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ETUDE SUR L’EPITRE AUX HEBREUX (10b)

                                         

           

CHAPITRE 10 (suite)

Vers Jésus Christ, le vrai but (10 : 19 à 13 : 25)

            En commençant cette dernière partie de l’épître, l’auteur résume en peu de mots, et toujours sous une forme pratique, l’importante doctrine qu’il vient d’exposer : « Ayant donc, frères, une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu’il a ouvert pour nous à travers le voile… ayant aussi un grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur vrai, en pleine assurance de foi… » - belle et touchante parole terminant si bien l’admirable enseignement qui précède (ch. 4 : 14 à 10 : 18), et amenant d’une façon si naturelle les applications pratiques qui vont suivre !
            C’est par une exhortation semblable que l’auteur avait introduit le sujet spécial du sacerdoce de Christ (4 : 16), et c’est par cette même exhortation qu’il le termine en quelque sorte. Ici, comme au chapitre 4, il rappelle aux Hébreux le libre accès qu’ils possèdent auprès de Dieu par ce puissant et miséricordieux sacrificateur dont la douce et rassurante image est si propre à les soutenir dans la grande lutte où ils sont maintenant engagés.
            Puis, il en tire aussi les deux mêmes conséquences :
                   1- Ayant l’entrée du sanctuaire par le grand sacrificateur que Dieu a établi sur sa maison, approchons-nous librement de Lui (10 : 22) dans tous les exercices de notre culte. Approchons-nous ! C’est, comme nous l’avons déjà dit, un mot qui, au point de vue de nos relations avec Dieu, caractérise admirablement la nouvelle alliance.
            Le chapitre 4 : 14-16 nous a dit dans quel but il faut s’approcher de Lui ; le chapitre 10 nous enseigne de quelle manière, avec quelles dispositions, il convient de le faire :
                      - d’abord avec un cœur vrai, c’est-à-dire avec un cœur exempt, non de toute faiblesse, mais de toute défiance, de tout formalisme, et de toute hypocrisie (Jean 4 : 23-24) ;
                      - puis, avec une pleine certitude de foi, c’est-à-dire avec une foi qui admet et s’approprie entièrement, sans aucune arrière-pensée, et sur le témoignage du Dieu qui ne peut mentir, les grandes vérités que le Lévitique (ch. 16), symbolise, et que l’épître aux Hébreux explique et développe – le sacerdoce de Jésus Christ et ses glorieux résultats ;
                      - ayant, de plus, les cœurs par aspersion purifiés par le sang de Christ, et ainsi purifiés d’une mauvaise conscience (10 : 2) par une foi simple et ferme en la pleine suffisance et l’éternelle efficace du sacrifice de ce précieux Rédempteur (v. 14) ;
                      - le corps lavé d’une eau pure dans le baptême d’eau qui est l’image du baptême de l’Esprit (Jean 3 : 5 ; Tite 3 : 5).
                   2- Et voici maintenant la seconde conséquence que l’auteur tire de cette même vérité : riches de si magnifiques privilèges, retenons invariable la confession de l’espérance (v. 23). Telle est la pensée qui domine et résume, en quelque façon, la partie essentiellement pratique de la lettre qu’il adresse aux Hébreux.

            L’auteur de l’épître venait de présenter de fait aux Hébreux, comme premier motif pour retenir jusqu’à la fin la profession de leur espérance, l’encourageante pensée de ce grand sacrificateur qui est toujours disposé à prêter aux siens l’appui de son ministère. Il va maintenant leur présenter un nouveau motif de persévérance : la fidélité de Celui qui a fait les promesses (v. 23 ; 1 Thes. 5 : 23-24).
            Puis, comme moyen de persévérer dans la confession du nom de Christ sans se laisser ébranler en rien - ni par les menaces, ni par les sophismes de leurs adversaires, ni par la séduction de leurs propres cœurs -, l’auteur invite ensuite les Hébreux à prendre garde les uns aux autres, pour se stimuler à l’amour et aux bonnes œuvres (v. 24), et à ne pas abandonner les rassemblements d’eux-mêmes dans lesquels les disciples de Jésus s’exhortent mutuellement à lui demeurer fidèles. Il les engage d’autant plus à le faire que le jour du Seigneur approche (v. 25). L’apôtre se borne ici à indiquer cette dernière pensée ; il la développera plus loin (v. 37- 38).
            Il y a un autre motif de persévérance : le sort final des apostats. Ce point a déjà été mentionné au chapitre 2 (v. 1-4) et aux chapitres 3 ; 4 ; 6 ; 8. L’auteur sait que les grandes détresses prédites par le Seigneur (Luc 21) ne sont pas loin d’arriver, que la foi des Hébreux va plus que jamais être mise à une redoutable épreuve, et qui voit déjà plusieurs d’entre eux en danger d’abandonner l’évangile ; il leur rappelle, dans de solennelles paroles, le jugement terrible que Dieu réserve à ceux qui auront lâchement déserté la cause de Christ, et grossi les rangs de ses adversaires (v. 26-31).

