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Luc, le médecin bien-aimé

 Un « compagnon d’œuvre » et un ami intime de Paul
 Les écrits de Luc
 
            Luc, dont le nom signifie « lumineux », est l’auteur de l’évangile qui présente le Seigneur Jésus comme le « Fils de l’Homme », ainsi que du livre des Actes des Apôtres. Il semble bien qu’il soit le seul écrivain de l’Ecriture qui n’ait pas été un fils d’Abraham ; il était Grec, semble-t-il. Il est le plus énigmatique des auteurs des évangiles ; la Parole nous rapporte vraiment peu de choses à son sujet. Le Nouveau Testament, où les écrits de Luc occupent une si grande et belle place, ne fournit que fort peu de détails sur sa vie.  Nous croyons que cela est dû, avant tout, à son habitude de chercher à paraître le moins possible. Sa grande humilité rappelle les paroles d’un autre serviteur, Jean Baptiste - qui pourtant a été « le plus grand des prophètes » (Matt. 11 : 11). En pensant à Christ, il a dit : « Il faut que lui croisse et que moi je diminue » (Jean 3 : 30).
            Même dans le livre des Actes, la présence de Luc au milieu de la troupe apostolique ne peut être devinée que par l’emploi que Luc fait de temps à autre du pronom «  nous » (Act. 16 : 10-17 ; 20 : 5 ; 21 : 18 ; 27 : 1 ; 28 : 16). Les hommes de Dieu cherchent à s’effacer pour que seule la grandeur de Celui que nous reconnaissons comme le Seigneur ressorte et que cette vérité resplendisse avec un éclat d’autant plus pur.
 
 
Un « compagnon d’œuvre » et un ami intime de Paul
 
            Nous apprenons par les épîtres de Paul que Luc était l’un de ses principaux compagnons d’œuvre : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue » (Col. 4 : 14). « Marc… Luc, mes compagnons d’œuvre, te saluent » (Phm. 24). Et du fond d’une sombre geôle, où il pensait que sa course allait s’achever, l’apôtre presse Timothée de venir une fois encore le voir (2 Tim. 4 : 9). Puis il énumère tous ceux qui l’ont abandonné ou se sont éloignés, avec des motifs plus ou moins avouables, et il ajoute : « Luc seul est avec moi » (v. 11). Quel réconfort pour lui d’avoir une si fidèle compagnie, une sympathie toujours prête à se manifester.
            Le cher apôtre Paul avait pu, à juste titre, écrire aux saints : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 11 : 1). Une telle déclaration montrait qu’il était décidé à suivre Jésus dans cet humble chemin descendant vers la croix. Paul a connu quelque peu la douloureuse solitude du Seigneur qui pouvait dire : « L’opprobre m’a brisé le cœur, et je suis accablé; et j’ai attendu que quelqu’un ait compassion de moi mais il n’y a eu personne… et des consolateurs, mais je n’en ai pas trouvé » (Ps. 69 : 20 ; Ps. 102 : 7).
 
            Luc est devenu un ami intime pour l’apôtre : c’est lui qui l’a appelé « le médecin bien-aimé » (Col. 4 : 14) : il avait, son évangile le montre, une connaissance assez remarquable de la nature humaine, et aussi de tout ce qui est en relation avec la mer. C’était, comme Paul, un homme instruit, un maître pour se servir de la langue grecque. A ce propos, il est remarquable que l’on trouve environ deux cents expressions de significations très voisines dans les écrits de Luc et ceux de Paul.
 
 
                        Associé à Paul à Troas, lors du deuxième voyage missionnaire
 
            Il est probable que Luc avait rejoint la troupe de ceux qui accompagnaient l’apôtre, lors de son passage à Troas, au bord de la mer Egée (Act. 16 : 10). Probablement jeune converti et l’un des premiers appartenant aux « nations », Luc a dû accepter un changement complet dans sa vie. Ce sera un peu comme pour ces pêcheurs - Simon et André - que le Seigneur appelle, « alors qu’ils jetaient un filet dans la mer », en leur disant : « Venez, suivez-moi, et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». Aussitôt, ils quittent leurs filets et Le suivent (Matt. 4 : 18-20).
            Heureux le disciple qui, à l’appel du Seigneur, est prêt à tout laisser, pour marcher après lui. Plus tard, Pierre s’enquiert auprès du Seigneur du sort futur des disciples et Il lui répond : « En vérité, je vous dis que vous qui m’avez suivi… quiconque aura quitté maisons, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou enfants, ou champ à cause de mon nom, en recevra cent fois autant et héritera de la vie éternelle » (Matt. 19 : 28-30).
            La profession de Luc était lucrative, il était certainement « considéré » dans son milieu, mais tout ce qui fait partie de « l’orgueil de la vie » a perdu de sa valeur dès que l’amour de Christ l’a étreint. Comme l’apôtre, il n’a plus eu confiance dans la chair, bien qu’ayant, lui aussi, de quoi s’en glorifier humainement parlant (Phil. 3 : 3-4, 7).
            Il était prêt à suivre sans hésiter Celui que ce monde rejette et à s’associer à ceux qui, par attachement à Christ, ont accepté d’être les balayures du monde et d’être considérés comme le rebut de tous (1 Cor. 4 : 13).
 
