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LE LIVRE DES JUGES  (13-14)

CHAPITRE 13
            CHAPITRE 14

 

CHAPITRE 13

Les fils d’Israël font à nouveau ce qui est mauvais aux yeux de l’Eternel et sont livrés à leurs ennemis intérieurs, les Philistins, pendant quarante ans (un temps d’épreuve complet). Durant cette période, l’existence même du peuple est en cause.
            Dieu leur suscite alors providentiellement un juge, le douzième, Samson : le seul juge désigné divinement comme nazaréen dès avant sa naissance (v. 5). Incompris du peuple au milieu duquel Dieu l’avait envoyé pour sa délivrance, Samson manque à son nazaréat et son court service (vingt ans seulement), se termine par une mort violente, qui est en même temps la plus grande victoire sur les ennemis du peuple de Dieu.
            La vie de ce juge, présentée avec plus de détails que celle d’aucun autre, est particulièrement riche d’enseignements et d’avertissements.

 

Un résidu fidèle, Manoah et sa femme (1)

            • Les Philistins : v. 1

Les Philistins ne sont pas nommés parmi les sept nations que Dieu s’était engagé à détruire devant son peuple Israël (Jos. 3 : 10 ; Act. 13 : 19). Descendants de Cham et des Caphtorim, ils s’étaient incrustés dans la terre d’Israël (au sud-ouest du pays, près de la frontière avec l’Egypte). Ils y étaient entrés sans passer par le Jourdain, figure pour nous de notre mort avec Christ.
            Juda n’avait pas pu les vaincre (1 : 19), et leur pouvoir avait augmenté au temps de Shamgar (3 : 31). Maintenant, leur influence est dominante sur tout le peuple de Dieu : Samson vivait « aux jours des Philistins » (15 : 20). Il aurait même dû savoir que les Philistins dominaient sur Israël (15 : 11) : quel terrible état !
            Pour le chrétien, les Philistins (les ennemis à l’intérieur du pays) sont le symbole de la chair qui est en lui, son plus constant ennemi. Collectivement, ils représentent aussi la présence et l’influence des professants dans la chrétienté. Dans le monde aujourd’hui, la chrétienté compte plus d’un milliard de personnes. Mais beaucoup ne sont pas passés par la nouvelle naissance et n’ont pas la vie de Dieu. Ils sont chrétiens de nom seulement.

            • L’Ange de l’Eternel et la femme de Manoah : v. 2-7

Au milieu du triste état du peuple d’Israël, Dieu sépare pour lui un « résidu pieux » auquel il communique ses pensées. Les temps de ruine sont toujours marqués par de tels réveils : ceux qui craignent l’Eternel écoutent sa voix et parlent l’un à l’autre (Mal. 3 : 16).
            Dans la tribu de Dan (symbole plus loin dans le livre de la violence et de l’idolâtrie), l’Ange de l’Eternel visite en grâce Manoah et sa femme qui ne pouvait pas avoir d’enfants. En face de la misère et de l’extrême faiblesse humaine, Dieu manifeste sa puissance et annonce la naissance de celui qui devait commencer à sauver Israël (v. 5). Samson devait être nazaréen dès avant sa naissance ; aussi, sa mère devait-elle manifester elle-même les caractères du nazaréat (v. 4).
            En Israël, un nazaréen qui, par un vœu, se consacrait à l’Eternel, devait (Nom. 6 : 1-8) :
                        – s’abstenir de vin et de boisson forte, symbole des joies du monde qui excitent la chair dans le chrétien ;
                        – laisser croître ses cheveux, ce qui signifiait pour un homme qu'il faisait abnégation de ses droits naturels, pour être entièrement consacré à Dieu. L’homme a reçu de Dieu lui-même une position d’autorité dans la première création, dans la société et dans la famille en particulier.
                        – se garder de toute chose impure, et en particulier du contact avec un mort.
            La mère de Samson était invitée à réaliser le premier et le troisième caractères du nazaréat en attendant la naissance de son fils ; plus tard, Samson devrait veiller particulièrement à obéir à la deuxième instruction, pendant toute sa vie. C’était un secret entre son âme et Dieu, le vrai secret de sa grande force, mais une énigme pour ses ennemis.
            Tous les chrétiens sont invités aujourd’hui à porter les caractères moraux du nazaréen durant toute leur vie, et non pas seulement pendant une période momentanée comme l’Israélite pieux.

