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Notes prises à l'occasion d'études sur Lévitique 13 et 14
 


La lèpre dans l'Ecriture 
Lévitique 13 : la plaie de lèpre
          1- Les symptômes 
          2- Le lépreux devant le sacrificateur 
          3- L'homme entièrement lépreux déclaré pur 
          4- La conduite à l'égard du lépreux 
          5- La lèpre sur les vêtements 
                                     
       
 
La lèpre dans l'Ecriture :
 
            Avant d'aborder l'étude des chapitres 13 et 14 du Lévitique, rappelons différents passages de l'Ecriture où est mentionnée cette maladie grave et insidieuse, la lèpre, image du péché.
            Dans l'Ancien Testament, plusieurs cas de manifestation de la lèpre sont rapportés :
            - Exode 4 : 6 : Moïse, sans qu'il y ait de sa part un acte de péché, doit apprendre, en retirant de son sein sa main devenue lépreuse, qu'il est un pécheur par nature ; puis la retirant guérie, il est, selon le langage du Nouveau Testament, « justifié du péché » (Rom. 6 : 7).
            - Nombres 12 : Marie (avec Aaron) parle contre Moïse mais, en réalité, elle conteste contre Dieu qui a confié un service à Moïse ; elle devient lépreuse.
            - 2 Rois 5 : Guéhazi est frappé de la lèpre de Naaman guéri, parce qu'il a convoité l'argent du gentil, objet de la grâce.
            - 2 Chroniques 26 : le roi Ozias a voulu usurper l'autorité sacerdotale : la lèpre éclate sur son front, le siège de la pensée.
 
            Remarquons que seul le cas de Moïse n'est pas la conséquence d'un péché commis, mais il devait apprendre la leçon de Dieu, que nous avons indiquée. La plupart de ces lépreux ont connu la guérison. Pour ce qui concerne Guéhazi, la Parole nous dit que la lèpre s'attachera à lui pour toujours, tandis que plus loin, elle nous apprend qu'il se tenait devant le roi, et non hors de la ville comme ceux de 2 Rois 7 : 3. Seul, le roi Ozias a dû finir sa vie dans une maison d'isolement total, selon l'ordonnance de Lévitique 13 : 46. Ceci est solennel et montre la grande responsabilité d'Ozias comme roi, et surtout la gravité du péché provenant des pensées d'orgueil de sa tête.
 
            Selon l'enseignement de Nombres 5 : 1-2, la plaie de lèpre excluait tout lépreux d'une relation avec Dieu et avec son peuple, comme le réalise Pierre lorsqu'il s'écrie : « Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (Luc 5 : 8).
 
            Dans les évangiles, nous trouvons deux cas de lépreux guéris :
            - Luc 5 : 12-14 (même récit que Matt. 8 : 1-4 et Marc 1 : 40-44) : en réponse à la foi du lépreux qui se jette à ses pieds, le Seigneur dit : « Je veux, soit net ». Le Seigneur ne dit que deux fois « Je veux ». Ici nous entendons le « Je veux » de la grâce. En Jean 17 : 24, dans sa prière sacerdotale, nous entendons le « Je veux » de la gloire.
 
            - Luc 17 : 11-19 : dix lépreux rencontrent le Seigneur et font appel à sa miséricorde. Des dix rendus nets, un seul, un Samaritain, « étranger », revient pour rendre gloire et hommage au Seigneur et lui exprimer sa reconnaissance.
           
            Savons-nous louer notre Dieu et Père chaque jour pour sa merveilleuse grâce envers nous, pécheurs ? Savons-nous aussi rendre grâces pour sa divine ressource envers nous, afin de venir à Christ, comme autrefois David a déjà pu l'exprimer dans le Psaume 32 : 5 : « ... Je confesserai mes transgressions à l'Eternel ; et toi, tu as pardonné l'iniquité de mon péché ». L'apôtre Jean nous dit : « Il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1 : 9).
 
            Chacun doit être convaincu de ce qu'il est un pécheur par nature et qu'il a besoin d'être guéri et purifié. « Depuis la plante des pieds jusqu'à la tête, il n'y a rien en lui qui soit sain ; tout est blessure et meurtrissure et plaies vives » (Esaïe 1 : 6). Tel est le témoignage de Dieu. Ce ne sont pas seulement les actes, mais l'état moral de l'homme pécheur dans sa nature qui est ainsi décrit. C'est la leçon apprise par Moïse considérant sa main lépreuse ; c'est aussi la même expérience que réalisera à son tour le prophète Esaïe. Après avoir prononcé six « malheur » sur les pécheurs d'entre le peuple, le prophète de l'Eternel est lui-même placé dans la lumière de la présence de Dieu. Alors, il se voit tel qu'il est par nature, et doit prononcer un septième « malheur » : cette fois-ci, c'est « malheur à moi » ! « Je suis perdu ; car moi je suis un homme aux lèvres impures ». La ressource divine est là : c'est le charbon ardent pris de dessus l'autel pour toucher ses lèvres. « Ton iniquité est ôtée, et propitiation est faite pour ton péché » (Es. 6 : 5-7).
 
            En 1 Corinthiens 5 : 2-6, une autre image du péché, le levain, est utilisée par l'apôtre Paul en ces termes : « et vous êtes enflés d'orgueil... un peu de levain fait lever la pâte toute entière ».
 
 
            Toute l'histoire morale de l'homme est placée devant nous dans les chapitres 13 et 14 du Lévitique que nous allons étudier. Il faut que nous soyons convaincus de l'horreur du péché (dont la lèpre est l'image) qui nous exclut de la présence du Dieu saint, mais aussi que nous réalisions la merveilleuse ressource de sa grâce pour nous rendre purs pour paraître devant lui. Dans ces chapitres, l'importance de la question du péché aux yeux de Dieu est montrée par l'abondance des détails ; chacun d'eux a donc un sens spirituel pour nous.
 