            Mais ne voulant pas laisser les Hébreux fidèles sous l’impression des sinistres paroles que sa plume vient de tracer, il se hâte, à partir du verset 32, comme au chapitre 6 (v. 11), de changer envers eux de langage et de stimuler leur foi par les plus pressantes et les plus paternelles exhortations. D’abord, il leur remet en mémoire tout ce qu’ils ont eu à souffrir dès le commencement pour la cause de l’évangile (v. 32-33). Voudraient-ils l’avoir souffert en vain ? C’est un nouveau motif de persévérance. Il leur rappelle ensuite, dans ce même but, tout ce qu’ils ont montré de sympathie pour leurs frères éprouvés comme eux-mêmes, en particulier pour lui, Paul, et comment ils ont accepté avec joie l’enlèvement de leurs biens, sachant qu’ils avaient dans les cieux des biens meilleurs et permanents (v. 34). Mais les raisons qui doivent engager les Hébreux à persévérer jusqu’à la fin ne sont pas épuisées. L’auteur fait aussi briller à leurs yeux la couronne que le Seigneur, dont la venue est proche, posera lui-même sur le front de ceux qui auront vaincu. Leur combat ne durera pas bien longtemps encore. Abandonneraient-ils le champ de bataille au moment où leur confiance va recevoir sa rémunération ? (v. 35-39).
            Ainsi le souvenir des souffrances passées et la perspective de la gloire à venir, sont finalement les puissantes considérations que l’apôtre développe avec tant de force dans notre chapitre, pour déterminer les Hébreux à demeurer fidèles à leur divin Maître jusqu’au bout. Elles avaient pour eux un remarquable à propos : remplis d’abord de la douce espérance de voir bientôt paraître le Seigneur, ils avaient enduré avec joie la persécution pour l’évangile ; mais aujourd’hui la foi de plusieurs commençait à faiblir, et sans doute prêtaient-ils l’oreille à ces moqueurs, à ces apostats qui, déjà alors, disaient : « Où est la promesse de sa venue ? » (2 Pier. 3 : 4). Il fallait relever leur courage abattu, raffermir leur foi chancelante. C’est le but que se propose ici l’auteur et qu’il ne perd pas un instant de vue dans toute son épître. Dans le chapitre 11, et dans cette même intention, il placera sous leurs yeux l’exemple des fidèles de l’Ancien Testament, de ces héros de la foi qui, dans les plus grandes tentations, et au sein des persécutions les plus cruelles, ont persévéré jusqu’à la fin, sans jamais douter de la fidélité du Seigneur ni de la vérité de ses promesses, bien que l’accomplissement ait dû en être différé fort longtemps encore.

                        Un chemin nouveau est ouvert par le sacrifice de Christ

            « Ayant donc, frères, une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu’il a ouvert pour nous à travers le voile, c’est-à-dire sa chair » (v. 19-20).
            L’assurance donnée par la foi en l’évangile est opposée à l’esprit de servitude légale ; une « pleine liberté » est donnée pour entrer dans le sanctuaire céleste. Une nouvelle allusion est faite à la solennelle entrée du souverain sacrificateur dans le lieu très saint (Lév. 16). Il y a plusieurs lieux de réunion pour les chrétiens qui veulent rendre en commun leur culte à Dieu ; mais il n’y a pour eux qu’un sanctuaire, celui que le Christ leur a ouvert.
            Par le sang de Jésus (9 : 12), un « chemin nouveau » est ouvert, par opposition à celui que suivait le souverain sacrificateur dans la journée des propitiations - en même temps sans doute qu’à celui des œuvres, ou de l’obéissance personnelle de l’homme. C’est, littéralement, un « chemin immolé récemment » ; Jésus, qui venait d’ouvrir le ciel par sa mort, est ce chemin-là (Jean 14 : 6).
            C’est un chemin « vivant » : Christ, mort, puis ressuscité et glorifié, est Lui-même le chemin qui mène au ciel (Apoc. 1 : 18).
            Il nous a ouvert ce chemin, il l’a consacré en y marchant le premier. Le mot est employé en Deutéronome 20 (v. 5), en parlant d’une maison qu’on n’a pas encore consacrée en l’habitant. Jésus est entré avant nous dans le ciel à la faveur et par la vertu de son propre sang. Et c’est à la faveur de ce même sang  - selon l’expression de Calvin, « il retient toujours sa couleur vive, et nous suffira jusqu’à la fin du monde » - que nous y entrons aussi nous-mêmes.
            Jésus nous l’a frayé au travers du voile (c’est-à-dire sa chair). Le voile, symbole complexe, préfigurait deux choses :
                      - d’abord, la chair ou nature humaine du Seigneur, qui voilait, en effet, sur la terre les splendeurs de la divinité habitant en Lui corporellement -comme le grand voile du tabernacle dérobait aux regards d’Israël les splendeurs du lieu très saint ; c’est cette chair aussi qui a été meurtrie et déchirée à la croix pour nous ouvrir le chemin du ciel (Matt. 27 : 51) : c’est le voile déchiré.
                      - Le voile préfigurait encore les cieux visibles que Jésus a traversés pour entrer dans le sanctuaire où Il paraît maintenant pour nous devant la face de Dieu : c’est la voile soulevé (4 : 14). « Le voile, dit Calvin, couvrait les secrets du sanctuaire, et toutefois il en ouvrait l’entrée ; ainsi, quoique la chair de Christ nous cache la divinité, elle nous mène cependant jusqu’au ciel. Nul ne trouvera Dieu sinon celui auquel Christ Homme sera la voie de la porte ».

