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Sentinelles


            « Mon âme attend le Seigneur, plus que les sentinelles n’attendent le matin, que les sentinelles n’attendent le matin » (Ps. 130 : 6).

            Prophétiquement, le Psaume 130 décrit l’œuvre intérieure qui s’accomplira dans le cœur du peuple d’Israël tandis que s’opérera sa restauration. Si nous voulons en faire une application, nous devons donc y voir une âme possédant la vie de Dieu, ayant suivi un chemin d’iniquité et maintenant conduite à réaliser son état : elle a le sentiment de son péché, la conscience de la sainteté de Dieu et en arrive à la connaissance de sa grâce. Les expériences par lesquelles elle passe vont l’amener à s’attendre à l’Eternel, puis à attendre l’Eternel lui-même (v. 5). Nous pouvons dire cependant qu’un travail intérieur analogue doit être produit dans toute âme loin de Dieu. Il faut qu’elle soit placée dans les « lieux profonds », qu’elle y sente sa misère, le poids et l’horreur de son péché, sa culpabilité  - qu’elle ait le sentiment d’avoir affaire à un Dieu juste et saint. Ce Dieu se révèle alors comme Celui qui pardonne (v. 4), comme le Dieu d’amour, le Dieu Sauveur. Après quoi peut soupirer l’âme qui a été délivrée de cette condition sans espoir, si ce n’est après la présence même de son Sauveur ? Elle a appris à connaître Christ comme Rédempteur, c’est avec Lui qu’elle veut être maintenant, c’est Lui qu’elle attend.


La sentinelle veille en attendant le matin

            Quelle attente ! Celle de la sentinelle qui désire voir paraître le matin. Davantage encore : « Mon âme attend le Seigneur plus que les sentinelles n’attendent le matin » et l’Esprit de Dieu, à dessein, répète cette expression pour fixer notre attention sur elle d’une manière particulière. C’est la nuit ; tandis que tout dort, seules les sentinelles veillent. Elles sont séparées - d’une façon permanente, pendant toute la nuit - de ceux qui dorment ou profitent des ténèbres pour faire le mal. Celui qui est parti « en voyage, laissant sa maison » leur a confié un service qu’elles pourront remplir seulement dans la mesure où elles auront réalisé cette séparation : Il a commandé au portier de veiller (Marc 13 : 34). Heureux celui qui reste fidèle à sa mission, ne s’en laissant détourner par quoi que ce soit, veillant comme une sentinelle vigilante : « Bienheureux l’homme qui m’écoute, veillant à mes portes tous les jours, gardant les poteaux de mes entrées » (Prov. 8 : 34). C’est un service à remplir non de temps à autre, mais « tous les jours », c’est-à-dire de manière constante. La nuit est longue ; plus l’attente se prolonge, plus elle devient pénible. La sentinelle a hâte de la voir arriver à son terme ; elle attend, avec impatience peut-être, le lever du jour et toutes ses pensées sont tendues vers le moment où le matin sera là.
            Plus qu’elles ne l’attendent, nous attendons le Seigneur. C’est encore la nuit de son absence, nuit qui a commencé à la croix, alors que Celui qui était la lumière a été rejeté et mis à mort par ceux qui Lui ont préféré les ténèbres, ténèbres morales qui règnent dans ce monde depuis la chute. Mais ce sont les derniers moments de veille, les plus pénibles sans doute, car depuis longtemps déjà les rachetés soupirent, mais en même temps les plus proches du glorieux matin qui va paraître.
            Nous « sommes de Dieu » au milieu de ce monde qui « gît dans le méchant » (1 Jean 5 : 19), parmi une chrétienté qui n’a plus qu’une forme de piété, tandis que beaucoup se sont laissé gagner par le sommeil. Et, dans quelle mesure n’avons-nous pas aussi à « nous réveiller du sommeil » ? Veillons et attendons Celui qui vient. Déjà l’Etoile du matin s’est levée dans nos cœurs, « la nuit est très avancée et le jour s’est approché » (Rom. 13 : 11-12). Bientôt pour nous la nuit va prendre fin, Christ va paraître pour achever ce qui nous concerne, transformer nos corps d’abaissement en la conformité de son corps glorieux (Phil. 3 : 21). Le salut, la délivrance, est plus près de nous que lorsque nous avons cru !
            Heureux sommes-nous de pouvoir attendre le Seigneur chacun individuellement, mais aussi collectivement, comme l’épouse attend son époux ! « Et l’Esprit et l’Epouse disent : Viens ! » (Apoc. 22 : 17).