 
 
Lévitique 13 : la plaie de lèpre
 
            Dans ce chapitre, comme dans les autres passages déjà considérés, la lèpre est une « maladie » qui atteint l'humanité tout entière. La lèpre nous parle de l'activité corruptrice du péché dans la chair. Le chapitre 14 nous présentera la ressource de la grâce de Dieu dans la guérison.
 
            Ce chapitre 13 pourrait être scindé ainsi :
                        a- la lèpre, mal moral chez un individu : v. 1 à 46
                                   - v. 1-17 : caractères de la lèpre
                                    - v. 18-28 : causes possible de la lèpre
                                    - v. 29-37 : endroits où la lèpre peut se manifester
                                    - v. 38-44 : exhortations à ne pas voir la lèpre, le mal, partout
                                    - v. 45-46 : condition de vie du lépreux
                        b- la lèpre dans nos habitudes de vie : v. 47 à 59
 
            L'enseignement qu'il contient a deux aspects. Il s'applique premièrement à l'état de l'homme pécheur par nature. Tout homme doit reconnaître pour lui-même son état de pécheur, le confesser devant Dieu, et aussi devant les hommes. « Et le péché produit... la mort » (Jac. 1 : 15), comme la lèpre fait lentement mourir le lépreux. Mais l'enseignement de ce chapitre s'applique aussi à tout croyant. En effet, il s'agit ici des fils d'Israël, le peuple de Dieu ; la lèpre pouvait apparaître au milieu de ceux qui étaient en relation avec Dieu. On comprend donc l'enseignement spirituel pour nous : l'image de la lèpre présente l'action du péché dans la chair d'un croyant, et également au milieu des croyants. Le croyant n'est plus dans la chair (Rom. 8 : 9), mais si nous vivons selon la chair (Rom. 8 : 13), nous « mourrons ». La chair est encore en nous, et nous sommes appelés à la tenir dans la mort ; mais le croyant est malheureusement exposé à la laisser agir et à pécher (1 Jean 1 : 8). Nullement améliorée par la nouvelle naissance, la chair demeure incurable. Ainsi, Dieu nous demande de la tenir dans la mort, là où la mort de Christ l'a placée à la croix. C'est ce qu'exprime l'apôtre Paul : « de même vous aussi tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Rom. 6 : 11).
 
            Deux personnes apparaissent : le lépreux et le sacrificateur. La question se règle entre ces deux personnes : « on l'amènera à Aaron le sacrificateur ou à l'un de ses fils, les sacrificateurs ; et le sacrificateur verra la plaie » (v. 2-3). Christ, dont Aaron est ici le type, a fait propitiation par son propre sang : il est celui que rencontre le pécheur dans sa condition misérable. Il n'y a aucun intermédiaire, contrairement à ce que l'on enseigne dans le catholicisme. Ceci correspond au premier aspect déjà mentionné : « le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché » (1 Jean 1 : 7). D'autre part, comme croyant, nous avons cette ressource d'aller à lui, notre « grand souverain sacrificateur », qui est aussi notre « avocat auprès du Père », chaque fois que nous avons péché : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés » (1 Jean 1 : 9).
 
            Les fils d'Aaron évoquent la présence de croyants spirituels, ayant le discernement de la pensée de Dieu formé dans le sanctuaire et animés de « la sagesse d'en haut » (Jac. 3 : 17). Ils sont capables de s'occuper, étant dans la communion du Seigneur, de la plaie d'un autre croyant en vue de la guérison. Ce n'est pas en ayant nos pensées tournées vers le monde que nous pouvons avoir une appréciation juste, vraie, de ce qu'est le péché aux yeux de Dieu, mais quand nous sommes dans le sanctuaire (Ps. 73 : 17). En Nombres 5 : 17, dans l'éventualité d'un autre péché, le sacrificateur devait prendre de la poussière du sol du tabernacle, évoquant la mort, et la mettre dans l'eau sainte (symbole de l'action de l'Esprit et de la Parole) : la mort, estimée selon une appréciation connue dans la présence de Dieu, comme conséquence du péché, a nécessité la mort du Fils de Dieu à la croix du Calvaire.
 
            Nous trouvons trois endroits différents où peut se manifester la lèpre :
- sur le corps de l'homme : dans la peau (paragraphes commençant aux versets 2, 9, 18, 24 et 38) ou « dans la tête » (v. 29).
            - sur un vêtement (v. 47)
            - dans une maison, sur ses murs (14 : 33)
            Dans son application à ce qui concerne les croyants, le péché peut se manifester soit dans les personnes elles-mêmes, soit dans leurs circonstances, soit dans le rassemblement local dont la maison est une figure. Le cas de la plaie de la lèpre « dans la tête » est particulièrement solennel, car nous avons vu que pour Ozias il n'y a pas eu de guérison. La plaie manifeste extérieurement ce qui est invisible en nos pensées, mais c'est dans les pensées de l'être intérieur que se trouve l'origine du « péché par fierté » (Nom. 15 : 30). Et l'apôtre dit : « Si nous péchons volontairement... il ne reste plus de sacrifice pour les péchés » (Héb. 10 : 26).
 
