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Jésus dans la chambre haute avec ses disciples
(Jean 13)


Suite et fin de l’étude


La réaction des disciples (v. 22)
Un dernier appel à la conscience de Judas (v. 26)
« Ce que tu fais, fais-le vite » (v. 27)
L’incompréhension des disciples (v. 28-29)
« Judas sortit aussitôt ; or il faisait nuit » (v. 30)
La gloire du Fils de l’homme (v. 31)
« Enfants, je suis encore pour peu de temps avec vous » (v. 33)
Un commandement nouveau (v. 34-35)

 

La réaction des disciples (v. 22)

            « L’un d’entre vous me livrera » : cette affirmation du Seigneur avait de quoi les surprendre. Elle les troublait et les remettait tous en cause : « Les disciples se regardaient donc les uns les autres, perplexes, se demandant de qui il parlait » (v. 22). Cette première réaction est la perplexité, on la comprend. En même temps, on peut remarquer que personne ne met en doute la parole du Seigneur. Cette première réaction, pratiquement, est aussi pour nous une exhortation, un enseignement. Même dans quelque chose d’aussi étonnant, les disciples acceptent cette parole du Seigneur, aussi surprenante qu’elle puisse leur paraître. Ils étaient perplexes parce qu’ils ne savaient de qui Il parlait. Mais ils ne contestent pas. Il est intéressant de voir que l’évangile nous apprend progressivement autre chose : « Le Fils de l’homme s’en va bien, selon ce qui est déterminé ; mais malheur à cet homme par qui il est livré ! Alors ils se mirent à se demander l’un à l’autre qui donc serait celui d’entre eux qui allait faire cela » (Luc 22 : 22-23). Qui donc pouvait être capable de faire une chose pareille ? Mais ils ne se sentent pas encore personnellement visés dans cette réaction-là. On remarque que, dans Matthieu, on a un pas de plus, en quelque sorte : « Pendant qu’ils mangeaient, Il dit : En vérité, je vous dis que l’un d’entre vous me livrera. Profondément attristés, ils commencèrent, l’un après l’autre, à lui dire : Seigneur, serait-ce moi ? » (26 : 21-22). On voit cette insistance du Seigneur, cette question de communion qu’Il posait là, comme cette allusion au Psaume 41 : « Mon intime ami aussi, en qui je me confiais, qui mangeait mon pain, a levé le talon contre moi » (v. 9). « Ils commencèrent à s’attrister et à lui dire l’un après l’autre : Serait-ce moi ? » (Marc 14 : 19-20). Ils sont « attristés » lorsqu’ils se mettent en cause personnellement. Il est important que nous ayons cette défiance de nous-mêmes pour être amenés à cela, à ne pas simplement regarder autour de nous, mais prendre conscience que nous en serions nous-mêmes capables. « Seigneur, serait-ce moi ? ». Cela conduit à une profonde tristesse, mais le Seigneur est honoré aussi que l’on ait cette réaction-là.

            Ce n’est peut-être pas souvent que les disciples nous sont en exemple. « Serait-ce moi ? ». Cette question a quelque chose à nous dire. Dans les rassemblements chrétiens, nous connaissons tous, peut-être, des moments collectifs où on se dit : Peut-être que la réunion n’a pas été ce qu’elle aurait dû être. Alors on peut se regarder aussi en disant : il y a ce frère qui a indiqué ce cantique qui n’était vraiment pas à sa place, et lui, il a parlé trop longtemps... - Mais l’attitude des disciples devrait nous servir d’exemple. Connaissant ce que le Seigneur désire que nous pensions de nous-mêmes et le jugement que nous avons à porter sur nous-mêmes, nous devrions nous placer devant Lui avant de faire le procès des autres. C’est tellement facile d’accuser l’un ou l’autre, et en général quand on le fait, c’est la preuve qu’on n’a pas fait son propre procès ! Nous avons besoin d’avoir affaire au Seigneur quant à notre responsabilité à chacun. Seigneur, est-ce moi qui n’ai pas été ce canal du Saint Esprit pour donner ce que tu aurais voulu que je donne ? Est-ce moi qui, par mon silence ou par mes paroles, ai amené quelque chose qui n’a pas été pour le bien du peuple de Dieu ? Nous avons besoin que le Seigneur nous aide pour effectuer ce jugement de nous-même devant Lui.
            C’est la première fois que nous avons la manière dont Jean parle de lui-même. Jean ne s’est jamais désigné en se mettant en avant, il s’est toujours désigné par rapport à un autre et par rapport à l’amour du Seigneur pour lui. Il y a un proverbe qui nous dit que la richesse d’un homme, ce n’est pas tout ce qu’il peut faire comme « mousse » et montrer aux autres : « la rançon pour la vie d’un homme, c’est sa richesse » (13 : 8), c’est-à-dire le prix d’amour qui a été payé pour lui. Voilà ce que nous avons de plus précieux, notre rançon, la manière dont le Seigneur nous a aimés et est allé à la croix, et Jean l’avait compris. Pierre a beaucoup affirmé son amour vis-à-vis de son Maître : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort » (Luc 22 : 33). Jean a parlé de l’amour du Seigneur pour lui. Il a voulu parler de lui, non pas pour se mettre lui-même en avant, mais pour montrer le merveilleux amour du Seigneur pour lui.

