bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

LE PREMIER LIVRE DE SAMUEL (13-15)


REJET DE SAUL (ch. 13-15)


CHAPITRE 13
            La première faute de Saül
CHAPITRE 14
            L'exploit de foi de Jonathan
            Le serment de Saül (v. 24-46)
            Aperçu général du règne de Saül (v. 47-52)

CHAPITRE 15
            La deuxième faute de Saül

 

CHAPITRE 13

                        La première faute de Saül

                                    Les dispositions de Saül et la foi de Jonathan (v. 1-5)

            Saül est maintenant pleinement établi dans son rôle de roi. Il commence par prendre des dispositions concernant son armée : il estime avoir trop de soldats et en sélectionne trois mille. Voilà une initiative peut-être sage et prudente, mais prise sans que l’Eternel soit consulté. Il « se » choisit trois mille hommes :
                    – C’était trop pour sa garde personnelle (8. 11) ; la chair rassemble toujours autour d’elle-même et n’en a jamais assez.
                    – Par contre, c’était insuffisant pour combattre l’ennemi.
            Jonathan, lui, passe à l’offensive et viole ainsi une sorte de trêve qui durait depuis la victoire d’Eben-Ezer (7 : 13). Cette œuvre de foi qui eut lieu à Guéba secoue le joug de l’adversaire. Guéba de Benjamin est à distinguer de Guibha de Benjamin, aussi appelée Guibha de Saül (11 : 4). Ces villes sont peu distantes l'une de l'autre. Le mot « poste » du verset 3 peut se traduire par « colonne » (comme aussi en 10 : 5). Il pourrait s'agir de monuments symbolisant la domination des Philistins. On comprend ainsi mieux la haine de ces ennemis, exacerbée par cet acte provocateur.
            Saül s’attribue le geste de son fils (v. 3) et rassemble à Guilgal le peuple qu’il venait de renvoyer dans ses foyers (10 : 8). Les Philistins se préparent ; mais dans ce moment difficile, nous ne voyons pas Saül en prière. Il est d’ailleurs étonnant qu’il appelle son peuple « les Hébreux » (v. 4), nom dont se servaient les étrangers pour parler des Israélites (4 : 6 ; 13 : 19 ; 14 : 11) ; il montre par là qu’il ne tient pas compte des relations exclusives qui existaient entre l’Eternel et son peuple.

                                    La frayeur des fils d’Israël (v. 6-7)

            Tous rassemblés autour de ce centre défaillant qu’est Saül, ils sont tout désemparés. Après avoir douté de Dieu, ils doutent de leur roi, qui montre lui-même bien peu de foi en Dieu. Ils tremblent, se cachent, se dispersent et même fuient à l’étranger. Dieu ne peut se servir d’une telle armée. « Quiconque est peureux ou tremble, qu’il s’en retourne », avait crié Gédéon au peuple dans une circonstance antérieure (Jug. 7 : 3). Lorsqu’on s’appuie sur les seules forces de notre vieille nature, on est bien vite défaillant et sans force. L’homme de foi, au contraire, dit : « Quand une armée camperait contre moi, mon cœur ne craindrait pas » (Ps. 27 : 3).

                                    L’impatience de Saül (v. 8-10)

            L’impatience est un trait important de la nature humaine. La consigne de Samuel était claire : « Tu attendras sept jours jusqu’à ce que je vienne » (10 : 8). Or, « C’est une chose bonne qu’on attende, et dans le silence, le salut de l’Eternel » (Lam. 3 : 26) : Dieu permet des cas extrêmes, où tout espoir de secours humain est perdu. Il veut par là que la foi s'éveille et se fortifie : elle compte sur l’invisible et s’appuie sur la Parole seule.
            Saül patiente au début. Il attend jusqu’au septième jour, mais ne persévère pas jusqu’au bout. La nature déchue peut avoir une apparence de piété et imiter la foi jusqu’à un certain point, mais elle recule devant les conséquences de son inactivité (Ex. 14 : 13).
            Le roi brûle l’offrande qui parle de l’obéissance de Christ jusqu’à la mort. Mais, hélas, ce n’était de sa part qu’une forme vaine de piété. Ainsi, on s’attache au geste rituel plutôt qu’à la volonté de Dieu. Soyons en garde contre une religion de pure forme !