 
     1- Les symptômes :
            Il faut d'abord examiner la plaie. Il y a des indices préoccupants : tache, poils blancs, traces de chair vive, plaie plus profonde que la peau. Au verset 7, il y a un indice supplémentaire : la plaie s'étend beaucoup.
            Le poil blanc parle de déclin spirituel : « des étrangers ont consumé sa force et il ne le sait pas. Des cheveux gris sont parsemés sur lui, et il ne le sait pas » (Osée 7 : 9). Il y a un déclin de la force, de l'intérêt pour les choses spirituelles, pour la lecture de la Parole, pour les réunions, pour la prière, et cela peut être le signe d'un mal plus profond : la plaie est plus enfoncée que la peau, l'intérieur aussi est malade. « Ils méditent des méchancetés... l'intérieur de chacun, et le coeur est profond » (Ps. 64 : 6). Il n'est pas donné à chacun d'avoir l'appréciation de Dieu pour un cas de lèpre, de voir « ce qui est profond ». Quelqu'un peut être par exemple « un outrageux » (1 Cor. 5 : 11) ; un autre peut avoir un moment de colère et outrager un autre frère sans avoir de la haine contre lui : la plaie peut alors n'être que superficielle. Mais en contraste, en ayant un grand contrôle de soi, un frère peut adresser à un autre frère des paroles indignes, en étant animé d'une haine profonde : le mal est dans le coeur, plus profondément que la peau, c'est de la lèpre. La lèpre manifeste ce qui est dans le coeur. Il faut donc un discernement spirituel sacerdotal pour examiner la plaie. C'est un don spirituel que celui du discernement d'esprits (1 Cor. 12 : 10).
            Par la désobéissance, le péché est entré dans le monde (Rom. 5 : 12), et avec le péché, la mort. La lèpre se manifeste de différentes manières, mais elle conduit à la mort. Avec droiture devant Dieu, reconnaissons que nous sommes souvent désobéissants. Jacques 1 : 14-15 décrit trois étapes : la convoitise, le péché, la mort. Nous sommes souvent tentés, mais la tentation n'est pas le péché. Par manque de sainteté pratique, la convoitise naît ; la tache s'enfonce, le péché est consommé, puis finalement vient la mort. Soyons donc vigilants !
            En Rom. 6 : 23, le croyant n'a rien à craindre de la mort : le don de grâce de Dieu, c'est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur. De quelle mort est-il donc parlé en Jac. 1 : 15 ? Nous verrons qu'en Lév. 13 : 14-46, le lépreux a son habitation hors du camp : c'est la mort « civile » ; toute relation au sein du peuple de Dieu est interrompue pour un croyant qui laisse un péché non confessé sur sa conscience, ce qui pour nous correspond à l'enseignement de l'apôtre en 1 Cor. 5.
 
   2- Le lépreux devant le sacrificateur :  
            Aux v. 2 et 9, il est dit : « On l'amènera à Aaron le sacrificateur ». D'autres paragraphes omettent cette action. Qui sommes-nous pour nous occuper de ce qui concerne notre frère, notre soeur ? Seul l'amour pour leur bien-être spirituel justifie une telle intervention. Mais il faut connaître avant tout Celui vers qui nous pouvons nous tourner, Celui qui seul est suffisant. Au v. 20, il est dit : « l'homme se montrera au sacrificateur ». Il savait vers qui aller. Si nous avons connu pour nous-mêmes ce chemin vers le Seigneur, notre grand souverain sacrificateur et notre avocat auprès du Père, nous pourrons être une aide spirituelle pour d'autres, les amenant avec prière devant le trône de la grâce. Dans les évangiles, nous trouvons des âmes qui viennent d'elles-mêmes à Jésus avec leur souffrance (Marc 1 : 40), tandis que d'autres sont amenées à lui (Jean 1 : 42 ; Marc 2 : 3).
            Il est souvent écrit dans ces chapitres : le sacrificateur verra..., déclarera..., fera... : ce sont trois étapes de son intervention. La personne placée devant le sacrificateur n'a rien à dire, pas même ce qu'elle pense d'elle-même. Elle montre sa plaie à découvert, ce qui, pour nous, correspond à une déclaration droite et à la confession (1 Jean 1 : 9). Ce n'est pas ce que je pense de mon état qui compte, mais ce que le Seigneur voit dans mon être intérieur. Paul lui-même dit : « Je n'ai rien sur ma conscience, mais par là, je ne suis pas justifié ; mais celui qui me juge, c'est le Seigneur » (1 Cor. 4 : 4). Le lépreux doit s'attendre entièrement à l'appréciation du sacrificateur. Il faut se souvenir de cela lorsque l'assemblée locale doit exercer la discipline.
 
            Le sacrificateur, fils d'Aaron, nous présente un croyant spirituel, un « père », selon le langage de l'apôtre Jean. Il ne se base pas sur des « ouï-dire », il a un contact personnel avec la personne concernée. Il « voit » la plaie. N'est-il pas remarquable que l'Eternel dise, lui qui voit tout jusque dans le coeur : « je descendrai et je verrai s'ils ont fait entièrement selon le cri qui en est venu jusqu'à moi ; et sinon, je le saurai » (Gen. 18 : 21) ? Voilà une exhortation à nous occuper du péché comme Dieu le fait. Quelle prudence, quelle circonspection nécessite l'examen de la plaie ! Il est dit au v. 2 : « ... Aaron, le sacrificateur ou l'un de ses fils, les sacrificateurs » : le Seigneur se sert souvent de l'un ou l'autre des siens en vue de l'examen d'une plaie. C'est lui qui guérit, mais il peut se servir d'un croyant spirituel qui sera un instrument fidèle pour effectuer un service envers celui qui a péché, jusqu'à la constatation de cette guérison. L'appréciation du sacrificateur est formée par sa fréquentation du sanctuaire, dans la présence de Dieu : tel est le caractère même d'un sacrificateur. Par la communion avec Dieu, il est « un homme fait, qui, par le fait de l'habitude, a les sens (spirituels) exercés à discerner le bien et le mal » (Héb. 5 : 14), pour « discerner quelle est la volonté de Dieu » (Rom. 12 : 2).
 
