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L’AGNEAU DE DIEU (1)


L'Agneau pour l'holocauste
L'Agneau de la Pâque
 

            La pensée de l'Agneau de Dieu occupe une place particulière dans l'Ecriture. Dès le livre de la Genèse, une question est posée : « Où est l'agneau pour l'holocauste ? » (22 : 7). Puis les figures et les types de la loi nous font entrevoir quelque chose de ce que nous pouvons trouver dans cet agneau, dont le sacrifice est continuellement devant Dieu. Bien des siècles après la question d'Isaac, Jean le Baptiseur peut reconnaître et saluer en Jésus « l'Agneau de Dieu ». Enfin, le dernier livre de la Parole, l'Apocalypse, est rempli des gloires de cet Agneau divin.

            Nous désirons examiner quelques-uns de ces passages auxquels nous avons fait allusion. Ils nous présentent quelques-unes des gloires variées de Christ, et certes, elles sont infiniment merveilleuses et dépassent ce que nous pouvons exprimer. Mais Il est avant tout la joie du Père, qui se plaît à nous parler de son Bien-aimé.

 

L'Agneau pour l'holocauste

            « Où est l'agneau pour l'holocauste ?… Dieu se pourvoira de l'Agneau pour l'holocauste » (Gen. 22 : 7-8).

            Tout est pour Dieu, dans ce beau récit du chapitre 22 de la Genèse, et tout est de Lui. L'épreuve de la foi témoigne, à sa gloire, de la profondeur du travail de sa grâce dans le cœur de son serviteur. Abraham y reconnaît que les droits de Dieu sur son enfant bien-aimé sont plus grands que les siens. Le sacrifice demandé, l'holocauste, est celui qui doit être entièrement brûlé en bonne odeur pour Dieu. Et en même temps, si tout est pour Dieu, tout parle aussi à nos cœurs. La foi d'Abraham et la réponse divine nous encouragent : nous constatons qu'« en la montagne de l'Eternel, il y sera pourvu », que les ressources de sa grâce sont toujours suffisantes pour répondre à notre confiance « au moment opportun » (Héb. 4 : 16). Mais plus encore, par les expressions que Dieu lui-même a employées pour parler à Abraham, ce récit nous fait comprendre quelque chose de ce que son Fils est pour Lui - de ce qu'est le vrai Agneau pour l'holocauste. C'est sur ce sujet que nous désirons nous arrêter un instant.

                        Un holocauste

            Après le déluge, lorsque Noé sortit de l'arche, il « bâtit un autel à l'Eternel, et prit de toute bête pure et de tout oiseau pur, et offrit des holocaustes sur l'autel. Et l'Eternel flaira une odeur agréable » (Gen. 8 : 20-21). L'Eternel avait vu la méchanceté de l'homme et s'en était affligé dans son cœur (Gen. 6 : 6) ; aussi le jugement avait-il été prononcé et exécuté. Mais cela pouvait-il satisfaire son cœur ? La conduite de l'homme ne pouvait qu'appeler ce jugement, mais Dieu voulait bénir ! Comment pourrait-Il le faire ? Les holocaustes offerts par Noé nous l'annoncent. Il est bientôt manifesté que le cœur de l'homme n'a pas changé, qu'il est aussi méchant après le déluge qu'avant, qu'il méprise et déshonore Dieu. Mais avec le sacrifice, une odeur agréable, une odeur de repos est montée vers Lui. C'est en cela qu'Il a trouvé ce que son cœur désirait, et c'est sur ce fondement qu'Il a pu bénir.
            Toutes les bêtes pures et tous les oiseaux purs ne sont-ils pas une image de l'ensemble des perfections et des beautés morales de Christ ? Ne trouvons-nous pas en Lui « tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui est de bonne réputation » (Phil. 4 : 8) ? Or Il « s'est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur » (Eph. 5 : 2). Le parfum de ses perfections est, pour ainsi dire, monté vers Dieu, qui a trouvé en Lui une satisfaction infinie. Tout répondait pleinement, absolument, à ce que son cœur désirait. Sur un tel fondement, Il peut bénir ; sa grâce peut s'élever au-dessus de la méchanceté de l'homme. Nous ne pouvons oublier que le sacrifice pour le péché était indispensable pour répondre à la justice de Dieu, purifier la conscience et amener le croyant devant Dieu. Le Seigneur a répondu à la fois à l'holocauste et au sacrifice pour le péché (Ps. 45 : 6). Mais l'Ecriture nous présente d'abord le côté de Dieu.
            C'est au chapitre 22 de la Genèse qu'il est fait mention pour la deuxième fois de l'holocauste, et la question d'Isaac : « Où est l'agneau pour l'holocauste ? » nous apporte quelque chose de particulièrement précieux : une victime, une victime unique pourra être offerte pour la satisfaction de Dieu. Tout ce qu'évoquaient les holocaustes offerts par Noé se concentre, pour ainsi dire, en cette seule offrande. Nous comprenons ainsi qu'il y a une Personne qui pourra répondre à tout ce que désire le cœur de Dieu.
            Abraham et Isaac n'hésitent pas non plus sur le caractère de cette victime : ce sera un agneau. La pensée naturelle de l'homme l'aurait certainement conduit à chercher un sacrifice ayant extérieurement plus de prix, une plus grande apparence. Mais Abraham et Isaac ont la pensée de Dieu. L'appréciation de l'homme n'a aucune valeur, ses pensées doivent être mises de côté. Un agneau peut paraître à ses yeux bien peu de chose, mais il est infiniment précieux à Dieu, et à la foi. Dans le Lévitique, au chapitre premier, la pensée est évidemment différente : il s'agit de la mesure dans laquelle nous apprécions la grandeur de la Personne de Christ. L'offrande « normale » dans ces conditions est alors un taureau.
            Quelle figure de Christ ! Méprisé et rejeté par les hommes - « il n'y a point d'apparence en lui pour nous le faire désirer » (Es. 53 : 2) - alors que le Père se plaît à saluer en Lui son Fils bien-aimé, en qui Il a trouvé son plaisir… L'agneau pour l'holocauste n'est autre que le Fils de Dieu.

            « Ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac… »

            Un seul de ces termes aurait suffi pour Abraham. Il ne pouvait se tromper. Mais le Père voulait aussi nous faire comprendre quelque chose de ce qu'est, pour son propre cœur, Celui qui s'est offert. Chacune de ces expressions évoque ce qu'était pour Lui, de toute éternité, mais aussi dans la perfection de son humanité, le Seigneur Jésus.

            « Ton fils »… Ce nom de « fils », que nous trouvons une dizaine de fois dans ce chapitre, n'exprime-t-il pas l'intimité qu'il y avait entre Abraham et Isaac ? Les serviteurs doivent rester au loin, mais Isaac ira avec son père. Dans ce chemin, où ils vont « les deux ensemble » (v. 6, 8), c'est en toute confiance qu'Isaac « parle à Abraham, son père, et dit : Mon père ! ». Et c'est en toute liberté qu'Abraham ouvre son cœur à son fils pour lui répondre : « Mon fils, Dieu se pourvoira de l'agneau pour l'holocauste ». Cette intimité qui nous touche n'est pourtant qu'une faible figure de la communion qui unissait le Père et le Fils. Le Seigneur pouvait dire, alors que les siens allaient le laisser, « je ne suis pas seul, car le Père est avec moi » (Jean 16 : 32). Et, peu de temps auparavant, il avait exprimé cette pleine certitude : « Moi, je savais que tu m'entends toujours » (Jean 11 : 42). C'est vers le Père qu'Il se tourne lorsque son âme est troublée, et aussitôt le Père lui répond (Jean 12 : 27-28). Et cette communion dont Il jouissait ici-bas était la part éternelle du « Fils unique qui est dans le sein du Père » (Jean 1 : 18). Dès l'éternité Il connaissait et partageait l'amour du Père, ses conseils merveilleux. Avec Lui, Il avait rassemblé le vent dans le creux de ses mains, serré les eaux dans un manteau, établi toutes les bornes de la terre (Prov. 30 : 4). Il était là, lorsque la décision divine fut prise : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance » (Gen. 1 : 26). Il était là aussi, lorsque, répondant à cette volonté divine qu'Il connaissait parfaitement, Il pouvait dire : « Voici je viens » (Héb. 10 : 7-10). Nous comprenons alors, devant la grandeur de sa Personne, combien est faible l'image pourtant si précieuse que nous avons en Abraham et Isaac : il n'y a pas de questions entre le Père et le Fils, mais une parfaite, absolue, éternelle unité de pensée et de sentiments.
            Isaac était aussi pour Abraham « son unique ». Sur lui, sur lui seul, reposait l'accomplissement de toutes les promesses faites à Abraham (Gen. 21 : 12) ! Combien plus cela est vrai de Christ, de Celui qui, dans le sein du Père, est « le Fils unique » (Jean 1 : 18). « En effet pour toutes les promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l'amen » (2 Cor. 1 : 20). Lorsque la méchanceté de l'homme et la rébellion du peuple de Dieu ont été manifestées, « il avait encore un unique fils bien-aimé ; il le leur envoya » (Marc 12 : 6). Dans ce monde où « il n'y a pas de juste, non pas même un seul ; il n'y a personne qui ait de l'intelligence, il n'y a personne qui recherche Dieu ; … il n'y en a aucun qui pratique la bonté, il n'y en a pas même un seul » (Rom. 3 : 10-12), Lui a été le juste (Matt. 27 : 24 ; Luc 23 : 47), Celui qui connaissait le Père et gardait sa parole (Jean 8 : 55) justement. Il a été le Serviteur parfait, attirant les âmes par sa bonté et par les paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Aussi est-ce entre ses mains que le Père a pu remettre toutes choses (Jean 13 : 3). C'est à Lui, à lui seul qu'Il a pu confier le soin de le glorifier à l'égard de toutes choses, et le Fils a pu dire : « Je t'ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'œuvre que tu m'as donnée à faire » (Jean 17 : 4).

