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Serviteur à toujours


Lecture : Luc 12 : 35-41

Jésus, Serviteur obéissant jusqu'à la mort de la croix
Serviteur actuellement dans le ciel
Serviteur à toujours

            Ces versets, comme d'ailleurs tout le chapitre, montrent les croyants comme étant à part de ce monde. Tout autour d'eux, on complotait contre eux. Or, ils n'avaient rien à craindre. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus » (v. 4). Mais il y avait une autre chose qu'il leur fallait craindre ; ils devaient se tenir en garde contre l'hypocrisie (v. 1), car tout sera révélé. Jésus les presse d'avoir leur trésor dans le ciel. Ce n'est pas, comme on entend citer : Là où est votre cœur, là est votre trésor, mais « là où est votre trésor, là sera aussi votre cœur » (v. 34). Ils avaient été retirés du monde, pour servir dans le monde, et Il les encourage à avoir pleine confiance dans les soins et l'amour de Dieu qui veillait sur eux. Il ajoute qu'ils étaient précieux aux yeux de Dieu - précieux pour Dieu. Pas un moineau ne tombe en terre sans que Dieu s'en soucie. « Ne craignez donc pas : vous valez mieux que beaucoup de moineaux » (v. 7). Il est votre Père. « Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume » (v. 32). Il vous faut vous confier en Lui. Pour le moment, les disciples devaient avoir les reins « ceints » (v. 35a). Ce n'était pas le moment du repos. Leurs vêtements devaient être retroussés pour le travail et le service ; leurs lampes devaient être allumées (v. 35b), et ils devaient veiller - étant prêts pour leur Seigneur.

            Tel était leur caractère dans ce monde ; mais il y avait un monde qui leur appartenait - qui appartenait au Père, et c'est de ce monde-là qu'Il les occupait, tout en veillant sur eux pendant leur passage dans ce monde-ci. Nous avons ainsi la fidélité permanente de son amour.


Jésus, Serviteur obéissant jusqu'à la mort de la croix

            Le Fils de Dieu a pris « la forme d'esclave » (Phil. 2 : 7), et Il ne s'en départira jamais. Il est le Seigneur Jésus Christ, un avec le Père, Dieu sur toutes choses béni éternellement ; mais cela met d'autant plus en relief sa position de serviteur. Selon l'image du serviteur hébreu d'Exode 21, son oreille a été percée au poteau avec un poinçon (v. 6). Si, après avoir servi sept ans, le serviteur hébreu disait : « J'aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre » (v. 5), il devenait serviteur à toujours ; son oreille, symbole de l'obéissance, était percée. Voilà ce que Jésus a fait, et c'est là sa gloire - l'humiliation quant à son apparence extérieure, mais une gloire et un amour divins.
            L'amour trouve toujours sa joie à servir - l'égoïsme à être servi. Lui est amour, et Il trouve sa joie à servir ; mais, si c'est nous qu'Il vient servir, il est nécessaire qu'Il s'abaisse, et Il vient dans un amour qui n'est arrêté par aucun obstacle. Et plus Il s'humilie, plus je contemple un amour qui ne peut être que de Dieu. C'est ce qui est si touchant dans la vie de Christ. Fatigué du chemin, Il s'assied au bord du puits de Sichar et dit à une femme de la Samarie : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, (Celui qui s'est assez abaissé pour te faire, à toi, une telle demande) c'est toi qui lui aurais demandé, et Il t'aurait donné de l'eau vive » (Jean 4 : 10-11). Il était là, Personne divine, parlant à la femme, et Il était là pour la servir. Ailleurs, Il dit à ses disciples : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22 : 27). Il était leur seul Maître et leur seul Seigneur. Mais étant au-dessus de toutes choses, Il se réserve de prendre le titre de serviteur. Ayant refusé de « sortir libre », Il a pris par amour cette place de serviteur pour toujours. C'est là sa gloire, et ce n'est pas lié à sa divinité, sinon pour montrer sa grâce ineffable.