            Il peut y avoir une situation claire de lèpre (v. 3) ; les signes de l'activité de la chair sont sans ambiguïté : « il le déclarera impur ». Mais les apparences peuvent ne pas être évidentes, et l'amour, qui « n'impute pas le mal » veille à éviter toute déclaration précipitée. La première constatation ne permet souvent pas de déclarer l'absence –ou la présence- du mal. Après un temps complet (7 jours), il y a un nouvel examen de la plaie ; puis à nouveau un temps de patience attentive de sept autres jours. On pourrait dire : « après sept jours, il n'y a pas d'aggravation, donc l'homme est pur » ; mais non, il faut un signe de guérison visible : d'où la patience, la vigilance, le discernement exercé. Il est possible que « la plaie s'efface... le sacrificateur le déclarera pur ». Ou bien au contraire, la plaie s'aggrave, il y a une énergie active de la chair, alors « le sacrificateur le déclarera impur ». Cela nous montre avec quelle vigilance et quelle prudence il faut s'occuper d'un mal qui pourrait se manifester chez un croyant ou dans une assemblée locale. Combien est-il nécessaire de cultiver la dépendance du Seigneur pour avoir, à l'égard de ce mal, une appréciation selon lui !
            Aux versets 10, 14 et 15, il est parlé de chair « vive » ; au verset 16, elle peut « changer » et devenir blanche, mais au verset 14, elle peut redevenir « vive ». Combien nous devons être vigilants quant à nous-mêmes, car la chair « vive » est une chair en activité, « entretenue ». Ecoutons l'exhortation de l'apôtre Paul : « Mais revêtez le Seigneur Jésus Christ et ne prenez pas soin de la chair pour satisfaire à ses convoitises » (Rom. 13 : 14).
 
            Le poil qui poussait dans la plaie pouvait être de trois natures différentes : il nous est dit plusieurs fois dans ces cinq paragraphes qu'il pouvait être blanc, jaunâtre ou noir.
            Le poil blanc nous parle de dépérissement, il n'est plus nourri normalement. Le poil jaunâtre parle de corruption. Le poil noir est le signe que la plaie se guérit, un signe de vitalité, de santé : il croît sur une peau saine ; il y a un l'accroissement spirituel. Ou bien au contraire, « des cheveux gris sont parsemés sur lui, et il ne le sait pas » (Osée 7 : 9). Ce sont des signes extérieurs pour guider dans une appréciation quant à l'état intérieur. Un autre signe est « que la plaie s'étend » (v. 7), ou devient « plus enfoncée » (v. 21). Il y a quelque chose qui depuis longtemps est resté non jugé, mais Dieu permet dans ses voies gouvernementales que cela soit finalement mis en évidence. C'est une « lèpre invétérée », on a laissé le mal s'enraciner, le péché a pris place dans le coeur, dans la vie. Les fruits se manifestent toujours, une fois ou l'autre ; nous voyons, en Galates 5 : 19-22, les fruits de la chair, puis « le fruit de l'Esprit » est décrit : « l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance ».
           
            Un frère ou une soeur peuvent discerner plus vite que d'autres le vrai caractère de la plaie quant à une personne ou quant à l'assemblée locale. Il en résulte des exercices particuliers et souvent prolongés, dans la prière persévérante, demandant au Seigneur de manifester les choses comme il les voit, lui ; faut-il constater que « la plaie s'est étendue ou enfoncée » ou doit-on attendre que l'oeuvre dans le coeur produise une guérison vraie, parce que les choses ne sont pas encore révélées ?
            Dans les v. 9 à 11, le mal est si évident qu'un délai n'est pas nécessaire pour se prononcer : « c'est une lèpre invétérée ». A l'inverse, aux v. 12 et 13, la lèpre couvre toute la peau, de la tête aux pieds. Rien n'est caché, tout est déclaré. C'est la confession complète : « il est tout entier devenu blanc ». Il n'y a pas la prétention d'être autre chose qu'un lépreux. « Le sacrificateur le déclarera pur » ; puis il est ajouté de manière emphatique : « il est pur ».
            Le brigand sur la croix a pris conscience de son état devant la sainteté du Seigneur. Il le confesse dans ce moment solennel, sans qu'il puisse paraître en état d'obtenir quoi que ce soit de la part des hommes. Le Seigneur lui ouvre un accès immédiat à la « pureté » du ciel ! Nous voyons dans la Parole plusieurs personnes déclarer « j'ai péché », « je suis un homme pécheur ». En toute droiture dans la lumière, Pierre, Job, le fils prodigue, David (Ps. 51 : 4), ont réalisé ces paroles du Psaume 32 : « Bienheureux est l'homme à qui l'Eternel ne compte pas l'iniquité, et dans l'esprit duquel il n'y a point de fraude » (v. 2). D'autres ont aussi déclaré « j'ai péché », devant une évidence inéluctable, mais sans que leur conscience soit touchée, et sans délivrance : Pharaon, Saül, Judas ! Ils ont dû être livrés aux conséquences terribles de leur péché.
            Lorsque nous sommes placés dans la lumière, nous voyons que nous sommes perdus et nous disons comme le publicain en Luc 18 : 13 : « O Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur... ». « Il descendit en sa maison, justifié... ». Jean dit : « si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste, pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1 : 9). Mais au v. 14, un fait sérieux est mentionné : la chair vive peut réapparaître ! Pierre dit que si nous ne joignons pas avec empressement la vertu à la foi, et à la vertu, la connaissance, la tempérance, la patience, la piété, l'affection naturelle, l'amour, si ces choses n'abondent pas en nous, nous sommes aveugles, « ayant oublié la purification de nos péchés d'autrefois » (2 Pier. 1 : 5-9). Il est possible que, même après avoir reconnu ce qu'a produit l'activité de la chair, celle-ci se manifeste de nouveau. Combien nous avons besoin de veiller et de prier ! On ne peut jamais crier victoire sur la chair ! Mais la ressource demeure : aller vers le sacrificateur.
 
