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LES DISPENSATIONS (9)
 
 
6. La loi et la grâce (suite)
 
 
                        La grâce de Dieu durant la dispensation de la loi
 
            Si Dieu avait pas manifesté sa grâce au cours de la dispensation de la loi, le peuple d'Israël n'aurait pas subsisté un seul jour ! Voyons quelques témoignages de cette grâce dans l'Ancien Testament.
 
            1- L'établissement du veau d'or, au moment même où la Loi était donnée, attirait sur le peuple un jugement total et définitif. Mais en réponse à l'intercession de Moïse, Dieu a exercé la miséricorde - d'ailleurs en même temps que le jugement - envers le peuple qui était appelé de son nom (Ex. 32-34). Il est remarquable de voir que Moïse, le législateur, avait une connaissance profonde de la grâce et de la bonté de Dieu. Combien de fois le voyons-nous faire appel à la miséricorde divine, au cours des quarante ans de la traversée du désert ! (voir par ex. Nom. 14 : 17-20.) L'Eternel déclare qu'il aurait détruit son peuple, « si Moïse, son élu ne s'était pas tenu à la brèche devant lui, pour détourner sa fureur » (Ps. 106 : 23). Outre l'intercession de Moïse, Dieu avait encore d'autres raisons d'user de miséricorde envers son peuple. Il tenait les promesses qu'Il avait faites à Abraham, Isaac et Jacob (Deut. 9 : 5). Il se devait aussi de prendre soin de sa gloire devant les nations qui savaient qu'Il était le Dieu d'Israël (Ezé. 20 : 9, 14, 22).
            Juste avant l'entrée en Canaan, nous entendons le conducteur rappeler au peuple sur quelle base il va recevoir le pays : « Sache que ce n'est pas à cause de ta justice que l'Eternel, ton Dieu, te donne ce bon pays pour le posséder ; car tu es un peuple de cou roide » (Deut. 9 : 6). Ce peuple était sous la Loi, mais ce n'était pas sur « le principe des oeuvres de Loi » qu'il héritait de la bénédiction.
 
            2- L'institution des sacrifices était, en elle-même, une manifestation de la grâce de Dieu. Lorsqu'un homme avait péché, il devait amener à l'autel un animal sans défaut, poser la main sur sa tête en signe d'identification, et l'égorger. « Et le sacrificateur fera propitiation pour lui, pour son péché qu'il a commis; et il lui sera pardonné » (Lév. 4 : 35). Il devait aussi confesser son péché (5 : 5). Nous savons aujourd'hui qu'« il est impossible que le sang de taureaux et de boucs ôte les péchés » (Héb. 10 : 4). Mais les sacrifices étaient des figures de l'oeuvre de Christ, et Dieu en tenait compte à cause de la valeur de ce qu'ils représentaient. Le grand principe de la substitution (le fait que quelqu'un prend la place du coupable sous le jugement de Dieu) était ainsi placé devant les consciences, en attendant la manifestation de « l'Agneau de Dieu ».
 
            3- En lisant les psaumes de David, nous sommes frappés de voir que, par l'enseignement du Saint Esprit, sa foi s'élevait bien au-dessus du système de la Loi. Dans le psaume 51, où il confesse sa grave faute, il réalise que Dieu attend du pécheur quelque chose de beaucoup plus profond qu'un sacrifice pour le péché. « Car tu ne prends pas plaisir aux sacrifices, autrement j'en donnerais ; l'holocauste ne t'est point agréable. Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé. O Dieu! Tu ne mépriseras pas un coeur brisé et humilié » (v. 16-17). La repentance est placée devant nous avec une clarté qui approche celle du Nouveau Testament. Et, ainsi que le souligne l'apôtre Paul, « David... exprime la béatitude de l'homme à qui Dieu compte la justice sans oeuvres : Bienheureux ceux dont les iniquités ont été pardonnées et dont les péchés ont été couverts ; bienheureux l'homme à qui le Seigneur ne compte point le péché » (Rom. 4 : 6-8 citant Ps. 32 : 1-2). Ce passage du psaume prouve à l'évidence que David a été justifié sur le principe de la foi, et non sur celui des oeuvres. On peut même affirmer que personne, durant la dispensation de la Loi, n'a été justifié autrement que par la foi. Ce qui ressort de la déclaration absolue de l'apôtre : « C'est pourquoi nulle chair ne sera justifiée devant lui par des oeuvres de loi » (Rom. 3 : 20 ; cf. Gal. 2 : 16). « Sans la foi il est impossible de lui plaire » (Héb. 11 : 6).
 