            Dans cette scène qui nous est rapportée dans Matthieu, nous voyons que onze disciples, pas les douze, demandent au Seigneur : « Seigneur, serait-ce moi ? ». Le douzième, Judas, qui sait très bien qu’il s’agit de lui-même, pour faire certainement bonne figure devant les autres, pose la même question, mais avec une différence, car il dit : « Serait-ce moi, Rabbi ? », le maître qui enseigne. C’est vrai, Il est le Maître et les onze peuvent prononcer le nom du Seigneur parce qu’ils ont donné leur cœur au Seigneur Jésus, mais le douzième ne le peut pas. Il n’a pas donné son cœur. Au contraire il s’est dérobé durant tout le temps où il a suivi le Seigneur Jésus dans son enseignement sur tous les chemins de Galilée, de Judée. Il ne peut pas l’appeler Seigneur, il n’est pas son Seigneur, il n’a pas voulu qu’il soit son Seigneur. Il y en a onze qui sont convertis et qui aiment le Seigneur. Judas ne l’aime pas, il n’aime que l’argent, alors il ne peut pas prononcer ce mot : « Seigneur ». Nous savons que « personne ne peut dire : Seigneur Jésus, si ce n’est par l’Esprit Saint » (1 Cor 12 : 3). Même les disciples n’avaient pas encore reçu l’Esprit Saint dans leur cœur, il faut attendre le chapitre 2 des Actes pour cela. Cependant ils avaient donné leurs cœurs dans la mesure de ce qu’ils étaient capables de comprendre. Ils suivaient le Seigneur avec amour, avec l’amour humain dont ils étaient capables, bien sûr. Jean était, selon ses propres paroles, le disciple que Jésus aimait. Il avait certainement compris mieux que les autres à quel point Jésus l’aimait. Cet amour, il le prend pour lui-même. Est-ce que chacun de nous, lecteurs, peut dire la même chose : Je suis le disciple que Jésus aime ? - Bien sûr, il nous aime tous d’un même amour. Il nous l’a prouvé ! Tout dépend de la manière dont nous apprécions cet amour pour nous-mêmes. Judas ne le pouvait pas. Il en était incapable. Il savait très bien que c’était lui qui avait déjà empoché les trente pièces d’argent, ce « prix magnifique » auquel Il a été estimé (Zach. 11 : 13). Judas a pris l’argent et a continué à suivre jusqu’au moment où le Seigneur lui donne le morceau trempé et aussitôt il sort. Dans son cœur il n’y a aucune compassion pour le Seigneur. Il est insensible à l’amour que le Seigneur lui a témoigné, à lui aussi. Lorsque Judas arrive avec la compagnie de soldats, de sacrificateurs, Jésus lui dit : « Ami, pourquoi es-tu venu ? » On voit bien que le Seigneur n’est pas l’ennemi de Judas, mais c’est Judas qui est son ennemi. Pourquoi ? Il était sous le pouvoir de l’ennemi de Dieu qui est aussi l’ennemi des hommes. On comprend bien que tout cela était préconnu, pré-ordonné de toute éternité. Le Seigneur était l’Agneau de Dieu, préconnu dès avant la fondation du monde. Avant même que le monde ait été créé, le Fils de Dieu était préconnu comme étant Celui qui serait l’Agneau de Dieu et qui devrait être sacrifié. Et lorsque le moment est arrivé, le Seigneur est troublé car il était venu pour cette œuvre, pour être sacrifié. D’abord pour glorifier Dieu mais aussi pour nous accorder le pardon de nos péchés afin que nous puissions entrer nous-mêmes dans la présence même de Dieu jusque dans le sanctuaire. Et aussi, comme Jean le signale, ce que le Seigneur dit en parlant de ses disciples : « afin qu’ils soient un, comme nous, nous sommes un ; moi en eux, et toi en moi » (Jean 17 : 22). C’est là l’ultime désir de Dieu d’avoir des êtres rachetés, purifiés, sanctifiés par le sacrifice de son Fils et qu’ainsi nous puissions être dans le sein du Père. Tout cela, le Seigneur le savait et Il connaissait toutes les choses qui devaient Lui arriver. A quelques heures du moment où Il va être cloué sur le bois maudit, son âme est troublée. Comment pourrait-on pas le comprendre ? Il a été troublé parce que c’était justement le moment où Il allait être fait péché pour nous. Durant les trois premières heures de la croix, Il a honoré le Père comme holocauste. Il s’est offert à Dieu de façon à ce que le Père soit pleinement glorifié. Ensuite, il y a les trois heures de ténèbres où Il a été fait péché pour nous, où Il a pris nos péchés sur Lui. Tous nos péchés ont été expiés, pas un n’a été oublié. Le moment était venu, Il ne pouvait pas désirer ce sacrifice. Il était venu pour cela, Il a obéi jusqu’au bout, Il a tout accepté, toutes les douleurs qui seraient les siennes. On peut voir en effet, comme Jean l’apercevait peut-être à travers sa faiblesse, combien le Seigneur nous a aimés, jusqu’où a été son amour.


Un dernier appel à la conscience de Judas (v. 26)

            Le Seigneur va donner un signe, en tendant un morceau de nourriture à Judas La Parole nous explique ce que c’était que de prendre un morceau particulier pour le donner à quelqu’un à qui on veut manifester particulièrement de l’affection, de la déférence ou du respect. Nous savons que quand les frères de Joseph sont venus pour la deuxième fois, la part de Benjamin était cinq fois plus grande que celle des autres. En cela Joseph voulait marquer son affection particulière pour son jeune frère, Benjamin, dont il faisait la connaissance à ce moment-là (Gen. 43 : 34). Il y a un autre passage qui est bien intéressant et qui est peut-être encore plus près de ce que nous avons là. C’est quand Saül est arrivé chez Samuel. Il avait cherché ses ânesses, il ne les avait pas trouvées, mais il s’en va chez Samuel et celui-ci parle au cuisinier pour qu’il serve à Saül un morceau spécial (1 Sam. 9 : 22-24). C’était une manière d’honorer, c’était une manière de manifester quelque chose de spécial à un convive.
            Ici, pour toucher encore, si c’était possible, le cœur de Judas, Jésus va le distinguer par son amour, par les soins dont il est l’objet : « C’est celui à qui je donnerai le morceau » (v. 26). Quelle responsabilité ! On tremble quant à la responsabilité de Judas, auquel le Seigneur a encore parlé en lui donnant une part exceptionnelle pour toucher encore, si c’était possible, ses sentiments. Et alors, ce que nous entendons, à ce moment-là, c’est une parole terrible : « Satan entra en lui » (v. 27). Comment est-ce possible ? Dans le chapitre 12 il nous est dit que Judas était voleur (v. 6). C’est très solennel pour chacun de nous. Supportons-nous dans notre cœur quelque chose auquel Satan peut s’agripper ? Quant au Seigneur, Il dira au sujet du chef de ce monde : « Il n’a rien en moi » (Jean 14 : 30). Mais avec Judas Satan a pu s’accrocher à quelque chose : l’amour de l’argent. Comme c’est solennel ! Quelquefois on dira de quelqu’un : c’est son point faible. Mais attention, ce point faible qui peut paraître anodin, qui peut paraître sans conséquences, est peut-être une chose qui permettra à Satan d’agir d’une manière qui sera une catastrophe pour notre vie spirituelle. Nous avons besoin d’avoir affaire au Seigneur sur ce point, pour qu’Il nous sonde de manière à ce que Satan n’ait pas une entrée, une fissure, une faille, par laquelle il pourra s’introduire. Contrairement à Dieu, qui est omniscient, Satan n’a pas le don d’ubiquité. Satan est quelque part, actuellement, dans le ciel (Apoc. 12). Ici, vous n’avez pas seulement une position démoniaque, vous avez Satan lui-même qui entre dans un homme dont il va faire son instrument pour sa propre perte. Ce sont des choses extrêmement solennelles, auxquelles nous avons besoin de prêter attention.