            La chair ne mérite pas plus d'égard chez un croyant que chez un incrédule, bien au contraire. Nous avons à veiller sur toutes ses manifestations en nous. Mais toute manifestation de la chair ne doit pas être amenée à la connaissance de tous. « On l'amènera » implique que le fait est connu de plusieurs. Mais au verset 19, la personne vient d'elle-même. Combien de fois n'avons-nous pas connu cela, pour nous-mêmes ou en tant que sacrificateur, sans que la chose soit connue de tous ? La lèpre est soignée dans la présence de Dieu ; nous avons à notre disposition ce service sacerdotal qui peut s'exercer dans le secret ! Qu'il est précieux d'avoir reçu l'aide d'un frère auquel nous avons montré notre plaie ou bien d'avoir pu exercer un service de sacrificateur envers un croyant, dans le secret ! Quelle précieuse ressource mise par le Seigneur à notre disposition dans l'assemblée ! Une grande délicatesse est requise pour cette tâche du sacrificateur, effectuée dans la prière et avec le secours du Saint Esprit ; la guérison pourra alors s'opérer sans avoir à révéler l'existence de la plaie.
            Quels soins sont nécessaires pour ne pas encourir les reproches du Seigneur, adressés en Jérémie 6 : 14 : « Ils ont pansé la plaie de la fille de mon peuple légèrement disant : Paix, Paix ! Et il n'y avait point de paix ». La répétition donne un poids solennel à ce reproche fait « du prophète jusqu'au sacrificateur » négligents. Le prophète Nathan, envoyé par Dieu auprès du roi, a ramené l'âme de David dans la lumière avec amour et sainteté : « Tu es cet homme » (2 Sam. 12 : 7). Si dans nos voies nous sommes conscients que le regard du Seigneur nous suit, nous garderons une conscience délicate qui accompagne toujours la communion avec lui. Combien merveilleuses sont la grâce et la miséricorde de Dieu qui veut produire la guérison et la restauration de cette communion avec lui. Alors nous éprouvons d'autant plus le désir exprimé par David restauré : « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon coeur ; éprouve-moi, et connais mes pensées ; et regarde s'il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle » (Ps. 139 : 23-24) .
 
            Dans la succession de ces paragraphes relatifs à la lèpre, où nous serions tentés de trouver des répétitions, nous voyons quelle est la volonté du Seigneur pour les siens quant au mal : « Abstenez-vous de toute forme de mal » (1 Thes. 5 : 22).
 A partir du v. 18, nous trouvons différents cas :
                 - v. 18-28 : causes possibles de lèpre venant de l'intérieur
                 - v. 24-28 : causes venant de l'extérieur qui conduisent à la manifestation de la chair.
            Il peut y avoir une racine d'amertume qui bourgeonne de l'intérieur et il en résulte du trouble et de la souillure dans l'assemblée (Héb. 12 : 15). Ce peuvent être des circonstances qui mettent au jour des dispositions intérieures, des sentiments nourris dans le coeur, cachés, mais non jugés. Une brûlure suggère la pensée d'une blessure, d'une offense par exemple, un tort ou des paroles qui ne sont pas pardonnées, du souvenir desquelles on se nourrit. Nous avons besoin des exhortations de l'apôtre : « Que toute amertume, et tout courroux, et toute colère, et toute crierie, et toute injure soient ôtés du milieu de vous, de même que toute malice. Mais soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres, comme aussi Dieu vous a pardonné. Soyez donc imitateurs de Dieu... » (Eph. 4 : 31 à 5 : 2). L'apôtre Pierre nous donne l'exemple du Seigneur « qui lorsqu'on l'outrageait, ne rendait pas l'outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pier. 2 : 23). Sachons confier toutes choses au Seigneur et ne pas avoir d'amertume qui porterait de tristes fruits plus tard. Que le Seigneur nous donne d'aller paisiblement dans le chemin de l'humilité, là où lui-même a marché. Soyons attentifs à nos paroles, nos attitudes à l'égard de nos frères et soeurs, afin de ne jamais dire quelque chose qui blesse ou attise le « feu », que nous devrions ensuite retirer ou regretter. Même si nous avons quelque chose de sévère à dire, cela peut se faire « sans heurt », mais plutôt avec larmes.
            L'apôtre Paul « prenait plaisir dans les outrages » (2 Cor. 12 : 10). Ces outrages, il les recevait de ceux du monde qui étaient opposés à l'évangile, mais aussi, ce qui était plus douloureux encore, de la part de frères ! Toutefois, de telles souffrances le rapprochaient de Jésus ! Son ministère était méprisé à Corinthe, mais cela n'a occasionné pour lui aucun ressentiment !
            Si des sentiments pénibles interviennent, il peut être nécessaire d'attendre que les choses se clarifient ; il est préférable de passer « sept jours » dans le secret de la présence de Dieu. Nous ne ferons qu'étendre le mal en en parlant à d'autres avant que Dieu ne manifeste tout dans la lumière.
            Dans ce paragraphe, il est aussi parlé de cicatrices, et de taches qui peuvent s'étendre (Lév. 13 : 23). Une cicatrice témoigne de la guérison, mais elle reste souvent un point sensible, la plaie peut même s'ouvrir à nouveau. Chez une personne récemment convertie, mais aussi chez un croyant restauré, il peut s'agir d'une tendance charnelle qui pourrait redevenir active, par manque de vigilance. Salomon avait demandé un coeur qui écoute ; pourtant il a péché au sujet de ce qui l'avait particulièrement exercé dans sa jeunesse. Devenu vieux, son coeur n'écouta plus : la plaie s'était ouverte !
 