            En Philippiens 2, nous voyons Jésus s'abaisser pour prendre cette place. « Il s'est anéanti lui-même, prenant la forme d'esclave » (v. 7). Il servait Dieu, et nous servait aussi en grâce. Il a pris cette place volontairement, par amour. « Voici, je viens... pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Héb. 10 : 7). Il a été obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix. Il a mis de côté la forme de la gloire de la divinité - quant à sa divinité même, Il ne pouvait la mettre de côté - et nous découvrons ainsi son amour parfait et infini. Qu'en serait-Il de nous s'Il n'avait pris la forme d'esclave ? Nous aurions été perdus pour toujours. Mais il y avait en Christ assez d'amour pour prendre cette place. Il va à la mort, et là je découvre la puissance de l'amour divin dans cet acte du serviteur. Rien ne L'a arrêté ; le pouvoir de Satan était là, et l'ingratitude de l'homme, amère et vile, comme Il le dit dans ce beau chapitre 50 d'Esaïe : « Pourquoi suis-je venu, et il n'y a eu personne ? Pourquoi ai-je appelé, et il n'y a eu personne qui répondît ? » et Il continue : « Ma main est-elle devenue trop courte pour que je puisse racheter, et n'y a-t-il pas de force en moi pour délivrer ? Voici, par ma réprimande je dessèche la mer... » (v. 2). Etant l'Eternel - Dieu - Il agissait à son gré. Il ne faisait pas seulement des miracles Lui-même, mais - chose qui prouvait bien davantage sa puissance divine -, Il donnait à d'autres le pouvoir d'en faire. « Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que moi je fais, et il en fera de plus grandes que celles-ci ; parce que moi, je m'en vais au Père » (Jean 14 : 12). C'est dans la perfection de l'amour qu'Il travaille en ce monde, et rien ne l'arrête. « Le Seigneur l'Eternel m'a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las » (Es. 50 : 4). Il n'a pas cessé d'être l'Eternel, mais Il a pris la place de serviteur pour porter toutes nos douleurs. Et voici qu'en retour les hommes ont profité de cet abaissement pour Le rejeter ! « J'ai donné mon dos à ceux qui frappaient, et mes joues à ceux qui arrachaient le poil ; je n'ai pas caché ma face à l'opprobre et aux crachats » (v. 6).
            Rien ne L'a arrêté. La mort ne L'a pas arrêté. Il était venu pour mourir, et Il a éprouvé ce que c'était que mourir, comme aucun de nous ne le peut, car Il a ôté « l'aiguillon » de la mort (1 Cor. 15 : 55). Il était venu pour être « fait péché » (2 Cor. 5 : 21), et Il en a éprouvé toute l'horreur, car Il était saint. Il est venu pour endurer la colère, et Il a éprouvé ce qu'elle était, car Il connaissait l'amour de son Père. Il y avait l'abandon des siens et la trahison ; il y avait surtout la coupe qu'Il devait boire (Jean 18 : 11). Il connut tout cela, mais, en tout cela, l'amour divin était là pour servir, et pour tout endurer - pour nous servir, misérables pécheurs que nous sommes.
            La puissance de l'amour divin était là quand, Dieu l'ayant abandonné, plus rien ne Lui restait que l'amertume et la mort, le pouvoir de Satan et le courroux de Dieu contre Lui. Là brille l'amour divin, l'amour qui s'est fait serviteur. C'est une puissance divine, et une puissance d'amour envers nous - envers son Père, mais envers nous également -, une puissance qui Le soutient à travers tout, alors que tout est contre Lui. C'est l'amour divin qui L'a conduit à servir à travers tout, jusqu'à ce que tout soit accompli. Alors j'adore l'amour qui L'a porté à être « fait péché » pour moi (2 Cor. 5 : 21). Là a été pleinement mis à l'épreuve cet amour qui Le porta à travers tout.
