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LE LIVRE DES JUGES  (15-16)

CHAPITRE 15
                        La victoire sur les Philistins
            CHAPITRE 16
                        Samson à Gaza et à Hébron : v. 1-3
                        Samson et Delila : v. 4-21
                        Le relèvement de Samson et sa fin

 

CHAPITRE 15

La victoire sur les Philistins

Dans son conflit personnel avec les Philistins, Samson rencontre maintenant un nouvel ennemi, le peuple d’Israël, ou au moins, la tribu de Juda.

            • Samson et les trois mille hommes de Juda : v. 9-11

Trois mille hommes de Juda descendent à la caverne d’Etam auprès de Samson pour prendre le parti des ennemis contre le sauveur d’Israël. On est loin des temps de Barak ou de Gédéon, où un peuple de franche volonté s’était joint aux juges pour les combats.
            C’est une chose douloureuse pour un chrétien fidèle d’être méprisé par le monde et rejeté par lui. Paul avait accepté de devenir comme les balayures du monde (1 Cor. 4 : 13), ce qui est tout autre chose que de considérer pour soi-même les choses du monde comme des ordures (Phil. 3 : 8). Mais avons-nous suffisamment pensé à la douleur de l’apôtre de se voir abandonné par la plupart des frères, à la fin de sa vie, au cours de ses deux captivités notamment (Phil. 2 : 20 ; 2 Tim. 4 : 16) ? L’exemple de Samson nous parle ici de cet aspect des souffrances du chrétien fidèle au milieu d’une chrétienté devenue infidèle. Malgré ses égarements, Samson gardait encore son caractère de nazaréen, alors que le peuple d’Israël l’avait complètement perdu.
            Dans les temps de ruine, la masse se retourne contre les témoins de Christ, en prenant le parti du monde. Les souffrances pour Christ de la part du monde sont échangées contre la tranquillité apparente sous l’esclavage du monde, dans la communion avec lui : « Ne sais-tu pas que les Philistins dominent sur nous ? Et que nous as-tu fait ? » (v. 11). C’est l’état moral le plus affligeant décrit dans le livre. Israël n’aspire même plus à être délivré de ses ennemis ; il s’associe aux Philistins contre Samson, le libérateur envoyé par Dieu, pour se débarrasser de lui !

            • Samson livré aux Philistins remporte la victoire : v. 12-16

Les hommes de Juda livrent donc Samson aux Philistins, lié de deux cordes neuves. Moralement, c’est ce que la chrétienté professante a fait : elle a réduit au silence les témoins de Dieu, elle a entravé la liberté du Saint Esprit, en abandonnant l’autorité de la Bible. Que le Seigneur nous donne au contraire d’écouter ce que son Esprit nous dit par sa Parole et par ses serviteurs !
            Toutefois, la force de Samson demeure : l’Esprit de Dieu le saisit (pour la quatrième et dernière fois dans son histoire) ; brisant ses liens, il se retourne contre les Philistins et remporte une très grande victoire. L’ampleur de celle-ci contraste avec le caractère dérisoire de l’arme employée.

            • La première prière de Samson et la réponse de Dieu : v. 17-19

Le lieu de la victoire (Ramath-Lékhi, la colline de la mâchoire) garde néanmoins le souvenir de cet instrument méprisable.
            Samson, saisi d’une soif ardente, adresse à Dieu une courte mais ardente requête (v. 18). C’est la première prière que l’Ecriture nous rapporte pendant la vie du juge. La seconde, au moment de sa mort, sera un appel à la vengeance (16 : 28). Dieu répond en fendant le rocher, d’où s’écoule l’eau qui sauve la vie de Samson. Le rocher est toujours un beau type de Christ ; et le rocher frappé évoque l’œuvre de la croix, source de la vie et de la bénédiction (Ex. 17 : 6 ; 1 Cor. 10 : 4 ; Jean 7 : 37). Après l’activité extérieure dans le combat, Samson fait donc intérieurement l’expérience de la fidélité de Dieu.
            Il en est ainsi dans la vie chrétienne. Les combats extérieurs ne rafraîchissent pas l’âme. La Parole de Dieu est l’épée de l’Esprit contre nos ennemis spirituels ; mais elle répond aussi parfaitement à la soif intérieure de nos âmes. Après les combats, si nous ne revenons pas immédiatement à Christ, la source des eaux vives, nous risquons de retomber entre les mains des incirconcis, c’est-à-dire de nos ennemis.

