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NOTES SUR L'EVANGILE DE JEAN (12)
 

 1 – Jésus au souper de Béthanie : v. 1-11
 2 – Entrée de Jésus à Jérusalem : v. 12-26
 3 – Dernier témoignage public de Jésus : v. 27-50


CHAPITRE 12
 
 
1 – Jésus au souper de Béthanie : v. 1-11
 
                        1. 1 Un souper pour Jésus (v. 1-3)
 
            Pendant que les hommes s'agitent à son sujet, Jésus vient à Béthanie dans cette maison hospitalière où Il aimait à se rendre. Là, on lui prépare un repas dans ce lieu où Sa présence est goûtée, où tout est paix, tranquillité, harmonie.
            Lazare, « le mort » que Jésus a ramené à la vie, est présent ; il est « le mort » et « le ressuscité ». N'est-ce pas ce qui nous caractérise, nous qui sommes croyants ? Nous étions morts dans nos péchés et maintenant nous sommes ressuscités, vivants pour Dieu ! (Eph. 2 : 5-6). Lazare jouit avec les autres de la communion avec Jésus, à table avec Lui. Quelle part précieuse !
            Marthe est là aussi ; il est dit simplement qu'elle servait.
            Marie apporte le parfum pour honorer Jésus.
            Voici, représenté par ces trois personnes, ce qui devrait toujours nous caractériser : la communion, le service et l'adoration.
 
            On peut remarquer les progrès de Marthe, en comparant cette scène avec celle de Luc 10. Ici, elle ne fait aucune réflexion, elle ne s'agite pas, mais tout simplement elle sert.
            Quant à Marie, après avoir été assise aux pieds de Jésus apprenant de Lui et attendant tout de lui, elle montre maintenant l'intelligence de l'amour. Elle sait apporter au moment opportun ce qu'elle a préparé depuis longtemps !
            Cette scène, où tout respire l'amour pour Jésus, illustre cette exhortation de Paul : « Que votre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence pour que vous discerniez les choses excellentes » (Phil. 1 : 9).
 
            L'accent est mis particulièrement sur ce que Marie a fait. Son amour pour Jésus et son intelligence spirituelle formée à l'écoute du Maître lui font discerner que c'est aujourd'hui le moment pour honorer une dernière fois Celui qui va bientôt laisser sa vie. Elle répand ce parfum précieux, certainement préparé depuis longtemps, sur les pieds de Jésus, puis elle essuie ses pieds avec ses cheveux. La maison est alors remplie de l'odeur du parfum (v. 3).
            La même scène est relatée en Matthieu 26 et en Marc 14 mais avec quelques différences qui sont en relation avec le caractère de chaque évangile. Ainsi en Matthieu, l'évangile du Roi, du Messie, le parfum est répandu sur la tête de Jésus. Dans l'évangile de Marc, l'évangile du serviteur, le vase est brisé avant que le parfum soit aussi répandu sur la tête de Jésus. « Pendant que le roi est à table mon nard exhale son odeur. Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe » (Cant. 1 : 12).
            Plus tard d'autres femmes ont eu aussi à coeur d'embaumer le corps de Jésus, mais lorsqu'elles sont venues au sépulcre pour accomplir ce geste d'amour, le Seigneur Jésus était déjà ressuscité. C'était trop tard pour L'honorer de cette manière. Seule Marie a eu ce discernement du moment qui convenait pour le faire. On peut remarquer d'ailleurs que Marie n'est pas allée au sépulcre !
 
 
                        1. 2 L'intervention de Judas (v. 4-8)
 
            Quelle joie pour le coeur du Seigneur de voir Marie accomplir ce geste alors que des voix discordantes s'élevaient déjà pour critiquer ce qu'elle venait de faire !
            « A quoi bon cette perte ? », disent les disciples indignés (Matt. 26 : 8). En Marc, ce sont quelques-uns qui expriment entre eux leur indignation (14 : 4). Ici, c'est Judas qui élève la voix pour dire : « Pourquoi ce parfum n'a-t-il pas été vendu trois cents deniers et donné aux pauvres ? » (v. 5). Quelle incompréhension dans le coeur des disciples, et quelle idole dans le coeur de Judas ! Il aimait l'argent, il était voleur, et ce triste penchant non jugé va l'amener à trahir son Maître pour trente pièces d'argent et finalement le conduire à une fin tragique. On comprend que Jean qui a été témoin de ce terrible enchaînement exhorte solennellement à la fin de son épître : « Enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5 : 21).
 