            « Celui que tu aimes »… Nous savons que c'est la première mention de l'amour dans l'Ecriture ! Quels liens merveilleux que ceux qui unissent le Père et le Fils ! « Tu m'as aimé avant la fondation du monde » (Jean 17 : 24). Et, lorsqu'Il descend et vient dans ce monde qu'Il a formé, par deux fois le ciel s'ouvre, et le Père constate : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir » (Matt. 3 : 17 ; 17 : 5). Puis dans sa mort, dans l'offrande de Lui-même, ainsi que dans sa glorieuse résurrection, Il donne au Père ce nouveau motif d'amour : « à cause de ceci le Père m'aime, c'est que moi je laisse ma vie afin que je la reprenne » (Jean 10 : 17). Maintenant dans la gloire, nous Le voyons encore, et nous Le verrons éternellement comme « le Bien-aimé » (Eph. 1 : 6), « le Fils de son amour » (Col. 1 : 13).

            « Isaac »… N'oublions pas non plus ce que signifie ce nom : « rire », l'expression de la joie (Gen. 21 : 6). Le Fils bien-aimé du Père n'était-Il pas « toujours en joie devant lui », et aussi, dans une pleine communion avec ses pensées d'amour infini envers l'homme, sa créature, « se réjouissant en la partie habitable de sa terre » (Prov. 8 : 30-31) ? Si sa naissance dans ce monde est « un grand sujet de joie… pour tout le peuple » (Luc 2 : 10), quelle joie infinie pour le Père ! Mais le Fils est aussi Celui qui trouve sa joie parfaite en Dieu. Considérons par exemple Luc 10 : 21. Quelle satisfaction le Père dut éprouver lorsque, dans cette circonstance en elle-même profondément triste, Il pouvait constater combien le cœur de son Bien-aimé était rempli de Lui. Aussi, comment n'aurait-Il pas répondu à sa sûre confiance, en Le remplissant de joie dans la résurrection ? (Ps. 16 : 11 ; 17 : 15 ; 21 : 6).
            Combien nous entrons peu dans tout ce que le Fils est pour le Père ; et en même temps, de quelle façon pleine de douceur la Parole touche nos cœurs pour nous amener, un peu plus, à jouir de cette communion avec le Père au sujet de son Fils, qui est notre part précieuse. Dieu nous ouvre son cœur, et c'est le repos de nos âmes de réaliser qu'ayant été pleinement satisfait en Christ, Il peut maintenant nous bénir pleinement.

