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MOISE A LA BONNE ECOLE, CELLE DE DIEU (Ps. 32 : 8).
 
 
L'enfance de Moïse
Le choix de Moïse, à quarante ans
Au désert de Madian
La vision de Moïse, à quatre-vingt ans
En chemin vers l'Egypte
Echecs de Moïse en Egypte
Dieu se révèle à Moïse et à Israël
Moïse, conducteur et berger d'Israël dans le désert
A la montagne de Sinaï, Moïse législateur et prophète
Moïse dans l'affliction avec le peuple d'Israël infidèle
Moïse, seul au Pisga, contemplant le Pays sans y entrer


            Il est très utile d'apprendre par la lecture de la Parole comment Dieu agit à l'égard de ceux dont il veut faire ses serviteurs. Chacun d'eux a la même nature et les mêmes passions que nous (Jac. 5 : 17) ; or Dieu se propose de les rendre capables d'accomplir Sa volonté et, dans sa grâce, Il leur apprend l'obéissance ! Avant d'envoyer son serviteur Ananias vers Saul de Tarse, Dieu lui fait part de ses desseins : « Va, car cet homme m'est un vase d'élection pour porter mon nom devant les nations et les rois et les fils d'Israël ; car je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom » (Act. 9 : 16). Dans ce but, Paul va connaître toutes sortes d'épreuves, toutes utiles pour sa formation (1 Cor. 4 : 9-13 ; 2 Cor. 11 : 23-25).
            En relation avec ce sujet, c'est à Moïse que nous pensons plus particulièrement. Ce fidèle serviteur (Héb. 3 : 5) est un type de Celui qui est venu du ciel pour être volontairement le serviteur de tous : « Je suis un homme qui laboure la terre, car l'homme m'a acquis comme esclave dès ma jeunesse » (Zach. 13 : 5). Moïse a été l'objet d'une discipline particulière et il a montré durant sa vie quelques reflets de cette grâce qui a brillé en perfection dans l'homme Christ Jésus.
 
 
 
L'enfance de Moïse
 
            Dès la naissance de Moïse, il n'y avait pas de place pour cet enfant ; ce sera le cas plus tard aussi pour le Seigneur de gloire. Tous les enfants mâles en Israël devaient être mis à mort ; ainsi en avait décidé le Pharaon. Mais la foi brille chez les parents de Moïse ; c'est toujours un grand bonheur quand il en est ainsi dans une famille (2 Tim. 1 : 5). « Ils virent que l'enfant était beau, et ils ne craignirent pas l'ordonnance du roi » (Héb. 11 : 23). Comprenant que leur fils pouvait devenir un instrument utile, ils se confiaient sans réserve en Dieu : il sera merveilleusement répondu à leur foi.
            Moïse est donc d'abord caché avec persévérance et « nourri » durant trois mois dans la maison du père (Act. 7 : 20). Le moment vient pourtant où il n'est plus possible de le faire. Ses parents l'exposent alors, sur les bords du Nil, au milieu des roseaux, dans un coffret en jonc, reconnaissant ainsi que la mort est sur lui. L'Eternel l'entoure de ses tendres soins. Il se sert des pleurs de ce petit garçon, un signe avant-coureur des épreuves qu'il connaîtra. L'instrument choisi pour le mettre à l'abri n'est autre que la fille de celui qui voulait le faire mourir ! Dieu permet ensuite que Moïse soit confié à sa propre mère. Celle-ci, au lieu de l'élever selon la volonté de la fille du Pharaon, mettra à profit ces années, capitales pour tout enfant, pour lui inculquer les rudiments de la foi : ces premiers enseignements ne s'effaceront jamais de son coeur !
 
            Puis Moïse est élevé dans la famille royale : durant cette première période de sa vie, il est « instruit dans toute la sagesse des Egyptiens », si grande à cette époque ! Il se montre alors, selon ce qu'Etienne affirmera devant le Sanhédrin, « puissant dans ses paroles et dans ses actions » (Act. 7 : 22). Mais simultanément, il est confronté aux « délices du péché » (Héb. 11 : 25). Toutes les dérives sont faciles, quand on occupe une telle place, très enviable, revenant de droit au fils de la fille du Pharaon ! Quelle opportunité, semble t-il, tout en gardant son rang, de chercher à réformer l'Egypte et d'agir aussi en faveur d'Israël ! C'est probablement le piège dans lequel tombera Jonathan, le fils de Saül.
 
 
 
Le choix de Moïse, à quarante ans
 
            En pleine maturité, à quarante ans, Moïse choisit, contre toute attente, de tout abandonner pour partager réellement l'affliction du peuple de Dieu. Les fils d'Israël sont alors devenus dans ce pays des esclaves, courbés sous le fouet journalier des exacteurs. La conduite de Moïse montre clairement qu'il estime « l'opprobre de Christ un plus grand trésor que les richesses de l'Egypte » (Héb. 11 : 26), toutes ces facilités dont il aurait pu jouir « pour un temps », relativement court.
            L'Ecriture fait ressortir les motifs cachés de la décision prise par cet homme de Dieu. Un choix qui apparaissait certainement à tant d'observateurs comme une folie ! Moïse regardait loin du monde (précise le texte grec), vers la rémunération, autrement dit vers la récompense. Ce qu'il espérait était encore invisible, mais l'objet de la foi est précisément invisible (Héb. 11 : 16, 24-26 ; 10 : 35). Méditons l'exemple de Moïse ! De nos jours on cherche à recevoir une bonne éducation et à trouver un bon emploi, mais la poursuite de tels buts ne doit jamais supplanter dans les coeurs le désir de plaire au Seigneur, en cherchant à le servir à tout prix ! Pour cela, il faut se tenir prêt à prendre les décisions nécessaires. Dieu est le rémunérateur de ceux qui se confient en Lui. Si nous avons choisi de lui donner toute la place, en laissant entièrement notre vie entre Ses mains, nous devons savoir parfaitement que des renoncements vont suivre. Mais ne goûterons-nous pas dans ce chemin une réelle communion avec Lui ?
            Plus tard, au désert, le ramassis du peuple se mettra à pleurer, épris de convoitise. Ils regretteront ouvertement des choses bien peu importantes après tout : le poisson qu'ils mangeaient, disent-ils, pour rien en Egypte ; ils désireront encore ces concombres, ces melons, ces poireaux, ces oignons et aussi de l'ail, des mets pourtant peu nourrissants, sinon indigestes. En fait, c'est la manne qui aura perdu pour eux son goût exquis de gâteau au miel (Nom. 11 : 5-6).
            Moïse n'aurait-il pas pu exprimer des regrets, lui qui avait connu le luxe sans pareil et les honneurs de la cour du Pharaon ? Mais il n'en sera rien ! On comprend qu'avec l'apôtre Paul, il considérait désormais comme des « ordures » toutes les choses recherchées autrefois (Phil. 3 : 8) !
 
