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MEDITATIONS SUR LE LIVRE DES JUGES (11)


Samson et les Philistins – Le nazaréat (Jug. 13 à 16)
            Les nouveaux manquements du peuple de Dieu
            Le pays livré en la main des Philistins
            Celui que Dieu va susciter pour délivrer le peuple des Philistins - un Nazaréen
            L'offrande apportée par Manoah et sa femme.

 

Samson et les Philistins – Le nazaréat (Jug. 13 à 16)

            La dernière biographie du livre des Juges, si nous pouvons l’appeler ainsi, est l’une des plus intéressantes. C’est l’histoire de Samson dont les exploits extraordinaires ont tant de charme pour les enfants. Il semble qu’au début Dieu agisse par le moyen de Samson, comme si le juge agissait lui-même. Mais tout est individuel, sans retombée collective.
            Le livre des Juges montre comment un témoignage collectif devait être maintenu par le peuple de Dieu, et combien il a failli en cela. Le récit de Samson présente la dernière tentative pour y arriver, mais cette oeuvre est celle d'un individu et non de tout le peuple. Quel déclin de la puissance spirituelle du peuple ! Ce passage montre la dernière des délivrances qui n’en est pas véritablement une, car Samson lui-même a besoin d’être délivré et a fini par mourir dans les mains de l’ennemi.
            Ainsi, le déclin est tel que le sauveur que Dieu suscite a besoin d’être lui-même sauvé. Les instruments que Dieu utilise pour aider son peuple sont à l’image de l’état général du peuple. L’histoire de Samson est le reflet de la nation entière.
            La fidélité collective n’est plus, il ne reste guère que la fidélité individuelle. Or s’il en est ainsi dans les affaires collectives, c’est la ruine. Certains disent que de nos jours le témoignage est individuel, même en ce qui concerne les principes collectifs du peuple de Dieu ! Comment maintenir, comme individu, ce qui est collectif ! Lorsqu’il est question de témoignage collectif, qu’entend-on par témoignage individuel, si ce n’est la ruine de ce que Dieu voulait voir maintenu ? Abandonner le témoignage collectif, c’est sacrifier la vérité. Ne renonçons jamais à la responsabilité de maintenir un témoignage à l’unité. Retenons-le fermement quand bien même Satan tenterait de le réduire en pièces, jusqu’à ce que seuls deux ou trois soient laissés pour maintenir un témoignage collectif pour Dieu. Ce sont les sujets importants auxquels nous devons faire face. A la fin de l’histoire de ces délivrances, qu’il est triste de les voir se réduire dans les mains d’un seul homme.