« Ce que tu fais, fais-le vite » (v. 27)

            « Quand Judas eut pris le morceau, Satan entra en lui. Jésus lui dit : Ce que tu fais, fais-le vite » (v. 27). Nous voyons comment le Seigneur a agi à l’égard de Judas, les soins qu’Il a eus à son égard, et ici, Il adresse un dernier appel à sa conscience, dans ce geste qu’il fait de lui tendre ce morceau, de l’honorer. Ensuite Il lui montre clairement qu’Il savait ce qu’il allait faire. C’était une flèche pour sa conscience. Judas prend le morceau et, à ce moment-là, Satan entre en lui. Alors, il en est fini pour lui. Il n’est pas retiré de la scène présente immédiatement. Le Seigneur lui dit : « Ce que tu fais, fais-le vite ». Cela faisait partie du plan de Dieu et Dieu va se servir de Judas pour accomplir ce qui avait été dit à l’avance ; il y aura donc des choses que Judas doit faire dans cet état de perdition où Satan est entré en lui. Il devient une marionnette, il est possédé par Satan. Donc il va continuer effectivement et on voit où tout cela l’a amené. Mais il est très sérieux de voir dans la Parole que le Seigneur parle une fois, deux fois, on n’y prend pas garde. La patience de Dieu est grande. « La bonté de Dieu te pousse à la repentance » (Rom. 2 : 4). Dieu a de la patience mais il y a un moment où cette patience arrive à sa fin. On le voit aussi dans le cas du Pharaon : Moïse, envoyé par Dieu, a fait des signes particuliers devant le Pharaon, pour parler à son cœur et à sa conscience : « Laisse aller mon peuple ». Plusieurs fois, il est dit  que le Pharaon endurcit son cœur, et après c’est l’Eternel qui endurcit le cœur du Pharaon ! L’apôtre Paul parle de « « vases de colère » tout préparés pour la destruction (Rom. 9 : 22). En contraste, il est parlé de « vases de miséricorde » que Dieu a préparés. Lorsqu’on résiste ainsi à la grâce de Dieu, aux appels de Dieu, au témoignage de Dieu lorsqu’Il parle, il y a un moment où sa patience prend fin et peut-être la personne est encore laissée sur la terre, et peut servir au conseil de Dieu pour accomplir ses plans, comme il s’est servi du Pharaon. Cela n’ôte absolument rien à la responsabilité de ceux qui agissent ainsi, sollicités par le diable.
            On a souvent des questions sur ces sujets ; on pense aux plus jeunes qui peuvent s’interroger. La Parole est très précise - la bonté de Dieu sollicite, avertit. On trouve ce verset dans les Proverbes : « L’homme qui, étant souvent repris, roidit son cou, sera brisé subitement » (29 : 1). C’est très sérieux Il faut avertir chacun, chacune : Si quelqu’un ferme son cœur, endurcit sa conscience : attention ! C’est extrêmement sérieux - Dieu parle une fois, deux fois (Job 33 : 14), et que de fois la bonté de Dieu nous sollicite ! La patience de Dieu est grande - par exemple à l’égard d’Israël -, mais il y a un moment où sa patience arrive à son terme et, à ce moment-là, la sentence de Dieu est prononcée.


L’incompréhension des disciples (v. 28-29)

            Il est surprenant aussi de lire : « Aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui avait dit cela ; car quelques-uns pensaient que, puisque Judas avait la bourse… » (v. 28-29). On a vu que Pierre aimait le Seigneur, Jean l’aimait aussi. Mais ils ne comprennent pas ce que le Seigneur dit au sujet de Judas et pensent que c’est en relation avec l’argent dont Judas avait la garde.