            Ayant donc déjà pris cette décision aux conséquences capitales pour toute sa vie, il vient au coeur de Moïse de visiter ses frères. C'était un bon mouvement : il pensait que Dieu allait donner la délivrance à son peuple par son moyen ! Mais il n'avait pas su attendre le moment choisi par l'Eternel. Recherchons patiemment et avec prière la volonté de Dieu, au lieu de nous laisser guider par nos sentiments (Es. 28 : 16). Moïse a peut-être pensé que son renoncement le qualifiait pour être reçu, avec joie, comme un libérateur ; « mais ils ne le comprirent point » (Act. 7 : 23-28). Combien cet épisode nous rappelle Christ, par contraste, le vrai Moïse (Jean 1 : 11). Le serviteur Moïse, lui, n'avait pas encore appris auprès de Dieu la façon convenable d'agir.
            Il voit les fardeaux des Hébreux et un homme égyptien qui frappait un Hébreu d'entre ses frères. « Il regarda ça et là, et vit qu'il n'y avait personne, et il frappa l'Egyptien et le cacha dans le sable » (Ex. 2 : 11-12). A part celui qu'il voulait ainsi aider, personne, sinon Dieu lui-même, ne l'avait vu. C'est vers Lui qu'il aurait dû regarder avant d'agir ! (Ps. 139 : 2-3). Moïse est-il satisfait après cette action violente ? Se croit-il sur le bon chemin ? Toujours est-il qu'il sort dès le lendemain (Act. 7 : 26). Voyant deux hommes hébreux se quereller, il veut reprendre le coupable, du moins celui qui était tel à ses yeux. Mais il doit s'entendre dire : « Qui t'a établi chef et juge sur nous ? Est-ce que tu veux me tuer, comme tu as tué l'égyptien ? ».
            Moïse comprend subitement que sa conduite de la veille est connue, en tout cas parmi les Hébreux ; ceux-ci, loin de voir en lui un conducteur, ne sont nullement disposés à le suivre !
            Quel contraste complet vient de se montrer dans sa conduite ! Il est possible d'agir par la foi, puis de céder peu après aux impulsions de la chair ; et c'est une chose plus sérieuse encore, si un tel comportement se produit dans le service du Seigneur.
            Moïse a manqué de discernement. Maintenant sa propre vie est en péril : le Pharaon a été informé et cherche à le tuer ! Moïse s'enfuit dans une terre étrangère, en Madian (Ex. 2 : 15).
 
 
 
Au désert de Madian
 
            Là, Moïse s'assied près d'un puits ; cet endroit est en Orient un lieu de rencontre. Combien devait être accablé l'esprit de ce serviteur de l'Eternel ! N'est-ce pas pour lui une terrible déception de se voir méconnu, rejeté même par ses frères ?
            Le « vase de terre » devait être encore préparé pour le service du Maître. Il avait besoin d'être entièrement vidé de lui-même et de tant de choses contractées en Egypte. Quarante années au désert seront estimées nécessaires par Celui qui, pourtant, n'afflige pas volontiers les fils des hommes (Lam. 3 : 33). Dieu va conduire les circonstances de son serviteur pour  l'humilier encore, mais aussi « lui faire du bien à la fin » (Deut. 8 : 16).
 
            Près de ce puits, malgré sa peine, Moïse se montre à nouveau comme un champion courageux des opprimés ! Il est prêt à apporter le même secours, à montrer le même coeur qu'auparavant. Il est un type de Celui qui est « le même, hier, aujourd'hui et éternellement »  (Héb. 13 : 8). Moïse délivre les sept filles du sacrificateur de Madian, venues puiser pour abreuver le bétail de leur père (Ex. 2 : 16). Les bergers cherchaient à les chasser, mais Moïse se lève et vient à leur secours. La Parole ne rapporte pas de contestation violente avec les bergers. Moïse a déjà appris, semble t-il, à réfréner son impétuosité naturelle. N'est-ce pas l'un des premiers signes de cette douceur qui a été ensuite un des traits dominants de sa conduite ? (Nom. 12 : 3).
            Jéthro, le père, s'étonne de voir ses filles si rapidement de retour. Il s'enquiert et elles racontent comment « un homme égyptien » les a délivrées et comment il a puisé abondamment pour elles et abreuvé leur bétail. Le père leur reproche alors de ne pas avoir invité cet étranger à « manger du pain » ; il le fait appeler et, finalement, Moïse consentira à habiter avec lui. Ce Rehuel (ou Jéthro) lui donne sa fille Sephora pour épouse ; elle-même donne à Moïse un fils, qu'il appelle Guershom : « séjournant là ». Ce nom révèle la peine secrète de Moïse : il restera de coeur un étranger. Puissions-nous, par pure grâce, revêtir le même caractère que lui dans ce monde !
 
            Moïse mène désormais la vie d'un simple berger, mais à la différence de Jacob, il ne cherchera pas à posséder son propre troupeau ou sa propre demeure. Oublié, semble-t-il, durant ces longues années de discipline, il « faisait paître le bétail de Jéthro, son beau-père » (Ex. 3 : 1). A l'écart, dans le calme, seul avec Dieu, il reçoit sa formation de berger, comme l'ont reçue Jacob et Joseph, et plus tard David (Ps 78 : 70-72). Sa foi était réelle, profonde mais il lui fallait faire « ses classes » à l'école de Dieu, comme chacun de nous. Personne ne peut commander s'il n'a d'abord servi. Moïse devient de plus en plus qualifié pour le grand service qui lui sera confié. Dieu dit : « Je la mènerai au désert, et je lui parlerai au coeur » (Osée 2 : 14).
            De telles retraites, dans notre vie, sont irremplaçables. Si elles sont mises à profit pour lire et méditer avec soin la Parole, il en résultera une réelle bénédiction pour tout le peuple de Dieu. Le Seigneur lui-même, à l'approche de la croix, s'en ira pour un temps dans une contrée proche du désert (Jean 11 : 54).
 