            Face aux critiques des disciples, le Seigneur Jésus prend la défense de Marie et souligne la valeur de ce qu'elle a fait : « Permets-lui d'avoir gardé cela pour le jour de ma mise au tombeau » (v. 7). En Matthieu 26 : 10, Il dit : « Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? Elle a fait une bonne oeuvre envers moi ».
            Les disciples, comme aussi Judas, mettent en avant le service envers les pauvres, et le Seigneur ne dit pas qu'il ne soit pas juste, mais ce qui importe c'est ce qui tient la première place. Lui seul est digne d'occuper notre coeur : « Qu'en toutes choses il tienne lui la première place » (Col. 1 : 18). Apprenons à laisser le Seigneur remplir d'amour notre coeur et notre vie, comme Marie nous en montre un si bel exemple.
            « Quoi que vous fassiez, faites-le de coeur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes…c'est le Seigneur Christ que vous servez » (Col. 3 : 23). Des croyants de Macédoine, l'apôtre pourra écrire : « Ils se sont donnés eux-mêmes d'abord au Seigneur » (2 Cor. 8 : 2-5).
 
            Pour Dieu toutes choses sont nues et découvertes. Et Jésus savait bien à l'avance ce qu'il en était de Judas ; il pouvait lire ses pensées secrètes. Prenons garde de ne pas être double de coeur ! On peut paraître suivre le Seigneur sans être véritablement engagé pour Lui ! L'amour des richesses et la poursuite des biens matériels constituent un piège terrible. La Parole met en garde et avertit très sérieusement contre ce danger pernicieux. « C'est une racine de toutes sortes de maux que l'amour de l'argent » (1 Tim. 6 : 10). On peut même remarquer que l'argent a été la cause du premier drame survenu dans l'Eglise avec l'affaire d'Ananias et de Sapphira (Act. 5). En contraste, Pierre et Jean déclarent qu'ils n'ont ni argent ni or, mais ils connaissaient la puissance de Jésus (Act. 3 : 6).
 
 
                        1. 3 Complot contre Lazare (v. 9-11)
 
            Après cette oasis de paix et d'amour de la maison de Béthanie, on retrouve les foules pleines de curiosité et aussi les principaux sacrificateurs qui tiennent conseil pour faire mourir Jésus ! En outre, il y a un témoin gênant, Lazare, dont la résurrection témoignait justement de la puissance et de la divinité de Jésus. Alors, au lieu de se rendre à l'évidence et de croire, leurs coeurs sont endurcis et ils essaient de faire disparaître aussi Lazare. 
            Lazare, ce mort que Jésus avait ressuscité, était devenu un objet de curiosité pour les foules. De même aujourd'hui, lorsque quelqu'un vient à la vie par la conversion, c'est quelque chose qui ne passe pas - ou qui ne devrait pas passer - inaperçu ! C'est pourquoi Satan cherche toujours à supprimer le témoignage ainsi rendu, soit en s'attaquant directement à celui qui appartient maintenant au Seigneur, soit en cherchant à détruire le témoignage qu'il peut rendre par sa conduite. Il s'agit de quelque chose qui nous interpelle, car nous sommes souvent pris en défaut quant au témoignage que nous devons rendre dans ce monde. Comme Lazare, sans même exprimer de paroles, nous devrions montrer que nous sommes morts au monde et vivons d'une vie de résurrection.
 
            Remarquons que ce sont les autorités religieuses qui cherchent à supprimer les témoins gênants. On le voit ici avec Lazare, ce sera encore plus tard le cas avec les disciples qui seront persécutés, voire mis à mort à cause du témoignage rendu au nom de Jésus (Act. 5 : 17-18 ; 6 : 12-15 ; 7 : 57-60 ; 8 : 1-3). Aujourd'hui encore, comme autrefois en persécutant les témoins de Jésus, c'est à Lui qu'ils s'attaquent. C'est d'ailleurs ce que Paul a entendu de la bouche même du Seigneur : «  Je suis Jésus que tu persécutes » (Act. 9 : 6).
 