            L'attitude d'Isaac

            L'attitude d'Isaac dans ce passage nous fait aussi entrevoir quelques-unes des gloires de l'Agneau de Dieu.
            Isaac pose une question : « Où est l'agneau pour l'holocauste ? » Il avait compris que Dieu voulait un agneau, qu'un holocauste devait Lui être offert ; il n'avait pas d'hésitation quant à la victime qui convenait, et s'en entretenait avec son père.
           D'autre part, dans le chemin qu'il parcourt avec Abraham, Isaac est chargé du bois pour l'holocauste. « Le bois, produit du sol, est une image de la nature humaine, aussi bien la nature humaine du Seigneur Jésus que celle de tout autre homme » (H.L.H. – M.E. 1975 p. 305).
            Ces deux choses n'évoquent-elles pas pour nous, quoique de manière voilée, le témoignage que le Psaume 40 rend à la fois à la divinité et à l'humanité parfaites de Christ ? Certes, Lui connaissait la victime qui convenait à Dieu et, comme nous l'avons noté, Il n'avait pas besoin, Lui, de poser une question à cet égard. Il savait qu'au sacrifice et à l'offrande de gâteau Dieu n'avait pas pris plaisir, qu'Il n'avait pas demandé d'holocauste ni de sacrifice pour le péché. Quel autre que le Fils éternel pouvait ainsi connaître et déclarer ce qui était dans le cœur de Dieu, quel autre pouvait s'avancer ainsi : « Alors j'ai dit : Voici, je viens ; il est écrit de moi dans le rouleau du livre. C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir » ? Isaac savait qu'un agneau était nécessaire pour l'holocauste ; le Fils savait qu'Il était la Victime parfaite dont tous les sacrifices de l'ancienne alliance n'étaient qu'une préfiguration. Et Il est venu ; Abraham avait mis le bois de l'holocauste sur Isaac.  Dieu « creuse des oreilles », « forme un corps » à son Fils - corps dans lequel Il l'a glorifié dans sa vie et dans sa mort, dans lequel Il s'est offert à Dieu sans tache, et aussi, en grâce infinie, livré pour nous.

 

L'Agneau de la Pâque

            « Vous aurez un agneau… » (Ex. 12 : 5)

            Le chapitre 22 de la Genèse nous présentait, en figure, l'Agneau dont Dieu se pourvoirait au temps convenable, et en qui Il trouverait sa parfaite satisfaction, le fondement sur lequel Il pourrait bénir. Cet Agneau, c'est son Fils unique et bien-aimé, ses délices, sa joie de toute éternité.
            Mais si cette offrande est nécessaire, si elle constitue un parfum de bonne odeur, pur et sans mélange, une autre question se pose encore : Comment Dieu pourra-t-Il, sans se renier lui-même, amener à Lui et bénir l'homme qui ne mérite que le jugement ? La réponse, encore, est Christ, l'agneau divin : sa Personne, sa mort, son sang versé, sacrifice dont la foi se saisit.
            Les fils d'Israël méritaient tout autant que les Egyptiens, en un sens, le jugement décrété ; ils étaient des pécheurs comme les autres. Que pouvaient-ils faire, que pouvaient-ils apporter pour y échapper ? Dans le pays d'Egypte, figure du monde sur lequel le jugement est prononcé, Dieu va leur donner une ressource : « Vous prendrez chacun un agneau… vous aurez un agneau… » (Ex. 12 : 1, 3, 5). Quelle pensée que celle-ci : nous avons une ressource, nous avons un Agneau. Si misérables, si dépourvus de tout devant Dieu que nous soyons, nous voilà enrichis de la façon la plus merveilleuse. Au milieu de ce monde ruiné (10 : 7), Dieu lui-même place dans nos mains le moyen du salut. Comment cela est-il possible, sinon parce que Dieu l'a voulu, parce que Dieu a parlé, et parce que la foi a obéi ? « Et le peuple s'inclina, et ils se prosternèrent. Et les fils d'Israël s'en allèrent, et firent comme l'Eternel l'avait commandé à Moïse et à Aaron ; ils firent ainsi » (12 : 27-28).
            L'enseignement que l'Eternel donne à toute l'assemblée d'Israël suit un ordre bien remarquable :
                    - d'abord, le moyen du salut est accessible à tous ;
                    - ensuite, avant le jour où la Pâque doit être sacrifiée, chacun peut considérer la perfection de la victime ;
                    - enfin, l'agneau mis à mort est mangé ; chacun s'approprie, par la foi, la valeur du sacrifice.

