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Le fils prodigue


Lire : Luc 15 : 11-32

            Dans la parabole du fils prodigue, les deux fils semblent bien différents : si le cadet est dévoyé, l'aîné paraît rangé et docile. Mais dans le fond, aucun des deux ne vaut mieux que l'autre. L'un et l'autre sont des « fils de la désobéissance » (Eph. 2 : 2). Et la fin de l'histoire révèle que la différence entre eux est l'inverse de ce que l'on pouvait penser au début.

Le plus jeune dit à son père (v. 12) - Le cadet manifeste l'impétuosité de la jeunesse. Plein d'illusions sur lui-même et sur le monde, il n'a encore que peu vécu et n'a guère appris les difficiles leçons de l'école de la vie.

Donne-moi la part du bien qui me revient (v. 12) - Ses exigences sont à l'image des revendications des hommes d'aujourd'hui. Nous vivons dans une société qui affirme avoir des droits : droit à la santé, droit au logement, droit au travail… la liste est longue de tout ce qu'on revendique aujourd'hui. Cet état d'esprit montre combien les hommes sont loin de se placer devant Dieu. Comment, devant Lui, se prévaloir d'un droit quelconque ? Mais le croyant réalise avec adoration que s'il n'a ni mérite ni droit à faire valoir, Dieu lui a conféré « le droit d'être enfant de Dieu » (Jean 1 : 12).

Il leur partagea son bien (v. 13) - L'attitude du père illustre la bonté de Dieu qui dispense ses biens à sa créature malgré son triste état (Matt. 5 : 45) Quelle patience et quelle bonté vis-à-vis d'une humanité ravagée par le péché ! Les multiples manifestations de cette bonté sont autant d'appels de sa grâce pour toucher les cœurs éloignés de Lui.

Le plus jeune fils vendit tout et partit pour un pays éloigné (v. 13) - Au lieu de rapprocher l'homme de son Créateur, les ressources de la grâce de Dieu sont utilisées pour s'affranchir de sa dépendance et s'éloigner toujours davantage de Lui. Mais le croyant sait qu'il n'est jamais propriétaire des biens qui lui sont confiés, qu'il n'en est que le gestionnaire, et qu'il aura à rendre compte de son administration (Luc 16 : 2). Cette gestion ne concerne pas seulement nos biens matériels mais aussi notre corps, nos facultés comme aussi les dons qu'Il a pu nous confier dans le domaine spirituel (Matt. 25 : 14-30).
            L'éloignement du jeune homme, souligné par le mot « dehors », porte nos pensées sur plusieurs passages, notamment : Caïn, meurtrier de son frère, sort de la présence de l’Eternel (Gen 4 : 16) ; Judas sort de la présence du Seigneur pour aller le trahir (Jean 13 : 30).

Il dissipa ce qu'il avait, en vivant dans la débauche (v. 13) - Nous reconnaissons les caractères de notre monde corrompu envahi par le matérialisme et la sensualité débridée.

Après qu'il eut tout dépensé, une grande famine survint (v. 14) - L'homme épuise ce que la bonté de Dieu lui a confié. Les périodes de disette et les catastrophes naturelles amènent souvent les hommes à accuser Dieu auquel ils ont tourné le dos. Elles sont pourtant permises pour parler aux consciences et aux cœurs. Ne passons jamais à la légère sur les épreuves que Dieu nous envoie. Soyons exercés par elles.

Lui aussi commença à être dans le besoin (v. 14) - Si négative que puisse paraître la situation, elle est pourtant le premier point positif du triste chemin suivi par ce jeune homme. Se sentir sans besoins, ou penser n'avoir besoin de rien, tient l'homme loin de Dieu. Situation tragique : « Orgueil, abondance de pain et insouciant repos » (Ezé. 16 : 49) -  qui peut même être celle de personnes portant le nom de chrétiens, comme à Laodicée (Apoc. 3 : 17). Que Dieu nous donne, individuellement et en assemblée, de réaliser l'étendue de nos besoins, afin que nous nous rejetions sur les ressources de sa grâce !

