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LE PROPHETE JOEL, FILS DE PETHUEL

 L’invasion de sauterelles, annonciatrice de celle de l’armée assyrienne
 « Un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuées et d’épaisses ténèbres »
 Le jour de l’Eternel
 La réponse de l’Eternel
 La bénédiction finale d’Israël


            « Hélas, quel jour ! car le jour de l’Eternel est proche, et il viendra comme une destruction du Tout-puissant (Joël 1 : 15).
 
            Joël signifie : « l’Eternel est Dieu » ; ce nom a été porté par plusieurs personnes dans l’Ancien Testament (1 Sam. 8 : 2 ; 1 Chr. 6 : 36…). Au début de son livre, le prophète est désigné avec la mention du nom de son père : Péthuel. C’est la seule indication sur sa personne. Il vivait certainement dans le royaume de Juda et probablement à Jérusalem. Le temple, Jérusalem et la tribu de Juda, occupent en effet une grande place dans son livre (1 : 13-16 ; 2 : 1, 14-17, 23, 32 ; 3 : 1, 6, 16-17, 19-21), alors que le royaume des dix tribus n’est même pas mentionné.
            Aucune circonstance qui pourrait servir à « dater » ce livre ne s’y trouve. A vrai dire, son message transcende et de beaucoup les temps d’Israël et de Juda. Il va jusqu’à la fin, il reste donc tout à fait actuel !
            Pour essayer de déterminer à quelle époque ce livre a été écrit, on a tenu compte du fait qu’il n’y est pas question de Babylone, mais seulement des plus anciens ennemis d’Israël : les Egyptiens et les Edomites (3 : 19), les Phéniciens et les Philistins (3 : 4). Joël peut être ainsi placé tout naturellement avant Jérémie et même Esaïe ; ces prophètes ont vécu pendant les invasions chaldéennes et assyriennes. On peut penser que Joël a même été écrit avant Amos, puisque ce prophète évoque déjà la lutte entre Israël et la Syrie (1 : 3). Abdias est le seul à mentionner les mêmes ennemis que Joël, ce qui prouve sans doute que ces deux prophètes sont contemporains. Au point de vue chronologique, ils occupent donc la première place dans ce que l’on appelle familièrement les « petits prophètes ».
            Une autre constatation semble confirmer l’antériorité de Joël sur tous les autres, Abdias excepté : les autres petits prophètes le citent souvent. Ainsi Amos dira, lui aussi: « L’Eternel rugit de Sion, et de Jérusalem, il fait entendre sa voix » (1 : 2 ; Joël 3 : 13). Et encore : « Les montagnes ruisselleront de moût » (Joël 3 : 18 ; Amos 9 : 13). Dans ce dernier livre, on trouve aussi ces paroles : « Je vous ai frappés par la brûlure et la rouille des blés ; la chenille a dévoré la multitude de vos jardins » (Amos 7 : 19). C’est une allusion claire au châtiment décrit dans le chapitre premier de Joël. D’ailleurs, lorsqu’Amos parle du « jour de l’Eternel », il relève comme déjà connue l’idée de l’importance extrême de ce jour. Cette pensée a déjà été abordée par Abdias et Joël l’a développée (Amos 5 : 18-20 ; Abd. v. 15 ; Joël 1 : 15 ; 2 : 1, 31 ; 3 : 14).
            Esaïe, Sophonie et Ezéchiel semblent eux aussi avoir emprunté des passages entiers à Joël, bien que le Saint Esprit, qui est à l’origine de tous ces écrits, n’ait besoin de citer personne ! Comparons ainsi Esaïe 13 : 6, 8 avec Joël 1 : 15 ; 2 : 10-11 ; Sophonie 1 : 14-15 avec Joël 2 : 1-2 ; Ezéchiel 47 avec Joël 3 : 18 ! Rapprochons aussi Ezéchiel 38 : 17 de Joël 3 : 18 ; Ezéchiel 38 : 17 et 39 : 8 de Joël 3 : 19-21.
            Joël ne mentionne aucun roi, une caractéristique partagée avec Nahum, Michée et Habakuk. Il ne parle pas d’idolâtrie, ce péché rémanent dans l’histoire d’Israël et de Juda.
 
