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LES EPITRES DE JEAN (7)

 

Première épître de Jean : La vie divine et ses preuves (suite)

Christ a ôté nos péchés (3 : 4-6)

            – v. 4 : « Pratiquer le péché », c’est faire habituellement ce que Dieu déclare être mal (le temps du verbe grec « pratiquer » indique une continuité dans l’action). C’est en fait, dit l’apôtre, pratiquer l’iniquité, en agissant de manière égocentrique, sans loi, ni frein. Ici, l’iniquité exprime l’indépendance de celui qui ne se soumet à aucune règle et qui ne fait que sa propre volonté. Il est important, pour une vie sainte, d’avoir pris conscience de ce qu’est vraiment le péché, sans chercher à l’excuser. Mes fautes ne sont pas des peccadilles, ni des faiblesses de tempérament. Non, le péché est quelque chose de profond en moi qui touche à ma volonté et contient donc le germe d’une rébellion contre Dieu. « Quand j’ai compris », a-t-on dit, « que ma volonté indépendante est l’iniquité même, j’en viens à laisser bien des choses que je ne pensais pas mauvaises ».

            – v. 5 : Heureusement, Christ est venu pour ôter nos péchés. « Il a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes » (1 Pier. 3 : 18). Lui, l’Agneau de Dieu, saint et pur, a pris sur lui nos péchés, durant les trois heures d’abandon de la croix. Pourrions-nous l’oublier ? Jean souligne nettement la nature sainte et pure du Seigneur Jésus (2 : 29 ; 3 : 3, 7). Comparer aussi 2 Cor. 5 : 21 ; Héb. 7 : 26 ; 1 Pier. 1 : 19 ; 2 : 22.

            – v. 5b-6 : Le Seigneur a enlevé nos péchés et Il est maintenant lui-même une demeure où le péché n’est plus. Aussi quiconque habite en Lui ne pèche pas. Christ est vu ici comme l’homme monté au ciel, étranger à tout le domaine du péché (Jean 17 : 9) et en qui le croyant demeure. C’est notre nouveau statut de chrétien, nous demeurons en Christ qui est sans péché. Pour cette raison, nous ne péchons pas. Dans la langue originale, le temps du verbe « pécher » est au présent, ce qui marque l’habitude, la continuité, une succession ininterrompue. Certes, il arrive au croyant de pécher (1 Jean 1 : 10), mais l’opposition au péché est le principe dominant de sa vie caractérisée par la nature divine en lui. Telle est notre caractéristique, notre propriété fondamentale quant au péché. Donnons une illustration : une pièce en acier est dite galvanisée si elle est recouverte d’une couche de zinc. Comme le zinc ne rouille pas, la caractéristique d’une telle pièce est de ne pas rouiller. Si cette pièce subit certains coups, il peut lui arriver d’avoir quelques pointes de rouille. Mais cela n’enlève pas sa propriété de base. Pratiquer le péché et prétendre en même temps être en relation avec Christ est totalement incohérent. Dans la vie quotidienne, celui qui est en communion avec Christ ne pèche pas.
            En revanche, si quelqu’un pèche, cela montre qu’il ne demeure pas en Christ, qu’il ne l’a jamais discerné par la foi (3 Jean 11). Il n’est pas né de nouveau.

 

Christ a détruit les œuvres du diable (3 : 7-10)

Avec force, l’apôtre dénonce les séducteurs qui ont le diable comme chef de famille. Il désire ainsi que nous ne nous laissions pas égarer dans notre jugement. Au-delà des paroles, notre identité est prouvée par nos actes. Si notre marche manifeste la justice, c’est que nous sommes du Seigneur, nous avons la même nature que Lui, nous sommes justes comme Lui est juste.

            – v. 8 : Celui qui vit dans le péché montre clairement qu’il est de la famille du diable dont la caractéristique est le péché (Jean 8 : 44). Dans ce verset 8, « le commencement » désigne sans doute le moment de la rébellion orgueilleuse de Satan. Mais, loué soit Dieu, le Fils de Dieu lui-même est venu pour détruire les œuvres du diable. Telle est sa mission de Rédempteur. Durant sa vie ici-bas, Jésus a lié l’homme fort et a pillé ses biens (Matt. 12 : 29). Par sa mort, Il l’a rendu impuissant (Héb. 2 : 14 ; Luc 11 : 22). Le chrétien ne peut donc pas pactiser avec le péché, sinon il se mettrait du côté de Satan.

