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LA DEUXIÈME ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS (1-2)


COMMUNION DES SAINTS ET DU SERVITEUR (ch. 1 et 2)
            CHAPITRE 1
                    Salutations (v. 1-2)
                    Exercices personnels de Paul (v. 3-10)
                    Paul et les Corinthiens (v. 11-17)
                    La fidélité de Dieu et l’unité de l’Esprit (1 : 18-22)
                    Les mobiles de l’amour de Paul (v. 23-24)
            CHAPITRE 2
                    L’état de cœur de Paul, ses exercices (v. 1-4)
                    Instructions sur la discipline (v. 5-11)
                    Le témoignage de l’apôtre

 

COMMUNION DES SAINTS ET DU SERVITEUR (ch. 1 et 2)

                        CHAPITRE 1

                                    Salutations (v. 1-2)

            Cette épître est adressée à l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe, et aux croyants de l’Achaïe, province grecque dont Corinthe était la capitale.
            L’apôtre, comme il le fait presque toujours, se présente « par la volonté de Dieu », avec toute l’autorité dont il est investi et qu’il aura l’occasion de rappeler plus loin. Mais il s’attachera toujours à ne pas en faire usage. Il désire que l’obéissance des Corinthiens soit le fruit d’exercices de conscience et de cœur de leur part.
            Dans cette seconde épître, Paul s’associe Timothée, à la place de Sosthène dans la première épître.

                                    Exercices personnels de Paul (v. 3-10)

                                                Afflictions et consolations (v. 3-8)

            D’emblée, l’apôtre se place au milieu des consolations divines qui remplissaient son cœur, en face de ses afflictions, notamment celles que lui causaient les Corinthiens.
            L’expression : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ » apparaît trois fois dans le Nouveau Testament :
                    – Dans la première épître de Pierre (1 : 3) : C’est l’action de grâces pour l’espérance de l’accomplissement parfait du salut.
                    – Dans l’épître aux Ephésiens (1 : 3), il s’agit de la position céleste et actuelle des chrétiens. Ceux-ci sont assis avec le Christ dans les lieux célestes.
                    – Ici, enfin, le serviteur de Christ est, en quelque sorte, « dans la poussière de la mort » (Ps. 22 : 15). Mais les tribulations produisent la patience, et la patience, l’expérience (Rom. 5 : 3). Il fait la douce expérience des miséricordes et des consolations divines.
            Dieu est à la fois le Dieu de l’Homme Christ Jésus (vu dans son humanité) et le Père du Fils éternel de Dieu (vu dans sa divinité).
            Mais, par une grâce merveilleuse, tous les chrétiens connaissent aussi maintenant Dieu comme leur Dieu et comme leur Père. Depuis la croix de Christ, des relations filiales sont établies. « Je monte vers mon Père et votre Père », a dit le Seigneur à Marie de Magdala après sa résurrection (Jean 20 : 17).
            Le Père ainsi révélé est présenté dans le Nouveau Testament sous divers caractères :
                    - le Père des miséricordes (v. 3),
                    - le Père des lumières (Jac. 1 : 17),
                    - le Père de gloire (Eph. 1 : 17)
                    - le Père des esprits (Héb. 12 : 9).

            Ce nom de Père évoque d’abord les relations familiales bénies dans lesquelles nous sommes admis ; mais il implique aussi la notion d’origine, source de tout : la lumière, la miséricorde, la gloire.
            Le « nous », utilisé ici (v. 4) et dans presque toute l’épître, est probablement le « nous » apostolique qui désigne les apôtres en général, et plus spécialement Paul. Mais, dans leur mesure, tous les croyants ont part aussi aux privilèges et aux consolations dont parle Paul.
            Le grand apôtre des nations, en effet, a enduré plus que quiconque des souffrances particulières pour l’Eglise. Ce sont les « souffrances de Christ » qui abondaient à son égard, c’est-à-dire celles liées à son service pour le Seigneur. Il fait allusion (v. 8), entre autres, aux événements récents qu’il avait vécus à Ephèse. Il n’est pas question, ici, de souffrances en discipline mais de celles pour le témoignage. Ce sont les souffrances annoncées par le Seigneur (Jean 15 : 19) ou mentionnées dans d’autres épîtres (Phil. 3 : 10 ; Col. 1 : 24).