 
 
La vision de Moïse, à quatre-vingt ans
 
            Finalement un jour Moïse conduit le troupeau de Jéthro derrière le désert, à la montagne de Dieu, à Horeb. C'est dans ce lieu qu'il aura plus tard à conduire le peuple. Moïse est probablement loin de penser que les jours de son exil touchent à leur fin. Le roi d'Egypte est mort, les fils d'Israël ont soupiré à cause de leur dur service, ils ont crié, Dieu a entendu leur gémissement et s'est souvenu de son alliance (Ex. 2 : 23-25).
            Soudain, « l'ange de l'Eternel apparaît à Moïse dans une flamme de feu, au milieu d'un buisson à épines ; « il regarda, et voici le buisson était tout ardent de feu et le buisson n'était pas consumé » ! Il en est de même maintenant des rachetés du Seigneur.Ce buisson à épines représente l'homme tel qu'il est ici-bas, un objet de la merveilleuse grâce de Dieu.
            L'Eternel se révèle alors à Moïse pour l'appeler au service pour lequel Il l'a secrètement préparé : son peuple est l'objet de sa faveur (Deut. 33 : 16 ; Ps. 106 : 20). Moment extraordinaire, unique, lourd de conséquences ! L'âme se sent de façon toute particulière dans la présence de son Dieu. Une si grande vision marque toute une existence, la rend fructueuse ou stérile, suivant que l'on obéit ou pas. « Maintenant, viens et je t'enverrai » (Ex. 3 : 10).
            Le moment de Dieu est arrivé. Il appelle du milieu du buisson, en répétant avec insistance, par deux fois, son nom : « Moïse ! Moïse ! ». Et ce dernier répond : « Me voici ». Il doit d'abord ôter ses sandales, car le lieu où il se tient est une terre sainte. Et l'Eternel lui parle : « Je suis le Dieu de ton père (Amram : Ex. 6 : 20), le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob ». Alors Moïse cache sa face, il craint de regarder Dieu (Ex. 3 : 4-6).  Celui-ci n'est pas resté indifférent aux longues années d'esclavage de son peuple dans la fournaise de fer de l'Egypte (Deut. 4 : 20). Il se souvient de ses promesses aux patriarches et il est descendu pour le délivrer (Ex. 3 : 8).
 
            Autrefois, Moïse avait voulu partir sans attendre l'ordre divin ; maintenant il hésite, assuré pourtant de se trouver dans la présence de Dieu ! Il élève toutes sortes d'objections pour refuser l'appel.
            La première de ces objections, c'est « Qui suis-je ? » (Ex. 3 : 11). Il n'est pas préparé, il se pense incapable ! Une excuse souvent formulée par des serviteurs : un Gédéon, un Jérémie ou des apôtres. Pourtant la promesse divine est claire, propre à soutenir la foi : « Je serai avec toi ». Dieu lui donne un signe : « Lorsque tu auras fait sortir le peuple hors d'Egypte, vous servirez Dieu sur cette montagne » (Ex. 3 : 12).
            Mais ces encouragements sont insuffisants aux yeux de Moïse. Il élève aussitôt une autre objection : les fils d'Israël demanderont quel est le nom de ce « Dieu de leurs pères » qui a envoyé Moïse vers eux ! Que faut-il leur répondre ? Avec condescendance, l‘Eternel se révèle alors à lui comme « JE SUIS CELUI QUI SUIS ». Tel est son nom, de toute éternité, une éternité qu'Il remplit de Sa présence (Es. 43 : 11, 13 et 25).
            Moïse est chargé d'annoncer aux captifs la délivrance et de leur apporter la promesse d'entrer dans un pays ruisselant de lait et de miel. A son envoyé, Dieu annonce que les anciens d'Israël l'écouteront. Quarante années se sont écoulées, mais Dieu a préparé les coeurs : accompagné des anciens, Moïse entrera auprès du Pharaon. En grâce il est averti que cet homme commencera par refuser de les laisser aller, car Dieu aura endurci son coeur (Ex. 4 : 21). Alors l'Eternel lui-même frappera l'Egypte et, sauvé de ce pays d'esclavage, Israël sortira. Il ne partira pas à vide : les habitants du pays seront littéralement dépouillés ! (Ex. 3 : 16-22).
 
            Malgré toutes les assurances reçues, Moïse allègue encore : « Ils ne me croiront pas » ! (Ex. 4 : 1). Pour faire cesser son incrédulité, l'Eternel lui donne alors trois signes, susceptibles d'accréditer sa mission :
                        - la verge transformée en serpent, un serpent que Moïse peut saisir par la queue sans dommage : il montre le pouvoir que Dieu lui donne pour annuler la puissance de l'ennemi !
                        - la main devenue lépreuse une fois mise dans le sein, qui redevient nette ensuite : ce signe prouve que Dieu seul peut guérir le lépreux et purifier le pécheur.
                        - l'eau du Nil, source de vie pour les Egyptiens, est changée en sang : elle annonce le jugement qui va atteindre ce peuple.
            Mais Moïse ne se laisse toujours pas convaincre : « Ah, Seigneur ! Je ne suis pas un homme éloquent, ni d'hier, ni d'avant-hier, ni depuis que tu parles à ton serviteur » (Ex. 4 : 10). Cette éloquence, il l'avait montrée pourtant à la cour du Pharaon. Mais au désert, il a appris son insignifiance, à ne plus avoir confiance en lui-même. En même temps, il n'a pas encore une entière confiance en Dieu. Celui-ci doit lui rappeler que c'est Lui qui a donné une bouche à l'homme, qui a fait le muet ou le sourd, le voyant et l'aveugle, et conclure : « Maintenant, va, et je serai avec ta bouche, et je t'enseignerai ce que tu diras » (Ex. 4 : 11-12).
            Moïse ose pourtant encore insister sur son incompétence. Alors la colère de Dieu s'embrase contre lui ; Il décide de lui adjoindre son frère, Aaron le lévite. Ce dernier devient le porte-parole de Moïse, qui lui est « en la place de Dieu » (Ex. 4 : 15). Que de fois Moïse devra ensuite regretter le comportement inconsidéré d'Aaron (Nom. 12 ; Exode 32) !
 
 
 
En chemin vers l'Egypte
 
            Moïse ne donne pas à Jéthro, son beau-père, les vraies raisons de son départ. Il le prie simplement de le laisser retourner vers ses frères en Egypte, pour voir s'ils vivent encore. Et celui-ci répond simplement : « Va en paix » (Ex. 4 : 18). Mais Dieu discerne de loin nos pensées (Ps. 139 : 2) et Il encourage Moïse : « Va, retourne en Egypte ; car tous les hommes qui cherchaient ta vie sont morts » (Ex. 4 : 19).
            Moïse prend sa femme et ses enfants avec lui et se met en route pour l'Egypte. Alors surgit un obstacle de taille : « Il arriva, en chemin, dans le caravansérail, que l'Eternel vint contre lui, et chercha à le faire mourir » (Ex. 4 : 24). Moïse ne peut entrer au service de Dieu sans avoir au préalable circoncis son fils, conformément à l'ordonnance (Gen. 17 : 10). Peut-être s'était-il montré négligent, par concession aux coutumes des Madianites ou plus probablement encore pour complaire à Sephora, qui n'appartenait pas au peuple de Dieu ? La vie et les voies de tous les serviteurs, seraient-ils les plus éminents, doivent être marqués par l'obéissance à la Parole de Dieu. L'Eternel contraint l'épouse de Moïse à accomplir un rite qu'elle avait en aversion.
            Moïse échappe au jugement mais, aux yeux de sa femme, il est un « époux de sang » (Ex. 4 : 24-26). Malgré l'épreuve, le coeur de Sephora n'est pas brisé. Sans doute est-ce à ce moment qu'elle reste pour un temps, avec ses enfants, chez son père ?
 