Christ a été le modèle parfait du nazaréen pour Dieu sur la terre (Matt. 2 : 23), séparé des pécheurs (Héb. 7 : 26). Et maintenant, dans le ciel, Christ se sanctifie - Il se met à part- pour nous, pour nous rendre capables de manifester spirituellement les caractères du nazaréen pour Dieu (Jean 17 : 17, 19). L’appel à manifester notre nazaréat est d’autant plus pressant que la ruine est plus grande dans les temps de la fin. La seconde épître à Timothée abonde en instructions à cet égard.
            La femme de Manoah est seule à recevoir la visite et les communications de l’Ange ; mais elle en parle à son mari pour partager avec lui la joie et les responsabilités de leur nouvelle position de parents (v. 6-7). Dans un couple chrétien, la communion des époux et le partage de l’héritage de la grâce de la vie (1 Pier. 3 : 7)  sont d’une grande beauté morale. L’exemple de Manoah et de sa femme est aussi un encouragement pour les parents chrétiens (les mères en particulier) à se garder eux-mêmes du monde, de ses joies comme de ses souillures, pour que les enfants que Dieu leur confie soient consacrés à Dieu dès leur enfance, et pendant toute leur vie, comme Samuel (1 Sam. 1 : 11).

            • La deuxième apparition de l’Ange : v. 8-14

Maintenant, Manoah supplie l’Eternel de recevoir à nouveau la visite angélique. Dieu exauce sa prière ; mais, fait remarquable, la seconde apparition de l’Ange est faite à nouveau à la femme de Manoah, sans la présence de son mari. « Dieu a choisi les choses faibles du monde » (1 Cor. 1 : 27), pour révéler sa puissance.
            Toutefois, c’est à Manoah que l’Ange confirme les instructions données initialement à sa femme. La seule règle du jeune garçon (v. 12), était à ce moment-là la conduite de sa mère (v. 13-14) ; mais le père manifeste une consécration et un engagement de cœur remarquables.
            Indépendamment de la responsabilité de leurs parents, les enfants (« les fils » dans les Proverbes) sont invités à garder le commandement de leur père et à ne pas abandonner l’enseignement de leur mère (Prov. 6 : 20).

            • Le sacrifice : v. 15-23

Manoah désire alors honorer son hôte (v. 15), comme Abraham à Hébron autrefois (Gen. 18 : 4-8). Mais l’Ange de l’Eternel n’était pas un homme (v. 11) pour partager le pain avec des humains. Il portait un nom merveilleux (v. 18), comme le Messie lui-même (Es. 9 : 6).
            L’offrande préparée devait être présentée à Dieu. Manoah manifeste ici plus d’intelligence spirituelle que Gédéon ; en effet, celui-ci avait fait bouillir le sacrifice au lieu de le rôtir au feu (6 : 19). Toutefois, les ressources de Manoah (symbole pour nous de l’énergie de la foi) dans un temps de ruine limitent son offrande à un chevreau (du menu bétail et non du gros bétail).
            L’holocauste et l’offrande de gâteau sont offerts à Dieu sur le rocher (symbole de Christ lui-même). Devant Gédéon, le feu du ciel avait consumé le sacrifice ; maintenant, Manoah et sa femme contemplent une chose merveilleuse : l’Ange de l’Eternel monte aux cieux dans la flamme de l’autel (v. 20). Un résidu fidèle, symbolisé par Manoah et sa femme, est encore sur la terre comme témoin. Mais, par la foi, il est attaché désormais au ciel où l’Ange (préfigurant Christ ressuscité) est monté. Devant cette scène glorieuse, tout croyant se prosterne dans l’adoration (v. 20).
            Par l’œuvre de la croix, la pierre rejetée, Christ, est devenue la tête de l’angle, fondement de sa chère assemblée : « C’est une chose merveilleuse devant nos yeux » (Ps. 118 : 23). Dans l’attente de son retour, « Il a établi un mémorial de ses merveilles » (Ps. 111 : 4), le souvenir de sa Personne, de son Nom merveilleux et de son œuvre glorieuse.
            A la crainte de Manoah d’avoir « vu Dieu » (v. 22), répond la sagesse de sa femme, confiante dans la faveur de Dieu. Une épouse en aide à son mari, comme Abigaïl (1 Sam. 25 : 33), ou comme la femme vertueuse (Prov. 31 : 12)  est une réelle bénédiction de la part de Dieu.