            4- Plus le temps avance, dans l'histoire d'Israël, plus les ténèbres morales de l'homme s'accentuent, mais plus aussi la révélation divine se fait précise. Les prophètes annoncent l'état irrémédiable de l'homme - la faillite du peuple comme celle des individus - mais en même temps ils font entendre les appels touchants d'un Dieu qui pardonne. « Reviens, Israël l'infidèle, dit l'Eternel ; je ne ferai pas peser sur vous un visage irrité, car je suis bon, dit l'Eternel ; je ne garderai pas ma colère à toujours. Seulement, reconnais ton iniquité, car tu t'es rebellée contre l'Eternel, ton Dieu » (Jér. 3 : 12-13). « Revenez, fils infidèles ; je guérirai vos infidélités » (3 : 22). « C'est moi, c'est moi qui efface tes transgressions à cause de moi-même ; et je ne me souviendrai pas de tes péchés » (Es. 43 : 25). « Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme inique, ses pensées, et qu'il retourne à l'Eternel, et il aura compassion de lui, - et à notre Dieu, car il pardonne abondamment » (55 :7). Repentance, pardon - ce sont déjà des éléments de l'évangile qui va bientôt être prêché parmi toutes les nations.
            Plus encore, jetant un regard sur un avenir qui se rapproche, les prophètes parlent de Celui qui souffrira à cause des péchés du peuple, et qui portera leurs iniquités (Es. 53 : 6, 8, 11).
 
 
                        Pas sous la loi, mais sous la grâce
 
            Bien des chrétiens, depuis le temps des apôtres, ayant compris qu'ils ne peuvent être justifiés devant Dieu par la Loi, considèrent pourtant celle-ci comme leur règle de vie. Est-ce à cela que Dieu nous appelle ? Non ! Plusieurs passages l'établissent avec clarté. Et d'abord celui-ci : « Vous n'êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce» (Rom. 6 : 14). Nous ne sommes en aucune manière sous l'autorité de la Loi. Nous sommes sous le régime merveilleux de la grâce de Dieu.
            « La Loi n'est pas pour le juste, mais pour les iniques et les insubordonnés, pour les impies et les pécheurs ... » (1 Tim. 1 : 9). La Loi exprime les exigences de Dieu à l'égard de l'homme naturel, et elle sert à démontrer son état de perdition. Mais elle n'est pas la motivation du juste pour sa marche dans un chemin de justice.
            « Car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n'êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce » (Rom. 6 : 14). Ce passage nous enseigne une chose très humiliante pour nous : c'est que si nous étions sous la Loi, nous serions esclaves du péché. Pourquoi ? Parce qu'une contrainte imposée à la chair - défense ou obligation – stimule son opposition. Le « péché » en nous, trouve « une occasion par le commandement », « produit toutes les convoitises », et nous « séduit » (7 : 8, 11). « Les passions des péchés... sont par la loi » (7 : 5). « La puissance du péché, c'est la Loi » (1 Cor. 15 : 56). « Parce que la pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu ; en effet, elle ne le peut même pas » (8 : 7).
            En Romains 7, l'apôtre Paul exprime avec la plus grande force la rupture qui est intervenue entre la Loi et le croyant. Les choses sont envisagées du point de vue de quelqu'un qui était sous la Loi. De même que la mort d'un conjoint met fin à la relation du mariage, la mort de Christ a mis fin à toute relation entre la Loi et le croyant. Comment ? Nous sommes morts avec Christ. Ainsi, relativement à la Loi, nous sommes des « morts ». Elle n'a plus d'autorité sur nous. « Car moi, par la Loi, je suis mort à la Loi » (Gal. 2 : 19). Aux chrétiens qui se plaçaient sous un système d'ordonnances, l'apôtre demande : « Si vous êtes morts avec Christ aux principes du monde, pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde, vous soumettez-vous à des ordonnances : Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas... » (Col. 2 : 20-21). Dans l'image matrimoniale de Romains 7, Paul considère la loi comme l'ancien mari, et Christ comme le nouveau. On ne peut être lié aux deux à la fois.
            La pensée a eu cours, dans la chrétienté, que nous sommes morts à la loi cérémonielle - la circoncision, les fêtes juives, les sacrifices, ...ayant été mis de côté - mais que nous ne sommes pas morts à la loi morale. On en a conclu que cette Loi, si elle n'est pas le moyen de notre justification, est tout au moins notre règle de vie. A cela nous pouvons répondre, avec l'Ecriture, que la Loi forme un tout : « J'affirme de nouveau à tout homme circoncis qu'il est tenu d'accomplir toute la Loi » (Gal. 5 : 3). Placer les chrétiens sous une partie de la Loi, qu'il s'agisse de ses cérémonies ou de ses instructions morales, c'est les placer sous la loi et leur faire abandonner Christ (cf. v. 2 et 4). Ailleurs, l'apôtre écrit : « Vous avez été mis à mort à la loi par le corps du Christ, pour être à un autre, ...afin que nous portions du fruit pour Dieu » (Rom. 7 : 4). Nous sommes « morts à la Loi » et non à une partie de la Loi. De plus, si l'apôtre parle de « porter du fruit pour Dieu », c'est bien de notre marche pratique qu'il est question. Un tel fruit ne peut être porté que si nous sommes entièrement délivrés du joug de la loi.
            La Loi demande. Christ donne. A ceux qui vivent de sa vie, il donne d'accomplir plus que ce que la Loi demandait. Ceci se réalise dans la mesure où nous nous tenons nous-mêmes pour morts, et où nous nous laissons conduire par l'Esprit, la puissance de notre vie nouvelle : « afin que la juste exigence de la loi soit accomplie en nous qui ne marchons pas selon la chair mais selon l'Esprit » (Rom. 8 : 4).
            Nous possédons une nouvelle nature qui aime la volonté de Dieu, et c'est sa joie de l'accomplir. « Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant » (Gal. 5 : 1). Dans la réalisation de cette liberté, nous pouvons marcher sur les traces de Christ. Or, assurément, sa vie de dévouement était beaucoup plus que l'obéissance à la loi. « Par ceci nous avons connu l'amour, c'est que lui a laissé sa vie pour nous; et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères » (1 Jean 3 : 16). « Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché » (1 Jean 2 : 6).
            Cependant, l'apôtre Paul nous donne un avertissement : « Vous avez été appelés à la liberté, seulement n'usez pas de la liberté comme d'une occasion pour la chair » (Gal. 5 : 13). Sous prétexte de liberté, sous prétexte que nous ne sommes plus assujettis à la Loi - ce qui est vrai - nous pourrions lâcher la bride à la chair. Prenons bien garde ! N'imaginons pas que ce qui était le mal autrefois puisse être le bien aujourd'hui !
 