 
 
2 – Entrée de Jésus à Jérusalem : v. 12-26
 
                        2. 1 Jésus acclamé comme roi (v. 12-19)
 
            Malgré la haine des Juifs et leur volonté de faire mourir Jésus, Dieu garde la haute main sur tout. Il veut que son Fils soit glorifié comme les prophètes l'ont annoncé : « Voici ton roi vient à toi ; il est juste et ayant le salut, humble et monté sur un âne » (Zach. 9 : 9). 
            La foule qui était venue pour voir Lazare le ressuscité acclame Jésus comme le roi d'Israël : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d'Israël ! » (v. 13). Quelques jours après, cette foule versatile criera devant Pilate : « Crucifie-le » ! (19 : 6).
 
            Cette scène préfigure ce qui se passera dans un temps encore à venir, quand le résidu pieux aura reconnu que Celui qu'ils ont percé était bien le Christ, le Messie.
            A plusieurs reprises, le prophète Zacharie annonce ce rejet du Messie suivi de sa reconnaissance future (Zach. 11 : 12 ; 12 : 10 ; 13 : 6).
            Dans l'évangile de Matthieu, Jésus déclare : « Voici, votre maison vous est laissée déserte, car je vous le dis : Vous ne me verrez plus désormais, jusqu'à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Matt. 23 : 38-39).
 
            « Ses disciples ne comprirent pas d'abord ces choses ; mais quand Jésus eut été glorifié, alors ils se souvinrent que cela était écrit à son sujet et qu'on avait fait ainsi à son égard » (v. 16). En effet, les disciples étaient souvent dans la perplexité et ne comprenaient pas les événements qui se passaient. Ils pensaient que le Seigneur Jésus, qu'ils reconnaissaient bien comme le Christ, finirait par être reçu par son peuple et établirait son règne. Mais les choses ne devaient pas se passer ainsi et Jésus leur parlait au contraire de son rejet, de sa mort et de sa résurrection. On voit la même incompréhension dans Luc 24, avec les deux disciples d'Emmaüs. Il faut que le Seigneur leur ouvre l'intelligence pour qu'ils comprennent.
 
            Quant aux pharisiens, perplexes, ils sont bien obligés de constater l'influence que Jésus avait sur la foule, et ils disent entre eux : « Vous voyez que vous ne gagnez rien ; voici le monde est allé après lui » (v. 19). Ils n'osent pas parler ainsi ouvertement, mais ils le font « entre eux ». On voit bien ce qu'il y a dans le coeur des hommes : chercher à se mettre en avant et à attirer après soi, d'où les luttes d'influence, les jalousies, les intrigues, les guerres ! Mais ce n'est pas ainsi que le Seigneur agit, et si nous sommes attirés vers Lui, c'est parce que son amour et sa grâce ont touché notre coeur. « Nous, nous aimons parce que Lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4 : 19).
 
 
                        2. 2 Des Grecs désireux de voir Jésus (v. 20-26)
 
            Au milieu de cette foule, il y avait des Grecs, gens des nations, dont le coeur était « préparé », et qui recherchaient Dieu : ils « étaient montés pour adorer pendant la fête » (v. 20).
            Comme Zachée qui « cherchait à voir Jésus, qui il était » (Luc 19 : 3), ces hommes désiraient voir Jésus. Ils s'en ouvrent aux disciples, à Philippe en particulier, lequel en parle à André, et tous les deux viennent le dire à Jésus. Il est beau de voir leur service partagé pour conduire ces hommes à Jésus. André avait déjà conduit son propre frère, Simon Pierre, à Jésus. Et c'est bien ce qui devrait toujours nous caractériser. Non pas chercher à attirer des disciples après nous, mais amener des âmes à Jésus. A Zachée, le Seigneur Jésus avait répondu : « Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19 : 10). Ici, Il va répondre à ces Grecs en leur parlant de sa mort et de sa résurrection.
 