            Nous avons «  un grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu » (v. 21).
            Il est « grand », toujours par opposition au souverain sacrificateur de la Loi : celui-ci n’était qu’un serviteur dans la maison ; Jésus est le Fils (3 : 5-6).
            Il est « établi sur la maison de Dieu » (1 Tim. 3 : 15), le temple spirituel, l’Eglise du Dieu vivant, composée de tous les croyants (issus des nations comme des Juifs (Eph. 2 : 22 ; 1 Pier. 2 : 5).

                        « Approchons-nous »

            « Approchons-nous avec un cœur vrai, en pleine assurance de foi, ayant les cœurs par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’eau pure » (v. 22).

            Nous nous approchons de Dieu par le moyen du grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu  (4 : 14-16) - non plus avec les aspersions, les purifications charnelles, les cérémonies extérieures de la Loi, non plus avec un « cœur fardé et double », comme dit Calvin, mais avec un cœur vrai, entier, confessant son péché et le délaissant, et pour Lui rendre le seul culte qu’Il agrée sous l’évangile, le culte « en esprit et en vérité » (Jean 4 : 23-24).
            Nous nous approchons dans une pleine assurance de foi (assurance ou certitude - en grec : plêrophoria), en sa médiation (Eph. 3 : 12).
            Il y a trois « plêrophoria » dans le Nouveau Testament :
                      - la certitude de l’intelligence (Col. 2 : 2) ; c’est la pleine intelligence du salut qui est en Christ ; je dis « pleine » dans la mesure, bien entendu, où nous pouvons le comprendre, le saisir ici-bas ;
                      - l’assurance de la foi (Héb. 10), ou la pleine réception de ce même salut ;
                      - la certitude de l’espérance (6 : 11), ou la pleine jouissance que nous en avons dans les prémices et les arrhes du Saint Esprit.
            Nous avons les « cœurs par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience », délivrés des accusations et des appréhensions d’une conscience coupable, par la foi au sang de Christ (v. 14), et par cela même affranchis de toute affection charnelle et mauvaise. « Quant à moi, dit Calvin, je suis content de comprendre sous ces mots les deux choses ».
            La mention du corps « lavé » ou baigné d’une eau pure est une allusion aux ablutions de la Loi, à celle, en particulier que le souverain sacrificateur pratiquait avant d’entrer dans le lieu très saint (Lév. 16), en même temps qu’au baptême de l’évangile envisagé comme une image de la purification intérieure opérée par le Saint Esprit et par la Parole (Tite 3 : 6 ; Ezé. 36 : 25 ; Eph. 5 : 26). Que tout soit pur en nous, que tout soit chaste, le corps comme l’esprit (2 Cor. 7 : 1) ; il en sera toujours ainsi si nous demeurons unis à Christ par la foi.

 

                        Loin de Ta présence l’homme est-il banni ?
                        Non, Ta grâce immense a tout aplani.

                        O Dieu sans limite, qu’on ne peut toucher,
                        Ton cœur nous invite à nous approcher.

