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APERCU  DU  LIVRE  DE  JOSUE (6)


Les Cananéens
            Pourquoi ces nations étaient-elles en abomination devant l’Eternel ?
            Quel est le sort réservé aux habitants du pays ?
            Est-ce possible qu’un Dieu d’amour ordonne de tels massacres ?
            En quoi Josué pouvait-t-il redouter les Cananéens ?

            Où résidaient la faiblesse des Cananéens et la force des enfants d’Israël ?

 

Les Cananéens

            Avant d’étudier les chapitres 6 à 11 racontant la conquête du pays, rappelons quelles étaient les 7 tribus cananéennes souvent mentionnées dans la Bible.
            Les Cananéens étaient divisés en tribus plus ou moins importantes, tout comme le peuple élu. Dans chacune de ces tribus et à la tête des villes importantes régnait un roi dont le pouvoir ne dépassait guère le cadre de la cité qu’il habitait. Le livre de Josué signale entre autres : le roi de Jéricho (2 : 3), d’Aï (8 : 23), de Jérusalem, de Hébron, de Jarmuth, de Lakis, d’Eglon (10 : 5).
            Voici la liste des 7 nations souvent citées dans la Bible - à part les Phérésiens, dont l’origine et incertaine, ces tribus descendent toutes de Canaan : les Héthiens (11 : 3) ; les Héviens (9 : 7) ; les Cananéens (11 : 3) ; les Amoréens (10 : 12) ; les Jébusiens (11 : 3) ; les Phéréziens (11 : 3) ; les Guirgasiens (24 : 11).
 

                        Pourquoi ces nations étaient-elles en abomination devant l’Eternel ?

            Parce que leur corruption était extrême. Le chapitre 18 du Lévitique énumère les abominations que commettaient les nations cananéennes (Lév. 18 : 3, 24, 27, 29...) :

                  a) La fornication, l’adultère, l’inceste, l’homosexualité, tout péché contre nature (Lév. 18 : 6-23).
                  b) La prostitution. Elle fleurissait à Jéricho et sans doute dans la plupart des cités du pays (2 : 1b).
                  c) La magie et l’évocation des morts (Lév. 20 : 6, 23).
                  d) L’idolâtrie. En parlant des nations qu’Il va chasser, l’Eternel recommande : « Vous démolirez leurs autels, et vous briserez leurs statues, et vous abattrez leurs ashères, et vous brûlerez au feu leurs images taillées » (Deut. 7 : 5).

            Le culte de Moloch était célébré en Canaan, culte sanguinaire qui exigeait des victimes humaines (Lév. 20 : 2, 23). « Les fouilles pratiquées dans les villes cananéennes ont attesté de façon indiscutable la pratique des sacrifices humains. A Guézer ont été exhumées des couches primitives du haut-lieu, un grand nombre de jarres contenant les restes d’enfants nouveau-nés qui y avaient été introduits la tête la première. Il semble que ces enfants auraient été enterrés vivants. Des sépultures identiques ont été trouvées à Meggido, également en relation avec une installation culturelle » (Dictionnaire de la Bible, L. Pirot).
            On comprend que Dieu n’ait pu tolérer plus longtemps de telles horreurs.
 

                        Quel est le sort réservé aux habitants du pays ?

            Dieu ordonne à Israël de se montrer sans pitié à l’égard de ces nations (Deut. 7) :
                  - Tu ne traiteras point d’alliance avec eux et tu ne leur feras point grâce (v. 2).
                  - Tu dévoreras tous les peuples que l’Eternel va te livrer, tu ne jetteras pas sur eux un regard de pitié (v. 16).
                  - Tu feras disparaître leur nom de dessous les cieux (v. 24).
 

                        Est-ce possible qu’un Dieu d’amour ordonne de tels massacres ?

            Avant de répondre à cette question délicate, il convient de signaler :

                  - La conduite des Hébreux : En temps de guerre, ils se conduisirent mieux que ne l’autorisaient les mœurs de l’antiquité. Selon le point de vue de leur époque, ils n’étaient ni sanguinaires ni cruels. Les Assyriens nous ont dépeint leurs propres guerres. Souvent ils décapitaient les habitants des villes conquises, faisant des monceaux de crânes ; ils crucifiaient ou empalaient les prisonniers, leur crevaient les yeux avec la pointe de leur lance ou les écorchaient vifs. Les récits des batailles d’Israël parlent de morts mais non de torture » (Nouveau dictionnaire Biblique).

