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LE LIVRE DES JUGES  (17-18)

CHAPITRE 17
                        L’état du peuple de Dieu 
                        L’idolâtrie en Ephraïm
            CHAPITRE 18
                        Idolâtrie et violence de la tribu de Dan

 

CHAPITRE 17

 

La Parole complète l’histoire d’Israël au temps des Juges par deux tableaux :
                        - d’un côté, celui de la corruption religieuse et morale, dans les chapitres 17 à 21 du livre des Juges,
                        - de l’autre côté, celui de la grâce et de la foi, dans le livre de Ruth.

Le premier tableau est celui du péché de l’homme, qui abonde ; le second celui de la grâce de Dieu, qui surabonde (Rom. 5 : 20).

 

 L’état du peuple de Dieu

Dieu ne prend jamais à la légère les fautes des siens ; il les châtie selon sa justice et son amour envers eux. Mais son but final est de les bénir, dans la multitude de ses compassions (Deut. 8 : 16 ; Lam. 3 : 32). Il est bon de ne pas perdre ces vérités de vue, en abordant la méditation des récits qui nous dévoilent la profondeur de la misère et de la déchéance du peuple même de Dieu.

            • L’ordre historique

La fin du livre des Juges (ch. 17-21) ne suit pas l’ordre chronologique de l’histoire du peuple, ainsi qu’en témoignent trois faits particuliers :
                        – La conquête de Laïs par la tribu de Dan : cette tribu s’était emparée de Léshem (un autre nom de Laïs), au moment de la répartition du pays avec Josué (Jos. 19 : 47). Cet épisode est repris dans le livre des Juges (18 : 1).
                        – Kiriath-Jéarim et Mahané-Dan : à l’occasion de l’expédition de Dan, la ville située derrière Kiriath-Jéarim (peut-être confondue avec elle) reçoit son nom de Mahané-Dan, en souvenir des conquérants (18 : 12). Or, cette ville était un lieu déjà connu au temps de Samson (13 : 25).
                        – Phinées. Ce sacrificateur fidèle, fils d’Éléazar, petit-fils d’Aaron, avait connu la fin du désert (Nom. 25 : 7) et vivait au temps de Josué (Jos. 22 : 13). Or, il est présent dans l’affaire de Guibha (20 : 27-28). Dieu veut ainsi nous montrer que si le déclin du peuple a été graduel, les sources mêmes de la ruine étaient présentes depuis longtemps.

            • L’esprit d’indépendance

La longue période des Juges (au moins quatre cents ans) est caractérisée par deux expressions :
                        – « En ces jours-là, il n’y avait pas de roi en Israël » (18 : 1 ; 19 : 1) ;
                        – « En ces jours-là, il n’y avait pas de roi en Israël ; chacun faisait ce qui était bon à ses yeux » (17 : 6 ; 21 : 25).

Le temps n’est pas encore venu où Israël demande un roi à Samuel en rejetant l’Eternel (1 Sam. 8 : 5, 7). Mais le peuple est déjà lassé du gouvernement divin, qui le distinguait de toutes les autres nations.
            L’Eglise sur la terre est aussi différente de tout système humain. Si, comme Samson, elle livre son secret au monde, elle prouve qu’elle a abandonné sa relation avec Christ. Elle a perdu sa place de témoin.
            Dans la mesure où l’autorité de Dieu et de sa Parole est perdue de vue (ou même rejetée), chacun agit selon sa propre volonté : c’est là faire chacun ce qui est bon à ses yeux. Certains prétendent suivre les directions de leur conscience ; celle-ci est un juge, mais non un guide infaillible. Il est de toute importance de garder une conscience pure et délicate, devant Dieu et devant les hommes ; par elle, la lumière divine pénètre dans notre cœur, pour nous donner la connaissance du bien et du mal. Mais le seul guide de notre vie demeure la Parole de Dieu, révélée à nos âmes par le Saint Esprit.
            La liberté chrétienne individuelle (précieuse à sa place) n’exclut pas la responsabilité de chacun, comme membre du corps de Christ, d’agir pour maintenir l’unité de l’Esprit (Eph. 4 : 3). L’oubli de ces vérités, aussi simples qu’essentielles, a certainement contribué à la faiblesse et à la confusion actuelles.

 

L’idolâtrie en Ephraïm

Le peuple d’Israël était tombé collectivement dans l’idolâtrie, en servant les Baals et les Ashtoreths. Le récit de Michée et de sa mère (ch. 17) montre maintenant comment les maisons en Israël avaient été envahies et corrompues par cette gangrène idolâtre.
            Et l’idolâtrie, qui est un mensonge, s’associe naturellement à la violence, l’autre caractère de Satan, qui est menteur et meurtrier. Cet autre aspect du mal en Israël apparaît dans l’histoire de la tribu de Dan (ch. 18).

