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ESQUISSE DU LIVRE DES NOMBRES (12)

 
 

Les ressources au désert (suite)


Les sacrifices
 

            L’institution des sacrifices se trouve fondamentalement dans les premiers chapitres du Lévitique. Dans les Nombres nous trouvons un sacrifice caractéristique du désert que l’on ne trouve nulle part ailleurs : la génisse rousse (chap. 19).

            Le péché nous est présenté dans la Parole sous un double aspect :
                   - celui de la culpabilité, de la dette, en présence de la justice de Dieu, auquel répond le pardon (Lév. 4 à 5).
                   - d’autre part, face à la sainteté de Dieu, celui de la souillure, qui nécessite une purification.

            C’est ce dernier cas que présente notre chapitre, comme dans Jean 13. A noter que sous la grâce, et quant à la marche du croyant, « si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1 : 9).
            Il ne s’agit pas ici de la base fondamentale des relations avec Dieu comme en Lévitique 16, afin que le Seigneur puisse demeurer au milieu de son peuple, mais des fautes, hélas ! si fréquentes dans la marche au désert, représentées ici par le contact avec la mort.
            La pensée de la chair est la mort ; le salaire du péché, c’est la mort ; si vous vivez selon la chair vous mourrez : toute manifestation de la chair, au lieu de celle de la vie de Christ en nous, est pour ainsi dire un contact avec la mort. Les péchés ne nous sont plus imputés, à nous croyants dont Dieu peut dire, à cause de « l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » (Héb. 10 : 10) : « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés » (v. 17) ; mais la communion avec le Seigneur s’en trouve interrompue ; et, si nous ne les jugeons pas, nous nous exposons, à cause de nos manquements, au gouvernement de Dieu en discipline (1 Cor. 11 : 31-32).
            La chair se manifeste dans notre comportement personnel (v. 11) ; dans la famille, « la tente » (v. 14) ; dans notre travail et nos relations au dehors, « aux champs » (v. 16). Elle garde toujours son caractère de violence, plus ou moins marqué - amertume, emportement, colère, éclats de voix, injures (Eph. 4 : 31), ou de souillure, de corruption (fornication, impureté, affections déréglées, mauvais désirs... (Col. 3 : 5). La faute sera peut-être produite par un simple « ossement » (v. 16) : ces « petites choses » auxquelles on ne prend pas assez garde, manque de droiture, d’honnêteté, paroles déplacées ; elle peut prendre l’allure du sépulcre : l’hypocrisie qui revêt le péché d’une sorte de manteau honorable. Rappelons au sujet de « la tente » que l’impureté entachait tout ce qui s’y trouvait, en particulier « tout vase découvert ». Sérieuse leçon pour nous, parents, ou frères ou sœurs plus âgés ! Si nous nous disputons, si nous médisons et parlons mal de nos proches ou de l’assemblée, d’autres plus jeunes, les enfants, les jeunes croyants dans la famille, nous entendent, et eux aussi - vases découverts - ils sont contaminés !
            Toutes ces choses souillent, interrompent la communion avec le Seigneur, et nécessitent que l’âme soit purifiée et restaurée sans retard. C’est à cela que pourvoient, en type, les cendres de la victime : le souvenir des souffrances expiatoires de Christ.


                        L'offrande de la génisse

            Elle nous est présentée comme ayant été faite « une fois pour toutes », expression que nous retrouvons sept fois dans les épîtres en rapport avec la mort de Christ. Les cendres formaient ensuite le témoignage d’une œuvre accomplie, dont l’application à la conscience et au cœur était nécessaire et suffisante pour la purification. La génisse elle-même devait être sans tare, n’avoir aucun défaut corporel et n’avoir pas porté le joug : type évident de Christ qui n’a pas commis de péché, en qui il n’y a point de péché, qui n’a pas connu le péché.
            Elle était menée hors du camp, comme Jésus est sorti, portant sa croix (Jean 19. 17), pour être crucifié hors de la porte. Son sang était aspergé sept fois droit devant la tente d’assignation, c’est-à-dire en témoignage pour l’homme qui s’approche, et non devant Dieu dans le lieu très saint, comme au jour des propitiations.
            Le sacrificateur, Éléazar, n’offre pas lui-même l’offrande : « On l’égorgera devant lui… on brûlera la génisse devant ses yeux ». Le feu du jugement consume tout : la peau, la chair, le sang, la fiente. Le sacrificateur prend du bois de cèdre, de l’hysope et de l’écarlate, et les jette au milieu du feu où brûle la victime : le croyant est amené à considérer comme placé au bénéfice de la mort de Christ tout ce que le monde peut offrir de plus grand ou de plus humble, toute la gloire humaine, tout ce que l’homme naturel pourrait désirer sur cette terre de péché (Gal. 6 : 14). La gloire de ce monde disparaît, pour la foi, dans le jugement de la croix.
            La cendre est alors ramassée et déposée hors du camp en un lieu pur, pour être gardée comme eau de séparation, une purification pour le péché. Le sacrifice de la génisse ne sera pas renouvelé, mais l’eau vive (le Saint Esprit) appliquera les cendres (le souvenir des souffrances de Christ et le témoignage d’une œuvre efficace) sur celui qui sera impur.


