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JUGER LA RACINE  DU  MAL 


La chute de David et sa restauration
                  David, désœuvré, cède à la tentation 
                  Le roi cherche à cacher son péché
                  Le fils d’Isaï s’enfonce dans le mal 
                  La confession de David et sa restauration
D'autres exemples dans la Parole de Dieu
                  Abraham
                  Job
                  Pierre
 

            Le récit de la conduite de David vis-à-vis de Bath-Shéba est connu (2 Sam. 11 : 2-27). Après bien des victoires, ce roi connaît, semble-t-il, la plus cruelle défaite de son existence ; il est probablement au point le plus bas de sa vie spirituelle. Seul Dieu a pu l’amener à juger la racine de son péché devant Lui, le délivrer du poids de sa faute et lui rendre la joie de son salut (Ps. 51). D’autres exemples de la Parole, tels que celui du reniement et de la restauration de Pierre, nous montrent l’importance de nous placer dans la lumière divine afin de réaliser un jugement réel et profond du mal à sa racine.
 

La chute de David et sa restauration

            Dieu avait choisi David, tout jeune encore, parmi les fils d’Isaï. Il l’avait fait venir du parc des brebis pour « paître Jacob, son peuple, et Israël, son héritage » (Ps. 78 : 70-72).
            Il l’a constamment encouragé ; ainsi, par exemple, quand il avait été appelé à jouer de la harpe devant Saül, troublé dans son esprit (1 Sam. 16 : 13, 21-23). Ensuite, à l’occasion de son combat victorieux contre Goliath, David s’appuie sur son Dieu (1 Sam.17). Il devient le gendre de Saül et l’un des chefs respectés de son armée. Mais l’affection de Saül pour David se change bientôt en jalousie et en haine. Sans cesse en danger, le fils d’Isaï doit fuir de cavernes en lieux forts pour échapper à ce redoutable adversaire. Dieu veille avec bonté sur lui durant toutes ces années de douloureuse errance. A la mort de Saül, l’Eternel, qui l’avait fait oindre par Samuel, l’établit d’abord comme roi sur Juda, et bientôt sur tout Israël. Ses ennemis doivent se soumettre et David connaît alors enfin une période de paix dans son royaume.

                        David, désœuvré, cède à la tentation

            Mais la paix civile et la prospérité conduisent cet « homme de guerre » à une inactivité inhabituelle. Il s’ensuit rapidement des conséquences néfastes décrites plus tard par Salomon (Prov. 6 : 10). David décide de laisser la responsabilité d’une guerre contre Ammon entre les mains de ses capitaines, de Joab en particulier. Il prend la décision de rester chez lui, sans avoir cherché, semble-t-il, la pensée du Seigneur.
            Chaque fois qu’un croyant manque ainsi de dépendance, il montre sa propre volonté. Il  est en danger de se laisser surprendre par l’Ennemi qui rôde constamment autour de nous, cherchant qui il peut dévorer (1 Pier. 5 : 8). La chute de David aura des conséquences très douloureuses durant le reste de sa vie. Elle est un solennel avertissement pour chaque croyant ! Le cœur naturel de chaque enfant de Dieu, même du plus pieux, est toujours corrompu, grand ouvert aux convoitises que Satan ne manquera pas de lui présenter. Il lui faut prier et veiller constamment sur les « entrées » de son être intérieur, spécialement sur ses regards.  
            Se promenant, désœuvré, un soir sur le toit de son palais, le roi David aperçoit une femme, très belle à voir, en train de se laver. La convoitise envahit son cœur et y fait des ravages : il en vient promptement à l’adultère. Cette femme couche avec lui, conçoit et informe le roi qu’elle est enceinte.

                        Le roi cherche à cacher son péché

            Au lieu de s’humilier devant Dieu et d’accepter les conséquences de son péché, David demande le retour immédiat, à Jérusalem, d’Urie le Héthien, le mari de Bath-Shéba. Celui-ci quitte aussitôt le champ de bataille et dès son arrivée à Jérusalem,  il se rend chez David. Celui-ci s’enquiert, sans doute par pure forme, de Joab et de la condition des combattants dans leur ensemble. Puis il dit à son serviteur Urie : « Descends dans ta maison, et lave tes pieds » (v. 8) et après son départ, il lui envoie un présent.
            David voulait que le séjour d’Urie dans son foyer le fasse passer ensuite aux yeux de tous comme le père de l’enfant que Bath-Shéba attendait, à la suite de ses relations coupables avec le roi. Mais le calcul sordide de David échoue de façon inattendue. Il apprend qu’Urie n’est pas retourné chez lui : il est allé dormir avec les autres serviteurs de son seigneur. Alors le roi fait revenir Urie et l’interroge sur les raisons de son comportement ; celui-ci fait alors part des nobles motifs qui lui ont dicté une telle conduite (v. 10-11). En d’autres temps, David aurait fort probablement été touché par une si belle attitude ! Mais, présentement, hélas, sa conscience est endurcie. Il s’incline, en apparence seulement, et forge aussitôt dans son esprit une autre manière de parvenir à ses fins. Urie doit rester un jour de plus à Jérusalem et il est convié à partager le repas du soir de David, lequel l’enivre volontairement ! Or son nouveau plan échoue également. Malgré son état d’ébriété, Urie retourne passer la nuit avec les serviteurs de David. Le roi en est aussitôt informé.