                                    Les conséquences de la désobéissance (v. 11-14)

            Pour Dieu, la démonstration est suffisante. Il n’y a pas lieu de continuer « avec l’homme » (Es. 2 : 22 ; Dan. 5 : 26). « Qu’as-tu fait ? », demande Samuel. Quelle solennelle question, déjà posée par Dieu à Eve, puis à Caïn ! Saül ne manifeste ni confession ni contrition. Il se justifie par trois arguments en accusant les autres : la dispersion du peuple, le retard apparent de Samuel, la frayeur des ennemis.
            La sentence est prononcée là, à Guilgal, au lieu même où il avait reçu la couronne. Samuel annonce à Saül qu’il y aurait un changement de lignée dynastique, ce dont Saül se souviendra (24 : 21). Dieu, dans sa miséricorde, lui laisse un délai : le moindre sentiment de repentance ne lui aurait pas échappé (1 Rois 21 : 29). Mais Saül n’en montrera point (Ecc. 8 : 11).
            Lors de la désobéissance d’Adam, Dieu avait en vue un autre Adam, le second homme (la semence de la femme qui vaincrait l’ennemi) (Gen. 3 : 15). De même ici, Dieu garde en réserve un homme selon son cœur. Ces deux cas nous parlent de la même personne : l’homme Christ Jésus qui, mieux que le roi David, pourra dire : « C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir » (Ps. 40 : 8).

                                    Israël démuni face aux Philistins (v. 15-23)

            Samuel quitte Guilgal, le lieu où la chair aurait dû être jugée et où, au contraire, elle venait de se manifester. Il part pour Guibha, là où il restait un peu de foi, dans les mille hommes groupés autour de Jonathan (v. 2).
            Saül ne tient pas grand compte des remontrances de Samuel et dénombre ses troupes. Mais les Israélites, qui auraient dû dépendre de leur Dieu, dépendent en fait de l’ennemi pour leurs armes et leurs outils pour le travail quotidien. Ainsi, le but de l’ennemi est toujours d’affaiblir et d’appauvrir le peuple de Dieu (2 Rois 24 : 14, 16).
            Il y a pour nous un enseignement spirituel très utile. La parole de Dieu est notre arme offensive par excellence (Eph. 6 : 17). Si c’est le monde qui nous la présente – c’est-à-dire pour essayer de justifier ses propres principes – le tranchant de la Parole est émoussé. Non ! Que Dieu suscite des « forgerons », c’est-à-dire des hommes fidèles, capables d’instruire les autres, exposant justement la vérité (2 Tim. 2 : 2, 15).

                                    Conclusion

            Saül a été mis à l’épreuve. Toute son attitude a démontré qu’il n’était conduit que par la chair, la nature déchue d’Adam. Ballotté par les circonstances, lent et indécis quand il faut agir vite, il se « fait violence » quand il faut attendre. Manque de jugement, hésitations, erreur, indépendance de Dieu et finalement désobéissance : voilà ce que nous montrons par nature, même si les apparences peuvent être trompeuses. Que cet exemple nous fasse perdre nos illusions sur la capacité de la chair à faire le bien, en particulier dans le domaine spirituel.

 

CHAPITRE 14

                        L'exploit de foi de Jonathan

                                    Introduction

            La foi vivante et active de Jonathan fait contraste avec l’esprit timoré de Saül et du peuple (ch. 13) : le roi ne croit qu’aux moyens humains, alors que Jonathan ne se fie qu’à Dieu. Avec la foi comme seule arme, il vaincra un ennemi nombreux dont les armes inutiles tourneront à leur destruction.

