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Jamais homme n’a parlé comme cet homme (1)

1er exemple : « Es-tu celui qui vient ? »
2ème exemple : « Renvoie-la foule »
3ème exemple : « Maître, que faut-il que j’aie fait pour hériter de la vie éternelle ? »
 

            Christ a démontré une beauté morale complète dans sa condition d’homme. Tout ce que Dieu avait désiré voir chez l’homme a été manifesté en Lui. La fiancée dans le Cantique des cantiques l’exprime ainsi : « Toute sa personne est désirable » (5 : 16). Le but de cet article est de se concentrer sur un aspect particulier de sa gloire morale : ce qui brille dans les paroles qu’Il a prononcées. Dans le même chapitre, un autre verset l’exprime : « ses lèvres, des lis distillant une myrrhe limpide » (5 : 13).
            Prononcer la bonne parole au bon moment est comme un objet d’art exceptionnel : « Des pommes d’or incrustées d’argent, c’est la parole dite à propos » (Prov. 25 : 11). Les paroles du Seigneur Jésus étaient toujours appropriées, de toute beauté, et puissantes. Dès le début de son ministère, sa parole était « avec autorité » (Luc 4 : 32), mais pleine d’attrait. Même les huissiers, envoyés pour Le prendre et à qui l’on reprocha d’être revenus à vide, ne pouvaient que reconnaître : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jean 7 : 46).
            Il est particulièrement difficile d’avoir des paroles à propos quand d’autres personnes font des commentaires déplacés. Combien il est facile d’être entraîné, suite à de tels commentaires, à répondre de la même façon ! Il n’en était pas ainsi du Seigneur. Sa parole était « toujours dans un esprit de grâce » et pourtant « assaisonnée de sel » (Col. 4 : 6).


1er exemple : « Es-tu celui qui vient ? »

            Luc 7 nous expose une situation délicate. Les disciples de Jean le Baptiseur viennent au Seigneur Jésus et Lui transmettent la question de Jean : « Es-tu celui qui vient, ou devons-nous en attendre un autre ? » (v. 19-20). Les doutes sous-jacents à cette question doivent avoir peiné le Seigneur. Il était le Messie, Fils de Dieu, devenu Fils de l’homme. Il avait accompli de merveilleux miracles comme nul autre.
            La façon dont le Seigneur répond est remarquable. Il répond calmement et avec douceur : « Allez rapportez à Jean ce que vous avez vues et entendues » (v. 22). Il n’avait aucun désir de souligner la faiblesse momentanée de son serviteur Jean. Mais Il ne peut pas non plus renier qui Il est. On peut dégager deux éléments de sa merveilleuse réponse :

                  - Le Seigneur met premièrement en évidence les signes qu’Il avait opérés : « les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont rendus nets, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et l’évangile est annoncé aux pauvres ». L’allusion à la prophétie d’Esaïe a certainement été évidente pour les disciples de Jean, sauf que les miracles énumérés allaient au-delà de ce qu’Esaïe 35 déclarait devoir accompagner la venue du Messie, puisqu’Il ajoute « les morts ressuscitent ». La conséquence était claire : le Messie était bien présent. Mais la façon dont Il fait ressortir ce fait est pleine de grâce puisqu’elle met en avant les miracles que la grâce avait accomplis.

                  - Il ajoute ensuite un bref mais important commentaire : « Et bienheureux quiconque ne sera pas scandalisé à mon sujet » (v. 23). Dans le langage biblique, être scandalisé signifie tomber ou trébucher. Les paroles du Seigneur s’avèrent être un avertissement plein de tact et de douceur à l’attention de Jean. Mais cet avertissement (qui s’adresse aussi à chacun) est comme enveloppé dans une bénédiction. Au lieu de dire : « Je suis inquiet à ton sujet ; prends garde à ne pas tomber », il dit : « bienheureux ceux... ». Ce message voilé et rempli de grâce était conçu pour avertir et aussi pour encourager Jean, mais sans le blâmer ni le déprécier aux yeux de ses messagers.

            Les messagers s’en étaient allés, mais le Seigneur n’en avait pas encore terminé avec la question qu’ils avaient posée. Il ajoute quelques paroles supplémentaires, à l’attention cette fois de ceux qui avaient assisté à cet échange. Il prévient ainsi le danger que ces personnes n’en viennent à mépriser Jean le Baptiseur. On y perçoit à nouveau deux éléments :

                  ¤ Il défend premièrement son serviteur qui avait pourtant demandé : « Es-tu celui qui vient ? ». Il souligne que Jean était « plus qu’un prophète » (v. 26) et qu’il était certainement le héraut que Malachie avait annoncé (v. 27 ; Mal. 3 : 1). Jean venait de faillir à bien remplir son rôle de héraut, et Christ répond en le légitimant dans cette fonction. Quelle grâce de sa part ! Les fils de Coré l’expriment bien : « Tu es plus beau que les fils des hommes ; la grâce est répandue sur tes lèvres... » (Ps. 45 : 2).

