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« Prenez garde de peur que vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté »
 (2 Pierre 3 : 17)


N'ayons aucune confiance en nous-mêmes pour avancer dans le chemin de la foi 
Nous avons un besoin constant de la grâce de Dieu pour persévérer jusqu'à la fin 
N'ayons aucune crainte pour l'avenir, malgré la fatigue, les difficultés et les dangers         


            Plusieurs de ceux qui viennent à Christ craignent de ne pouvoir persévérer jusqu'à la fin. Quelqu'un pense même peut-être : J'ai abandonné mon âme à Jésus, mais j'ai peur que, malgré tout, elle ne soit pas finalement sauvée. En effet mes bons sentiments ont disparu ; ils se sont dissipés comme la nuée de l'aurore, comme la rosée au lever du soleil. Mon amélioration a été subite, mais elle n'a duré que peu de temps, puis tout s'est évanoui (Marc 4 : 16-17) !
            Je crois que c'est cette crainte même qui produit le manque de persévérance. Bien des personnes ont eu peur de se confier à Christ pour le temps et pour l'éternité. Elles n'ont pas persévéré parce que leur foi, n'étant que passagère, ne pouvait pas les conduire jusqu'au salut. Elles se sont confiées en Jésus jusqu'à un certain point, puis elles se sont fiées à elles-mêmes pour poursuivre la marche sur le chemin du ciel ; ayant hélas mal commencé, elles n'ont pas tardé, comme conséquence naturelle, à retourner en arrière ! Nous ne pouvons pas compter sur nous-mêmes pour persévérer dans la marche chrétienne. Si nous nous appuyons sur Jésus pour une partie seulement de notre salut et que nous ayons encore quelque confiance en nous-mêmes, nous échouerons. La force d'une chaîne dépend de son anneau le plus faible : si notre espérance est en Jésus pour toutes choses à l'exception d'une seule, nous marchons vers un échec certain : ce seul point suffira à faire chavirer tout le reste.
 

N'ayons aucune confiance en nous-mêmes pour avancer dans le chemin de la foi

            Je ne doute pas qu'une erreur d'appréciation au sujet de la persévérance des saints ne soit un obstacle à la constance des convictions de beaucoup de personnes : elles avaient pourtant commencé par bien marcher. Qui les a donc arrêtées pour qu'elles soient ensuite restées stationnaires ? (Gal. 5 : 7). Elles se sont confiées en elles-mêmes pour poursuivre leur marche, et en conséquence elles se sont arrêtées net. Prenons garde de mélanger même un atome de notre « moi » à ce mortier avec lequel nous bâtissons. Dans un tel cas vous ferez nécessairement un mortier sans cohésion et les pierres ne seront pas liées les unes aux autres. Si vous regardez à Christ pour commencer, prenez garde de ne pas regarder à vous-mêmes pour achever ! Il est l'alpha, il faut qu'il soit aussi l'oméga. Si vous commencez par l'Esprit, ne cherchez pas à continuer par la chair (Gal. 3 : 3). Commencez de la façon dont vous voulez continuer, et continuez comme vous avez commencé. Que le Seigneur soit tout pour vous en toutes choses !
            Il faut que le Saint Esprit nous donne une idée très claire de la source d'où découle la puissance par laquelle nous pouvons être gardés jusqu'au jour de l'avènement du Seigneur ! Quand Paul écrivait aux Corinthiens, il leur disait à ce sujet : Il « vous affermira aussi jusqu'à la fin pour être irréprochables dans la journée de notre Seigneur Jésus Christ. Dieu, par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils, Jésus Christ notre Seigneur, est fidèle » (1 Cor. 1 : 8-9). Là où le Seigneur pourvoit, nous pouvons être sûrs qu'il répond à une nécessité, puisque rien d'inutile ne nous est donné dans l'alliance de grâce. Les boucliers d'or (2 Sam. 8 : 7) qui étaient suspendus dans le temple de Salomon ne servaient jamais, mais pour ce bouclier qui est mentionné dans l'armure de Dieu, il en va tout autrement. Nous aurons certainement besoin de tout ce que Dieu a préparé ; dès maintenant, et jusqu'à la consommation de toutes choses, toutes ses promesses et toutes les mesures de prévoyance prises à notre égard dans son alliance de grâce sont à notre entière disposition.
 