            Le Seigneur déclare : « L'heure est venue pour que le Fils de l'homme soit glorifié » (v. 23). Jusqu'ici il avait été question à plusieurs reprises de « cette heure », mais c'était chaque fois pour dire que son heure n'était pas encore venue. Maintenant le moment était tout proche où le Fils de Dieu allait donner sa vie, où le grain de blé allait tomber en terre et mourir. C'était afin que le Fils de l'homme soit glorifié et qu'il y ait beaucoup de fruit.
            L'image du grain de blé est souvent utilisée par le Seigneur Jésus parce qu'elle pouvait être facilement comprise de tous. Par exemple, dans la parabole du semeur qui sème sa semence (Matthieu 13). Le grain de blé est semé en terre et meurt. Mais ensuite il germe et surgit de la terre en portant du fruit, beaucoup de fruit. Christ a dû mourir et être enseveli avant de ressusciter, lui « les prémices » d'une immense moisson. Ces choses avaient déjà été annoncées prophétiquement (Ps. 126 : 5-6).
            Le Seigneur Jésus avait souvent parlé de sa mort et de sa résurrection comme d'une nécessité : « Il faut que le Fils de l'homme soit élevé » (3 : 14). « Il faut que le fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté…, qu'il soit mis à mort et qu'il soit ressuscité » (Luc 9 : 22). Jésus s'est avancé seul au devant de la mort, mais Il avait devant lui le fruit qui en résulterait et qui déjà réjouissait son coeur (Héb. 12 : 2 ; Es. 53 : 11).
 
            Un grain de blé, bien que très petit, contient un germe de vie. Lorsqu'il est mis en terre, la germination s'effectue lentement : une jeune pousse prend naissance et grandit ; la nouvelle plante va croître jusqu'à ce qu'elle porte du fruit, un grand nombre de grains, tous issus du même grain et ayant la même nature que lui. Quelle belle image de la mort de Christ et de la puissance de vie qui était la sienne ! 
            Cette même image est employée à propos de la résurrection (1 Cor. 15 : 35-38).
 
            Les grains de blé portent les mêmes caractères que celui qui est tombé en terre. De même le chrétien est de la même nature que Christ et porte les mêmes caractères que Lui. Nous sommes appelés à lui ressembler (1 Jean 3 : 16).
            « Celui qui aime sa vie la perdra ; et celui qui hait sa vie dans ce monde-ci la conservera pour la vie éternelle. Si quelqu'un me sert, qu'il me suive » (v. 25-26a). Lorsque nous agissons, nous le faisons soit en suivant notre propre volonté, les penchants naturels de notre coeur, ce qui conduit toujours à une perte, soit en laissant l'Esprit de Dieu agir en nous, et alors nous pourrons suivre le Seigneur, lui ressembler et servir comme Il nous appelle à le faire ! C'est bien ce que l'apôtre Paul a réalisé lorsqu'il dit : « Les choses qui pour moi étaient un gain je les ai considérées, à cause du Christ, comme une perte. Plus encore, je considère toutes choses comme une perte…afin que je gagne Christ … » (Phil. 3 : 7-8).
 
            Le verset 26 s'adresse à chacun de nous directement : « Si quelqu'un… ». On retrouve d'ailleurs cette expression à plusieurs reprises dans l'évangile de Jean. «  Si quelqu'un n'est pas né de nouveau, il ne peut pas voir le royaume de Dieu… Si quelqu'un n'est né d'eau et de l'Esprit » (3 : 3, 5). « Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement » (6 : 51). « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive » (7 : 37) ; Ainsi pour suivre et servir le Seigneur, il faut d'abord être né de nouveau, puis nourri et désaltéré par lui. On peut alors marcher sur ses traces.
            « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour, et me suive : car celui qui voudra sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera » (Luc 9 : 23-24). Le passage de Marc 8 : 34-35 précise : « à cause de moi et de l'évangile ».
 