            On peut être étonné que les disciples ne comprennent rien à ce qui se passe, alors que les choses sont désormais très évidentes. Le Seigneur vient de démasquer le traître. Les disciples sont là, Judas se lève et le Seigneur dit : « Ce que tu fais, fais-le vite ». C’était clair. Mais ils ne comprennent pas. Ils pensent qu’il va acheter pour donner aux pauvres - ou encore acheter ce qu’il faut pour la fête du lendemain. C’est quelque chose qui peut aussi nous arriver. Nous avons quelquefois des idées toutes faites, des choses dont nous sommes sûrs, même spirituellement. On pense que tel verset veut dire ceci ou que telle pensée est juste. On le sait depuis l’enfance. Quelles étaient les idées des disciples ? Malgré tout ce que le Seigneur leur avait dit, ils n’avaient pas compris quel chemin Jésus suivait. Ils avaient leurs propres pensées ; ils continuaient à y croire. C’est pour cela aussi qu’ils se sont enfuis quand ils ont vu que ce qui se passait ne correspondait pas au « schéma » qui était le leur, vis-à-vis du Seigneur. Cela ne nous arrive t-il pas aussi d’avoir une idée, une pensée. Nous pensons que c’est comme ça et pas autrement ; alors ce que nous avons dans la tête devient prioritaire par rapport à ce que la Parole veut nous enseigner. Même dans la pédagogie du monde, tout simplement, nos fausses interprétations empêchent quelque chose de nouveau d’entrer dans nos pensées.
            Prenons un exemple tout simple : j’ai l’impression que je sais à peu près aller à la gare, je demande toutefois le chemin de la gare, mais je risque de très mal écouter ce qu’on va m’expliquer si cela ne correspond pas à l’idée que je me suis faite. Tant que cela correspond à ce que je pense, je vais écouter. Mais si l’on m’explique autre chose, je risque d’en rester à mon idée. C’est simplement quand je me serai complètement perdu dans la ville, que je comprendrai que ce que je pensais était faux. Alors je vais écouter du moment que maintenant je me rends compte que ma représentation était fausse.
            Nous ne savons peut-être pas qu’aujourd’hui il y a un gros problème : celui de nous laisser déstabiliser par la Parole de Dieu ! Nous sommes souvent tellement stables parce que nous pensons que nous savons beaucoup de choses - et c’est vrai - surtout quand on connaît le Seigneur Jésus depuis son enfance, que l’on a été enseigné. Nous risquons d’avoir tellement de « schémas de pensée » installés ! Sommes-nous encore capables, malgré la « connaissance » que nous avons déjà, de la mettre - non pas de côté - mais de l’enrichir au prix d’un véritable exercice par rapport à ce que le Seigneur voudrait nous dire de plus, ou ce qu’il voudrait peut-être même rectifier dans notre manière de voir, de concevoir les choses de Dieu ? Il semble que là les disciples ne se sont pas laissé déstabiliser. Ils ont pensé que le Seigneur allait régner et même Judas pensait - peut-être - que le Seigneur ne serait pas livré. Ils n’étaient pas prêts à se remettre en question. C’est peut-être une prière que nous pouvons faire - individuellement et collectivement : Seigneur, accorde-nous la grâce de nous laisser nous « remettre en question » par ta Parole et ton Esprit.
            Les disciples d’Emmaüs en étaient là : « Nous, nous espérions... » (Luc 24 : 21). Leur esprit était ainsi « bloqué ». Il a fallu que les choses s’écroulent complètement. Alors, ils sont là, ce dimanche soir où tout s’est écroulé, et le Seigneur peut faire brûler leur cœur. S’ils étaient restés avec leurs anciens schémas, cela n’aurait pas été la même chose. La parole du Seigneur aurait fait un peu ricochet ; elle ne serait pas entrée dans leur cœur comme elle l’a fait ce soir-là ! A ce moment-là, ils sont prêts à la recevoir. Ils sont dans l’état nécessaire pour écouter ce que le Seigneur avait à leur dire.
            Il faut bien se rendre compte que Judas a peut-être, lui aussi, suivi ce chemin-là. Pour lui, il était impensable que le Seigneur puisse être arrêté. Cela parle à notre conscience, c’est qu’en fait Judas était probablement persuadé que de toute façon le Seigneur échapperait, et en livrant le Seigneur, il obtiendrait tout l’argent désiré. Il pensait sans doute : De toutes manières, Il échappera ; c’est une bonne occasion pour moi de gagner trente pièces d’argent. Ce n’est pas grave. Il ne voulait pas voir le Seigneur sur la croix. Au contraire, il a été absolument stupéfait de voir que le Seigneur était « arrêté ». Alors - le Seigneur n’est pas encore sur la croix -, Judas s’en va et il se pend. Cette scène semble nous montrer que Judas n’est pas un monstre, tel qu’on peut l’imaginer, mais que dans sa cupidité, il pensait avoir trouvé une bonne occasion de gagner trente pièces d’argent. On voit où cela l’a conduit, dans ce monde où l’amour de l’argent est quelque chose de terrible.
            On voit le peu de cas que le Seigneur faisait de cet argent qui est le « ressort » de tant de personnes dans ce monde. Pour Judas, c’était essentiel. Il allait, à cause de l’argent, livrer son maître. C’est là qu’il nous est dit que Judas était le trésorier, qu’il avait l’argent. Si un chef d’entreprise sait que son trésorier est un voleur, il va le licencier. Le Seigneur l’a supporté et a confié la bourse à un homme qui était un voleur. Il le savait ! C’est dire combien le Seigneur Jésus faisait peu de cas de l’argent. Il a laissé la bourse entre les mains de Judas, connaissant pourtant ses tristes tendances.
            Satan entre en Judas, au moment où il fait sa transaction et va mettre son complot à exécution. Satan nous appâte et nous découvrons ensuite quelle perte nous avons faite en réalité. C’est ainsi que le diable se comporte toujours ; il ne nous donne rien, il prend toujours et laisse derrière lui le sentiment du « vide ».


« Judas sortit aussitôt ; or il faisait nuit » (v. 30)

