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L'activité du chrétien


            Lorsque quelqu'un parle du « peu de force » comme d'un caractère des témoins du Seigneur en un temps de ruine, il s'expose à s'entendre objecter : Vous conseillez donc aux gens de se croiser les bras et de rester insensibles à tant de besoins autour d'eux ? D'autre part les chrétiens à la vie amorphe et sans vigueur seraient prêts à trouver là une excuse : A quoi bon, puisque tout fait naufrage ? Demeurons cachés et ne faisons rien !

            Il ne peut y avoir de méprises plus singulières. « Le jour des petites choses » n'est pas, à coup sûr, celui de la paresse et de l'engourdissement : c'est celui où, au retour de la captivité, les mains d'un Zorobabel « ont fondé et achèveront » la maison de l'Eternel. Si celle-ci est « comme rien » aux yeux de l'homme, un faible résidu est appelé à y travailler ; il est encouragé par l'Eternel qui ne cessera de se souvenir de lui, même si sa fidélité et son activité apparaissent méprisables au grand nombre (Zach. 4 : 9 ; Agg. 2 : 1-4 ; Mal. 3 : 16). C'est parce que la nuit est très avancée et que le jour s'est approché qu'il faut nous réveiller du sommeil (Rom. 13 : 12). Le seul fait de veiller quand le sommeil gagne demande un grand effort, mais alors que « la fin de toutes choses s'est approchée » il faut « veiller pour prier » pour être trouvé par le Maître « faisant » ce qu'Il a donné à faire (1 Pier. 4 : 7 ; Luc 12: 43).
 

«Quant à l'activité, pas paresseux ; fervents en esprit ; servez le Seigneur» (Rom. 12 : 11).

            L'attitude du chrétien, dont la « pure intelligence » est « réveillée » (2 Pier. 3:1) à l'égard du temps où nous sommes, ne saurait être l'inertie. Luttant contre l'impulsion générale vers les « grandes choses » (voir Jér. 45 : 5) dans lesquelles l'homme naturel cherche sa gloire, il tend vers les choses que, de tout temps, le Seigneur demande aux siens de rechercher. Il réalise une dépendance d'autant plus étroite et plus humble, une sobriété d'autant plus grande, que l'insubordination se propage de toutes parts.

            Il est bien vrai qu'il ne nous appartient pas de travailler à « remodeler » un monde qui est jugé sans appel, ni à rebâtir « l'Eglise du commencement », devenue la grande maison en attendant Babylone. Il est au contraire plus que jamais nécessaire que quiconque confesse le nom du Seigneur se sépare de toute iniquité et sorte vers Jésus « hors du camp, portant son opprobre » (Héb. 13 : 13). Mais n'y aurait-il donc rien à faire hors du camp ? Christ dans son opprobre n'a-t-il pas constamment donné l'exemple d'une activité qui commençait par la prière avant le jour ? N'est-ce pas Lui qui disait : « Il me faut travailler aux oeuvres de Celui qui m'a envoyé tandis qu'il fait jour ; la nuit vient, où personne ne peut travailler » (Jean 9 : 4) ?

            « Quant à l'activité, pas paresseux...». Il doit en être ainsi dans tous les domaines.


Activité dans la famille

            Les sujets d'être actif  dans la famille se renouvellent constamment pour chacun des époux. Pour la femme chrétienne, les soins de la maison et l'éducation des enfants constituent l'occupation la plus normale et la plus fructueuse dans le Seigneur. L'action du chef de famille doit être incessante s'il veut que son foyer porte la marque de la Parole de Dieu et de la prière. Que voit-on dans le monde actuel ? La vie de famille est déconsidérée, le discrédit est jeté sur le lien conjugal. De nombreux parents semblent inconscients de leur responsabilité et leur démission encourage le désordre dans leur foyer. D'autres encore brandissent en vain une autorité que les contradictions de leur conduite rendent sans force. Les enfants subissent quantité d'influences extérieures qui les éloignent du centre familial et les poussent à affirmer prématurément une personnalité douteuse. Les traits des derniers jours se reconnaissent aisément (2 Tim. 3:2). Que ceux donc qui ont à coeur le nom du Seigneur le montrent, avant toute autre activité, dans ce domaine de la maison, si dangereusement menacé.
 