                                    La foi a recours à Dieu seul (v. 1-3)

            Saül a détourné à son profit le précédent acte de foi de son fils Jonathan (13 : 3) au lieu de rendre toute la gloire à Dieu. Tout effort ou tout travail qui glorifie le serviteur au lieu de Dieu est inutile.
            Pour la deuxième fois, Jonathan prend l’initiative d’une offensive. Il ne peut accepter la situation tragique et humainement désespérée du peuple, ni le déshonneur qui en résulte pour Dieu. Sa confiance en l’Eternel le fait échapper à la dépression générale. Si son père avait connu son projet, il l’aurait sans doute dissuadé, comme il cherchera à décourager plus tard David d’affronter Goliath (17 : 33). Saül ne connaît que les ressources humaines, les rapports de force et les raisonnements humains. Sans prendre « conseil de la chair ni du sang » (Gal. 1 : 16), l’homme de foi n’attend le secours que de Dieu. Toutefois, Jonathan est heureux de trouver dans son jeune homme un compagnon apte à le suivre, partageant la même foi. Tous deux se séparent du camp, du peuple, du roi et du sacrificateur qui n’auraient pu les comprendre. Ces deux derniers, d’ailleurs, n’avaient plus la faveur de l’Eternel. Cette attitude nous enseigne que s’associer au monde – même au monde religieux – dans le but de servir Dieu est une aberration. Le « monde » est ici l'ensemble des principes moraux qui régissent les hommes dans l'indépendance de Dieu. Le monde religieux, lui, présente une apparence de piété ; mais en fait, lui non plus ne reconnaît pas à Dieu le gouvernement suprême.
            Les versets 2 et 3 constituent une parenthèse. La sacrificature de la lignée d’Ithamar est en sursis. Le petit-fils d’Eli est là, portant l’éphod. Symbole pour nous de Christ, sacrificateur dans le ciel, l’éphod permettait à Israël de connaître la pensée de Dieu ; en effet, il comportait les urim et les thummim par lesquels on interrogeait l’Eternel (Ex. 28 : 30 ; 1 Sam. 23 : 9 ; 28 : 6). Mais rien n’indique qu’on l’ait fait à ce moment-là.

                                    La foi ne regarde pas aux circonstances (v. 4-6)

            En l’occurrence, toutes les circonstances favorisaient les ennemis ; ils sont sur la hauteur, en position de force, bien armés et en grand nombre. Jonathan et son jeune homme, eux, sont au fond d’un ravin surplombé par des rochers effrayants. Mais le regard de leur foi dépasse ces obstacles et distingue nettement la grâce que Dieu réserve à un peuple qui ne la méritait en aucune façon.
            Pour Jonathan, les ennemis sont des « incirconcis », c’est-à-dire des hommes n’ayant aucune relation d’alliance avec Dieu. Puis, il prononce ce beau témoignage : « Rien n’empêche l’Eternel de sauver » (v. 6). Connaissant l’amour et la puissance de Dieu, il comprend, sans commandement précis, quelle doit être sa conduite.

                                    La foi compte sur la puissance et la présence de Dieu (v. 6b, 7)

            L’homme par nature se fie à lui-même, à ses plans, à sa sagesse. L’homme de foi se repose complètement et exclusivement sur Dieu. Attacher trop d’importance au nombre serait en fait douter implicitement de la puissance de Dieu : comparée aux ressources divines, même la plus grande union de forces humaines reste dérisoire. Une seule épée peut suffire, si elle est tenue par la main du Dieu Tout-puissant. La confiance de Jonathan est simple et totale. Voilà le secret de la victoire !
            La foi de son écuyer répond à celle de Jonathan (Amos 3 : 3). Elle nous invite à encourager nos frères qui ont à cœur de s’engager pour Dieu dans un travail qui peut être difficile, à les remettre aux soins de Dieu et à les accompagner selon nos possibilités.

