait qui accomplit « toute justice ». Lui, le Fils bien-aimé de Dieu, a pris sa place maintenant au milieu des plus pauvres de son troupeau, le reste selon l’élection de grâce en Israël (voir Rom. 11 : 5). Il est là présent, dans sa Personne et sa perfection personnelle, selon la volonté de Dieu ; et nous voyons en Lui l’exemple et le modèle de la position dans laquelle nous sommes introduits par la rédemption, selon les desseins de Dieu.
            Quand Jésus est remonté de l’eau, après avoir été baptisé, Il est là selon la volonté parfaite de Dieu, comme homme devant Lui. Le ciel doit répondre à cette perfection : « Et voici, les cieux lui furent ouverts, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe, et venir sur lui » (v. 16). Les cieux ont pu être ouverts dans les glorieuses visions du trône de jugement ou d’autres semblables ; mais il n’y avait jamais eu auparavant, sur la terre, un objet sur lequel ils aient pu être ouverts. La faveur divine avait pu reposer sur Abraham, et Dieu avait pu le visiter en grâce ; Énoch qui marchait avec Dieu - suivi plus tard, bien que d’une manière différente par Élie - avait pu trouver un chemin solitaire qui l’avait conduit jusque dans le ciel ; mais jamais encore les cieux n’avaient été ouverts à l’homme sur la terre : ils l’étaient maintenant. De plus, l’homme Jésus est scellé (Jean 6 : 27) et oint (Act. 10 : 38) du Saint Esprit et de puissance. Et enfin, le Père le reconnaît Lui, homme, pour son Fils bien-aimé. Or tout cela est notre part en Lui, la place qui nous appartient, dont Il est ici Lui-même le type et le modèle.
            Le ciel est ouvert pour nous ; le voile est déchiré depuis le haut jusqu’en bas (Matt. 27 : 51), le chemin des lieux saints est ouvert (voir Héb. 9 : 8 ; 11-12 ; 10 : 19-20) ; nous sommes scellés et oints du Saint Esprit, et le Père nous reconnaît comme fils, aimés comme Jésus lui-même est aimé, avec cette différence - je n’ai pas besoin de le dire - que nous jouissons de cette position par la rédemption et la foi en Lui, tandis que Lui y était de son propre et plein droit personnellement.
            Toutefois Lui-même, ici, nous présente le précieux et parfait modèle de la position dans laquelle nous avons été introduits. Notre relation avec Lui dans cette position, et le fait qu’Il la prend Lui-même – qu’elle est sa place – en sont un trait précieux.
            C’est ici, quand le Seigneur prend cette place humaine, et cependant souverainement agréable à son Père, que la Trinité est pour la première fois pleinement révélée. Nous en trouvons sans doute des traces remarquables dans l’Ancien Testament car le Fils, dans le Psaume 2, est l’Éternel (v. 11) : les hommes sont invités à se confier en Lui (v. 12). Dans la première section (v. 1-3), le Saint Esprit s’exprime : « Les rois de la terre se lèvent, et les princes consultent ensemble contre l’ Éternel et contre son Oint... ». Puis la voix de Dieu le Père se fait entendre : « J’ai oint mon roi sur Sion » (v. 6). Mais on ne peut pas dire que la Trinité ait été clairement révélée dans l’Ancien Testament : cette connaissance était l’effet du christianisme, après que le Fils et l’Esprit soient venus et que le Père ait été pleinement révélé en Christ, et à nous qui sommes devenus fils par grâce. En relation avec sa Personne, il en est ainsi dans le tableau que nous avons sous les yeux. Le Fils est là comme homme ; le Saint Esprit descend sur Lui, et la voix du Père se fait entendre du ciel pour Le reconnaître comme Fils.
            Quelle merveilleuse association de voir le Seigneur identifié avec nous, ou plutôt, nous avec Lui, et cela dans cette position, Lui étant le Fils ! La Trinité tout entière est révélée, quand le Fils est là comme homme. C’est ainsi, par exemple, que l’apôtre Jean parle, dans la même phrase, de la divinité et de l’humanité de la même Personne, envisageant, selon qu’il le fallait, tantôt l’un des côtés, tantôt l’autre (voir 1 Jean 2 : 28-29 ; 3 : 1-3). Mais nous sommes tellement identifiés avec Lui, que bien que la gloire ne soit pas révélée, ceci du moins est certain, pour ce qui la concerne : quand Lui sera manifesté, nous Lui serons semblables. N’est-ce pas ici une merveilleuse association ? S’Il était les délices de l’Éternel, se réjouissant toujours devant Lui, ses délices étaient avec les fils des hommes (Prov. 8 : 30-31). L’Écriture nous présente de nombreux cas semblables, et même elle en tire des conclusions.
            Quoiqu’il en soit, telle est la place du Fils comme homme, la place modèle pour nous. Quelle glorieuse pensée, et comme son amour devient précieux ! Remarquez toutefois combien la personne du Seigneur est distinguée de ceux qui l’entourent, et sa gloire maintenue. Le ciel nous est ouvert comme à Lui ; mais quand il Lui est ouvert, c’est Lui qui en est l’objet : le ciel regarde vers Lui, Le scelle, et Le reconnaît ici-bas. Il ne pouvait pas être sur la terre sans que le ciel soit ouvert sur Lui, l’objet suprême de toutes les pensées du ciel. Sur la montagne de la transfiguration, Moïse et Élie sont dans la même gloire que Christ, et s’entretiennent familièrement avec Lui de ce qui tenait la première place dans les desseins de Dieu (Matt. 17 : 1-3) ; mais du moment que Pierre veut placer Moïse et Élie, en quelque sorte, au même niveau que le Seigneur, ils disparaissent, et la voix du Père reconnaît Jésus comme le Fils - son Fils, qu’il fallait écouter - et Jésus se trouve seul (v. 4-8) ! Il en est toujours ainsi.
            Le Seigneur ayant donc pris place ici avec les siens, nous voyons la position dans laquelle Il les a introduits. Il est Lui-même le modèle de cette position : c’est sa position. Il est monté maintenant vers son Père et notre Père, vers son Dieu et notre Dieu (Jean 20 : 17).