            Bien sûr, en lisant de telles paroles, on est amené à  se demander devant Dieu quel but on poursuit dans sa vie. Voudrions-nous gagner le monde entier, satisfaire nos désirs, nos ambitions… et faire la perte de notre âme ou de notre course chrétienne ? Que notre désir soit vraiment de suivre le Seigneur pour Le servir !
            Une double récompense s'y attache :
                        - «  Où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur » : être avec le Seigneur, aujourd'hui dans le service, dans la peine, dans la souffrance peut-être, mais être en Sa compagnie et bientôt pour toujours avec lui dans le ciel : « afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14 : 3).
                        - « Si quelqu'un me sert, le Père l'honorera » : être honoré du Père devrait avoir un prix immense pour notre coeur !
 
 
 
3 – Dernier témoignage public de Jésus : v. 27-50
 
 
                        3. 1 L'heure de la mort (v. 27-36)
 
            Christ était le serviteur parfait. Son amour pour son Père comme pour les siens était un amour sans faille, « fort comme la mort » (Cant. 8 : 6). Son seul désir était d'honorer son Père. C'était pour cela qu'Il était venu, dans une entière soumission à sa volonté, afin de Le glorifier dans sa mort aussi bien que dans sa vie.
            L'heure de glorifier le Père dans sa mort était devant Jésus. C'est pourquoi, Il dit : « Maintenant mon âme est troublée » (v. 27). Déjà au tombeau de Lazare, Jésus voyant les conséquences de la mort sur les hommes « frémit en son esprit et se troubla » (11 : 33). Puis au moment de la trahison de Judas, Il sera encore troublé : « Ayant dit cela, Jésus fut troublé dans son esprit » (13 : 21).
 
            Nous assistons alors à cette conversation intime entre le Père et le Fils, et nous entendons les paroles de parfaite soumission du Seigneur Jésus à la volonté de son Père ; son désir de Le glorifier quoiqu'il s'ensuive : « Père, délivre-moi de cette heure ; mais c'est pour cela, pour cette heure, que je suis venu. Père, glorifie ton nom » (v. 27-28). 
            Le Seigneur Jésus savait qu'Il allait devoir prendre sur Lui nos péchés, qu'Il allait les porter en son corps sur le bois de la croix. Pour Lui, saint et pur, qui n'avait ni connu, ni commis de péché, c'était là quelque chose de terrible, que son âme sainte repoussait avec horreur. C'est pour cela qu'Il demande, son âme étant troublée : « Père délivre-moi de cette heure ». De nombreux passages des Psaumes et des prophètes font allusion à cette détresse du Seigneur Jésus, à son cri d'angoisse, à l'abandon du Dieu saint (22 : 1). Mais c'était « pour cette heure » qu'Il était venu, et Il ajoute : « Père,  glorifie ton nom » !
            Le Seigneur Jésus avait déclaré : « Je savais que tu m'entends toujours » (11 : 42). Et en effet, la réponse du Père ne se fait pas attendre. Une voix se fait alors entendre du ciel : « Et je l'ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau » (v. 28b). C'est la troisième fois que la voix divine se fait entendre du ciel. Déjà au moment du baptême au Jourdain, puis sur la montagne lors de la transfiguration, cette voix avait proclamé : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé », et maintenant la même voix déclare que le nom du Père a été glorifié et qu'il le sera encore !
            Par la résurrection de Lazare, le nom du Père avait été glorifié ; par celle de Christ, il le sera de nouveau.
 
