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VOICI  L’HOMME  (9)

 

Barabbas ou Jésus (Matt. 27 : 15-26 ; Marc 15 : 6-15 ; Luc 23 : 13-25 ; Jean 18 : 39-40)

La lutte entre les ténèbres et la lumière, dont nous sommes témoins, confirme la vérité énoncée au début de l’évangile de Jean : « La vraie lumière était celle qui, venant dans le monde, illumine tout homme » (1 : 9). Qu’il s’agisse de Judas ou des autres disciples, des principaux sacrificateurs, des anciens, des scribes et du sanhédrin tout entier, ou de Pilate et d’Hérode, ou, comme nous allons le voir, du peuple juif, tous manifestent le véritable état de leur cœur lorsqu’ils sont placés sous les rayons de la « vraie lumière ».

Quand Pilate sort du prétoire, une rumeur assourdissante frappe ses oreilles. « La foule, poussant des cris, se mit à demander à Pilate de faire comme il leur avait toujours fait » (Marc 15 : 6-8). En effet, « le gouverneur avait coutume de relâcher un prisonnier à la foule, celui qu’ils voulaient » (Matt. 27 : 15). Or, outre le Seigneur Jésus, il y avait Barabbas, « détenu avec les autres émeutiers qui, au cours de l’émeute, avaient commis un meurtre » (Marc 15 : 7). En faveur duquel des deux prisonniers le peuple allait-il invoquer la grâce du gouverneur ? Quant à Pilate, cette coutume va lui fournir l’échappatoire souhaitée ; du moins l’espère-t-il (Luc 23 : 17).

« Pilate convoqua les principaux sacrificateurs, les chefs et le peuple et leur dit : Vous m’avez amené cet homme comme poussant le peuple à la révolte et voici, après l’avoir examiné devant vous, moi je n’ai trouvé dans cet homme aucun crime quant aux choses dont vous l’accusez, ni Hérode non plus, car je vous ai renvoyés à lui ; et voici, rien n’a été fait par lui qui mérite la mort » (Luc 23 : 13-15). Comme il l’avait déjà déclaré précédemment (v. 4), il était convaincu de l’innocence de Jésus. Hérode, lui aussi, avait montré, par la manière dont il l’avait renvoyé à Pilate, qu’il considérait ce prétendu « rival » comme absolument inoffensif et insignifiant. C’est pourquoi Pilate redoute de se couvrir de ridicule en condamnant un tel homme. « Après l’avoir châtié, je le relâcherai » dit-il aux Juifs (v. 16).

Il compte, pour déterminer la masse à s’incliner, sur l’autorité qui s’attache à sa fonction, ainsi que sur l’appui des nombreux partisans de Jésus. C’était justement le succès de Jésus auprès des foules qui avait provoqué la jalousie des chefs du peuple. « Car il savait qu’ils l’avaient livré par jalousie » (Matt. 27 : 18). Espérant diviser les esprits, il demande : « Voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? » (Jean 18 : 39). « Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus qui est appelé Christ ? » (Matt. 27 : 17).

Jamais aucun peuple n’avait eu auparavant ni n’aura à prendre à l’avenir une telle décision. Cet instant marquait donc un tournant dans l’histoire de l’humanité : se prononcerait-elle pour ou contre Christ ? Lorsque les principaux sacrificateurs et les anciens furent appelés à statuer sur le sort de Jésus, il n’était pas douteux qu’ils iraient jusqu’au bout de leurs criminels desseins. De même, il n’est pas très surprenant que Pilate et Hérode, ces deux potentats sans conscience, aient méprisé les droits les plus sacrés de la personne. Mais maintenant, le peuple lui-même - son peuple -, sur lequel des deux prisonniers va-t-il porter son choix ? Barabbas ou Jésus ?

Puisque la décision était, humainement parlant, encore si douteuse, ne devait-on pas s’attendre qu’elle fût favorable au Nazaréen méprisé ? Dès le début de son ministère, de grandes foules n’avaient cessé de Le suivre, de toutes les régions du pays (Matt. 4 : 25 ; 8 : 1 ; 19 : 2 etc.). Les gens se pressaient tellement autour de Lui « qu’ils se foulaient les uns les autres » ; « ils se jetaient sur lui pour entendre la parole de Dieu » ; « ils allaient et venaient » (Marc 1 : 37, 45 ; 2 : 2 ; 3 : 9-10 ; 5 : 24, 31) de sorte que Jésus et ses disciples « n’avaient pas même le temps de manger » (Marc 3 : 20 ; 6 : 31) ; Jésus avait peine à se retirer à l’écart, car « les foules le recherchaient et vinrent jusqu’à lui ; elles le retenaient, pour qu’il ne s’éloigne pas d’elles » (Luc 4 : 42).