                                    La foi attend la direction de Dieu (v. 8-10)

            « Nous nous montrerons à eux », dit Jonathan. Ils agiront « à découvert », en pleine lumière. La foi est courageuse, mais humble et sans témérité ni présomption. Le « peut-être » (v. 6) n’est pas une marque d’incertitude, mais de dépendance. Le même sentiment est exprimé par Caleb (Jos. 14 : 12). Il faut être prêt, soit à agir (v. 10), soit simplement à tenir une position (v. 9). Une seule chose compte : l’obéissance. Dieu accepte le signe proposé par Jonathan qui sera d’ailleurs donné par l’ennemi lui-même, à son insu. Ce qui pour lui est une « démonstration de perdition », sera une indication de salut pour l’homme de Dieu (Phil. 1 : 28).

                                    La foi s’identifie au peuple de Dieu (v. 11-12)

            S’étant montrés aux Philistins, Jonathan et son porteur d’armes essuient leurs moqueries acerbes contre ces lâches Hébreux qui s’étaient cachés. Les Hébreux sont ici l'image des croyants qui, par peur de l'opprobre, ne témoignent pas de leur foi. Tout le peuple méritait ces moqueries sauf eux deux. « Montez vers nous » : le signe est là, la volonté de Dieu est claire Jonathan ne dit pas alors : « l’Eternel les a livrés en notre main », mais « en la main d’Israël ». Il s’identifie à tout le peuple. Comme Dieu, il a le peuple dans son cœur. Nous avons, par la foi, à ignorer le défi des moqueries, hélas justifiées, proférées à l’encontre de l’Eglise en ruine. Mais, comme Josué, Caleb, et ici Jonathan, ne nous laissons pas gagner par la démission générale. Soyons, par la foi, parmi les vainqueurs du monde.

                                    La foi a de l’énergie pour obéir (v. 13-15)

            Peu importe aux grimpeurs les blessures causées aux mains et aux pieds par les rochers. Rien n’arrêtera leur ascension. C’est un beau tableau de la croissance du chrétien, en position précaire, mais protégé et gardé par celui qui l’aime (Ps. 116 : 8).
            Ils arrivent au sommet et voient la délivrance opérée par l’Eternel. Leur épée ne sert qu’à affirmer une victoire remportée d’avance (Ps. 18 : 39-40). La frayeur a changé de camp : des Israélites (13 : 7), elle tombe sur les Philistins (v. 15).

                                    La foi est récompensée (v. 16-22)

            Les sentinelles de la tour de guet de Guibha constatent la confusion aboutissant au carnage dans le camp ennemi (Jug. 7 : 22 ; 2 Chr. 20 : 22 ; Agg. 2 : 22 ; Zach. 14 : 13). Saül, complètement étranger à ce qui se passe, tout étonné, cherche une explication humaine mais ne peut que constater l’absence de deux personnes à l’appel. Il se décide alors à consulter Dieu. La mention ici de l’arche est étonnante car elle était à Kiriath-Jéarim (7 : 2) et il ne semble pas qu’elle en ait bougé. Il serait plutôt question de l’éphod (v. 3). La version des Septante a d’ailleurs « éphod » et non pas « arche » ; il s'agit peut-être d'une erreur de copiste. Saül est incohérent : il s’interrompt au milieu de sa requête du fait du tumulte croissant. Il se passe de la réponse, estimant que les faits sont assez clairs.
            La confusion des Philistins conduit au rassemblement du peuple qui achève une victoire déjà remportée sans lui. Même les traîtres ou prisonniers, appelés « Hébreux » (v. 21) et les timides, appelés Israélites (v. 22) participent à la poursuite de l’ennemi. La foi d’un très petit nombre peut donc avoir des effets bénéfiques pour une marche sainte, énergique et fidèle de tout un peuple.