                                                Le secours divin (v. 9-10)

            Paul était réellement un homme « affranchi », c’est-à-dire libre par la mort :
                    – à l’égard du péché (Rom. 6 : 4 ; 1 Pier. 2 : 24),
                    – de la Loi (Rom. 7 : 4 ; Gal. 2 : 19),
                    – de la chair (Gal. 5 : 1, 24),
                    – du monde (Gal. 6 : 14),
                    – et enfin de lui-même (v. 9).

            Christ était pour Paul la seule raison de vivre : lui-même n’était rien et Christ était tout pour lui. Cette désespérance humaine qui fut la sienne et cette « sentence de mort » étaient permises par Dieu afin qu’Il se manifeste comme le Dieu de résurrection. Paul avait vu la mort de si près que la délivrance équivalait pour lui à une résurrection. C’est l’expérience que fit Abraham. Sa foi avait estimé que Dieu pouvait ressusciter son fils Isaac d’entre les morts « d’où aussi, de manière figurée, il le reçut » (Héb. 11 : 19). Paul pouvait exprimer les paroles de David : « Notre Dieu est un Dieu de salut ; et c’est à l’Eternel, le Seigneur, de faire sortir de la mort » (Ps. 68 : 20). La consolation et la délivrance abondaient en proportion de ses souffrances. Et l’apôtre, ainsi consolé, devenait un canal pour apporter la consolation à d’autres.

                                    Paul et les Corinthiens (v. 11-17)

                                                La communion des saints (v. 11-12)

            Les Corinthiens, malgré leur bas état spirituel (au moins pour certains d’entre eux), avaient part aux souffrances de Paul en sympathie, et coopéraient avec lui par des supplications et des actions de grâces.
            Quel bel exemple que celui de Paul ! Loin de lui les pensées de mépris pour ses frères encore bien répréhensibles. Bien au contraire, il apprécie leurs sentiments à son égard ; il est même réconforté par eux. Cela ne l’empêche pas de n’attendre le secours que de Dieu seul. Celui qui l’a délivré dans le passé, le délivre dans le présent, et le délivrera dans le futur.
            Toutefois, la délivrance est présentée comme une réponse aux prières des Corinthiens et un motif pour eux d’actions de grâces (v. 11). L’apôtre compte beaucoup sur les prières des frères et sœurs. C’est aussi le cas des missionnaires de nos jours (voir Rom. 15 : 30 ; Eph. 6 :18-19 ; Col. 4 : 2-4 ; 1 Thes. 5 : 25 ; 2 Thes. 3 : 1).
            Le don de grâce mentionné par Paul (v. 11) est différent des dons de grâce spirituels accordés par l’Esprit pour l’édification des saints (1 Cor. 12 : 4, 31). Il est question de la délivrance accordée à l’apôtre, par grâce, en réponse aux prières présentées à Dieu en sa faveur.
            Une pensée importante apparaît, qui domine ces deux premiers chapitres. La communion des croyants, membres du corps de Christ, en toutes circonstances, n’est pas un vain mot : tout ce qui concernait les Corinthiens éveillait la sollicitude de Paul. A l’inverse, les circonstances de l’apôtre ne laissaient pas les Corinthiens indifférents. Les souffrances des uns et des autres étaient de même nature (1 : 7). L’apôtre est-il éprouvé ? C’est un sujet de supplication pour l’assemblée. Est-il délivré par grâce ? Alors les Corinthiens rendent grâces (1 : 11).
            S’agit-il enfin de la gloire ? Paul trouve la sienne en eux, et ils peuvent se glorifier au sujet de Paul (1 : 14 ; 5 : 12). Il est impossible qu’un membre se réjouisse et pas les autres. « Nous coopérons à votre joie » (v. 24 ; Rom. 12 : 15). Cela est aussi réalisé entre Paul et les Philippiens (Phil. 2 : 16 ; 4 : 1), les Romains (Rom. 12 : 15) et les Thessaloniciens (1 Thes. 2 : 19). Il en est de même pour la tristesse (2 : 4).
            Tous seront amenés à la même pensée quand il s’agira de pardonner (2 : 10). Il ne peut y avoir de distorsion entre les membres du corps de Christ, car les liens formés entre eux l’ont été par Dieu lui-même (v. 21).
            Malheureusement, en pratique, il n’y avait pas unanimité de pensée chez les Corinthiens au sujet de Paul. C’est ce que laissent entrevoir les expressions « beaucoup de personnes » (v. 11) et « en partie » (v. 14). Il y avait quelques éléments malveillants et même des ennemis, des faux prophètes déjà dénoncés dans la première épître (15 : 12), et des « faux apôtres » mentionnés dans cette deuxième épître (11 : 13). Mais, grâce à Dieu, le plus grand nombre avait reconnu l’apôtre.