            Pour la foule qui ne comprend pas ce qui se passe, cette « voix du ciel » est comme un coup de tonnerre, ou encore comme la voix d'un ange (v. 29). Alors le Seigneur Jésus déclare : « Ce n'est pas pour moi que cette voix s'est fait entendre, mais pour vous » (v. 30). Ceux qui ne veulent pas entendre et recevoir la voix qui annonce la grâce et le salut devront un jour entendre la voix du Juge qui les condamnera. Quelle responsabilité pour tous ceux qui entendent le message de la grâce de Dieu et refusent de croire !
            Nous ne le répéterons jamais assez : tous les hommes sont placés devant ce choix. Soit, ils écoutent et se laissent attirer par Celui qui a été élevé sur la croix du Calvaire et qui est mort pour eux, soit ils refusent et il n'y a alors pour eux que l'attente terrible du jugement. Ainsi, nous avons là les deux aspects de la croix : le salut ou le jugement. « Qui croit au Fils a la vie éternelle, mais qui ne croit pas ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (3 : 36).
            Les miracles que Jésus faisait amenaient la foule à Le suivre, mais la popularité ne suffit pas pour toucher et attirer le coeur ! C'est le fait de voir Jésus souffrant et mourant pour nous sur la croix du Calvaire qui touche profondément le coeur ! C'est ce que Jésus déclare ici : « Si je suis élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi-même » (v. 32). Alors nous pouvons, comme l'apôtre Paul, vivre dans la foi, « la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré lui-même pour moi » (Gal. 2 : 20).
            Comme on l'a vu, le Seigneur Jésus avait déclaré à Nicodème : « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle » (3 : 14-15). Un regard de foi vers la croix où Jésus a été cloué suffit pour avoir la vie éternelle ! Sans doute, c'est une folie pour l'homme incrédule qui raisonne avec son intelligence (1 Cor. 1 : 21) mais c'est la puissance de Dieu en salut à quiconque croit ! Ainsi en a-t-il été pour le brigand crucifié à côté de Jésus.
 
            En entendant Jésus parler de sa mort, la foule s'étonne et ne comprend pas : « Nous, nous avons appris de la Loi que le Christ demeure éternellement : comment peux-tu dire, toi, qu'il faut que le Fils de l'homme soit élevé ? Qui est ce Fils de l'homme ? » (v. 34). La foi entend, croit et comprend  mais les incrédules qui raisonnent ne peuvent entrer dans la pensée de Dieu.
            Les versets 35 et 36 donnent le secret des différents comportements des hommes. La question est de savoir si l'on est disposé à se laisser éclairer, pénétrer par la lumière divine ou non ! Nous avons lu au début de cet évangile : « La lumière brille dans les ténèbres ; et les ténèbres ne l'ont pas comprise » (1 : 5) ; « La lumière est venue dans le monde, et le hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs oeuvres étaient mauvaises » (3 : 19) ; « Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (8 : 12).
            Quelle responsabilité pour tous ces hommes qui vivaient du temps de Jésus ! Ils avaient la lumière divine au milieu d'eux et ils n'en voulaient pas, préférant rester dans l'obscurité morale ! Bientôt, devenue le jouet de Satan, le prince des ténèbres, la foule allait réclamer la mort du Fils de Dieu pour se débarrasser de cette lumière qui la condamnait.
            Le Seigneur Jésus n'a donc plus rien à dire pour le moment à ces hommes incrédules qui ne veulent pas de Lui. Il s'en va et se cache de devant eux (v. 36).
            Désormais, Jésus réservera ses « derniers moments » aux siens.
 
 
                        3. 2 Un triste constat d'incrédulité (v. 37-43)
 
            Ces versets soulignent encore une fois ces deux grandes vérités qui traversent toutes les Ecritures. D'un côté, la préconnaissance de Dieu, et de l'autre, la responsabilité de tout homme. Le fait que Dieu sache tout à l'avance et le déclare même par les prophéties n'enlève rien à la responsabilité de l'homme.
            L'incrédulité du peuple avait été annoncée par les prophètes, par Esaïe en particulier, et cela aurait dû être un avertissement pour ceux qui connaissaient les Ecritures. De plus, les foules avaient été témoins des miracles que Jésus avait accomplis, des paroles de grâce qu'il avait prononcées, de toutes les manifestations de son amour et de sa compassion. Aussi est-ce avec une note de grande tristesse que la Parole dit : « Et, bien qu'il ait fait tant de miracles devant eux, ils ne crurent pas en lui » (v. 37). Pouvait-il y avoir une plus grande ingratitude, un plus grand mépris ? Dans ces coeurs endurcis et fermés à l'amour divin, les paroles de Jésus n'avaient plus d'accès.
 