Il alla se joindre à l'un des citoyens de ce pays-là (v. 15) - Dans ce « pays-là » on recherche des solutions auprès des hommes. L'homme de la terre cherche des solutions humaines et c'est ce que fait ce jeune homme pressé par la faim. Dieu ne nous envoie jamais une épreuve pour tester nos capacités à nous tirer d'affaire, mais toujours pour nous apprendre à nous rejeter sur Lui.

Celui-ci l'envoya dans ses champs garder les porcs (v. 15) – Bien qu'issue d'une famille privilégiée, voilà ce fils au plus bas de sa dégringolade. Il en est réduit à disputer la nourriture aux porcs qu'il garde.

Personne ne lui donnait rien (v. 16) - Malgré ses prétentions à répondre à tout, le monde laisse le cœur désabusé et vide. Les aspirations profondes du cœur de l'homme sont bien au-delà de ce que le monde propose.

Revenu à lui-même (v. 17) – Voilà maintenant un travail intérieur. Il est l'heureux effet des circonstances extérieures douloureuses. Quand un incroyant vient à Dieu, la repentance est un passage obligé. Et lorsqu'un croyant s'est éloigné, il est nécessaire qu'il fasse un retour en lui-même dans l'humiliation et la confession.

Combien d'ouvriers de mon père ont du pain en abondance (v. 17) - Les souvenirs de la maison du père resurgissent. N'est-ce pas un encouragement pour des parents croyants qui pleurent un enfant égaré ? Dieu est puissant pour faire germer, à son heure, ce qui a été semé dans la plus tendre enfance et oublié pendant de longues années.

Je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et devant toi (v. 18) - Si graves que soient ses manquements à l'égard de son père, le fils perdu réalise que son péché est premièrement contre Dieu. Le travail de l'Esprit de Dieu dans une conscience amène toujours l'âme à se placer devant Dieu.

J'ai péché - Dans l'Ecriture, plusieurs ont prononcé ces mots - le Pharaon, Balaam, Acan, Saül, David, Shimhi, Job, Judas. Dans beaucoup de cas, ce n'étaient que des paroles légères. Dans le cas du fils prodigue, comme dans celui de David (2 Sam.12 : 13 ; 24 : 10, 17), cette déclaration traduit une vraie repentance. Dieu sait toujours exactement si nos paroles correspondent à une réalité intérieure. Il voit dans le secret de nos cœurs.

Il se leva (v. 20) - Si belle que soit sa confession, elle n'aurait aucune valeur si elle ne s'accompagnait pas d'un mouvement concret. La réalité de son repentir est confirmée par la rupture effective avec sa vie de péché et par son retour vers son père (Prov. 2 : 13).

Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion ; il courut à lui, se jeta à son cou et le couvrit de baisers (v. 20) - A l'image de l'amour de ce père, l'amour divin ne dépend pas de l'état de l'homme. Dieu a aimé des êtres perdus sans attendre d'eux une quelconque amélioration.

Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils (v. 21) - Plus nous réalisons notre indignité, plus nous laisserons le champ libre à la grâce divine.

Apportez dehors la plus belle robe, et l'en revêtez (v. 22) - Mettant de côté les vêtements qu'Adam et Eve avaient confectionnés eux-mêmes, Dieu les avait revêtus d'un vêtement qui avait nécessité un sacrifice (Gen. 3 : 7, 21). Ici, le père revêt son fils de la plus belle robe. Elle était déjà dans la maison et elle est apportée dehors. Ayant pleinement accepté l'œuvre de Christ à la croix, Dieu l'a ressuscité et l'a fait asseoir à sa droite. La justice dont Il revêt chaque croyant vient de la maison où Christ est entré après avoir obtenu une rédemption éternelle (Héb. 9 : 12).

Mettez-lui un anneau au doigt (v. 22) – Cet anneau est le gage d'une réception entière et définitive. Cela nous fait penser à l'anneau que le serviteur d'Abraham avait donné à Rebecca (Gen. 24 :  22).

Et des sandales aux pieds (v. 22) - Les sandales parlent de marche. Jusqu'alors le père ne pouvait approuver la marche de son fils. Désormais, il en sera autrement. Ainsi notre marche sur la terre devrait toujours être la conséquence pratique de l'immense amour dont Il nous a aimés (Eph. 4 : 17).

Mangeons et réjouissons-nous (v. 23) - La fête qui suit parle de communion et de joie. C'est bien à cette communion que le croyant est invité. Que Dieu nous accorde de vivre chaque jour dans cette heureuse proximité de Lui !