            • La naissance de Samson : v. 24-25

Samson apparaît et Dieu le bénit. Puis, l’Esprit de l’Eternel le saisit. Cette opération de l’Esprit de Dieu au cours du service de ce juge est signalée quatre fois (13 : 25 ; 14 : 6 ; 14 : 19 ; 15 : 14). Mais, à la fin, l’Eternel se retirera de lui à son insu (16 : 20).
            Avant de décrire, pour notre instruction et notre avertissement, le déclin moral de Samson, la Parole a présenté les pensées de Dieu à l’égard d’Israël, en suscitant providentiellement un libérateur au sein d’une famille pieuse.
            Dans tout ce récit, Manoah et sa femme manifestent :
                        – la foi en Dieu (v. 17) ;
                        – la consécration et la soumission à la volonté divine (v. 8, 12), recherchée par :
                        – la prière (v. 9) ;
                        – la sanctification (la séparation pour Dieu) qui s’accompagne de :
                        – l’esprit de libéralité et de reconnaissance (v. 15) et, enfin,
                        – l’adoration (v. 20),
                        – dans la crainte de Dieu.

C’est un beau tableau moral au milieu de la ruine environnante.

 

CHAPITRE 14

La Parole de Dieu nous invite maintenant à suivre la vie de Samson, depuis son appel au service (13 : 25), jusqu’à sa mort (16 : 30). Son histoire publique est présentée dans les chapitres 14 et 15, la fin de sa vie personnelle dans le chapitre 16.
            Plusieurs circonstances de la vie du juge nous parlent de Christ. En même temps, Samson est un homme responsable, dont toute l’histoire est donnée en avertissement pour chacun de nous.

 

Samson à Thimna

« Et Samson descendit à Thimna » (14 : 1).

La vie de Samson est marquée par une succession de « descentes » le long d’une pente dangereuse qui le conduira finalement à la perte de son nazaréat et de sa vie.
            Trois femmes sont signalées comme ayant joué un rôle décisif dans sa triste histoire :
                        – La jeune fille de Thimna, qui met en évidence le danger du monde et de la convoitise des yeux (v. 3, 7) ;
                        – La prostituée de Gaza (16 : 1), qui montre la convoitise de la chair dans toute sa laideur ;
                        – Delila dans la vallée de Sorek (16 : 4), qui s’empare du cœur et des affections de Samson. Peut-être est-elle aussi une image de Satan et de ses séductions.

En outre, Samson possédait des secrets, signe d’une relation réelle de son âme avec Dieu ; le premier, dont tous les autres découlaient, était celui de sa longue chevelure : la faiblesse humaine  cachait la force de Dieu. La longue chevelure est une marque de soumission et de faiblesse (pour une femme dans la société, dans la famille ou dans l’assemblée). Pour Samson, nazaréen, c’était le témoignage de sa dépendance vis-à-vis de Dieu, donc l’expression de sa force cachée.
            – Les desseins de Samson étaient une énigme pour ses parents. Dans son affection pour l’Eternel et le peuple, Samson cherchait une occasion de la part des Philistins pour secouer leur joug intolérable. Mais « son père et sa mère ne savaient pas que cela venait de l’Eternel » (v. 4) ;
            – Il ne leur révèle ni sa victoire sur le lion rugissant (v. 6),
            – ni la source du miel, dans le corps du lion déchiré (v. 9).
            – Il refuse de révéler son énigme (v. 14) à ses parents et, à plus forte raison, aux Philistins. Malheureusement, il ne tiendra pas jusqu’au bout.

            • La première visite à Thimna : v. 1-4

En descendant à Thimna, Samson voit donc une jeune fille d’entre les Philistins qui attire son regard. Envisager de l’épouser (v. 2) était une désobéissance formelle aux commandements de l’Eternel (Ex. 34 : 16 ; Deut. 7 : 3). Les motifs de Samson (combattre les ennemis) étaient purs, mais les moyens n’étaient pas approuvés de Dieu. On ne répétera jamais trop que la fin ne justifie pas les moyens. En fait, le cœur de Samson était partagé : Dieu et son peuple d’un côté, le monde de l’autre. N’est-ce pas trop souvent notre cas ?
            Satan se présente ici sous les séductions du serpent ancien ; il tente Samson, comme il avait tenté Eve autrefois dans le jardin, par la convoitise des yeux.