            Esaïe, en effet, a écrit de nombreuses prophéties relatives au temps de la venue du Seigneur Jésus sur la terre et concernant sa naissance, son ministère, son rejet, sa mort, sa gloire, mais aussi l'endurcissement du peuple de Dieu, son refus d'écouter.
            Il est remarquable de considérer pourquoi l'Esprit de Dieu révèle à Esaïe de telles prophéties : « Esaïe a dit cela parce qu'il a vu sa gloire et qu'il a parlé de lui » (v. 41). En se tenant devant Dieu, il avait pu contempler par la foi la gloire divine. Telle a été la part de nombreux hommes de Dieu, comme Moïse, Esaïe, Ezéchiel, les apôtres Pierre, Jean et Paul. Ils ont pu parler de Lui, parce qu'ils ont contemplé sa gloire. Et pour nous, c'est dans la mesure où nous contemplons la gloire du Seigneur que « nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3 : 18), et que notre bouche aussi peut s'ouvrir pour parler de Lui, de ce que nous avons contemplé de sa gloire et de sa beauté. 
 
            Jean relève encore quelque chose qui est produit par la grâce divine. Au milieu de l'incrédulité générale du peuple, des coeurs sont quand même touchés : « Toutefois parmi les chefs beaucoup crurent en lui » (v. 42). Le Seigneur connaît ce qu'il y a au fond du coeur, et il le relève, même si la foi est bien faible et si la crainte des hommes conduit ces croyants à ne pas rendre témoignage.
            Une double raison est donnée à ce manque d'engagement. Ils craignaient d'être « exclus de la synagogue » ; il y avait aussi cette recherche de la gloire des hommes. Sommes-nous prêts à confesser notre foi devant les hommes, ou bien sommes-nous craintifs, timides, ou peut-être aussi avons-nous dans notre coeur quelque chose que nous ne voulons pas abandonner !
            « Si, de ta bouche, tu reconnais Jésus comme Seigneur et si tu crois dans ton coeur… tu seras sauvé » (Rom. 10 : 9). « Quiconque me reconnaîtra devant les hommes, moi aussi je le reconnaîtrai devant mon Père qui est dans les cieux » (Matt. 10 : 32).
 
 
                        3. 3 Dernier appel du Seigneur (v. 44-50)
 
            Maintenant, le Seigneur s'adresse encore une fois de manière individuelle à celui qui veut bien écouter ! Il « s'écria : Celui qui croit en moi… » (v. 44), afin que tous entendent !
 
         Il donne comme un résumé de ce qu'Il avait déjà dit tant de fois !
                        - Il est venu comme l'envoyé du Père, de sorte que croire en Jésus, c'est croire en Dieu qui l'a envoyé et que voir Jésus, c'est aussi voir le Père (v. 44-45).
                        - Il est venu dans le monde pour y faire briller la lumière (v. 46) ; le monde est plongé dans d'épaisses ténèbres morales, et il pratique les oeuvres des ténèbres. Mais la lumière brille pour tirer des hommes des ténèbres et les amener dans cette lumière divine. A notre tour aujourd'hui nous sommes appelés à faire luire cette lumière au milieu d'un monde toujours plus rempli de ténèbres. Que nous soyons effectivement ces luminaires dont parle Philippiens 2 : 15.
                        - Il n'est pas venu pour condamner et juger le monde, mais pour sauver les hommes (v. 47), en plein accord avec la volonté de son Père : « Notre Dieu Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tim. 2 : 4).
                        - Il a été parfaitement soumis à la volonté de son Père, jusque dans ses paroles, même à dire les choses exactement comme le Père lui disait de les dire ! (v. 49). Ses paroles ont été des paroles de grâce et d'amour, même sur la croix. Alors que ses bourreaux le faisaient souffrir en se moquant de lui, Il a demandé : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc 23 : 34). Mais un jour, ces paroles de grâce deviendront pour ceux qui les refusent le motif de leur jugement. 
 
            Son peuple allait bientôt ne plus l'entendre. Cette bouche qui avait constamment présenté la grâce et de vérité allait se fermer. Devant ses accusateurs qui le condamneront injustement, Jésus n'ouvrira pas la bouche. En dépit des outrages qui l'accableront, Il restera muet (Ps. 38 : 13-14). Devant le sanhédrin, « le souverain sacrificateur se leva et lui dit : Ne réponds-tu rien…? Mais Jésus gardait le silence » (Matt. 26 : 62-63).