            Accessible à tous

            Combien il était facile de se procurer la ressource de Dieu ! Dans un peuple de bergers, aucun chef de famille ne pouvait manquer d'un agneau ; au contraire même, c'est la maison qui pouvait être trop peu nombreuse (Ex. 12 : 4) ; la grâce de Dieu dépasse toujours nos besoins. L'Agneau de Dieu est-il difficile à trouver aujourd'hui ? Il est tout près de nous, du moins tout près des humbles, de ceux que le monde méprise, sans doute, comme les Egyptiens d'autrefois méprisaient les bergers, mais qui, poussés par la bonté de Dieu, prennent la place de la repentance et sont à ses yeux les saints et les excellents (Ps. 16 : 3).
            Il y avait un agneau par maison : Dieu désire que nous partagions ce que nous avons trouvé en Jésus. Mais ce partage n'est jamais au détriment de notre bénédiction personnelle : l'agneau était pris « selon le nombre des âmes… d'après ce que chacun peut manger » (v. 4). Chacun dans la maison, du plus grand au plus petit, en avait sa part, comme chacun aujourd'hui, dans la maison de la foi, abrité par le sang de Jésus, peut trouver en Lui sa portion et, père ou petit enfant, riche ou pauvre, est comblé de bénédiction.
            Mais qui est Celui que Dieu présente à la foi ?

            « Un agneau sans défaut, mâle, âgé d'un an »

            Il est, d'abord, « sans défaut », « parfait ». Nous sentons combien cela était nécessaire : Dieu a trouvé en Christ celui en qui tout répondait à sa propre perfection, aux exigences infinies de sa nature ; le don de Dieu devait être pleinement digne de Lui.
            C'était un agneau mâle qui devait être offert, et cela nous parle de force, d'énergie. Certes, des hommes violents ont mis la main sur Jésus, et « il a été amené comme un agneau à la boucherie, et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent » (Es. 53 : 7). Mais il n'en est pas moins vrai que, dans la pleine et parfaite connaissance de tout ce qui était devant Lui, de ce qu'était la coupe que le Père lui avait donnée et qu'Il avait acceptée de sa main, dans toute l'énergie de son amour pour le Père et pour les siens, Il s'est avancé lui-même : « Alors Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, s'avança… » (Jean 18 : 4).
            Cet agneau, enfin, devait être âgé d'un an. Cela encore évoque l'énergie de Celui qui s'est livré lui-même pour nous. Mais cela nous fait aussi réaliser que, dès avant le « premier des mois de l'année », le « commencement des mois » pour Israël (Ex. 12 : 2), l'agneau était déjà là. Sans doute, aucune révélation n'avait-elle été faite à ce sujet, alors que Dieu parlait au Pharaon par les jugements qui tombaient sur l'Egypte en épargnant les fils d'Israël. Mais l'agneau était là, et Dieu avait devant Lui le moment où Il pourrait le faire connaître à son peuple. Comment cela ne dirigerait-il pas nos pensées vers le vrai « Agneau sans défaut et sans tache, préconnu avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des temps pour nous qui, par lui, croyons en Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts et lui a donné la gloire » (1 Pier. 1 : 19-21) ? Dès avant la fondation du monde, Dieu connaissait son Agneau. Pendant tous les temps de la mise à l'épreuve de l'homme - temps aussi du support et de la patience de Dieu (Rom. 3 : 25) - Il a été caché en Dieu - jusqu'au jour où, cette épreuve ayant pleinement démontré que l'homme était sans force et sans ressource pour s'approcher de Dieu, Il a été manifesté pour nous.
            Il a fallu sa mort, son sang précieux, pour nous mettre à l'abri du jugement, et pour qu'enfin nous puissions être amenés à Dieu. Mais, avant que l'agneau soit égorgé, du dixième au quatorzième jour du mois, il fallait qu'il soit tenu en garde. Ces quatre jours n'évoquent-ils pas pour nous sa vie parfaite ici-bas, ou plutôt, les années de son incomparable ministère au milieu de nous, alors que, homme parmi les hommes, Il manifestait en toutes choses la perfection de sa Personne, laquelle est le gage et la mesure de la perfection de son œuvre, pour Dieu et pour nous ? « Le dixième jour, a écrit quelqu'un, correspondait à l'entrée de Christ dans son ministère public, lorsque Jean le Baptiseur le désigne, d'une façon si frappante, comme « l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1 : 29). Le ministère du Seigneur embrasse une période de trois années, c'est-à-dire deux années complètes, et deux autres incomplètes ; il s'étend donc sur quatre ans, selon la façon de compter des Juifs, et le moment de sa mort correspondrait alors au quatorzième jour. Mais pourquoi, demandera-t-on, le nombre dix est-il retenu pour mettre l'agneau en garde ? Peut-être parce que c'est le nombre de la responsabilité envers Dieu, comme pour nous enseigner qu'avant que notre précieux Seigneur soit publiquement reconnu comme l'Agneau de Dieu, Il avait fait face à toute responsabilité devant Dieu. Il avait ainsi été manifesté comme étant sans défaut, qualifié, en vertu de ce qu'Il était en lui-même, pour être un sacrifice pour le péché. « Il était l'Agneau de Dieu, et c'est une pensée bénie et consolante que cet agneau ait été donné par Dieu. L'homme n'aurait jamais pu connaître le sacrifice qui était acceptable » (E. Dennett).