                        Comment cette purification s'opère-t-elle ?

            Le coupable, une fois conscient de sa faute, avait recours à un homme pur qui, le troisième jour - pas tout de suite : le sentiment de la faute devait être approfondi -, faisait aspersion sur lui, impur, avec l’eau contenant les cendres.
            Comme nous l’avons vu, l’impureté dans ce chapitre, tout en s’appliquant à tout péché, a en vue les souillures du désert, en pratique pour nous, avant tout, les défauts de caractère et de comportement, ces manifestations si fréquentes de la chair dans notre marche, sur lesquelles nous passons souvent trop facilement, sans même les remarquer. Pourtant il importe de s’en rendre compte, de s’en repentir et de les confesser, exercice de conscience qui aboutit au troisième jour, où le Saint Esprit fait comme revivre pour l’âme le souvenir des souffrances de Christ, afin de lui faire saisir comme tout à nouveau que pour ce péché-là aussi, Jésus a dû mourir.
            L’exercice doit aller plus loin. L’homme impur en Israël devait attendre jusqu’au septième jour pour qu’une seconde fois l’homme pur fasse sur lui aspersion des cendres. Puis il lavait ses vêtements et se lavait dans l’eau, « et le soir il sera pur ». Ce travail de conscience du troisième au septième jour correspond au jugement de soi-même, à cette recherche dans la lumière divine des causes profondes de nos manquements. Le souvenir de l’œuvre parfaite de Christ s’applique alors non seulement à une faute spécifique, mais à la racine même du mal, qui a rendu nécessaire qu’Il soit fait péché pour nous.
            Si, par exemple, j’ai mal parlé à quelqu’un, dès que je m’en rends compte, il convient de confesser la chose au Seigneur. Puis, dans le particulier, seul avec Dieu, il importe de juger vraiment la faute commise, d’être exercé devant Lui non seulement quant aux paroles prononcées, mais à ce qui y a donné occasion : les pensées que j’ai longtemps peut-être entretenues dans mon cœur contre la personne en question. On sera ainsi amené, dans le sentiment de ce qu’il en a coûté au Seigneur de souffrir à notre place, à juger non seulement les paroles, mais l’état d’esprit et de cœur qui y a conduit. On pourra alors reconnaître envers le lésé son manquement et tâcher de le réparer.
            La Parole doit mettre ensuite en ordre le témoignage extérieur (vêtements), et la personne même (se laver dans l’eau). Il nous est dit dans les Proverbes : « Celui qui cache ses transgressions ne prospérera point, mais celui qui les confesse et les abandonne obtiendra miséricorde » (28 : 13). Cela nécessite vigilance et sobriété (litt. contrôle de soi), sans parler de la main ou du pied qu’il peut être nécessaire de « couper », selon Matthieu 18 : 8.
            Un homme de la famille sacerdotale, une fois impur, le restait « jusqu’au soir ». Pendant tout ce temps il ne devait pas manger des choses saintes, jusqu’à ce que le soleil soit couché. Alors seulement il pouvait cesser son jeûne (Lév. 22 : 6-7). N’y a-t-il pas là aussi un enseignement pour nous, soit dans le domaine spirituel, soit quant à la vie courante ? La communion avec le Seigneur ne peut être rétablie, on ne peut vraiment se nourrir des « choses saintes », sans que la purification soit accomplie ; et le jeûne que devait observer le fautif, ne nous parle-t-il pas, dans le domaine tout pratique, d’une certaine discipline personnelle, allant de pair avec une vraie restauration ?