                        Modèle, en Christ, pour le combat du croyant face à Satan

            Le Seigneur a pris entièrement la cause et la position des siens. Il prend maintenant celle dans laquelle ils se trouvent dans la lutte avec Satan, comme Il l’a fait à l’égard de celle dans laquelle ils sont en relation avec Dieu.
            Ainsi oint comme homme, Jésus est conduit par l’Esprit au désert, pour être tenté par le diable (Matt. 4 : 1). Bien des pensées s’élèvent dans l’esprit en présence de ce fait : on voit la différence entre la position du Seigneur ici et la position d’Adam et d’Ève lorsqu’ils ont été tentés ; on voit la différence de caractère des 40 jours passés par Christ dans le désert d’avec les 40 jours pendant lesquels Moïse et Élie ont été séparés, pour ainsi dire, de l’état ordinaire de l’humanité pour être avec Dieu. Mais je me restreins ici au grand fait de la tentation. Le Seigneur l’a endurée, et dans la position dans laquelle Il nous apparaît ainsi aux prises avec l’Ennemi, Il nous présente le second aspect de notre position, dont notre relation en Lui avec Dieu est le premier côté.
            Remarquez seulement que la tentation vient après ce qui concerne la relation. Celle-ci est pleinement établie ; et c’est comme oint du Saint Esprit dans cette relation que Jésus entre dans la tentation.