Activité dans l'assemblée

            Que dire de l'activité dans le domaine de l'assemblée ? Prenons garde, chacun, au service que nous avons reçu du Seigneur, afin que nous l'accomplissions. Il n'est personne qui n'en ait reçu un. Nous avons par-dessus tout à remplir tous ensemble, d'un même coeur, le précieux service de l'adoration, et à « nous stimuler à l'amour et aux bonnes oeuvres... et cela d'autant plus que vous voyez le jour approcher » (Héb. 10 : 25). Quelle sainte activité le Seigneur attend de nous dans ce domaine ! « Maintenant, mes fils, ne soyez pas négligents, car c'est vous que l'Eternel a choisis pour le servir », disait Ezéchias aux sacrificateurs et aux Lévites pour qu'ils se hâtent de s'associer à l'oeuvre de purification du temple, qu'il entreprenait parce que leurs pères avaient été infidèles et que la colère de l'Eternel était sur son peuple (2 Chr. 29 : 1-11).

 
Activité vis-à-vis du monde et dans la vie professionnelle

            Nous n'avons pas plus d'excuses pour rester inactifs vis-à-vis du monde parmi lequel nous sommes placés pour y briller « comme des luminaires… présentant la parole de vie » (Phil. 2 : 16).

            Dans sa tâche professionnelle, le chrétien se fait connaître comme tel en l'accomplissant avec exactitude, diligence, probité ; non par amour du lucre ou par ambition égoïste mais pour le Seigneur ; non par l'effet d'une contrainte impatiemment subie dans l'esprit de revendication jamais satisfait qui est celui du jour, mais « comme servant le Seigneur et non pas les hommes» (Eph. 6 : 7). C'est là probablement le premier et le plus constant témoignage à rendre au dehors. L'activité s'y déploie pour Christ, au lieu de laisser le Seigneur à la porte du lieu de travail, pour le reprendre éventuellement après. Evidemment cela suppose que le métier que l'on exerce et la façon dont on l'exerce ont son approbation. C'est ainsi que le fidèle « orne l'enseignement qui est de notre Dieu sauveur » (Tite 2 : 10) : ce qui est demandé ici à des esclaves est, à plus forte raison, requis de ceux qui sont placés dans des conditions plus favorables, moins contraignantes.
 
Activité durant les temps de loisirs

            Le chrétien se fait connaître également par la façon dont il utilise son temps libre. Le rythme accéléré de la vie présente exige détente et repos, mais combien de personnes en arrivent à être plus occupées de leurs loisirs - soirées, week-ends, jours de vacances - que de leur travail habituel ! Qu'en est-il de chacun de nous, croyants ? Nous ne parlons pas ici du dimanche, car l'emploi du jour du Seigneur ne devrait soulever aucune question. Il sera pourtant bien à propos de relire ce que la Parole de Dieu déclare au sujet du sabbat, considéré comme le « saint jour de l'Eternel » (Es. 58 : 13-14). Si le croyant n'a pas à observer les ordonnances du sabbat, l'honneur réclamé par Dieu pour son « saint jour » peut certainement s'attacher au premier jour de la semaine.

            Tout compte fait, Dieu met à la disposition de la plupart d'entre nous plus de temps et de facilités qu'autrefois. Cette affirmation étonnera certains, qui déplorent leur vie tourmentée ; c'est oublier que le temps n'est pas si éloigné où les semaines de travail des ouvriers comptaient 72 heures et plus, sans congés, sans retraites, et où les journées des agriculteurs étaient un peu partout écrasantes. Il est trop vrai, hélas, que les progrès matériels réduisant la peine physique des hommes ont pour contrepartie une tension mentale et nerveuse inconnue autrefois. Mais nous n'avons pas à chercher longtemps pour nous apercevoir que nous introduisons dans cette agitation bien des soucis et bien des nouveaux besoins en fait inutiles, et en tout cas indignes d'être comparés à ces besoins primordiaux : nourrir notre âme, et servir le Seigneur. Que faisons-nous de nos loisirs ? Prenons-nous suffisamment de temps pour lire la Parole et l'étudier, pour nous édifier mutuellement et pour faire l'oeuvre d'un évangéliste ? A chacun de s'examiner devant le Seigneur.