            « Vous le mangerez ainsi »

            L'Eternel avait promis : « Je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous » (v. 13). C'est Dieu qui apprécie - Lui seul le peut - la valeur du sang de Christ, de sa vie donnée, de son sacrifice accompli. Il voit le sang, sa justice est satisfaite, le jugement ne peut atteindre celui qui est à l'abri de ce sang. C'est sur cela que notre paix est fondée, sur ce que Dieu lui-même a trouvé dans l'œuvre de Christ.
            Mais cette œuvre est pour nous, et Dieu veut aussi que, par la foi, nous réalisions quelque chose de ce que Christ a souffert pour nous, pour chacun de nous. L'agneau devait être mangé ; chacun de ceux qui étaient dans la maison, à l'abri du sang, en avait sa part. Ainsi chacun de nous, croyants, doit-il réaliser, pour la nourriture et l'affermissement de son âme, qu'il a une part personnelle dans le sacrifice du Seigneur.
            Il devait être mangé rôti au feu. Christ a connu toute la puissance du jugement du Dieu saint, jusqu'au plus profond de lui-même. Les pensées et la volonté de l'homme, sa conduite et sa marche, ses sentiments les plus profonds, tout est souillé, corrompu, marqué par le péché, et ne mérite que le jugement. Mais Christ a enduré ce jugement pour que nous en soyons délivrés à jamais, et en Lui tout a été trouvé parfait. Il a été sondé, visité de nuit ; dans les heures de la croix comme dans toute sa vie, ses pensées les plus intimes ont été sondées par Dieu, mais Il n'a « rien trouvé » qui ne soit irréprochable (Ps. 17 : 3). Chaque pas de son chemin, toute sa marche de la crèche à la croix, a parfaitement glorifié Dieu ; son cœur infiniment sensible a été brisé, mais pour manifester qu'Il n'était rempli que de la volonté de Dieu (Ps. 40 : 8).
            Si Dieu a trouvé en Lui cette offrande parfaite, nous sommes maintenant appelés à nous nourrir de Lui, à trouver en Lui l'aliment habituel de notre âme, et nous apprenons aussi, dans ce type, comment nous pouvons le faire. L'agneau rôti au feu, non pas à demi cuit ou cuit dans l'eau, nous rappelle que Christ s'est offert à Dieu et pour la gloire de Dieu. Il ne nous est pas permis d'affaiblir la portée de ces choses ; nous ne devons pas y mêler notre sentimentalité, notre pitié (Luc 23 : 27-28). En nous souvenant de son amour, nous ne pouvons oublier la grandeur du Seigneur, l'infinie perfection de son humanité ainsi que sa divinité ; nous ne pouvons oublier que s'Il a été crucifié en infirmité, sa croix est aussi sa victoire ! Les pains sans levain, les herbes amères, le jugement de nous-mêmes dans le sentiment que nos péchés ont rendu nécessaires les souffrances de Christ… ; les reins ceints pour le départ, le bâton à la main, la réalisation que le monde est sous le jugement et que le Seigneur est mort pour nous en retirer, voilà ce qui convient à nos cœurs lorsque nous nous souvenons qu'Il est mort pour nous.
            Mais Celui qui est mort, Dieu l'a ressuscité et Lui a donné la gloire. Dans cette certitude, nous pouvons placer en Dieu notre foi et notre espérance, alors que, « ayant purifié nos âmes par l'obéissance à la vérité », nous traversons ce monde et nous « célébrons la fête » des pains sans levain. Que Dieu nous accorde de toujours mieux saisir par la foi l'œuvre de notre Sauveur pour nous, afin de vivre davantage pour Lui !

 

P-Er. F - « Messager évangélique » 1991 p. 145-158

 

A suivre