             Il est profondément instructif, bien que terrible, de constater là ce qu'est l'homme. - Qu'est-ce que j'attends de la part de mes amis, si je comparais en jugement ? Au moins qu'ils ne m'abandonnent pas. Mais au sujet de Christ, il est dit : « Tous les disciples l'abandonnèrent et s'enfuirent » (Matt. 26 : 56). - Qu'est-ce que j'attends d'un juge sinon qu'il protège l'innocence ? Pilate, se lavant les mains, se dit innocent du sang de ce juste et le livre au peuple. - Qu'est-ce que j'attends d'un sacrificateur, sinon qu'il intercède pour les ignorants et les errants (Héb. 5 : 2) ? Caïphe et les autres pressent le peuple qui crie : « Ote, ôte ». Chacun se montrait le contraire de ce qu'il devait être ; sauf cet Homme unique, qui non seulement se montrait parfait, mais qui traversait tout, en manifestant l'amour divin.
            C'est d'abord pendant sa vie que je vois Christ dans son service pour moi ; puis je Le vois quand, dans son service pour nous, Il est entré dans la mort, et malgré nous-mêmes, car l'homme était contre lui. Il était là seul ; tous l'avaient abandonné et Dieu Lui a caché sa face. Il s'en allait au désert, n'ayant pas le loisir de manger, mais lorsque la foule est là, il subvient à ses besoins (Marc 6 : 32-44). Il ne pouvait pas être caché. Au sein des souffrances sur la croix, il y a un pauvre brigand dont il faut qu'Il s'occupe et Il lui dit : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23 : 43). S'il est assis, lassé, au bord d'un puits, et que vienne une pauvre femme misérable, Il s'intéresse à elle. Tout au long de son chemin Il se charge des douleurs de la condition humaine - la fatigue, la faim ; mais avec un cœur qui jamais n'était las lorsqu'un service d'amour se présentait ! Il est un Homme qui ne se dérobe pas devant la bassesse et la misère du monde ; un Homme dans toute la perfection de la sainteté, apportant l'amour divin pour répondre à tous les besoins. L'amour, l'amour divin, se trouvait dans un Homme qui prenait la place la plus humble, et il n'y a rien de comparable à ce fait. Il est très doux, très précieux de voir cela, et de constater qu'Il n'avait aucune volonté propre. Quand on Lui dit : « Celui que tu aimes est malade » (Jean 11 : 3), nous aurions pensé qu'Il se serait mis en route immédiatement. Non, Il demeure encore deux jours au lieu où Il était (v. 6) : Il n'avait pas de commandement de son Père. Nous voyons que c'était pour manifester sa divinité. Cependant, comme serviteur, Il n'a rien répondu, ni en parole ni en acte. Cela paraissait très dur : son chez-lui, s'il en avait un ici-bas, était cette maison de Béthanie. Jamais on ne Le voit quitter la place de serviteur, et jamais Il n'a montré dans son service autre chose que l'amour dans sa perfection. Tel a été le service dont Il s'est chargé, qu'il a accompli et mené à son terme et, son service ayant maintenant pris fin, il va vers la gloire (Luc 12).
            En Jean, le côté divin nous est présenté plutôt que le côté du serviteur, Christ montre que son service n'est pas changé du fait qu'Il s'en va vers son Père, sinon dans son caractère. Il ne sert plus parmi les hommes, mais continue à servir les siens là-haut.


Serviteur actuellement dans le ciel

            Jésus passait de ce monde au Père, et on aurait pu penser que, dans la gloire, son service était terminé. Mais cela ne pouvait convenir à son cœur. C'est comme s'il disait : Dans la gloire je ne vais pas cesser mon service envers ces pauvres êtres. Son cœur pourrait-il cesser de les servir ? Non, certes. Comme nous le voyons dans la première épître de Jean, Il est notre Avocat (2 : 1), et ce service ne s'exerce pas dans le monde, mais Il l'entreprend seulement lorsqu'Il monte au ciel. Comment une Personne céleste pourrait-elle connaître les douleurs, les tentations et les épreuves qui sont celles des pauvres pécheurs que nous sommes ? Il vient ici-bas, sans péché, évidemment ; et, après avoir été reconnu par le Père, Il est emmené par l'Esprit pour être tenté dans le désert, parce que c'est là que nous étions… Dès qu'Il a donné une image de la position dans laquelle nous sommes par la rédemption (Matt. 3 : 16-17), Il déclare : je dois aller là. Et Il est conduit par l'Esprit (nous sommes souvent conduits par d'autres motifs) dans le désert pour être tenté par le diable. Maintenant (Jean 13), Il monte au ciel, ayant glorifié Dieu d'une manière telle qu'Il a gagné sa place dans la gloire, tout en y ayant une place de droit - une place officielle aussi bien que morale.
