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Jacob et la grâce de Dieu


1. La naissance de Jacob
2. Jacob dans la maison paternelle
3. Béthel
4. Jacob en exil à Charan
5. Péniel
6. Jacob de retour dans le pays de Canaan
7. La descente en Egypte
8. Jacob en Egypte
9. Le terme de la vie de Jacob


            La vie de Jacob - un homme « ayant les mêmes penchants que nous » (Jac. 5 : 17), mais mentionné comme témoin de la foi (Héb. 11 : 21) - est remplie d'instructions morales. Objet de l'élection divine, Jacob est le type du peuple d'Israël, héritier des promesses pour la terre, alors que son père Isaac est le type de Christ, héritier céleste, uni à l'Eglise comme son épouse.
            Jacob a vécu 147 ans (Gen. 47 : 28). Sa vie se divise naturellement en quatre périodes. La première, relativement longue, s'est passée dans la maison paternelle. Puis il a connu l'exil en Charan, et là, sa famille s'est constituée. Il est ensuite revenu dans la terre des patriarches, puis a rejoint Joseph en Egypte, où il a terminé sa vie. Ces quatre périodes et les bornes entre celles-ci suggèrent neuf thèmes de méditation

 

1. La naissance de Jacob

            Dès avant sa naissance, Dieu révèle à sa mère Rebecca que Jacob était un objet d'élection, appelé à dominer son frère jumeau Esaü, son aîné : «Le plus grand sera asservi au plus petit » (Gen. 25 : 23 ; Rom. 9 : 10-12). En effet, dès sa naissance, Jacob (dont le nom signifie « qui supplante ») tient son frère par le talon, en signe de domination. Malgré de multiples manquements, qui appelleront sur lui la discipline divine, Jacob sera un homme de foi, possédant la vie de Dieu, alors que son frère Esaü se révélera un profane, complètement étranger aux choses divines, pour terminer comme un réprouvé (Héb. 12 : 16-17).

 

2. Jacob dans la maison paternelle

                        La famille d'Isaac

            Les deux frères grandissent ensemble dans la maison paternelle. Jacob est un berger (celui qui veille sur la vie des autres), tandis qu'Esaü est un chasseur (celui qui prend la vie, depuis Nimrod (Gen 10 : 8-9). Leur père Isaac, sensible aux plaisirs de la table (Gen. 25 : 28), s'attache à Esaü, tandis que Rebecca aime Jacob en qui elle discerne le reflet de son propre caractère. Le triste tableau de l'esprit de partialité dans cette famille devrait inciter les parents chrétiens à ne pas faire de différences d'affection entre leurs enfants.
            Quel contraste entre la conduite présente d'Isaac et Rebecca, et la scène si rafraîchissante de leur première rencontre au puits de Lakhaï-roï (Gen. 24 : 62-67), une des plus belles images de Christ se présentant son Eglise (Eph. 5 : 25-27) !

                        Le droit d'aînesse

            Jacob propose à son frère de lui vendre son droit d'aînesse pour un plat de lentilles (Gen. 25 : 29-34). Au mépris des dons divins, Esaü y consent, manifestant qu'il est bien un profane. Pour autant, la conduite de Jacob n'était pas excusable.
            Nous n'avons pas à devancer Dieu, ni à l'aider dans l'accomplissement de ses desseins envers nous.

