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Les réunions de prière


La prière en commun n'exprime pas vraiment nos besoins personnels
Quelques sujets concernant la prière en commun évoqués dans la Parole
La prière en commun, première manifestation de la vie dans l'assemblée
La négligence quant à la réunion de prière, une cause de grande faiblesse dans les assemblées

 

            Cette lettre ancienne, publiée à deux reprises dans le « Messager évangélique » (1911, 1980), rappelle à nos cœurs toute l'importance de la participation à la réunion de prière de l'assemblée. Que sa lecture puisse, encore aujourd'hui, réveiller nos affections pour le Seigneur et parler sérieusement à chacun de ceux qui auraient pris l'habitude de négliger de se rendre à cette réunion !

            La prière en commun est la première manifestation de la vie parmi les enfants de Dieu réunis. Avant même que le Saint Esprit ait été donné pour former l'Assemblée, tous les disciples « persévéraient d'un commun accord dans la prière, avec quelques femmes, et Marie la mère de Jésus, et avec ses frères » (Act. 1 : 14). Il ne s'agissait pas ici, comme en Matthieu 18 : 19, de s'accorder, dans le but de demander une chose spéciale, quoique les demandes spéciales ne soient en aucune manière absentes de la prière en commun (Col. 4 : 3 ; 1 Thes. 5 : 25 ; Héb. 13 : 18 ; 2 Thes. 3 : 1 ; Act. 12 : 5, 12), mais de persévérer unanimement dans une chose générale, la prière. Il n'est donc pas nécessaire d'avoir un but spécial en se réunissant pour prier.


La prière en commun n'exprime pas vraiment nos besoins personnels

            Dieu crée en nous individuellement, dans la vie journalière, des besoins en rapport avec les circonstances que nous traversons, et Il nous donne de les exprimer par la prière. Il nous apporte, tout aussi bien, quand nous sommes réunis, les objets dont nous avons à Lui parler. Nous nous attendons à Lui et Il nous les fournit. Comme la prière individuelle, la prière en commun monte vers Dieu pour les Lui présenter, et sa puissance descend en notre faveur pour y répondre. Il y a cependant une différence : la prière en commun n'exprime jamais nos besoins personnels. Il va sans dire que nos prières dans notre chambre ne s'arrêtent pas là, et embrassent tous les sujets possibles; mais c'est là que nous pouvons et devons prier pour notre état personnel, que nous confessons nos péchés (1 Jean 1 : 9), que nous cherchons la force pour résister aux tentations, pour accomplir notre service journalier, pour glorifier le Seigneur dans notre ministère... Nous ne pouvons introduire dans les réunions de prières cette partie de notre activité qui touche à nos besoins individuels. Si cependant ces besoins se trouvent être les mêmes que ceux de nos frères, nous pourrons les exprimer dans la réunion d'assemblée pour la prière, avec d'autant plus de force que nous en avons fait l'expérience pour nous-mêmes. Mais, répétons-le, ce qui nous concerne individuellement n'est pas le sujet que nous apportons à la réunion de prières.
            La preuve qu'il n'est pas besoin d'un sujet spécial pour se réunir en vue de la prière, nous la trouvons dans le passage cité en Actes 1 : 14. On a dit que ces saints priaient en vue du Saint Esprit promis (Luc 24 : 49). Qu'ils l'aient fait, cela est certain, mais ce n'était nullement le sujet unique de leurs prières, car, après le don du Saint Esprit, les disciples continuaient à faire exactement la même chose : « Ils persévéraient… dans les prières » (Act. 2 : 42). En général, quand il est question de persévérer dans la prière, il s'agit de la prière en commun. D'autres passages le montrent : Actes 6 : 4, où les douze apôtres persévéraient dans la prière ; Romains 12 : 12, où la persévérance dans la prière fait partie de l'action commune dans l'assemblée ; Colossiens 4 : 2-3 - à la persévérance dans la prière comme chose générale, s'ajoutent encore dans ce passage des demandes spéciales pour l'apôtre. La prière en commun était pratiquée habituellement dans les assemblées, soit en général, soit dans un but spécial (Act. 4 : 24, 31 ; 20 : 36 ; 21 : 5).


Quelques sujets concernant la prière en commun évoqués dans la Parole

            « J'exhorte donc, avant tout, à faire des supplications, des prières, des intercessions, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et tous ceux qui sont haut placés, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable devant notre Dieu sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité» (1 Tim. 2 : 1-4).
            « Priez par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l'Esprit, et veillez à cela avec toute persévérance ; faites des supplications en faveur de tous les saints et pour moi » (Eph. 6 : 18).
            « En toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par la prière et la supplication avec des actions de grâces» (Phil. 4 : 6).
            Nous voyons ainsi que le domaine dans lequel s'exerce la prière en commun est illimité. Non que celui de la prière individuelle soit plus limité que celui-là, mais nous ne devons pas oublier qu'il y a, dans la prière en commun, ou d'assemblée, une bénédiction et une puissance spéciale d'exaucement, par le fait que le Seigneur est au milieu de ceux qui sont assemblés en son Nom. C'est ce qui ressort d'une manière si merveilleuse du chapitre 4 des Actes (v. 24-31).