                  - La patience de Dieu : Elle est immense. En effet, à l’égard des Cananéens, Dieu attendit plus de 1800 ans avant d’exécuter la sentence prononcée par Noé (Gen. 9 : 25). Entre-temps, il ne laissa pas ces nations sans révélations. Melchisédec passa dans le pays (Gen. 14), et Abraham y rendit son témoignage. La destruction de Sodome et de Gomorrhe fut pour ces habitants un avertissement combien solennel. Malgré cela, ils restèrent sourds à la voix de Dieu, qui patienta jusqu’à ce que leur iniquité fût « venue à son comble » (Gen. 15 : 16). Et avant d’exécuter le châtiment promis, il permit que ces païens fussent avertis (Jos. 9 : 24). Dieu ne change pas, mais les hommes peuvent changer. Rahab et les siens furent épargnés. Les Gabaonites cessèrent de s’opposer à Israël et eurent la vie sauve (Jos. 9). Autrement dit, l’Eternel était disposé à épargner quiconque se repentirait !

            Ce qui précède n’apaise pas pour autant notre trouble, car il est impensable que Dieu ait ordonné lui-même l’extermination des Cananéens. Pour tenter de justifier la gravité d’un tel jugement, donnons ici deux éléments de réponses - même s’ils ne nous satisfont pas pleinement - plutôt que d’accuser le Créateur d’injustice ou de cruauté. Rendons-Lui gloire en tenant le langage du ciel : « Ses jugements sont véritables et justes » (Apoc. 19 : 2).
                  - La sainteté de l’Eternel lui commande d’agir sans délai. Le mal est tel en Canaan qu’il ne peut le tolérer davantage. Ne pas sévir signifierait alors approuver et encourager le péché, ce qui est inconcevable de la part de Celui qui est « parfait » (Matt. 5 : 48). Israël ne sera dans sa main que l’instrument de sa justice : « C’est par toutes ces choses que les nations que je chasse devant vous se sont rendues impures… et je punis sur lui son iniquité, et le pays vomit ses habitants » (Lév. 18 : 24-25). Celui qui fait mourir et qui fait vivre (Deut. 32 : 39) décide souverainement du sort des peuples et des individus. Au temps de Noé, Il anéantit par le déluge la race corrompue. Plus tard, Il engloutit par le feu les cités iniques de la plaine, Sodome et Gomorrhe. Le Pharaon et son armée furent précipités dans la mer Rouge. Un tremblement de terre et un incendie firent disparaître Coré et sa bande de rebelles. Enfin, à l’époque de Josué, Dieu se servit des Israélites comme justiciers au lieu d’utiliser les forces de la nature.
                  - Un deuxième motif est le salut du peuple. Selon le dessein de Dieu, le jugement des Cananéens était équitable et devait s’exercer dans l’intérêt du peuple et de l’humanité. L’Eternel voulait préserver les siens de toute contamination, car Il savait qu’au contact de païens idolâtres et débauchés les enfants d’Israël ne tarderaient pas à les imiter et à se détourner de l’Eternel : « Tu ne te prosterneras point devant un autre dieu… de peur que tu ne traites une alliance avec les habitants du pays, et que lorsqu’ils se prostituent après leurs dieux et sacrifient à leurs dieux, on ne t’invite, et que tu ne manges de leur sacrifice… » (Ex. 34 : 15 ; lire aussi Ex. 23 : 33 et Jos. 23 : 12-13).

            Le livre des Juges prouve hautement que cette crainte était fondée. La plupart des tribus ne chassèrent pas les Cananéens qui vivaient sur leur territoire (Jug. 1 : 21-36), aussi le résultat ne se fit-il pas attendre : « Les fils d’Israël habitèrent au milieu des Cananéens… et servirent leurs dieux… ils oublièrent l’Eternel, leur Dieu, et servirent les Baals et les ashères » (Jug. 3 : 5-7). En n’éliminant pas cette gangrène qui le menaçait, Israël finit par se laisser contaminer et par attirer sur lui le jugement de Dieu. Paul a raison d’écrire que « les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (1 Cor. 15 : 33).
 