 
L’invasion de sauterelles, annonciatrice de celle de l’armée assyrienne
 
            L’occasion est fournie à Joël  de délivrer à Juda le pesant « fardeau » qui accable son cœur : c’est un très sérieux message ! Une terrible invasion de sauterelles dévastatrices avait lieu. Peu de spectacles sont aussi impressionnants qu’une invasion de ces criquets migrateurs en Orient. C’est une armée prodigieuse de milliards d’insectes qui s’abattent sur une région fertile et la réduisent subitement en désert. En outre, à cette calamité s’ajoutait une sécheresse persistante ! Aussi toute joie est-elle tarie au milieu des fils des hommes : rien, absolument rien, n’a pu résister à cet envahisseur (1 : 7-10). « L’offrande et la libation sont retranchées de la maison de l’Eternel ; les sacrificateurs, les serviteurs de Dieu, mènent deuil » (v. 9) : ils n’ont plus rien à apporter à l’Eternel !
            Joël fait usage, au moment opportun, de ce « don » prophétique, directement reçu du Seigneur. Chacun de nos lecteurs croyants est-il prêt à rendre, lui aussi, un témoignage clair en temps voulu ? En effet, « à chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ »  (Eph. 4 : 7) ; c’est un « don de grâce de Dieu » (2 Tim. 1 : 6).  
            Joël sent l’urgence de faire comprendre au peuple de Juda que cette calamité n’est pas une « catastrophe naturelle », comme on l’affirme si volontiers aujourd’hui ! En 2010, ce genre de catastrophe a fait plus de  300 000 victimes ! Ne s’agit-il pas plutôt de messages solennels d’origine divine, adressés à tous les hommes ? Les cataclysmes sont sous le contrôle de Dieu. Ne cherchons pas une explication scientifique, ou des « causes secondes », susceptibles de mettre Dieu volontairement de côté.
            En réalité, Dieu se sert souvent d’un fléau, d’une calamité, pour parler à la conscience des hommes : « Le cœur est rendu meilleur par la tristesse du visage » (Ecc. 7 : 3). Toutefois, le travail sur une conscience est souvent entravé ou même effacé par l’Ennemi (Luc 8 : 5) ; il fait place à de l’indifférence, voire à de l’incrédulité. Les « cellules psychologiques » de soutien aux traumatisés, jointes aux multiples produits tranquillisants, dont dix millions de personnes dans notre pays usent et souvent abusent, ont un effet la plupart du temps néfaste. Que de chers malades sont devenus « dépendants » après s’être au départ légèrement drogués ! Souvent Satan, derrière la scène, masque ainsi à une âme ses vrais besoins. Il cherche à l’empêcher si possible de venir au Sauveur qui l’aime et veut la sauver d’une éternité de malheur. Sous la terrible influence du « chef de ce monde », le mot « péché » n’a-t-il pas été banni, devenu incongru ? Pourtant, « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » ! (Rom. 3 : 23) !
            Chers amis lecteurs, écoutons avec la plus grande attention les avertissements que Dieu nous adresse encore, que ce soit par le moyen d’une épreuve individuelle ou d’une calamité collective. Il désire parler au cœur des siens, qui ont besoin de retourner vers Lui. Il désire rétablir leur communion avec Lui, et Il appelle aussi ceux qui, misérables et malheureux, sont encore plongés dans le bourbier fangeux de leurs péchés. Quel est toujours son but ? « Faire du bien à la fin » (Deut. 8 : 16).
 
 
« Un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuées et d’épaisses ténèbres »
 