            • La fin de l’histoire générale de Samson : v. 20

C’est là que se termine l’histoire générale de Samson, au terme de ces vingt années où il avait jugé Israël (v. 20).
            Les Philistins dominaient sur Israël en ce temps-là. On ne voit pas de délivrances générales ou durables opérées par Dieu pour son peuple, comme dans les réveils antérieurs (Barak et Gédéon notamment). Aucune période de repos et de prospérité n’est signalée.
            La dernière phase du déclin du peuple est atteinte, avant son relèvement sous la royauté de David. Dieu ne s’est-il donc conservé aucun témoin pour lui ? Au contraire, la position du nazaréen, séparé du monde pour Dieu, est d’une importance spéciale. C’était la vraie mission de Samson, mis à part avant même sa naissance dans ce but. Malgré ses manquements, Dieu était avec lui dans sa carrière publique.
            Le couronnement de celle-ci est atteint lorsque Dieu accomplit le miracle du rocher fendu pour rafraîchir son serviteur, après sa victoire sur les ennemis.
            Mais, personnellement, Samson montre toutes les imperfections et l’abandon progressif d’un nazaréat confié à un homme faillible. Jérémie en parle : au commencement « ses nazaréens étaient plus purs que la neige » ; mais, à la fin, « leur figure est plus sombre que le noir, on ne les connaît pas dans les rues » (Lam. 4 : 7-8). Ce qui désolait le cœur du prophète ne devrait-il pas aussi toucher notre cœur ?
            Seul le Sauveur a été le vrai nazaréen pour Dieu : « séparé des hommes par sa parfaite communion avec son Père, et l’obéissance d’un Fils qui n’avait pas d’autre volonté que d’accomplir le bon plaisir de son Père », a écrit un de nos frères.
            Personne n’a jamais sondé la source de la puissance de l’homme Christ Jésus, ni percé le secret de sa nature. Incompris de tous, même de ses disciples, Il a été entièrement seul ici-bas (Ps. 69 : 8), mais le Père était avec Lui (Jean 16 : 32). Il n’a rencontré aucune sympathie pour ses souffrances (Ps. 69 : 20), mais Il n’a refusé aucune de ses consolations à ceux qui étaient dans la détresse. Après une rencontre avec Lui, jamais personne n’est reparti à vide. Le Seigneur Jésus demeure ainsi l’exemple parfait.

 

CHAPITRE 16

La suite du récit, présentée en appendice à la vie publique de Samson, montre maintenant la fin de sa vie personnelle, sa chute morale et la perte de son nazaréat ; puis son relèvement et sa mort, triste mais triomphante.


            Samson à Gaza et à Hébron : v. 1-3

La convoitise des yeux, lorsqu’elle n’est pas jugée, conduit à celle de la chair : le mal dans les pensées devient un mal dans les actes.
            Pourquoi descendre à Gaza, où s’assemblaient les princes des Philistins (v. 23) ? Et comment imaginer un nazaréen (mis à part pour Dieu) entrer là auprès d’une femme de mauvaise vie ? Quel abîme de mal habite le cœur naturel de l’homme, même croyant !
            Si Samson est venu à Gaza pour jouir fugitivement des délices du péché, Dieu l’y ramènera plus tard, sous Son gouvernement, comme un prisonnier aveugle et misérable, pour y terminer sa vie (v. 21).
            Toutefois, c’est là qu’il sera relevé par la grâce divine.
            Pourtant, la force de Dieu n’avait pas encore quitté Samson, et les projets de mort des Philistins n’ont pas d’effet sur lui. Au milieu de la nuit, il arrache les battants et les poteaux de la porte de la ville de Gaza, pour les porter sur une montagne en face de Hébron, le lieu figuré de la mort.
            Les portes de la forteresse qui nous tenait captifs sont placées comme trophées sur la montagne, en face du lieu de la mort (v. 3). C’est ce que Christ a fait à la croix. La mort, citadelle de Satan, n’a désormais plus de porte pour retenir les croyants : ils sont unis à un Sauveur ressuscité et glorifié sur la montagne qui est en face de la mort vaincue.
                    

Samson et Delila : v. 4-21

« Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie », et « Pèse le chemin de tes pieds » (Prov. 4 : 23, 26).
            Son âme n’étant plus nourrie des pensées divines, Samson donne maintenant son cœur et ses affections à une femme dans la vallée de Sorek, Delila, parmi les ennemis du peuple de Dieu. Pour eux, la grande force de Samson restait une énigme qu’ils allaient s’acharner à découvrir, afin d’anéantir celui qui les troublait.
            En aimant Delila, Samson méprisait Dieu, tout en lui appartenant. Il est impossible pour un croyant d’aimer en même temps Dieu et le monde : « Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres ; en effet, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre » (Luc 16 : 13).