Avec quel amour pourvoyait-Il à leurs besoins ! Que de fois lisons-nous qu’Il était « ému de compassion pour elles » (Matt. 9 : 36 ; 15 : 32 ; etc.) ! Il les enseignait, les nourrissait, guérissait les malades et les infirmes, et délivrait « tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ». Tous ces bienfaits n’avaient-ils pas touché le cœur du peuple ? Certes ! Nous lisons, en effet : « La grande foule prenait plaisir à l’entendre » (Marc 12 : 37). « Tous lui rendaient témoignage » (Luc 4 : 22). « Les foules étaient frappées par son enseignement » (Matt. 7 : 28-29). « Elles glorifièrent Dieu... et dirent : Il ne s’est jamais rien vu de pareil en Israël » (Matt. 9 : 8, 33 ; 15 : 30-31). Oui, le peuple reconnaissait que « celui-ci était véritablement le Prophète qui vient dans le monde », et ils voulaient « le faire roi » (Jean 6 : 14-15).

Quel imposant cortège traverse un jour Jéricho, montant à Jérusalem, pour se rendre à la fête ! (Marc 10 : 46 ; Luc 19 : 3). Quelle entrée solennelle Il fit dans la sainte ville ! « Une immense foule étendit ses vêtements sur le chemin... les foules qui allaient devant lui et celles qui suivaient criaient : Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très-hauts ! » (Matt. 21 : 8-9 ; Jean 12 : 12-13.). « Toute la ville fut émue » et sortit au-devant de Lui. Il est compréhensible que les principaux sacrificateurs et les pharisiens aient craint la foule et dit entre eux : « Vous voyez que vous ne gagnez rien ; voici, le monde est allé après lui » (Jean 12 : 19).

La question de Pilate provoque, semble-t-il, une certaine hésitation parmi la foule. Mais avant même qu’elle réponde, Dieu lui accorde un instant de réflexion. Voici qu’on remet à Pilate un message de la part de sa femme, disant : « N’aie rien à faire avec ce juste ; car j’ai beaucoup souffert aujourd’hui à son sujet dans un songe » (Matt. 27 : 19). Les principaux sacrificateurs et les anciens, toujours prêts à la riposte, profitent de ce moment de répit. Ils « excitèrent la foule à demander qu’il leur relâche plutôt Barabbas » (Marc 15 : 11), ils « persuadèrent les foules de demander Barabbas et de faire périr Jésus » (Matt. 27 : 20). « Mon peuple ! ceux qui te conduisent te fourvoient, et détruisent le chemin de tes sentiers » (Es. 3 : 12). « Plutôt Barabbas » - peut-on trouver une parole définissant mieux l’état moral des chefs d’Israël ? Mais le peuple se montra digne de ses chefs.

Il faut peu de chose, on le sait, pour déterminer une foule à réagir de telle ou telle manière. Il en fut de même ce jour-là. Et lorsque Pilate, impressionné par le songe de sa femme et fortifié dans son intention, pose de nouveau la même question à la foule, un cri unanime s’élève vers Lui, un cri de haine qui accroît sa perplexité : « Ils s’écrièrent tous ensemble : Fais mourir celui-ci, et relâche-nous Barabbas... » (Luc 23 : 18). Avec une précision impitoyable, la Parole constate l’unanimité du peuple tout entier dans le rejet de Jésus, son Messie, le Fils de Dieu.

« Pas celui-ci, mais Barabbas ! Or Barabbas était un brigand » (Jean 18 : 40). C’est tout ce que Jean déclare au sujet de celui sur qui le peuple vient de porter son choix ; mais c’est suffisant. Les autres évangiles complètent le tableau en précisant qu’il avait commis un meurtre au cours d’une sédition organisée et exécutée avec la complicité de plusieurs autres malfaiteurs. Il s’était acquis ainsi - comme on le constate en pareil cas aujourd’hui encore - une grande célébrité ; c’était « un prisonnier fameux » (Marc 15 : 7 ; Luc 23 : 19, 25 ; Matt. 27 : 16). De son nom, « fils du père », émane une certaine ironie diabolique, comme si Satan avait voulu opposer au « Fils unique du Père » l’image difforme d’un Barabbas. Et parce que les Juifs avaient « pour père le diable », ils faisaient « les convoitises de leur père » (Jean 8 : 44). Ici encore, le monde aima « ce qui était sien ». Ils ont demandé « qu’on leur accorde la grâce d’un meurtrier » et ils ont renié « le Saint et le Juste » devant Pilate, alors qu’il avait décidé de le relâcher (Act. 3 : 13-14).

