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La gloire du Père et du Fils (1)


Trois témoignages du Père à l’égard de son Fils (Jean 11 et 12)
Les paroles de Jésus au Père, face à sa mort imminente
 

            Ces textes ont été écrit en 1905 par l’un de nos conducteurs (Henri Rossier) en réponse à une question au sujet d’un passage de l’évangile de Jean : Que signifie : « Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie » (17 : 1) ? L’auteur écrit ceci au début de cette première lettre : Votre question embrasse d’autres passages du même évangile qui m’ont tout dernièrement édifié et même singulièrement ému. Permettez-moi de vous les exposer dans ces lettres.


Trois témoignages du Père à l’égard de son Fils (Jean 11 et 12)

            Des chapitres 11 et 12 de l’évangile de Jean, Dieu rend témoignage à son Fils, au sujet de sa gloire future, avant que, rejeté du monde, Il ait été élevé sur la croix.

                        La résurrection de Lazare (Jean 11)

            Le premier de ces témoignages, nous le trouvons dans la résurrection de Lazare. C’est dans ce fait miraculeux que Marthe, et d’autres avec elle, voient la gloire de Dieu (11 : 40). Le caractère divin de Celui qui ressuscite les morts était ainsi manifesté dans la personne de Jésus ici-bas. Il était déterminé Fils de Dieu par la résurrection de Lazare, avant de l’être en puissance par sa propre résurrection (Rom. 1 : 4). C’est donc ici le témoignage rendu à son caractère comme Fils de Dieu.

                        L’accomplissement d’une prophétie (Jean 12 : 12-16)

            Ce passage donne le second témoignage rendu à Jésus. Le Messie des Juifs, Jéhovah, dont le Nom devait être « magnifique par toute la terre » (Ps. 8 : 1), allait au-devant de la croix, mais non sans que Dieu laisse au milieu du peuple qui L’avait rejeté et couvert d’outrages, un témoignage à sa gloire royale future, par la bouche des disciples et par celle « des petits enfants et de ceux qui tettent » (Ps. 8 : 2). Sans doute les agents de ces louanges n’en comprenaient pas la portée. C’était Dieu qui dirigeait jusqu’aux moindres détails de cette scène, pour revendiquer lui-même, envers et contre tous, la gloire de son Roi qu’Il voulait oindre sur Sion (Ps. 2 : 6), gloire dont parle le prophète quand il dit : « Réjouis-toi avec transports, fille de Sion ; pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; il est juste et ayant le salut, humble et monté sur un âne, et sur un poulain, le petit d’une ânesse » (Zach. 9 : 9). Les disciples qui d’abord n’avaient pas compris ces choses, s’en sont souvenus quand Jésus a été glorifié, c’est-à-dire quand Il est monté dans la gloire céleste (v. 16). Le Saint Esprit les leur remet en mémoire, et ils comprennent alors que non seulement l’Oint de l’Eternel devait être glorifié dans le ciel, selon ce qui était dit : « Tu as mis ta majesté au-dessus des cieux » (Ps. 8 : 1), mais que plus tard sur la terre, en vertu de sa résurrection, Il devait être acclamé par son peuple sur la scène et à l’endroit même de son rejet et de sa crucifixion. La scène de Jérusalem était donc un témoignage de Dieu à son Oint, au Messie, au Roi d’Israël.

