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Le  Psaume 78
 
 Introduction
 Première partie du psaume (v. 12-55)
 Seconde partie du psaume (v. 56-72)


            L'auteur de ce psaume est Asaph qui prophétisait sous la direction du roi (1 Chr. 25 : 2). Il traite d'une façon détaillée de certains événements de l'histoire d'Israël, pour l'instruction permanente du peuple de Dieu. Il ne s'astreint pas à suivre un ordre chronologique ; il puise çà et là dans le passé ce qui lui convient, pour mettre en évidence des dispositions - divines ou humaines- à l'origine des faits qu'il expose. « J'ouvrirai ma bouche en paraboles, j'annoncerai les énigmes des jours d'autrefois », annonce-t-il au début du psaume (v. 2).
            Pour nous chrétiens, nous savons que cette histoire d'Israël est écrite pour nous servir d'avertissement (1 Cor. 10 : 11). Arrêtons-nous donc un moment sur les différentes parties de ce psaume, riche en enseignements.
 
 
Introduction 
 
            Asaph annonce qu'il se propose de tirer des enseignements de l'histoire passée. Il agit ainsi, pour obéir à la pensée de Dieu, qui avait voulu établir un témoignage en Jacob et mettre en Israël une loi. Il désirait qu'ils mettent leur confiance en Lui, n'oublient pas ses oeuvres et observent ses commandements : il s'agit des choses « que nous avons entendues et connues… les louanges de l'Eternel, et sa force et ses merveilles qu'Il a faites » (1-4). Ainsi avertie, la nouvelle génération ne deviendra pas comme ses pères, une génération indocile et rebelle ! (v.5-8 ; Ezé. 20 : 18).
            Lecteurs, en lisant soigneusement tous ces avertissements, ne perdons pas de vue que seul Jésus est le vrai révélateur de toutes les pensées de Dieu (Matt. 13 : 34-35). La vérité est en Lui.
            En tout cas, on doit retenir aussi que le père doit instruire les nouvelles générations de ce que Dieu a accompli en faveur de leurs ancêtres (Ex. 10 : 2 ; 12 : 26 ; Deut. 4 : 7 ; 6 : 9 ; Prov. 22 : 6).
 
            Ces versets d'introduction sont suivis d'une brève sentence prononcée contre Ephraïm. L'Eternel n‘avait pas atteint son but : la responsabilité en reposait avant tout sur cette tribu  qui avait pris la tête des autres, sans être, loin s'en faut, un exemple pour elle (v. 9-11) ! 
            Armés et tirant de l'arc, on aurait pu penser que les fils d'Ephraïm seraient une tribu redoutable, capable d'entraîner tout le peuple dans la voie de la fidélité ! Or ils avaient tourné le dos le jour du combat, refusant de marcher selon la loi divine (Jug. 1 : 29 ; 2 : 2). Par leur attitude querelleuse, ils avaient failli compromettre le succès de Gédéon (Jug. 8 : 4) et c'était du milieu d'eux qu'étaient sortis les meurtriers de la famille de ce juge (Jug. 9 : 1-5). Cette tribu avait fait la guerre à Jephté, après avoir refusé de lui venir aide contre les Ammonites (Jug. 12).Toutes ces infidélités viennent toujours de l'oubli coupable des oeuvres de Dieu.
            Chrétiens, que faisons-nous des armes dont nous disposons ? Avons-nous appris à les revêtir et à les manier ? (Eph. 6 : 10-17).
 
 
Première partie du psaume (v. 12-55)
 
            Le récit de l'histoire d'Israël dans les siècles passés aurait dû instruire le peuple à salut. Dans un premier paragraphe (v. 12-31), Asaph décrit en détail le passage de la mer Rouge et le séjour dans le désert. Dans tous ces événements la puissance et la bonté de Dieu se manifestaient avec éclat. Or, ils ont fait, hélas, ressortir aussi la méchanceté du peuple, et du coeur humain en général (v. 32-39 ; Es. 65 : 2).
            Dans un nouveau paragraphe, le psalmiste relate les faits qui ont précédé et suivi le long séjour au désert. Il s'agit d'abord des plaies de l'Egypte, se succédant rapidement, puis de l'établissement du peuple en Canaan (v. 40-55).
 