            Souvent nous nous conformons, comme Moïse et Sephora dans cette circonstance, aux habitudes du monde environnant. Sommes-nous disposés à nous purifier dès qu'il devient manifeste que nous désobéissons à la Parole ? C'est le seul chemin pour retrouver la communion avec Dieu.
 
 
 
Echecs de Moïse en Egypte
 
            Au lieu d'être en fuite pour sauver sa vie, comme quarante ans auparavant, Moïse revient, certes petit et faible à ses propres yeux, mais revêtu de puissance par l'Eternel, pour accomplir le travail qu'Il lui a confié. Il aura toutefois continuellement besoin de la discipline pour rester dépendant.
 
            Moïse et Aaron sont bien accueillis par tous les anciens d'Israël. Le peuple croit, en entendant leurs paroles et en voyant les signes, que l'Eternel les a visités dans leur affliction (Ex. 4 : 29-31). Mais tout change devant le Pharaon, quand ils lui transmettent l'ordre du Dieu d'Israël : « Laisse aller mon peuple, afin qu'il me célèbre une fête dans le désert ». Le monarque orgueilleux répond avec mépris : « Qui est l'Eternel pour que j ‘écoute sa voix ? » (Ex. 5 : 2). Il refuse et aggrave au contraire les corvées. Il faut, dit-il à ses exacteurs, que le service pèse sur eux, pour qu'ils « ne regardent pas à des paroles de mensonge » (Ex. 5 : 6-9) !
            Le peuple reproche alors à Moïse d'être responsable d'accentuer encore leur misère. Une critique d'autant plus pénible pour lui, qu'elle vient de ceux qu'il a voulu servir. Il ouvre son coeur devant Dieu et lui fait part de son découragement et des questions qu'il se pose (Ex. 5 : 22-23). Il va apprendre, et c'est un moment important dans la vie de chaque serviteur, à poursuivre son service sans se préoccuper des résultats. Au lieu de juger de l'opportunité d'un service selon que les résultats sont ou non satisfaisants, il faut tout remettre à Dieu.
            « Pourquoi suis-je venu et il n'y a eu personne ? Pourquoi ai-je appelé et il n'y a eu personne qui répondit » ? (Es. 50 : 2). Ces paroles peuvent s'appliquer à la vie du Seigneur. Quel exemple que le sien ! Au moment où il est complètement rejeté après son service, parfait en amour, Il dit : « Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant toi » (Matt. 11 : 26). Quel contraste avec tous les autres serviteurs qui ont dû apprendre, comme Moïse, à se rejeter complètement sur Dieu, lorsqu'ils ont rencontré amertume et incompréhension.
 
 
 
 
Dieu se révèle à Moïse et à Israël
 
            Dieu révèle qui est l'Eternel, le Dieu de l'alliance à Moïse, afin de l'encourager. Celui-ci est prêt alors à se présenter à nouveau devant les fils d'Israël. Mais, à cause de leur angoisse d'esprit et de leur dure servitude, ceux-ci ne l'écoutent pas. Quand Dieu lui dit de retourner voir le Pharaon, il répond : « Voici les fils d'Israël ne m'ont point écouté, et comment le Pharaon m'écoutera-t-il, moi qui suis incirconcis de lèvres ? » (Ex. 6 : 12). Plus Moïse entre dans le service, plus il en découvre les difficultés, en même temps qu'il mesure son incapacité de l'assumer !
            En même temps, Dieu lui donne - comme il le fait pour chaque serviteur- ce qui lui est nécessaire pour remédier à l'insuffisance qu'il ressent. Ici, il lui dit : « Voici, je t'ai fait Dieu pour le Pharaon ; et Aaron sera ton prophète » (Ex. 7 : 1). Il reçoit l'ordre de reproduire devant le roi d'Egypte le miracle qui a eu lieu au buisson ardent : sa verge se transformera à nouveau en serpent.
 
            Rien désormais ne fera plus douter Moïse du résultat que Dieu va atteindre. Désormais, il accomplit fidèlement tout ce que Dieu lui commande de faire, jusqu'au moment où le grand résultat de cette période de son service sera atteint : cette nuit de la Pâque où, à la tête d'un immense peuple, deux à trois millions d'âmes, Moïse sort du pays de la captivité, « à main forte et à bras étendu ! » (Deut. 26 : 8). « Par la foi, il quitta l'Egypte, ne craignant pas la colère du roi, car il tint ferme, comme voyant Celui qui est invisible. Par la foi, il a fait la Pâque et l'aspersion du sang, afin que le destructeur des premiers-nés ne les touchât pas » (Héb. 11 : 27-28).
 
            Toutefois, à peine ont pris fin, d'une façon si remarquable, tout son travail et toute sa peine, que le succès semble échapper à Moïse, devant des obstacles apparemment insurmontables : le Pharaon et sa puissante armée, d'un côté ; la mer avec ses eaux agitées, de l'autre. Ils ont suivi la nuée jour et nuit (Ex. 13 : 21-22), et pourtant maintenant ils sont dans une impasse ! Toutefois, ce chemin surprenant, que nous pouvons aussi connaître, avait pour but de leur éviter de « voir la guerre » et de retourner (de coeur, au moins) en Egypte (Ex. 13 : 17) !
            A nouveau, cette multitude incrédule est saisie d'une grande peur et accuse Moïse de les avoir amenés dans ce lieu pour mourir dans le désert. Ils disent : n'y avait-il donc plus assez de sépulcres en Egypte ? (Ex. 14 : 10-11).
            Dans ce moment critique, la foi de Moïse se montre calme et forte. Son attitude est bien différente de celle qui est décrite précédemment ! Il dit au peuple : « Ne craignez point ; tenez-vous là et voyez la délivrance de l'Eternel qu'il opérera aujourd'hui » (Ex. 14 : 13). Il est nécessaire d'apprendre à demeurer paisible et confiant, ce qui souvent paraît difficile. Mais Dieu est honoré par la foi des siens.
            Moïse cherche à calmer le peuple et simultanément, il crie à l'Eternel. Il apprend ainsi comment le secours leur parviendra : « L'Eternel combattra pour vous, et vous, vous demeurerez tranquilles (Ex. 14 : 14). Il reçoit l'ordre de lever sa verge, d'étendre sa main sur la mer et de la fendre. Les fils d'Israël ont l'ordre de marcher : ils vont entrer à sec dans la mer !
            Dieu annonce qu'il va endurcir le coeur des Egyptiens et se glorifier dans le Pharaon et toute son armée. Le combat se déroule désormais entre Lui et les Egyptiens. « Il n'en resta pas même un seul » (Ex. 14 : 28 ; Héb. 11 : 29). Le peuple les voit morts sur le rivage. « Israël vit la grande puissance que l'Eternel avait déployée contre les Egyptiens ; et le peuple craignit l'Eternel et ils crurent à l'Eternel et à Moïse son serviteur » (Ex. 14 : 31).
 