            • Le lion : v. 5-9

En descendant avec ses parents à Thimna, Samson rencontre un jeune lion. Si le croyant s’aventure sur le territoire de l’ennemi (les villes des Philistins), il doit s’attendre à y trouver la puissance de Satan ; celui-ci est maintenant le lion rugissant, le meurtrier qui use de violence.
            Jésus a d’abord rencontré Satan comme le serpent, pour le lier au désert par l’obéissance à la Parole de Dieu (Matt. 4 : 1-11). Mais, à la croix, Satan est revenu vers le Sauveur comme un lion (Ps. 22 : 13, 21), pour lui présenter les terreurs de la mort, et combattre la semence de la femme. Alors Christ, par sa mort, a détruit la force de celui qui détenait la puissance de la mort. Maintenant, par les secours de l’Esprit de Christ, le chrétien peut remporter la victoire contre l’Ennemi et les ennemis.
            Les bénédictions spirituelles découlent de la victoire ; elles sont symbolisées ici par le miel. En effet, Samson trouve plus tard un essaim d’abeilles et du miel dans le corps du lion. Ainsi, le fruit de la victoire de Christ à la croix nous assure toutes les bénédictions célestes, leur force et leur douceur. Notre âme se nourrit d’abord de ces choses (comme Samson a goûté le miel lui-même), avant de pouvoir les communiquer à d’autres (il a donné ensuite du miel à ses parents). Pour autant, il ne révèle pas le secret de son âme avec Dieu.

            • L’énigme et le festin avec les Philistins : v. 10-20

C’est au cours du festin avec les Philistins que Samson propose son énigme : « De celui qui mange est sorti le manger, et du fort est sorti la douceur », suggérée par l’incident du lion et du miel. Elle est indéchiffrable pour ses parents (v. 16), comme pour les Philistins (v. 15).
            La situation de Samson était fausse à ce moment : il mangeait le pain avec les ennemis de Dieu et de son peuple ! Mais, au moins, il était dans son droit à l’égard des combats qui ont suivi.
            Les relations avec le monde nous privent de joie et nous exposent à ses pièges et à ses ruses. Samson connaît les tourments (v. 17), et perd la jouissance de la communion avec l’Eternel, bien que le lien de son âme avec lui subsiste encore. Devant l’insistance de sa femme (menacée elle-même de mort par les Philistins) Samson cède et révèle son énigme, au terme du délai assigné de sept jours (v. 17-18).
            Pour respecter son engagement (v. 12), Samson descend à Askalon et tue trente hommes des Philistins pour donner leurs dépouilles à ceux qui s’étaient emparés de son secret par ruse. Les vêtements de rechange (v. 19) ne sont pas de nouveaux vêtements : le monde reste ce qu’il est, mais le chrétien perd sa force à son contact. Les vêtements des Philistins sont une image des vains efforts de l’homme pour se justifier et se cacher à lui-même et aux autres sa laideur morale. Au contraire, le chrétien a revêtu le nouvel homme (Eph. 4 : 24) et Christ lui-même (Gal. 3 : 27), comme une parure et un nouveau vêtement.
            L’Esprit de l’Eternel était avec Samson dans cette première vengeance contre les ennemis. Mais personnellement, il a tout perdu par son alliance avec eux. Il ne semble pas qu’il ait jamais épousé cette jeune fille de Thimna, qui est en définitive donnée à son ami (v. 20). Dans les relations des chrétiens avec le monde, celui-ci domine toujours. La seule force du chrétien est dans sa séparation du monde, le vrai caractère du nazaréen.

            • La dernière visite à Thimna : 15 : 1-8

Samson veut rendre visite à celle qu’il considérait encore comme sa femme, sans savoir qu’elle avait été donnée à un autre. Il était dans son droit en face des ennemis qui l’avaient trompé, et n’accepte pas la transaction proposée par les beaux-parents d’épouser la cadette.
            Sa vengeance personnelle est terrible et injuste : trois cents chacals portent le feu et la destruction, non pas aux ennemis, mais aux récoltes : blé et oliviers, la nourriture légitime du peuple de Dieu (Deut. 8 : 8).
            Mais surtout, celle qu’il avait aimée perd la vie, en même temps que son père, dans l’odieuse revanche des Philistins (v. 6). Que pouvait-on reprocher à cette pauvre femme, sinon d’avoir attiré l’attention de Samson ? Pourtant, c’est elle qui a payé de sa vie l’égarement du juge.
            Que notre conduite n’ait jamais de conséquences néfastes pour les gens du monde qui nous entourent !

            • Samson dans la caverne : v. 8

En définitive, Samson cherche un refuge solitaire dans la caverne du rocher d’Etam. Rejeté par les Philistins qui l’avaient trahi, il est incompris par le peuple de Dieu, qui maintenant va se tourner contre lui en prenant le parti des ennemis.
            Le seul refuge du témoin demeuré seul est auprès de Christ, présenté en figure par la caverne du rocher. David, au temps de son rejet, deviendra plus tard le centre de ralliement des fidèles en Israël, dans la caverne d’Adullam (1 Sam. 22 : 1-2).

 

D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 5)