Elle avertit
 
            « Sentinelle, à quoi en est la nuit ? Sentinelle, à quoi en est la nuit ? La sentinelle dit : Le matin vient, et aussi la nuit. Si vous voulez vous enquérir, enquérez-vous ; revenez, venez » (Es. 21 : 11-12).
            Laissés ici-bas comme des sentinelles chargées de veiller et d’attendre, nous avons aussi une autre responsabilité : celle d’avertir. Ce passage du livre d’Esaïe nous le montre, bien que les trois oracles contenus dans ce chapitre concernent directement Babylone, Edom et l’Arabie. Au verset 6, la sentinelle, à son poste, est invitée à dire ce qu’elle voit. Elle observe, elle écoute « diligemment, avec grande attention » - et c’est bien par là qu’il nous faut commencer aussi : écouter le message d’avertissement que Dieu veut nous voir transmettre à ceux sur lesquels le jugement est suspendu, l’écouter « diligemment, avec grande attention ». Ensuite, la sentinelle ne garde pas pour elle ce qui lui a été communiqué, elle crie « comme un lion ». Elle crie avec puissance, mais on n’écoute pas ! Tandis que retentissent ses avertissements, à Babylone se déroule la scène de Daniel 5 : 1-4. Aussi le jugement va être exécuté sur ceux dont les oreilles sont restées fermées à ses appels. Personne n’a écouté, mais qu’importe, la sentinelle n’a pas failli à sa responsabilité. Comme à Ezéchiel, s’adresse à nous aussi aujourd’hui l’injonction divine : « Tu leur diras mes paroles, soit qu’ils écoutent, soit qu’ils n’en fassent rien » (Ezé. 2 : 7) ; et encore : « Et toi, fils d’homme, je t’ai établi sentinelle pour la maison d’Israël, et tu entendras la parole de ma bouche, et tu les avertiras de ma part. Quand je dirai au méchant : Méchant, certainement tu mourras ! et que tu ne parleras pas pour avertir le méchant à l’égard de sa voie, lui, le méchant, mourra dans son iniquité ; mais je redemanderai son sang de ta main. Et si tu avertis le méchant à l’égard de sa voie, pour qu’il s’en détourne, et qu’il ne se détourne pas de sa voie, il mourra, lui, dans son iniquité ; mais toi, tu as délivré ton âme » (Ezé. 33 : 7-9).
            La sentinelle d’Esaïe 21 avertit encore. Mais ici, on se moque ! Déjà sans doute elle avait annoncé le jugement, elle avait parlé de « la nuit », mais ce jugement n’est pas encore venu, la nuit n’est pas encore là ; aussi, railleurs et ironiques, les moqueurs l’interrogent : « Sentinelle, à quoi en est la nuit ? Sentinelle, à quoi en est la nuit ? ». Les moqueurs, c’est le signe des derniers jours : « Aux derniers jours viendront des moqueurs qui se livreront, au gré de leurs désirs, à la moquerie, et diront : Où est la promesse de sa venue ? car, depuis que les pères se sont endormis, tout demeure dans le même état depuis le commencement de la création » (2 Pier. 3 : 3-4). La sentinelle peut bien répondre : « le matin vient, et aussi la nuit ». Pour ceux qui veillent et attendent, quelle parole de réconfort et d’encouragement : le matin vient ! Oui, rachetés du Seigneur, le matin vient !
 
                        Courage donc, ô pèlerins !
                        Levons en-haut la tête ;
                        Hâtons nos pas, ceignons nos reins :
                        La délivrance est prête.

 
            Certains peuvent tourner en dérision notre espérance, se moquer... C’est une preuve de plus que le matin est là ! Et aussi la nuit. Solennelle parole d’avertissement pour toute âme qui n’a pas réalisé qu’elle était dans les « lieux profonds », qui n’a pas eu le sentiment de son péché et n’a pas appris à connaître Christ comme Rédempteur - pour tous ceux qui n’ont qu’une profession chrétienne sans avoir la vie de Dieu. Et aussi la nuit ! Éternelle nuit, « ténèbres de dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matt. 22 : 13).
            Mais aujourd’hui est encore un jour de grâce : le Seigneur est « patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (2 Pier 3 : 9). Sentinelles qui attendons le matin, nous avons le privilège et la responsabilité d’avertir et de répéter aux incrédules et aux moqueurs cette parole qui est un appel de grâce : « Si vous voulez vous enquérir, enquérez-vous ; revenez, venez » (Es.  21 : 12).
            Si vous voulez... C’est à vous qu’il incombe de choisir, la chose est laissée à votre responsabilité. Dieu veuille que beaucoup désirent encore  s’enquérir » : Sa Parole est là pour les instruire et son Esprit, pour les éclairer. Revenez, vous qui êtes éloignés et égarés sur un mauvais chemin. Venez, « vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés » ! Jésus vous invite aujourd’hui encore : « Venez à moi... et moi, je vous donnerai du repos » (Matt. 11 : 28).