 
 
Moïse, conducteur et berger d'Israël dans le désert
 
            Ce conducteur revêt durant cette période de sa vie le caractère d'un berger, évoqué dans le Psaume 77 : « Tu as conduit ton peuple comme un troupeau, par la main de Moïse et d'Aaron » (v.20). A peine les derniers échos du chant de triomphe sur les bords de la Mer rouge, se sont-ils éteints, que déjà le peuple murmure contre Moïse, en disant : « Que boirons-nous ? » (Ex. 15 : 24) Celui que Dieu envoie doit être préparé à rencontrer des épreuves successives, et en particulier de l'ingratitude. A Mara, les semailles se font dans les larmes : le serviteur éprouve parfois qu'il n'a pas un instant de repos, occupé à répondre avec le secours d'en Haut aux immenses besoins du peuple de Dieu. L'Eternel enseigne à Moïse « un bois » qu'il doit jeter dans les eaux amères ; ce bois est une image de la puissance de la croix de Christ. Par ce moyen, au lieu de rester amères, les eaux sont rendues douces. On peut alors apprécier Elim, lieu de rafraîchissement et de repos. C'est un type du rassemblement des croyants, où Dieu a commandé la bénédiction (Ps. 133 : 3).
            Des murmures donc avant la mer Rouge (Ex. 14 : 11-12), et à nouveau à Mara (Ex. 15 : 24), d'autres encore au désert de Sin (Ex. 16 : 2, des murmures aussi à Rephidim (Ex. 17 : 3). Hélas, c'est une image fidèle de nos coeurs, prompts à oublier la bonté de Dieu, qui demeure à toujours. Pour chaque besoin, dans chaque épreuve, Moïse reçoit d'abord une leçon spéciale, appropriée. Cela n'est-il pas indispensable pour tous les serviteurs, tant il est vrai que l'on ne peut conduire les autres au-delà du point où l'on est soi-même parvenu !
 
            Dans ce désert de Sin, l'Eternel annonce, dans sa grâce, qu'au lieu de châtier le peuple, il va faire pleuvoir du pain du ciel ! Le soir, ils mangeront cette chair tant désirée, en l'occurrence des cailles, et au matin, ils seront rassasiés de pain (Ex. 16 : 8). Moïse fait approcher le peuple de l'Eternel qui montre Sa gloire aux fils d'Israël et s'engage à les nourrir (Ex. 16 : 7, 9-10). Puis ils reçoivent la manne, une figure de Christ, « le véritable pain venu du ciel » (Jean 6 : 31-32). Chacun peut en ramasser en abondance, en fonction de son appétit (Ex. 16 : 18). Cher lecteur, quel est votre appétit pour la Parole de Dieu ? (Jér. 15 : 16)
 
            Lors de l'étape suivante, à Rephidim, Moïse doit souffrir à nouveau de l'attitude accusatrice de cette congrégation assoiffée. Il dit à l'Eternel : « Que ferai-je à ce peuple ? Encore un peu et ils me lapideront » (Ex. 17 : 4). Dieu honore Moïse : les anciens d'Israël voient l'eau jaillir du rocher, frappé par la verge du conducteur (Ex. 17 : 6 ; Ps. 105 : 41). La signification de cette scène se trouve dans le Nouveau Testament (1 Cor. 10 : 4) : c'est de sa main que Dieu lui-même a frappé Christ sur la croix, à cause de nos transgressions (Es. 53 : 8).
            C'est aussi à Rephidim que les enfants d'Israël vont livrer leur premier combat. Amalek se présente à ce moment-. C'est un peuple qui s'attaque particulièrement aux traînards, aux faibles (Deut. 25 : 17-18). Il est toujours prêt à les harceler dans le désert. Il faut lui résister, mais comment ? « Moïse dit à Josué : Choisis-nous des hommes et sors, combats contre Amalek ». Il promet : « Demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, la verge de Dieu dans ma main » (Ex. 17 : 9). Sur la montagne, la victoire sera obtenue par la foi, qui se reconnaît à cette intercession persévérante.
            Moïse réalise toute sa faiblesse : ses mains sont pesantes, elles retombent : or, pour qu'Israël ait le dessus sur Amalek, il faut que les mains de cet homme de Dieu restent levées. Alors Aaron et Hur s'approchent et ils les lui soutiennent.
            Dans ce récit, Josué nous enseigne à combattre et Moïse à prier (Ps. 144 : 1-2). Christ est le vrai Josué et il tient l'épée qui décide des combats. Il est aussi le vrai Moïse, qui intercède incessamment pour les siens : jamais ses mains ne sont lassées (Rom. 8 : 34, 37 ; Héb. 7 : 25).
            La sacrificature est nécessaire pour soutenir le serviteur, si dévoué soit-il. Ici, on trouve la première mention d'un écrit dans la Parole. Dieu s'adresse à Moïse, après le combat, Ce sera en mémorial dans le Livre (celui de la Loi ?), car Josué doit comprendre la ferme décision prise par l'Eternel d'effacer entièrement la mémoire d'Amalek de dessous les cieux (Ex. 17 : 14).
 
 
 
            En parcourant cette vie de Moïse, on trouve une page surprenante : un homme des nations, le beau-père de Moïse, est venu ramener à Moïse sa femme et ses enfants. Jéthro, c'est de lui qu'il s'agit, se réjouit de tout le bien que Dieu a fait à Israël et il bénit l'Eternel ! (Ex. 18 : 9-10). Il reconnaît qu'Il est plus grand que tous les dieux (Ex. 18 : 9-11). Moïse, mis sans doute en confiance par cette façon de parler, est prêt à écouter Jéthro ; celui-ci, le voyant occupé du matin jusqu'au soir, l'incite à se décharger sur d'autres d'une partie de ce service que Dieu lui a confié. Il affirme : « Tu t'épuiseras certainement … » (Ex. 18 : 18). Ce conseil a une apparence de sagesse, mais il est en réalité pernicieux : c'est méconnaître la puissance de l'Esprit de Dieu, parfaitement suffisant pour donner à un serviteur, selon le besoin, les forces nécessaires !
            Moïse ne recherche pas la pensée divine (Ex. 18 : 23). Il se laisse convaincre et abandonne une partie de son service à des hommes capables (Ex. 18 : 24-26). Jéthro retourne ensuite dans son pays, sans être retenu par Moïse : il n'est d'ailleurs pas prêt à se joindre à ces pèlerins. Il semble être un exemple des hommes qui, dans ce monde, sont susceptibles d'exercer une influence fâcheuse sur un croyant, si celui-ci ne se tient pas sur ses gardes !
 