 
                        Les merveilles de Dieu et l'infidélité du peuple
 
            Asaph décrit d'abord essentiellement les grandes oeuvres de Dieu envers son peuple et leur ingratitude (v. 12-55). Tsoan (ou : Tanis), antique résidence des rois d'Egypte, est mentionnée. C'est là, au coeur de l'empire le plus puissant dans le monde d'alors, que Dieu fait des prodiges pour délivrer son peuple.
            Il est question du départ d'Egypte et du séjour dans le désert. Pour son peuple, Dieu entrouvre la mer et fend les rochers, il les conduit nuit et jour par la nuée. Quelle est la réponse d'Israël ? « Ils tentèrent Dieu dans leurs coeurs… ». Ils osent penser, ou peut-être même dire : « Dieu pourrait-il dresser une table dans le désert ? » (v. 18-19). Les rochers fendus (v. 15) sont une allusion à deux circonstances analogues, celle de Rephidim, la première année du séjour au désert (Ex. 17), et celle survenue à Kades, la quarantième et dernière année (Nom. 20).
            « Ils péchèrent de nouveau … » (v. 17).  Il n'est pas encore parlé expressément de murmures ; l'allusion aux scènes de Massa et de Mériba rappelle pourtant les premiers signes de l'incrédulité du peuple. Le manque de pain dans cette terre aride donne l'occasion de murmurer. En réponse, le don de la manne et des cailles (Ex. 16) précède même le miracle à Rephidim. La manne continuera de tomber pendant quarante ans, mais elle cessera bientôt de leur suffire : ils se déclareront dégoûtés de ce pain misérable ! (Nom. 11 : 4).
            Tenter Dieu, c'est abuser d'une position privilégiée pour réclamer avec impatience ce qu'Il était décidé à nous donner. Pour la viande, c'était une exigence de leur part : Dieu va les châtier en leur accordant justement ce qu'ils ont tellement convoité, et qui deviendra pour eux une cause de mortalité, d'où le grand nombre de sépulcres à cet endroit ! (Ex. 16 : 13 ; Nom. 11 : 31-34). Lors du second envoi, ce n'était pas une question de faim mais simplement un désir de satisfaire leurs convoitises – chose, hélas, fréquente aussi dans nos coeurs(v. 29-30 ; Gal. 5 : 1, 13).
            Tenter Dieu, c'est aussi réclamer son secours au moment où pourtant l'on pèche contre Lui. On essaie de voir jusqu'où ira sa patience, sa longanimité, sa puissance : on cherche à Lui forcer la main !
 
            « Le feu s'alluma contre Jacob » (v. 21) : c'est une image de la colère divine. L'Eternel est-il au milieu de nous, oui ou non ? déclare ce peuple (quel contraste avec Matt. 4 : 7). Dieu commande inlassablement en leur faveur aux nuées d'en haut, il fait pleuvoir la manne à satiété (v. 22-23 ; Ex. 16 : 4). Et l'homme mange, sans montrer de reconnaissance, cette manne, appelée « le pain des puissants » (v. 25).
            Dieu dispose à son gré des vents pour leur apporter leur nourriture. Voilà qui rappelle les paroles du Seigneur à Nicodème : « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son ; mais tu ne sais pas d'où il vient et où il va » (Jean 3 : 8). Dieu seul le sait.
 
            Dans les versets 32-39, la méchanceté de l'homme s'étale en contraste avec la patience divine. On peut dire que ce paragraphe résume en termes généraux toute l'histoire d'Israël au désert : « Avec tout cela, ils péchèrent encore » ! Ni les grands bienfaits de Dieu (Ps. 63 : 7), ni ses graves châtiments (Es. 1 : 5) ne produisaient d'effet sur leurs coeurs endurcis. Le psalmiste fait ressortir le plus grave péché d'Israël : l'incrédulité.
            Dieu consumait leurs jours par la vanité, leurs années par la frayeur (v. 33). Ce jugement était l'accomplissement de Nombres 14 : 32. Mais les catastrophes successives ne provoquaient chez eux que des volte-face trompeuses, sans lendemain (voir Nom. 21 : 6). « Ils le flattaient de leur bouche » (v. 36), toutefois leur coeur n'était pas ferme, ils se montraient infidèles à leur alliance (v. 37. Quel tableau humiliant, propre à sonder à nos propres coeurs !
            Si peu durables pourtant que soient ces « retours », Dieu manifestait inlassablement ses compassions envers des créatures si faibles et si fragiles, comparées ici à « un souffle qui passe et ne revient pas » (v. 38-39 ; Ps. 103 : 13-14) !
 
