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ELIE, « UN PROPHETE DE L'ETERNEL » (2)

3 - SAREPTA 
4 - ABDIAS  


 
3 - SAREPTA
 
La maison de la veuve (1 Rois 17 : 8-24)
 
 
            Le torrent avait tari, mais l'Eternel demeurait. Il n'oubliait pas son serviteur. Il connaissait ses besoins et avait vu le torrent asséché. Mais il n'y avait point eu de parole d'avertissement ni de directive nouvelle avant que survienne cette épreuve. L'amour du Seigneur pourvoit aux besoins de ses saints, mais les voies qu'emprunte sa sagesse les maintiennent dans le sentier de la foi.
            En outre, le plan que l'Eternel donne est si remarquable, si contraire à tout ce que le prophète aurait pu concevoir, si opposé à son éducation religieuse, à ses pensées naturelles et à ses instincts spirituels que, si le plan avait été exposé au prophète avant l'assèchement du torrent, il n'aurait peut-être pas manifesté une obéissance aussi spontanée. Elie était un homme ayant les mêmes penchants que nous (Jac. 5 : 17) et peut-être avait-il besoin, comme nous, de la pression des circonstances pour le rendre obéissant et l'amener dans un chemin aussi contraire aux pensées de l'homme naturel.
            Car aussi étrange que cela puisse paraître, le prophète reçoit l'ordre de se lever, d'aller à Sarepta et d'habiter là. Il doit quitter le pays promis et se rendre dans une ville des nations et, d'entre toutes les villes, une ville qui appartenait à Sidon – le foyer du culte de Baal, qui avait attiré la ruine sur le pays – la demeure aussi de la méchante Jézabel qui avait introduit le culte de Baal et mis à mort les prophètes de l'Eternel. Et, chose plus étrange encore, arrivé dans ce pays étranger, le grand prophète devait dépendre d'une veuve pour sa subsistance journalière. Car, dit l'Eternel, « j'ai commandé là à une femme veuve de te nourrir » (v. 9). Si l'Eternel avait commandé au prophète de nourrir la veuve, nous l'aurions plus facilement admis. Mais non, le plan de Dieu est que la veuve nourrisse le prophète. Il y avait d'autres villes et d'autres contrées autour d'Israël, infiniment moins coupables que Sidon. Il y avait « plusieurs veuves » en Israël dans une condition aussi triste, mais elles ne convenaient pas au plan de Dieu. Comme toujours, Dieu a Christ en vue. Mille ans plus tard, dans la ville de Nazareth, le Seigneur aurait besoin d'une illustration de la grâce souveraine, et c'est ainsi que le prophète Elie doit aller chez une veuve nécessiteuse dans le pays de Sidon triplement coupable. Dieu a un propos dans chaque détail du chemin où il place ses serviteurs, même si mille ans doivent s'écouler avant que ce propos soit dévoilé !
            Par la foi le prophète obéit sans poser de questions à la parole de l'Eternel. « Il se leva et s'en alla à Sarepta » (v. 10). Mû par la foi, poussé peut-être par les circonstances adverses, il obéit à l'Eternel et entreprend sa course solitaire jusqu'à la lointaine ville de Sidon – à travers un pays aride et désolé, couvert de ronces et d'épines, où les ennemis et les pièges abondent.
            A l'entrée de la ville, le prophète se trouve en face de la veuve. Pour la vue naturelle et la raison humaine, il semble impossible qu'elle puisse être appelée à le nourrir. Dans un dénuement absolu, cette veuve désolée et tenaillée par la faim, est parvenue au bout de ses ressources. Il ne lui reste qu'une poignée de farine et un peu d'huile dans une cruche, et elle ramasse quelques bûchettes pour préparer un dernier repas pour elle et son fils, en attendant que la mort vienne mettre un terme à leurs souffrances. Avec à peine de quoi préparer un seul repas, comment pourrait-elle nourrir le prophète ? La veuve parle bien du Dieu vivant, mais c'est le Dieu d'Elie, car elle dit : « ton Dieu », non pas « mon Dieu » (v. 12). Elle n'avait pas de foi personnelle dans le Dieu vivant : ses