                        La bénédiction d'Esaü ravie par Jacob

            Pensant que sa fin était proche, Isaac demande à Esaü de lui apprêter un mets savoureux, en lui promettant de le bénir à cette occasion. Rebecca incite Jacob à tromper son père, pour ravir à son frère la bénédiction (27 : 6-10). Initiative d'autant plus regrettable que Rebecca avait eu la révélation par Dieu lui-même de ses pensées à l'égard de Jacob. Dieu ne pouvait-il pas diriger Isaac malgré lui, pour l'accomplissement de ses desseins? Pourtant, c'est par la foi qu'Isaac bénit ses deux enfants au sujet des choses à venir (Héb. 11 : 20).
            Esaü, malgré ses larmes, ne manifeste pas de vraie repentance (Héb. 12 : 17), mais voue dès lors à son frère une haine mortelle (Gen. 27 : 41). Cette haine se transmettra à la descendance d'Esaü, Edom, à l'égard du peuple d'Israël. Dieu en fait le reproche à Edom, dans la prophétie d'Abdias, et déclarera même par Malachie, quatorze siècles plus tard, qu'il a haï Esaü (Mal. 1 : 2-3). Triste histoire et terrible fin que celles de ce peuple d'Edom !
            Quant à Jacob, homme de foi, il devra moissonner ce qu'il a semé (Gal. 6 : 7), sous la juste discipline d'un Dieu qui l'aime (Prov. 3 : 12). Dès lors, Isaac et Rebecca ne sont plus mentionnés, et il ne semble pas que Rebecca ait jamais revu son fils Jacob : solennel silence de l'Ecriture !

 

3. Béthel

            Rebecca engage Jacob à fuir pour sauver sa vie, et l'envoie à Charan dans sa famille. Isaac confirme ce départ en remettant son fils aux soins du Dieu Tout-Puissant (Gen. 28 : 1-5). Proscrit solitaire sur le long chemin de l'exil, Jacob s'arrête à Luz pour y passer la nuit. Là, Dieu se révèle à lui dans un songe. Une échelle unit le ciel à la terre ; non seulement des anges montent et descendent, mais l'Eternel lui-même se tient sur elle (v. 10-22). Plus tard, le ciel s'ouvrira sur Christ, le Fils de l'homme servi par les anges (Jean 1 : 52). L'Eternel fait des promesses à Jacob touchant sa descendance terrestre (la poussière de la terre), et annonce une bénédiction qui s'étendra à toutes les nations de la terre - pendant la période millénaire.
            En outre, Dieu assure Jacob de ses soins (v. 15) : il ne l'abandonnera jamais, et le ramènera certainement dans sa terre. Le nom de Luz devient alors Béthel, la maison de Dieu. Réveillé de son sommeil, Jacob dresse une pierre en stèle et l'oint d'huile. Il est regrettable que son caractère naturel le pousse à proposer à Dieu un marché assorti de conditions (v. 20-22), alors que les promesses lui étaient assurées sans aucune condition; elles n'étaient fondées que sur la fidélité de Dieu.
            Le soleil se couche sur Jacob à Béthel, et le jour ne se lèvera sur lui (moralement) qu'à Péniel, après 20 ans de dures épreuves. Au retour de Charan, Jacob rencontrera à nouveau les anges (Gen. 32 : 1-2), en témoignage des soins de Dieu.
            Béthel conservera longtemps sa voix pour le peuple d'Israël. Ce sera l'une des étapes d'Elie, en compagnie d'Elisée, dans son dernier voyage avant d'être enlevé au ciel. Mais Béthel perdra toute valeur morale pour Israël au temps des prophètes : « Ne cherchez pas Béthel… Ne prophétise plus à Béthel, car c'est le sanctuaire du roi et la maison du royaume » (Amos 5  : 4-5 ; 7 : 12-13).

 

4. Jacob en exil à Charan

            A Charan, Jacob rencontre Rachel qui le conduit à son père Laban, l'Araméen, frère de Rebecca (l'oncle de Jacob). Jacob sert 7 ans pour Rachel, qu'il aimait profondément, mais Laban le trompe et lui donne pour femme sa sœur aînée Léa ; Jacob sert alors 7 autres années pour Rachel (Osée 12 : 13), puis finalement encore 6 ans (Gen. 31 : 38, 41). Prophétiquement, Jacob et ses deux femmes parlent de Christ et de l'épouse terrestre, alors qu'Isaac et Rebecca étaient le type de l'union de Christ et de son épouse céleste, l'Eglise.
            Pendant cette période de dures épreuves, Jacob a affaire à un plus rusé que lui. Néanmoins, il s'accroît extrêmement en biens matériels (30 : 43), tandis que sa famille se constitue ; ses quatre femmes (Léa, Rachel et leurs deux servantes) lui donnent 11 enfants. Joseph (dont le nom signifie : qu'il ajoute), premier enfant de Rachel, est né à la fin de cette période, tandis que son second fils, Benjamin, ne naîtra que sur le chemin du retour. Ces deux enfants de Rachel, image du peuple d'Israël, sont l'un et l'autre de merveilleux types de Christ.
            La naissance de Joseph suscite en Jacob le désir de retourner dans son pays (30 : 25) ; au terme de son exil, Dieu, le Dieu de Béthel, le lui commande (31 : 3, 13). On voit là, prophétiquement, Dieu ramenant dans sa terre son peuple terrestre dispersé (Jér. 16 : 14-15). Jacob obéit promptement, mais quitte son beau-père en le trompant à nouveau (Rachel ose même voler les théraphim de son père ; Gen. 31 : 19-20). Il est beau de voir toutefois comment Dieu avertit Laban de ne pas toucher à Jacob, son élu, objet de ses soins malgré sa conduite affligeante (31 : 24, 29).
            Finalement, Laban et Jacob (avec sa famille) se quittent à Mitspa, un autre lieu chargé de sens pour Israël (Jegar-Sahadutha pour Laban et Galhed pour Jacob) (31 : 49).