                                                Intentions de l’apôtre (v. 15-17)

            Il est vrai que devant l’heureuse évolution de l’état des Corinthiens, l’apôtre avait eu premièrement le projet d’aller les voir sans tarder. Mais il pensa ensuite que cette visite était prématurée, et en donna la raison (v. 23-24). Il n’agissait pas par « légèreté », mais uniquement en vue de leur bien spirituel.
            Toutefois, il parlera plus loin de ses craintes intérieures et même de ses regrets (7 : 5, 8). Le grand apôtre des nations avait été merveilleusement béni ; il n’en demeurait pas moins un homme faillible (Act. 14 : 15). Seul, l’Homme Christ Jésus, le parfait serviteur, n’a jamais eu à modifier une seule pensée, à rectifier une seule parole ou à hésiter pour un seul pas de sa marche ici-bas.
            Il est triste de voir comment tout pouvait servir de prétexte aux adversaires de Paul. Ils tiraient argument de son apparente hésitation pour mettre en doute son apostolat. Plus tard, ils diront que sa présence personnelle est faible et sa parole méprisable (10 : 10). Paul devra même, pour éviter de prêter le flanc à ses détracteurs, se priver de tout secours matériel de la part des Corinthiens (11 : 8-12). Notons au passage cette expression du verset 16 : « vous m’auriez accompagné vers la Judée ». C’était une coutume heureuse et fraternelle qu’un frère visiteur soit accompagné dans ses déplacements par un de ceux qui étaient visités (voir Rom. 15 : 24 ; 1 Cor. 16 : 6 ; 3 Jean 6).

                                    La fidélité de Dieu et l’unité de l’Esprit (1 : 18-22)

                                                Fidélité de Dieu (v. 18-20)
   
            L’apôtre Paul, dans sa simplicité et sa sincérité, n’avait rien qui pesait sur sa conscience (1 : 12). Même si ses projets se sont modifiés, la parole qu’il avait adressée aux Corinthiens de la part de Dieu était aussi immuable et certaine que Jésus Christ qui en est le thème (v. 13, 18). C’est le Fils de Dieu qui est prêché, lui, la parole incarnée.
            Christ est plus grand que les promesses. Il en est :
                    – « le oui », c’est-à-dire la vérité, la certitude,
                    – « l’amen », c’est-à-dire la réalisation (ce mot venant de l’hébreu sert à confirmer et à appuyer une déclaration).

            Toutes les promesses divines faites à l’homme sont restées en suspens jusqu’à Christ. Rien n’est réalisé sans lui. Mais tout l’est en lui : le pardon, la justification, la vie, le Saint Esprit, l’héritage, la gloire. Tout passe par son canal. Il peut se présenter comme l’Amen, le Témoin fidèle et véritable (Apoc. 3 : 14). La personne de Christ étant immuable (Héb. 13 : 8), Dieu fait reposer toutes ses promesses sur lui : la personne garantit l’achèvement de l’œuvre.
            Quelle est la portée de cette expression « à la gloire de Dieu par nous » (v. 20) ? Pourquoi « par nous » ? C’est Jésus Christ, Fils de Dieu, qui est le moyen suprême pour Dieu de se glorifier. Mais nous sommes liés fermement à Christ (1 : 21). Notre participation à la gloire de Christ sera « à la louange de la gloire de sa grâce » (Eph. 1 : 6). Dieu sera « glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Thes. 1 : 10). Dans les siècles à venir, seront montrées « les immenses richesses de sa grâce » (Eph. 2 : 7). Il faudra, comme le dit le Seigneur à son Père, « que le monde connaisse… que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jean 17 : 23). Nous sommes, en quelque sorte, les moyens passifs de la gloire de Dieu. Quelle merveille ! Des êtres, complètement indignes en eux-mêmes, sont les bénéficiaires des « très grandes et précieuses promesses » (2 Pier. 1 : 4).
            Que la grâce divine est grande, belle et glorieuse !