Elle veille sur les « murailles » et intercède, faisant ressouvenir l’Eternel 
 
            « Sur tes murailles, Jérusalem, j’ai établi des gardiens ; ils ne se tairont jamais, de tout le jour et de toute la nuit. Vous qui faites se ressouvenir l’Eternel, ne gardez pas le silence, et ne lui laissez pas de repos, jusqu’à ce qu’il établisse Jérusalem, et qu’il en fasse un sujet de louange sur la terre » (Es.  62 : 6-7).
            Ce passage nous parle d’un autre service, d’une autre responsabilité des sentinelles. Comme toute prophétie, il ne s’interprète pas lui-même (2 Pier. 1 : 20) ; concernant directement le peuple terrestre, il s’applique aussi au peuple céleste. Des sentinelles avaient été placées sur les murailles de Jérusalem pour veiller à ce que l’ennemi ne vienne pas creuser des brèches par lesquelles il aurait réussi à s’introduire dans la ville. L’Ennemi, Satan, n’est-il pas à l’œuvre aujourd’hui plus que jamais, ne déploie-t-il pas tous ses efforts pour avoir accès dans le lieu où doit être réalisée une séparation complète et constante d’avec le monde ? Pensons à l’Assemblée, crions à Dieu pour elle comme les gardiens criaient à l’Éternel pour Jérusalem. Ayons davantage à cœur son témoignage, témoignage dans lequel l’Ennemi voudrait aussi creuser des brèches. Quels résultats seraient produits, quelle bénédiction serait répandue sur l’Assemblée et sur chaque assemblée locale si nous comprenions mieux que nous sommes des sentinelles placées sur la muraille pour « ne se taire jamais, de tout le jour et de toute la nuit » !
            Le service de la sentinelle est toujours considéré comme n’étant que pour un court moment ; c’est seulement pendant la nuit et la nuit va prendre fin. « Jusqu’à ce qu’il établisse Jérusalem, et qu’il en fasse un sujet de louange sur la terre ». Pour nous aussi, le service de la prière et de l’intercession ne durera pas toujours ; il se terminera quand l’Eglise de Christ sera enlevée, quand le matin sera là. Jusqu’à ce moment, notre responsabilité demeure : « ils ne se tairont jamais, de tout le jour et de toute la nuit. Vous qui faites se ressouvenir l’Eternel, ne gardez pas le silence, et ne lui laissez pas de repos » (Es. 62 : 6-7).


Elle chante de joie, car elle verra son Epoux » face à face »
 
            « Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur, qui annonce le salut, qui dit à Sion : Ton Dieu règne ! La voix de tes sentinelles ! - elles élèvent la voix, elles exultent ensemble avec chant de triomphe ; car elles verront face à face, quand l’Eternel restaurera Sion » (Es. 52 : 7- 8).
            Celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la délivrance et la paix, c’est Christ lui-même, apparaissant pour l’établissement de son règne - c’est Celui que le résidu attendait « plus que les sentinelles n’attendent le matin » et qui paraît alors « comme la lumière du matin, quand le soleil se lève, un matin sans nuages » (2 Sam. 23 : 4). Le matin vient ! avait annoncé la sentinelle d’Esaïe 21 : maintenant, le matin est venu !
            Qu’en est-il, alors, des sentinelles ? Le temps d’avertir est passé, comme aussi celui de la prière et de l’intercession ; la nuit a pris fin, plus d’attente et plus de veille - le service est achevé ! Mais la voix des sentinelles se fait encore entendre. Non plus pour « crier comme un lion » ou pour « faire se ressouvenir l’Eternel », mais pour « exulter ensemble avec chant de triomphe ». Elles sont toutes là, pas une ne manque pour le concert de l’allégresse éternelle. Sentinelles qui ont veillé pendant la nuit, averti et prié en attendant le Seigneur, elles entonnent un chant de triomphe. « La voix de tes sentinelles ! » Pourquoi peuvent-elles se réjouir ainsi ? « Car elles verront face à face ». Que sera-ce pour le résidu fidèle « quand l’Eternel restaurera Sion » !
            Mon âme attend le Seigneur... espérance du cœur, attente de la foi enfin couronnée : elles verront face à face. Et tandis que l’Eglise dans la gloire céleste sera le centre du gouvernement, pendant le règne, « ses esclaves le serviront, et ils verront sa face » (Apoc. 22 : 4).
            Bientôt l’épouse céleste contemplera à jamais son Epoux. « Nous voyons à présent au travers d’un verre, obscurément, mais alors face à face » (1 Cor. 13 : 12). « Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; nous savons que, quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est » (1 Jean 3 : 2).
 
                        Des cieux nous aimons à t’attendre, ô cher Sauveur !
                        N’as-tu pas dit : Je viens vous prendre, puissant Sauveur ?
                        Oh ! félicités ineffables ! Voir de près tes traits adorables
                        Et t’être enfin rendus semblables, divin Sauveur !

 

            Le caractère du monde au milieu duquel nous avons à cheminer n’a pas changé depuis le commencement, mais se précise et s’accentue chaque jour davantage. Les ténèbres s’épaississent sur la terre, le mal fait des progrès rapides... Dans la chrétienté elle-même, des caractères de Laodicée (Apoc. 3 : 15-18) sont déjà manifestés et au sein du témoignage qui devrait refléter les traits de Philadelphie (v. 8, 10-11), que de relâchement, que de misères, que de sujets d’humiliations et de souffrances ! Il n’y a pas lieu cependant d’être découragé. Au travers d’un tel état de choses, attristante accumulation de ruines, puissions-nous être chacun, jusqu’à son retour, une sentinelle qui veille, qui avertit, qui intercède, qui attend...


D’après P. Fuzier – Messager Evangélique 1944