                        Les nouveaux manquements du peuple de Dieu

            Mais prenons le récit dans l’ordre, jusqu’au chapitre seize, pour voir les différentes étapes de cette histoire, et en tirer les leçons, autant que possible.
            C’est toujours le même scénario : la faillite du peuple entraîne l’esclavage sous la main de leurs ennemis. Dieu ne permet jamais à l’ennemi de nous dominer, sauf quand Il l’utilise dans son gouvernement, en raison de nos propres défaillances ou de notre éloignement de Lui. Le croyant le plus faible et le plus ignorant sera gardé des ruses et de la puissance de l’Ennemi aussi longtemps que son cœur est vrai, fidèle envers Christ, et que sa conscience est ouverte à la lumière de la Parole et de l’Esprit de Dieu. Que cela est réconfortant !
            Satan aime nous voir sous-estimer sa puissance. Il cherche à se faire oublier jusqu’à s’effacer de nos esprits. Comme père du mensonge, il est plus actif quand on y pense le moins. Que pourrions-nous faire face à la puissance et à la malice de Satan, si nous étions livrés à nous-mêmes ?
            Face au terrible courant de la mondanité et de la religion charnelle qui voudrait emporter les saints loin de Dieu comme un puissant raz de marée, comment pourrions-nous résister un instant ? Quel réconfort de savoir que le saint le plus faible et le moins instruit, ou le plus jeune enfant de Dieu, est parfaitement à l’abri de tout cela, tant qu’il jouit de la simplicité de la communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Tant que l’âme demeure tranquillement aux pieds de Jésus, écoutant sa Parole – et là, on ne peut que l’écouter et croître – Satan, malgré toute sa puissance et sa malice, ne pourra réussir à l’arracher de là.
            Cela ne fait que souligner la culpabilité de l’Eglise aujourd’hui. En voyant, autour de nous et parmi nous, la tendance à s’éloigner et la puissance subtile que l’Ennemi a sur le peuple de Dieu et quand nous regardons l’état de l’Eglise entière, que penser de ce qui a conduit à cet état ? Sachons que le peuple de Dieu est le seul responsable. Ce n’est pas dû à une défaillance de la grâce de Dieu ni de son pouvoir tout-puissant ; Il nous aurait tenus fermes, et gardés comme la prunelle de son œil, si nous L’avions laissé faire.
            Nous devrions nous humilier et confesser notre culpabilité en constatant que le peuple de Dieu est captif de l’Ennemi. Nous ne devons jeter la pierre à personne, mais prendre chacun notre part de la faillite générale qui a conduit au chaos actuel qui caractérise le peuple de Dieu. Où est passé le seul troupeau de Christ qui écoute sa voix, conduit par un seul berger, dans la puissance de l’Esprit Saint ? Il a disparu, il est disséminé un peu partout.
            Notre éloignement individuel en est responsable. Et plus nos affections envers Christ seront refroidies, plus notre foi faiblira, plus notre œil sera fixé sur autre chose que Christ, plus nous contribuerons à disperser le peuple de Dieu.

            Chacun exerce une influence. Le plus simple croyant contribue soit à affermir le lien qui lie pratiquement le corps à la Tête, soit à l’affaiblir. La Parole de Dieu nous dit : « Christ... est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5 : 15). Nous sommes au Seigneur, et en ce sens nous sommes aussi à son peuple. Nous avons tous une responsabilité dans la maison de Dieu ; chaque instant que nous vivons est l’occasion de contribuer soit à rapprocher les enfants de Dieu plus près de Lui, soit à les disperser plus qu’ils ne le sont. Le secret pour être un lien utile, c’est une vie de communion avec Dieu, c’est demeurer en Lui. Si c’est le cas, nous resterons ensemble, nous affermirons « ce qui reste, qui est près de mourir », comme il est dit à Sardes (Apoc. 3 : 2).
            Même du temps des apôtres, il n’y avait pas d'occasions si opportunes pour que s’expriment la foi, la fidélité et le zèle individuels. Aujourd’hui, dans l’Eglise, il y a une part de fardeaux à porter pour celle pour laquelle Christ est mort. Qui ne chercherait à connaître la pensée de Dieu concernant l’Eglise, afin d’entrer dans ses pensées, et porter vaillamment, par la foi, sa part de souffrance aussi bien au service de l’Eglise qu'au service de Christ qui est mort pour elle ?
            Comme aux derniers jours des juges, tout se dégrade. Mais la vie de Samson a été écrite pour que nous prenions garde à ne pas plonger dans le même bourbier de défaillances. Dieu nous décrit les manquements de son peuple comme avertissement, et non pour que nous marchions dans le même sentier. Il nous donne des exemples d’incrédulité, tout comme des exemples pour la foi. Prenons courage, la Parole et l’Esprit de Dieu demeurent au milieu de nous, et la grâce est aussi fraîche aujourd’hui qu’elle l’était à la Pentecôte. Il faut seulement une foi vivante pour s’attacher à Lui, et un esprit d’obéissance pour suivre à tout prix le chemin qu’Il nous a tracé.
            Nous n’apprécions pas la noblesse de la vie chrétienne, ni la dignité de notre place dans l’Eglise à leur juste valeur. Nous les discernons un peu, mais sans en réaliser la grandeur. C’est une place dangereuse, à cause de l’honneur qui y est lié, mais que nous devrions être heureux d’occuper.
            C’était une digression, mais elle était nécessaire à cause de la place que la vie de Samson occupe ici. C’est la fin, et nous ressentons que nous devons recevoir cette dernière leçon comme avertissement, pour en tirer vraiment profit. Revenons maintenant à l’ennemi.