La prière en commun, première manifestation de la vie dans l'assemblée

            La prière en assemblée précède même la réalisation du culte, comme nous le voyons en Actes 1 : 14. Mais, outre son exaucement, elle a un résultat infiniment précieux : elle produit l'activité dans le service de la Parole, soit dans l'assemblée, soit au dehors. Cela est de toute importance : un frère qui ne prie pas dans l'assemblée est incapable d'un service public. Une assemblée qui ne prie pas est frappée d'inactivité ; l'inertie s'empare d'elle ; les dons ne peuvent pas s'y exercer ; le zèle pour l'Evangile ne l'anime pas ; elle tombe bien vite dans un sommeil plus semblable à la mort qu'à la vie. L'expérience montre qu'une telle assemblée est frappée d'incapacité.
            En Marc 9 : 28, les disciples, restés au bas de la montagne, se plaignaient de leur impuissance à chasser un esprit impur (v. 25), et cependant l'autorité sur les esprits impurs leur avait été confiée (6 : 7), et ils avaient immédiatement chassé beaucoup de démons (6 : 13.) Pourquoi une telle incapacité dans ce cas particulier ? Ne possédaient-ils donc plus la puissance conférée ? Elle ne leur avait point été retirée, mais trois choses leur manquaient pour la mettre en exercice : la foi (voir Matt. 17 : 20), la prière et le jeûne (Marc 9 : 29). Leur incapacité était d'autant plus humiliante que d'autres, qui ne marchaient pas avec eux, pouvaient exercer cette puissance et chassaient des démons au nom de Christ (9 : 38). Les disciples suivaient le Seigneur et occupaient une position privilégiée que d'autres ne connaissaient pas, et c'étaient ceux-là qui faisaient les miracles !
            Ces faits montrent les causes de notre manque de résultats dans l’œuvre. Ce qui nous manque, c'est la foi ; c'est le jeûne qui refuse de fournir des aliments à la nature pécheresse ; c'est enfin la prière ! Celle-ci est l'expression de la confiance en Dieu, le Tout-Puissant, notre seule ressource, et par conséquent, de la défiance de nous-mêmes. Elle est aussi l'expression de la dépendance de Dieu, sans lequel nous ne pouvons rien faire.
            Tout cela nous explique pourquoi, sans la prière, une assemblée de chrétiens est frappée d'incapacité.
            En Marc 11 nous trouvons l'alliance de la prière avec la foi. Il suffit de la foi pour recevoir tout ce que nous demanderons par la prière : « Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous le recevez, et cela vous sera accordé » (v. 24). Nous trouvons ensuite, dans ce même passage, que sans communion mutuelle, la prière n'aurait pas d'effet.
            Non seulement les réunions de prière peuvent avoir lieu sans but spécial, mais ces réunions doivent être une habitude et avoir lieu à un moment et à une heure fixés d'avance (en plus de réunions qui peuvent être convoquées pour un sujet particulier). Il y avait, pour les Juifs, une heure de la prière : « Pierre et Jean montaient au temple à l'heure de la prière » (Act. 3 : 1, 16 : 13) ; Paul et ses compagnons s'étaient rendus « au bord du fleuve, où l'on avait coutume de faire la prière » (16 : 13). Ils reconnaissaient ainsi la légitimité de cette institution. Il s'agissait, sans doute, d'une pratique instituée sous le régime de la Loi, mais ne devrions-nous pas être également zélés à participer à ce qui appartient maintenant au régime de la grâce, et où la liberté de l'Esprit peut se manifester pleinement ?
            En disant tout cela, nous passons volontairement sous silence le sujet si capital de la prière individuelle. Cette dernière est continuellement mentionnée dans les Ecritures et fait partie de la vie des croyants sous l'ancienne alliance et dans le Nouveau Testament. Il est inutile de citer ici des passages dans l'histoire d'Israël, de parler « des prières de David », de celles qui sont recommandées par le Seigneur lui-même à ses disciples juifs, de celles auxquelles les saints sont continuellement exhortés dans les épîtres. De cela, le Seigneur, comme en toutes choses, a été l'exemple parfait. L'évangile de Luc en particulier contient de nombreuses prières de notre Sauveur.
            Toutefois la prière en commun n'était point étrangère à l'Ancien Testament. Voyez, par exemple : Néhémie 4 : 9 ; 1 Rois 8 : 44 ; 2 Chr. 7 : 14. Mais ce sur quoi il faut insister, c'est sur le fait que la prière d'assemblée est un devoir et un privilège des assemblées sous le régime de la grâce. Y manquer c'est bien peu connaître en quoi consiste la vie de l'assemblée. A peine formée elle prie, aussi bien qu'elle rend culte, et tels sont les deux secrets de sa force et de sa joie.