 
                        Le Seigneur Jésus et la loi
 
            « Quand l'accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi, afin qu'il rachetât ceux qui étaient sous la loi» (Gal. 4 : 4-5).
            Homme parfait, il a pleinement accompli la Loi. Mais, dans son obéissance et son dévouement absolus à la volonté du Père, Il a fait bien davantage que la Loi ne demandait.
            Lorsqu'Il présente les principes moraux du royaume des cieux, Il montre que la mesure divine est plus élevée que la Loi. Nous le voyons déclarer : « Vous avez entendu qu'il a été dit..., mais moi je vous dis... » (Matt. 5 : 21 et suivants). Si certains des points qu'Il mentionne se réfèrent plutôt à la tradition des Juifs, d'autres font nettement allusion à la Loi. En outre, Il avertit solennellement celui qui oserait supprimer l'un des « plus petits commandements » de la Loi et enseigner ainsi les hommes.
            Dans son enseignement et dans sa marche, le Seigneur a donc parfaitement honoré la Loi. Cependant, Il n'a pas, comme les prophètes, le but de ramener le peuple à la Loi. Il met en évidence l'incapacité de l'homme à obtenir la vie par ses oeuvres, et l'incapacité de la Loi pour apporter la bénédiction. Nous voyons cela, par exemple, dans la parabole du bon Samaritain. Un docteur de la loi s'approche de Jésus, et lui demande pour l'éprouver ce qu'il doit avoir fait « pour hériter de la vie éternelle » (Luc 10 : 25). Le Seigneur le laisse sur son terrain et lui demande : « Qu'est-il écrit dans la loi ? ». L'homme ayant très correctement répondu, le Seigneur lui dit : « Fais cela, et tu vivras ». Mais le docteur de la Loi a conscience de ne pas avoir atteint son but, et demande : « Et qui est mon prochain ? ». Le Seigneur lui répond par la parabole bien connue, qui non seulement tranche la question de savoir qui est le prochain, mais montre que ce dont l'homme a besoin, d'un Sauveur qui le prenne totalement en charge, la Loi représentée par le sacrificateur et le lévite ne pouvant lui être d'aucun secours.
            Dans un entretien avec un scribe qui n'était « pas loin du royaume de Dieu », le Seigneur Jésus résume la Loi de la même manière que le docteur de Luc 10 : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur... et... tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Marc 12 : 28-34). « Comme toi-même », c'était la mesure de la Loi. Le Seigneur s'est livré lui-même pour nous. Combien sa mesure dépasse celle de la Loi !
 