                        Le pays livré en la main des Philistins

            Les Philistins sont les ennemis en la main desquels l’Eternel vend son peuple. Nous les avons déjà vus plusieurs fois. Shamgar a remporté une victoire notoire sur eux, juste avec un aiguillon à bœuf. La signification du nom d’Abimélec nous a rappelé ce qu’ils sont ; mais jusqu’à présent, ils n’ont jamais occupé toute la scène. Voici brièvement ce que l’Ecriture semble relever du caractère de ces Philistins.
            En premier lieu, ce peuple donne son nom au pays entier. Il est appelé Palestine qui vient de Philistins. Notons que Dieu n’utilise jamais le nom Palestine, en parlant de l’héritage de son peuple ; ce nom désigne toujours un pays hostile. La foi la regarde comme une terre ennemie jusqu’à ce qu’elle soit possédée par le peuple de Dieu. Ainsi dans son chant de triomphe à la mer Rouge, Moïse dit : « L’effroi a saisi les habitants de la Philistie » (Ex. 15 : 14). Esaïe prononce un malheur sur elle, comme l’un des pays hostiles, aux côtés de Moab et d’autres. Le Psalmiste fait de même : Edom, Moab, et la Philistie sont mentionnées ensemble (Ps. 60).
            C’est donc le pays des Philistins, mais ils n’y avaient aucun droit. C’était des intrus, ou, comme leur nom l’indique, des « voyageurs », un peuple sans droit de cité. Ils s’étaient installés le long de la mer, où un chemin facile permettait d’entrer dans le pays. Dieu avait clairement refusé de conduire son peuple par ce chemin, parce qu’il devait être formé à la guerre, et parce qu'il devait être un exemple pour tous les temps que le seul vrai chemin pour entrer dans l’héritage de Dieu passe par la mort et la résurrection.
            Le Jourdain parle de la mort et de la résurrection de Christ. Tous ceux qui entrent dans leur héritage de cette façon font partie de son peuple, tandis que ceux qui s’y trouvent, se réclamant du peuple de Dieu, sans avoir vraiment été identifiés avec Christ dans sa mort et sa résurrection, sont des intrus sur le territoire de Dieu. Dans la chrétienté, chacun peut porter le nom de chrétien, et revendiquer toutes sortes de dignités dans l’Eglise, sans être un vrai chrétien pour autant. Comment discerner ceux qui appartiennent à Christ ? Une chose détermine si nous sommes de droit dans notre héritage : y être entrés par une foi vivante en Christ, en ayant été « identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort et dans la ressemblance de sa résurrection » (Rom. 6 : 5), de sorte que nous sommes pratiquement une nouvelle création, et que nous sommes « vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (v. 11) ; le vieil homme a été mis de côté et un nouvel homme est venu à l’existence – un homme vivant dans son héritage, d’une vie de résurrection marquée par une joie éternelle qui ne passera jamais.
            Mais ce n’est pas le cas du Philistin. Il s’y introduit par le chemin facile de la profession, voire le chemin du monde. Il ne connaît pas la servitude insupportable de l’Egypte, il n’a aucun sens de la colère divine contre le péché qui nécessite un sacrifice divin. Il n’a pas conscience du Substitut, qui, par amour pour lui, est descendu dans les eaux de la mort et du jugement. Il n’a pas vu les « vagues et les flots » de la mer Rouge ou du Jourdain passer sur ce Substitut, afin de lui ouvrir un chemin pour échapper à la servitude et entrer dans un héritage divin. Non, le Philistin est étranger à tout cela, il emprunte un chemin « court et facile », celui de la nature.
            Les Philistins correspondent donc à l’église mondaine liée aux choses terrestres. Dans les épîtres aux sept églises (Apoc. 2 et 3), Pergame représente l’Eglise associée au monde dont est issue Thyatire, ce grand système mondain qui usurpe la place de Christ. Comme Pergame, caractérisée par ceux qui tenaient la doctrine des Nicolaïtes, Rome représente aussi ce système. Le principe de succession, le cléricalisme, une classe sacerdotale, et le règne de l’homme au lieu du règne de Christ, tout cela caractérise une église mondaine.
            A cet état de choses, sont associés la loi, qui fait appel à l’homme naturel, le ritualisme et les ordonnances, « qui ont bien une apparence de sagesse en dévotion volontaire et en humilité » (Col. 2 : 23), mais qui ne sont en fait que l’enflure d’orgueil de la créature. Tout vrai culte met l’homme de côté. Celui-ci disparaît pour ainsi dire, car le parfum de ce qu’est Christ est tellement devant lui qu’il efface toute pensée de lui-même.
            Le ritualisme est exactement le contraire. Il comprend des ordonnances charnelles, un culte charnel, tout ce qui flatte l’œil, l’oreille et les sens de l’homme naturel, tout ce qui excite les émotions, en fait, tout ce qui plaît à l’être humain.
            Le magnifique rituel de Rome avec ses vêtements, son encens, sa musique, ses cortèges magnifiques, ses processions, ses lieux de culte imposants, sa longue ligne hiérarchique appréciée du monde, ne nécessite ni sens spirituel, ni conduite de l’Esprit par la Parole, ni nouvelle naissance ; chacun peut apprécier ce ritualisme. Ainsi, les Philistins évoquent le monde qui s’introduit dans l’Eglise et en prend possession par son légalisme, son ritualisme, et sa succession apostolique qui oppriment le peuple de Dieu. L’apôtre appelle cela de « faibles et misérables principes », auxquels nous risquons toujours de vouloir « encore être de nouveau asservis » (Gal. 4 : 9).
            Une autre chose est à noter. Même s’ils ne prennent qu’une très petite partie du pays - la Philistie étant l’étroite bande au sud-ouest, le long de la plaine de Sharon, près de l’Egypte -, les Philistins oppriment pourtant tout le peuple de Dieu. Cette tyrannie est particulièrement exercée sur ceux qui auraient dû être les conducteurs parmi le peuple de Dieu. En effet, Juda, qui représente la louange et le gouvernement parmi le peuple de Dieu, était particulièrement exposé aux incursions des Philistins qui se répandaient sur tout leur territoire, les empêchant d’exercer leur privilège et de jouir de leur héritage.