                        En quoi Josué pouvait-t-il redouter les Cananéens ?

            Josué a devant lui un ennemi redoutable, dont la supériorité s’affirme de bien des manières :
                  - Ces nations sont infiniment plus nombreuses que les enfants d’Israël. « Un seul homme d’entre vous en poursuit mille », dira plus tard le chef d’Israël (Jos. 23 : 10 ; voir aussi Deut. 7 : 17).
                  - Les Cananéens occupent les points stratégiques et connaissent bien le pays qu’ils habitent. Josué va fouler pour la première fois une région montagneuse, difficile à conquérir.
                  - Les autochtones sont à l’abri derrière leurs fortifications, dans des villes qui, aux yeux des espions envoyés par Moïse, sont « murées jusqu’aux cieux » (Deut. 1 : 28 ; Jos. 6 : 1) ; de plus, ils possèdent un matériel de guerre perfectionné pour l’époque : des chars de fer et des chevaux en très grand nombre (17 : 18 ; 11 : 4).
                  - Les ressources du pays (où coulent le lait et le miel) sont immenses. Preuve en est le butin considérable récolté à Jéricho (6 : 21, 24 ; 7 : 21). Les citadelles étaient en mesure de soutenir de longs sièges.
                  - Les soldats sont « des hommes vaillants » (6 : 2 ; 10 : 2 ; Nom. 13 : 32-33).
                  - De plus, ces tribus païennes savent faire bloc et s’unir lorsque le danger les menace. Le livre de Josué signale au moins trois coalitions (9 : 1-2 ; 10 : 5 ; 11 : 1-5).

            Le chrétien a aussi un adversaire redoutable à combattre car « notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les pouvoirs, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes. C’est pourquoi, prenez l’armure complète de Dieu » (Eph. 6 : 12-13).
 

                        Où résidaient la faiblesse des Cananéens et la force des enfants d’Israël ?

                  La panique : Chose étrange, malgré sa supériorité écrasante, l’ennemi tremble, découragé. Un vent de panique balaie le pays : « La terreur de votre nom est tombée sur nous, et… tous les habitants du pays se fondent devant vous » (2 : 9, 11 ; 5 : 1 ; 9 : 24 ; 10 : 1), au point que certains d’entre eux préfèrent se rendre en usant de ruse plutôt que d’aller au-devant de l’inévitable désastre ; cela a été le cas de Gabaon (ch. 9). Pourquoi cela ? Parce que Dieu a permis, pour ébranler l’assurance de l’ennemi, qu’il soit au courant de ses prodiges en faveur des Hébreux (2 : 10, 11 ; 9 : 24). Une armée découragée est à demi-vaincue. Dans cette terreur panique qui paralysait la population cananéenne, Josué pouvait discerner le gage d’une prompte victoire.

                  La présence de l’Eternel au milieu de son peuple : Israël puise sa force en Celui qui lui promit de l’assister et de le conduire à la victoire totale (1 : 5). Qui part en vainqueur n’est pas loin d’avoir vaincu.

            Dieu intervient par des prodiges qui alimentèrent la foi et l’audace de l’armée de Josué :
                  - Les eaux du Jourdain se partagèrent et livrèrent passage à toute une nation (3 : 16).
                  - Les murailles de Jéricho s’écroulèrent (6 : 20).
                  - Une grêle de pierres tomba sur l’adversaire (10 : 11).
                  - Le soleil suspendit sa course, permettant une victoire complète à Josué (10 : 13).

            Il convient de relever ici que l’armée de Josué était jeune et vigoureuse. Jeune, parce que le plus âgé avait tout au plus quarante ans (Deut. 1 : 35). Vigoureuse, parce que la vie rude et saine du désert avait formé des hommes dynamiques et endurants.

            Heureux ceux qui luttent aux côtés de l’Eternel : ils ne connaîtront pas la défaite.

 

D'après A. Adoul

 

A suivre