            C'est comme si le Seigneur disait aux siens : Ce monde ne veut pas de moi. Je ne peux pas demeurer ici-bas avec vous, et vous ne pouvez y trouver un peu de repos à cause de la souillure (Mich. 2 : 10). Je peux servir ici-bas, mais non y trouver du repos. Il faut que je m'en aille à Dieu. Je dois poursuivre mon service. Jésus dit à Simon Pierre : « Si je ne te lave pas, tu n'as pas de part avec moi » (Jean 13 : 8). Je ne peux avoir de part avec toi dans ce monde souillé, et je dois te rendre propre pour avoir une part avec moi, là-haut.
            Bien que nous soyons lavés de manière à avoir une part avec Christ, la poussière s'attache à nos pieds dans le chemin ; mais il est notre Avocat, et Il continue à servir. Il opère dans le cœur pour qu'il soit humilié et brisé à la pensée d'avoir déshonoré son nom, et le cœur est restauré. Son sang est sur nous, mais le Seigneur nous lave encore les pieds. C'est comme s'Il disait : Je dois vous purifier, mais selon mon estimation de la pureté. Et c'est ce qu'Il fait présentement, par amour, un amour béni, mais c'est l'acte d'un serviteur. Renoncera-t-Il à la satisfaction qu'Il trouve à nous servir, ce qui est pour nous un motif d'adoration ? Il n'y renonce pas, et n'y renoncera jamais. Il est homme, et Il l’est pour toujours ; c'est ce que nous avons dans ce chapitre. Mais Il est plus que cela, car « en Lui habite toute la plénitude de la déité corporellement » (Col. 2 : 9).
            Il y a une chose qui était nouvelle pour Dieu, et que Lui seul pouvait faire : s'abaisser ici-bas comme Homme. Aucun ange ne le pouvait ; mais Dieu pouvait s'abaisser, agissant en souveraineté et en amour divins. Je ne peux pas prendre la forme d'esclave, étant déjà, par nature, dans une condition de subordination. Une Personne divine peut seule revêtir la forme d'esclave, et c'est ce que Christ a fait.
            Il dit: « Que vos reins soient ceints ». Je suis dans un monde dont le langage est : « Demain sera comme aujourd'hui, et encore bien supérieur » (Es. 56 : 12). Je dois attendre Christ ; le monde poursuit son train, Dieu seul sait pour combien de temps ; mais « le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Quand ils diront : Paix et sûreté, alors une subite destruction viendra sur eux » (1 Thes. 5 : 3). Voilà le caractère de ce jour du Seigneur. « Comme il arriva aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il aux jours du Fils de l'homme » (Luc 17 : 26). Le péché était là, et plus encore maintenant, mais ce n'est pas là la question. Je crois cela - non que ce soit la portion des croyants -, je dois donc avoir les reins ceints. Je ne peux pas laisser flotter mes vêtements dans un monde qui ne durera pas à toujours. Mais il devrait y avoir un motif plus élevé : notre cœur attiré vers Lui. Oh ! si seulement il en était ainsi ! Les hommes continuent à dire : « Demain sera comme aujourd'hui… », et pourtant la terreur remplit leurs cœurs ; car tout est incertain ; il n'y a rien sur quoi l'on puisse compter pour un jour, une semaine, une année.