            Le tentateur vient à Lui ; il voudrait Lui faire abandonner la position qu’Il a prise comme homme, et d’abord celle de l’obéissance ou de serviteur, sa place parfaite comme homme. « Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains » (v. 3). Use de ton autorité, commande que ces pierres deviennent du pain ; en un mot, agis de ton propre chef, puisque tu n’es rien moins que le Fils de Dieu. - Mais le Seigneur Jésus se tient fermement dans la position de l’obéissance, de serviteur, d’homme, mais d’homme parfait.
            Plusieurs choses sont ici dignes d’attention :
                  - Jésus n’a aucun besoin d’aller au-delà de son propre devoir. Il n’entre pas en contestation avec Satan et ne raisonne pas avec lui. Satan s’approche avec ruse, mais la fraude ne peut rien sur celui qui obéit simplement, et le Seigneur comme serviteur est occupé de cela, et cela suffit.
                  - La volonté de Dieu est pour Jésus le mobile qui Le fait agir, et non pas seulement sa règle. Sans doute, la volonté de Dieu était sa règle, mais elle était aussi son motif pour agir : c’est là un principe important. Ce n’est pas ici une volonté arrêtée par une règle à laquelle on se soumet même avec bonne volonté : l’obéissance de Christ a la volonté de Dieu pour source de ses actes.
                  - La Parole de Dieu (les Écritures) est l’expression adéquate, complète et suffisante de cette volonté, pour l’homme. Jésus cite un texte, et c’est tout ; mais cela est toute la volonté de Dieu exprimée pour l’homme. L’homme vit « de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (v. 4). Expression merveilleuse ! La Parole est divine, absolument telle dans sa source et dans son caractère ; elle sort de la bouche de Dieu ; mais elle est parfaitement adaptée à l’homme pour qu’il vive par elle. Il n’y a rien qui soit comme elle, seulement, Christ en est l’expression vivante ; Il est la Parole devenue chair. L’homme peut en parler très savamment comme le fol esclave de l’ennemi qui le trompe ; mais un simple texte suffit pour Celui qui est la Sagesse de Dieu - le Seigneur. Et il suffit pour Satan, en sorte que celui-ci n’a rien à répliquer. La parole donnait à Christ sa place d’homme, et par elle Satan était vaincu ; il se serait trahi lui-même et sa faiblesse, s’il avait suggéré quelque chose de contraire à cette Parole. L’Écriture est suffisante pour le Seigneur Lui-même, pour l’homme ici-bas, et pour le diable. Elle sort de la bouche de Dieu, et l’homme vit par elle. Christ est le garant de cela pour nous, et remarquez à quelle occasion.
            Sans doute, Jésus ne pouvait pas tomber ; mais Il a passé par l’épreuve. Tout dépendait de sa victoire. Si le second Homme avait failli pour l’homme, toute espérance était perdue ; mais un texte est suffisant : par lui, Christ remporte une victoire absolue. Satan n’a rien à répondre. L’autorité, la vérité, la suffisance et l’appropriation de l’Écriture deviennent le fondement et le moyen de la victoire sur laquelle repose toute espérance pour l’homme. Le dernier Adam avait vaincu et vaincu par la parole sortie de la bouche de Dieu. Satan a succombé, et succombé devant elle ; seulement elle était justement appliquée par le Saint Esprit. La tentation n’a pu mettre à découvert aucune volonté, mais elle a mis en évidence l’obéissance parfaite et son vrai caractère, et sa puissance.

