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« Jésus pleura »

 
 Lire : Jean 11
 
 Jésus à Béthanie, devant le tombeau de Lazare
 Les larmes du Seigneur

            Les larmes de Jésus montrent combien son amour est merveilleux envers sa créature tombée si profondément dans le péché. Elles nous touchent parce qu’elles mettent en évidence le cœur humain du Sauveur.

Jésus à Béthanie, devant le tombeau de Lazare

            En proie à un grand souci concernant leur frère, Marie et Marthe envoient dire à Jésus, leur seul recours : « Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade » (Jean 11 : 3). « Or Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare » (v. 5). Pourtant, malgré l’attente de ces cœurs affligés, le Seigneur demeure encore deux jours au lieu où Il était. Il avait dit à ses disciples, en recevant le message des deux sœurs : « Cette maladie n’est pas pour la mort, mais en vue de la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle » (v. 4).
            Cependant, la maladie suit son cours et se termine par la mort. Jésus, dans son omniscience, l’annonce à ses disciples : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais pour le réveiller » (v. 11). En fait, à son arrivée, le mort aura déjà passé quatre jours dans le tombeau (v. 17).
            Les disciples tremblent à l’idée de suivre Jésus là où, tout récemment, on voulait le lapider. Mais les dangers auxquels Il s’expose ne le détournent pas de son chemin et Il se met en route. Lorsque Marthe entend dire qu’Il vient, elle va à sa rencontre, tandis que Marie reste assise dans la maison. Le Seigneur réconforte Marthe en lui disant : « Ton frère ressuscitera » (v. 24). Et pour éclairer une foi judaïque encore ignorante, Il lui présente sa merveilleuse Personne : « Moi, je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra pas, à jamais » (v. 25, 26). Puis Il demande à Marthe : « Crois-tu cela ? ». Elle lui répond : « Oui, Seigneur, moi je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu qui vient dans le monde » (v. 27). Sans doute ne saisit-elle pas toute la portée des paroles du Seigneur, mais elle Lui fait entièrement confiance. Ici sa foi est remarquable !

            Alors, humblement, estimant sa sœur plus qualifiée pour un tel entretien, Marthe appelle secrètement Marie et lui dit que Jésus désire la voir. Aussitôt celle-ci accourt, suivie par les Juifs venus la consoler. Ils pensent qu’elle se rend au tombeau pour y pleurer. Dans son désarroi, après s’être jetée aux pieds de Jésus, Marie lui dit également : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort » (v. 32). A ce moment-là, elle ne montre pas plus de connaissance que Marthe ; elle regarde en arrière, comme le font beaucoup de personnes dans le deuil.
            La douleur se lit sur les visages dans toute l’assistance, et leurs lamentations se font entendre. Aussi Jésus, « quand il la vit pleurer, et les Juifs qui étaient venus avec elle pleurer, il frémit en son esprit et se troubla » (v. 33). Le mot frémir exprime ici la peine profonde, mêlée d’indignation, produite dans l’âme du Seigneur à la vue du pouvoir de la mort sur l’esprit de l’homme (note de la Bible, version JND). La mort n’avait aucun droit sur Lui, l’homme parfait, mais Il ressent douloureusement la situation tragique engendrée par le péché de l’homme. Il était venu pour s’en charger et supporter le jugement de Dieu à la place des coupables. C’est ce qui a eu lieu à la croix.
            « Où l’avez-vous mis ? », demande Jésus. Ils lui disent : « Seigneur, viens et vois » (v. 33-34). Etreint dans son cœur, le Seigneur se rend au tombeau.  On trouve alors dans le récit de l’évangile ces mots si courts, si bouleversants : « Jésus pleura » (v. 35).Il joint ses larmes silencieuses aux leurs. Il est encore Celui qui pleure avec ceux qui pleurent. Les larmes sont l’expression de sentiments profonds, que des paroles même ne peuvent pas traduire.
            Si Marthe et Marie ont peut-être un instant mis en doute l’amour de Jésus et sa sympathie pour leur douleur, combien ses larmes et ses soupirs les ont reprises dans leur cœur ! C’est comme étant « la résurrection et la vie » que Jésus se rend à la tombe de son ami, et pourtant sur le chemin, Il pleure. Quelle sympathie !
            C’est dans le deuil que nous avons le plus grand besoin des consolations du « Dieu de toute consolation, qui nous console à l’égard de toute notre affliction » (2 Cor. 1 : 3-4). La mort peut faire monter dans le cœur maintes questions, mais la présence de Jésus apporte la vie et la paix.
            Les larmes de Jésus mettent en évidence sa parfaite humanité. Or Il est toujours le Même. S’Il est maintenant à la droite du Père, Il reste profondément touché par nos infirmités et sympathise toujours autant à nos larmes (Héb. 4 : 15). Ah ! si seulement les multitudes affligées qui enterrent leurs bien-aimés savaient que, dans une semblable circonstance, « Jésus pleura » !