            Dieu appelle tous les chrétiens à être à leur poste, ayant leurs lampes allumées, témoignant clairement et sans équivoque de ce qu'ils sont, portant leurs lampes comme des serviteurs, et ne marchant pas avec un monde insouciant qui s'en va vers le jugement. On ne peut dire quand ce jugement viendra. Les croyants seront avec le Seigneur avant ce moment-là. Pouvez-vous dire que ce sera la première chose que le Seigneur fera - vous ravir en l'air pour être pour toujours avec Lui ? Etes-vous prêts pour Lui ? Vous ne savez pas à quelle heure Il vient. Je crois que ce moment approche rapidement. Les saints ont été convertis pour attendre des cieux le Fils de Dieu, et tout le mal est venu de ce qu'ils ont perdu cela. Voilà leur caractère - non pas un peu de connaissance, que l'on présente comme la chose essentielle dans l'enseignement ; mais c'est ce que vous devez être. Si vous L'attendiez constamment, cela n'aurait-il pas d'effet sur vous ? Que vous ayez des devoirs à accomplir, et que vous les accomplissiez - soit ; mais amasserait-on de l'argent ou des trésors sur la terre tout en sachant qu'Il vient ? On se réjouit pendant qu'on le peut, puis la mort vient, et on espère que tout ira bien.
            Si vous attendez le Seigneur et si vous êtes prêts à Lui ouvrir, cela imprime sur vous un caractère particulier.
             « Soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître » (Luc 12 : 36), semblables à des gens qui ont la main sur la poignée de la porte, « afin que, quand il viendra et qu'il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt ». Que le Seigneur nous garde dans cette attitude de serviteurs prêts, nous donnant des cœurs qui l'attendent. C'est notre condition actuelle, alors que le Seigneur n'est pas encore venu. Vous ne pouvez pas vous laisser porter par le courant du monde qui aboutit dans l'océan du jugement. Vous devez L'attendre. Si j'ai été sauvé et justifié par sa première venue, j'attends qu'Il revienne pour être Il est. Nous avons ici ce qu'est la portion du croyant qui attend sa venue.
            Alors, quelle est la suite ? Le trait caractéristique de quelqu'un dont l'oreille est ouverte au Seigneur, est la vigilance. « Bienheureux sont ces esclaves que le maître, quand Il viendra, trouvera en train de veiller. En vérité, je vous dis qu'il se ceindra, les fera mettre à table (cela est une figure), et, s'avançant, il les servira » (v. 37). Je Le vois, alors, servir, dans son amour divin, sous le même caractère. Il vient pour nous transporter dans les cieux - dans la maison de son Père, afin que là où Il est, nous, nous y soyons aussi. Quand vous étiez dans ce monde mauvais, dit-Il, j'étais obligé de vous garder dans une vigilance constante, sans relâchement, pour que vous vous appliquiez diligemment à tenir vos cœurs dans l'attente. Mais je vous introduis dans un lieu où vous pourrez vous asseoir, et je trouverai ma joie à vous servir.


Serviteur à toujours

            C'est un grand réconfort pour moi que de penser que je n'aurai plus besoin de ma conscience dans le ciel. Si maintenant je la laisse s'endormir un instant, il y a des tentations et des pièges ; là-haut, le mal n'existe pas, et mon cœur pourra librement se donner. Ici, je n'ose le laisser libre, mais je dois plutôt veiller et prier. Cela ne sera pas nécessaire dans le ciel. Ce qui fait la plénitude du bonheur du ciel, c'est naturellement la présence du Seigneur ; et ensuite que les saints soient parfaits. Que désire celui qui a du cœur pour les rachetés du Seigneur, sinon qu'ils soient exactement tels que le Seigneur les veut ? Il en sera ainsi là-haut ; Christ verra du fruit du travail de son âme et sera satisfait. Puis, il y a cette autre pensée réconfortante ; c'est que mon cœur pourra s'ouvrir pleinement - il en est incapable ici-bas - à Dieu et à l'Agneau et, dans une mesure, aux saints-; mais alors, où qu'il aille, il n'aura devant lui qu'un Paradis où le mal n'entre jamais, et il ne pourra jamais s'égarer.