                        Le serment de Saül (v. 24-46)

                                    Un serment insensé (v. 24)

            Avant la victoire remportée par le peuple à la suite de l’action de Jonathan, Saül avait proclamé par serment un jeûne. Sa façon de s’exprimer trahit son égocentrisme : « Jusqu’à ce que je me sois vengé de mes ennemis ». Il est occupé de lui-même et non de Dieu, ni même du peuple. Son commandement arbitraire va limiter les effets de la victoire. Or c’est l’Eternel qui, par Jonathan, avait sauvé Israël sans que Saül n’y fût pour rien.
            Quelle attitude regrettable ! La pensée de Dieu avait été de bénir, celle de Saül est de maudire. Il est étranger à la joie de Dieu (Luc 15). Quel besoin avait-il de prescrire un jeûne au moment de l’effort ? Sur le plan moral, le jeûne est licite s’il est accompagné de prière et s’il est librement consenti. Il ne doit être ni rituel, ni légal. Si Saül n’avait pas été impatient (v. 19), une réponse divine l’aurait certainement empêché d’adjurer ainsi le peuple. Quel mauvais berger, aux antipodes du vrai bon Berger qui a dit un jour : « Je suis ému de compassion… ils n’ont rien à manger » (Matt. 15 : 32) !
            Egoïsme, légalisme, ignorance de la liberté de l’Esprit, voilà ce qui caractérise de tout temps la religion de l’homme : c’est une religion de restrictions (Col. 2 : 20-23 ; 1 Tim. 4 : 3-4).

                                    Une situation absurde (v. 25-26)

            Dans sa grâce, Dieu prépare un réconfort pour son peuple. Tous voient du miel coulant en abondance d’arbres creux qui contenaient des essaims. Mais, dans la crainte servile qui les assujettit, personne n’ose profiter de ce secours divin. Gardons-nous d’être retenus par un système religieux superstitieux ou légal, pour recevoir avec simplicité de cœur et reconnaissance tout don parfait du Père des lumières (Jac. 1 : 17).

.                                    Un homme libre (v. 27-28)

            Jonathan, qui se tient à part, ignore ce serment et profite en toute bonne conscience de ce soulagement providentiel. La foi est étrangère aux ordonnances charnelles et aux rites légaux. Occupé par les « combats de l’Eternel » (25 : 28), il est libre vis-à-vis des commandements de l’homme. Il use de ce miel avec sobriété, avec le bout de son bâton, sans s’attarder. Comme les soldats de Gédéon (Jug. 7 : 6), profitons de tout ce que Dieu met librement devant nous avec sobriété : ainsi notre service n’en souffrira aucun préjudice.
            Mis au courant, après coup, du décret de son père, il le réprouve en considérant ses conséquences funestes. Le « miel » parle des choses douces de la nature dont on peut faire usage sans excès, sans préjudice spirituel.

                                    Un peuple affamé et défaillant (v. 29-31)

            La multitude du peuple se trouve donc privée de sa force au moment où elle en a le plus besoin. Ils sont rendus incapables de compléter la victoire à cause de leur mauvais roi. L’Eternel connaissait leurs besoins : ils étaient accablés (v. 24), fatigués (v. 28), très fatigués même (v. 31). Mais l’homme sans foi se laisse diriger par ses propres pensées : il se prive lui-même et prive les siens des ressources d’en haut (Es. 40 : 29-31).

                                    Un triste résultat (v. 32-34)

            Le fardeau était trop lourd, au-dessus des forces du peuple. Tout le monde aurait dû savoir que manger la viande avec le sang était une grave profanation (Gen. 9 : 4 ; Lév. 19 : 26 ; Deut. 12 : 23-24). Le sang est la vie et celle-ci appartient à Dieu seul. C’est ainsi qu’un abus légal et une exigence arbitraire peuvent aboutir à une grave transgression d’un ordre divin qui, lui, n’est pas arbitraire. La crainte du roi a conduit à l’abandon de la crainte de Dieu.
            Saül culpabilise immédiatement le peuple sans se reconnaître, lui, comme le vrai coupable. Sans sa folle exigence, ce péché n’aurait jamais été commis. Il rétablit toutefois la manière de manger la viande conforme aux ordonnances divines. Cela se passe à Ajalon, lieu mémorable où le soleil s’arrêta pour permettre à Josué, à la tête d’une armée en pleine vigueur, de remporter une victoire complète. Maintenant, au contraire, le soleil se couchera sur une scène de péché.