            Satan est « entré » en Judas ; celui-ci est maintenant conduit par le diable. Le Seigneur lui a dit : « Ce que tu fais, fais-le vite ». « Il sortit aussitôt », nous est-il dit. « Il était nuit » (v. 30). Souvent on a souligné que la nuit qui était tombée, nous parle d’une nuit terrible, la nuit morale dans laquelle Judas entrait pour l’éternité. Tout ceci est solennel !
            C’est en effet un point de non-retour. Pour Judas c’était trop tard. Imaginons et mettons-nous un tout petit peu à la place de ce disciple. Vous avez reçu trente pièces d’argent, vous cherchez une bonne occasion pour accomplir votre plan, et voilà que celui que vous allez livrer dévoile totalement votre plan. Il vous honore d’une manière toute particulière mais vous dit : voilà ce que tu t’apprêtes à faire. Mais lorsque Satan tient sa proie, il ne la lâche pas. Après avoir endurci son cœur, Judas est arrivé au point où le retour n’est plus possible. Dieu lui-même, probablement, endurcit son cœur. Seulement attention, cela nous n’avons le droit de le dire d’aucun homme. La grâce de Dieu est immense. Dieu seul peut savoir si un homme en est arrivé à ce point-là. Nous, nous n’avons pas le droit de l’affirmer. La Parole est aussi un marteau qui brise le roc (Jér. 23 : 29). Même pour des âmes qui nous paraissent très loin du salut, la grâce de Dieu peut agir envers elles. Qui aurait pensé, par exemple, que Saul de Tarse qui était un « terroriste » à l’égard des chrétiens, serait à un moment donné jeté par Dieu à terre et deviendrait ensuite le grand apôtre des nations ?
            Judas « sortit aussitôt ». Après Adam, le premier homme, qui était un type du second (1 Cor. 15 : 45, 47), il y a Caïn, meurtrier de son frère Abel ; nous avons là déjà en image ce qu’on a fait au Seigneur. Caïn est sorti de la présence de l’Éternel, décision extrêmement solennelle. Quelqu’un d’autre qui sort de la présence de l’Eternel – on ne s’étonne pas que ce soit lui –, c’est Satan : il « sortit de la présence de l’Eternel » (Job 1 : 12 ; 2 : 7). C’est le contraire de la dépendance, par rapport à Jean qui est sur la poitrine du Seigneur, écoutant, goûtant l’amour du Seigneur, écoutant battre le cœur de son Maître.
            Judas sort de la présence du Seigneur et là nous avons le principe de notre monde qui, lui, n’est pas sorti de la présence du Seigneur, mais a mis le Seigneur dehors. Qu’est-ce que c’est que le « monde » ? C’est tout simplement des hommes qui s’organisent sans Dieu. C’est le principe même du monde.
            Ainsi Caïn est sorti, il a bâti une ville, on voit ensuite le développement économique s’accélérer, et artistique aussi. On a commencé par sortir de la présence de l’Eternel. On voit l’aboutissement de cette attitude. Judas sort de la présence de son Seigneur, devient le jouet de Satan et accomplit son terrible dessein.

            Dans le chapitre 14 de Marc, nous lisons : « Il leur répondit : C’est l’un des douze qui trempe avec moi le morceau dans le plat. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit de lui ; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est livré ! Il aurait été bon pour cet homme-là qu’il ne soit pas né. Et comme ils mangeaient, Jésus, ayant pris un pain… » (v. 20-22). Le verset 31 de Jean 13 se situe entre les versets 21 et 22 de l’évangile selon Marc. L’évangile selon Marc suit l’ordre chronologique. Beaucoup de personnes disent que Judas a participé à la Cène, mais non, Judas était sorti. Si on fait la synthèse des évangiles, on le voit.

            « Ceux qui veulent devenir riches tombent en tentation et dans un piège, et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Car c’est une racine de toutes sortes de maux que l’amour de l’argent : pour s’y être livrés, certains se sont égarés de la foi et se sont eux-mêmes transpercés de beaucoup de douleurs » (1 Tim. 6 : 9-10). Ce n’est pas un avertissement disant simplement : faites un peu attention. C’est extrêmement fort : « égarés de la foi… transpercés de beaucoup de douleurs ». On a l’impression que la Parole nous dit que l’amour de l’argent est une racine qui peut vraiment perdre les hommes, les éloigner de la foi, les empêcher totalement de recevoir l’amour du Seigneur, de s’approcher de Lui, de s’intéresser aux choses de Dieu, d’avoir une conviction de péché. Ces choses-là peuvent être entièrement étouffées, balayées par une chose qui prend possession du cœur, qui est l’amour de l’argent. Il ne faut pas oublier que Judas était un « ami » du Seigneur. Certainement il n’a jamais laissé le Seigneur entrer dans son cœur. Il est resté fermé. Le Seigneur dit bien : « Vous n’êtes pas tous nets » (v. 11). Probablement, il ne pensait pas que le Seigneur serait mis sur la croix parce qu’il avait vu le Seigneur échapper tant de fois ; depuis trois ans les Juifs essayaient de mettre les mains sur Lui, et se saisir de Lui. Judas était témoin qu’à chaque fois le Seigneur n’avait pas été pris, parce que « son heure n’était pas venue ». Alors les hommes ne pouvaient rien faire contre Lui et Judas l’avait vu. Il est dit que, quand il vit que le Seigneur était condamné, avant même qu’Il soit mis sur la croix, Judas s’est rendu compte des conséquences de ce qu’il avait fait. Cette fois-ci, les hommes allaient parvenir à leurs fins à cause de lui. Il est quand même dit qu’il a été pris de « remords », il est allé voir les hommes en disant : Je ne peux pas garder cet argent et il l’a jeté dans le temple. Cela montre bien qu’à ce moment-là il y a eu un remords et de l’amertume dans son cœur, mais ce n’était pas du tout la même chose que pour Pierre. C’était trop tard, c’était un remords qui a produit chez lui une amertume si terrible qu’il est allé se pendre. C’est à cette détresse absolue que l’amour de l’argent l’avait amené.
            Les conséquences ont été absolument différentes ; c’était le plan de Dieu, Judas était le fils de perdition. Pierre ne l’était pas. Quelques heures après cette scène, il a fait des imprécations pour montrer qu’il n’était pas « de ces gens-là », il a juré : « Je ne connais pas cet homme » (Marc 14 : 71). Judas a trahi son maître pour avoir de l’argent et Pierre a renié le Seigneur. Nos cœurs naturels sont capables de ces deux choses. Il y avait cependant une grande différence : c’est que Pierre aimait le Seigneur, il lui appartenait. Il faisait partie des siens. Il n’était pas trop tard pour lui. Il était au Seigneur qui va pouvoir faire quelque chose dans le cœur de Pierre, qu’il n’était pas possible de faire dans le cœur de Judas. Pierre sera restauré au point de pouvoir dire quelque temps plus tard, s’adressant aux Juifs : « Vous avez renié le saint et le juste » (Act. 3 : 14). Pour un croyant, c’est encourageant de voir, quelque terrible que puisse être sa chute, qu’il peut être restauré. On pense aussi à l’exemple de David. Cet homme si fidèle était allé jusqu’à l’adultère, au meurtre, un péché qui nous paraît épouvantable. Quand on voit de quelle manière Dieu a pu travailler dans son cœur ! Il n’était pas trop tard. Il était tombé très bas, mais Dieu pouvait le relever, opérer dans son cœur et le Psaume 51 montre à quel point Dieu l’a relevé, l’a amené à juger ce qu’il avait fait et à revenir vers Lui. Alors, quand un croyant tombe – et on peut penser que ce n’est pas la même chose que pour Judas – il n’est pas trop tard. Le Seigneur désire travailler dans notre cœur et nous ramener à Lui.