            Mais le Seigneur subit une autre épreuve. L’Ennemi voudrait Lui faire abandonner sa confiance en Dieu, et Le faire sortir ainsi du vrai chemin de l’obéissance : en effet, faire ce que Satan suggérait, aurait été pour Christ l’effet et l’acte d’une volonté propre. « Jette-toi en bas », dit Satan (v. 6) ; ton Dieu a promis de te préserver ; mets-le à l’épreuve, et vois s’Il sera fidèle à sa parole. - La confiance parfaite n’a aucun besoin de mettre à l’épreuve, elle n’a aucune volonté à exercer. Encore une fois, Jésus cite l’Écriture : « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » (v. 7). Les fils d’Israël « ont tenté l’Éternel, en disant : L’Éternel est-il au milieu de nous, ou n’y est-il pas ? » (Exode 17 : 7). Ce passage montre le vrai sens de ces mots qu’on cite souvent en leur faisant dire à peu près le contraire de ce qu’ils signifient véritablement. Pour oser obéir à Dieu dans ce monde, et pour savoir attendre le temps du Seigneur, il faut savoir se fier à Dieu parfaitement. Anticiper le temps du Seigneur est la preuve d’un manque de confiance et d’un défaut d’obéissance. Saül attendant Samuel en est un exemple : sa confiance a failli, et sa volonté a agi, et tout a été perdu pour lui, bien qu’il ait pensé montrer de la foi en Dieu et le servir (voir 1 Sam. 13).
            L’obéissance et la dépendance pour lesquelles la confiance en Dieu sont nécessaires, étaient maintenant pleinement manifestées, et Satan ne pouvait plus que se découvrir lui-même, et alors tout est simple. Satan se montre ; il ne s’agit plus de ses ruses ; c’est Satan, qu’il s’en aille ! « Résistez au diable, et il fuira loin de vous » (Jac. 4 : 7). Le Seigneur a détruit la force de Satan ; il « a lié l’homme fort » (Matt. 12 : 29).

            Dans les deux premières tentations, il s’agissait de ruses ; alors demeurer dans la simple position d’obéissance selon la parole, s’attendre à la volonté de Dieu (l’obéissance à la Parole et la confiance en ce qui est dit, l’assurance que Dieu l’accomplira) rendent vains tous les assauts de Satan. Il peut chercher à nous détourner entièrement de Dieu par l’appât du monde ; mais l’homme qui ne veut que son Dieu est à l’abri de tout vrai danger ici.
            C’est encore par la Parole que le Seigneur répond : « Il est écrit : Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul » (v. 10 ; Deut. 6 : 13). Il ne s’agit plus simplement d’obéissance, mais c’est manifestement la confiance en Dieu. Aussi, tout est simple ; et si l’œil est net, Satan, révélé comme tel, est renvoyé. Alors le diable le laisse, et les anges s’approchent et servent le Fils de l’homme obéissant (v. 11). Il en est de même pour nous, comme l’Écriture nous le montre : « Ne sont-ils pas tous (les anges) des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut ? » (Héb. 1 : 14).

            La manière dont le Seigneur a rencontré et vaincu Satan est extrêmement instructive. Mais le point sur lequel je désirais spécialement attirer l’attention du lecteur, c’est la manière si précieuse dont Il a pris notre place.
            Il s’y est placé Lui-même, devenant ainsi un modèle et un exemple de notre position :
                  - quant à ses simples mais plus glorieux privilèges ;
                  - quant au combat qui s’y rattache et dans lequel nous sommes, et où, dans l’abaissement et la perfection de la position du serviteur, Il nous a montré notre sentier aussi.

            Mais le Seigneur a fait et pris notre place des deux côtés, si l’on peut dire ainsi : du côté de Dieu, Fils, oint du Saint Esprit, devant le Père avec le ciel ouvert ; puis dans le combat avec Satan, où en effet, Il a lié pour nous l’homme fort.

            Christ a été dans cette double position ; et le combat étant maintenant terminé, Il est pour ce qui est de la relation et de la bénédiction, seulement dans la gloire, mais comme homme, et nous y a amenés par la rédemption et par la grâce. Je ne connais pas de tableau plus précieux que celui que nous trouvons ici de notre relation avec le Seigneur, l’homme des desseins de Dieu, et cela parce que nous Le voyons là seul dans sa propre perfection.


D’après J. N. Darby - « Messager évangélique » (1873 p. 9-19)


A suivre