            – v. 9 : « Quiconque est né de Dieu… ne peut pas pécher ». Ce verset peut troubler celui qui n’en saisit pas le sens. L’apôtre ne dit pas que le chrétien ne peut plus commettre de péché, ce qui contredirait son enseignement (1 : 8 ; 3 : 3). Il montre que le croyant ne pratique pas le péché, qu’il ne reste pas dans un état de péché, parce qu’il a en lui la nature divine (2 Pier. 1 : 4). Parce qu’il est né de Dieu, le croyant ne peut pas pécher. L’apôtre ne dit pas seulement que la nature divine du croyant ne peut pas pécher, mais que le croyant lui-même ne peut pas pécher. Il identifie complètement le croyant à la nature que Dieu lui a donnée. Notre caractéristique de base est donc de ne pas pouvoir pécher. Reprenons notre illustration : nous pouvons dire qu’une pièce en acier galvanisée ne peut pas rouiller parce qu’elle est recouverte d’une couche de zinc qui ne rouille pas. Mais cela n’exclut pas quelques pointes de rouille si elle a des accrocs.

            – v. 10 : Tout homme se comporte en fonction de la nature qu’il possède. Un non-croyant manifeste sa nature, la vie en Adam, celle de l’homme déchu assujetti à la puissance du diable. Le croyant, né de nouveau, uni à Christ, participe à la vie de Dieu, et possède ainsi une nouvelle nature qui ne peut pas pécher. Toutefois, il garde encore en lui la chair, la nature mauvaise qu’il a reçue en entrant dans le monde. Il doit la tenir dans la mort, étant crucifié avec Christ (Gal. 2 : 20). De plus, par l’Esprit, il doit rejeter toutes ses manifestations (Rom. 8 : 13 ; Col. 3 : 8-9) et marcher selon la nouvelle nature qu’il a reçue de Dieu, et dont les preuves caractéristiques sont la justice pratique et l’amour des frères.
            Finalement, il n’y a que deux groupes d’hommes : les enfants de Dieu, et les enfants du diable. Ce sont leurs actes qui les distinguent, en particulier le mal affirmé et manifesté chez ceux qui ne sont pas croyants. Celui qui ne pratique pas la justice, celui qui n’aime pas son frère, n’est pas de Dieu.
 

Manifester l’amour mutuel (3 : 11-18)

            – v. 11 : Dès le début de leur vie chrétienne, tous les chrétiens ont entendu le message impératif de s’aimer l’un l’autre. Un tel message est un commandement précis du Seigneur (Jean 13 : 34 ; 15 : 12). Il découle de sa vie de dévouement jusqu’au sacrifice. C’est toujours là que nous avons à revenir.
 

                        • Haine et meurtre (v. 12-15)

Avant de parler de l’amour, Jean explique d’abord ce qu’il n’est pas. Fondamentalement, l’amour selon Dieu ne peut venir de la nature humaine déchue qui est du domaine du diable. Caïn était du méchant, et il tua son frère (Gen. 4 : 8). La raison de son meurtre était la jalousie rancunière. Non pas la forme de jalousie qui convoite les biens d’un autre, mais celle qui est excitée par la justice de l’autre, cette justice à laquelle Caïn était étranger car elle était la conséquence de la foi d’Abel. Cette même envie a conduit les sacrificateurs à réclamer la mort de Jésus. Jalousie, haine, meurtre, quel enchaînement terrible !
            Jean met donc en opposition le comportement de Caïn et l’amour entre frères. Un tel contraste nous heurte-t-il ? Ne pensons pas qu’il y ait trois possibilités : l’amour, la haine et une indifférence neutre entre les deux (Matt. 12 : 30). La vie de Christ dans les siens ne peut pas être neutre, elle aime positivement ce qui est de Dieu. A côté de cet amour divin pour ce qui est de Dieu, il existe aussi pour ceux qui n’ont pas la vie un « amour » qui se rapproche de la philanthropie, comme on le voit en Tite 3 : 4 où le terme « amour » signifie littéralement « philanthropie ».
            Celui qui n’aime pas son frère qui porte le nom de chrétien se retrouve dans le camp des enfants du diable. Combien cela est sérieux !
            Il n’y a donc pas à s’étonner si le monde hait les croyants. Le méchant continue à traiter les justes comme Caïn a traité Abel. Jésus a bien averti ses disciples sur ce point (Jean 15 : 18-19, 25 ; 16 : 2 ; 17 : 14). Par sa haine, le monde prouve sa véritable condition spirituelle qui est la mort, l’absence de relations avec Dieu. La haine à l’égard des chrétiens dévoile une haine à l’égard de Christ.