 

5. Péniel

            Sur le chemin du retour, Jacob est rempli de crainte à la pensée de rencontrer Esaü, dont il ignore les sentiments à son égard. Il met donc au point une stratégie compliquée destinée à se protéger d'une éventuelle vengeance de la part de son frère. Il annoncera même son intention d'aller à Séhir, le lieu d'habitation d'Esaü, alors qu'il n'a aucune envie de faire ce voyage.
            Dieu allait tout aplanir, non sans que Jacob se rencontre auparavant face à face avec lui, dans cette scène extraordinaire et merveilleuse du gué de Jabbok (32 : 24-32). Jusque-là, Dieu avait protégé Jacob, pour que personne ne porte la main sur lui. Mais maintenant Dieu lui-même va le toucher ; resté seul, Jacob lutte avec l'Ange jusqu'à ce que l'aurore se lève. Dieu touche alors l'emboîture de sa hanche pour le faire céder. Mais Jacob désire une bénédiction, que Dieu lui accorde. Son nom de Jacob (celui qui supplante) est changé en Israël (vainqueur de Dieu). Si Dieu ne lui révèle pas encore son propre nom, Jacob peut néanmoins déclarer : « J'ai vu Dieu face à face, et mon âme a été délivrée » (v. 30). Le nom de Péniel (face de Dieu) marque le souvenir de ce moment mémorable, alors que le soleil se levait sur le patriarche. C'est un homme boiteux désormais, mais dont la vie va être changée. Quel appel pour chacun de nous à nous tenir toujours dans la présence de Dieu, ou à y revenir promptement si nous avons laissé une distance s'établir entre notre âme et lui !
            Le prophète Osée résume admirablement la vie de Jacob jusqu'à ce moment : « Dans le ventre il prit son frère par le talon, et par sa force il lutta avec Dieu ; oui, il lutta avec l'Ange et prévalut : il pleura et le supplia. A Béthel, il le trouva ; et là il parla avec nous » (Osée 12 : 4-5).

 