                                                Unité de l’Esprit (v. 21-22)

            Ces deux versets attestent que le présent et l’avenir des apôtres, des Corinthiens et de Christ sont indissolublement liés par Dieu lui-même.
            Le don du Saint Esprit n’est pas la moindre de ces promesses annoncées et réalisées par notre Seigneur. C’est l’Esprit qui nous unit en un seul corps (1 Cor. 12 : 13). C’est lui qui nous donne la faculté d’apprécier tous les autres dons de Dieu.
            L’Esprit est présenté ici sous trois figures :
                    – 1. L’onction :
                              Dans l’Ancien Testament, l’onction d’huile servait à désigner et qualifier soit un roi (Saül, David, Salomon, Jéhu), soit un sacrificateur (Aaron et ses fils), soit un prophète (Elisée). C’est la signification du nom de Christ : l’Oint, l’Elu de Dieu. L’effet de l’onction de la part du Saint (Dieu), c’est que « vous connaissez tout » (1 Jean 2 : 20).

                    – 2. Le sceau :
                              C’est le signe de l’appartenance à Dieu. Posséder le Saint Esprit est un signe distinctif et définitif. Le monde ne peut pas le recevoir (Jean 14 : 16-17). Le croyant est scellé pour le jour de la rédemption (Eph. 1 : 13 ; 4 : 30). Cela signifie que son corps, étant le temple du Saint Esprit, est marqué en vue de la résurrection.

                    – 3. Les arrhes :
                              C’est la garantie actuelle de notre héritage futur. Le Saint Esprit nous permet d’entrer par la foi dans la jouissance de cet héritage et, en fait, lui-même en constitue déjà par avance une partie. Les arrhes sont de la même nature que le solde.
            De même qu’Aaron (figure de Christ) et ses fils (figure de l’église) étaient oints de la même huile (Ex. 29 : 21), le Seigneur et les siens sont oints et scellés du même Esprit et sont héritiers du même Dieu, cohéritiers de Christ (Act. 10 : 38 ; Jean 1 : 33 ; Rom. 8 : 17).

                                    Les mobiles de l’amour de Paul (v. 23-24)

                                                Convenances de l’amour (v. 23-24)

            L’apôtre dit pourquoi il a délibérément différé sa venue à Corinthe : il n’a pas voulu jouer le rôle de dominateur, bien qu’investi d’autorité de la part du Seigneur. En fait, sa conduite est une nouvelle preuve d’amour. Il a compris qu’il devait attendre le mûrissement de leur foi. Une visite intempestive aurait risqué de troubler leur joie ; aussi veut-il les épargner. En effet, des choses restaient encore à régler entre eux. Toutefois, lorsqu’il viendra en personne au milieu d’eux, dira-t-il plus loin (13 : 2), il n’épargnera pas ceux qui seront restés dans leur péché.
            Paul fait preuve ici de dépendance et de patience. Il avait conscience d’avoir agi selon Dieu, au point de pouvoir l’appeler à témoin sur ses motifs. Les Corinthiens ne devaient pas agir sous l’effet de la crainte de l’apôtre. C’est la foi qui les tiendra debout.
            Cela ne rappelle-t-il pas l’attitude de Joseph devant ses frères dont il désirait le rétablissement spirituel complet ? S’il n’avait pensé égoïstement qu’à sa propre joie, il se serait fait connaître à eux tout de suite. Mais alors ils ne se seraient probablement pas jugés et humiliés comme il le fallait.
            Il y a là un enseignement pratique pour tous ceux qui sont conduits par le Seigneur à une action pastorale, habituelle ou occasionnelle. Qu’ils évitent de se comporter comme des dictateurs ou des despotes qui, eux, agissent « comme dominant sur des héritages » (1 Pier. 5 : 3). Il faut laisser au Seigneur le temps d’agir sur les consciences et les cœurs. C’est par la foi que chacun est debout, car le Seigneur est puissant pour nous relever et nous maintenir debout (Rom. 14 : 4).
            La pensée générale de ce premier chapitre est de montrer que le chemin du serviteur de Dieu est un chemin de foi, de lumière, d’humilité, de consécration et d’amour.


                         CHAPITRE 2

            L’apôtre continue à donner l’exemple de la vie pratique dans l’assemblée. Se considérant comme serviteur de l’assemblée, il venait de rendre compte de son service, de sa confiance en Dieu et de sa dépendance du Seigneur (ch. 1). Maintenant, il montre comment la vie du corps de Christ, qui est l’assemblée, se manifeste en face des difficultés qui surviennent en son sein. Quatre sujets composent ce chapitre :
                    – l’état de cœur et les exercices de Paul : v. 1-4,
                    – ses directives : v. 5-9,
                    – ses mises en garde : v. 10-11,
                    – son témoignage : v. 12-17.