Son fils aîné était aux champs… à son retour… il entendit la musique et les danses. Il... demanda ce que c'était (v. 25-26) - Ce fils n'a pas de communion avec son père. Il ne participe en aucune manière à la joie qui accompagne le retour de son jeune frère. L'homme naturel est totalement étranger à la grâce ; il n'a pas la moindre idée de la joie qui accompagne la miséricorde et le pardon.

Il se mit en colère et ne voulait pas entrer (v. 28) - La conduite de son frère avait peut-être nourri son orgueil et alimenté sa propre justice. Maintenant ses prétentions l'empêchent d'entrer dans la maison et de connaître la douceur de la grâce.
Son père sortit, et le priait d'entrer (v. 28) - Le même élan qui avait conduit le père à se jeter au cou de son fils cadet et à le couvrir de baisers, l'amène à sortir vers son fils aîné. Il ne lui commande pas d'entrer, mais le prie de le faire, s'adressant ainsi à son cœur.

Mais lui, répondit à son père... (v. 29) - Selon les apparences, le fils aîné est bien meilleur que le second. Il n'a pas quitté la maison de son père ni n'a dissipé ses biens en vivant dans la débauche. Pourtant, ses paroles révèlent le triste état de son cœur. Elles montrent qu'il est aussi éloigné moralement de son père que l'était son cadet dans le pays lointain. Sans grand écart visible de conduite, son état moral est encore pire que celui de son frère.

Voici tant d'années que je te sers (v. 29) - Cette parole laisse entendre que ces années ont été lourdes et pénibles pour lui. C'est aussi ce que laisse entendre le troisième serviteur de la parabole, en Matthieu 25 : 24. Quelle différence avec ce qui nous est dit de notre Seigneur : « C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir » (Ps. 40 : 8) et « A cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix (Héb. 12 : 2).

Jamais je n'ai désobéi à un de tes commandements (v. 29) - Il a l'audace de dire cela au moment où il refuse de céder aux sollicitations de son père qui le prie d'entrer. A la douceur de la grâce répond, hélas, l'orgueil de la chair. Nous y reconnaissons les prétentions des pharisiens à observer la loi et à en tirer gloire.
            L'attitude du fils aîné vis-à-vis de son frère ressemble à celle du pharisien à l'égard du publicain en Luc 18 : 11-12. Tu ne m'as jamais donné un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis (v. 29) - Le verset 12 affirme pourtant que le père leur avait partagé son bien. Il avait traité ses deux enfants de la même manière. Mais la propre justice ne sait pas ce que c'est que la reconnaissance et ne discerne pas la bonté de Dieu. Ce chevreau, il l'aurait voulu pour faire un festin avec ses amis. Il ne recherche pas la joie et la communion avec son père, mais avec ses amis.

Mais quand celui-ci, ton fils... (v. 30) - Il ne le désigne pas comme son frère. Le méprisant de toute la hauteur de son orgueil spirituel, il renie toute relation avec lui. Ne se jugeant pas lui-même, il condamne et son père et son frère. C'est l'attitude des scribes et des pharisiens lorsque, dans leur propre justice et leur esprit de jugement, ils amènent au Seigneur une femme adultère (Jean 8 : 2-9).

Il était perdu et il est retrouvé (v. 32) - Dans ce récit, ce n'est pas le fils aîné qui aura le dernier mot, mais le père : « Celui-ci, ton frère, était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ». Dans l'histoire de Jonas non plus, Dieu ne laisse pas le dernier mot au prophète agressif. L'un et l'autre de ces deux récits se terminent par une parole qui souligne la grâce souveraine de Dieu. L'Eternel dit à Jonas : « Et moi, je n'aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle il y plus de cent vingt mille êtres humains qui ne savent pas distinguer entre leur droite et leur gauche, et aussi beaucoup de bétail ! » (4 : 11).

            Qu'a fait le fils aîné de cette grâce ? La Parole ne le dit pas. Mais la question pour chacun de nous est celle-ci : Cette grâce surabondante de Dieu à laquelle je dois tout, quelle entrée a-t-elle dans ma vie et dans mon cœur ?


B. D – « Messager évangélique » (2015 p. 299-306)