            « Personne ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre : vous ne pouvez servir Dieu et les richesses » (Matt. 6 : 24). Dans le cas de Judas, on voit qui est celui qu’il sert. En fait, il a été comme tous les autres disciples, entouré des soins du Seigneur. Mais son cœur était ailleurs. Il est resté sans être touché par l’amour du Seigneur et il n’a pas donné son cœur au Seigneur. Les bénédictions sont ajoutées mais n’ont pas changé son cœur. Il a été l’objet des tendres soins de Jésus jusqu’à ce morceau qui lui a été tendu, jusqu’à ce moment-là, mais ce qui est de la chair est chair. Il n’est pas venu au Seigneur. L’épître aux Hébreux nous dit : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (4 : 7). Le Seigneur attend que sa Parole produise quelque chose en nous. Comme nous L’attristons si nos cœurs restent insensibles à sa Parole, à son amour ! Tel a été celui de Judas dans tous les moments où il est resté avec le Seigneur.

            « Méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience, et de sa longue attente, ignorant que la bonté de Dieu te pousse à la repentance ? Mais selon ta dureté et selon ton cœur sans repentance, tu amasses pour toi-même la colère dans le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses œuvres » (Rom. 2 : 4-6). Est-ce qu’on n’a pas là, dans cet exemple de Judas, l’illustration de ce verset : mépriser la bonté de Dieu ? Et puis c’est une bonté qui va même plus loin que ce que nous connaissons comme la grâce de Dieu. Ce chapitre 13 est un chapitre qui continue le sujet de cet évangile de Jean : l’amour, la nature divine, Dieu est amour. L’amour qui nous est manifesté, l’est premièrement à la croix : Jésus a donné sa vie, rien n’a pu Le retenir. Dans ce chapitre nous sommes invités à avoir de l’amour : « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous » (v. 35). La source de cet amour est en Dieu. On a dans ce chapitre 13 l’exemple d’un disciple qui prend plaisir progressivement à ce qu’on lui octroie de tenir la bourse. Il devient voleur ; le diable ayant déjà mis dans le cœur de Judas Iscariote, fils de Simon, de livrer Jésus. Puis Satan entre dans Judas.
            Une des motivations profondes et indispensables pour le lavage des pieds, c’est l’amour. Il est bon de considérer ce que Christ, ce que Dieu a fait, pour chacun d’entre nous, comment Il nous aime. Il nous a aimés jusqu’à la fin. Rien ne l’a retenu, jusqu’au bout. Cet exemple est placé devant nos yeux.


La gloire du Fils de l’homme (v. 31)

            « Lorsqu’il (Judas) fut sorti, Jésus dit : Maintenant, le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui » (v. 31). Par cette expression « lorsqu’il fut sorti », on comprend ce qu’on a lu au verset 21 : « Ayant dit cela, Jésus fut troublé dans son esprit ». On sent qu’il y a quelque chose qui maintenant est possible. Il y a, on peut dire, une autre atmosphère. Tant que Judas était là, il n’était pas possible que le Seigneur puisse ouvrir son cœur comme Il le fait dans la suite. C’est l’intimité du Seigneur avec ses rachetés, et Judas n’en fait pas partie, même s’il était l’un des douze. Il fallait donc qu’il sorte pour que le Seigneur puisse dire tout le reste. Cette partie si précieuse, jusqu’au chapitre 17 de cet évangile, nous est conservée dans la Parole.

            Notons la souffrance du Seigneur dans ce chapitre 13. Judas était là, le Seigneur savait que Satan était là avec toute sa méchanceté. On voit tout ce que le Seigneur traverse et tout au long de ce chapitre 13 nous voyons que la présence de Judas pèse, et à partir du verset 31 nous voyons le Seigneur qui dit : « Maintenant, le fils de l’homme est glorifié ». Et, en même temps, ces passages nous parlent des souffrances du Seigneur par anticipation. Déjà au chapitre 10, Il parlait de sa mort. Au chapitre 12, Il en parle à nouveau : « L’heure est venue pour que le fils de l’homme soit glorifié » (v. 23). C’est par rapport à nos besoins, au fait qu’Il est venu. « A moins que le grain de blé, ne tombe en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (12 : 24). Il est Celui qui meurt, Il a donné sa vie pour que nous puissions être amenés à Dieu. C’est entièrement pour la gloire de Dieu, pour le plaisir de Dieu. Il est celui qui a entièrement, parfaitement, glorifié son Dieu.

            Soulignons la différence entre le verset 31 et le verset 32. La gloire dont il est question au verset 31 - « Maintenant, le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui »  - concerne essentiellement les gloires morales qui ont brillé dans le Seigneur sur la croix, dans lesquelles le Seigneur lui-même a été glorifié comme nous le chantons quelquefois : « Dans la honte a brillé ta gloire », et dans lesquelles Dieu a été glorifié en Lui.
            Dans le verset 32 il s’agit de sa résurrection : Christ « ressuscité par la gloire du Père » (Rom. 6 : 4). Dans cette résurrection, Il a été aussi glorifié. Dieu Le glorifiera en Le ressuscitant d’entre les morts, dès que son œuvre aura été accomplie. Après un court séjour dans le tombeau, Il Le glorifia en le ressuscitant d’entre les morts, anticipation de la gloire qui est déjà maintenant la sienne dans le ciel, et qui sera bientôt manifestée publiquement.