Une fois engagé dans cette voie, le peuple donne libre cours à sa furie sanguinaire contre l’Homme silencieux, leur innocente victime. « Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus, qui est appelé Christ ? » (Matt. 27 : 22). Malheureux Pilate ! Il subit le triste sort de tous ceux qui refusent la grâce offerte par Dieu : ils ne savent que faire de Jésus. « Mais ils s’écriaient : « Crucifie, crucifie-le ! » (Luc 23 : 21). Pilate fait une dernière tentative, certes bien timide pour un homme revêtu d’une telle puissance et de telles responsabilités : « Mais quel mal celui-ci a-t-il fait ? Je n’ai rien trouvé en lui qui mérite la mort ; donc, après l’avoir châtié, je le relâcherai » (v. 22). Mais les faibles velléités humanitaires qui subsistaient encore en lui sont submergées par la vague de haine qui déferle jusqu’aux marches de son tribunal. « Ils se mirent à crier encore plus fort » (Matt. 27 : 23). « Ils insistaient à grands cris, demandant qu’il soit crucifié. Leurs cris et ceux des principaux sacrificateurs eurent le dessus » (Luc 23 : 23).

Le cours des événements atteint de nouveau un point culminant. Cette furie aveugle, cette tempête de cris haineux, ces passions déchaînées, ce déferlement de violence se dressaient contre Celui que Dieu avait envoyé ici-bas pour sauver des hommes perdus. N’avait-il pas aussi des droits à invoquer sur « sa vigne », sur ce peuple ? Avec quelle persévérante sollicitude s’était-Il occupé de lui ! Hélas, tous ses soins avaient été vains. « Il avait encore un unique fils bien-aimé ; il le leur envoya, lui aussi, le dernier, en disant : Ils auront du respect pour mon fils » (Marc 12 : 6). Mais quelle amère déception ! Ils n’eurent aucun respect pour Lui, la parfaite révélation de son amour, et manifestèrent toute l’infamie dont leur cœur était rempli. Quel triste état que celui de l’homme naturel ! Ceux qui, peu de jours auparavant, avaient crié : « Hosanna », criaient aujourd’hui : « Crucifie, crucifie-le ! ». Leur enthousiasme débordant s’était mué en une rage meurtrière. Pourtant, rien ne justifiait un tel revirement. Quel mal avait-Il fait ? Pilate lui-même pose cette question. A sept reprises, il atteste, lui, le païen sans scrupules, devant tout le peuple - le peuple de Dieu - que Celui qu’ils accusent de crimes dignes de mort est entièrement innocent. Dieu, qui avait maintes fois rendu témoignage, du haut des cieux, à son Fils bien-aimé, demeure silencieux (nous savons pourquoi) durant ces heures tragiques. Mais Il prend soin que l’innocence du Seigneur soit attestée à onze reprises par des hommes, durant sa passion (Judas, Matt. 27 : 4 ; Pilate, Luc 23 : 4, 14-15, 22 ; Jean 19 : 4, 6 ; Matt. 27 : 24 ; la femme de Pilate, Matt. 27 : 19 ; le brigand et le centurion, Luc 23 : 41, 47).

 Vaincu, désemparé, Pilate cède. « Voyant qu’il ne gagnait rien... » ; ces mots font ressortir sa faiblesse de caractère. « ...Mais plutôt que cela tournait à l’émeute » (Matt. 27 : 24), ce qui risquait de lui coûter sa position. Homme pusillanime, il veut « contenter la foule » (Marc 15 : 15). Aussi, « Pilate décida que leur demande soit satisfaite » (Luc 23 : 24). Puis il « prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant : Je suis innocent du sang de ce juste. A vous de voir ! ». Ce geste, qui ne faisait que confirmer sa lâcheté, provoque de la part du peuple l’horrible imprécation qui montre à quel degré d’infamie Satan l’avait amené. « Tout le peuple, répondit : Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » (Matt. 27 : 24-25). Dieu, qui entend nos paroles et nous prend au mot, accorda encore un délai de quarante ans à Israël pour se repentir et croire à l’Evangile. Ceux qui persévérèrent dans leur impénitence, subirent la malédiction qu’ils avaient appelée eux-mêmes sur leur tête. (Un million de Juifs furent massacrés par les Romains lors de la destruction de Jérusalem, en l’an 70). Aujourd’hui encore, ce peuple malheureux et aveuglé demeure sous cette malédiction, jusqu’à ce que les terribles jugements de la grande tribulation accomplissent « son temps de détresse » (Matt. 24 ; Es.  40 : 2).

« Alors il leur relâcha Barabbas » (Matt. 27 : 26). « Il relâcha celui qui, pour cause d’émeute et de meurtre, avait été jeté en prison... et Jésus, il le livra à leur volonté » (Luc 23 : 25).


D’après  von Kietzell Fritz  – « Messager Evangélique » (1969 p. 225-232)

 

A suivre