6. Jacob de retour dans le pays de Canaan

                        Succoth et Sichem ; l'autel de El-Elohé-Israël et le déshonneur de Dina

            De retour dans le pays de Canaan, Jacob vient à Succoth pour s'y établir, lui et son bétail ; puis, à Sichem, il achète une terre (Gen. 33 : 17-20). Il perd de vue le caractère d'étranger de ses pères Abraham et Isaac, qui demeuraient « dans la terre de la promesse comme dans une terre étrangère » (Héb. 11 : 9), n'ayant qu'une tente et un sépulcre. On pense que c'est là qu'il a creusé le puits où plus tard le Fils de Dieu rencontrera la femme samaritaine (Jean 4 : 12).
            A Sichem, Jacob bâtit un autel à l'Eternel (33 : 20). Il n'en avait pas bâti lorsqu'il était en dehors du pays de la promesse. Le nom qu'il donne à cet autel (El-Elohé-Israël, c'est-à-dire l'autel de Dieu, le Dieu d'Israël) est à comparer avec celui qu'il donnera bientôt à un autre autel.
            Mais l'infidélité des parents expose souvent leurs enfants aux dangers du monde. C'est ainsi que Dina, fille de Jacob et de Léa, rencontre Sichem, le fils du prince du pays, et se laisse séduire ; la famille de la foi n'aurait dû avoir aucune relation avec ces étrangers. Siméon et Lévi (tous deux aussi fils de Léa) entreprennent de venger le déshonneur de leur sœur. La tromperie et la violence de leur conduite sont abominables. Jacob était pur dans cette affaire ; au soir de sa vie il condamnera sans appel ses deux fils (Gen. 49 : 5-7). L'enseignement moral de cette triste scène demeure toutefois pour les parents chrétiens. Le prophète le confirme : « Car tu as oublié la loi de ton Dieu, et moi j'oublierai tes fils » (Osée 4 : 6). Après cette humiliante parenthèse (Gen. 34), Jacob est relevé par la grâce divine. Au travers de nouvelles épreuves, Dieu va l'élever à une hauteur morale que le patriarche n'avait pas encore connue.

                        Jacob purifie sa maison de l'idolâtrie

            Jacob est invité à monter à Béthel, pour y habiter et bâtir là un nouvel autel (Gen. 35 : 1). Ce simple commandement de Dieu produit en lui un exercice salutaire : toute sa maison doit se purifier du mal et rejeter les idoles de Charan - en particulier celles que Rachel avait volées à son père. Jacob les cache sous le térébinthe de Sichem. Toutefois, elles ne semblent pas avoir été définitivement rejetées et détruites ; à la fin de sa vie, Josué en parlera comme des « dieux que vos pères ont servis de l'autre côté du fleuve (l'Euphrate) et en Egypte » et invitera Israël à s'en purifier (Jos. 24 : 14-15, 23). Le prophète Amos (cité par Etienne dans son discours devant le sanhédrin) révèle de plus que ces faux dieux étaient aussi adorés par Israël dans le désert (Amos 5 : 25-27 ; Act. 7 : 42-43). Nous aussi, nous sommes invités à nous garder des idoles (1 Jean 5 : 21) ; c'est en nous tenant dans la présence de Dieu que nous aurons l'intelligence spirituelle pour les discerner et la force pour les abandonner. Que le Seigneur nous accorde la grâce d'extirper de nos cœurs tout ce qui prendrait la place qui lui revient, sans conserver des racines de convoitise qui produiront plus tard des fruits amers dans nos vies individuelles ou dans la vie collective des saints ! La Parole signale l'obstination, l'orgueil et la cupidité (et notamment l'amour de l'argent : le Mammon ou le dieu des richesses) comme étant de graves dangers d'idolâtrie (1 Sam. 15 : 22-23 ; Hab. 1 : 11; Matt. 6 : 24 ; Eph. 5 : 3, 5). La sainteté sied toujours à la maison de Dieu (Ps. 93 : 5).

                        Second passage à Béthel

            Arrivé à Luz (c'est Béthel), Jacob bâtit un autel (35 : 7) ; ce n'est plus El-Elohé-Israël (Dieu, le Dieu d'Israël) mais El-Béthel (Dieu de la maison de Dieu). Jacob prend maintenant la position d'adorateur dans la maison de Dieu. Il est moins occupé de lui-même et des soins de Dieu à son égard que de la gloire de Dieu. Importante leçon pour nous, en rapport avec le thème de nos réunions de culte. Il n'est pas hors de place de rappeler ce que nous étions et ce que Dieu a fait de nous (Deut. 26 : 5-9). Mais que Dieu nous conduise à l'adorer pour ce qu'il est lui-même !
            Alors Debora, nourrice de Rebecca, meurt (35 : 8). Elle avait accompagné Rebecca depuis son départ de la Mésopotamie jusqu'à sa première rencontre avec Isaac (24 : 59) ; sa mort rompt pour Jacob les derniers liens de la nature.
            Mais Dieu avait en vue quelque chose de plus précieux pour le patriarche. A Béthel, il lui confirme ce qu'il lui avait dit à Péniel (32 : 28), à savoir que son nom est changé de Jacob en Israël. Le nom de Jacob rappelle la profondeur dans laquelle Dieu est descendu pour nous chercher, tandis que celui d'Israël révèle la hauteur à laquelle il veut nous élever. A Péniel, Dieu n'avait pas déclaré son nom à Jacob ; il peut le faire maintenant, en lui faisant goûter sa communion. Le Dieu de Béthel (31 : 13) prend ici le nom de El-Shaddaï, le Dieu Tout-Puissant, titre sous lequel Il s'était déjà révélé à Abraham (17 : 1) ; c'était aussi au Dieu Tout-Puissant qu'Isaac avait confié Jacob à son départ pour Charan (28 : 3). En mémoire de ce moment solennel, Jacob érige à nouveau une stèle, sur laquelle il répand de l'huile, répétant ce qu'il avait fait à son premier passage à Béthel (28 : 18). Il y ajoute maintenant une libation, symbole de joie. Combien la grâce de Dieu est précieuse, cette grâce qui nous relève et se plaît même à nous réjouir !