                                    La chair imitant la piété (v. 35-42)

            Dans une piété de forme, Saül bâtit son premier autel à l’Eternel. Les signes extérieurs du culte sont là : le sacrificateur, l’éphod, (l’arche ?), le respect des ordonnances concernant le sang. Mais le lieu et le moment sont-ils bien choisis pour établir cet autel ? Le roi est rejeté et le sacrificateur est en disgrâce. Un tel autel peut-il justifier le peuple, chez qui nous ne voyons pas de confession ?
            La nuit même de ce péché (v. 34), Saül aurait voulu continuer la poursuite (v. 36), alors que rien n’était réglé devant Dieu. Il se laisse conseiller par le sacrificateur et consulte Dieu sans se rendre compte, semble-t-il, de son état. L’absence de réponse signifie certainement que Dieu a été offensé (v. 37). Mais ce silence irrite Saül et lui fait réaliser qu’il y a eu péché. Mais quel péché ? Il pense uniquement à la transgression de son serment. Pour lui, le péché est partout, sauf en lui-même. Il décide, selon une coutume admise à l’époque, de tirer au sort (v. 41 ; Jos. 7 : 16-18 ; Prov. 16 : 33).
            Son attitude et ses paroles montrent qu’il suspecte fortement Jonathan. Logique avec lui-même et persuadé d’être du côté de Dieu, il jure avec véhémence par l’Eternel que le coupable mourra, même si c’était son propre fils. Au silence de Dieu succède le silence réprobateur du peuple.
            Toute cette scène illustre ce qui se passe dans le monde religieux actuel : on impose ou on s’impose des devoirs religieux, des dévotions, avec le désir inconscient de tranquilliser sa conscience, alors que la question du péché n’est pas réglée devant Dieu. La racine de tous les maux n’est-elle pas l’absence de repentance et l’ignorance ou l’abandon de la vraie grâce de Dieu ?

                                    La foi injustement jugée coupable (v. 43-45)

            Jonathan est découvert. Saül, déterminé et endurci, décrète sa mort avec un troisième serment au nom de l’Eternel (v. 44). Jonathan répond calmement et dignement et ne résiste pas (Jac. 5 : 6). Mais contrairement à la fille de Jephté, elle aussi victime d’un serment insensé de son père (Jug. 11 : 30-31), il est sauvé par le peuple. Celui-ci avait dit deux fois : « Fais tout ce qui est bon à tes yeux » (v. 36, 40). Mais maintenant, réveillé et indigné, le peuple prend, lui aussi avec serment, le contre-pied du roi et justifie Jonathan. Saül est laissé à sa folie et à sa honte !


                        Aperçu général du règne de Saül (v. 47-52)

            Pourtant, dans sa miséricorde, Dieu surmonte le mal par le bien. Il permet une certaine prospérité générale pendant le règne de Saül : dans toutes les directions, les ennemis seront tenus en respect. Cependant, aucun ne sera exterminé définitivement, d’où la nécessité d’une armée permanente. Ce n’est plus le temps de Samuel (7 : 13) et pas encore celui de David (2 Sam. 8) ou de Salomon (1 Rois 4 : 25). Saül compte sur ses propres forces. Il prend des hommes forts auprès de lui, mais ne gagnera le cœur d’aucun d’eux.
            Retenons de ce chapitre que la foi peut nous faire remporter des victoires sur le monde mais peut aussi nous attirer l’opprobre, même de la part de ceux qui portent le nom de chrétien. Par ailleurs, le légalisme et l’activité de la chair ne peuvent qu’entraver l’œuvre de Dieu

 

CHAPITRE 15

                        La deuxième faute de Saül

            La triste histoire de la royauté de Saül est terminée. Le chapitre 15 développe maintenant la déclaration antérieure de Samuel à Saül (13 : 14), avant que ne soit introduite (au chapitre 16) la personne de David, le roi selon le cœur de Dieu.
            Saül va subir une dernière épreuve d’obéissance. Mais la chair peut-elle se soumettre à la loi de Dieu ? Non.
            Ce chapitre met en évidence deux aspects de la chair, cette puissance qui régit la nature déchue de l’homme :
                    – d’un côté, Saül représente sous un jour aimable la chair dont la prétention religieuse veut servir Dieu,
                    – d’un autre côté, Amalek figure l’hostilité ouverte et violente contre le peuple de Dieu.