 

                        La jouissance de biens meilleurs et permanents

            « Retenons la confession de notre espérance sans chanceler, car celui qui a promis est fidèle » (v. 23).
            Retenons, non seulement l’espérance, mais encore la franche et publique confession que nous devons en faire (3 : 6). L’espérance chrétienne, ainsi que nous l’avons déjà dit, présuppose la foi, et même la certitude de foi : c’est la jouissance anticipée du salut parfait qui est assuré en Christ à tous ceux qui croient. Elle a pour objet spécial l’héritage (ch. 9), les biens meilleurs et permanents réservés dans les cieux (ch. 10), ou, comme nous l’avons également dit, le jour où Jésus viendra lui-même introduire ses rachetés dans la pleine possession de cet héritage, de ces biens célestes, dans la plénitude de la joie et de la gloire de leur Seigneur (Tite 2 : 13).
            « Celui qui a promis » est fidèle à ses promesses ; l’espérance des chrétiens repose avant tout sur la fidélité du Seigneur, et non sur leur propre fidélité (1 Thes. 5 : 24). C’est un premier motif pour persévérer jusqu’à la fin.

            « Et veillons les uns sur les autres pour nous stimuler à l’amour et aux bonnes œuvres » (v. 24).
            L’auteur ajoute cette exhortation à prendre garde les uns aux autres, non pour nous épier, nous juger ou nous critiquer mutuellement, mais pour nous stimuler à l’amour et aux bonnes œuvres (3 : 13), rivalisant ainsi de zèle et de charité ; c’est la seule rivalité qui soit permise à des chrétiens. Si nous aimons véritablement nos frères, nous aurons à cœur leur avancement spirituel et leur salut comme le nôtre, et nous aspirerons alors à leur donner de saints exemples.
            Les « bonnes œuvres », selon l’Ecriture, sont celles qui réunissent les trois conditions suivantes :
                      - elles ont un bon principe, l’amour de Dieu ;
                      - elles ont un bon but, sa gloire ;
                      - elles sont faites d’après une bonne règle, sa Parole.
            A ce compte, combien de bonnes œuvres n’en sont pas véritablement ! Il y a des œuvres avant la régénération (Eph. 2 : 9) ; mais il n’y en a de « bonnes » qu’après (v. 10). Martin Boos disait : « O Dieu ! pardonne-moi mes péchés, mais surtout mes bonnes œuvres » - il parlait certainement des œuvres de la propre justice de l’homme, ces œuvres qui sont le plus souvent entachées d’orgueil, de recherche de soi-même, et qui, dès lors, sont de vrais péchés, et, par leur nature, de grands péchés devant Dieu.

            « N’abandonnant pas le rassemblement de nous-mêmes comme quelques-uns ont l’habitude de faire, mais nous exhortant l’un l’autre, et cela d’autant plus que vous voyez le jour approcher » (v. 25).
            C’est la réunion locale, l’église en un lieu, telle que le Seigneur et ses apôtres l’ont instituée pour tous les temps et tous les lieux (Actes et Epîtres). Elle renferme tout ce qui est nécessaire à l’affermissement des croyants, comme à l’appel et à la conversion des pécheurs. C’était là que les convertis du judaïsme, tout en assistant encore au culte national, s’encourageaient mutuellement à persévérer dans la foi.
            Ils négligeaient habituellement le rassemblement de leurs frères autour du Seigneur pour suivre les cérémonies d’un culte tout extérieur et tout symbolique qui les séduisait encore par la majesté des rites, et par la puissance des souvenirs. Ils s’autorisaient à y participer sans nul doute du fait que ce culte était d’institution divine, mais ils oubliaient - ou ne comprenaient pas bien - que son temps était passé ; ils voulaient surtout éviter ainsi la persécution - signe fâcheux pour leur vie chrétienne, disposition funeste qui pouvait les conduire insensiblement à l’apostasie, et déjà même en était un premier symptôme.
            S’exhorter, ou s’encourager, « l’un l’autre » (Rom. 15 : 14 ; 1 Thes. 5 : 11) est un puissant moyen de sanctification. Le mot grec comprend du reste ce qui peut contribuer à l’édification : exhortation, intercession fraternelle, consolation. Ces diverses notions reparaissent dans le nom qui est donné au Saint Esprit : Paraclet (Jean 14 : 16) ; c’est le même mot dans l’original.
            L’exhortation est d’autant plus nécessaire que nous voyons le jour approcher, le jour du retour de Christ, ce jour qui est l’objet spécial de l’espérance chrétienne (Tite 2 : 13 ; Rom. 13 : 11) ; il s’agissait peut-être aussi du jour, alors très prochain, du jugement de Jérusalem et de la délivrance des chrétiens juifs (Luc 21 : 22). « Je pense, dit Calvin, que l’auteur fait plutôt mention au dernier avènement de Christ, l’attente duquel doit merveilleusement nous inciter tant à penser de vivre saintement, qu’à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix (Eph. 4 : 3) et à nous y employer avec une affection ardente. L’église a été tellement en ordre selon la pensée de Dieu dès le commencement que les fidèles se devaient proposer que le Juge allait venir bientôt ; mais le Saint Esprit nous avertit que mille ans sont comme un jour devant Dieu (2 Pierre 3 : 8) ». Autant que les Hébreux nous avons nous-mêmes besoin qu’on nous recommande, comme moyen de persévérer dans la profession de l’espérance, « la sollicitude pour toutes les assemblées » (2 Cor 11 : 28) afin que les chrétiens s’exhortent mutuellement à « demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur » (Act. 11 : 23), à Celui qui dit : « Je viens rapidement » (Apoc. 2 : 16).