                        Le fils d’Isaï s’enfonce dans le mal 

            David décide dans son cœur - cela paraît inconcevable - de faire mourir l’époux de Bath-Shéba, de plus en plus gênant. Son complice est tout trouvé : ce sera Joab. Satan, dans de tels cas, tient toujours à notre disposition les moyens de nous éloigner encore plus de Dieu. Le chef de l’armée est tout prêt à aider David à perpétrer son crime ; lui-même en a plusieurs sur la conscience. C’est un perpétuel intrigant qui cherche justement, pour servir son ambition, à faire de son roi son « obligé ». De plus, il est peut-être inquiet en voyant qu’Urie a été ainsi convoqué auprès de David à Jérusalem. Toute sa vie, il a voulu éliminer tous ses rivaux «  potentiels ». David lui envoie une lettre « par la main d’Urie » (v.14). Il y stipule qu’Urie doit être placé en première ligne, au fort de la bataille et laissé seul, « pour qu’il soit frappé et qu’il meure » (v.15). Cette fois, les funestes projets de David aboutissent : Urie est tué ! Joab avait justement lieu de craindre des reproches de la part de David. Il s’était imprudemment trop approché avec ses troupes de la ville et plusieurs de ses soldats étaient morts. Alors, dans son compte-rendu au roi, il glisse fort habilement qu’Urie aussi se trouve parmi ces morts (v. 18-21).
            Nous sommes extrêmement attristés de lire dans la Parole de Dieu ce que dit à Joab « le doux psalmiste d’Israël » - c’est du moins ainsi qu’on appelait jusqu’ici David. Il commente de façon cynique cette mort solennelle ! Il ose répondre à Joab qui vient d’agir sur ses ordres pour provoquer la mort d’Urie : « Que cela ne soit pas mauvais à tes yeux, car l’épée dévore tantôt ici, tantôt là … »  (v. 25). Il souhaite que Joab oublie ce qui n’est après tout qu’un fait regrettable, mais fréquent, dans les combats.
            Bath-Shéba a été infidèle à son mari. Elle est informée de sa mort et semble se lamenter. En tout cas, dès que le deuil « officiel » se termine, David la recueille dans sa maison. Elle devient officiellement sa femme et elle lui enfante un fils… que plus tard Dieu fera mourir ! « Tout est nu et découvert aux yeux de Celui à qui nous avons affaire » (Héb. 4 : 13) : « la chose que David avait faite fut mauvaise aux yeux de l’Eternel » (2 Sam. 11 : 27).     

            Si l’Esprit de Dieu donne tant de détails au sujet de cette affreuse affaire, c’est pour mettre en évidence divers aspects du chemin descendant qui a conduit David à une si terrible chute, et pour montrer à chacun comment une « restauration » peut encore être possible. 