« Enfants, je suis encore pour peu de temps avec vous » (v. 33)

            Le terme « enfants » dans l’original est un mot très affectueux, qui veut dire : « mes petits ». Au premier verset il est dit que le Seigneur, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin. On voit la profonde tendresse du Seigneur dans ce premier verset et on voit comment il leur parle au verset 33. C’est très touchant. On peut lire dans Luc au chapitre 22 : « Et le Seigneur, se tournant, regarda Pierre » (v. 61) ; et « lui couvrant les yeux, ils l’interrogeaient, disant : Prophétise ; qui est celui qui t’a frappé ? » (v. 64) Donc le dernier regard du Seigneur, c’est pour Pierre, avant qu’on lui mette un bandeau sur les yeux. Pourquoi Pierre ? Parce que Pierre va revenir, et le Seigneur l’aime. Après la croix, en Jean 21, il dit : « Enfants, avez-vous quelque chose à manger ? » (v. 5). C’est très touchant quand on pense que tous les disciples l’avaient laissé, et s’étaient enfuis. Est-ce que nous parlerions comme cela à ceux qui nous laissent « tomber », à ceux qui nous ont fait du mal ? On voit une tendresse profonde dans le cœur du Seigneur, une tendresse qui ne s’exprime pas simplement avant la croix ou après la croix, mais cette tendresse du Seigneur, on la ressent tous les jours. Le Seigneur ne nous a pas simplement aimés quand Il était sur la terre, quand IL était sur la croix. Le Seigneur a une tendresse profonde pour chacun de nous et Il nous aime d’un amour profond. Ce chapitre 13 de Jean nous montre aussi l’amour profond de Christ pour chacun de nous, un amour qui est passé, présent et éternel.


Un commandement nouveau (v. 34-35)

            « Je vous donne un commandement nouveau : Aimiez-vous l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous l’un l’autre » (v. 34). Quel sujet précieux ! Quel réconfort de considérer la personne du Seigneur, sa gloire, son amour ! On voit comment le Seigneur peut ouvrir son cœur, et ce lien qu’Il a avec ceux qui sont ses rachetés. Ce que le Seigneur place devant eux avant tout ce qu’Il leur dira dans la suite de ce chapitre, c’est ce qu’on a justement dans ce paragraphe, ce commandement nouveau. Effectivement c’est ce que le Seigneur veut placer sur le cœur de ses disciples. « Comme je vous ai aimés ». Il a manifesté cet amour au début du chapitre : « ayant aimé les siens ». Et maintenant, Il donne ce commandement : « comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous l’un l’autre ». C’est ce qu’il y a aussi au verset 35 : « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous ». C’est quelque chose que le Seigneur place devant nous, le Saint Esprit nous le rappelle et cela doit nous interpeller profondément. C’est la première des choses que le Seigneur nous dit au début, quand Il ouvre son cœur à ses disciples, et cela commence par là, que nous nous aimions l’un l’autre comme Lui nous a aimés. C’est en cela qu’il y a quelque chose de nouveau. Le Seigneur avait posé la question : « Qu’est-il écrit dans la loi ? Comment lis-tu ? ». Le docteur de la loi a répondu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même » (Luc 10 : 26-27). Donc, dans la Loi, il y a déjà cela, mais maintenant ce qui est nouveau justement, c’est le fait de cette nouvelle relation du Seigneur avec les siens. Déjà on est là après la croix, l’œuvre est accomplie, le Seigneur nous fait entrer dans un chemin entièrement nouveau. Il faut que nous nous aimions l’un l’autre comme des frères en Christ, comme ceux qui sont liés à Christ et liés les uns aux autres par cet amour qui est l’amour même dont nous avons été aimés du Seigneur. C’est la mesure qui est présentée là et qui est celle du Seigneur lui-même ! Est-ce ce qui nous caractérise ? Combien on se sent étreint en lisant ces versets. Est-ce que nous savons vraiment manifester un amour vrai, un amour dans la vérité, savoir nous parler les uns aux autres et apprendre à nous laver les pieds l’un l’autre. On a vu l’exemple au début de ce chapitre, avec toute la difficulté que cela comporte : dire la vérité, et la vérité dans l’amour pour rechercher le bien de son frère, de sa sœur, le bien de l’assemblée, aimer comme Lui nous aime. C’est vraiment le résumé de la vie chrétienne, le témoignage que nous sommes appelés à rendre vis-à-vis de ceux qui nous entourent. Que voient-ils ? Ce n’est pas d’abord ce qu’on enseigne et ce qu’on sait, mais comment nous nous comportons les uns à l’égard des autres. Si cet amour est manifesté, c’est cela qui va toucher les cœurs, attirer à Christ. Qu’il est important de prendre conscience que la première des choses que le Seigneur place devant les siens quand Il commence à leur ouvrir son cœur, après le départ de Judas, c’est : « Aimez-vous l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous l’un l’autre ».