 
                        La démonstration de l'indignité d'Israël
 
            Une nouvelle énumération des miracles de Dieu, en Egypte et en Canaan, est donnée maintenant (v. 40-55). Tout ceci alterne avec les accusations contre un peuple qui constamment recommence et tente l'Eternel (v. 9-11 ; 17-20 ; 32-37 ; 40-42 ; 56-58). Au verset 41, il est même précisé qu'ils affligèrent (ou limitèrent) le saint d'Israël ! Voilà qui fait écho aux appels du prophète Malachie, qui s'écrie de la part de Dieu – encore maintenant, à la fin d'une économie - : « Eprouvez-moi… si je ne vous ouvre les écluses des cieux et ne verse pas sur vous la bénédiction, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus assez de place » (Mal. 3 : 10). Que de fois, notre désobéissance et notre incrédulité empêchent le Seigneur de remplir nos coeurs et toute l'assemblée à laquelle nous appartenons des bienfaits qu'Il tient en réserve pour les siens !
            Asaph ne se sent pas obligé de parler en détail des plaies d'Egypte. Après avoir parlé de l'eau du Nil changée en sang, il cite les mouches venimeuses, les grenouilles, les sauterelles, la grêle, la peste. Finalement, dans l'ardeur de sa colère, Dieu ne préservera pas les âmes de la mort. Il « frappe tout premier-né en Egypte, les prémices de la vigueur dans les tentes de Cham » (v. 44-51).
            Cette fureur qui se déchaîne contre l'Egypte contraste avec la douceur des soins dont Dieu entoure Israël. Il les fait partir comme des brebis, les conduit sains et saufs et ils sont introduits dans les limites de sa « sainte terre ». Au passage, le récit rappelle comment la mer a couvert leurs ennemis. Les nations sont chassées devant eux et l'héritage leur est partagé au cordeau (v. 52-55 ; Ps. 16 : 6) !
 
 
 
Seconde partie du psaume (v. 56-72)
 
            Israël n'a pas tenu compte de toutes les expériences qu'il a faites. Il est retombé dans le péché de ses pères, de sorte qu'il a attiré sur lui un plus grand châtiment encore : la perte momentanée de l'Arche de l'alliance et la destruction de Silo (v. 56-64). Toutefois, ainsi qu'Il le fait toujours, le Seigneur a veillé sur sa gloire, face à la victoire des Philistins.  Ephraïm, malgré se origines privilégiées, a perdu sa prééminence : il n'occupe plus que le second rang. Le sanctuaire a été confié à la garde de Juda, avec - comme roi -David (v. 65-72). C'est une expression du choix souverain de Dieu.
            Il n'y a rien dans ces versets qui permette de situer la rédaction de ce psaume après le schisme. Il n'est pas question des veaux d'or de Béthel et de Dan, alors que les événements consécutifs à la prise de l'arche, la défaite des Philistins du fait de l'intervention divine, le choix de David, tout cela est relaté. La suite est totalement ignorée : il est évident qu'Asaph écrit comme peut le faire un contemporain de David.
 
 
                        La rupture des liens de Dieu avec Israël
 
            Dans cette deuxième partie du Psaume (v. 56-72), on voit la réponse à tant de bienfaits : c'est un redoublement de péchés et d'infidélités pendant toute la période des Juges (v. 56) ! Dieu les compare ici encore à un « arc trompeur », qui ne sait que dévier les flèches au lieu de chercher à atteindre le but (v. 57 ; Osée 7 : 16). L'arc était l'arme de prédilection d'Ephraïm (v. 9).
            Dieu entend tout cela et Il méprise fort Israël. Il abandonne définitivement Silo (Jér. 7 : 11-12), devenue une caverne de voleurs, profanée par les sacrificateurs eux-mêmes. Il livre à l'ennemi « sa force » et « sa magnificence » (v. 61). Ce sont les deux noms donnés ici à l'arche de l'alliance - elle était un gage du secours tout-puissant que le peuple pouvait attendre de Dieu.
 
