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LE LIVRE DE JOSUE (6-7)

  CHAPITRE 6 : La prise de Jéricho
  CHAPITRE 7 : La défaite d’Aï et la faute d’Acan
 

CHAPITRE 6 : La prise de Jéricho

 
                         Israël devant Jéricho (v. 1)
 
            La situation du peuple était humainement sans issue. Le Jourdain, traversé à sec quelques jours auparavant, était retourné en son lieu et ses eaux débordaient par-dessus tous ses bords, comme auparavant (4 : 18). Il était aussi infranchissable maintenant pour retourner en arrière qu’il l’avait été avant que l’arche n’en brise la puissance pour ouvrir un chemin à Israël.
            Devant le peuple, se dressait aussi la forteresse imprenable de Jéricho dont les murailles semblaient monter jusqu’aux cieux et qui avait barré ses portes devant les fils d’Israël.

            Le pays du repos est donc d’abord un pays de combats. De même, dans la vie chrétienne, le temps du repos suit celui des combats spirituels. Mais le peuple avait été préparé pour la victoire que Dieu allait remporter pour lui, par les trois faits décrits auparavant :

                 – 1. la séparation pour Dieu et le roulement de l’opprobre du monde (la circoncision et Guilgal) ;

                 – 2. la nourriture spirituelle (la Pâque et le vieux blé du pays) ;

                 – 3. enfin, la vision glorieuse de Christ, Chef de l’armée, à la tête du peuple pour les combats.


                        
     Le combat contre Jéricho (v. 2-24)

            Dieu dirige tout dans ce combat contre Jéricho et son roi. En premier lieu, Josué et le peuple sont assurés de la victoire : « Vois, j’ai livré en ta main Jéricho, et son roi et ses hommes vaillants » (v. 2). Il suffisait au peuple de croire et d’obéir. La prise de Jéricho était un acte de foi (Héb. 11 : 30). L’obéissance, puis la force, tel est l’ordre moral selon Dieu. Le peuple devait former un cortège qui ferait plusieurs fois le tour de la ville : sept sacrificateurs portant sept trompettes retentissantes précédaient l’arche de l’alliance de l’Eternel, elle-même entourée de tous les hommes de guerre. Le centre de ce cortège était l’arche (figure de Christ) ; elle est mentionnée seule au premier jour (v. 11). La puissance de Christ est exaltée au milieu de son peuple par les trompettes (figure de la Parole). Le zèle de Josué et du peuple est souligné par le fait qu’ils se lèvent tôt le matin, au lever de l’aurore (v. 12, 15).
            Les moyens divins ordonnés à Israël étaient sans valeur pour le monde, mais : « Christ la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes » (1 Cor. 1 : 24-25). « Les armes de notre guerre, en effet, ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses » (2 Cor. 10 : 3-4). Au cri du peuple jeté au septième tour du septième jour, « la muraille tomba sous elle-même » (v. 20). Rien de semblable n’avait jamais eu lieu : c’est un acte de puissance entièrement divine. Ensuite, le peuple exécute le jugement ordonné de Dieu : « ils détruisirent entièrement, par le tranchant de l’épée » (v. 21). De même le chrétien possède les armes de la lumière (Rom. 13 : 12) ; il doit prendre « l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu » (Eph. 6 : 17), pour combattre ses ennemis spirituels.


                         La malédiction de Jéricho et le salut de Rahab (v. 25-26)