            – v. 14-15 : Lorsque nous rencontrons un enfant de Dieu qui jusque-là nous était inconnu, notre amour est aussitôt réciproque. Nous avons en commun la même vie, la même personne aimée : Christ. Et nous aspirons à la communion chrétienne. Cet amour pratique nous affermit dans la conviction que nous sommes passés de la mort à la vie. Nous savons que nous sommes sauvés en croyant la Parole, mais ensuite nous sommes confirmés dans cette assurance en constatant que la vie de Christ agit en nous. L’amour prouve la vie, comme il prouve aussi que nous sommes dans la lumière (2 : 10).
            A l’inverse, celui qui n’aime pas son frère demeure dans la mort. Haïr, c’est déjà être meurtrier, sans pourtant avoir nécessairement commis un crime. Certes, la haine en pensée doit être distinguée de l’acte (Jean 1 : 15), mais dans sa nature morale, elle est un meurtre. Fait solennel, un chrétien pourrait commettre un meurtre (1 Pier. 4 : 15). Toutefois, ce verset 15 concerne d’abord celui qui est caractérisé par la haine et n’a pas la vie éternelle en lui. Bien qu’il se trouve au milieu des chrétiens, qu’il les appelle ses frères, il est étranger à la vie de Dieu. On ne peut écarter l’application de ce verset à un croyant qui nourrirait des pensées de haine contre son frère. Assurément, la vie éternelle ne demeurerait pas en lui, dans le sens où elle ne serait pas vécue en lui.
 

                        • Amour et don de soi (v. 16-18)

            – v. 16 : En contraste absolu avec la haine, bien loin de l’esprit de meurtre, l’amour chrétien consiste à donner sa vie pour d’autres, au lieu de la leur ôter. Il a été magnifié en Jésus Christ qui a donné sa vie pour nous. Avec un tel modèle, les chrétiens devraient laisser leur vie pour leurs frères. Laisser sa vie signifie la perdre librement : perdre ses droits, son temps, ses forces, sa liberté et même sa propre vie physique, comme le Seigneur l’a fait et tant de martyrs après Lui.

            – v. 17 : Peut-être n’aurons-nous pas l’occasion de mourir pour nos frères, mais nous avons sûrement à partager nos biens avec ceux qui sont dans la pauvreté et à leur manifester un intérêt réel. Connaissons-nous cet empressement à abandonner ce qui a de la valeur pour nous, afin d’enrichir autrui ? Cet amour concret, précis, est pour les frères et sœurs que nous côtoyons.

            – v. 18 : Jean s’associe à ses lecteurs pour les exhorter – et nous à travers eux – à ne pas se contenter d’un amour en paroles mais à vivre un amour actif et sincère. Les actes parlent plus fort que les mots. La vérité et la droiture valent mieux que les plus belles déclarations facilement hypocrites (Rom. 12 : 9) ou flatteuses.
            Dans ce paragraphe, tout est clarifié. D’un côté, la haine, qui provient du diable et caractérise le monde, est la preuve de la mort spirituelle. De l’autre côté, l’amour, qui a été magnifié par le Seigneur Jésus, provient de Dieu et conduit le croyant à donner sa vie par amour.

 

 L’assurance du cœur ou sa condamnation (3 : 19-24)

            – v. 19 : Si nous aimons en action et en vérité, il est clair que nous sommes de la vérité et nous avons l’assurance paisible de ne pas être hypocrites. Cet amour pratique pour nos frères, qui se traduit en œuvres, nous affermit dans la conviction que nous sommes de la vérité (v. 14). Mais les œuvres ne sont pas la source de la foi. Aussi ne pouvons-nous pas établir sur elles nos convictions. Si nous regardons à nous-mêmes pour analyser la réalité de notre amour pour nos frères, nous ne manquerons pas d’être troublés, un jour ou l’autre, et de nous poser la question : « Sommes-nous vraiment dans la vérité ? ». Pour éviter cette impasse, l’apôtre nous montre que nous devons fonder nos convictions et notre assurance sur Dieu, par sa Parole, et non sur l’état de notre cœur.
 