 
                        De nouveau avec Paul à Rome
 
            Luc a retenu, en faveur de l’apôtre Paul, l’exhortation de l’épître aux Hébreux à « se souvenir des prisonniers » (Héb. 10 : 34 ; 13 : 3). Il avait déjà partagé, durant leurs voyages missionnaires, dans une mesure « le grand combat de souffrances » de son père spirituel. Il était peut-être avec lui durant les deux ans de captivité à Césarée ; en tout cas il se trouvait sur le navire qui emmenait l’apôtre à Rome. Pendant cette traversée, ayant subi la violence et la durée inusitée d’un ouragan, ils avaient perdu jusqu’au navire et il semblait qu’ils allaient tous périr (Act. 27).
            Mais le « prisonnier de Jésus Christ » (Phil. 1 : 14 ; 2 Tim. 1 : 8 ; Phm. 9) était parvenu à Rome, selon la volonté divine. Paul peut d’abord occuper un petit logement et recevoir ceux qui venaient le voir, tout en restant captif : Luc est à ses côtés. Mais, c’est bien à Rome que se situe, après son témoignage rendu au cruel empereur, la fin de la course de Paul. Il y a eu deux emprisonnements successifs ; lors du second, Luc seul est là, toujours avec lui et lui prodigue de tendres soins.
            Etant l’un des « compagnons d’œuvre » de Paul, le médecin bien-aimé lui apporte des soins qui excèdent sûrement de beaucoup l’aspect médical proprement dit. Ceci nous rappelle la réflexion d’un frère âgé à un plus jeune, venu lui annoncer fièrement qu’il était diplômé : « Eh bien, maintenant on va savoir si tu es plus chrétien que médecin, ou si tu es plus médecin que chrétien ! ». Notre activité professionnelle, serait-elle médicale, ne doit jamais l’emporter sur notre responsabilité en tant que chrétien.
 
 
Les écrits de Luc
 
« De saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint » (2 Pier. 1 : 21).
 
                        Deux « traités », l’évangile et le livre des Actes, adressés à la même personne
 
            En accord avec la pensée de Dieu, Luc s’attache  à rendre à tous les hommes «  ce qui leur est dû : …à qui la crainte, la crainte ; à qui l’honneur, l’honneur » (Rom. 13 : 7). Ainsi quand cet homme des nations envoie son évangile à un autre Gentil, il s’adresse à lui comme au « très excellent Théophile » - dont le nom signifie : « ami de Dieu » -  qui avait certainement, à ce moment-là, une place très en vue dans la hiérarchie en vigueur dans le monde (Luc 1 : 3). C’est le même destinataire auquel, le moment venu, Luc enverra les Actes des Apôtres. Le changement dans « l’intitulé » paraît très significatif : c’est tout simplement à « Théophile » qu’il s’adresse. Il y a tout lieu de penser que de précieux liens de communion se sont entre temps tissés, et unissent désormais ces deux « frères », pour lesquels Christ est mort. 
            Déjà, au début de son évangile, Luc évoque tous ceux qui avaient entrepris de rédiger un récit des faits qui sont, dit-il, « pleinement reçus parmi nous, comme nous les ont transmis ceux qui, dès le commencement, ont été les témoins oculaires et les serviteurs de la Parole » (Luc. 1 : 1-2). Il expose ensuite les raisons qui l’ont amené à écrire : « Il m’a semblé bon à moi aussi, qui ai tout suivi exactement depuis le début, de t’en écrire le récit ordonné…  afin que tu connaisses la certitude des choses dont tu as été instruit » (v. 3-4). On retrouve donc dans les écrits de Luc ce même désir que chez Paul : se laisser instruire par le Saint Esprit, pour apporter aux lecteurs un récit juste, rigoureux, complet. Ne dédaignons pas de rechercher l’ordre dans l’énoncé des pensées ; Pierre aussi en avait compris tout l’intérêt, quand il doit expliquer sa conduite à ses frères (Act. 11 : 4).  Chez Luc, l’ordre est plutôt moral et spirituel.
 
