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Les sept paroles de Jésus sur la croix (4)

 

Le cri de souffrance suprême

            « A la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte : Eloï, Eloï, lama sabachthani ? ce qui signifie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Marc 15 : 34).

            Cette quatrième parole du Sauveur sur la croix est le cri de détresse qui résume et qui condense, à la fin des trois heures de ténèbres, tous les tourments de l’expiation. Echo d'une solitude effroyable. Parole mystérieuse, solennelle !
            Quelques heures avant la crucifixion, Jésus avait accepté de se charger de nos péchés : « La coupe que le Père m'a donnée, ne la boirai-je pas ? » (Jean 18 : 11). Sur le bois maudit de la croix, Il a subi le jugement de Dieu, que méritaient nos péchés, Il a bu entièrement la coupe amère. Il a été abandonné pour nous. Il a supporté à notre place les conséquences de notre rejet de Dieu. Il a « porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pier. 2 : 24), Il « a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu » (3 : 18).
            L'abandon de Christ, le seul homme parfait, va permettre que des multitudes de pécheurs se repentent et reçoivent le pardon de leurs péchés et la vie éternelle.

 

                        Une citation du Psaume 22

             En raison de son importance et de sa solennité, cette parole du Seigneur sur la croix se trouve dans deux évangiles à la fois, l’évangile de Matthieu (27 : 46) et l’évangile de Marc (15 : 34). Il y a là une exception unique. Aucune autre des sept paroles du Sauveur sur la croix ne nous a été conservée dans plus d’un texte du Nouveau Testament.
            En prononçant les mots : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? », le Seigneur a cité une parole prophétique du Psaume 22. Chacun des deux évangiles contient cette phrase deux fois, d’abord la phrase transcrite dans la langue araméenne, ensuite sa traduction en grec. Cela rehausse la solennité de la quatrième parole du Sauveur sur la croix.
            Il est probable que le Seigneur a poussé son cri de détresse en araméen, mais qu’Il a prononcé les mots : « Mon Dieu, mon Dieu » en hébreu, avec l’intention de rattacher d’une manière directe ses tourments expiatoires au début du Psaume 22 et ainsi aux Ecritures de l’Ancien Testament.
            Le Sauveur avait parlé l’araméen dès sa plus tendre enfance. Et nous trouvons l’emploi de cette langue dans sa bouche lors d'une autre occasion solennelle précédant la croix, au jardin de Gethsémané : « Abba (Père, en araméen), Père, pour toi, tout est possible ; fais passer cette coupe loin de moi ; toutefois non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ! » (Marc 14 : 36).
            Les textes de Matthieu et Marc indiquent le moment exact où le Seigneur a poussé son cri douloureux. Les évangiles nous présentent le côté historique du crucifiement. Le Psaume 22 nous fait connaître ce qui s’est passé dans l’âme et dans le coeur du Sauveur pendant son supplice et surtout pendant les trois heures de ténèbres. Les premiers mots du Psaume - ceux que le Seigneur a historiquement prononcés sur la croix - annoncent et résument le sujet du Psaume. Le fait que le Seigneur prononce ces mots à la fin des trois heures de ténèbres prouve que ce cri résume toutes les douleurs de l’expiation. Les autres paroles prophétiques du Psaume 22 révèlent à notre foi les prières que le Seigneur a faites en Lui-même sur la croix. Mais l’Ecriture ne dit nulle part que les lèvres du Sauveur les ont réellement prononcées. Ce sujet prend une grande solennité dans le cadre, à la fois discret et profond, que le Saint Esprit, pour notre instruction, lui a donné.
           A vrai dire, le Psaume 22 dépasse en quelque mesure les limites de l’expiation proprement dite. L'expiation en forme le sujet essentiel, et tout le reste vient se rattacher à ce sujet central.