                        Celui que Dieu va susciter pour délivrer le peuple des Philistins - un Nazaréen

            Quel est maintenant le caractère de la personne que Dieu va faire se lever pour délivrer de ces Philistins ? Comme Gédéon en son temps, son caractère devra correspondre au besoin du moment. Dans le cas de Samson il y a deux choses distinctes : ce qu’il était et ce que Dieu voulait qu’il soit. Dans le premier cas, l’histoire donne de nombreux avertissements, et dans le second, nous voyons par qui et comment le peuple de Dieu peut être délivré de la puissance des Philistins, de la puissance d’une religion purement charnelle.
            Il est très intéressant de voir où remonte son histoire. Dieu travaille déjà dans ses parents, pas seulement dans l’individu comme pour Gédéon. Il choisit une femme inconnue, comme pour mettre à nouveau l’accent sur la faiblesse. Elle est dans une position de soumission trop insignifiante, du moins aux yeux du monde, pour que son nom soit mentionné. Pensons-nous au nom de la mère de Samson ? Le nom de la mère de Moïse se trouve dans l’Ecriture, mais nous l’oublions vite car il est éclipsé par son fils. Ici, l’Esprit de Dieu ne nous donne même pas le nom de la femme.
            Mais elle connaît un autre opprobre, commun à de nombreuses femmes que Dieu a suscitées pour être un canal de bénédiction pour son peuple : elle est stérile. Comme Sara, comme Anne, comme Rebecca, il n’y a pas l’énergie et la force de la nature ; elle est totalement impuissante face à cette épreuve douloureuse. Cette affliction – car bien qu’il n’en soit pas parlé, nous connaissons le désir intense de ces femmes israélites et leur grand opprobre – a certainement produit dans son âme des exercices qui la préparaient à ce que Dieu lui révèle sa volonté. Comme pour Anne, si exercée devant Dieu au sujet de son besoin, Il va répondre à la demande de son âme.
            Que peut-il y avoir de plus faible qu’une pauvre femme désarmée et inconnue ? L’impuissance est si grande, si générale, si vague, qu’elle ne peut même pas être nommée. Mais quand elle entend la Parole de Dieu, elle a l’assurance que la force et la vie vont surgir de celle qui n’a pas de nom et dont la faiblesse fait appel à Dieu. Le sentiment de notre totale impuissance ne fait jamais appel à Dieu sans qu’Il s’en serve. Il doit briser notre énergie et notre vigueur naturelles, pour nous faire réaliser notre impuissance et notre inutilité et les utiliser pour sa gloire.
            C’est vers la mère de Samson et non vers Manoah, son mari, que va le messager. Il annonce le libérateur qui va délivrer Israël du piège le plus subtil et le plus dangereux qui puisse les enserrer, celui de la Philistie. Il insiste sur le fait qu’il sera Nazaréen, s’abstenant de vin, de boisson forte, du raisin et de tout ce qui vient de la vigne. La mère elle-même devra se garder de tout cela, et dès la naissance de l’enfant, le rasoir ne devra pas passer sur sa tête. Il devait être un Nazaréen de Dieu, comme Samuel ou Jean le Baptiseur, et cela, dès le ventre de sa mère.
            En Nombres 6, nous trouvons clairement ce qu’est le Nazaréat. Ce mot signifie « séparation ». Qu’il est tranchant ce terme « séparation », combien il fait mal et paraît être le fait d'un propre juste ! Mais Dieu dit qu’il ne peut y avoir une victoire pour son peuple, que dans le respect du nazaréat, la séparation des choses mêmes que le monde estime absolument nécessaires.