            • Michée et sa mère : v. 1-6

Michée, un homme de la montagne d’Ephraïm, vole à sa mère onze cents pièces d’argent (précisément le salaire payé à Delila pour vendre Samson aux Philistins).
            Lorsqu’il rend l’argent à sa mère, celle-ci oublie ses imprécations d’autrefois, et ose bénir son fils de la part de l’Eternel (v. 2).
            Mais la mère et le fils sont de connivence pour installer l’idolâtrie dans leur maison, contrairement aux ordonnances de la loi (Ex. 20 : 3-4). La « maison de dieux » (image taillée et image de fonte) fait l’objet d’une parodie de service sacerdotal (l’éphod et les théraphim), par le fils même de Michée, qui n’avait aucun droit au sacerdoce, réservée à la tribu de Lévi.
            Quelle abominable confusion, associée au nom du vrai Dieu ! Mais les chrétiens ne sont-ils pas coupables des mêmes déviations, lorsqu’ils introduisent des principes idolâtres (le culte des saints, par exemple) ou des éléments mondains (tout ce qui met en évidence les valeurs humaines) dans le domaine spirituel, pour rendre culte à Dieu ou prêcher l’évangile ?

            • Le Lévite de Juda : v. 7-13

Un Lévite de Bethléem, sans droit réel au sacerdoce, vient à passer, par la maison de Michée, à la recherche d’un lieu de séjour.
            Michée l’établit comme sacrificateur à la place de son fils (sans être qualifié pour le faire), l’entretient et lui donne un salaire (17 : 10). Les apparences sont sauvegardées ; mais tout ce système religieux était faux. Pourtant, Michée (comme sa mère auparavant) ose se réclamer de l’approbation divine : « Maintenant, je connais que l’Éternel me fera du bien » (v. 13).
            Cette déclaration montre la légèreté avec laquelle Michée traite l’Écriture, qu’il connaissait. Les sacrificateurs appartenaient à la tribu de Lévi, mais seule la famille d’Aaron avait été appelée au sacerdoce (Nom. 18 : 1-4). Coré, Dathan et Abiram, Lévites, ont péché en voulant exercer le sacerdoce (Nom. 16 : 9-10)  et ont péri sous le jugement divin.
            L’exemple de Michée et du lévite de Juda est aussi une figure d’anticipation de l’établissement du clergé dans l’Eglise du Seigneur. Gardons-nous de toute ingérence de l’homme, comme de toute organisation humaine dans les assemblées, pour laisser au Saint Esprit sa liberté d’action, qui ne peut s’exercer que dans l’obéissance à la Parole.

 

CHAPITRE 18

Idolâtrie et violence de la tribu de Dan

            • La tribu de Dan

Dans une même famille, les frères les plus proches par les liens du sang ont des destinées bien différentes. Nephthali, « la biche lâchée », parle de liberté et de bénédiction. Avec Dan, apparaît la source de l’apostasie, et le développement de la violence.
            L’énergie apparente du lion de Basan (Deut. 33 : 22) était en fait au service du mal : « le serpent sur le chemin et la vipère sur le sentier » (Gen. 49 : 17). La triste histoire de cette tribu confirme la prophétie de Jacob.

            • L’exploration du nord du pays : v. 1-10

Le récit du chapitre 18 nous ramène au temps de Josué (Jos. 19 : 40-48) et de la répartition du pays à Silo. La tribu de Dan va maintenant participer au système religieux idolâtre institué par Michée au chapitre précédent. On notera la facilité avec laquelle se propagent les erreurs, comme un levain qui fait lever la pâte tout entière (1 Cor. 5 : 6 ; Gal. 5 : 9).
            Dan, au temps des conquêtes, n’avait pas montré d’énergie pour subjuguer les Amoréens dans son héritage. Chassé de la vallée par ses ennemis, il avait trouvé refuge dans la montagne (1 : 34).
            Plutôt que de mettre de l’ordre dans la possession qui leur était déjà attribuée, les fils de Dan entreprennent d’acquérir, par des moyens condamnables, d’autres territoires situés à l’extrême nord du pays, aux confins de la Phénicie.
            Cinq hommes vaillants sont envoyés en exploration en direction du nord, image des lieux ténébreux et du jugement (Ecc. 11 : 3). Leur chemin les conduisant par la montagne d’Éphraïm, ils y rencontrent le Lévite dans la maison de Michée (v. 3-6).
            Etabli par des hommes dans un service religieux profané, ce lévite est mis à contribution pour contribuer au succès de l’opération des fils de Dan. Effectivement, Michée possédait un éphod, par lequel on interrogeait l’Eternel autrefois (1 Sam. 23 : 9 ; 30 : 7). Mais où était le Dieu vivant et vrai dans cette maison d’idoles, pour donner des directions à des gens faisant leur propre volonté ?
            Aujourd’hui, un clergé établi par les hommes et détourné de sa vraie source divine ne peut pas être l’oracle de Dieu pour son peuple.