            Mais la ville et toutes ses richesses étaient anathèmes à l’Eternel (v. 17-18). Il ne pouvait y avoir aucune communion entre le peuple de Dieu et les biens de l’ennemi. Toutefois, les richesses qui supportaient l’épreuve du feu avaient été sanctifiées par le jugement (Nom. 31 : 22-23)  et appartenaient désormais au trésor de l’Eternel. Le peuple a effectivement mis en application le commandement de l’Eternel (v. 24). Le transgresser exposait au juste gouvernement de Dieu celui qui le faisait, et, par association, le camp d’Israël tout entier.
            Rahab et sa famille, placées à l’abri du cordon d’écarlate, sont sauvées du jugement. Leur sécurité repose sur la présence au milieu du peuple de Dieu des deux espions qui s’étaient engagés avec serment auprès de Rahab de la part de l’Eternel (v. 22-23, 25). Jéricho est donc entièrement détruite par le feu et tous ses habitants ont péri parce qu’ils n’avaient pas cru (Héb. 11 : 31)  tandis que Rahab est sauvée par la foi.
            Cette scène du jugement des ennemis de Dieu et de leur roi se clôt par la malédiction décrétée sur la ville elle-même de la part de Dieu et sur celui qui la rebâtirait (v. 26). Un homme d’Israël, Hiel, de Béthel (le nom de Béthel signifie la maison de Dieu) accomplira à la lettre cette prophétie dans les tristes temps d’Achab et de l’apostasie du peuple d’Israël (1 Rois 16 : 34).
 
 
                         Conclusion de cette première victoire (v. 27)
 
            Dieu accorde sa pleine approbation à son fidèle serviteur Josué : « L’Eternel était avec Josué ; et sa renommée se répandit dans tout le pays » (v. 27). La même expression est employée pour Joseph en Egypte (Gen. 39 : 2, 21), vendu par ses frères (Act. 7 : 9). C’est une belle image de Celui qui a été rejeté dans sa personne comme Joseph et dans sa mission comme Moïse : « Jésus qui était de Nazareth… Dieu était avec lui » (Act. 10 : 38-39). Mais de Christ seul il peut être dit que « Dieu était en Christ » (2 Cor. 5 : 19), car « en lui habite toute la plénitude de la déité corporellement » (Col. 1 : 19 ; 2 : 9). Il est « le Christ, qui est sur toutes choses Dieu béni éternellement » (Rom. 9 : 5).
            Pour Israël, la prise de Jéricho était une victoire totale sur ses ennemis par la puissance divine ; une figure de ce que sera le renversement de la puissance du mal par Christ aux derniers jours. Le peuple voit maintenant tout le pays s’ouvrir devant lui, mais sa conquête devait procéder d’une véritable stratégie divine. Il fallait poursuivre vers l’ouest de Jéricho, pour séparer les ennemis du midi et du nord, avant de les attaquer et les vaincre les uns après les autres. Les trois phases des combats sont présentées, pour notre instruction morale, dans les chapitres 6-11 :

                 – 1. La poussée vers l’ouest et la prise de Jéricho et d’Aï (ch. 6-8). A Jéricho, la foi, l’obéissance et le courage du peuple sont les préalables à la victoire divine. Devant Aï, au contraire, la satisfaction de soi et la convoitise conduisent le peuple à sa première défaite.

                 – 2. La conquête du midi (ch. 9, 10). Gabaon et Beth-Horon caractérisent cette étape.

                 – 3. La conquête du nord, et les eaux de Mérom (ch. 11).
 
 

CHAPITRE 7 : La défaite d’Aï et la faute d’Acan
 
            La victoire sur Jéricho était complète et la conquête du pays paraissait aisée. Hélas, le peuple va découvrir sa faiblesse et devra apprendre ses leçons, par des défaites, lorsqu’il oublie sa dépendance de Dieu. Tel est le thème général développé pour notre instruction dans cette seconde partie du livre (ch. 7-12).
            Le premier danger, souligné à l’occasion du péché d’Acan, est celui du monde dans le cœur du croyant. Le second, à l’occasion de l’affaire des Gabaonites, est celui du monde dans la marche du chrétien.

            Que le Seigneur nous garde de ces deux dangers !
 
                                  
                         Appréciation divine (v. 1)
 
            Dès le début du récit de la défaite d’Aï et du péché d’Acan, Dieu lève le voile sur l’état réel du peuple et son péché (v. 1). Un homme d’Israël, Acan, avait transgressé le commandement de l’Eternel touchant l’anathème de Jéricho (6 : 18). Il avait souillé ainsi le peuple entier et fait s’embraser contre lui la colère de Dieu.
 