            Le vin et le raisin sont une figure de la joie humaine. Le temps des vendanges est un moment de joie qui a toujours été associé aux fêtes, aux chants et à l’allégresse. Au Psaume 4, le psalmiste dit, par la foi : « Tu as mis de la joie dans mon cœur, plus qu’au temps où leur froment et leur moût ont été abondants » (v. 7). Il compare simplement les plus grandes joies de la nature à une joie plus grande et plus profonde. Le vin est comme le couronnement de l’année. Quand la vendange arrive, lorsque tout est mûr, tout est prêt pour en jouir ; le temps du labeur va prendre fin, et le temps du repos et du plaisir approche. Le travailleur pourra bientôt se reposer de tous ses travaux et profiter de la saison des vendanges.
            Le vin parle aussi de force humaine. C’est un stimulant : « fortifié par le vin » est une expression courante. Il est dit au Psaume 78 : « Le Seigneur s'éveilla... comme un homme puissant qui, animé par le vin, pousse des cris » (v. 65). La force qui en résulte est, hélas, fictive et éphémère.
            Notre joie provient d’une source plus pure que la cuve du vin ; notre force provient d’une source plus puissante que celle qui stimule seulement la nature. Dans l’Ecriture, le vin est une image de tout ce qui stimule et excite la chair. On peut ne pas boire de vin, et être sous son pouvoir, spirituellement parlant. Tout ce qui ne procure qu’énergie, stimulation, ou excitation charnelles dans les choses de Dieu, doit être rejeté.
            Dieu ne peut pas utiliser la chair. On entend parfois qu’avoir un fort caractère est une bonne chose, de même que de parler franchement, si c’est utilisé pour Dieu. Cela signifie que Dieu pourrait se servir du vin, de l’énergie naturelle de ce monde, pour Ses intérêts. Non, Il ne peut pas accepter que la chair serve ses intérêts ou ceux de l’Ennemi. Dans la grande majorité des cas, un discours franc, comme on dit, n’est que de l’orgueil, l’absence de maîtrise de soi, l’indulgence de la chair. La franchise du discours importe peu, s’il n’est pas dans la puissance de l’Esprit de Dieu. Sans l’Esprit, un discours franc est un discours charnel et une volonté forte est une volonté charnelle. Ce n’est que l’énergie de la nature et non le nazaréat.
            Le nazaréat implique l’absence de tout cela. Si j’ai une forte volonté, elle doit être brisée, car elle ne sera jamais d’aucune utilité. Certains disent que Saul de Tarse avait, de nature, un fort caractère, qui explique sa vie après sa conversion. Si c’était le cas, la grâce de Dieu serait une fiction. S’il n’avait utilisé que l’énergie qu’il avait eu pour le service de la loi et du judaïsme, en l’employant pour le christianisme, il n’y aurait pas de miracle de la grâce.
            Quel était le miracle de la grâce ? Celui qui connait l’histoire de Paul dirait vite qu’il a tourné sa forte volonté et son intelligence au service de Dieu. Non ! C’était un beau vase de terre, humainement puissant, mais Dieu l’a transpercé d’une écharde dans la chair, afin qu’il n’ait aucune puissance en lui-même. En effet, la parole que Christ lui a adressée n’était pas : Ma force s’accomplit dans ta force, si elle va de pair avec la mienne, mais « ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (2 Cor. 12 : 9). C’est la leçon du nazaréen ; elle est difficile à apprendre, et elle sonde notre coeur.
            Après l’abstention de vin vient la mention des cheveux longs qui ne parlent ni de fierté ni de vigueur naturelle, mais de « déshonneur » pour l'homme. La « longue chevelure » évoque la place de soumission et de dépendance de la femme. « C'est une gloire pour elle » (1 Cor. 11 : 14-15).
            Enfin, le contact avec la mort était absolument interdit. Celui qui touchait un cadavre perdait son nazaréat. Dieu est le « Dieu vivant », et tout ce qui n’est pas de lui souille. Bien des choses qui semblent bonnes à première vue relèvent de la mort.