                        La confession de David et sa restauration

            David, en ce temps-là, ne connaissait pas la pleine rédemption dont chaque croyant peut aujourd’hui jouir - après l’œuvre de la croix. Le précieux sang de Christ répandu devant Dieu nous purifie à jamais de nos péchés. Il ne pouvait donc pas avoir la paix qui est désormais la part heureuse d’un croyant. « Par une seule offrande, Christ a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Héb. 10 : 14). David ne savait rien encore au sujet de la souveraine sacrificature de Christ (Héb. 4 : 14) et de son rôle d’Avocat auprès du Père - si un croyant a péché (1 Jean : 2 :1-2). Toutes ces merveilleuses certitudes sont devenues la part des croyants. Toutefois la façon dont David va se comporter alors - avec un réel désir de retrouver la communion avec le Seigneur - peut servir de modèle à chaque croyant qui cherche avec ardeur à revenir à Dieu après une chute. Notre grand privilège est d’appartenir à la « dispensation de la grâce ».
            C’est dans le Psaume 51 que se trouvent les détails de la confession complète de David et la mention de sa belle restauration. Il commence par reconnaître avant tout que son péché est contre Dieu. Il dit : « Contre toi, contre toi seul, j’ai péché, et j’ai fait ce qui est mauvais à tes yeux » (v. 4). Ne croyons pas que ses paroles cachent une indifférence tenace à l’égard des souffrances que son péché infligeait aux autres, de façon peut-être définitive. David ne cherche pas à « minimiser » les tristes conséquences de son péché sur autrui - sur Urie en particulier. En réalité ses paroles expriment une réelle repentance. La restauration n’est possible que si l’on comprend d’abord la gravité de notre péché vis-à-vis de Dieu. S’arrêter seulement sur les effets de notre péché sur les autres peut seulement conduire au « remords ». Cela est fréquent lorsque le péché dévoilé est devenu public. Il s’agit alors seulement de la tristesse du monde qui produit la mort (2 Cor. 7 : 10b). En revanche, « une tristesse selon Dieu » se traduit toujours par une repentance salutaire, dont on n’a pas de regret (2 Cor. 7 : 10a). Elle se développe dès que le croyant réalise qu’il est dans la présence de Dieu. Si intense que soit la peine que je ressens en comprenant combien j’ai fait souffrir les autres, elle s’amoindrit dès que je réalise un peu la gravité de ce péché devant Dieu. Si quelqu’un le comprend vraiment, il n’est pas en danger de minimiser le tort causé aux autres hommes.
            David réalise également que vouloir offrir un sacrifice, alors qu’il se trouve dans un tel état, serait tout à fait déplacé. « Car tu ne prends pas plaisir aux sacrifices, autrement j’en donnerais ; l’holocauste ne t’est point agréable » (v.16). Il a compris que le seul sacrifice que Dieu recherche à ce moment-là, c’est un esprit brisé : « O Dieu ! Tu ne mépriseras pas un cœur brisé et humilié » (v. 17). Les deux brisements sont nécessaires : quand mon esprit et mon cœur sont vraiment brisés, la preuve est donnée que je suis réellement humilié devant Dieu. Si le Seigneur voit que mon cœur est maintenant droit devant Lui, Il peut accepter à nouveau des sacrifices de louange.
            Nous sommes prêts parfois à « faire amende honorable » devant Dieu, à confesser devant le Seigneur avoir mal agi. Mais il faut d’abord ressentir la « gravité » de notre péché, en être réellement humilié devant Dieu. Alors, on saisit un peu mieux l’immense portée du sacrifice de Christ : le fait qu’Il a ainsi été fait péché et qu’Il a expié notre péché est une chose merveilleuse. Il faut un certain temps pour en arriver là. Celui qui s’était souillé, dans Nombres 19, devait être purifié le troisième et le septième jour. Il faut ressentir d’abord la grandeur de son péché en présence de la grâce de Dieu. Ensuite nous serons en mesure de comprendre avec adoration l’immensité de cette grâce divine à l’égard du péché. Il faut pour cela, répétons-le, avoir au préalable un esprit et un cœur brisés. David demandait dans sa prière : « Ne me renvoie pas de devant ta face, et ne m’ôte pas l’esprit de ta sainteté » (Ps. 51 : 11). Nous comprenons un peu le travail profond que le Seigneur a dû opérer dans son cœur. Il fallait qu’il juge certes son « acte » de péché, mais surtout la racine qui était à l’origine. Dieu envoie Nathan à David pour l’aider à prendre conscience de son péché. La touchante parabole de la brebis volée à un pauvre homme, alors que c’était son seul bien, était propre à atteindre le cœur de celui qui avait d’abord été un berger. Elle pouvait l’amener à comprendre toute l’horreur de sa faute. Nathan lui dit : « Tu es cet homme » et David reconnaît son péché.
            En lui parlant de la sorte, ce prophète ne pensait pas uniquement au péché initial de David mais à tous les stratagèmes employés par le roi pour tenter de le cacher, pour le conduire finalement jusqu’au meurtre ! La convoitise est certes un grave péché, mais pour David sa racine se trouvait dans l’usage abusif qu’il a fait de la puissance et de l’autorité que Dieu lui avait confiées, en tant que roi d’Israël. Aucun autre homme ne pouvait voir Bath-Shéba se laver : il aurait fallu se trouver, comme David, sur le toit de ce palais. Aucun autre dans le royaume n’avait à sa disposition autant de moyens de recherche pour savoir rapidement de quelle femme il s’agissait. Lui seul pouvait ensuite lui envoyer des messagers qui l’ont prise et ramenée immédiatement chez lui. David avait pu alors assouvir sa convoitise sans plus attendre. Lui seul en Israël disposait de tout le pouvoir nécessaire pour « manipuler » selon sa fantaisie les hommes et décider du lieu où ils devaient se trouver. David retire Urie du champ de bataille, le fait revenir à Jérusalem, dans le seul but de le mettre en contact intime avec sa femme. Il essuie cependant deux échecs successifs ; alors il renvoie ce soldat au combat, porteur à son insu, d’instructions secrètes à Joab, pour qu’il le fasse mourir. Celui-ci, obéissant au roi, l’expose au plus grand danger possible et l’obstacle, Urie, disparaît – mais Dieu sait tout et va intervenir.
            Il fallait que David juge cette racine d’un despotisme violent - allant jusqu’au meurtre. Heureusement il y a tout lieu de penser que ce roi l’a fait. En effet, au moment de la rébellion de son fils Absalom, il prend spontanément la place la plus humble qui soit. Il décide de renvoyer à Jérusalem l’arche qu’il aimait tant (Ps. 132), ignorant s’il pourrait retrouver plus tard sa place sur le trône (2 Sam. 15 : 25-29). Il laisse également Shimhi le maudire ; il prend ses insultes de la main de Dieu (2 Sam. 16 : 11). Il devrait en être toujours ainsi avec nous. Souvent, après avoir péché, nous jugeons notre acte, sans chercher à aller jusqu’à la racine du mal. Or si elle subsiste, nous avons tendance à retomber rapidement dans le même péché. Et même s’il s’agit d’un « nouveau » péché, qui semble tout à fait différent du premier, il a en réalité la même racine d’où plusieurs rejetons peuvent surgir. Quelqu’un a fait remarquer : Ce que nous faisons souvent, c’est pécher ; mais ce que nous sommes dans notre mauvaise nature déchue, toujours là, est pire encore ! Le fruit est mauvais, mais la racine plus détestable encore ; or, bien souvent, nous pensons que la racine n’est pas en relation directe avec le fruit produit.