            Des versets 29 à 37, nous trouvons divers endroits où la lèpre peut se déclarer.
La barbe parle de virilité, de dignité spirituelle : Paul écrit aux Corinthiens, « veillez, tenez ferme dans la foi ; soyez hommes » (1 Cor. 16 : 13). Etre de petits enfants alors que, vu le temps, nous devrions être des hommes spirituels, des hommes faits, manifeste que nous sommes charnels, et qu'un tel état a son origine dans quelque plaie de lèpre (1 Cor. 3 : 1).
            L'Esprit Saint parle avec gravité et à plusieurs reprises de la lèpre qui a fait irruption dans la tête : c'est bien la forme de lèpre la plus dangereuse, celle qui se manifeste dans les pensées et l'enseignement. Ce n'est pas une infirmité, ou de l'ignorance des pensées de Dieu, mais l'activité de la chair manifestée par la fausse doctrine (2 Tim. 2 : 16). L'attitude a avoir se montre dans la Parole : pas de délai (pas de période d'attente de 7 jours comme ailleurs) : « il est entièrement impur » (v. 44). Il est solennel de voir que cette expression « entièrement impur » n'est utilisée que dans ce cas de lèpre dans la tête, en contraste avec celle du v. 13 où il est dit : « il est tout entier devenu blanc ».
 La deuxième épître à Timothée montre, dans le temps de déclin du témoignage, trois étapes dans le chemin d'éloignement de la vérité :
                        - la 1ère : 1 : 15 : se retirer de l'apôtre
                        - la 2ème : 2 : 17 : s'écarter de la vérité
                        - la 3ème : 3 : 8 : résister à la vérité.
            Nous avons tendance à penser que le mal n'est que dans nos actes. Prenons garde à nos pensées ! Que celles-ci « soient amenées captives à l'obéissance du Christ » (2 Cor. 10 : 5). Ne nous laissons pas entraîner par la manière de penser de ce monde avec lequel nous sommes en contact tous les jours. Que notre appréciation de toute chose soit formée par la réalisation de la présence du Seigneur, par le Saint Esprit. En 2 Cor. 7 : 1, Paul dit : « Purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d'esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu ». Cela est toujours vrai, pour les jeunes croyants dans leurs études, dans notre activité professionnelle ou dans nos relations de famille.
            Il y a une ressource pour garder « un esprit fidèle à Dieu » (Ps. 78 : 8) : « le casque du salut » (Eph. 6 : 17). Ce salut est celui dont nous pouvons jouir tous les jours par les soins du Seigneur, comme Job lui-même l'a expérimenté : « Tes soins ont gardé mon esprit » (Job 10 : 12).
 
            Il peut y avoir des faiblesses. « Nous faillissons tous à plusieurs égards » (Jac. 3 : 2). Il s'agit peut-être seulement d'une apparence de plaie, mais ce n'est pas une impureté. A trois reprises, il est dit : « il est pur » (v. 39, 40, 41). Nous sommes enseignés à ne pas imputer le mal (1 Cor. 13 : 5), à ne pas attribuer de mauvais motifs à ce qui peut cependant nous attrister chez nos frères. Nous devons veiller sur nos pensées envers ceux qui nous entourent.
 
   3- L'homme entièrement lépreux déclaré pur :
            « Il est tout entier devenu blanc ; il est pur » (v. 13). Cette déclaration divine si sûre est pourtant déconcertante pour la pensée naturelle ! « Tout entier devenu blanc » ! C'est la condition du croyant qui, en Rom. 7 : 18, constate : « je sais qu'en moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'y a point de bien ». C'est une constatation humiliante, mais libératrice. Désormais, l'âme renonce à trouver en elle-même quelque bien, c'est-à-dire quelque portion de peau encore nette. Maintenant, elle porte la même appréciation que Dieu : elle voit, « non plus ce qu'elle est en elle-même, mais ce que Dieu dit de Christ en elle » (CHM – Etude sur le Lévitique p. 76).
 
    4- La conduite à l'égard du lépreux :
            Les versets 45 à 46 présentent la condition douloureuse du lépreux déclaré impur, son isolement hors du camp. Il est privé de la compagnie du peuple de Dieu et de la jouissance de ses saints privilèges. Sa tente lui rappelle cependant, qu'il appartient au peuple de Dieu, que sa place normale est là où Dieu a commandé la bénédiction.
            Si une exclusion de la communion à la table du Seigneur a dû être prononcée, elle doit être considérée comme momentanée, en vue de la restauration. En Nombres 12 : 5, nous lisons : « Et le peuple ne partit pas jusqu'à ce que Marie eût été recueillie ». Pour nous, tout ceci correspond d'une manière directe avec l'enseignement du Nouveau Testament : 1 Cor 5 : 9-13 : « ... vous, n'ayez pas de commerce avec lui... Otez le méchant du milieu de vous-mêmes ». D'un côté il y a ce que le lépreux doit faire ; de l'autre, ce que l'assemblée doit faire : d'abord mener deuil ! ensuite, se purifier elle-même, voir la note relative au sens de « ôter ». N'oublions jamais que c'est en vue de la guérison et de la communion retrouvée : Paul dit en 2 Cor. 3 : 8 : « ... c'est pourquoi je vous exhorte à ratifier envers lui votre amour ». « Sa tente » qu'il ne pouvait plus occuper, mentionnée au ch. 14 : 8, rappelait constamment au lépreux –et à tous- qu'il avait toujours sa place au milieu du peuple de Dieu. C'était une chose affligeante qu'il ne puisse jouir en paix de relations normales avec les siens.
 
 5- La lèpre sur les vêtements :
            Le dernier paragraphe (v. 47 à 59) parle d'une plaie de lèpre dans un vêtement, ce qui suggère la pensée, non plus de la personne elle-même, mais de ce qui lui est directement lié, ce qui se voit d'elle : ses habitudes, sa marche, ses associations, son activité professionnelle, son témoignage.
            Les vêtements sont fréquemment évoqués dans la Parole :
            - pour cacher sa culpabilité devant Dieu, l'homme a cherché à se munir d'un vêtement par ses propres efforts, mais c'est la grâce divine qui a revêtu l'homme chassé du jardin d'Eden. Il y a eu une victime substitutive en vertu de laquelle le coupable a été revêtu de la valeur du sacrifice (en figure, celui de Christ).
            - la grâce divine seule peut fournir à Joshua des habits de fête et le revêtir (Zach. 3 : 3).
            - les « vêtements sales » de la bonne opinion de l'homme, Bartimée les jette loin pour aller sans entrave à Jésus (Marc 10 : 50).
            - l'homme veut se revêtir lui-même de sa propre justice, afin de répondre à l'invitation de Dieu (Matt. 22 : 12).
            - le fils repentant est revêtu de la plus belle robe (Luc 15 : 22)
- la robe de noce est fournie par Dieu : « ... n'ayant pas ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu moyennant la foi » (Phil. 3 : 9).
C'est un sujet précieux de méditation que celui du vêtement du croyant. Nous aimons à chanter :
                                   En toi revêtus de justice,
                                   Lavés dans ton sang précieux,
                                   Nous rappelons ton sacrifice
                                   Qui nous ouvrit l'accès des cieux.
 