            Dans le premier chapitre, le prophète a décrit le cataclysme dans toute sa sinistre grandeur. Il avertit maintenant le peuple qu’une autre épreuve, plus redoutable encore, s’annonce ; il en trace le tableau effrayant au chapitre 2. Il s’agit du déferlement d’une nation puissante, que l’Eternel appelle « son armée ». Pourtant elle aura à sa tête, semble-t-il, même s’il n’est pas nommé, l’orgueilleux et impie Assyrien, celui que Dieu a appelé la « verge de ma colère » (Es. 10 : 5).
            On a certes du mal à se représenter cet assaut gigantesque « tel qu’il n’y en eut jamais » (v. 2). Il déborde, semblable à une marée irrésistible, par-dessus les murailles et jusque dans les maisons. Cette invasion est aussi nommée  « le fléau qui inonde » (Es. 28 : 15). Une telle vision de cauchemar n’est-elle pas un appel pressant à chaque conscience pour se mettre en règle avec Dieu (Matt. 5 : 25) ? Sinon, « que ferez-vous à la fin ? » (Jér. 5 : 31) - cette fin peut-être si proche ! 
            Le prophète adresse un vibrant appel à tous ceux qui, au milieu du peuple de Dieu, ont une activité sacerdotale et de ce fait une plus grande responsabilité dans la déchéance du peuple de Dieu. Or, tous les croyants durant la période actuelle de la grâce sont des sacrificateurs pour Dieu : tous sont  donc concernés ! 
 
 
Le jour de l’Eternel
 
            Le regard pénétrant du prophète ne se borne pas à embrasser les événements du temps où il vivait. Il anticipe déjà le grand et très douloureux jugement qui aura lieu « à la fin ». Ce sera le « jour de l’Eternel » ou « du Seigneur », mentionné cinq fois dans cette courte prophétie (1 : 15 ; 2 : 1, 11, 31 ; 3 :14).
            C’est une période encore à venir. Alors la volonté de Dieu s’accomplira sur la terre comme elle se réalise déjà dans le ciel (Matt. 6 : 10). Elle précèdera l’établissement sur la terre du royaume de Christ.     
            Nous vivons présentement au « jour de l’homme ». Cet homme, depuis la chute, cherche uniquement à faire ce qui lui plaît. C’est pourquoi au moment où le Seigneur interviendra pour imposer sa volonté, Il devra user de « coups répétés » pour faire céder l’orgueil humain. Déjà, moralement, dans chacune de nos vies, le jour du Seigneur se lève quand nous reconnaissons enfin son autorité sur nous. 
            La description de ce fléau suggère la pensée que des « sauterelles variées » peuvent tout dévorer dans nos vies ! Ici, pour le peuple, c’était l’annonce de douleurs plus grandes encore. Joël a compris quelles terribles menaces sont suspendues sur la tête de ce peuple de Juda. C’est une véritable épée de Damoclès, prête à s’abattre d’un instant à l’autre. Il les appelle donc tous instamment à jeûner, mais surtout à s’humilier (2 : 13).
            Maintenant, ils ont l’occasion de revenir à Dieu de tout leur cœur. C’est vrai aussi encore pour nous tous, tant que dure le jour de la grâce. « Le Seigneur est plein de grâce et miséricordieux » (Jac. 5 : 11). « Sonnez de la trompette en Sion », répète le prophète (v. 1, 15 ; Nom. 10 : 9). C’est l’idée d’une prière instante, exprimée avec foi !
            Nous savons par expérience que Dieu ne reste jamais insensible si les siens s’humilient vraiment (Joël 2 : 13). Crions à Lui de tout notre cœur ; demandons-Lui de guérir les terribles blessures qu’une grande épreuve peut laisser derrière elle. Supplions-Le aussi de différer une autre épreuve - pourtant amplement méritée - qui s’annonce plus grande encore. 
 
            Ici s’achève la première partie de la prophétie (1 : 2 – 2 : 17).
 