                                    L’état de cœur de Paul, ses exercices (v. 1-4)

            Si l’apôtre diffère sa deuxième venue à Corinthe, ce n’est pas par indifférence, bien au contraire, il voudrait ne les revoir que lorsque leur état spirituel se serait complètement rétabli, sans attendre toutefois la perfection. Il souhaitait pouvoir se réjouir, à sa venue, en voyant la grâce de Dieu, comme ce fut le cas de Barnabas à Antioche (Act. 11 : 22-23).
            Les Corinthiens sont loin de ses yeux, mais près de son cœur. Quelle profondeur et quelle délicatesse ! Il prend part, en toute vérité, à leur tristesse et à leur joie.
            S’il a été obligé de les attrister par sa première lettre, cela n’a pas été avec joie. Mettant de côté tout autoritarisme et même tout amour propre, il parle de sa grande affliction, de son serrement de cœur, de ses larmes, de son attente angoissée de leurs nouvelles. Il ne veut pas les attrister ni les charger inutilement. Au contraire, il désire leur joie et leur édification et non la tristesse et la destruction. Quelle démonstration de l’amour qui n’agit pas avec inconvenance et qui se réjouit avec la vérité !

                                    Instructions sur la discipline (v. 5-11)

            Ces instructions font suite à celles de la première épître (ch. 5). Il s’agit de la même personne dans ces deux passages.
            La marche fidèle du chrétien, ou d’une assemblée, demande un exercice constant de piété. L’exemple de l’assemblée à Corinthe montre les deux écueils à éviter : l’indifférence et la dureté de cœur.

                                                Le danger de l’indifférence au mal

            Pendant un temps les Corinthiens étaient imbus d’eux-mêmes. Ils ne manquaient d’aucun don de grâce, mais ils n’étaient plus sensibles au mal. C’était l’indifférence et même la tolérance coupable. Un des principaux motifs de la première épître fut de réveiller dans leur conscience une sainte crainte du Seigneur.
            Quel bonheur pour l’apôtre que cette lettre ait opéré un retour chez eux et que des fruits aient été portés. Mais ils avaient encore besoin maintenant de soins pastoraux. Ils avaient jugé le mal unanimement ou presque et ils l’avaient ôté. Or, quand une assemblée doit prendre une décision aussi grave, ce doit toujours être fait avec humiliation et larmes, mais dans l’amour.
            Il y a eu dans le passé des hommes de Dieu pieux qui ont été humiliés et qui ont porté le deuil pour un mal dans lequel ils n’avaient pas trempé personnellement. Mais ce mal avait surgi dans le peuple qui était le leur. Ils ont été les premiers à sentir la misère et à en pleurer. Citons en particulier Esdras (Esd. 9 : 5-15) et Daniel (Dan. 9 : 3-21). Car le péché d’un seul souille l’assemblée tout entière. On voit cela très nettement lors du péché d’Acan : « Comme tu nous as troublés ! » (Jos. 7 : 25) lui dit Josué. Nous savons bien que tout péché est d’abord commis contre Dieu ; et il porte atteinte à sa gloire.