                        Des Grecs désirent voir Jésus (Jean 12 : 20-26)

            Ces versets présentent le troisième témoignage. Quelques Grecs, d’entre les nations, qui reconnaissaient le Dieu d’Israël, étaient « montés pour adorer pendant la fête » et demandent aux disciples de les présenter à Jésus. Le Seigneur répond, disant : « L’heure est venue pour que le Fils de l’homme soit glorifié » (v. 23).
            Cette expression : «L’heure est venue», fréquente dans l’évangile de Jean (2 : 4 ; 7 : 30 ; 8 : 20 ; 12 : 23, 27 ; 13 : 1 ; 17 : 1), désigne toujours dans cet évangile (comparez Marc 14 : 41), l’heure de la croix, mais de la croix en rapport avec ses résultats glorieux qui ne sont jamais séparés des souffrances du Seigneur.
            « L’heure » ou « cette heure » (Marc 14 : 35 ; Jean 12 : 27) signifie simplement la croix. « Votre heure », c’est la croix envisagée comme l’œuvre de l’homme, du monde et de Satan. (Luc 22 : 53).
            Ainsi, dans le passage de Jean 12, le Seigneur annonce que le Fils de l’homme sera glorifié en vertu de la croix. Il annonce, comme devant avoir lieu plus tard, un résultat spécial de sa mort, résultat auquel Dieu rendait témoignage d’avance par l’arrivée de ces quelques Grecs. Il fallait, non seulement que le Fils de Dieu et que le Messie soient glorifiés, mais que le Fils de l’homme le soit et Il devait l’être aussi bien en résurrection, que comme Fils de Dieu et Roi d’Israël. Il sera alors reconnu des nations. Cela aura lieu dans un temps futur par la conversion des Gentils (les gens des Nations) amenés à Christ par le témoignage du résidu (reste fidèle) d’Israël, et introduits dans le royaume du Fils de l’homme, quand le Seigneur mettra toutes choses sous ses pieds (Ps. 8 : 6). Mais aujourd’hui cela a déjà eu lieu par l’Evangile « prêché parmi les nations » (1 Tim. 3 : 16), à la suite de la mort et de la résurrection du Fils de l’homme. Le grain de blé tombant en terre et mourant a porté beaucoup de fruit en résurrection (v. 24). Quelle joie devait remplir l’âme du Sauveur à la pensée que Dieu, son Dieu, Lui donnerait ainsi le fruit glorieux de ses souffrances comme homme ici-bas ! Sa glorification consiste donc ici en ce que les nations, amenées à partager le bienfait de sa mort, sont introduites dans la sphère des bénédictions qui, jusqu’alors, appartenaient exclusivement au peuple d’Israël.


Les paroles de Jésus au Père, face à sa mort imminente

                        « Maintenant mon âme est troublée » (Jean 12 : 27a)

            En contraste avec les paroles triomphantes du verset 23, nous trouvons ici : « Maintenant mon âme est troublée ». Après avoir célébré le résultat de la croix, Jésus se retrouve devant elle. C’est ce que le mot « maintenant » signifie ici. Comment l’âme du Sauveur ne serait-elle pas troublée à la pensée que « cette heure » va constituer pour Lui la séparation de la communion avec le Père, ainsi que l’abandon de Dieu.
            
Ces deux choses sont aussi vraies l’une que l’autre ; seulement la première est mise en avant dans l’évangile de Jean, la seconde dans les évangiles de Matthieu et de Marc. Mais afin d’éviter tout malentendu, il est bon d’insister sur le fait que le sacrifice de Christ montait tout entier devant Dieu en parfum de bonne odeur et que jamais le Père ne fut plus glorifié que par l’offrande de son Fils à la croix. Aussi n’est-il jamais dit que le Père ait abandonné son Fils.
            A ce sujet, j’ai souvent remarqué que la Parole dit du Seigneur : « Il se troubla » (11 : 33), ou comme ici : « Mon âme est troublée », ou encore : « Jésus fut troublé dans son esprit » (13 : 21), mais que son cœur, le siège de ses affections, ne fut jamais troublé, comme ce fut le cas des disciples (14 : 1). Rien ne venait ternir, ni voiler, même un seul instant, l’amour dont Il était rempli et qui Le conduisait résolument à la croix, sans protester, sans ouvrir la bouche, afin que le désir infini de son cœur, qui était de nous sauver, soit accompli. Mais son âme est troublée jusque dans ses plus profondes racines. Pouvait-il désirer de perdre la communion du Père, Lui qui en avait joui de toute éternité ? Cher frère, combien l’angoisse terrible de l’âme de Christ, devant cette séparation, ne comportant que trois heures dans l’existence éternelle du Fils de Dieu, devrait parler à nos consciences ! Nous inquiétons-nous beaucoup de la communion perdue ? Combien d’heures, de jours, de mois souvent, d’années parfois, passent dans nos vies sans la jouissance de cette communion, tandis que, devant cette interruption momentanée, le Seigneur a dit : « Maintenant, mon âme est troublée ».