 
                         La défaite d’Aï (v. 2-5)
 
            Pour entreprendre la conquête d’Aï, une petite ville (dont le nom signifie : un monceau de ruines), Josué part de Jéricho (et non pas de Guilgal), sans instructions de la part de l’Eternel (contrairement à la conquête de Jéricho : 6 : 2), et sans que l’arche soit mentionnée. Les espions envoyés par Josué pour reconnaître la ville – mais était-ce la pensée de Dieu de les envoyer ? – estiment à tort que deux ou trois mille hommes suffiront pour la prendre. La défaite d’Aï se comprend alors aisément ; surtout, Dieu n’était plus avec son peuple (v. 12). Il faudra en définitive trente mille hommes vaillants pour venir à bout de cette petite ville (8 : 3) et sans beaucoup de gloire pour Israël. Combien les choses changent vite dans la vie chrétienne ! A l’éclatante victoire de Jéricho succède une défaite et le cœur du peuple se fond comme de l’eau. Les rôles sont maintenant inversés entre Israël et ses ennemis (comp. 7 : 5 et 5 : 1).
 
 
                         Humiliation et prière de Josué (v. 6-9)
 
            Josué prend alors la seule place qui convenait, celle de l’humiliation. Il déchire ses vêtements et tombe sur sa face contre terre devant l’arche de l’Eternel jusqu’au soir, accompagné en cela par les anciens d’Israël. C’est bien la position qui nous convient (Jac. 4 : 10 ; 1 Pier. 5 : 6). Les paroles de Josué dans la présence de Dieu montrent un homme faillible, « ayant les mêmes penchants que nous » (Act. 14 : 15 ; Jac. 5 : 17). Ce n’est plus le conducteur du peuple, type de Christ. Il emploie les expressions mêmes trouvées dans la bouche du peuple au retour des espions incrédules (v. 7 ; Nom. 14 : 2-3). Sa foi brille néanmoins quand il pense au grand nom de l’Eternel plutôt qu’à celui du peuple (v. 9).
 
 
                         La réponse de Dieu et les instructions au peuple (v. 10-15)
 
            Dieu arrête Josué et lui déclare l’état moral du peuple : la promesse à Josué que personne ne tiendrait devant eux (1 : 5) se retourne maintenant contre eux (v. 12), aussi longtemps que le peuple ne s’est pas purifié du mal qui le souille. La présence d’un Dieu saint au milieu de son peuple (Lév. 19 : 2)  appelle à la sanctification (2 Cor. 6 : 17 ; 1 Pier. 1 : 16), qui elle-même doit précéder toute action. L’ordre moral de cette scène solennelle est donc : l’humiliation, la sanctification et enfin l’action d’ôter le méchant. Le péché d’un seul, Acan, le rendait personnellement coupable ; en même temps, la congrégation d’Israël tout entière était souillée : « Israël a péché » (v. 11), et : « Il y a de l’anathème au milieu de toi, Israël » (v. 13).
            La réponse de Dieu à l’humiliation de Josué et des anciens se termine par des instructions précises touchant la manière dont le péché devait être découvert – car jusque-là il était resté inconnu à l’ensemble du peuple – puis jugé (v. 14-15).
 
 
                         La découverte du mal (v. 16-23)
 
            Se levant de son humiliation, Josué retrouve le zèle habituel qu’il avait déjà manifesté à la prise de Jéricho, se lève de bonne heure et obéit à la lettre au commandement divin.
            Acan, un homme de la tribu royale de Juda, est désigné devant tous comme coupable. Connu de Dieu seul (v. 1), son péché est maintenant manifesté à tous et la déclaration publique de sa faute était en elle-même une gloire et une louange rendues à l’Eternel, le Dieu d’Israël (v. 19). La confession d’Acan était nécessaire : « J’ai péché contre l’Eternel, le Dieu d’Israël » (v. 20). Pourquoi avait-il gardé le silence pendant la défaite de ses frères devant Aï et la désolation de Josué devant l’arche ? Le triste chemin de la convoitise dans le cœur depuis la chute d’Adam et d’Eve au jardin est, hélas ! toujours le même : « J’ai vu… je les ai convoités, et je les ai pris » (v. 21). C’est ainsi que l’apôtre Jacques nous met en garde contre les mouvements de notre propre cœur : « Chacun est tenté, étant attiré et amorcé par sa propre convoitise ; ensuite la convoitise, ayant conçu, enfante le péché ; et le péché, une fois commis, produit la mort » (Jac. 1 : 14-15).