                                    Le commandement de Dieu (v. 1-3)

            Amalek, petit fils d’Esaü, lui-même premier-né d’Isaac, nous parle de notre vieille nature déchue. Lorsqu’Israël aurait du repos de tous ses ennemis à l’entour, il devrait effacer la mémoire d’Amalek. Et, par grâce, ce repos était accordé maintenant à Saül (14 : 47-48). Cette extermination totale lui incombait donc. Le commandement de Dieu était clair et assorti du motif (v. 2).
            L’enseignement spirituel pour nous est évident : l’incompatibilité entre la chair et l’Esprit est totale et aucune conciliation n’est possible.

                                    La désobéissance de Saül (v. 4-9)

            De prime abord, Saül semble disposé à obéir. Il réunit une armée considérable et remporte un succès rapide (v. 7). Dans un souci louable de justice, les Kéniens, descendants de Madian, sont avertis, car leur conduite avait été complètement différente de celle d’Amalek (v. 6). L’opération de Saül s’étend de Shur à Havila, c’est-à-dire d’un bout à l’autre du désert où habitait Amalek. Mais, de propos délibéré et de connivence avec le peuple, Saül épargne ce qui est bon à ses yeux, ainsi que le roi des Amalékites, Agag. Quelle erreur ! Le commandement était sans restriction comme autrefois pour le cas de l'anathème de Jéricho.
            Dans le domaine spirituel, nous pouvons, par manque de foi, ne pas vaincre complètement telle ou telle convoitise. Mais il est beaucoup plus répréhensible de choisir délibérément et volontairement des objets de convoitise. C’est « prendre soin de la chair pour satisfaire à ses convoitises ». Saül choisit le meilleur et détruit le mauvais. Quant à nous, quels sont nos critères de choix ? Et surtout, avons-nous le choix ? Obéir à Dieu dans la mesure seulement où sa volonté nous agrée, ce n’est pas obéir. « Maudit celui qui fera l’œuvre de l’Eternel frauduleusement » (ou lâchement). Nous jugeons souvent d’après nos goûts. Nous condamnons volontiers ce qui nous paraît vil, mais nous épargnons d’autres choses, peut-être pires (symbolisées par Agag dans le récit). La chair peut aussi faire illusion dans le domaine spirituel, mais elle est incapable d’accomplir toute la volonté de Dieu.

                                    Le verdict divin et les excuses de Saül (v. 10-23)