            Puis l'Eternel abandonne son peuple à l'épée ; le feu dévore leurs jeunes hommes - même les cérémonies funèbres habituelles sont abandonnées (v. 62-64).
            Enfin, tous les derniers versets du psaume sont consacrés au choix de Sion (v. 65-72).
 
 
                        Dieu agissant selon le choix souverain de sa grâce
 
            Le Seigneur « s'éveilla » (v. 65) : c'est une image fréquente dans les psaumes (7 : 7 ; 35 : 23 ; 44 : 24…). Aux yeux d‘Israël, jamais Dieu n'avait paru « dormir » si profondément qu'au moment où il n'avait pas donné la victoire à Israël, du fait – comme ils l'imaginaient - de la présence de l'arche dans le camp. Au contraire, il avait permis qu'elle soit emmenée chez les Philistins. Le « réveil » sera d'autant plus étonnant quand Dieu, sans aucune intervention humaine, frappe cet ennemi et le couvre de honte (v. 65-66 ; 1 Sam. 5 : 6 ; 7 : 7-11).
            Un fait historique qu'Asaph met spécialement en évidence, c'est le rejet d'Ephraïm (v. 67), jusqu'alors la tribu dominante. Pendant la période des Juges, Ephraïm semblait vouloir jouer un rôle prépondérant, dont il abusait d'ailleurs. Sa manière de traiter les autres tribus montre qu'il était, dans son orgueil, conscient de sa force naturelle (Jug. 8 : 4 ; 12 : 4). Il occupait, au centre du pays, un grand territoire. Dieu lui avait confié le Tabernacle, situé alors dans une ville de son ressort, à Silo, à une quarantaine de kilomètres de Jérusalem. Or la période si triste des Juges aboutit à la perte de l'Arche : une grave atteinte aux droits de la sainteté de l'Eternel. Juda est appelé à tirer de l'enseignement de ce psaume un sérieux avertissement.
            Dieu frappe, Il livre, méprise et choisit (v. 66-68). Autant d'actes qui mettent en évidence son action souveraine. Elle est toujours invisible, excepté pour l'oeil de la foi. Elle est cachée sous ce l'on peut appeler les « causes secondes », seules visibles. Ce sont ces énigmes que le psalmiste voulait exposer (v. 2).
            « Dieu choisit la tribu de Juda, la montagne de Sion qu'Il aima » (v. 68). Le sanctuaire, création spirituelle, est indestructible (v. 69).
            Il choisit aussi « David, son serviteur » (v. 70). Un lien étroit rattache ce choix à la construction du sanctuaire. Celui qui condescend à venir y habiter choisit un homme sui sera chargé de paître son peuple. Il le fait venir « d'auprès des brebis… pour paître Jacob, son peuple, et Israël, son héritage ». En paissant avec sollicitude « celles qui allaitent », il se préparait, sans le savoir, à conduire d'une main sage le troupeau de Dieu !
 
 
 
            Ce psaume embrasse une période d'environ 450 ans. Le récit aurait pu être prolongé : en effet, les choses qu'il met en évidence, la sainteté de Dieu et l'infidélité de l'homme, seront toujours manifestées au cours des siècles suivants. Un jour viendra où Juda - comme autrefois Ephraïm - sera mis de côté. Il cédera sa place aux nations « christianisées » qui deviendront, à leur tour, apostates. Israël, restauré, reprendra alors, durant le millénium, sa place à la tête des nations. Etienne (Act. 7), ainsi que le fait Paul en écrivant aux Romains (chap. 11), relate en quelque sorte le cours des choses  à la suite de ce prophète.
 
 
                                                                                  Ph. L.    le 14. 10. 08