                        Naissance de Benjamin et mort de Rachel

            Près de Bethléhem, qui est Ephrath (Ps. 132 : 6), Rachel donne naissance à son second enfant, le douzième et dernier fils de Jacob (Gen. 35 : 16). La femme bien-aimée du patriarche meurt des suites de cette naissance ; s'il était pour sa mère Ben-Oni (le fils de ma peine), cet enfant devient Benjamin (le fils de ma droite) pour son père. Dix-sept siècles plus tard, naîtrait à Bethléhem le Messie d'Israël, dont Benjamin est une figure. Le nom de Ben-Oni est à rapprocher de la parole dite à Marie, la mère du Sauveur : « Une épée transpercera ta propre âme » (Luc 2 : 35), tandis que le nom de Benjamin évoque la déclaration du psaume 80, (v. 17) préfigurant la gloire du Fils éternel du Père : « Que ta main soit sur l'homme de ta droite, sur le fils de l'homme que tu as fortifié pour toi ». En face de la mort de Rachel, Israël goûte en figure la communion avec un Christ glorieux. Quelle noblesse dans la tenue morale du patriarche!

                        Migdal-Eder et Hébron

            C'est l'étape suivante du patriarche, appelé pour la première fois par son nouveau nom d'Israël, est Migdal-Eder (la tour du troupeau) (Gen. 35 : 21). C'est un refuge pour lui dans sa peine : « Le nom de l'Eternel est une forte tour ; le juste y court et s'y trouve en une haute retraite » (Prov. 18 : 10).
            En même temps, la « tour du troupeau, colline élevée de la fille de Sion » (Mich. 4 : 8), deviendra le symbole de la gloire future de la nation d'Israël, placée sous le sceptre de Christ. La faute de Ruben est signalée ici, sans autres commentaires (v. 22).
            Le tableau de ce moment remarquable de la vie de Jacob se complète par sa venue à Hébron et par la mort de son père Isaac (v. 27-29). Déjà son grand-père Abram avait séjourné à Hébron, où il avait bâti un autel à l'Eternel (13 : 18). Hébron, habituellement le lieu de la mort, avait été aussi celui du renoncement aux biens de ce monde, de la communion avec Dieu et de la révélation de ses pensées (14 : 13, 22-23 ; 18 : 1, 19).

                        Résumé des étapes de ce mémorable voyage de Jacob

            Parti de Sichem (où il cache les dieux étrangers de sa famille sous le térébinthe), Jacob monte vers Béthel. En chemin, il perd Debora, nourrice de sa mère, enterrée sous le chêne de Allon-Bacuth (le chêne des pleurs). Puis, à Béthel, Jacob bâtit un autel au Dieu de Béthel : adorateur dans la maison de Dieu, il y goûte la communion avec le Tout-Puissant, qui lui confirme son nouveau nom d'Israël. Puis, à Bethléhem, lors de la naissance de Benjamin, il perd Rachel, son épouse bien-aimée. Alors, Israël monte à Migdal-Eder, puis à Hébron, pour y revoir là une dernière fois son père Isaac. Celui-ci sera enterré dans la caverne de Macpela, auprès d'Abraham et de Sara, de Rebecca et de Léa (49 : 30-31). Aucun détail n'est donné sur la fin de ces deux femmes, et il ne semble pas que Jacob ait jamais revu sa mère depuis son départ pour Charan.