            « Car si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une certaine attente terrible de jugement, et l’ardeur d’un feu qui va dévorer les adversaires » (v. 26-27).
            Le deuxième motif de persévérance est le sort final des apostats. Si, « après avoir reçu la connaissance de la vérité », nous péchons de propos délibéré, avec audace et fierté, au mépris de la Parole et des jugements de Dieu, si nous péchons « à main levée » (comme dit l’hébreu en Nombres 15 : 30-31), il ne reste plus de sacrifice pour les péchés. C’est toujours la révolte ouverte contre Dieu, la réjection complète et définitive de la vérité, le total endurcissement, l’apostasie, le péché contre le Saint Esprit (Matt. 12 : 31-32), et peut-être même un péché qui le dépasse, car celui qui commettait ce péché avait reçu la connaissance de la vérité, goûté la bonne Parole de Dieu et les miracles du siècle à venir (Héb. 6 : 5). Maintenant il disait anathème à Christ comme à un faux prophète ! Des âmes timorées ont pu imaginer, à un moment ou un autre, avoir commis le péché contre le Saint Esprit ; mais, il faut le répéter, aucun péché commis avant d’avoir reçu la connaissance de la vérité ne peut être ce péché-là (Apoc. 3 : 17-19 ; 1 Tim. 1 : 13), ni aucun de ceux que nous avons pu commettre après l’avoir reçue, si la Parole de Dieu nous appelle à nous en repentir, ou qu’elle nous fournisse l’exemple de gens qui s’en sont repentis et en ont obtenu le pardon.
            Il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, car on repousse le seul et unique sacrifice expiatoire, celui du Messie. « Novatus s’est armé de ce passage pour ôter indifféremment toute espérance de pardon à tous ceux qui seraient tombés en péché après le baptême ; et ceux qui ne pouvaient le réfuter ont mieux aimé n’ajouter point de foi à cette épître que de consentir à une telle absurdité. Mais, par ces mots : « si nous péchons », l’auteur entend ceux qui, ayant délaissé l’église, rejette entièrement Christ, se privant de sa grâce, le sachant et le voulant. Il ne reste pour eux aucun sacrifice, parce qu’en abandonnant Christ ils se privent du bénéfice de sa mort. Quant à ceux qui demeurent en Lui,  ils sont tous les jours au bénéfice de son sang ; leurs péchés sont tous les jours effacés par son sacrifice, qui leur est salutaire jusqu’à la mort » (Calvin).
            Le feu « qui va dévorer les adversaires »  est celui dont parle le Seigneur, le feu « qui ne s’éteint pas » (Marc 9 : 43) ; ce sont les horribles tourments d’une conscience en proie à d’éternels remords.

            « Si quelqu’un a méprisé la loi de Moïse, il est mis à mort sans pitié sur la déposition de deux ou de trois témoins » (v. 28).
            L’auteur emploie toujours le présent, car l’état juif subsistait encore à ce moment-là ; la loi de Moïse n’était pourtant que celle d’un serviteur dans la maison (ch. 3).
            Celui qui avait méprisé la Loi était mis mort « sur la déposition de deux témoins ou de trois témoins » (Deut. 17 : 6). « Comme on le voit toujours mieux, ce n’est pas des péchés ordinaires qu’il s’agit ici, mais du rejet complet de l’évangile, car la loi même ne punissait pas de mort toutes sortes de transgressions, mais bien l’apostasie (Deut. 17 : 2-5) » (Calvin).