                                                Le danger de la dureté de cœur

            Les Corinthiens avaient-ils pris cette décision (d’exclusion à l’égard du coupable) d’un cœur pur, par souci de la sainteté et de la gloire du Seigneur ? Y avait-il eu chez tous humiliation, crainte, mais aussi amour et espérance ? C’est une question que chacun doit se poser quand il est confronté à une situation semblable en tant que membre du corps de Christ. Prenons garde que nos pensées et nos impulsions naturelles ne se mêlent pas aux affaires spirituelles. Souvenons-nous des paroles de l’Eternel contre les nations qu’il avait employées pour châtier Israël. « J’étais un peu courroucé, et elles ont aidé au mal » (Zach. 1 : 15). Les nations étaient coupables d’avoir pris plaisir au châtiment du peuple de Dieu. Il fut dit à Edom : « Tu n’aurais pas dû te réjouir au sujet des fils de Juda, du jour de leur destruction » (Abd. 12). On est loin, alors, de l’état de cœur d’un Esdras ou d’un Daniel. Nous ne devons pas faire un procès d’intention aux Corinthiens. L’apôtre lui-même ne le fait pas. Mais le danger, dans de telles circonstances, est de manquer de cette sagesse d’en haut qui est pure, paisible, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, sans partialité ni hypocrisie (Jac. 3 : 17).
            Il faut être toujours dans l’espérance attentive du moindre signe de retour du coupable. C’était là le deuxième écueil dans lequel les Corinthiens étaient en danger de tomber. L’assemblée elle-même avait retrouvé l’approbation du Seigneur par son action en discipline. Mais maintenant il fallait s’inquiéter de celui qui avait causé de la tristesse. Etait-il lui aussi relevé à son tour ? Voilà un des motifs de cette deuxième épître. Ils avaient perdu leur assurance et leur « enflure d’orgueil » (12 : 20), heureusement. Paul les exhorte et les encourage à « confirmer leur amour ». Dès lors que le coupable est accablé de tristesse, il ne faut pas que celle-ci soit excessive. C’est le moment de lui dire, ou plutôt, de lui confirmer, qu’on l’aime comme auparavant. Nous avons là un enseignement tellement utile pour la vie de l’assemblée, qu’il est bon de s’y arrêter suffisamment.

            Il est utile de remarquer que ni dans la première épître (ch. 5), ni ici, l’apôtre ne s’adresse directement au coupable. Et il ne prend l’initiative d’aucune décision à son sujet. Il aurait pu faire l’un et l’autre en tant qu’apôtre et même « livrer un tel homme à Satan » (1 Cor. 5 : 5). Mais une telle attitude n’aurait pu nous servir d’exemple, à nous qui ne possédons plus cette autorité apostolique.
            Au contraire, en plein accord avec l’enseignement du Seigneur, Paul montre aux Corinthiens que c’est à eux, assemblée locale, de prendre toute décision au nom du Seigneur. Ils ont dû ôter le méchant du milieu d’eux. Ils doivent maintenant, dans la dépendance du Seigneur, exercer au moment convenable les soins d’amour envers celui qui n’est pas encore appelé « frère » (il n’a cependant jamais cessé et ne cesse d’être un enfant de Dieu) mais « quelqu’un » ou « un homme ».
            Le pardon ici (v. 10) n’est pas le pardon des péchés en rapport avec le salut de l’âme ; il s’agit des conséquences de la conduite d’un chrétien dans sa marche sur la terre. Pour cette administration du pardon, le Seigneur avait déjà annoncé : « A quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ; et à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus » (Jean 20 : 23). Et pour ce qui est de l’action d’ôter ou de recevoir un chrétien à la communion, cela correspond à l’enseignement du Seigneur sur le fait de « lier » et de « délier » sur la terre (Matt. 18 : 18).
            Quand il sera reconnu que cet homme est relevé dans son âme par le Seigneur, l’assemblée locale aura le devoir et aussi la joie de le recevoir comme un frère dans la communion des saints. Dieu avait pardonné, les Corinthiens pardonnaient, et l’apôtre aussi pardonnait. Il est disposé par avance à être d’accord avec leur décision. Il les traite en adultes dignes de confiance.
            Certainement, il n’y a qu’un pardon qui compte : celui de Dieu. Les frères n’avaient pas ici à pardonner comme un offensé le fait à son offenseur, selon l’enseignement du Seigneur (Matt. 18 : 15 ; Luc 17 : 3). Mais, avec discernement spirituel, ils ont à reconnaître et à déclarer que Dieu a pardonné.

                                                Les mises en garde de Paul (v. 10-11)

            De ce qui précède, nous retiendrons qu’il y a deux dangers, ou plutôt deux excès à éviter : trop de laxisme ou trop de rigorisme qui, tous les deux, manifesteraient un manque d’amour. Par ailleurs, ces deux extrêmes empêchent le relèvement du pécheur.
            Obéissants pour exercer la discipline, les Corinthiens le seront maintenant pour relever le coupable. Et l’apôtre prend bien soin de dire qu’il respecterait de tout cœur l’action de l’assemblée et s’y associerait. En effet, ce n’est pas le moindre des desseins de Satan que de diviser.
            Voilà donc la mise en garde de l’apôtre. Le diable avait en partie réussi une certaine division pour des questions d’écoles (1 Cor. 1 : 12). Un esprit de parti s’était manifesté. Mais ce ferment de division avait été dénoncé par Paul. Et maintenant encore il prévient ce mal. Il dit, en quelque sorte : Non ! Satan n’opérera pas de désaccord entre vous et moi, nous garderons ensemble « l’unité de l’Esprit par le lien de la paix ».
            Les buts de Satan étaient et sont toujours :
                    – de provoquer du trouble et des querelles,
                    – de séparer les cœurs, en l’occurrence ceux des Corinthiens, et celui de Paul,
                    – de minimiser le mal afin qu’il soit supporté,
                    – d’inciter à manquer de miséricorde.