                 A qui donc irions-nous ? Ta voix pleine de charmes
                 Nous dit : Ne craignez pas ; confiez-vous en moi !
                 Tu consoles nos cœurs et tu taris nos larmes :
                 A qui donc irions-nous, si ce n’était à Toi ?

            Jésus savait parfaitement ce qu’Il allait faire. Dans sa toute-puissance, le Fils de Dieu allait ressusciter Lazare. Mais Il est saisi de douleur et pleure avec les siens : quelle autre sympathie pourrait être comparée à la sienne ?
            Les Juifs dirent alors : « Voyez comme il l’aimait ! » (v. 36). Ils interprètent ses larmes comme le signe d’une ardente affection. Certains d’entre eux disent cependant : « Celui-ci, qui a ouvert les yeux de l’aveugle, n’aurait-il pas pu faire aussi que cet homme ne meure pas ? » (v. 37). Ils pouvaient comprendre une guérison, mais il n’y avait pas, à leurs yeux, de remède à la mort.
            Elle est terrible ; elle domine sur l’homme qui s’angoisse, se révolte, mais reste impuissant devant elle. Or Jésus, non seulement sympathise et console, mais ressuscite. Il domine sur la mort.
            « Jésus, frémissant encore en lui-même, arrive au tombeau (c’était une grotte, et une pierre était placée à l’entrée) » (v. 38). Le vainqueur de la mort est là, mais pour que la gloire de Dieu éclate devant la foule qui sera témoin de cette résurrection, il fallait encore que l’état de corruption de Lazare soit dûment constaté (v. 39). Il convenait aussi que le Seigneur montre, dans une action de grâce, que Sa puissance venait du Père qui l’avait envoyé (v. 41-42). Et alors, son cri de commandement « Lazare, viens ici, dehors ! » fait sortir du tombeau le mort, les pieds et les mains encore liés de bandelettes, et le visage enveloppé d’un suaire (v. 43-44). Quel saisissement pour tous les assistants !
            Le Seigneur avait dit à Marthe : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » (v. 40).

 
Les larmes du Seigneur
 
                        Dans l’Ancien Testament
 
            Joseph est un type remarquable de christ, et ses larmes nous font penser à celles d’un plus grand que Lui. Il en a versé lorsque ses frères sont descendus en Egypte et qu’il a agi de façon à produire un travail d’humiliation dans leur coeur (Gen. 42 : 24, 43 : 30, 45 : 14-15, 50 : 1, 17…).
            Les Psaumes parlent souvent des souffrances de Christ et des gloires qui suivraient (1 Pier. 1 : 11). Citons ici trois passages qui s’appliquent de façon évidente au Seigneur.
            « Le zèle de ta maison m’a dévoré, et les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi. Et j’ai pleuré, et mon âme était dans le jeûne ; et cela m’a été en opprobre » (Ps. 69 : 9-10). Ses larmes sont là en relation avec la maison de Dieu. Quant Jésus a vu la maison de son Père profanée, son zèle pour elle s’est accompagné d’une profonde douleur. Cependant, devant l’expression de sa tristesse, ses ennemis ont répondu par le mépris et les railleries.

            « Ceux qui sont furieux contre moi jurent par moi. Car j’ai mangé la cendre comme du pain, et j’ai mêlé de pleurs mon breuvage » (Ps. 102 : 8-9). Ces versets évoquent les souffrances de l’Homme de douleur - rejeté, solitaire, considéré comme châtié par Dieu.

            « Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chant de joie. Il va en pleurant, portant la semence qu’Il répand ; il revient avec chant de joie, portant ses gerbes » (Ps. 126 : 5-6). Ce Psaume considère les larmes du Seigneur durant son service. La semence qu’Il répand en pleurant, c’est la Parole de Dieu qu’Il a annoncée et pour laquelle Il a souffert la contradiction de la part de ceux qui rejetaient son message. Mais le Seigneur, en donnant sa vie, a été le grain de blé qui meurt et porte beaucoup de fruit (Jean 12 : 24).
 