            Bien des personnes, fortunées ou non, passent - ou rêvent de passer - leurs vacances en voyages d'agrément, en pratiquant des sports à la mode, ou en se rendant dans les stations touristiques prônées par les médias… N'y a-t-il pas sur les lieux de vacances toutes sortes de tentations propres à séduire le coeur humain ? Amis chrétiens, suivrions-nous, dans une conformité passive et affligeante, le comportement de ceux qui appartiennent encore au « présent siècle mauvais » d'où nous avons été retirés (Gal. 1 : 4) ? Nous ne parlons pas en censeur ni en moraliste - Dieu le sait - ni sans savoir ce que l'existence actuelle comporte de luttes et de difficultés, différentes d'une condition à l'autre, d'un âge à l'autre, de la campagne à la ville. Mais justement la « vertu » que nous sommes exhortés à joindre à la foi prend ces difficultés de front ; elle lutte contre cette aspiration devenue générale à satisfaire par des moyens nouveaux la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l'orgueil de la vie sans y parvenir jamais complètement et en empêchant pratiquement une activité selon Dieu. Après tout, ce sont toujours les « épines » des soucis, des richesses et des voluptés de la vie qui étouffent la semence, de sorte qu'il n'y a pas de « fruit à maturité » (Luc 8 : 14). La soif des jouissances offertes par la civilisation moderne, en surenchère perpétuelle, fait plus de mal au témoignage que des persécutions.

            Sacrifierons-nous aux décevants « délices du péché » la jouissance de nos « bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ » (Eph. 1 : 3) ? Comme Esaü vendrions-nous avec légèreté, pour un mets savoureux, notre droit de premier-né ?

            Tout cela est affaire de coeur. Nous avons besoin d'être « étreints par l'amour du Christ », comme Paul, afin de regarder avec lui toutes choses comme une perte à cause de Christ, et de juger que « si un est mort pour tous, tous donc sont morts, et qu'il est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui pour eux a été mort et est ressuscité » (2 Cor. 5 : 14-15). Que d'occasions nous laissons échapper de montrer les caractères du « service religieux pur et sans tache devant Dieu le Père », savoir l'activité de l'amour pour « visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction », et l'application à se conserver « pur du monde » (Jac. 1 : 27) ! Quel manque de zèle, enfin, à « chausser nos pieds pour être prêts à annoncer l'évangile de paix » (Eph. 6 : 15), pour parler du Seigneur aux pécheurs ! Il n'est pas besoin pour le faire d'avoir reçu un don d'évangéliste, mais il faut aimer le Seigneur, et aimer les âmes.
 

Caractères de l'activité chrétienne

            Le champ des activités est proprement immense. Nous n'avons pas à nous demander si elles sont grandes ou petites, ni quel effet elles font aux yeux du monde. Il se trompe souvent à leur sujet, encore qu'il sache plus que nous ne le pensons, discerner les « bonnes oeuvres » dans lesquelles nous avons à « être les premiers » (Tite 3 : 8), et cela même si, les observant, ils « médisent de vous comme de gens qui font le mal » (1 Pier. 2 : 12). Ce qui compte pour le fidèle de Philadelphie, c'est que le Saint et le Véritable « connaît ses oeuvres » même s'Il n'exprime pas pour l'instant l'appréciation qu'Il en fait.