                        « Et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure » (v. 27b)

            Notez que les souffrances extérieures de la croix, la couronne d’épines, les moqueries et la violence, les clous, sa soif abreuvée de vinaigre, l’exposition aux regards d’hommes sans cœur et sans pitié, si amèrement ressenties, ne sont nullement ce qui trouble son âme sainte. Il l’exprime bien dans son angoisse, quand Il ajoute : « Et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure » (v. 27b). Va-t-il demander au Père de montrer son amour envers Lui, son Fils bien-aimé, en Lui épargnant cet abandon et en le délivrant de la croix ? Oh ! merveilleux amour de Jésus ! Lui qui savait à fond ce que valait l’amour du Père, et qui l’appréciait, comme seul un cœur divin pouvait le faire, Il ne dira pas : « Délivre-moi de cette heure ». Non, Il ne le dira pas, car c’était pour cela, pour cette heure qu’Il était venu. Ce qu’Il demandera, c’est que le nom du Père soit glorifié.

                        « Père, glorifie ton nom » (v. 28a)

            Pour le Père, glorifier son nom, n’était pas autre chose que montrer son amour envers nous en n’épargnant pas à son Fils l’abandon de la croix, en ne l’en délivrant pas, en le donnant pour nous. Quels trésors d’amour dans ces paroles : « Père, glorifie ton nom » ! Et comme, dans cette heure solennelle, le cœur du Père et du Fils battent à l’unisson, dans un même sacrifice, dans un même dévouement, dans un même amour infini. Et pour qui donc ? Pour nous, sans force, pécheurs, impies, ennemis de Dieu, ennemis de Christ !
            A cette parfaite abnégation de son Bien-aimé, préférant à la manifestation de l’amour du Père envers Lui, celle de l’amour du Père envers nous, à ce renoncement sublime, comment le Père n’aurait-Il pas répondu ? « Il vint alors une voix du ciel : Et je l’ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau » (v. 28b). Il avait glorifié son nom de Père en confiant à son Fils la résurrection dont Lazare n’était qu’une faible image, puisqu’Il le ressuscitait pour la terre. Il allait le glorifier de nouveau en ressuscitant son Fils pour le ciel, lui, déclaré Fils de Dieu en puissance par sa propre résurrection, lui, « ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père » (Rom. 1 : 4 ; 6 : 4). Mais en outre, comme nous l’avons déjà dit, il fallait pour cette gloire que le grain tombant en terre portât beaucoup de fruit en résurrection. Ce n’est pas seulement dans la résurrection de Christ que le Père est glorifié. Son amour voulait nous donner la même place qu’à son Bien-aimé, auteur de notre salut. Cette résurrection du Fils nous a acquis actuellement la résurrection de nos âmes : nous sommes « vivifiés ensemble avec le Christ » ; nous avons été « ressuscités avec le Christ » (Eph. 2 : 5-6 ; Col. 3 : 1). Elle va nous acquérir, dans un avenir très prochain, la résurrection de nos corps. C’est « la première résurrection ».
            Ainsi le Père était pleinement glorifié, en donnant son Fils dans son amour pour nous, et en ressuscitant son Fils et nous avec Lui.


H. Rossier - « Messager évangélique » (année 1905 p. 153)

 

A suivre