            « Ne pensez-vous pas qu’il sera jugé digne d’une punition bien plus sévère, celui qui a foulé aux pieds le Fils de Dieu, et qui a estimé profane le sang de l’alliance par lequel il avait été sanctifié, et qui a outragé l’Esprit de grâce ! » (v. 29).
            Le Fils de Dieu est le Seigneur et le Maître de la maison (ch. 3). « Fouler aux pieds » est un acte public de mépris, de haine invétéré et de complet reniement. « Estimer profane » le sang de l’alliance, c’est le considérer comme le sang d’un homme ordinaire, et même d’un faux prophète, d’un imposteur qui a bien mérité l’ignominie et les douleurs de son supplice !
            Un tel homme avait été sanctifié, mis à part, enrôlé pour le service de Dieu. C’est le sens général du mot « sanctifier » dans l’Ecriture ; il n’implique pas nécessairement l’idée de la conversion (1 Cor. 7 : 14). Dans l’épître aux Hébreux, il signifie ordinairement « purifier du péché par le moyen d’un sacrifice » (2 : 11 ; 9 : 13 ; 10 : 10 ; 13 : 12), et fait allusion aux aspersions et purifications de la Loi : « Le sang que Christ a répandu ne profiterait de rien, si nous n’en avions pas reçu l’aspersion par le Saint Esprit : de là vient et la purification et la sainteté » (Calvin). Mais il faut se rappeler qu’ici, comme souvent ailleurs (par ex. 6 : 4-5), l’Ecriture parle des hommes suivant leur profession extérieure, leur apparence ; les apostats avaient connu quelque chose de l’efficacité sanctifiante du sang de Christ et de la paix qu’il procure.
            « L’Esprit de grâce » (Zach. 12 : 10), l’Esprit Saint (Héb. 6 : 4), auteur de toute vraie lumière, de toute bénédiction, de tout don spirituel (Rom. 12 : 6 ; Eph. 4 : 7), a été « outragé », gravement injurié. « C’est par Lui que nous jouissons de la grâce qui nous est offerte en Christ ; c’est Lui qui illumine nos entendements par la foi, qui scelle l’adoption de Dieu en nos cœurs, qui nous régénère en nouveauté de vie, qui nous lie au corps de Christ, afin qu’Il vive en nous et nous en Lui. Par Lui, Christ est fait nôtre avec tous ses biens. Or, c’est une trop grande et méchante impiété, de lui faire injure, Lui qui nous fait tant de biens si excellents » (Calvin).

            « Car nous connaissons celui qui a dit : « A moi la vengeance ; moi je rendrai, dit le Seigneur » ; et encore : « Le Seigneur jugera son peuple » (v. 30).
            Quels châtiments terribles sont ceux qu’il réserve aux apostats ! La peine de mort que la Loi prononçait contre ceux qui la méprisaient, n’en était qu’une bien faible image. « Les hommes, dit Quesnel, punissent en hommes ; Dieu punira en Dieu, infiniment, éternellement ».
            Le Seigneur « jugera » son peuple (Ps. 135 : 14), lui fera justice ou le gouvernera, selon l’usage de la langue hébraïque. « Il est dit que Dieu se lève pour juger son peuple quand il discerne les vrais fidèles d’avec les hypocrites (Ps. 145 : 20 ; 125 : 3) » (Calvin). Les apostats pouvaient se flatter d’échapper au châtiment comme appartenant au peuple de Dieu ; mais ils seront punis d’autant plus sévèrement qu’ils auront joui de plus grands privilèges (Matt. 11 : 21-25 ; Luc 12 : 47-48).

            « C’est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant ! » (v. 31).
            Dieu est le tout-puissant et immortel vengeur de l’apostasie (3 : 12). « Toutes les fois que notre chair nous entoure d’attentions, ou que nous nous glorifions de nos péchés, cette seule parole doit suffire pour nous réveiller : c’est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant, dont la colère est armée de tant de peines si horribles à condamnation éternelle » (Calvin).

            « Mais souvenez-vous des jours précédents, durant lesquels, après avoir été éclairés, vous avez enduré un grand combat de souffrances, soit étant offerts en spectacle avec des opprobres, et des persécutions, soit vous associant à ceux qui ont été ainsi traités » (v. 32-33).
            Ce sont encore deux motifs de persévérance : ils avaient été éclairés (ou illuminés) par la Parole et l’Esprit de Dieu, seul et unique auteur de toute vraie lumière (6 : 4 ; 10 : 26), et ils avaient enduré un grand combat de souffrances (Act. 8 : 1 ; 12 : 1 ; 1 Thes. 2 : 14...). Ils avaient été comme ces malfaiteurs (1 Cor. 4 : 9) qu’on jetait sans défense aux bêtes féroces de l’arène, ou qu’on forçait d’y combattre jusqu’à la mort, sous les yeux d’un amphithéâtre avide de sanglantes émotions. Si les Hébreux à qui la lettre s’adressait n’avaient pas été livrés à ces horribles tortures, ils avaient du moins été exposés à l’opprobre et à des afflictions de tout genre, privés de leurs biens, battus, jetés dans les prisons ; quelques-uns de leur prédécesseurs avaient même été mis à mort (Act. 5 : 18, 40 ; 7 : 58 ; 8 : 3 ; 12 : 1 ; 22 : 19 ; 26 : 10-11).
            Ils s’associaient à ceux qui ont été ainsi traités. « La cause pour laquelle tous les fidèles combattent est la cause de Christ et est commune entre eux » (Calvin). « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor. 12 : 26).