                        La longue absence de Joseph

            « La lumière se lève dans les ténèbres pour les hommes droits » (Ps. 112 : 4). Avant que la lumière divine n'éclaire le soir de sa vie, Jacob doit encore traverser une dernière épreuve douloureuse : l'absence de Joseph, le fils de sa vieillesse, qu'il va croire mort pendant longtemps. Mais Dieu, selon son propre dessein, se servira de Joseph pour sauver la famille de Jacob de la famine (Gen. 45 : 5, 7 ; Ps. 105 : 17-18). La fin de l'histoire de Jacob est maintenant intimement mêlée à celle de son fils Joseph.
            Trente-trois ans auparavant, Jacob avait trompé son père Isaac, pour voler à Esaü sa bénédiction. Maintenant, les propres fils de Jacob trompent leur père au sujet de Joseph qu'ils haïssaient et qu'ils vendent comme esclave pour se débarrasser de lui (Gen. 37 : 4, 28). Ils inventent alors une révoltante tromperie pour faire croire que leur frère avait été déchiré par une mauvaise bête. Ils osent même hypocritement consoler leur père, qui accepte leur témoignage, mais refuse leur consolation : « Et son père le pleura » (v. 35).
            Pendant une vingtaine d'années, Jacob n'aura aucune nouvelle de ce fils aimé qu'il croit perdu. Au terme de cette longue attente, la famine qui sévit sur toute la terre contraint Jacob à envoyer ses fils en Egypte chercher du blé (41 : 57 ; 42 : 1-2). Les circonstances providentielles sont dans la main de Dieu pour amener le dénouement de cette touchante histoire ; toutefois, avant la délivrance, Jacob voit encore s'augmenter sa douleur. Tandis que Siméon est gardé prisonnier en Egypte, Joseph (qui n'est pas encore reconnu de ses frères) exige la venue de Benjamin, le seul souvenir vivant pour Jacob de son épouse bien-aimée Rachel. On comprend la douleur du patriarche qui s'écrie : « Toutes ces choses sont contre moi » (42 : 36). N'oublions jamais que « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? », et que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8 : 28, 31). A cette heure éprouvante, la soumission de Jacob à la volonté du Dieu Tout-Puissant est remarquable (43 : 14).

 

7. La descente en Egypte

            « Au temps du soir il y aura de la lumière » (Zach. 14 : 7). Joseph, au faîte de sa gloire en Egypte, se fait alors reconnaître de ses frères, et les envoie chercher leur père. Dieu avait tout conduit pour sa gloire, et pour le bien de Jacob et de toute sa famille (Ge. 45 : 7, 21-26; Ps. 105 : 17).
            Ce n'est que lorsqu'il voit les chariots que Joseph avait envoyés pour le transporter que l'esprit de Jacob se ranime. Alors, c'est Israël qui dit, dans l'élan de son cœur : « C'est assez ! Joseph mon fils vit encore ; j'irai, et je le verrai avant que je meure ». C'est la satisfaction du cœur qui se confie en Dieu, confirmée lorsque son cher enfant Joseph pleurera sur son cou (Gen. 46 : 29-30).
            A Beër-Shéba, Israël offre des sacrifices à Dieu, et prend à nouveau la place d'adorateur. Lorsque Dieu se révèle à lui dans des visions de la nuit (comme la première fois à Béthel), Jacob lui répond promptement. C'est ainsi que l'obéissance et la soumission à la volonté de Dieu découlent naturellement de la dépendance de lui. Mais la foi n'est jamais un acte d'imitation : ainsi, Dieu avait commandé à Isaac de ne pas descendre en Egypte, alors qu'il invite son fils Jacob à le faire (26 : 2 ; 46 : 3). En obéissant, Israël est assuré de la bénédiction, mais aussi de la communion avec Dieu dans sa marche.
            Satisfaction du cœur, adoration de Dieu, dépendance de lui, obéissance à sa volonté et communion avec lui: ces vertus morales forment le fruit paisible de la justice produit par la discipline (Héb. 12 : 11).
            Notre Dieu n'est-il pas un Dieu toujours fidèle ? (Deut. 32 : 4).
 