            Il vient donc et nous ravit là-haut, et ce que le ciel peut trouver pour nourrir le cœur est disposé sur la table de Dieu. Là-haut, dit-Il, vous vous reposerez à la table de Dieu, et je me ceindrai, et m'avançant, je vous servirai. Je ne vais pas cesser mon service d'amour. Ainsi, au bonheur de jouir de la nourriture que Dieu a pour moi, s'ajoutera la satisfaction de recevoir, de la main d'amour qui me le présente, tout morceau de la « viande de Dieu » que je porterai à ma bouche.
            Lorsqu'Il nous prendra là-haut, tout changera. Ici, dit-Il, vos lampes doivent être allumées, et il nous faut veiller. Mais à ce moment-là se réalisera le désir de mon cœur. Il nous introduira dans le repos et nous rendra heureux. « Alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à Celui qui lui a tout assujetti » (1 Cor. 15 : 28). Il servait ici-bas. Servir était la perfection de l'Homme - ce dont le diable a cherché précisément à le faire sortir. Y serait-il parvenu, cela aurait signifié que le Seigneur aurait fait sa propre volonté ; mais « bien qu'il fût Fils, il a appris l'obéissance par tout ce qu'il a souffert » (Héb. 5 : 8). Mais quand toutes choses lui auront été soumises, il sera alors assujetti. Il se sera alors assis sur son propre trône ; présentement Il est sur le trône de son Père comme notre Souverain Sacrificateur ; mais Il s'assiéra sur son propre trône, prendra le pouvoir, régnant et soumettant toutes choses. Alors ce n'est plus le service, mais le Règne ; ensuite Il remet le royaume à son Père, car tout est mis en ordre. Dans le millénium le roi règne en justice ; mais ensuite ce sont les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite. L'innocence habitait en Eden, mais le péché a envahi la terre actuelle. Au sujet des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, il est dit : « où la justice habite » (2 Pier. 3 : 13). Christ remet à Dieu le royaume, et prend sa place comme Homme, « le premier-né parmi beaucoup de frères » (Rom. 8 : 29). Il n'abandonne jamais cette position dans laquelle Il peut nous reconnaître comme associés à Lui-même dans le précieux caractère de premier-né parmi beaucoup de frères. Il la garde à toujours. De même que dans le premier Adam tout a été ruiné, de même dans le dernier tout sera béni. « Comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste » (1 Cor. 15 : 49).
            Nous jouirons alors de tout ce que Dieu peut donner aux objets de son amour, avec Christ qui sera alors à la tête de toutes choses - Fils de Dieu et Fils de l'homme. Nous sommes associés à ce bonheur, et c'est l'objet de son service envers nous, de sorte que nous pouvons goûter son amour. Non seulement Il nous prend auprès de Lui, mais Il nous y veut pour l'éternité. Il nous a payés trop cher pour nous abandonner. Son amour sera en constante activité envers nous, ce qui nous conduit à l'adorer plus que tout ce qui peut se concevoir ! Mais nous pouvons avoir confiance dans un amour qui ne cessera jamais dans le ciel.
            Dans ce passage vous voyez que son cœur anticipe cela. Il faut alors que vos lampes soient allumées. « Que votre lumière (pas vos œuvres) brille ainsi devant les hommes », pour qu'ils sachent d'où proviennent vos œuvres, et « qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matt. 5 : 16), qu'ils comprennent que vos œuvres viennent de Dieu. Je fais tout ce que Dieu me commande de faire, et c'est un témoignage pour Christ ; les gens disent : voilà les résultats de la vie de Christ dans un homme ! Il ne faut pas qu'il y ait aucune incertitude quant à ce que nous sommes, notre lampe doit être bien apprêtée, témoignage à la vie de Christ, afin que soit manifesté ce que je suis et à quoi je suis occupé - pèlerin et étranger, dans mille circonstances diverses, remplissant les devoirs ordinaires de la vie, mais n'ayant d'autre service que d'être la « lettre de Christ » ( 2 Cor. 3 : 3). Que je sois charpentier ou cordonnier, je dois être un chrétien. Dans les diverses relations avec les autres, esclaves ou maîtres, soit que nous mangions, soit que nous buvions (1 Cor. 10 : 31), dans nos maisons, où que ce soit, je dois être un chrétien.