            « En effet, vous avez montré de la compassion pour les prisonniers et vous avez accepté avec joie d’être dépouillés de vos biens, sachant que vous avez pour vous-mêmes des biens meilleurs et permanents » (v. 34).
            Ils avaient ainsi fait briller plusieurs caractères chrétiens : ils avaient manifesté de la sympathie à l’égard des « prisonniers », de ceux qui étaient enchaînés, et ils avaient même « accepté avec joie » d’être privés de leurs biens terrestres. Quelle parole et quelle foi ! Ils étaient pleinement persuadés, par le sceau et les arrhes du Saint Esprit, qu’ils avaient dans les cieux « des biens meilleurs et permanents ». Le chrétien, conséquent dans sa marche, sait que, voyageur ici-bas, il a son trésor dans le ciel, et c’est aussi là qu’est son cœur (Matt. 6 : 20-21). Possédant Dieu par une espérance vive, il compte tout le reste pour assez peu de choses. Il faudrait rappeler souvent cette parole aux chrétiens de ce triste siècle, calculateur, égoïste, avide de jouissances matérielles, amateur des voluptés plutôt que de Dieu.

                        « Le juste vivra de foi »

            « Ne rejetez donc pas loin votre confiance, qui a une grande récompense » (v. 35).
            La « confiance » et « l’espérance » (v. 23) ne forment qu’un quand il s’agit des promesses divines et de leur accomplissement (Matt. 5 : 12 ; Rom. 8 : 18 ; 2 Cor. 4 : 17-18). Cette « grande récompense », une rémunération de pure grâce, est pour ceux qui auront persévéré jusqu’à la fin. Le Seigneur, au dernier jour, couronnera ses propres dons, l’œuvre de son Esprit, dans la personne de ses rachetés. C’est une face de la doctrine évangélique qu’on perd aisément de vue ; on envisage trop exclusivement l’autre, comme si l’idée d’une récompense de pure grâce était incompatible avec celle d’un salut tout gratuit ! C’est une erreur funeste à laquelle il faut sans doute attribuer en bonne partie le manque de zèle ou de persévérance pour le bien qu’on remarque trop souvent même chez les chrétiens les plus sincères.

            « Car vous avez besoin de patience, afin que, ayant fait la volonté de Dieu, vous receviez ce qui est promis » (v. 36).
            C’est toujours la disposition générale que recommande la seconde partie de la lettre (ch. 10 : 18 à 13) et à laquelle elle se rapporte toujours. Après avoir fait la volonté de Dieu, en souffrant patiemment jusqu’à la fin, ils jouiraient de l’accomplissement total de la promesse de l’héritage, ou du bonheur éternel (6 : 12 ; 9 : 15 ; 11 : 39-40 ; 1 Jean 2 : 25).