8. Jacob en Egypte

            Jacob s'installe en Egypte avec toute sa famille, (au total 70 personnes) dans le pays de Goshen et de Ramsès, la meilleure partie du pays (Gen. 45 : 18 ; 47 : 11). Les épreuves sont désormais terminées et Israël goûte personnellement 17 ans de repos et de sécurité, tandis que sa famille prospère extrêmement (47 : 27). La répulsion des Egyptiens pour les bergers - ce qu'étaient Jacob et les siens - a rendu plus simple pour Jacob la séparation pour Dieu de ce monde idolâtre au milieu duquel il vivait.
            Joseph présente son père au Pharaon (47 : 7-10). Jacob lui déclare : « les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais ». En effet, sa vie avait été agitée par beaucoup de difficultés et de peines. Mais c'est à Jacob, l'humble berger, que revient l'honneur de bénir le Pharaon, le plus puissant roi de la terre, et non l'inverse. « Or, sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent » (Héb. 7 : 7). Cette scène étonnante nous rappelle la comparution de Paul, prisonnier des nations, devant Agrippa et toute sa pompe royale. Avec la dignité d'un homme qui se tient devant Dieu, l'apôtre peut lui dire : « Plût à Dieu que, tôt ou tard, non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m'entendent aujourd'hui, vous deveniez tels que je suis, à part ces liens » (Act. 26 : 29).

 

9. Le terme de la vie de Jacob

                        Les instructions touchant son enterrement

            Dieu avait promis à Jacob que son fils Joseph mettrait sa main sur ses yeux - à sa mort (Gen. 46 : 4). Sentant sa fin prochaine, Jacob s'ouvre donc naturellement à lui, et lui donne l'instruction, qui sera confirmée par un serment, de l'enterrer dans le sépulcre de ses pères à Hébron. Joseph respectera scrupuleusement la volonté de son père (47 : 29-30 ; 49 : 29-33 ; 50 : 13) ; et, par la foi, il donnera à ses frères des instructions identiques touchant ses propres os (50 : 24-25 ; Héb. 11 : 22).

                        Jacob adorateur

            Le dernier acte de foi de Jacob est celui de l'adoration : « Israël se prosterna sur le chevet du lit », expression que la version des Septante et le Nouveau Testament rendent par : « Il adora, appuyé sur le bout de son bâton » (47 : 31 ; Héb. 11 : 21). Tel est le service le plus élevé que Dieu confie à sa famille céleste, pour le temps présent et pour l'éternité.

                        La bénédiction de Joseph et de ses deux fils

            Auparavant, Jacob bénit spécialement son fils Joseph et, par la foi, il bénit aussi « chacun des fils de Joseph » (48 : 1-22 ; Héb. 11 : 21). Nés d'une mère égyptienne, Manassé et Ephraïm auraient pu être considérés comme des étrangers, et, comme tels, ne pas hériter des bénédictions. Aussi, Jacob les adopte-t-il comme ses propres enfants, au même titre que ses autres fils (v. 5). Ce faisant, il établit Joseph comme son héritier avec le droit d'aînesse. Telle était bien la volonté de Dieu : il fallait que Joseph prenne la place de son frère Ruben pour recevoir une double portion (v. 22 ; 1 Chr. 5 : 1-2 ; Ezé. 47 : 13).
            En bénissant les deux fils de Joseph, Jacob croise à dessein ses mains pour accorder à Ephraïm, le plus jeune, la position de premier-né, malgré les objections de Joseph (v. 17-20). A ce moment, c'est Jacob qui a la pensée de Dieu, plutôt que son fils Joseph. Alors que les yeux de son corps sont appesantis par l'âge (v. 10), les yeux de son cœur sont éclairés par la lumière divine. Quel chemin moral parcouru par Israël depuis les sombres années où il achetait son droit d'aînesse à son frère Esaü et s'emparait par ruse de la bénédiction paternelle !