            Comme pour Moïse, lors du veau d’or, Dieu met son serviteur Samuel au courant de la triste nouvelle et il lui révèle sa pensée. Si Saül a interrompu sa mission, Dieu interrompra son règne (v. 10-11). Se « repentir », pour Dieu, signifie changer de moyens pour accomplir ses desseins qui, eux, ne changent pas. Il ne s’agit pas pour Dieu de regretter ce qu’Il a fait, ou de reconnaître qu’Il s’est trompé comme un homme (Nom. 23 : 19). Saül étant disqualifié, l’Eternel se servira d’un autre. Mais ses desseins de grâce sont immuables et sans repentir (v. 29).
            Pour Dieu, une obéissance partielle équivaut à une désobéissance et une indifférence à sa volonté est une véritable rébellion (v. 11, 23).
            Fidèle à son caractère, et avec une tendresse exemplaire, Samuel intercède toute une nuit. Il s’était attaché au roi par une profonde affection naturelle et grande est sa déception (v. 11; 16 : 1). Il se rend à Carmel, ville de Juda dont le nom signifie « lieu d’abondance ». Par le trophée (littéralement : cette « main ») que Saül s’érige là, prétend-il affirmer l’achèvement de sa mission ? Il marque en tout cas son contentement de soi, avant sa marche triomphale à Guilgal (v. 12). Voyant arriver Samuel, il le salue avec emphase et se vante bruyamment en affirmant son obéissance. Malheureusement, le bruit du bétail épargné apporte un démenti qui a plus d’effet sur Samuel que toutes les explications du roi (v. 13-14).
            Le premier réflexe de Saül est d’impliquer le peuple dans cette histoire : il prétend n’avoir rien à faire avec les troupeaux épargnés mais il s’attribue conjointement la destruction des ennemis et de leurs biens (« nous », v. 15, « je » à quatre reprises, v. 20). Samuel coupe court à ses paroles et donne sans faiblesse le verdict de Dieu (v. 16). Il lui rappelle :
                    – ce que Dieu a fait et sa grâce envers lui (v. 17) ;
                    – ce que Dieu lui avait demandé (v. 18) ;
                    – comment lui, Saül, avait agi (v. 19).

            De petit à ses propres yeux, Saül était devenu grand dans ses pensées (9 : 21 ; 22 : 13). Mais Saül écarte la réprimande et ne tremble pas à ces paroles. Il se justifie et met à nouveau en cause le peuple (v. 20-21, 24). Mais c’est lui, le roi, le responsable, le seul qui avait des comptes à rendre. Dans sa réponse, Samuel établit un principe divin fondamental et immuable (v. 22-23). Aucun culte, aucun service pour Dieu ne peut lui être agréable s’il est fait dans le mépris ou même la simple négligence de Sa volonté. Si les moyens que nous utilisons pour servir Dieu laissent une part active à la chair, c’est pour Dieu une rébellion, un péché directement inspiré de Satan.
            Le rejet déjà annoncé de Saül (13 : 14) est confirmé ici. « J’ai péché », dit-il (comp. v. 30 ; 26 : 21). Mais quelle valeur a cette confession charnelle qui, tout de suite, s’accompagne d’excuses et même d’accusations contre le peuple qu’il a finalement craint plus que Dieu ? Ce qui compte pour Dieu est le brisement et l’humiliation du cœur, non la peur des conséquences.
            Saül demande pardon pour échapper à la sentence, comme le fera plus tard Simon le magicien. Il veut aussi sauver ses apparences pieuses en se prosternant devant l’Eternel. Bien plus préoccupé de sa dignité que de sa culpabilité (v. 24-25, 30), il recherche la caution de la présence de Samuel qui la lui refuse par trois fois (v. 26-28). Le prophète fait usage d’une expression unique dans les Ecritures : « La sûre Confiance d’Israël ne ment pas » (v. 29). Personne ne connaît encore le nom du successeur de Saül, mais déjà son caractère moral est annoncé. Finalement, Samuel respecte la position royale provisoirement maintenue de Saül et se range à son désir (v. 31).

                                    La mort d’Agag (v. 32-35)

            Samuel exécutera lui-même ce que Saül avait négligé. Le jugement de Dieu tombe sur Agag (v. 33). Alors, retournant chacun en son propre lieu, le prophète et le roi se quittent pour ne plus se revoir, sauf à l’occasion du terrible épisode d’En-Dor, qui se déroulera dans le monde invisible (28 : 14).
            Tout ce chapitre nous montre que Dieu condamne la chair, dans laquelle il n’habite aucun bien, même sous son meilleur aspect. En plusieurs circonstances, Saül montre la faiblesse et la velléité de l’homme naturel : il est incapable de trouver les ânesses, d’attendre Samuel (13 : 9), d’attendre la réponse de l’Eternel (14 : 19), de détruire complètement Amalek (15 : 9). Comme Paul, n’épargnons rien de ce qui appartient à notre ancienne nature, si bon que cela puisse paraître, mais rejetons-le comme des ordures !


D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 7)

 

A suivre