            « Car encore très peu de temps, « et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas. Or le juste vivre de foi » ; et : « Si quelqu’un se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui » (v. 37- 38).
            Le passage entier est une citation du livre du prophète Habakuk (3 : 3-4). A la vue des malheurs qui allaient fondre sur la Judée par l’invasion babylonienne, Habakuk se console et console les vrais Israélites par cette ferme et rassurante parole du Seigneur : « Le juste vivra par sa foi ». Le croyant vivra, car il possède une vie que rien ne peut lui ravir ; le Seigneur, en qui seul il se confie, le garde et viendra bientôt le délivrer ; tandis que l’incrédule, le superbe, juif de nom, chaldéen de fait, si bien armé et garanti qu’il se croie contre le jour de la tribulation, tremblera à chaque coup de la vengeance divine et périra finalement ; car « la vie ferme et vraie, dit Calvin, consiste uniquement en la foi ». C’est par une pensée toute semblable que l’auteur console ici les Hébreux exposés de même aux plus grandes afflictions, à la veille des jugements qui vont éclater de nouveau sur la Judée ; le Seigneur en qui seul ils ont mis leur confiance, vient et les délivrera.
            Jésus dit : « Voici, je viens bientôt, et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun selon ce qu’est son œuvre » (Apoc. 22 : 12). Il vient pour juger ses ennemis et pour délivrer son peuple, et Il « ne tardera pas », ce qui était vrai de deux manières :
                      - quant au jugement de Jérusalem et à la délivrance des chrétiens, car la cité coupable allait bientôt recevoir le juste salaire de ses iniquités ;
                      - quant à l’avènement réel et personnel du Seigneur, ce que l’auteur a plus spécialement en vue est toujours prochain pour Dieu, car mille ans devant Lui sont comme un jour ; il en est de même aussi pour ceux qui croient, car une fois qu’ils ont quitté ce monde, la notion du temps n’existe plus pour eux, ils n’ont plus aucun moyen d’en mesurer le cours ; le jour de leur délogement est, en quelque façon, celui du retour de Jésus et de la pleine rédemption ; on peut dire ainsi que la carrière terrestre de chaque enfant de Dieu va directement aboutir au jour de Christ.
            « Or, le juste vivra de foi », ou c’est le juste par la foi qui vivra, selon la traduction des Septante. La Bible ne connaît pas d’autre juste (Rom. 1 : 17 ; Gal. 3 : 11). C’est au fond, ce qu’elle dit au sujet d’Abraham : « Il crut l’Eternel ; et il lui compta cela à justice » (Gen. 15 : 6). C’est aussi la parole qui sert de texte à l’épître aux Romains (1 : 17). Mais que de peine n’avons-nous pas à la recevoir comme base unique et inébranlable de nos espérances ! « On se repose sur la parole d’un homme d’honneur, dit Quesnel ; on donne son bien sur une lettre de crédit, et l’on craindrait de faire des avances sur la Parole de Dieu et sur les assurances que nous donne la vérité éternelle, infaillible, toute-puissante ! ».
            « Si quelqu’un se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui ». Si le méchant « se retire » - en hébreu : s’il y a en lui de l’enflure, s’il s’élève -, c’est qu’étant enivré d’une fausse confiance en lui-même, il attend le repos et la sécurité des faux appuis dont il s’entoure et repousse alors toute crainte de Dieu. « Ainsi ce mot, dit Calvin, exprime tant la vertu de la foi que la nature de l’impiété ; l’impiété est fière et orgueilleuse parce qu’elle n’attribue pas à Dieu l’honneur qui lui appartient pour assujettir l’homme à Dieu ; la nature de la foi est, au contraire, de retirer l’homme de soi pour le ranger à l’obéissance de Dieu ». Le mot grec exprime une retraite, une désertion ou défection causée par la crainte et la lâcheté. C’est toujours l’apostasie.
            La persévérance finale des saints est suffisamment établie dans la Bible : Si Dieu les a élus avant la fondation du monde, si Christ sanctifie, s’Il les scelle et les garde pour le jour de la rédemption (Eph. 1 : 4 ; Gal. 3 : 13 ; 1 Cor. 6 : 11 ; 1 Pier. 1 : 2, 4-5 ; Rom. 8 : 28-31, etc.), ils ne pourront toutefois pas manquer de persévérer jusqu’à la fin. La non-persévérance de tel ou tel individu qui, pendant un certain temps, a fait une profession plus ou moins conséquente de christianisme, témoigne contre lui ; elle ne dit rien contre la doctrine. Le passage des Hébreux ne l’infirme en aucune sorte. Le professant le plus sincère est encore appelé à assurer son élection en associant à sa foi le courage et les autres vertus que Pierre mentionne au premier chapitre de sa seconde épître ; il doit se rappeler que, s’il se retire, le Seigneur ne mettra pas son plaisir en lui. Dieu nous prend tels que nous sommes ; Il fait vibrer tour à tour les diverses cordes de notre cœur, celle de la crainte comme celle de l’espérance, et cela précisément dans le but d’assurer notre persévérance finale. Mais, d’autre part, n’oublions pas qu’autant cette doctrine est incontestable, autant elle requiert de sagesse et de réserve dans l’application qui en est faite ; la question n’est pas de savoir si l’élu persévérera - c’est hors de doute -, mais si je suis élu, moi. Or, voilà ce que je ne peux raisonnablement tenir pour assuré si je ne persévère pas actuellement et si je ne retrouve pas en moi, dans une mesure suffisante, les caractères bibliques de l’élection (Rom. 8 : 29 ; Eph. 1 : 4 ; 2 Thes. 2 : 13 ; 1 Pier. 1 : 2 ; 2 Pier. 1 : 5-11).

            « Quant à nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour la perdition, mais de ceux qui croient pour la conservation de l’âme » (v. 39).
            Nous ne sommes pas de lâches déserteurs de l’évangile, mais nous sommes, au contraire, de ceux qui croient et persévèrent dans la foi, pour la conservation ou le salut de leur âme - littéralement : « Nous ne sommes pas de la retraite pour la perdition, mais de la foi pour la conservation de l’âme » (6 : 9-12).
            A propos de ce passage, une question s’adresse à chaque lecteur : Et vous, de quel côté voulez-vous être ?

 

D’après E. Guers