            Ce chapitre 13 insiste donc sur la vérité que celui qui libère le peuple de l’emprise des Philistins se doit d’être un Nazaréen. Il doit éviter l’énergie de la vieille nature et prendre une position de faiblesse et d’impuissance totale ; en lui ne doit se trouver que l’énergie de la vie divine. Ainsi, pour être délivrés d’une religion charnelle, nous devons être séparés comme de vrais nazaréens. En réalisant notre impuissance et notre faiblesse, et en refusant l’aide et la force de la vieille nature, nous devons laisser la puissance de Christ se manifester en nous. Combien nous devrions nous réjouir à cette pensée ! Sommes-nous prêts à être utilisés par Dieu comme nazaréens, en connaissant l’humiliation de la chair et de la nature, afin que toute l’excellence soit celle de Christ, et non la nôtre ?
            Etre un nazaréen devait être un acte volontaire, il fallait le vouloir : « Si un homme ou une femme se consacre en faisant vœu de nazaréat… » (Nom. 6 : 2). Pour nous, chrétiens, cette force nous est donnée par la lecture de la Parole et l'action du Saint Esprit. Nos cœurs seront ainsi occupés du seul vrai Nazaréen qui ait jamais foulé cette terre ; son nazaréat avait un aspect positif qui l’associait à Dieu, au lieu de le séparer du monde seulement. De fait, Il n’était pas littéralement un Nazaréen comme Jean le Baptiseur qui s’abstenait de toutes sortes de choses : « Jean est venu ne mangeant ni ne buvant » (Matt. 11 : 18), ce qui lui avait valu la remarque d’avoir un démon. Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, comme Homme au milieu des hommes. Il n’avait pas besoin de séparation extérieure pour manifester sa justice. Son âme sainte était complètement séparée et consacrée à son Père, et il n’avait besoin de rien pour en rendre un témoignage extérieur. Nul ne pouvait lier son saint nom avec la pensée du péché. Il était tellement absorbé par la volonté de son Père, que le monde lui-même ne pouvait Le qualifier que de ce qu’il était vraiment. Parler de Lui comme un mangeur et un buveur était un mensonge tellement évident que ce n’était même pas sujet à débat. Qui plus est, Il prenait Lui-même ce reproche à son compte. Oui, Il était vraiment l’ami des pécheurs ; il s’identifiait à cette expression. Mais, s’il est l’ami des pécheurs, c’est pour les délivrer de leurs péchés. S’il s’identifie en quelque manière au bas état autour de lui, c’est en grâce, venant prendre sur Lui la conséquence de l’éloignement de l’homme, afin d’associer son peuple à Lui-même dans un vrai nazaréat pour Dieu !