 
Nous avons un besoin constant de la grâce de Dieu pour persévérer jusqu'à la fin

            L'âme d'un croyant a constamment besoin d'affermissement, de constance et de protection. Elle sent au plus haut point le besoin journalier d'une grâce nouvelle chaque matin pour persévérer jusqu'au triomphe final. Si vous n'étiez pas saints, vous n'auriez pas part à la grâce, et vous ne ressentiriez même pas le besoin de cette grâce ; mais parce que vous êtes des hommes de Dieu, vous êtes conscients des exigences quotidiennes dans la vie spirituelle. Une statue n'éprouve pas le besoin de manger, mais un être vivant, lui, a faim et soif ; il est heureux de savoir que son pain et son eau lui sont assurés, de sorte que les forces ne lui feront pas défaut en chemin (Col. 1 : 11). La condition du croyant est telle qu'il doit avoir recours chaque jour à la grande source de toutes les grâces. Que peut-il faire sans l'assistance de son Dieu ?
            C'est une nécessité même pour les saints enrichis des dons spirituels les plus remarquables : c'était le cas pour les chrétiens de Corinthe qui possédaient tous les dons de la parole et de la connaissance (1 Cor. 1 : 7). Ils devaient être affermis jusqu'à la fin, sinon tous leurs dons et tous leurs privilèges pouvaient causer leur ruine. Paul leur écrivait : « Je rends toujours grâces à mon Dieu pour vous à cause de la grâce de Dieu qui vous a été donnée dans le  Christ Jésus » (1 Cor. 1 : 4). Quand bien même nous pourrions parler toutes les langues des hommes ou même celles des anges, si nous ne recevons pas continuellement une grâce nouvelle, où en serions-nous ? Et même si nous possédions toute l'expérience nécessaire pour être des pères –ayant été enseignés de Dieu pour comprendre tous les mystères- pourrions-nous subsister un seul jour si la vie divine ne nous était pas dispensée par notre Chef suprême ? Comment pourrions-nous même prétendre tenir ferme une seule heure, pour ne pas évoquer toute notre vie, si le Seigneur lui-même  ne nous affermit pas ? Celui qui a commencé en nous cette bonne oeuvre doit aussi l'achever jusqu'au jour de Jésus Christ (Phil. 1 : 6), sinon elle aboutirait à un piteux échec !
            La faiblesse même de notre nature implique la nécessité d'un constant secours divin. Cette crainte pénible de ne pas pouvoir persévérer peut être liée, chez quelques-uns, à la conscience qu'ils ont de leur légèreté naturelle. Ils ont compris qu'ils étaient mobiles et changeants, semblables à ces papillons qui voltigent de fleur en fleur jusqu'à ce qu'ils aient butiné sur toutes les belles fleurs du jardin. Ils ne s'arrêtent jamais suffisamment pour mener à bien une oeuvre quelconque, que ce soit dans leurs affaires ou même déjà dans leurs pensées ! On comprend que ces croyants aient la crainte de manquer de la vigilance toujours nécessaire tout au long de la vie chrétienne. Et c'est pour leurs esprits une perspective redoutable. On  voit de tels chrétiens se rattacher un temps à une église, puis en rejoindre une autre, jusqu'à ce que finalement ils les aient toutes fréquentées ! Leur vie est un vertige perpétuel, où rien n'est stable. Avant tout, ils ont besoin de prières incessamment renouvelées. Ils doivent être affermis par la grâce de Dieu, pour devenir fondés et fermes ; sinon, comment  pourront-ils « abonder toujours dans l'oeuvre du Seigneur » (1 Cor. 15 : 58) ?
            Ne devons-nous pas tous, si nous appartenons réellement au Seigneur, ressentir notre profonde faiblesse ? Ami lecteur, ne trouvez-vous pas dans une seule journée assez d'occasions de chute pour broncher ? Vous qui désirez marcher dans la sainteté pratique, vous qui aspirez à vivre en chrétien fidèle, n'avez-vous pas constaté qu'avant même peut-être que la table du déjeuner ne soit desservie vous avez déjà montré assez de folie pour avoir honte de vous-même ?
            Et même si nous étions enfermés dans une cellule d'anachorète, la tentation nous y suivrait.  Car aussi longtemps que nous ne pouvons pas échapper à nous-mêmes, il est impossible aussi d'échapper aux incitations à mal faire. Ce que recèle notre coeur naturel, qui est un égout perpétuel, doit nous rendre humbles et vigilants devant Dieu. Si lui-même ne nous rend pas fermes, nous sommes si faibles que nous broncherons et tomberons certainement, non pas vraiment terrassés par notre ennemi, mais à la suite de notre propre négligence. Nous sommes la faiblesse même, ô Dieu ! sois notre force.
 