 
                        Le légalisme
 
            Si les paroles de Jésus étaient le plus souvent marquées par la grâce, nous l'entendons pourtant s'exprimer avec la plus grande sévérité lorsqu'Il s'adresse aux chefs religieux des Juifs - scribes, docteurs de la loi, pharisiens - qui utilisaient leur prétendue observation de la Loi pour nourrir leur orgueil.
            Le pharisien de la parabole de Luc 18 se vante de ce qu'il jeûne deux fois par semaine, et donne la dîme de tout ce qu'il possède (v. 12). Observer des jours de jeûne, dîmer ses revenus, ce sont des commandements relativement faciles à observer, beaucoup plus faciles que d'aimer véritablement Dieu ou son prochain ! En observant scrupuleusement certains commandements, et en négligeant les autres, on peut - à très bon marché - se donner l'illusion d'être juste, et tenter de la donner à ceux qui nous entourent. C'est l'état que le Seigneur dénonce avec véhémence dans le réquisitoire impressionnant de Matthieu 23. « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! car vous payez la dîme de la menthe, de l'aneth et du cumin, et vous avez laissé de côté les choses plus importantes de la Loi : le juste jugement, la miséricorde et la fidélité ; il fallait faire ces choses-ci, sans laisser celles-là » (v. 23).
            Le Seigneur distingue des choses plus importantes et des choses qui le sont moins. Quelle leçon pour nous ! Il ne dit pas qu'il faille mettre de côté les moins importantes, mais Il demande d'accorder la priorité à celles qui sont les plus importantes. Et ce sont toujours celles qui nous engagent le plus profondément.
            Il y a l'extérieur et l'intérieur, « le dehors » et « le dedans » (v. 25-28), ce que les hommes voient et ce que Dieu seul voit. « Au-dehors vous paraissez justes aux hommes, mais au-dedans vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité. Malheur à vous ! » (v. 28). Combien haïssable est cet attachement aux formes extérieures alors que le coeur n'est pas droit devant Dieu !
            Cet état d'esprit - qu'on appelle le légalisme - conduit à ajouter des commandements humains à la parole de Dieu, et ainsi à la déformer et à l'annuler. Le Seigneur adresse ce reproche aux Juifs : « Hypocrites ! Esaïe a bien prophétisé à votre sujet quand il dit : Ce peuple m'honore des lèvres, mais leur coeur est fort éloigné de moi ; et c'est en vain qu'ils me révèrent, puisqu'ils enseignent comme doctrines des commandements d'homme » (Matt. 15 : 7-9).
            Le livre des Actes et les épîtres placent devant nous une autre forme de légalisme, celle qu'a fait naître le passage de la dispensation de la Loi à celle de la grâce. Il est compréhensible que les Juifs, attachés depuis leur enfance à leur Loi, à leurs ordonnances, à leurs privilèges, aient eu de la peine à abandonner le système judaïque. Et Dieu a usé d'une grande patience envers eux. Mais cela a été l'occasion de donner pour tous les temps, par le moyen de l'apôtre Paul, les instructions nécessaires pour que nous soyons gardés de nous placer, d'une manière ou d'une autre, sous le joug de la Loi, et d'être ainsi privés de notre liberté en Christ. Que Dieu nous accorde de nous tenir ferme dans cette liberté, sans en user « comme d'une occasion pour la chair » ! (Gal. 5 : 1, 13).
            L'attachement d'un coeur humble et aimant à la lettre aussi bien qu'à l'esprit des Ecritures n'a rien de commun avec le légalisme. C'est en les scrutant tout en nous tenant aux pieds du Seigneur que nous pouvons apprendre à connaître ce qui Lui plaît, pour marcher d'une manière digne de Lui.
 
 
                         J.-A. M – article paru dans le « Messager Evangélique » (1999 p. 209-218)
 
(A suivre)