            • Le secret de Samson : v. 4-6

Le partage d’un secret est le plus grand témoignage d’intimité entre deux personnes. Voilà ce qui liait l’âme de Samson à Dieu lui-même. En cédant aux instances d’une femme qu’il aimait d’un amour coupable, Samson livre son secret à ses ennemis, perd sa force et son caractère de nazaréen ; cet abandon met fin à son service pour Dieu et son peuple. Peut-on imaginer une folie plus grande que de prendre comme confidente la « fille d’un dieu étranger » (Mal. 2 : 11) ?

            • Les trois tentations de Delila : v. 7-16

Delila, agissant pour le compte des Philistins, et pour de l’argent (onze cents pièces d’argent : v. 5, 18), assaille Samson par trois fois pour obtenir sa confession, mais n’obtient que des réponses évasives et mensongères :
                        – Les sept cordelettes fraîches (v. 6-9) : c’était le souvenir des liens dont Dieu l’avait précédemment libéré quand les hommes de Juda l’avaient livré aux Philistins. Le simple rappel des victoires passées donne l’illusion de la force, sans l’entretenir.
                        – Les cordes neuves (v. 10-12) : Samson provoque maintenant ses ennemis, montrant qu’il se sentait plus fort qu’eux, sans savoir que sa force s’en allait.
                        – Les sept tresses de ses cheveux (v. 13-14) : tout en continuant à se moquer de Delila, il est dangereusement près de révéler la clef de son secret.

Le résultat pour Samson n’est que tourment et ennui jusqu’à la mort (v. 16). On ne peut manquer de souligner le contraste complet avec notre Sauveur au désert et à Gethsémané. Victorieux des séductions de Satan, Jésus, le parfait nazaréen, connaît l’angoisse de l’âme jusqu’à la mort par entière obéissance à la volonté de son Père (Matt. 26 : 38).

            • Le secret livré : v. 17-21

« Qui s’est endurci contre lui (Dieu) et a prospéré ? » (Job. 9 : 4).
            La dernière étape de la chute de ce pauvre juge est arrivée. Pourtant, il demeurait un précieux serviteur de Dieu.
            En se déclarant nazaréen à Delila, il ne mentionne que sa longue chevelure (source de sa force), en oubliant les deux autres commandements (l’abstinence de vin et la séparation de la souillure) : en fait, sa vie personnelle montrait bien qu’il n’avait gardé ni l’un, ni l’autre.
            Delila endort Samson sur ses genoux : c’est le sommeil de l’âme inconsciente du danger. Pour la quatrième fois, elle le provoque : « Les Philistins sont sur toi, Samson ! » (v. 9, 12, 14, 20). Mais Dieu et sa force s’étaient retirés du juge, et il ne le savait pas (v. 20). Rien n’est plus triste que ce juste jugement gouvernemental de Dieu qui s’exerce à l’égard des siens à leur insu même, car leur conscience s’est endurcie. Le solennel exemple personnel de Samson est complété par le cas collectif d’Ephraïm : « Des étrangers ont consumé sa force, et il ne le sait pas. Des cheveux gris sont aussi parsemés sur lui, et il ne le sait pas » (Os. 7 : 9).
            Que le Seigneur nous donne de garder une conscience délicate, à la fois dans notre marche personnelle et dans la vie des assemblées !
            Delila s’en va avec le salaire de sa trahison, en laissant un homme vaincu aux mains des Philistins. La dernière marche de ce long chemin descendant pour Samson est Gaza, le lieu fort des ennemis ; là, il est prisonnier, humilié, aveugle et exploité par ses ennemis (v. 21). Quelle terrible situation !
            Mais la justice et la miséricorde de Dieu ne pouvaient pas le laisser dans cet état.

 

Le relèvement de Samson et sa fin

L’histoire de Samson ne se termine pas sur une défaite. Au contraire, sa mort sera une éclatante victoire (v. 30). Mais quels tristes moyens pour la remporter !