 
La réponse de l’Eternel
 
            Joël poursuit sa  vision prophétique et affirme que Dieu sera « ému de compassion » (Osée 11 : 8). Il acceptera, devant leur repentance, de se laisser fléchir et bénira à nouveau Juda : « Voici, je vous envoie le blé, et le moût et l’huile, et vous en serez rassasiés » (2 : 19). C’est une bénédiction d’une ampleur très supérieure aux pertes antérieures. Dans son immense grâce, Il leur rendra même les années qu’a mangées la sauterelle, l’yélek et la locuste (v. 24-25).
            Dieu promet d’éloigner d’eux « celui qui vient du nord » et de le chasser dans un pays aride (v. 18-21). Ce terrible ennemi était une menace de destruction complète. Mais Dieu a décidé de leur rendre leur prospérité temporelle perdue. Il déclare : « Mon peuple ne sera jamais honteux » (v. 26).
            Joël annonce une grâce plus grande encore que toutes celles promises jusqu’ici ! Une pluie de bénédiction va venir les arroser et les vivifier. Son Esprit sera répandu généreusement sur les enfants d’Israël, en témoignage devant le monde entier (v. 27-32). Cette faveur est encore à venir.Son peuple Israël n’est pas encore prêt à recevoir un si grand don.
            Toutefois l’apôtre Pierre, le jour de la Pentecôte, qui a succédé à l’élévation de Christ dans la gloire, s’appuie sur ces paroles de Joël pour expliquer le fait extraordinaire qui venait d’avoir lieu. L’Esprit Saint était descendu sur tous ces croyants réunis, accompagné de dons miraculeux (Act. 2 : 17).
            Cette scène est le prélude à l’effusion générale annoncée par ce prophète (v. 28). Elle sera accompagnée de signes dans le ciel et sur la terre, « avant que vienne le grand et terrible jour de l’Eternel » (2 : 31). La promesse est faite : « Quiconque invoquera le nom de l’Eternel sera sauvé ». La Parole fait mention de la montagne de Sion (celle de la grâce) et elle évoque ces « réchappés Juifs » que l’Eternel appellera vers Lui. L’accomplissement de cette promesse aura lieu au dernier temps. Cependant, retenons qu’au milieu de la pire détresse, Dieu sauve quiconque se tourne vers Lui.
 
            Ainsi s’achève la seconde partie du livre (2 : 18-32).
 
 
La bénédiction finale d’Israël
 
            Le chapitre 3 décrit la bénédiction finale sous deux aspects complémentaires : le jugement de l’Eternel aura lieu vis-à-vis des incrédules (v. 1-17) et la grâce sera déployée par la venue du Messie au milieu de son peuple (v. 18-21).       
            La restauration de Juda et de Benjamin sera donc accompagnée par le jugement des nations. Elles feront - trop tard - une découverte tragique ! En dispersant Israël, en se partageant son pays (v. 2b), elles se sont attaquées à Dieu lui-même. « Que me voulez-vous ? » (v. 4). Cette terrible question tombe du ciel, adressée d’abord à Tyr, Sidon et à la Philistie.
            Il convient de rappeler la déclaration de l’Eternel à Sion : « Celui qui vous touche, touche à la prunelle de son œil. Car voici je secoue ma main sur elles - les nations coupables à ce sujet - et elles seront la proie de ceux qui les servaient » (Zach. 2 : 8). Paul, plus tard, apprendra qu’en pourchassant les chrétiens, c’était Jésus lui-même qu’il persécutait (Act. 9 : 4-5).
            La situation est donc complètement renversée : les nations connaîtront le sort qu’elles ont fait subir au peuple de Dieu. Leur « récompense » retombera sur leur tête. C’est un principe immuable du gouvernement de Dieu (voir Gen. 9 : 6 ; Jug. 1 : 7). Totalement aveuglées, ces nations auront forgé elles-mêmes leur ruine.
            Dieu - le Juge souverain - les incite à monter sur le lieu où elles vont connaître un désastre complet (v. 9-12). Ce sont des multitudes qui vont accourir dans la vallée de Josaphat, celle « de jugement » (v. 14).
            La moisson est mûre, il est temps d’y mettre la faucille ! Elle sera suivie d’une sinistre « vendange ». Les cuves regorgeront, tant leur iniquité est grande ! Ce sera le dernier acte avant ce jour de l’Eternel si souvent annoncé (Apoc. 14 : 18-20).
            La grâce sera dorénavant libre de couler « à pleins bords » en faveur d’un peuple purifié (v. 21) ; Dieu lui-même fera sa demeure au milieu d’eux. Jérusalem sera sainte ; Sion sera le centre de son royaume terrestre ; les étrangers n’y passeront plus. Ce fait est confirmé par un autre prophète, quand il affirme : « Il n’y aura plus de Cananéen dans la maison de l’Eternel » (Zach. 14 : 21). O jour heureux ! La sainte Cité céleste que la gloire de Christ illumine, le connaîtra aussi !    
 
                                                                                    Ph. L    le 24. 01. 11