            Ce qui caractérisait ces serviteurs, c'était l'attente, et ils obtinrent la bénédiction. « Bienheureux sont ces esclaves que le maître, quand il viendra, trouvera en train de veiller » (Luc 12 : 37). Ah ! chers amis, veillez-vous, attendez-vous Christ pratiquement ? Je ne peux à la fois veiller et aller mon propre chemin. Nos lampes sont-elles allumées, ou bien nous sommes-nous laissés aller comme d'autres à la vie confortable et facile de ce monde ? Ce ne serait pas avoir les reins ceints. Avoir les reins ceints ne doit pas avoir seulement pour nous la valeur d'une doctrine.
            Jésus évoque le service au verset 43, mais la récompense est liée à autre chose - être établi sur tous ses biens ; c'est le royaume, dans sa part la moins élevée. S'agit-il de ma vocation, je regarde en haut ; s'il s'agit pour moi de régner, je regarde en bas. Mais il vaut mieux regarder en haut qu'en bas. Celui qui veille a comme récompense la Personne qu'il attend. L'appel est une meilleure part que l'héritage - « héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ » (Rom. 8 : 17). En Apocalypse 4, les anciens sont assis sur des trônes (certains ont traduit « sièges », pensant qu'être assis sur des « trônes » et couronnés en la présence divine était une place trop élevée pour nous, mais il en est ainsi) ; mais lorsque la nature de Dieu est célébrée, ils quittent leurs trônes, et c'est là une position plus élevée. Lorsqu'ils étaient assis sur leurs trônes, ils avaient leur gloire propre ; lorsqu'ils se prosternent, ils adorent Sa gloire. De même, dans la scène de la transfiguration, la voix sortit de la nuée (la nuée était toujours le signe de la présence de l'Eternel en Israël), et ils entrèrent dans la nuée : c'était une part meilleure que le royaume. Une voix se fit entendre, venant de la gloire magnifique, et ils entrèrent dans le lieu d'où sortait cette voix. C'était une grande chose que de se tenir sur la montagne, mais c'était une chose plus grande encore que d'entrer dans la nuée - la maison du Père - et ils eurent peur !
            Il est merveilleux pour nous d'être établis sur tous les biens du maître (v. 44), mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus grand. L'amour de Jésus nous introduit dans la jouissance de Lui-même, de tout ce qu'il possède - hormis la divinité, bien sûr - mais de tout ce qu'Il a reçu de son Père comme Homme. Dans son amour divin, Il nous le donne. Il « ne donne pas comme le monde donne » (Jean 14 : 27). Le monde donne parfois libéralement, mais il donne et n'a plus rien à donner. Christ ne donne pas ainsi ; Il ne perd pas ce qu'Il donne. Il nous transporte là où Il est, et nous donne ce qu'Il possède - sa propre paix, une partie de sa gloire.
            Il paraît étrange à Pierre que le Seigneur lui lave les pieds (Jean 13 : 7-8). Mais où serions-nous s'Il ne nous lavait pas les pieds ? En un sens, nous devrions avoir honte, mais où serions-nous ? S'Il n'était pas Serviteur présentement, nous aurions les pieds souillés, pauvres créatures que nous sommes. Ce sera un rassasiement de joie quand, dans le ciel, Il nous servira à la table de Dieu. Maintenant le Seigneur n'épargne aucun effort pour nous assurer de son amour, pour nous en persuader ! « Ne craignez donc pas : vous valez mieux que beaucoup de moineaux » (v. 7), dit-Il. Puis Il nous donne le plus puissant motif pour Le servir. Dans la première épître de Jean, Il ne dit pas que nous devrions l'aimer, parce qu'Il nous a aimés le premier - ce qui est tout à fait vrai ; mais Jean dit : « Nous aimons » (4 : 19). Lorsque nous avons vraiment le sentiment de l'amour du Seigneur pour nous, nous L'aimons en retour. Si vous entendez un enfant dire : Oh, si seulement vous connaissiez ma mère, et sa patience et son amour ! Je la mets à rude épreuve, mais jamais son affection ne se lasse, je ne peux pas vous dire tout ce qu'elle est ! - Vous direz : Cet enfant aime sa mère ; son âme est pleine du sentiment de l'amour de sa mère, et c'est cela l'amour. C'est la réponse du cœur dans la conscience de l'amour béni qu'Il a pour nous. L'amour inonde le cœur, et une nouvelle nature rend capable de le recevoir, c'est cela l'amour.