La négligence quant à la réunion de prière, une cause de grande faiblesse dans les assemblées

            Recherchons ce qui s'oppose à la réalisation des réunions de prière, car c'est là que gît en partie notre faiblesse et le peu d'intérêt manifesté par plusieurs pour de telles réunions.

                        Le peu de réalité dans nos prières

            Nous ne devons pas présenter des sujets qui n'ont pas été placés sur nos cœurs par l'Esprit Saint. Il se sert souvent de communications orales ou épistolaires qu'Il fait parvenir à l'assemblée, soit au sujet de l’œuvre ou des serviteurs, soit au sujet des besoins individuels des croyants, communications qui peuvent toujours être présentées au début de la réunion, et donnent de l'actualité à nos demandes. Il est possible qu'une réunion de prière, sous la direction du Saint Esprit, soit consacrée à un seul besoin individuel, comme dans le cas de l'apôtre Pierre (Act. 12 : 5, 12), où ce n'était pas un seul frère, mais toute l'assemblée qui faisait d'ardentes prières pour lui. Il en sera de même pour l’œuvre du Seigneur. Si, par exemple, Dieu présente à l'assemblée les besoins de l’œuvre en Chine, ce n'est pas afin que tous les pays où l’œuvre de l'Evangile se poursuit soient systématiquement passés en revue. Une telle manière de faire est souvent la preuve d'un manque de réalité dans nos demandes. Elle produit bien vite la fatigue et la lassitude, et la puissance de Dieu ne descend pas pour y répondre.
            Si l'on disait : Dieu n'a pas besoin de nos prières pour accomplir son œuvre, nous répondrions : Sans doute, mais n'oublions pas qu'Il rattache à nous, c'est-à-dire à la foi qu'Il nous a donnée, le résultat produit. Il se plaît à l'octroyer comme une conséquence des œuvres faites pour Lui, car les prières font partie des « bonnes œuvres ».
            Quand il y a de la réalité, l'intérêt de l'assemblée est toujours en éveil : le cœur, les désirs, les affections seront en jeu ; la réponse sera donnée, et toute l'assemblée reviendra à la réunion de prière, parce qu'elle a éprouvé, non la fatigue de demandes stériles, mais de précieux exaucements.

                        Des prières inaudibles

            L'habitude, trop commune parmi les croyants réunis, de prier à voix basse, fait que personne n'entend vos prières que vous-même. Est-ce ainsi que l'on est la bouche de l'assemblée ? Celle-ci peut-elle dire son amen à la prière quand elle n'a pas compris ce qui a été dit ? Combien de fois cette exhortation n'a-t-elle pas été présentée parmi nous, mais, hélas ! avec peu de résultat ? Est-il étonnant que des personnes peu affermies, mais de l'état desquelles notre amour devrait tenir compte, se lassent et désertent les réunions de prière ?

                        La non-participation de tous les frères à la prière

            Dans chaque réunion de prières, il n'est peut-être pas possible que tous les frères prient, mais qu'aucun, jeune ou âgé, ne s'en exempte constamment. La seule obligation de ne pas faire entendre sa voix dans une réunion de prière, est quand il y a manque de vie et d'activité spirituelle, provoqué par la mondanité, par un état de cœur non jugé devant Dieu, ou par un péché positif. Dans ces cas, il faut que le frère en question garde le silence ; ne pas le garder serait de l'hypocrisie. Alors le silence auquel ce frère sera obligé de s'astreindre deviendra pour lui un puissant moyen de se juger lui-même.
            On invoque souvent sa propre timidité pour garder le silence. Mauvaise raison ! L'Esprit n'est pas timide et nous aide à surmonter cette faiblesse. L'Esprit délie le cœur et la langue. « Là où est l'Esprit du Seigneur, il y a la liberté » (2 Cor. 3 : 17).

                        D'autres manquements à déplorer

            Nous pouvons parler des prières interminables, des vaines redites, des silences angoissants, fruits de la chair, des exposés de doctrine dans nos prières, donnant l'impression que nous avons quelque chose à enseigner à Dieu, des prières où il semble qu'on ait peur de prononcer le nom de ceux dont on présente les besoins. Ne devons-nous pas attribuer en partie le peu de fréquentation des réunions de prière à nos propres manquements, et nous en humilier devant Dieu pour les éviter dorénavant ?
            Comment ne pas mentionner encore le cas des assemblées entièrement dépourvues de réunions pour la prière ? Elles font l'effet d'un homme qui aurait la prétention de vivre sans respirer ; il mourrait étouffé ! Que le Seigneur donne à ces assemblées le libre exercice de leurs poumons spirituels.
            N'oublions pas que les plaintes ne remédient pas au mal. Le vrai remède est de nous réveiller à la vie spirituelle, et le moyen d'appliquer ce remède consiste dans la prière elle-même : prière individuelle et prière en commun ; prière de la foi et prière par l'Esprit. Ne nous est-il pas dit : « Veillez pour prier » (1 Pier. 4 : 7) ?


D'après H. Rossier - « Messager évangélique » (1980)