            • La visite à Laïs : v. 7-10

Dépendant de Sidon, en Phénicie (l’actuel Liban), mais trop loin d’elle pour être protégée, la ville de Laïs était habitée par un peuple tranquille et confiant (v. 7, 27). C’était un lieu prospère, où rien ne manquait (v. 10), mais sans défense ; une proie facile pour des violents.

            • Les Danites ravissent le lévite et volent les idoles de Michée : v. 11-25

La tribu de Dan revient en armes, six cents hommes conduits par les cinq hommes qui avaient exploré le pays.
            Usant d’intimidation et de violence, ils volent les idoles de Michée et persuadent son lévite sacrificateur de se joindre à eux. Même le méchant tient à conserver un caractère religieux.
            Quant au lévite, lui, il est conduit par l’avarice et l’ambition ; heureux de cette promotion inespérée, il s’installe volontiers au milieu du peuple infidèle.
            La légitime colère de Michée n’a aucun effet sur des hommes plus forts que lui, et qui le menacent de mort (v. 25). Si Michée avait été réellement homme de foi, il n’aurait pas ressenti la perte de toutes ces choses, qui n’étaient que des mensonges dans sa main droite (Es. 44 : 20). Il restait encore l’essentiel à Israël en ce temps-là : la présence de Dieu et son tabernacle à Silo. Mais qui s’en préoccupait dans cette triste scène ?

            • La conquête de Laïs : v. 26-31

Cette ville tranquille est la proie de la violence aveugle des fils de Dan, au mépris des ordonnances de la Loi, qui stipulait que la paix devait être proposée à une ville avant de la détruire (Deut. 20 : 10-11).
            Il est remarquable de constater qu’au moment de la conquête du pays avec Josué, Laïs (Léshem) ne faisait pas partie du lot attribué à la tribu de Dan (Jos. 19 : 40-48). La prise de cette ville résulte de l’initiative de Dan, la seule tribu dont le territoire a été partagé.
            La tribu de Dan change ensuite le nom de Laïs pour lui donner le nom de Dan, leur père (v. 29). C’est l’esprit de Caïn (la violence et le meurtre), qui bâtit une ville en lui donnant le nom de son fils Hénoc (Gen. 4 : 17). Maintenant encore, le chemin de Caïn (Jude 11) entraîne la chrétienté vers l’apostasie finale.
            La violence conduit ensuite à la manifestation publique de l’idolâtrie parmi le peuple de Dieu : Jonathan, petit-fils de Moïse, est établi sacrificateur des faux-dieux, alors que la maison de Dieu était encore à Silo (v. 31).

            • L’idolâtrie et la ruine de la sacrificature

Cette corruption idolâtre s’est propagée sous les rois successifs en Israël, « jusqu’au jour de la captivité du pays » (v. 30). Dès le schisme entre Juda et Samarie, Jéroboam établit deux veaux (des idoles) à Béthel et à Dan (1 Rois 12 : 28-30). Le venin du serpent s’est ainsi propagé de Dan dans les autres tribus, jusqu’à ce que vienne l’Assyrien pour exercer le jugement annoncé par le prophète Amos sur « ceux qui jurent par le péché de Samarie, et qui disent : Dan, ton Dieu est vivant ! » (Amos 8 : 14). Et l’instrument initial de cette apostasie n’était rien moins que le petit-fils de Moïse, le législateur !
            De quoi nos cœurs naturels ne sont-ils pas capables ! Dan n’était-il pas un fils des patriarches qui avaient honoré le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob par leur foi ?

Le peuple d’Israël tombe donc dans l’idolâtrie, par le moyen du sacerdoce infidèle, mais l’un et l’autre sont conjointement et solidairement responsables aux yeux de Dieu :
                        « Et comme le peuple, ainsi sera le sacrificateur » (Osée 4 : 9).
                        « Et il en sera, comme du peuple, ainsi du sacrificateur » (Es. 24 : 2).
                        « N’y a-t-il point de baume en Galaad ? » (Jér. 8 : 22).

Avant de voir la lumière de la grâce de Dieu relever son pauvre peuple, il faut encore assister à la révélation de sa déchéance morale : c’est l’histoire de l’immoralité de Guibha, qui termine le livre des Juges (ch. 19-21).

 

D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 5)