                  ¤ Après avoir défendu son serviteur, le Seigneur a aussi voulu atteindre la conscience de ses auditeurs. « A qui donc comparerai-je les hommes de cette génération, et à qui ressemblent-ils ? (v. 31). La réponse à cette question l’amène à utiliser comme illustration des enfants qui jouent dans le marché sans réagir à aucune mélodie : « Nous vous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé ; nous vous avons chanté des complaintes et vous n’avez pas pleuré » (v. 32). Ils avaient rejeté la mélodie mélancolique de Jean : « Jean le baptiseur est venu ne mangeant pas de pain et ne buvant pas de vin, et vous dites : Il a un démon », mais ils rejetaient de la même manière la mélodie joyeuse du Seigneur : « Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites : Voici un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des pécheurs ». Allaient-ils continuer à se comporter comme des enfants insensibles, ou allaient-ils commencer à écouter la voix de la sagesse ? Ceci ne pourrait être réalisé que par les enfants de la sagesse, et de ce fait la sagesse serait justifiée par eux (v. 33-35). On en trouve un magnifique exemple dans l’épisode qui suit, où un enfant de la sagesse entre dans la maison d’un pharisien (v. 36 et suivant).


2ème exemple : « Renvoie-la foule »

            Un peu plus loin dans l’évangile de Luc, on trouve l’épisode des 5 000 personnes rassasiées (9 : 10-17). Le conseil des disciples était : « Renvoie la foule » (v. 12). Il semble que ce n’était pas le commentaire spontané d’un disciple, mais bien le résultat d’une délibération, car il est dit : « et les douze, s’approchant, lui dirent ». Face à la réalité de la situation, ils avaient tiré leur conclusion, et leur conseil était pragmatique. Cela revenait pourtant à renvoyer à vide les foules affamées. Comment le Seigneur répond-il au froid pragmatisme des disciples ? Ses paroles sont à nouveau de toute beauté : « Vous, donnez-leur à manger » (v. 13). Il ne voulait pas seulement nourrir les foules, mais utiliser ses disciples, apparemment insensibles aux besoins de la foule. Apprenons de notre maître, les paroles de ses lèvres sont « comme des lis ».


3ème exemple : « Maître, que faut-il que j’aie fait pour hériter de la vie éternelle ? »

            Dans Luc 10, c’est un docteur de la Loi qui vient au Seigneur (v. 25). Il semble poser une très bonne question, mais le Seigneur voit à travers la façade. Cet homme était venu pour le tenter.
            En fait, sa question ternissait l’atmosphère du moment. Le Seigneur avait envoyé les 70 disciples avec une mission de grâce spéciale. Il était occupé des noms écrits dans les cieux, de la révélation du Père, des merveilleux fruits de la grâce. Il « se réjouit en esprit » (v. 21) et prononce une bénédiction particulière envers les yeux qui voyaient ces choses merveilleuses (v 23), qui n’avaient jamais été vues auparavant. Le docteur de la loi apparaît complètement insensible à ces pensées ; sa question est des plus légalistes : « Que faut-il que j’aie fait… ? ».
            Le Seigneur ne renvoie cependant pas cet homme avec rudesse. Sa réponse remplit deux objectifs : convaincre le docteur, rempli de propre justice,de sa ruine et de son incapacité à garder la loi, et présenter la miséricorde de Dieu. Comment s’y prend-il ? Premièrement, il souligne l’exigence de la loi d’aimer Dieu et d’aimer son prochain comme soi-même (chose qu’aucune personne honnête ne prétendrait avoir accompli). Le docteur essaie d’éluder cette question en demandant : « Et qui est mon prochain ? » Devant la faillite de l’homme, le Seigneur met alors en évidence que la vraie miséricorde est en Dieu seul en racontant la parabole du Samaritain qui s’était approché avec compassion (v. 33), là où il y avait un besoin, alors que le sacrificateur et le lévite avaient passé outre. Voilà ce qu’était aimer son prochain comme soi-même. Si le docteur avait failli comme tous les autres, alors il avait besoin, comme tous les autres également, de se reconnaître tombé entre les mains des voleurs, et nécessitant la grâce et la miséricorde du Samaritain méprisé au lieu de devoir « faire quelque chose ».
            Dans toute cette scène, l’approche du Seigneur est désarmante et pleine de tact. Au lieu de confondre tout de suite le docteur, Il lui donne l’occasion de montrer sa connaissance de la Loi et sa capacité à la citer mot pour mot. Puis au lieu de le déclarer en échec, le Seigneur l’amène par des questions à l’admettre de lui-même (s’il n’était pas certain de savoir qui était son prochain, alors il ne pouvait certainement pas non plus l’aimer comme lui-même). Et quand le docteur essaie d’éluder la question, le Seigneur lui présente le récit de la grâce.

 

M. H - « Messager évangélique » (2017 p. 330-340)

 

A suivre