            Nous pensons encore aux exhortations de l'apôtre, après le rappel des souillures de la chair : « Revêtez le Seigneur Christ » (Rom. 13 : 14) ; « revêtez le nouvel homme » (Eph. 4 : 24).
 
            Au verset 45, il est dit que le lépreux devait déchirer ses vêtements. C'est bien la fin de la bonne opinion de l'homme quant à lui-même. C'est aussi l'appel de Dieu par la voix du prophète : « Revenez à moi de tout votre coeur, avec jeûne, et avec pleurs, et avec deuil. Déchirez vos coeurs, et non vos vêtements, et revenez à l'Eternel votre Dieu ; car il est plein de grâce et miséricordieux... » (Joël 2 : 13).
            Dieu ne peut voir le péché. Ces passages nous font aussi penser à la place que le Seigneur a prise en substitution pour nous sous le jugement de Dieu à l'égard du péché. Il l'a ôté. Lui était, dans sa parfaite humanité, saint, sans souillure, mais Dieu l'a fait péché pour nous, et il a porté nos péchés en son corps sur le bois. Dieu l'a traité comme le péché même. Nous comprenons un peu, en voyant la croix du Seigneur, ce qu'est le péché aux yeux de Dieu. Ses yeux sont « trop purs pour voir le mal » (Hab. 1 : 13), la souillure, non seulement dans un homme incrédule, mais encore plus dans un de ses enfants. C'est aussi la raison pour laquelle nous avons l'enseignement de ces chapitres.
 
            Le vêtement est donc une figure de la profession chrétienne. Il doit y avoir concordance entre ce que nous sommes en tant qu'enfants de Dieu et notre témoignage, conformité entre notre comportement extérieur et notre position en Christ. S'il y a dans notre marche « une tache », quelque chose de suspect, cela doit être « montré au sacrificateur ». Si nous sommes exercés devant le Seigneur quant à nos voies, même les plus ordinaires de la vie, nous nous tournons vers lui : « Seigneur, quelle est ta pensée ? ». Nous avons sa Parole, qui nous enseigne, et son Esprit Saint en nous, comme ressources sûres. Pour cela, il faut « aller vers le sacrificateur » ; l'apôtre Paul peut dire : « nous nous appliquons avec ardeur à lui être agréable » (2 Cor. 5 : 9).
           « Aller vers le sacrificateur », nous place sous le regard du Seigneur, qui connaît toutes choses (Héb. 4 : 13). Etre d'accord avec lui quant à nous-mêmes est la source du bonheur. Alors qu'au début du Ps. 139, l'âme redoute ce regard scrutateur de Dieu, elle en vient ensuite à réaliser tout le prix pour elle des pensées du Dieu d'amour (v. 14-17), et n'a plus alors qu'un désir, celui d'être sondée afin d'être libérée d'une voie de chagrin même inconsciente.
 
            Mais s'il y a « une tache », une chose douteuse dans notre marche, qui peut avoir l'apparence du mal, il ne faut pas être négligent. Il faut en parler au Seigneur, avec un saint désir d'obéir. « La tache » peut être profonde et s'étendre, être rongeante ; ou au contraire elle présente un caractère moins alarmant : il y a alors nécessité d'une observation sacerdotale attentive et éventuellement prolongée, sans précipitation, de « sept jours », et encore de « sept autres jours ». Ce peut être une activité professionnelle occasionnant une participation au mal (par exemple, des croyants ont dû quitter un poste par refus d'établir des fausses factures) ou bien des relations mondaines qui me lient et me conduisent à des occasions de souillure. Certains cas sont clairement résolus, car le mal est évident, et la nécessité de la rupture immédiate : « la chose sera brûlée au feu ». Un jeune croyant peut trouver la sauvegarde en quittant tout et en fuyant (2 Tim. 2 : 22 - comme Joseph, abandonnant même son vêtement, ici le signe de son service), afin de demeurer dans ce chemin où il avait l'approbation du Seigneur.
            Au début d'une carrière, il est important pour un jeune frère, une jeune soeur, d'arrêter dans son coeur, comme Daniel, de ne pas se souiller par les choses que le monde offre et de refuser les relations et les participations qui ne peuvent que nuire à notre témoignage. Or « la trame de notre vêtement », en contact avec notre peau, transmet vite la souillure à notre personne même. Souvenons-nous de l'avertissement de Paul : « Ne soyez pas séduits ; les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs. Réveillez-vous pour vivre justement, et ne péchez pas ; car quelques-uns sont dans l'ignorance de Dieu, je vous le dis à votre honte » (1 Cor. 15 : 33).
 