            • Samson retrouve son nazaréat : v. 22

Certes, il est aveugle pour toujours : c’est ainsi que si l’Eglise du Seigneur donne ses affections au monde, elle perd la vue spirituelle des choses, sa véritable intelligence morale. Mais la force de Samson lui est à nouveau prêtée de la part de Dieu, lorsque ses cheveux recommencent à pousser (v. 22). Il retrouve son nazaréat, dans l’humiliation et le dur labeur de sa captivité.
            Là, au moins, Dieu le gardait des convoitises qui avaient ruiné sa vie antérieure :
                        – Aveugle, il ne pouvait plus céder à la convoitise des yeux ; le regard qui s’était porté sur la jeune fille de Thimna s’était éteint pour toujours.
                        – Les chaînes d’airain de Gaza le gardaient loin des lieux ténébreux de la convoitise de la chair.
                        – Le travail humiliant de la meule dans la maison des prisonniers lui épargnait l’orgueil de la vie.

Combien les voies du Seigneur envers nous sont justes et pleines de grâce, même lorsqu’elles nous paraissent sévères !

            • Le festin des Philistins et la mort glorieuse de Samson : v. 23-30

Dans l’intervalle, les Philistins se réjouissent de leur victoire sur Samson, et attribuent leur succès à Dagon, leur faux-dieu (v. 24). Ils appellent même Samson pour les distraire (v. 25).
            Alors Dieu se souvient de Sa gloire que les Philistins méprisaient et de Samson, son pauvre serviteur.
            Dieu ne pouvait tolérer le déshonneur jeté sur son nom par les ennemis du peuple. De même, au temps de Samuel, lorsque l’arche sera emmenée par les Philistins, pour être placée à côté de Dagon, la main de l’Eternel frappera les hommes d’Asdod pour les désoler (1 Sam. 5 : 2-3, 6).
            Placé contre les colonnes de la maison, en face des Philistins qui s’amusaient de lui, Samson adresse à Dieu sa seconde prière (v. 28), qui sera exaucée en puissance. Sa première prière, à la fin de son service public, était un appel à la puissance de la vie, exaucée en grâce par Dieu (15 : 18) ; sa seconde prière, au terme de sa vie, est un appel à la puissance de la mort.
            La position et la vie du chrétien sont bien différentes de celles de Samson. Toutefois, son exemple nous enseigne une vérité importante. La mort et la vie vont ensemble, et la déclaration de l’apôtre Paul aux Corinthiens permet d’en saisir la portée spirituelle : « Ainsi, la mort opère en nous, mais la vie en vous » (2 Cor. 4 : 12). Pour que la vie de Christ se déploie et soit vue dans le chrétien, il doit porter en lui la mort de Jésus.
            En apprenant pour lui le secret de la puissance de la mort sur ses ennemis, Samson avait atteint le terme de sa vie (peut-être son apogée) ; mais, à sa requête, il meurt avec les Philistins (v. 30).
            Sa famille l’enterre au lieu où il avait commencé son service (13 : 25). Dieu rédige lui-même son épitaphe : « Il avait jugé Israël vingt ans » (15 : 20 ; v. 31). Le service pour le Seigneur et les siens n’est jamais oublié, en dépit des tristes égarements des serviteurs.
            L’exemple de Samson reste pour nous un solennel avertissement à ne pas aimer le monde ni les choses qui s’y trouvent (1 Jean 2 : 15). La vigilance est de rigueur pour tout chrétien, tout au long de sa vie. Il faut toute la grâce et la puissance de Christ pour nous permettre de bien commencer, bien poursuivre et bien achever la course chrétienne. Qu’il nous les accorde à chacun !

            • La portée allégorique de la mort de Samson

La conclusion de l’histoire de Samson et de ses relations avec le monde est une révélation prophétique de celle de l’Eglise et du peuple juif aux temps de la fin.
            Comme Samson, l’Eglise - dès les temps de Pergame (Apoc. 2 : 12-13) - est allée dans le monde, qui l’a corrompue, en portant ainsi atteinte aux droits de Dieu. Au moment où le monde semblera triompher, le jugement inexorable de Dieu détruira dans une ruine commune l’Eglise professante apostate et le monde politique avec toute sa gloire. Auparavant, toutefois, Christ aura recueilli les siens auprès de lui dans la gloire de son ciel.
            La portée de cet enseignement prophétique s’étend aussi au peuple d’Israël. Les Juifs apostats, conduits par l’Antichrist, établiront des relations coupables avec les nations (l’empire romain en particulier), qui conduiront les uns et les autres à la destruction, tandis que le résidu fidèle est épargné.

            • Conclusion

Barak avait emmené captifs ses ennemis ; Samson est maintenant vaincu par les Philistins pour finalement tomber entre leurs mains. Le cantique de la délivrance de Débora est remplacé par la plainte de Samson en prison et dans les liens, qui implore pour sa vengeance. Quel changement !
            Seule, la miséricorde de Dieu demeure éternellement.

 

D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 5)