            Il est toujours l’accusateur des frères (Apoc. 12 : 10). On le voit à l’œuvre à propos de Job ou de Joshua (Zach. 3 : 1). Il veut empêcher le pardon, car le pardon est le triomphe de la grâce sur le péché. Notre adversaire a été vaincu à la croix et il ne peut détruire l’assemblée du Seigneur. Mais il « rôde autour de vous », est-il dit (1 Pier. 5 : 8) – il cherche à prendre un avantage sans cesse plus grand, à « avoir prise » sur nous (v. 11). Satan s’en prend aux points faibles afin de ruiner un témoignage local. En effet, c’est là qu’on célèbre la victoire du Seigneur sur lui.
            Il y a lieu de s’arrêter sur l’expression : « le grand nombre » (v. 6). La décision avait été prise par l’ensemble du corps en général, ou le « nombre le plus grand » (du grec : pleionon). Pourquoi pas à l’unanimité ? A Corinthe, nous l’avons déjà remarqué, il n’y avait pas que des fidèles mais aussi des pécheurs non repentis (12 : 21), des faux prophètes, des ouvriers trompeurs (11 : 13). Déjà l’heureux état de l’Eglise, quand « la multitude… était un cœur et une âme » (Act. 4 : 32), s’était dégradé. Nous devons toujours désirer que les actions d’une assemblée locale soient faites avec l’accord de tous et il faut être patient et plein d’amour pour atteindre ce but si possible. Mais nous comprenons par ce passage que l’accord général n’est pas obligatoire ; il se peut, par exemple, que les objections d’un frère ne soient pas fondées et que « le grand nombre », dans la dépendance du Seigneur, doive ne pas s’attarder davantage.

                                    Le témoignage de l’apôtre

            On se souvient que l’apôtre vient de quitter Ephèse après un séjour de plus de deux ans. Le voilà en Troade. Il y trouve un champ missionnaire tout préparé pour recevoir l’évangile. Mais pour lui, la priorité était à ce qui concernait l’assemblée à Corinthe.

                                                Paul en Macédoine (v. 12-13)

            Tite était attendu, venant de Corinthe. Certains pensent qu’il avait été le porteur de la première épître. Mais Tite n’était pas en Troade et Paul n’attend plus pour passer en Macédoine où enfin il le retrouvera. Pourtant l’apôtre n’oubliera pas la Troade et y repassera à son retour de Grèce. Le récit des Actes le confirme (Act. 20 : 6).
            La Parole mentionne trois assemblées locales en Macédoine : Philippes, Thessalonique et Bérée. Nous ne savons pas dans laquelle il se rendit : peut-être dans les trois successivement.
            L’apôtre interrompt ici la relation de son voyage en Macédoine (v. 13), et ne la reprendra que bien plus loin dans l’épître (7 : 5). Il fait maintenant monter des actions de grâces vers Dieu, à qui il attribue son triomphe en tout lieu : à Corinthe, en Macédoine, en Troade, à Ephèse, et ailleurs.

                                                Le cortège triomphal et la bonne odeur de Christ (v. 14-16)

            Quel triomphe, en effet, que cette vie de l’apôtre ! Quelle énergie de l’Esprit ! Quelle largeur de cœur !
            Paul fait allusion ici (v. 14-16) au cortège triomphal accordé à un général romain au retour de ses conquêtes victorieuses. Environné d’encens, il était accompagné de ses fidèles soldats, et suivi de la cohorte des prisonniers.
                    – L’odeur qui se dégageait de l’encens qui fumait en l’honneur du vainqueur signifiait la vie pour les soldats valeureux ; ils se voyaient offrir des terres conquises. Pour eux, qui avaient vaincu avec leur général, une nouvelle vie commençait alors.
                    – Au contraire, pour les prisonniers qui suivaient le cortège, cette même odeur signifiait leur mort.