            Nous avons beaucoup d'exhortations dans le Nouveau Testament concernant notre profession chrétienne et notre marche. Certaines ont déjà été citées. Ajoutons Col. 3 : 8-15. C'est la Parole agissant dans nos coeurs qui peut nous garder : « J'ai caché ta parole dans mon coeur, afin que je ne pèche pas contre toi » (Ps. 119 : 11). Veillons à notre vêtement, « lavons-le », soumettons nos voies à la lumière de la Parole, pour qu'il ne soit pas taché ; brûlons ce qui peut nous faire broncher ! Si nous sommes dans un mauvais état, lorsque la convoitise survient, la chute devient inévitable et notre témoignage est souillé. Mais si nous sommes près du Seigneur, il nous gardera de broncher.
            « Laver le vêtement », c'est appliquer la Parole qui apporte le pouvoir purifiant de la mort de Christ. Il y a un premier lavage au v. 54, puis un autre encore au v. 58. Paul dit d'abord aux Colossiens : « Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde... », puis il ajoute : « si vous avez été ressuscités avec le Christ ». Il leur dira enfin : « que la parole du Christ habite en vous richement... » (Col. 2 : 20 à 3 : 16). Richement ! Combien ceci nous sonde. Bien des taches ont pour origine un refus d'obéir à la Parole.
            Il y a aussi bien des habitudes qui, pense-t-on, ne sont pas mauvaises en soi. Nos coeurs naturels sont rusés pour faire paraître anodine une chose alors qu'elle ne peut pas produire le bien. Nous posons la question, en particulier quand nous sommes jeunes : Quel mal y a-t-il à cela ?  Un frère disait en rapport avec l'expression de Paul (1 Thes. 5 : 22) : il faut s'abstenir de tout ce qui a la forme du mal, et non seulement du mal sous toutes ses formes. On pense que, parce que l'on est croyant, on sera gardé. Et l'on s'abrite derrière l'argument de la liberté chrétienne pour agir avec légèreté. Mais la « Sagesse » nous dit : « L'homme avisé voit le mal et se cache ; le simple passe outre et en porte la peine » (Prov. 22 : 3 ; 27 : 12). Discerner ce qui est, selon la pensée de Dieu, symbolisé par la lèpre, marqué par l'activité de la volonté de l'homme, et le fuir nous gardera d'amères expériences.
 
            Nous ferons encore quelques remarques sur les versets 53 à 58.
            Lors d'une lèpre « corporelle », le fait que la lèpre ne s'était pas étendue était un bon signe. Si la plaie ne s'étendait pas, et si de plus elle s'effaçait, la personne était déclarée pure (v. 23, 28, 34). Ici, ce n'est pas le cas, au contraire : bien que la plaie ne se soit pas étendue, « elle est impure » (v. 55). Nous admirons la délicatesse de Dieu, qui distingue une âme d'un vêtement. Nous avons beaucoup à apprendre à cet égard.
            Si la plaie lavée s'efface, seule la partie marquée est arrachée (v. 56)! Il est possible que tout le vêtement ne soit pas impur, seulement une partie. Il arrive que ce ne soit pas la totalité d'une association qui soit impure, mais une partie : alors il faut l'arracher, la brûler, c'est-à-dire y renoncer fermement. Ces termes sont très forts, d'où la gravité qui doit caractériser notre marche. Il faut parfois beaucoup d'énergie pour se débarrasser d'une habitude, d'une relation, d'un lien qui souille notre témoignage. Selon l'enseignement du Seigneur lui-même, il convient d'arracher son oeil, couper sa main droite, son pied... (Matt. 5 : 29-30 et 18 : 8-9) ! Pour Samson, ce sont ses yeux qui furent une occasion de chute : « j'ai vu... une femme... » (Juges 14 : 1-2). Le domaine des affections est un champ de prédilection de l'ennemi. Dans une discipline d'une extrême sévérité, ce sont les yeux de Samson qui ont été crevés par les Philistins, lui arrachant ainsi ce qui avait été pour lui une occasion de chute. C'est solennel !
            La plaie ayant été retirée, le vêtement est pur (v. 58). Les occupations ou les associations qui entravaient la liberté avec Dieu, empêchaient une heureuse communion avec les frères ou privaient de puissance dans le service, ont été jugées. Les circonstances vécues par le croyant, qu'il s'agisse d'épreuves, de chute, d'un état fâcheux, de discipline..., auront des effets très différents selon qu'elles seront vécues par la chair ou avec les ressources en Christ dont dispose le nouvel homme. Dans ce dernier chemin, nous goûterons le « fruit paisible de la justice » (Héb. 12 : 11). Que le Seigneur nous accorde de pouvoir vivre à sa gloire toutes les circonstances de notre vie.
 
 
Appendice :
 
            Quant à la question : « Quel mal y a-t-il à ces choses ? », ajoutons l'enseignement que nous ont laissé deux serviteurs du Seigneur du siècle passé :
 
            « Quel mal y a-t-il à ces choses direz-vous ? Si elles ont occupé votre coeur et vous ont fait négliger Dieu, voilà le mal ! Il ne s'agit pas seulement de savoir si une chose est bonne ou mauvaise, mais quelle saveur les choses de Christ ont pour nos coeurs quand nous jouissons de tel ou tel objet. Il s'agit peut-être de quelque chose de très petit. Si nous trouvons que la lecture d'un livre rend la manifestation de Christ moins précieuse pour nous, nous nous sommes écartés de Dieu et nous ne pouvons pas dire où le pas suivant nous conduira. Satan nous séduit souvent de cette manière. L'âme est mise à l'épreuve chaque jour, afin qu'il soit manifesté si les choses qui sont révélées par Dieu en Christ ont assez de pouvoir sur nous pour engager nos coeurs ; mais si d'autres objets se sont placés entre nous et les choses de Christ, quand nous aurons besoin de la jouissance de celles-ci, nous ne l'aurons pas, et il deviendra ainsi évident combien nous nous sommes écartés de Dieu. Quand un objet, quel qu'il soit, vient prendre place dans votre âme et vous ôte la fraîcheur de Christ, prenez garde ! ».
                                                                                  J.N.D.
 
            « La question pour nous est celle-ci : aspirons-nous à être nazaréen ? Soupirons-nous après une séparation complète et un dévouement de nous-mêmes, corps, âme et esprit, à Dieu ? S'il en est ainsi, il faut que nous nous tenions en dehors de toutes ces choses, dans lesquelles la nature trouve ses jouissances... Est-ce le désir de notre coeur d'être comme Christ notre Seigneur, mis à part de toutes joies simplement terrestres, d'être séparé pour Dieu de toutes ces choses qui, bien que n'étant pas absolument coupables en elles-mêmes, tendent néanmoins à empêcher cette entière consécration du coeur qui est le vrai secret de tout nazaréat spirituel ? ... »
 
                                                           C.H.M. Notes sur le livre des Nombres p. 109