                        L'offrande apportée par Manoah et sa femme.

            Manoah avait prié pour que l’Eternel envoie le messager une seconde fois, et sa prière est exaucée, en grâce. Mais l’ange vient vers la femme de Manoah - il vient toujours vers la faiblesse - puis elle appelle son mari. Manoah désire entendre encore le message, mais il ne reçoit rien de plus que ce que sa femme avait déjà entendu, à savoir des instructions simples quant au nazaréat. Alors, il se dépêche de faire un festin à caractère religieux. Il va amener ce messager à son niveau, bien qu’il l’appelle un homme de Dieu. Offrant son hospitalité, Manoah veut savoir le nom de son hôte, pour lui rendre hommage quand toutes ces choses seront accomplies.
            Le nom que le messager lui cache - « Il est merveilleux » - suggère le Nom au-dessus de tout nom. Ne s’applique-t-il pas aussi au nazaréat dont nous avons parlé ? « On appellera son nom : Merveilleux » (Es. 9 : 6). Le nom de qui ? Le nom du seul Nazaréen qui ait jamais vécu. C’est comme si, partant du nazaréat extérieur dont il venait de leur parler, le messager dirigeait les regards vers Celui qui est « Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de Paix » (Es. 9). Il met Christ devant eux puis, y insiste encore, en montant dans la flamme de l'autel qui s'élevait vers les cieux.

            Ce qui était un simple repas hospitalier, à caractère religieux certes, devient un sacrifice offert sur le rocher. Ce rocher évoque le Rocher des siècles, le seul Rocher, la seule chose ferme dans un monde instable. Ce Roc, Jésus Christ, est la seule base de communion avec Dieu. Aussi, le festin n’est pas étalé sur la table de Manoah, mais sur le Rocher qui est le seul fondement de relation et de puissance que peut avoir celui qui veut être un Nazaréen et un témoin de Dieu.
            Le messager, qui est l’ange de l’alliance, agit selon le nom qu’il a donné. Il est cet Etranger merveilleux venu à plusieurs reprises pendant la dispensation de l’Ancien Testament, ayant son visage voilé, et son identité cachée. Mais les indices sont suffisants pour nous indiquer que l’Eternel, et l’Ange de l’Ancien Testament sont Jésus, le Dieu Sauveur. Il se révèle donc à ce moment-là. C’est comme s’il disait à cet humble couple sans force : Pour être de vrais nazaréens, vous devez me suivre par la foi là où je suis. Vous devez tout d’abord me voir comme identifié avec le Roc, mais aussi comme l’autel. - Belles figures de la Personne de Christ. Ensuite, le chevreau et le gâteau offerts en sacrifice sur le rocher nous parlent de Son œuvre. Quand il monte dans la fumée du sacrifice, c’est comme s’il leur disait : Vous devez m’identifier avec le Très-Haut qui vous a associés à son sacrifice et au Rocher par lequel il a manifesté sa gloire.