 

                        Les souffrances expiatoires du Sauveur - un sujet d'adoration et de saint recueillement

             En présence du tableau grandiose et solennel de l’expiation, l’attitude normale des rachetés est de se prosterner et d'adorer. L’hommage de l’Eglise commence sur cette terre aride où notre Seigneur Jésus Christ a souffert, et se continuera, pour l’éternité, dans la joie du ciel, où le diadème de gloire a remplacé la couronne d’épines sur la tête du Sauveur.
             Ici-bas, l’adoration voudrait rester muette, car les expressions humaines ne sont pas à la hauteur des merveilles ineffables qui remplissent le ciel. Quelques remarques permettent, toutefois, de mieux comprendre les souffrances du Seigneur et le cri de détresse infinie qui constitue la quatrième parole du Sauveur sur la croix. Les faits sur lesquels la Parole de Dieu appelle notre attention sont de nature à mettre nos coeurs en harmonie avec la louange céleste.
             Les textes de l’Ecriture nous montrent d’un côté les souffrances que le Sauveur a endurées de la part des hommes pour la justice, et de l’autre côté les souffrances que le Sauveur a dû subir de la part de Dieu lui-même pour l’expiation. Les souffrances du Seigneur pour la justice ont précédé, accompagné et sans doute suivi ses douleurs expiatoires. Mais elles n’étaient pour le Sauveur que les bords de la coupe qu'Il a dû boire sur la croix. La coupe amère elle-même, c’étaient les souffrances du Seigneur sous l’abandon et dans l’éloignement de son Dieu.
             Il faut distinguer, d’autre part, les souffrances morales et les souffrances physiques du Sauveur. L’Écriture mentionne enfin les souffrances du Messie en sympathie avec son peuple.
             Il importe de souligner la plénitude des souffrances du Seigneur sur la croix.
             Pour participer à tout ce que comportait le crucifiement, le Sauveur a goûté le « vinaigre mêlé de fiel », le « vin mixtionné de myrrhe » ; mais il n’a pas voulu boire le breuvage stupéfiant que les condamnés recevaient d’ordinaire, avant le supplice de la croix, pour atténuer leurs tourments (Matt. 27 : 34 ; Marc 15 : 23). Le Saint et le Juste n’a accepté aucun allégement à ses douleurs. Le Christ a éprouvé, dans les parfaites clartés de sa conscience pure, toute l’horreur et toute l’amertume du péché, toute la puissance de Satan et tout l’effroi de la mort, toutes les terreurs et toutes les angoisses du jugement inexorable de Dieu. Et c’est avec l’incomparable délicatesse d’une sensibilité dont rien n’atténuait la puissance que le Christ a supporté tous ses autres tourments : souffrances morales et tortures physiques.
             Sous l’ardeur du jugement de Dieu, le Saint et le juste a senti sa vie se répandre comme de l’eau, tous ses os se disjoindre, son coeur, comme de la cire, fondre au-dedans de ses entrailles (Ps. 22 : 14) ; sa vigueur se dessécher comme un têt, sa langue s’attacher à son palais  (v. 15) ; et Il aurait pu compter tous ses os (v. 17), tant chacun lui causait de douleur !
             Le Christ a éprouvé le mépris du peuple qui reniait son Messie et l’opprobre du monde qui rejetait son Sauveur. Les bourreaux qui se partageaient ses vêtements, conformément à la loi sur les biens des condamnés, et qui tiraient sa robe au sort, le déclaraient déchu de la vie et retranché de la terre des vivants. Le chef de la foi a « enduré la contradiction des pécheurs contre lui-même » (Héb. 12 : 3).
             De tous ces maux, le Seigneur a profondément souffert. Mais qu’étaient-ils pour Lui, ces maux pourtant si cruels, en comparaison des douleurs morales de l’expiation - ses douleurs suprêmes ? Il est là, sur la croix, seul entre la terre et le ciel. Il est rejeté de la terre et des hommes en raison même de son excellence et de ses perfections. Il est repoussé du ciel voilé de ténèbres, abandonné de son Dieu Fort. Il « a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois» (1 Pier. 2 : 24). Il « l’a fait péché pour nous » (2 Cor. 5 : 21). Il est « maudit de Dieu » (Gal. 3 : 13 ; Deut. 21 : 23). Victime expiatoire infinie, Il subit l’éternité de notre châtiment (voir Es. 53 : 5).
             Le Christ est abandonné et éloigné de son Dieu, sous le poids écrasant de nos péchés, dans les angoisses d'une inexorable obscurité. Abandonné de son Dieu pendant les trois heures de ténèbres, Il se trouve privé de la bienheureuse communion de son Père dans laquelle il avait toujours vécu.
             Le Saint et le Juste est là, sur la croix, en proie à toutes les douleurs. Il est là, sans réponse, sans repos, et sans secours. Sa détresse augmente... Satan redouble ses assauts contre Lui. Jésus se sent « mis dans la poussière de la mort » (Ps. 22 : 15). L’épée du jugement, celle qui doit atteindre « le pasteur de néant », frappe, pour ainsi dire, le bon Berger de Dieu (voir Zach. 13 : 7 ; 11 : 17). Et l’empire de Satan menace d’engloutir le Sauveur affligé, le Seigneur dont le cri déchirant recevra une réponse glorieuse dans les splendeurs de la résurrection, mais dont la prière, pendant les trois heures de ténèbres, ne passe point (Lam. 3 : 44).
             La valeur infinie et la perfection absolue du Sauveur expliquent comment l’oeuvre éternelle de l’expiation a pu s’accomplir dans le temps limité des trois heures de ténèbres. Au milieu des épreuves et des souffrances de la passion, la gloire morale du Seigneur brille comme une lumière resplendissante. Le Christ abandonné se sent comme un ver (Ps. 22 : 6). Il continue de s’adresser à son Dieu fort avec une parfaite confiance. Il proclame la sainteté de Celui qui habite au milieu des louanges d’Israël (v. 3). Sa détresse augmente ; Il invoque encore l’Eternel. Pas un seul instant, le Sauveur crucifié ne quitte Celui qui L'abandonne. Manifestées au sein même de l’ignominie et de la douleur, la perfection personnelle et les gloires morales du Christ gardent un éclat éternel.