 
N'ayons aucune crainte pour l'avenir, malgré la fatigue, les difficultés et les dangers

            Lassés par une longue vie, nous pouvons encore appréhender l'avenir. Au début de notre vie chrétienne, nous avions pris notre essor comme l'aigle et couru sans fatigue, mais quand viennent les années de l'âge mûr, notre marche est-elle sans défaillance ?
            En tout cas notre allure paraît plus lente, mais elle nous convient peut-être mieux et elle paraît  plus régulière. Désirons certes que la vigueur de notre jeunesse nous soit conservée, dans la mesure où il s'agit vraiment de l'énergie de l'Esprit et non du résultat d'un entraînement charnel prétentieux. Celui qui a longtemps marché sur la route qui mène au ciel constate qu'il lui a été nécessaire d'avoir, selon la promesse de Dieu, des souliers de fer et d'airain, car le chemin est raboteux. Il a dû gravir des collines de difficultés et franchir des vallées de l'humiliation. Il s'est parfois trouvé dans la vallée de l'ombre de la mort (Ps. 23 : 4). S'il a connu, grâce à Dieu, des montagnes de délices, il a été aussi dans ces cachots du désespoir, dans lesquels des pèlerins sont trop souvent retenus !
            Malgré toutes ces difficultés, ceux qui demeurent fermes jusqu'à la fin, en persévérant dans le chemin de la sainteté, peuvent devenir un sujet d'étonnement pour ceux qui les considèrent.
            Les jours d'un chrétien sont comme des perles précieuses réunies par le fil d'or de la fidélité divine. Quand nous serons au ciel, nous ne nous lasserons pas de dire devant les anges, les principautés et les puissances, les richesses insondables de Christ qui nous auront été dispensées et dont nous aurons joui pendant notre séjour ici-bas. Au bord du gouffre de la mort, nos vies ont été préservées. Notre vie spirituelle a été comme une flamme brûlant au sein des eaux de l'océan ou comme une pierre qui reste suspendue dans l'espace. L'univers entier s'étonnera de nous voir franchir sans tache le seuil des portes de perles au jour de notre Seigneur Jésus Christ.
            Ainsi, ne devrions-nous pas déjà, pour avoir été gardés ne serait-ce qu'une heure, être remplis d'étonnement et avant tout de reconnaissance ?
            Nous devons penser au milieu dans lequel nous vivons. Le monde est un désert terrible pour la plupart des enfants de Dieu. Quelques-uns, il est vrai, semblent favorisés par la Providence. D'autres ont de rudes combats à soutenir. Les chrétiens favorisés commencent leurs journées par la prière et entendent le chant des cantiques retentir dans leurs demeures, mais il en est d'autres qui, à peine debout, après avoir prié, sont accueillis par des blasphèmes. Ils vont au travail, et tout le jour leurs oreilles doivent entendre des propos impurs, comme Lot à Sodome. Peut-on cheminer aujourd'hui dans la rue sans être scandalisés par des paroles déshonnêtes ? Le monde n'aime pas la grâce divine. La meilleure ligne de conduite que nous puissions tenir à son égard, c'est de le traverser aussi rapidement que possible. Ne faisons pas de haltes inutiles, nous sommes en pays ennemi. Chaque buisson recèle un brigand. C'est avec une épée nue à la main (la Parole de Dieu) que nous devons cheminer et aussi avec cette arme qui se nomme « toujours en prière » ! En effet à chaque pas, il nous faut combattre et conquérir le terrain sur lequel nous marchons. Ne vous faites aucune illusion à ce sujet, sinon de rudes expériences risquent de vous détromper cruellement.
            O Dieu, sois notre secours, et affermis-nous jusqu'à la fin, car sans Toi, que deviendrions-nous ?
 
            La véritable vie chrétienne a un caractère entièrement surnaturel : lors de la conversion, comme tout au long de notre marche ici-bas, elle est constamment l'oeuvre de DieuDurant toute notre vie, il est indispensable que la main du Seigneur soit étendue pour agir ! Puissions-nous le comprendre dès maintenant  : alors, nous serons bienheureux, en regardant à Celui qui est seul capable de nous préserver de toute chute et de nous glorifier tout à l'heure avec son Fils (Jude 24) !
 
 
                                                      D'après C.H. Spurgeon - extrait de « Tout par grâce »