                        L'homme pur

            « L’homme pur » qui fait aspersion de l’eau vive contenant les cendres, rappelle celui qui, à l’exemple du Maître, lave les pieds de ses frères (Jean 13 : 14). Il était lui-même impur jusqu’au soir (v. 21). Un homme, si pieux soit-il, ne saurait s’occuper du mal, même chez autrui, sans en subir quelque conséquence.
            La confession réciproque de Jacques 5 : 16, afin de prier l’un pour l’autre, s’en rapproche. Remarquons qu’une telle confession implique une discrétion totale : celui qui a ramené un pécheur de son égarement « couvre une multitude de péchés », c’est-à-dire conserve à leur égard un silence complet (Jac. 5 : 20).
            Rappelons encore Galates 6 : 1 : « Frères, même si un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, relevez un tel homme dans un esprit de douceur, - prenant garde à toi-même de peur que toi aussi tu ne sois tenté ». Celui qui est spirituel, appelé à relever son frère dans un esprit de douceur, doit pourtant prendre garde à lui-même, de peur de tomber à son tour. Cela ne fait-il pas partie de l’exercice de l’homme qui a fait aspersion des cendres sur son frère impur ?
            Soulignons cependant que dans le Nouveau Testament tout croyant a l’accès direct à Dieu et ne saurait avoir besoin d’un intermédiaire sur la terre, ni pour Lui confesser ses péchés, ni pour Le prier ou L’adorer. Mais cette vérité fondamentale n’exclut pas cette assistance fraternelle selon la grâce que, dans la crainte du Seigneur et dans la douceur de l’amour, des frères peuvent se prêter les uns aux autres.
            Remarquons finalement la solennité du verset 20 : « L’homme qui sera impur, et qui ne se sera pas purifié, cet âme-là sera retranchée du milieu de la congrégation - car il a rendu impur le sanctuaire de l’Eternel ». Accumuler sur sa conscience des fautes non jugées, non confessées, voile la communion avec le Seigneur, fait baisser la tonalité de la vie spirituelle, et, de chute en chute, peut conduire le coupable jusqu’au « retranchement », rendu indispensable parce que le Seigneur habite au milieu de son peuple (voir Nom. 5 : 2 ; 1 Cor. 5 : 11, 13).



Le serpent d'airain
(Nom. 21 : 7-9 ; Jean 3 : 14-15)

            Pour la première fois dans la sombre histoire des Nombres, le peuple dit avec sincérité : « Nous avons péché, car nous avons parlé contre l’Eternel et contre toi » (21 : 7). Il a fallu la morsure du serpent, la réalisation de toute la méchanceté de l’Ennemi, du poison qu’est la chair en nous, avec son origine satanique, pour que le peuple en soit amené là.
            Moïse prie pour le peuple ; l’Eternel lui ordonne de mettre sur une perche un serpent d’airain ; quiconque le regarderait, vivrait.
            « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l’homme soit élevé... » (Jean 3 : 14), disait le Seigneur Jésus dans la nuit mémorable où Nicodème était venu à Lui. De la bouche même du Sauveur nous avons l’assurance que c’est bien Lui que le serpent désigne !
            Comment cela est-il possible qu’un serpent, et non un agneau, soit ici une figure du Seigneur Jésus ? Dans toute l’Ecriture le serpent représente le diable (Apoc. 20 : 2). Le taureau, le bélier, la tourterelle, animaux purs, sont une figure de la Victime sans tache offerte pour nos péchés. Il est un abîme où le Seigneur de gloire a dû descendre, plus profond que ses souffrances physiques ou l’humiliation éprouvée dans sa vie : « Celui qui n’a pas connu le péché, il (Dieu) l’a fait péché pour nous » (2 Cor. 5 : 21) ; « Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous » (Gal. 3 : 13). , Inscrutable mystère, dans les trois heures de ténèbres, Lui, le Fils de Dieu, l’Homme parfait, la victime sans tache, était fait comme un « serpent », traité comme le péché même, sous le poids infini de la malédiction divine.
            C’est à un tel Christ qu’il faut regarder pour être sauvé - non seulement au modèle qu’Il a été, dans sa vie ou même dans son dévouement jusqu’à la mort, mais à Celui qui a donné sa vie pour nous : « ... il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ».
  


                                                                                                    D’après G. André

  
A suivre