 

                      Au milieu de l'assemblée, chantant les louanges (Héb. 2 : 12)

           En raison des nécessités inéluctables de l’expiation, Dieu n’a pas pu répondre immédiatement au cri déchirant de son Fils crucifié. Mais Il Lui a répondu en le couvrant de gloire dans les radieuses splendeurs de la résurrection. Dieu a délivré le Saint et le Juste de la puissance de la mort qui le transperçait. Il L'a sauvé des profondeurs de la mort dans laquelle Il était entré, et la mort n’a pas pu retenir le Seigneur dans son sein (voir Héb. 5 : 7 ; Act. 2 : 24).
            Le Sauveur ressuscité n’est plus seul ! Ses heureux rachetés l’entourent. Sa Personne adorable devient pour les siens un centre de rassemblement, ainsi qu’Il l’avait indiqué, avant son supplice, en ces termes mémorables : «Là où deux ou trois sont assemblés à mon nom, je suis là au milieu d’eux» (Matt. 18 : 20).
            Présent en personne et en esprit au milieu de ses rachetés, le Seigneur de gloire se sert Lui-même de nos bouches par le Saint Esprit au milieu de l’assemblée pour adorer Dieu (Ps. 22 : 22 ; Héb. 2 : 12).
            L’auteur de l’épître aux Hébreux écrit : « Il n’a pas honte de les appeler frères quand il dit : J’annoncerai ton nom à mes frères ; au milieu de l’assemblée je chanterai tes louanges» (2 : 11-12). La douce appellation de « frères » se trouve aussi dans le message confié à Marie par le Seigneur ressuscité, à l’adresse de ses disciples, avant son ascension : « Va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20 : 17).
            Après le triomphe du Sauveur, vient sa célébration solennelle (voir 2 Cor. 2 : 14-17).
            Les souffrances du Seigneur sur la croix fournissent la matière d’une louange infinie, comme le montre la fin du Psaume 22. Le résidu d’Israël, l’Eglise (littéralement représentée par le résidu juif qui en a formé le premier noyau sur la terre), la postérité d’Israël, les nations millénaires célèbrent l’Eternel.
            Sur la sainte montagne de la transfiguration, Moïse et Elie, apparaissant en gloire, s’entretiennent avec le Sauveur et célèbrent aussi sa mort (Luc 9 : 30-31).
            Le salut individuel de nos âmes et de nos corps, le rassemblement des rachetés du Sauveur autour de sa Personne sur la terre et dans la gloire éternelle, la louange universelle et infinie, voilà la multiple réponse de l’amour de Dieu au cri douloureux de son Fils : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
            Toutes les grâces, tous les bienfaits, tous les privilèges dont les chrétiens jouissent, individuellement et collectivement, ont pour source les souffrances du Seigneur sur la croix et son sacrifice d’amour. Et toutes les souffrances du Sauveur sont contenues et condensées dans ce cri de détresse suprême, dans ce cri unique et sans pareil que le Saint et le Juste a poussé du haut de la croix, à la fin des trois heures de ténèbres et d’expiation.

 

D'après P. Regard