                        • Si notre cœur nous condamne (v. 20)

« Hélas, le fruit de l’amour fait souvent défaut chez moi ». Cette pensée ne monte-t-elle pas en chacun de nous ? L’apôtre nous donne la réponse : Dieu est plus grand que notre cœur. C’est un fait solennel et en même temps heureux. Nous éloigner de Dieu lorsque notre conscience nous condamne serait de la folie. Dans ces versets, « le cœur » correspond à la partie la plus profonde de notre être qui entretient un dialogue intime avec nous-mêmes. C’est pratiquement la voix de la conscience. Dieu, notre refuge, connaît seul les raisons profondes de nos chutes, Il sait aussi comment nous relever. Il est parfaitement au courant de tout ce qui charge notre conscience. Tant que le mal que nous pouvons avoir commis n’est pas confessé, nous ne pouvons pas jouir de la communion avec Dieu, nous n’avons pas d’assurance envers Lui.
            Mais aussi, tant que nous n’abandonnons pas au Seigneur tous les scrupules négatifs et toutes les hésitations qui nous attristent, nous ne pouvons jouir pleinement de sa grâce (Jean 21 : 17). Si notre conscience, sous l’action du Saint Esprit, nous montre un péché précis, appelons ce péché par son nom et plaçons-le, avec humilité, sous l’efficacité du sang de Christ. Ce serait déshonorer l’œuvre de Christ que de continuer à nous tourmenter pour un péché déjà couvert. Ainsi, cette connaissance parfaite que Dieu a de notre état nous humilie et nous tourne vers Lui. Nous pouvons nous confier en sa sagesse et en son amour. Là est la source de notre rétablissement spirituel et le secours pour vivre à la gloire de Dieu chaque jour.
 

                        • Si notre cœur ne nous condamne pas (v. 21-23)

Lorsque rien ne charge notre conscience, et que notre foi s’appuie fermement sur la Parole, nous pouvons jouir d’une confiance sereine et hardie en Dieu. Nous sommes libres devant Lui, en particulier libres de Lui exprimer tous nos besoins. Et Dieu répond. S’agit-il de direction pour notre vie, de force pour éviter tel ou tel piège, du soutien dans l’épreuve ? Nous demandons et recevons de la part de Celui dont la puissance est aussi grande que son amour, et dont l’oreille est toujours ouverte aux supplications de ses enfants. Nos demandes peuvent être très vastes, Dieu répond parce que nous gardons ses commandements et que notre conscience est à l’aise devant Lui (Ps. 119 : 32). Cette promesse d’exaucement est liée à la pratique du bien selon Dieu et présume que nos requêtes sont faites dans la soumission à Dieu (5 : 14-15).

            – v. 23 : Les commandements de Dieu se condensent en un seul : la foi en son Fils Jésus Christ et l’amour mutuel (Jean 13 : 34-35). Cette union de la foi et de l’amour est le signe d’une véritable conversion (Col. 1 : 4).
 

                        • Demeurer en Lui et Lui en nous (v. 24)

De tous les apôtres, Jean est celui qui parle le plus des commandements divins. Il le fait alors que les autres apôtres n’étaient déjà plus là, et que la tendance à tourner la grâce en débauche (Jude 4) s’était bien aggravée. Et que dire aujourd’hui ? Ces commandements ne sont pas légaux, ils ne sont pas donnés pour nous rendre justes devant Dieu, mais ils gardent leur autorité sur nos cœurs et sur nos consciences. Jean nous a exhortés à demeurer dans le Seigneur (2 : 6, 24, 28 ; 3 : 6), gardant sa Parole. Maintenant, il précise le fait merveilleux qui s’y rattache : Dieu demeure en nous. Nous demeurons en Lui, étant en communion avec Lui, et Il demeure en nous quant au témoignage (Jean 6 : 56 ; 15 : 3-4). Cette demeure est une réalité pour nous, comme elle l’était en divine perfection pour le Seigneur sur la terre (Jean 14 : 10-11, 20). Quelle bénédiction ! Pouvons-nous désirer quelque chose de plus grand ? Ce n’est pas une expérience mystique, mais le résultat réel de la foi au Fils de Dieu, et d’une vie conséquente d’obéissance et d’amour.
            Par l’Esprit, conclut l’apôtre, nous savons que Christ demeure en nous. Notre assurance ne vient donc pas de nous, elle nous est donnée par une action divine en nous. Le Saint Esprit rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rom. 8 : 16). Il atteste que Dieu est en nous. Louons-nous Dieu pour le don de son Esprit ?

 

D’après  « Sondez les Ecritures » (vol. 14)