            L’odeur répandue par le service de Paul n’était pas celle de ses qualités personnelles, mais c’était celle de Christ à travers lui. Dans la mesure où il a été un « imitateur de Christ », il a fait monter vers Dieu une odeur qui rappelait celle de Celui qui fut parfaitement l’offrande de gâteau. Le parfum de cette offrande se dégageait spécialement pendant la cuisson (Lév. 2 : 4-10). Et certes, comme son Maître, l’apôtre a été soumis au feu ardent de l’épreuve.
            L’odeur de Christ est avant tout pour Dieu et elle ne peut être qu’une bonne odeur (2 : 15). Christ a réuni dans sa personne toutes les offrandes. « Il s’est livré… comme offrande et sacrifice à Dieu en parfum de bonne odeur » (Eph. 5 : 1-2). Mais lorsqu’il s’agit de l’odeur de Christ pour les hommes, elle parle de vie à ceux qui le reçoivent et de mort à ceux qui le refusent. Et pourtant c’est la même odeur, celle de Christ.
            De même, lorsqu’il est question de la pierre posée en Sion : c’est une pierre de fondement pour ceux qui la reconnaissent comme précieuse et sur laquelle ils sont édifiés. Mais elle devient, pour ceux qui la rejettent, une pierre d’achoppement et un rocher de chute (1 Pier. 2 : 6-7).
            Qui est suffisant pour ces choses ? Personne, pas même Paul s’il est livré à lui-même. En effet, « si l’Eternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent y travaillent en vain » (Ps. 127 : 1).

                                                Parler avec sincérité en Christ de la part de Dieu (v. 17)

            L’apôtre touche maintenant un thème sur lequel il devra revenir plus longuement dans le cours de l’épître. Il est contraint, certainement sans plaisir, de parler de lui et d’établir une comparaison entre son ministère et celui de ses détracteurs.
            Ayant dit plus haut ce qu’il était : la bonne odeur de Christ (v. 15), il déclare maintenant ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire quelqu’un qui frelate la parole de Dieu. L’apôtre prêchait celle-ci dans son intégrité. Comme il le dit aux Thessaloniciens, ce n’était pas « la parole des hommes, mais (ainsi qu’elle l’est véritablement), la parole de Dieu » (1 Thes. 2 : 13). Le mot « frelater » signifie altérer la pureté d’une chose. Etymologiquement, ce mot vient du néerlandais « verlanden », qui signifie transvaser un liquide (du vin par exemple), dans le but de l’altérer par mélange. L’apôtre implique donc ici la pensée de retrancher ou d’ajouter quelque chose à la parole de Dieu, et ainsi de troubler sa pureté. Certains prédicateurs, hélas, faisaient un métier de la Parole et n’hésitaient pas à la modifier, si nécessaire, pour servir leurs intérêts personnels au lieu de produire l’édification des croyants.
            Quatre expressions dans les Ecritures montrent l’acharnement du diable et de ses agents à vouloir altérer la parole de Dieu et à dire comme autrefois : « Quoi, Dieu a dit… ? » (Gen. 3 : 1).
                    – 1. Les mauvais ouvriers la « frelataient » (v. 17).
                    – 2. D’autres la « falsifiaient » (4 : 2).
                    – 3. Elle était aussi « tordue » par les mal affermis (2 Pier. 3 : 16).
                    – 4. Enfin, l’évangile de Christ était « perverti » par des faux docteurs (Gal. 1 : 7).

            Or, toucher à la parole de Dieu, pour y ajouter ou en retrancher quelque chose, est un péché d’une extrême gravité (Apoc. 22 : 18-19).
            Paul parle, en opposition, de sincérité (ce mot français vient du latin « sine cera » -sans cire). Certains sculpteurs, à l’époque, cachaient les défauts de leurs statues en remplissant de cire les creux et les fissures. Cela donnait l’apparence des veines du marbre. C’était une supercherie.
            La droiture de l’apôtre était totale. Il travaillait de la part de Dieu : il était son ambassadeur et, devant Dieu, il avait des comptes à rendre en tant que serviteur. Il parlait en Christ, sa ressource et sa seule raison d’être.
            Que ces choses nous servent d’avertissements et d’exhortations. Si nous désirons servir Dieu, il faut que ce soit en pureté de conscience et de cœur. Quel est notre vrai motif ? Servir nos apparences devant nos frères ? Ou nous soumettre à Dieu devant qui nous sommes à nu et à découvert, mais qui, dans sa grâce, nous mènera toujours en triomphe dans le Christ ?


D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 6)