                        Un dernier regard en arrière

            Ouvrant alors son cœur à Joseph, Jacob prononce les paroles les plus touchantes de sa vie. Il évoque deux étapes de sa longue carrière : Luz (qui est Béthel), pour rappeler tous les soins de Dieu à son égard (v. 3-4), et Ephrath (qui est Bethléhem), là où il avait perdu Rachel, son épouse bien-aimée, la mère de Joseph, quelque 50 ans auparavant (v. 7). Il est certaines blessures de nos cœurs qui ne seront guéries que lorsque Dieu aura essuyé toute larme de nos yeux (Apoc. 21 : 4) !
            Jacob atteint le sommet moral de sa vie lorsqu'il prononce ces merveilleuses paroles de confiance et de reconnaissance : « Le Dieu devant la face duquel ont marché mes pères, Abraham et Isaac, le Dieu qui a été mon berger depuis que je suis jusqu'à ce jour, l'Ange qui m'a délivré de tout mal… » (v. 15-16). Les jours « courts et mauvais » mentionnés devant le Pharaon sont maintenant oubliés, pour faire place à la jouissance de la pure grâce de Dieu.

                        Jacob prophète

            Avant sa mort, Jacob appelle ses fils auprès de lui pour leur révéler leur avenir (Gen. 49 : 1-27). Ses paroles sont à rapprocher de celles de Moïse à la fin de sa vie (Deut. 33). Jacob donne une prophétie qui met en relief la responsabilité du peuple terrestre et le dessein de Dieu par Christ, tandis que Moïse prononce une bénédiction qui trouve sa source dans l'amour de Dieu pour le peuple auquel il a donné la loi et la sacrificature, et qu'il sauvera à la fin. Les douze tribus d'Israël sont présentées, non dans leur ordre généalogique, mais en rapport avec l'ordre moral de la prophétie. On peut apercevoir des caractères de Christ dans chacune des trois tribus de Joseph, Juda et Benjamin et reconnaître quelques traits généraux d'Israël et de son histoire dans les autres.

                    - Ruben, Siméon et Lévi : Les trois aînés de Léa présentent l'état naturel d'Israël dans ses péchés : corruption (inceste de Ruben ; Gen. 35 : 22) et violence (meurtre des fils de Hamor par Siméon et Lévi ; Gen. 34).

                    - Juda est l'instrument du décret de Dieu pour établir la puissance royale en Israël en vue de la venue du Messie (Shilo) à qui tous les peuples devront obéir.

                    - Zabulon, Issacar et Dan : Après que le Messie est venu en Juda et a été rejeté, le peuple dispersé parmi les nations y cherche ses intérêts matériels, mais subit l'esclavage. Il est caractérisé à la fin par l'apostasie, jusqu'à ce qu'un résidu en détresse se tourne vers Dieu avec ce cri : « J'ai attendu ton salut, ô Eternel ! » (v. 18).

                    - Gad, Aser et Nephtali : L'Eternel enverra alors la délivrance avec la bénédiction et la liberté.

                    - Joseph est l'objet de la prophétie la plus longue et la plus touchante. Celui qui a été haï et rejeté par ses frères préfigure Christ, berger et pierre d'Israël. Toutes les bénédictions dans le ciel et sur la terre découleront de lui.

                    - Benjamin, le « fils de la droite » de son père, présente Christ dans l'exercice du juste jugement au jour de son triomphe. Il demeure le bien-aimé de l'Eternel (Deut. 33 : 12).

            Alors Jacob expire, pour être « recueilli vers ses peuples » (49 : 33). Joseph pleure son père, avant que les Egyptiens n'embaument son corps et le pleurent à leur tour pendant 70 jours. Après le deuil dans l'aire d'Atad, au-delà du Jourdain, Joseph et ses frères enterrent leur père à Hébron, dans la caverne du champ de Macpela, selon sa demande expresse. C'est là que repose le corps du patriarche, avec ses pères, dans l'attente du jour glorieux de la première résurrection et du retour de notre Sauveur pour nous prendre tous ensemble auprès de lui.


J. Muller – (Messager évangélique 1980)