            Tout vrai nazaréat, toute vraie séparation et tout vrai témoignage pour Dieu, passe par notre identification avec cette merveilleuse Personne qui n’est autre que Christ. Ainsi, quand nous parlons du nazaréat, de la longue chevelure et de renoncer à ceci ou à cela, c’est plus que du renoncement, c’est avoir l’œil, le cœur et l’esprit remplis de Christ dans la gloire. Il n’y a pas de vrai nazaréat, si l’on n’est pas identifié avec Lui et occupé de Lui. N’est-ce pas ce qu’Il veut dire en Jean 17, quand il dit à son Père : « Je me sanctifie moi-même pour eux » (v. 19) ? Nous le voyons, pour ainsi dire, monter vers Dieu, dans la fumée du sacrifice. S’il prend cette place de Nazaréen, se sanctifiant en se séparant de tout ce qui est de ce monde, c’est pour nous montrer le chemin de la vraie sanctification et du vrai nazaréat, pour que nous le suivions là, et que nous soyons « transformés en la même image » (2 Cor. 3 : 18), en Le suivant et en regardant à Lui.
            Il laisse tout simplement derrière lui la saveur de son nom magnifique et de ce qu’il est devant Dieu, comme puissance de notre témoignage de Nazaréen ici-bas. C’est là le lieu de naissance de Samson, le berceau spirituel de tout Nazaréen de Dieu. C’est là que sont nés les seuls vaillants hommes que Dieu reconnaisse.

            En 2 Samuel 23, quand David décrit le vrai roi, il doit ajouter aussitôt : « quoique ma maison ne soit pas ainsi avec Dieu », mais sitôt après il est dit : « Ce sont ici les noms des hommes forts qu’avait David » (2 Sam. 23 : 8). Combien cette connexion est frappante ! La description du roi idéal, qui est comme un matin sans nuage, montre Christ dans la gloire. Dans la mesure où l’âme en est remplie, les hommes forts sont là.
            De même, lorsqu’Elie, comme type de Christ, monte aux cieux, il dit à Elisée : « Si tu me vois quand je serai enlevé d’avec toi, il en sera ainsi pour toi » (2 Rois 2 : 10), à savoir une double portion de son esprit reposera sur lui. Alors qu’Elisée voit Elie monter, le manteau d’Elie tombe sur lui, et il devient pratiquement son représentant.
            Il en est de même des disciples menés à la montagne des Oliviers - l’olivier est une figure du Saint-Esprit. Ils sont conduits là jusqu’à Béthanie, la maison de l’humiliation, là où le Saint Esprit peut témoigner sans entrave aux cœurs humiliés qui connaissent leur propre faiblesse, et là, ils Le voient monter ; comme Il monte, ils reviennent pour être des témoins pour Lui, occupant la place qu’Il avait laissée sur la terre.

            Voilà donc le lieu de naissance spirituel des nazaréens. C’est dans Celui qui monte dans le parfum du sacrifice du Rocher qu’est le secret spirituel de tout vrai témoignage et de toute victoire pour Dieu. Samson commence là à manifester la vigueur de cette vie, avant qu’il n’y ait aucun conflit bien établi, en étant poussé dans le camp de Dan contre les Philistins.
            Nous ne serons nazaréens et témoins pour Lui que dans la mesure où nous regarderons, par la foi, là où notre Seigneur est allé. Samson, hélas, n’a pas réussi à vivre dans le chemin que la grâce de Dieu lui avait tracé. Pour s’être éloigné, il a cessé d’être un Nazaréen, et est devenu un monument du gouvernement de Dieu !
            Si nous désirons être Nazaréens, entrons par la foi dans ce qui nous rendra vainqueurs du formalisme ambiant. Un Nazaréen est un homme céleste, dont l’espérance est là-haut, dont la vie est « cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3 : 3). C’est ainsi que l’Eglise a été unie à Christ ; qu’est-elle maintenant ? Que sommes-nous ?
            Par la grâce de Dieu et malgré ce que nous réalisons si faiblement, nous sommes unis à Lui pour l'éternité.
 

D'après S. Ridout