            Mais les nouvelles dispositions prises par Moïse ne changent rien à son fardeau. Les paroles de Jéthro l'ont-elles influencé ? En tout cas, plus tard, il dira à l'Eternel : « Pourquoi as-tu fait ce mal à ton serviteur ? Et pourquoi n'ai-je pas trouvé grâce à tes yeux, que tu aies mis sur moi le fardeau de tout ce peuple ?... ». Tout ceci pour conclure : « Je ne puis, moi seul, porter tout ce peuple, car il est trop pesant pour moi » (Nom. 11 : 11, 14). Alors l'Eternel lui dira d'assembler soixante-dix hommes parmi les anciens et Il ôtera de l'Esprit qui était sur lui pour le mettre sur ces hommes, appelés à partager les responsabilités avec lui (Nom. 11 : 17-18) !
            On voit dans cette scène un des principes de base qui préside à l'institution des clergés : des hommes sont désignés et investis par d'autres, selon une hiérarchie, pour être des intermédiaires entre Dieu et les simples « fidèles ». Or la Parole de Dieu ne reconnaît à l'Eglise qu'un seul Chef, pleinement suffisant pour s'occuper de tout ce qui concerne les siens (Eph. 4 : 5).
 
 
 
 
A la montagne de Sinaï, Moïse législateur et prophète
 
            Au Sinaï, la montagne de Dieu, le peuple arrive, porté sur des ailes d'aigle, symbole de la puissance. Moïse va y assumer un nouveau rôle. Jusqu'ici, il a été un libérateur puis un berger. Désormais, ses responsabilités sont celles d'un législateur et d'un prophète.
            Moïse est appelé sur la montagne, dans la présence de l'Eternel, pour y recevoir une révélation différente de celle qu'il avait déjà eue au buisson ardent. Là, même s'il était sur une terre sainte, Dieu s'était manifesté en grâce et en compassion. Tandis qu'au Sinaï, c'est Sa terrible majesté, avec ses exigences à l'égard de l'homme. Moïse lui-même, est épouvanté et tout tremblant, « si terrible était ce qui paraissait » (Héb. 12 : 21). Hélas, le pauvre peuple, tout en étant également effrayé, est rempli d'illusions sur lui-même. Il n'a pas tiré les leçons qui pourtant s'imposaient après Mara et Mériba. Il formule, à trois reprises, une folle promesse que Dieu ne lui demandait pas de faire : « Tout ce que l'Eternel a dit, nous le ferons » ! (Ex. 19 : 8 ; 24 : 3, 7). Pourtant ils ne pouvaient en aucune façon accomplir la loi, de sorte qu'elle ne fait que rendre le péché « excessivement pécheur » (Gal. 3 : 23 ; Rom. 7 : 13) !
 
            Moïse gravit la montagne et passe d'abord six jours en compagnie de Josué. Puis, le lendemain, il  pénètre seul au milieu de la nuée. Il reste là pour apprendre, dans la présence de Dieu, quarante jours et quarante nuits. Il reçoit les dix paroles, base de la loi morale, inscrites sur les deux tables, les ordonnances et toutes les instructions nécessaires pour bâtir le tabernacle. L'Eternel lui dit : « Ils feront pour moi un sanctuaire et j'habiterai au milieu d'eux » (Ex.25 : 8). Moïse devra reproduire, en construisant le tabernacle sur la terre, le modèle qu'il a contemplé sur la montagne (Héb. 8 : 5). Redescendu de la montagne, il ne sera plus le même : à son insu, la peau de son visage rayonne.
 
            Hélas, avant même que cette nouvelle mission de Moïse ne commence, le peuple d'Israël, aidé en cela par Aaron, se montre prêt à apostasier en faisant le veau d'or. L'Eternel dit à Moïse : « Va, descends ; car ton peuple…s'est corrompu… Ils se sont fait un veau de fonte… et ont dit : c'est ici ton dieu, ô Israël ! Qui t'a fait monter d'Egypte » (Ex. 32 : 7-8). Dieu parle de les consumer et de faire de son serviteur une grande nation ! Moïse implore l'Eternel, son Dieu, et lui dit en substance : c'est ton peuple que tu as fait sortir du pays d'Egypte. Ce qu'il exprime montre combien la gloire de Dieu lui tient à coeur ! L'Eternel a fait des promesses aux patriarches : elles doivent s'accomplir, à cause en particulier du monde environnant, toujours disposé à tirer gloire d'une prétendue impuissance divine (Ex. 32 : 11-13) !
 
            Après le séjour dans la nuée, chacune des démarches de Moïse dans ces heures difficiles montre qu'il entre pleinement dans la pensée de Dieu !
            D'abord il brise les tables de la loi : ce n'était pas le moment de la publier ! Il brûle au feu le veau d'or, il en répand la poudre sur l'eau et la fait boire au peuple. Il montre, dans le désordre auquel l'idolâtrie conduit inévitablement, l'importance de la séparation. Il demande à ceux qui sont pour l'Eternel de faire mourir « chacun son frère, son compagnon, son intime ami ». Alors les fils de Lévi se rassemblent vers lui, prêts à suivre ce chemin si difficile, et à se consacrer à l'Eternel (Ex. 32 : 26-29).
 
            Moïse retourne ensuite vers Dieu : il voudrait, dans son amour, faire propitiation pour le peuple (Ex. 32 : 30) ! Ce dernier a dépouillé ses ornements pour obéir à l'ordre divin et, inquiet, il attend la décision de l'Eternel. Mais Moïse ne peut pas faire propitiation pour leur péché, même s'il dit, pensant fléchir Dieu : « Sinon, je te prie, efface-moi de ton livre ». Dieu va pardonner : il le fait en attendant que l'Agneau vienne et réponde aux droits de sa justice. Lui seul pourra au temps convenable s'offrir en sacrifice parfait. Ainsi Dieu pourra être « juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus » (Rom. 3 : 24-26).
            L'Eternel dit à son serviteur : « Conduis ce peuple où je t'ai dit. Voici mon Ange ira devant toi » ; mais il ajoute : « Je ne monterai pas au milieu de toi, car tu es un peuple au cou roide » (Ex. 32 :34 ; 35 : 2-3).
            Alors le comportement de Moïse est inattendu : il dresse pour lui une tente « hors du camp, loin du camp » (Ex. 33 : 7). A-t-il cessé d'aimer le peuple ? Au contraire : ses motifs sont dictés par l'amour. Instruit dans la sainte présence de Dieu, il comprend ce qu'il faut faire pour que la relation avec l'Eternel puisse se rétablir. A la suite du grand péché commis, la nuée, figure de Christ, ne peut plus rester au-dessus du camp. Pour la rejoindre, il faut quitter le camp ! Tous ceux qui sont humiliés devant la gravité du péché et qui cherchent l'Eternel, doivent se rendre à la tente d'assignation afin de se séparer, eux aussi, de la souillure qui règne dans le camp !
            Alors la colonne de nuée descend et se tient à l'entrée de la tente dressée par Moïse : sa présence montre l'approbation divine sur la décision prise par cet homme de Dieu. Chacun peut la voir et le peuple se prosterne, chacun à l'entrée de sa tente.
 