                        Dans d’autres scènes des Evangiles

            Arrêtons-nous un instant sur les larmes que le Seigneur a versées au moment d’entrer à Jérusalem, la ville du grand Roi (Ps. 48 : 2 ; Matt. 5 : 35), où il allait donner sa vie.
            « Quand il (Jésus) fut tout près, voyant la ville, il pleura sur elle en disant : Si tu avais connu, toi aussi, au moins en cette journée - la tienne - ce qui t’apporterait la paix ! mais maintenant, cela est resté caché à tes yeux. Car des jours viendront sur toi où tes ennemis t’entoureront de tranchées… et t’écraseront jusqu’en terre, toi et tes enfants au-dedans de toi ; et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as point connu le temps où tu as été visitée » (Luc 19 : 41-44).  Jérusalem, encore appelée « la sainte ville » après la mort du Seigneur, n’a pas « connu » le temps où elle a été visitée en grâce par le Messie. Jésus pleure sur elle : Il connaît parfaitement les conséquences tragiques de son aveuglement et de son obstination. Le terrible siège des Romains est proche ! Le Seigneur a pourtant longtemps cherché à rassembler ses enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, mais ils ne l’ont pas voulu (Luc 13 : 34).

            Quel merveilleux exemple de renoncement Jésus nous donne ici ! Il s’oublie entièrement, malgré de terribles souffrances toutes proches, et tourne une fois encore ses regards vers les hommes qu’Il était venu sauver. Il pleure devant leur cœur endurci. Dieu a longtemps attendu la repentance de son peuple, mais Sa patience est venue à son terme.
            Souvenons-nous encore des pleurs du Seigneur dans son chemin personnel vers la croix. « Le Christ, durant les jours de sa chair, ayant offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort (hors de la mort), et ayant été exaucé à cause de sa piété, bien qu’il fût Fils, a appris l’obéissance par tout ce qu’il a souffert » (Héb. 5 : 7-8). Les « jours de sa chair » sont ceux qu’Il a passés sur la terre comme un homme, avant de mourir. Il a été durant toute sa vie un homme de prière, mais  dans les heures proches de la croix – notamment dans la scène de Gethsémané (Luc 22 : 41-45) – ses prières ont un caractère tout particulier. Il supplie son Père et lui demande s’il est possible que la coupe passe loin de lui. Ses larmes ont alors une tout autre signification que celles qui sont évoquées précédemment.  Elles sont liées à l’épreuve unique qui commence déjà. Jésus savait, bien avant de descendre sur la terre, qu’Il devrait porter nos péchés en son corps sur le bois, être fait péché pour nous et connaître le terrible abandon de Dieu. Mais quand l’heure où cela doit se réaliser est proche, il en ressent le poids et la douleur. C’est la raison de cette « angoisse » et de ce « combat » de prières et de supplications, de ces larmes et de ces « grands cris » qui montent vers Dieu. Celui-ci voit les larmes et la sueur de son Bien-aimé découlant en terre « comme des grumeaux de sang ».
            Dieu a répondu. Christ a été exaucé « à cause de sa piété » - c’est-à-dire en raison de toutes ses perfections personnelles en tant qu’Homme. La mort qu’Il devait « goûter » (Héb. 2 : 9) était la conséquence du juste jugement de Dieu contre le péché ; mais selon sa requête, Il a été tiré hors de cette mort. Après avoir ressenti dans son humanité la puissance de la mort et de ses effets, Il a ôté le péché de devant Dieu et remporté la victoire sur la mort.

            On touche ici au grand mystère inscrutable de la personne du Fils de Dieu. Il devait  mourir comme étant notre substitut, mais en même temps Il a laissé sa vie de plein gré. L’épée divine s’est « réveillée » à la croix contre Celui qui est le « compagnon » de l’Eternel (Zach. 13 : 7).

                 Pour toi, Jésus, la souffrance,
                 Les pleurs, la mort, l’abandon !

                 Et pour nous la délivrance,

                 Le salut et le pardon.    
                    

            Le prophète Esaïe écrit : « Dans toutes leurs détresses, Il a été en détresse et l’Ange de sa face les a sauvés »  (63 : 9). Quelle précieuse assurance pour le racheté pendant son pèlerinage !  Le Seigneur, qui a suivi lui-même sur la terre un chemin de douleur et de larmes, entre en sympathie, dans son amour et sa condescendance, avec ceux qui pleurent. Il « a porté nos langueurs, et s’est chargé de nos douleurs » (Es. 53 : 4). Il en a senti tout le poids. Quelle consolation pour tous les rachetés dans l’épreuve !
            La mort est vaincue, elle va disparaître avec toutes les larmes qui l’accompagnent toujours. « Le Seigneur, l’Eternel, essuiera les larmes de dessus tout visage » (Es. 25 : 8). « Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (Apoc. 21 : 4).
 
 
                                             Ph. L - Article paru dans le "Messager évangélique" (01-2012)