            L’objet de la convoitise d’Acan était un beau manteau de Shinhar et des richesses (deux cents sicles d’argent et un lingot d’or). Shinhar, dans la plaine de l’Euphrate (Gen. 10 : 10) a vu la première rébellion de l’homme orgueilleux contre Dieu après le déluge, à la tour de Babel (Gen : 11 : 2-9). C’est ensuite le siège de la puissance de Babylone et de l’idôlatrie (Dan. 1 : 2), pour devenir le foyer de la méchanceté humaine (Zac. 5 : 5-11). La Parole nous met abondamment en garde contre l’attrait des richesses et leur effet désastreux dans la vie du chrétien (1 Tim. 6 : 9-10). Ce butin, volé par Acan malgré l’interdiction divine, était caché dans sa tente, figure du domaine intérieur de la vie personnelle du chrétien.

            C’est ainsi que le mal s’est pour la première fois introduit au milieu d’Israël. De la même manière, le mal dans l’assemblée chrétienne est entré par Ananias et Sapphira, dont le péché avait le même caractère que celui d’Acan. Il était beaucoup plus grave encore à cause de la présence personnelle dans l’assemblée du Saint Esprit, à qui ils avaient menti (Act. 5 : 3-4).

            C’est devant l’Eternel que toute cette scène solennelle se déroule (v. 23) car « Dieu jugera par Jésus Christ les secrets des hommes » (Rom. 2 : 16)  et : « Tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous avons affaire » (Héb. 4 : 13).
 
 
                         Le jugement d’Acan et la porte d’espérance (v. 24-26)
 
            Si le peuple tout entier était souillé par la faute d’Acan, celui-ci seul devait en porter la culpabilité par le jugement.
            Associé maintenant à Josué (v. 24), le peuple manifeste qu’il est pur dans cette affaire par la confession publique du mal. Il en est de même dans l’assemblée chrétienne (2 Cor. 7 : 11). Dans ces tristes et douloureuses questions de discipline collective, il convient de prendre le parti de Dieu contre le mal. En même temps, n’oublions jamais que nous ne sommes que péché en nous-mêmes, mais toujours des objets de la grâce de Dieu.

            La famille d’Acan a partagé le jugement de son chef, ce qui laisserait penser que le secret du péché avait été connu d’elle. C’était un péché à la mort (1 Jean 5 : 16-17)  en raison de sa gravité et de sa confession tardive. Dieu avait averti son peuple que la transgression de son commandement serait une source de trouble (6 : 18), et les dernières paroles de Josué à Acan en rendent le solennel témoignage (v. 25). Le nom même de la vallée où s’est exercé le jugement, Acor (c’est-à-dire : trouble) en garde le souvenir. Il ne s’agit ici que de la mort du corps et non pas d’un jugement final de l’âme. Ce jugement d’Acan est un cas de jugement gouvernemental, conséquence de la conduite d’un homme sur la terre.

            En même temps, le nom de la vallée du jugement est le gage de la fidélité d’un Dieu qui aime toujours son peuple, bien qu’il ait été souvent contraint de le châtier ; Acor deviendra une porte d’espérance pour Israël dans l’avenir (Os. 2 : 14-15). Alors, les deux sentences de Lo-Ammi et Lo-Rukhama seront suspendues en faveur du peuple reconnu de Dieu et objet de sa miséricorde.

            « Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu » (Rom. 11 : 22).
           
            « O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses voies indiscernables !… A lui la gloire éternellement ! Amen » (Rom. 11 : 33, 36).
 
 

                                            D’après J. Muller - extrait de « Sondez les Ecritures » (vol. 3)