            Cette activité chrétienne, il faut y insister, est celle de toutes les époques, mais elle prend tout spécialement son caractère de « service intelligent » dans un temps de relâchement général, précurseur de l'apostasie. Elle demande une vigilance et un effort accrus à mesure que les témoins sont moins nombreux et sentent davantage leur faiblesse. « Fortifie-toi » (2 Tim ; 2 : 1), dit Paul à Timothée en vue de ces temps fâcheux des derniers jours. « Tiens ferme » (Apoc. 3 : 11), dit le Seigneur au Philadelphien qui a « peu de force » (v. 8).


                        Ferveur et dépendance

            L'activité du croyant  tire sa valeur permanente de la « ferveur » qui l'anime, en « servant le Seigneur » : de même que le coeur des fils de Coré « bouillonne d'une bonne parole » pour célébrer le Roi (Ps. 45 : 1), l'esprit du vrai serviteur bouillonne d'une sainte ardeur à s'acquitter de son service. Il lui faut en même temps une entière dépendance. Il ne s'agit pas en effet de choses que nous estimons bonnes, que nous entreprenons et sur lesquelles nous demandons l'approbation de Dieu ; il s'agit des choses que Dieu nous demande de faire et pour lesquelles Lui nous envoie - et non les hommes. Nous avons besoin de « discerner la volonté du Seigneur », à laquelle trop souvent nous substituons la nôtre ! Dans la construction d'une machine ou l'édification d'une maison l'ouvrier risque de tout gâter s'il prétend faire sa part d'ouvrage à sa guise, sans tenir compte du plan d'ensemble et des instructions de détail émanant du chef d'entreprise.

            Nous avons d'autre part à comprendre que le Seigneur n'aurait pas besoin de nous, et qu'ayant fait tout ce qui nous est commandé nous resterions des serviteurs inutiles (Luc 17 : 10-11). Il sait quand des pauses sont nécessaires et peut nous dire parfois : «Venez à l'écart...» (Marc 6 : 31). Des suspensions d'activité mettent à l'épreuve la véritable obéissance : quand Il apprit la maladie de Lazare, Jésus « demeura encore deux jours au lieu où il était » (Jean 11 : 6). C'est l'Esprit, non l'impulsion de nos coeurs, qui dirige une activité selon Dieu, et cet Esprit nous fait connaître Christ, nous attache à Celui qui dit : « Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15 : 5).


                        Activité humble et paisible

            L'activité de l'enfant de Dieu est  humble. Elle ne se fait pas valoir. Elle est paisible, comme toute la sagesse qui vient d'en haut. L'apôtre exhortait les Thessaloniciens à travailler « paisiblement » (1 Thes. 3 : 12). L'agitation est un trait des plus fâcheux pour le serviteur du Seigneur. Marthe s'affairait tant pour recevoir dignement Jésus qu'elle méconnaissait la ferveur d'esprit de sa soeur et reprenait à ce sujet l'hôte qu'elle voulait honorer (Luc 10 : 40). Le temps devait venir où il serait démontré que ce recueillement en apparence inactif de Marie portait le germe de la plus haute action qu'il ait été donné à quelqu'un d'accomplir ici-bas : répandre sur le corps de Jésus, de son vivant, un parfum gardé pour sa sépulture (Marc 14 : 8).

            Nous sentons bien que, dans cette sphère de la véritable activité chrétienne, il n'est guère de place pour les oeuvres de grande apparence dont se sait gré la profession religieuse ; quelque dévouement qu'on y trouve - et il y en a parfois beaucoup -, l'influence des hommes pèse de tout le poids de leurs capacités intellectuelles, de leur crédit dans la société ou de leurs possibilités financières. Non point que ce ne soit une responsabilité et une bénédiction pour ceux qui ont reçu des moyens temporels de les employer pour le bien, dans cette dépendance et cette humilité de « l'esprit fervent, servant le Seigneur » ; toutefois il y aurait danger pour eux et pour l'assemblée à confondre ces moyens avec les « dons de grâce » que nous avons à faire valoir.


                        Une règle d'or

            « Et quoi que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par Lui à Dieu le Père » (Col. 3 : 17).
 
                                                                        D'après A. Gibert« Messager Evangélique » 1962 p. 253