 
                        Le récit inspiré de la vie de Jésus, Fils de l’Homme
 
            Luc peut transmettre le déroulement de la vie de Jésus, comme toute personne qui sait d’abord clairement ce qu’elle veut dire. Quand il s’agit des choses spirituelles, si élevées, seul quelqu’un « d’inspiré » par Dieu pouvait le faire. Il présente le service de Christ avec le même but que l’apôtre Paul qui, à juste titre, désigne ainsi l’évangile de Dieu : « la puissance de Dieu pour sauver quiconque croit, le Juif d’abord, et aussi le Grec » (Rom. 1 : 16).
            D’autres ont voulu écrire, eux aussi, un récit de la vie de Jésus. Ce n’étaient que des œuvres « humaines » qui ont, de ce fait, disparu. Nous ne parlons pas, bien évidemment,  des évangiles de Matthieu, Marc et Jean.
            « De saints hommes ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint » (2 Pier. 1 : 21). Luc en fait partie. Dieu seul pouvait donner à l’homme un aperçu juste de la vie de son Fils bien-aimé ici-bas. En confiant à Luc, le soin de le composer, Il a mis à sa portée les documents nécessaires et lui a donné le discernement pour retenir ce qui était utile.
            J’ai « tout suivi exactement depuis le début » (1 : 3), dit Luc. Il explique ainsi pourquoi son évangile diffère des autres narrations. Il est le seul à exposer les circonstances qui ont entouré la naissance de Jésus. Il fournit une précieuse description du résidu qui attendait le Seigneur. Il donne aussi un aperçu de la façon dont Jésus a passé ses trente premières années sur la terre, avant son entrée dans son ministère public.
            Luc, comme Paul dans ses exposés, se garde d’employer les méthodes courantes de la « propagande » humaine. Il n’y a chez lui ni séduction, ni ruse, ni flatterie ; il ne cherche pas à plaire au lecteur (voir 1 Thes. 2 : 1-12). Paul écrit : « Nous ne sommes pas comme beaucoup, qui frelatent la Parole de Dieu ; mais avec sincérité, comme de la part de Dieu, devant Dieu, nous parlons en Christ » (2 Cor. 2 : 17). Très souvent aujourd’hui, l’évangile est présenté sous un jour attrayant et sentimental. A notre faible mesure - même si nos écrits ne sont pas, bien sûr, inspirés comme ceux des apôtres - ayons le même désir que ces hommes de Dieu. Veillons à parler, à écrire, à sa seule gloire. Avec l’apôtre, exprimons le vœu que « Dieu soit reconnu pour vrai et tout homme menteur » (Rom. 3 : 4). C’est de son côté que se trouve la fidélité. Il doit être justifié quand Il parle et triompher quand Il juge (voir Ps. 51 : 4).
            Luc fait toujours preuve d’une grande exactitude dans ses écrits ; aussi ne peuvent-ils qu’affermir la foi en Jésus Christ. Dans son évangile qui a une portée universelle - il s’adresse à tous les hommes - la généalogie du Seigneur est retracée jusqu’à Adam.
            L’évangile de Luc décrit l’humanité parfaite du Seigneur, ses perfections morales, ses compassions. Jésus est contemplé comme le Fils de l’homme : « saint, exempt de tout mal, sans souillure, séparé des pécheurs » (Héb. 7 : 26). Luc mentionne souvent les femmes, les enfants, les pauvres, ceux qui sont méprisés (les Samaritains) ou ceux qui sont « perdus ». Cela est bien en accord avec l’exhortation de Paul aux anciens d’Ephèse : « Il nous faut secourir les faibles et nous souvenir des paroles de Jésus qui lui-même a dit : Il est plus heureux de donner que de recevoir » (Act. 20 : 35).
            L’accent est mis sur la prière, sur la joie qui s’exprime souvent par des cantiques.
 
 
                        Les Actes des apôtres
 
            Le livre des Actes des apôtres, ou plutôt « des actes du Saint Esprit » dans l’Eglise (Jean 16 : 7) est rédigé dans le droit fil de l’évangile de Luc. Ce livre « historique » a été écrit après que Christ ait été élevé dans la gloire. L’activité puissante du Seigneur, se servant des siens après son ascension (Jean 14 : 12), y est décrite.
            Dans la rédaction de ce livre, Dieu a conduit son serviteur pour montrer comment Il agit par son Esprit. Nous voyons comment a été formée l’Assemblée ; elle devait, dans les conseils divins, devenir le témoignage qui remplacerait celui qui auparavant avait été confié au peuple juif.
 
 
            « Afin que tu connaisses la certitude des choses dont tu as été instruit » (Luc 1 : 4) : Luc explique ainsi ses motifs, en envoyant ces écrits à son ami Théophile. En leur donnant ensuite une place importante dans le canon des Ecritures, Dieu a montré, dans son amour, le même désir. Tous peuvent trouver dans l’ensemble de la Bible ce qui peut seul combler tous les besoins de leur cœur.
 
 
                                                                       Ph. L.  Le 18. 01. 11