            Le prophète Jérémie parle au peuple terrestre de la part de Dieu. C’est une parole qui s’adresse aussi à nous. Le Seigneur dit : « Je t’ai aimée d’un amour éternel ; c’est pourquoi je t’attire avec bonté » (31 : 3). Cet amour dont parle le Seigneur dans ce verset est sans ambiguïté : « je t’ai aimée d’un amour éternel ». On peut penser que l’éternité est un présent immuable, qui ne change pas. On pense quelquefois que l’éternité c’est un temps qui n’aura pas de commencement, qui n’aura pas de fin. Cette pensée n’est pas juste car si on introduit la notion de temps on nie l’éternité elle-même. Le temps est une des dimensions de la création ; avant la création, l’éternité est. Dans l’Ancien Testament, l’Eternel se révèle à Moïse et lui dit : Je suis le Dieu éternel, JE SUIS. Dans le chapitre 8 de l’évangile de Jean, aux Juifs qui contestent avec Lui, Jésus dit : « Avant qu’Abraham fût, je suis » (v. 58). « Avant », c’est donc avant que le Seigneur se manifeste sur la terre et le Seigneur se révèle comme étant JE SUIS. Nous voyons là cette notion de l’amour éternel de Dieu, un amour qui ne change pas, un amour qui ne varie pas suivant les circonstances. L’attitude de Dieu envers nous peut varier suivant l’état dans lequel nous sommes, mais son amour reste le même, identique à lui-même de toute éternité. Nous voyons dans ce chapitre 13 de l’évangile de Jean que son amour n’est pas conditionnel par rapport à la situation du Seigneur au moment où Il sait qu’il va à la croix - Il sait de quelles souffrances il va souffrir -, mais cela n’influe pas sur l’intensité, sur la réalité de son amour. Cet amour Il le manifeste à ses disciples, mais aussi dans le commandement qu’Il leur laisse. Il nous invite nous aussi à nous aimer les uns les autres comme Lui nous a aimés. C’est de ce même amour. Nous savons par le chapitre 5 des Romains que « l’espérance ne rend point honteux, parce que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (v. 5). L’amour dont nous devons nous aimer les uns les autres n’est pas un amour humain mais c’est l’amour de Dieu qui est versé dans nos cœurs. Cet amour de Dieu doit se manifester à travers nous : « comme moi je vous ai aimés » - le même amour que le Sien. Nous n’avons certainement pas la capacité d’aller aussi loin que le Seigneur est allé, Il est allé jusqu’à la croix par amour pour nous.
            Dans la pratique des choses, dans notre vie d’assemblée, nous sommes appelés à nous aimer les uns les autres avec l’amour de Dieu qui a été versé dans nos cœurs. Ce n’est pas notre capacité naturelle de nous aimer les uns les autres, parce qu’à ce moment-là, je vais aimer un frère, un autre et le troisième je vais le rejeter. C’est seulement lié à nos sympathies. Non, le Seigneur nous a tous aimés chacun pour nous-mêmes. Il nous appelle, dans ce passage que nous avons dans Jean 13, à nous aimer les uns les autres, pour être ses imitateurs. Moralement aussi il nous appelle à porter notre croix chaque jour, c’est-à-dire à accepter les épreuves qu’Il Lui plaît de nous envoyer dans le seul but de nous former, afin que l’homme naturel pour chacun de nous, soit, en quelque sorte, mis à mort sur la croix. Nous sommes donc invités à imiter le Seigneur Jésus, nous qui l’avons reçu comme notre Sauveur et Seigneur, mais aussi à nous aimer du même amour, parce que ce n’est pas notre amour, mais c’est l’amour de Dieu qui a été versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Nous avons l’Esprit Saint, que nous avons reçu dès l’instant où nous avons été convertis, où nous avons reçu le Seigneur dans notre cœur et c’est de cet amour-là, l’amour de Dieu, que nous avons à nous aimer. Il faut que nous comprenions que tout ce qui nous concerne, que l’homme « extérieur » soit étouffé pour laisser vivre et respirer l’homme nouveau, qui est une conséquence de la crucifixion du Seigneur, de sa mort et de sa résurrection. La Parole de Dieu nous dit que nous sommes morts et ressuscités avec Lui (Col. 2 : 20 ; 3 : 1). C’est de son amour que nous avons à nous aimer les uns les autres. Nous sommes appelés à agir à la mesure de Dieu. Certainement nous avons à croître, et comme il est dit dans l’épître aux Ephésiens, nous avons à tendre de plus en plus à la mesure de la stature de la plénitude de Christ (4 : 13). Certainement cette plénitude, nous ne l’atteindrons jamais sur la terre, mais nous la connaîtrons quand nous serons enlevés à la rencontre du Seigneur en l’air pour être toujours avec Lui. D’ores et déjà nous sommes appelés les uns et les autres - il n’y a pas d’exclusivité - à ressembler de plus en plus au Seigneur et à le manifester en amour.

            Le Seigneur nous instruit dans ce verset 32 : « Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même ». Nous savons qu’Il va glorifier, et qu’Il a glorifié son Dieu, et Dieu va Le glorifier, Le ressusciter, Le faire asseoir à sa droite. A sa droite pour les disciples et pour nous, ce n’est pas encore un lieu où nous pouvons venir. Il ajoute à la fin du verset 33 : « Je vous le dis aussi maintenant à vous ». Nous attendons le Seigneur, Dieu L’a glorifié, Jésus lui-même a glorifié son Dieu, et Il souhaite que nous le glorifiions en mettant en pratique ce jugement de nous-même qui comporte deux phases dans la vie chrétienne : cette humilité qui nous aidera avec le secours du Seigneur et la prière, à aller vers son frère, mais aussi à savoir attendre, se taire, regarder que la vie nouvelle que j’ai reçue, c’est celle que Christ m’a acquise. Il me l’a acquise et j’en ai la certitude parce que Dieu l’a glorifié. Il est ressuscité.

            Relisons le verset 15 : « C’est un exemple que je vous ai donné : comme je vous ai fait, moi, vous aussi faites de même ». Le Seigneur a été méprisé, haï, rejeté. Qu’a-t-il fait ? Il a manifesté tout au long de son chemin envers toute âme qu’Il rencontrait, l’amour (Ps. 109 : 5). Mais Il a toujours donné. Nous l’avons vu aussi s’abaissant aux pieds de ses disciples, nous l’avons vu s’occuper de Judas. Voilà l’amour du Seigneur auquel Il nous appelle, quel que soit le chemin par lequel Il nous fait passer. Montrons cet amour dont nous sommes les bénéficiaires.

                    Enfants de Dieu, vivons sans cesse
                    
Dans cet amour qui nous unit ;
                    
Il est l’éternelle richesse
                    
De ceux que le Sauveur bénit.

                    Abreuvés à la même source,
                    
N’ayons ensemble qu’un seul cœur ;
                    
Poursuivons notre heureuse course,
                    
Les yeux fixés sur le Sauveur.

                    Seigneur, ranime en nous la vie ;
                    
Seigneur, augmente-nous la foi ;
                    
Et que de nos cœurs l’harmonie
                    
Comme un concert s’élève à toi !


D’après une étude de la Parole de Dieu (nov. 2018)