            L'Eternel parle à Moïse face à face, comme un homme parle avec son ami. Fidèle à ses responsabilités, « Moïse retournait au camp ; et son serviteur Josué, fils de Nun, ne sortait pas de l'intérieur de la tente ». Ce jeune homme a compris où il peut jouir de la communion avec Dieu. (Ex. 33 : 8-11).
            Hébreux 13 : 13 se réfère à ce passage et fait résonner un appel à nos oreilles : « Sortons vers Lui hors du camp ». C'est pour obéir à cette injonction que de nombreux croyants se sont séparés des églises de multitude de la chrétienté, où se mêlent croyants et inconvertis, pour chercher simplement la sainte présence du Seigneur Jésus, dans la reconnaissance de ses droits.
            Moïse plaide avec intelligence auprès de l'Eternel. Il s'appuie sur ses paroles : « Tu as dit : Je te connais par nom et tu as trouvé grâce à mes yeux... Fais-moi connaître, je prie, ton chemin … considère que cette nation est ton peuple ! ». Alors Dieu accepte de reprendre sa place au milieu d'Israël : « Ma face ira et je te donnerai du repos ». Moïse insiste encore : si l'Eternel marche avec nous, tous comprendront que Moïse a vraiment trouvé grâce à Ses yeux ! Dieu redonne cette précieuse assurance à son serviteur (Ex. 33 : 17). Si nous plaidons avec Lui en faveur des siens, nous sommes assurés de son approbation !
            Le Lévitique présente entre autres le sujet de la sacrificature. Moïse avait reçu des instructions de la part de Dieu pour la consécration d'Aaron et de ses fils. Ils devaient présenter à l'Eternel des offrandes tournoyées ; celles-ci figuraient l'excellent sacrifice de Christ. Mais il pouvait arriver que des sacrificateurs « pris entre les hommes » pèchent. Et le chapitre 10 de ce livre permet de le vérifier tristement ; les fils aînés d'Aaron, Nadab et Abihu, font « ce qui ne leur avait pas été commandé » (v. 1). A peine consacrés, ils présentent à l'Eternel un feu étranger, qui ne venait pas de l'autel. Le châtiment solennel qui s'ensuit rappelle la gravité de substituer notre volonté aux instructions de la Parole. Veillons à ne pas laisser de place à une action charnelle dans le culte.
            En temps ordinaire, les sacrificateurs ne pouvaient pas s'occuper d'un mort. Toutefois, pour un parent proche, la loi le permettait (Lév. 21 : 1-2). Moïse appelle les cousins qui doivent s'occuper d'emporter les corps, encore revêtus des symboles de leur service et de leurs privilèges (Lév. 10 : 4). Alors Moïse commande à Aaron, Eléazar et Ithamar de ne pas découvrir leur tête, de ne pas déchirer leurs vêtements, afin, leur dit-il, « que vous ne mouriez pas, et qu'il n'y ait pas de colère contre toute l'assemblée » (Lév. 10 : 6). La seule attitude convenable était de garder le silence, d'accepter la sentence divine et de continuer à remplir leurs saintes fonctions.
            Moïse a le privilège de leur rappeler alors quelle est la nourriture des sacrificateurs, propre à réconforter leurs coeurs meurtris. Il s'agissait de l'offrande de gâteau (image de la parfaite obéissance de Christ), de l'épaule élevée (symbole de Sa force) et de la poitrine (qui présente le côté de Ses affections).
            Puis Moïse, toujours à la brèche, « cherche diligemment » le sacrifice pour le péché. Il aurait dû être mangé, or il avait été brûlé. Moïse se met en colère et demande raison à Aaron de ce qu'il prend pour une nouvelle manifestation de désobéissance ! Manger ce sacrifice dans un lieu saint était une chose très sainte. Il montrait une complète identification avec celui qui l'offrait, ce qui demandait une mesure de capacité sacerdotale et une énergie liées aux « fils d'Aaron ». Ce dernier rappelle alors que ces choses lui étaient survenues et reconnaît humblement qu'il n'était pas, pour l'heure, en mesure de se tenir, quoiqu'il fût le souverain sacrificateur, à la sainte hauteur qui devait être la sienne ! « Moïse l'entendit et cela fut bon à ses yeux » (Lév. 10 : 20).
 
            Quelle bénédiction pour Moïse, quelle intimité bénie est sa part. Avec l'audace de la foi, il supplie encore : « Fais-moi voir, je te prie, ta gloire ». Il ne pourra la voir que « par derrière », dans les traces, a-t-on dit, laissées par son amour. Il se tient prêt au matin et caché dans la fente du rocher : Dieu se fait connaître à lui comme le miséricordieux, Celui qui fait grâce, Celui dont son peuple a constamment besoin ! (Ex. 33 : 19-23).
            On pense à cette volonté exprimée par Jésus au Père en faveur des siens : « afin qu'ils voient ma gloire » (Jean 17 : 24). Tel est son plus cher désir. Est-ce aussi le nôtre ?
 
 
 
Moïse dans l'affliction avec le peuple d'Israël infidèle
 
            Nous avons suivi Moïse jusqu'au point le plus élevé qu'il a pu atteindre. Il ne s'est jamais d'ailleurs levé en Israël de prophète tel que Moïse, que l'Eternel ait connu face à face (Deut. 34 : 10). Pourtant, lui aussi, comme tant d'autres serviteurs, a montré par moment son infirmité. En effet, pour être en mesure de se maintenir dans une si haute position, à laquelle Dieu l'avait appelé, l'homme ne doit pas perdre de vue sa faiblesse. Moïse est abaissé devant les soixante-dix anciens du peuple : il s'était plaint, il trouvait le peuple trop lourd pour être seul à le porter. C'était se montrer incrédule, oublier les ressources inépuisables de Dieu, toujours à sa portée. Dieu décide que l'Esprit qui reposait sur lui serait en partie distribué à des anciens (Nom. 11 : 11-17).
            Il est très instructif de voir de quelle manière Moïse se soumet à la décision prise par l'Eternel. Son intérêt pour l'oeuvre de Dieu ne faiblit pas au moment où il est remplacé par d'autres.
 