 

D'autres exemples dans la Parole de Dieu

                        Abraham

            Abraham a dit à Abimélec que Sara était sa sœur (Gen. 20 : 2). On peut penser que c’était simplement la crainte de l’homme qui le faisait parler ainsi. Or la véritable racine était un manque de confiance en Dieu, alors pourtant que la foi était habituellement le point fort de cet homme de Dieu !

                        Job

            L’irritation de Job vis-à-vis de ses amis semble venir d’un manque de patience à leur égard. En réalité, une racine d’orgueil était cachée depuis longtemps dans son cœur (ch. 29). Pourtant chez lui - comme chez tout croyant – tout ce qui plaît à Dieu n’est en fait qu’un fruit de la « grâce » de Dieu ! Cet orgueil avait fait ressentir plus amèrement encore à Job les « fausses accusations » portées contre lui par ses amis. Mais le travail divin s’opère en lui, en partie par le moyen d’Elihu, et il déclare enfin : « J’ai horreur de moi et je me repens dans la poussière et dans la cendre » (Job 42 : 6). Dieu lui dit alors qu’il doit « prier pour ses amis ». Le patriarche accepte et confirme ainsi qu’il a réellement jugé son orgueil dans la présence divine. Job est maintenant rétabli par l’Eternel dans son ancien état (v.10).

                        Pierre

            Le reniement de Pierre semble à priori dû à la crainte de l’homme. Mais la vraie racine de sa terrible chute se trouve dans le fait qu’il croyait aimer le Seigneur mieux que les autres disciples. D’où la question que Jésus lui pose devant tous, lors de sa restauration publique : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ceux-ci ne m’aiment ? » (Jean 21 : 15). Il ne lui rappelle pas son péché, mais désire l’amener à juger la confiance en lui-même et l’énergie charnelle qui l’ont caractérisé jusqu’ici. Attristé de ce que Jésus lui demande pour la troisième fois « M'aimes-tu ? », Pierre s’en remet entièrement à Lui : « Toi tu sais tout, tu sais que je t’aime » (v. 17). Toute sa prétention a disparu, la conviction de son état est produite dans sa conscience ! Sa propre volonté jugée, il pourra désormais marcher fidèlement dans la dépendance de Christ. « Rempli de l'Esprit Saint » (Act. 4 : 8), il accomplira avec puissance le service confié par son Maître.

            Seul le Seigneur peut restaurer et Il se plaît à le faire ! David le reconnaît dans le Psaume 23 : « Il restaure mon âme ; il me conduit dans des sentiers de justice, à cause de son nom » (v. 3). Dans la présence de Dieu, tout vient à la lumière : nous sommes ainsi amenés à confesser nos péchés, au lieu de nous contenter de demander simplement au Seigneur de nous pardonner. Dieu nous aide alors à découvrir leur véritable racine ! Il est fidèle pour nous pardonner, mais Il veut aussi nous « purifier de toute iniquité » (1 Jean 1 : 9).

 

Ph. L                 le 17. 10.14