            Qu'il est doux et précieux de voir comment Il s'est abaissé ! Il ne nous a pas aimés du haut des cieux. Il ne dit pas aux pauvres pécheurs : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés » (Matt. 11 : 28), avant de s'être approché d'eux. Il n'a jamais appelé des hommes à avoir confiance dans son amour avant de s'être approché d'eux Lui-même, quelques misérables qu'ils aient été. Cela ne nous prosterne-t-il pas devant Lui ? Une personne divine venue pour être serviteur, afin que nos cœurs connaissent son amour, car Il veut que nous le connaissions. Est-ce que le Père dit : C'est ici mon Fils que vous devriez aimer ? Non, Il nous parle de ses affections pour Christ, afin de nous les faire partager, et ainsi nous avons communion avec le Père. Ce qui signifie avoir les mêmes pensées et les mêmes joies qu'Il a de bénir, les mêmes sentiments et les mêmes affections. Soyez-en certains, vous approcher de Dieu ne Le rabaissera pas à vos yeux. Approchez-vous du plus grand personnage du pays, et vous découvrirez ses faiblesses ; mais être dans la proximité de Dieu ne vous conduira jamais à manquer de respect à son égard ; vous découvrez ce que Dieu est. Comme on l'a dit, le danger n'est pas d'être, moralement, sur la montagne ; mais ce qui est dangereux c'est d'y avoir été. Quand Paul quitta le troisième ciel, l'écharde dans la chair lui devint nécessaire (2 Cor. 12 : 7). A ce moment-là il était en effet en danger de se dire : personne que toi, Paul, n'a été là-haut. Il y a un danger en tout ce dont la chair cherche à s'emparer : la loi, l'évangile, tout. Etre dans la proximité de Dieu ne laisse jamais de place à la chair.
            Si l'Esprit est la source de nos pensées et de nos sentiments, Il ne nous donne jamais que de hautes pensées concernant le Fils. Nous sommes de pauvres et faibles créatures, et Lui est infini, ce qui évidemment montre nos limites. Mais si je considère la mort de Christ, je me dis : quelle obéissance ! J'y vois l'amour pour le Père, et le don total de Lui-même, et l'amour pour nous. Considérez sa consécration, son obéissance, le don de soi-même - l'amour éclatant comme jamais dans l'angoisse de la croix. Le Père n'y trouva-t-il pas ses délices ? Assurément. Il est bien vrai que toutes nos pensées sont la pauvreté même ; mais en grâce Il vient jusqu'à nous en nous apportant son amour, et Il nous transporte dans la gloire. En voyant que rien ne put l'arrêter nous apprenons ce qu'est la puissance de l'obéissance. Il vint en grâce nous apporter son amour ici-bas ; il lave nos pieds dans le chemin, et il nous servira dans la gloire.
            Que le Seigneur nous donne d'avoir nos reins ceints et nos lampes allumées, afin que nous soyons trouvés veillants dans notre vie quotidienne ordinaire, que nous vivions ici ou ailleurs. Mais que nous ayons nos reins ceints et nos lampes allumées, comme des gens qui attendent leur Maître, afin que, lorsqu'Il viendra et heurtera, nous lui ouvrions aussitôt. « Bienheureux sont ces esclaves, que le maître, quand il viendra, trouvera en train de veiller… Il se ceindra, les fera mettre à table, et, s'avançant, il les servira » (v. 37).
            Que l'amour et l'approbation du Seigneur soient ce qui nous gouverne, plutôt que les choses qui passent !


D'après J-N Darby - « Messager évangélique » (1980)