            Il n'y avait que onze journées depuis Horeb jusqu'à Kadès-Barnéa, située à la frontière de Canaan (Deut. 1 : 2). Moïse a dû éprouver une terrible déception : alors que les Israélites n'avaient plus qu'à monter hardiment pour s'emparer du pays (Deut. 1 : 20-21), ils commettent la faute d'envoyer des espions. Dieu dit à Moïse d'accepter de les envoyer. De retour, ils doivent reconnaître que le pays est vraiment ruisselant de lait et de miel. Mais, parmi les douze, dix princes décrient le pays et découragent le peuple. Seul Caleb proteste, bientôt rejoint par Josué. Toute la nuit, on entend des cris et des lamentations dans le camp. Ils veulent lapider les deux fidèles témoins.
            C'est une heure terrible pour Moïse, peut-être la plus sombre de sa vie ! L'Eternel met alors son serviteur à l'épreuve. Il lui propose à nouveau de détruire le peuple et de faire de lui une nation plus grande encore. Moïse supplie l'Eternel de pardonner une fois encore, selon la grandeur de sa bonté. Et l'Eternel lui dit : « J'ai pardonné selon ta parole » (Nom. 14 : 20). Toutefois, Moïse devra se soumettre lui-même à la discipline qui va atteindre Israël à cause de son incrédulité. Il accepte d'accompagner durant finalement 38 ans le peuple de Dieu dans son affliction, plutôt que de voir Dieu le détruire. Il se courbe, pour subir avec eux le châtiment qu'il n'a pas personnellement mérité !
            Nous aussi, nous devons nous humilier et nous courber sous la main de Dieu devant la discipline qui atteint son peuple aujourd'hui. Cette attitude convient, même si n'avons pas directement participé à la faute qui a provoqué le jugement divin !
 
            Pourquoi Moïse a-t-il souhaité avoir un secours humain en la personne d'Hobab ? Par son expérience, pensait-il, cet homme leur « servirait d'yeux » dans le désert (Nom. 10 : 31). Pourtant la nuée dirigeait parfaitement tous les mouvements du peuple. Il est vrai que Moïse insiste pour lui faire partager « le bien que l'Eternel veut nous faire ». Hobab n'accepte pas. L'arche quittera sa place normale au milieu des tribus et les précèdera « le chemin de trois jours » pour leur chercher un lieu de repos.
            Pour autant, Dieu ne permet pas qu'Aaron et Marie mésestiment, et peut-être calomnient, son serviteur. Avaient-ils des motifs autres que la jalousie pour lui reprocher d'avoir pris une femme éthiopienne ? (Nom. 12). En tout cas, Dieu entend leurs paroles malveillantes, peut-être chuchotées à l'oreille – comme c'est souvent le cas. Moïse pouvait se mettre en colère quand la gloire de Dieu était en cause, mais quand il est personnellement attaqué, il se tait. Marie est frappée de lèpre, ce qui montre la gravité de sa faute (1 Pier. 2 : 1). Alors Moïse intercède en faveur de sa malheureuse soeur : elle sera restaurée mais la marche du peuple est retardée !
 
            Un autre exemple de l'humilité de Moïse se trouve dans le cas de Coré (Nom. 16). Au lieu de se défendre, Moïse s'en remet à Dieu. Faire le service du tabernacle, se tenir devant l'assemblée afin de la servir ne suffisait pas à ces rebelles. Les complices de Coré, Dathan et Abiram, osent appliquer à l'Egypte l'expression qui désignait le pays de Canaan : un pays ruisselant de lait et de miel !
            Un jugement terrible est prononcé contre ces hommes qui voulaient supplanter Moïse. Alors le peuple s'attroupe encore contre Moïse et Aaron. La gloire de Dieu apparaît et Moïse comprend que la colère est sortie de devant l'Eternel ! Il agit comme médiateur, et se laissant guider par l'intelligence reçue de Dieu, se sert de la sacrificature. « Moïse dit à Aaron : « Prend l'encensoir... porte-le promptement vers l'assemblée et fais propitiation pour eux » (V. 46). Aaron court et se tient entre les morts et les vivants. La plaie qui avait commencé, s'arrête.
 
 
 
Moïse, seul au Pisga, contemplant le Pays sans y entrer
 
            Nous parlerons encore d'une dernière scène, celle où Moïse perd son droit d'entrer dans le Pays tant désiré de son coeur. Quel avertissement Dieu nous donne : jusqu'à la fin, nous avons besoin qu'Il nous délivre de toute mauvaise oeuvre.
            Elle se déroule la trente-neuvième année du voyage. Il semble que Moïse touchait à la fin de ses travaux et qu'il allait voir l'accomplissement des promesses divines. Mais il manque précisément là où il avait été jusqu'alors si éminent. Il « parle légèrement de ses lèvres » et ne sanctifie pas l'Eternel aux yeux du peuple (Nom. 20 : 12). Il se disqualifie pour introduire le peuple dans le pays de son héritage, au moment même où ils atteignent la frontière !
            Une fois encore, le peuple murmure, il réclame de l'eau et Dieu dit à son serviteur : « Prends ta verge, et réunis l'assemblée, toi et Aaron, ton frère, et vous parlerez devant leurs yeux au rocher, et il donnera ses eaux ». Mais au lieu d'agir ainsi, Moïse, emporté par sa colère, déclare : « Ecoutez, rebelles ! Vous ferons-nous sortir de l'eau de ce rocher ? ». Il lève sa main et frappe le rocher deux fois (Nom. 20 : 7-12). Or l'Eternel agissait ici en grâce vis-à-vis du peuple, en se servant de la sacrificature. L'eau coule mais le rocher, figure de Christ, n'aurait pas dû être frappé à nouveau. Moïse n'est pas, à ce moment-là, en communion avec Dieu. Il manque à sa mission et doit abandonner sa place de conducteur. Telle est Sa discipline ! Le psalmiste écrit : « Ils l'irritèrent aux eaux de Mériba et il arriva du mal à Moïse à cause d'eux ; car ils chagrinèrent son esprit, de sorte qu'il parla légèrement de ses lèvres » (Ps. 106 : 32-33).
            Moïse se soumet, il transfèrera avec une grande dignité son office à Josué. Il termine sa course sur le mont Pisga. Sa tâche est achevée, il est seul comme au Buisson. Ou plutôt non, Quelqu'un de plus grand s'approche et lui fait éprouver à son heure dernière, Sa merveilleuse présence. L'Eternel lui fait contempler le bel héritage, tout le pays, malgré la vue limitée du sommet de cette montagne.
 
            Un jour pourtant Moïse entrera dans le pays ! Sur la montagne de la transfiguration (Luc 9 : 28-31), Moïse a vu dans son humanité glorieuse la face qui lui était restée cachée au Sinaï. Elie aussi était là, et avec le Seigneur, ils parlent de Sa mort qu'Il devait accomplir à Jérusalem. Moïse avait présenté le type de cet Agneau au moment de la Pâque, avant la sortie d'Egypte (Ex. 12). La vision s'efface, Jésus seul reste avec les disciples. La nuée emporte Moïse et Elie, jusqu'au grand jour de la résurrection.
 
 
            Homme de Dieu, homme de foi, libérateur, conducteur et berger, législateur, médiateur, prophète, type à bien des égards de Christ, la grande figure de Moïse demeure pour que nous imitions sa foi (Héb. 13 : 7).
 
                                                                    Ph. L.   24.03.07