espérances étaient liées au pot de farine et à la cruche d'huile et, ceux-ci étant vides, elle n'a plus devant elle que les portes de la mort. Mais Dieu a une autre voie que la mort pour la veuve. Sa grâce souveraine a prévu que la vie – la vie de résurrection – remplirait sa maison de bénédiction. Quant à Elie, au temps choisi par Dieu, il entrerait dans la gloire, non pas par les portes de la mort, mais par un char de feu et des chevaux de feu. En attendant, il doit demeurer quelque temps à Sarepta. Or Sarepta signifie le lieu du haut fourneau. Le prophète a subi l'épreuve du torrent sec à Kerith ; il doit maintenant affronter la fournaise de l'épreuve à Sarepta. Mais c'est le chemin de Dieu vers le Carmel. Elie va être appelé à faire descendre le feu des cieux. Eh bien ! Il doit traverser le feu sur la terre. Il devra se tenir seul pour le Dieu vivant devant tout Israël ; il doit d'abord apprendre dans le secret, la puissance de Dieu dans la fournaise de l'épreuve. Le torrent asséché du Kerith et le feu d'affineur de Sarepta, sont des étapes dans le voyage vers le Carmel et le char de feu.
            Et pourtant, combien il est humiliant pour l'orgueil d'être nourri par une veuve ; combien sont pénibles pour l'amour-propre ces circonstances désespérées. Mais la pauvreté de la veuve, la poignée de farine, la cruche d'huile et la mort planant sur tous, ne servent qu'à manifester les ressources du Dieu vivant. La faiblesse totale et l'état désespéré des circonstances étant révélés, Dieu est libre de déployer les ressources de sa grâce. La demande d'Elie : « un peu d'eau » et un « morceau de pain » (v. 10-11) met en lumière la condition de la veuve. Et la vérité étant établie, la grâce peut se déployer. Quelle richesse dans la grâce qui remplit la maison de la veuve ! Toute crainte était écartée, car les premières paroles de grâce furent : « Ne crains point » (v. 13).
            Puis vient la provision de la grâce : « Le pot de farine ne s'épuisera pas, et la cruche d'huile ne manquera pas » (v. 14). Leurs besoins sont satisfaits et la mort est chassée de chez eux.
            Dans cette belle scène, nous avons encore l'enseignement de la grâce, car non seulement la grâce apporte le salut aux nécessiteux, mais elle nous enseigne comment vivre. La vie donnée par la grâce est une vie de dépendance. Ce ne sont pas un pot de farine ou une cruche d'huile qui ont été promis. Les provisions de la grâce sont certes illimitées, mais la grâce ne donne pas de réserves comme la nature se plaît à en avoir. La promesse était que la poignée de farine ne s'épuiserait pas et que la cruche d'huile ne se viderait pas. Il y aurait suffisamment pour chaque jour, mais pas de réserve pour le lendemain. La grâce nous enseigne à vivre dans la dépendance du Dispensateur de la grâce.
            Enfin, il y a l'espérance de la grâce, car la grâce offre un avenir béni : le « jour », le grand jour, le jour bienheureux, arriverait où l'Eternel enverrait la pluie sur la terre. Quel foyer heureux – ne serait-ce que la maisonnette d'une veuve – que celui qui est nourri par les provisions de la grâce, dirigé par les enseignements de la grâce et encouragé par l'espérance de la grâce !
            Cette même grâce a été révélée depuis avec une plénitude infiniment plus grande. Dans la maison de la veuve, nous nous mouvons parmi les « ombres », mais maintenant nous avons la réalité, depuis la venue de Celui qui est plein de grâce et de vérité. Pendant tous les jours de notre pèlerinage dans ce monde de misère, nous avons, nous aussi, le pot de farine qui ne s'épuise pas et la cruche d'huile qui ne manque jamais. Est-ce que la farine – la fine fleur de farine – ne nous parle pas de Christ – Celui dont il est dit : « Toi, tu demeures », et « Toi, tu es le Même » (Héb. 1 : 11-12) ? D'autres peuvent nous faire défaut, mais Lui demeure. D'autres peuvent changer, mais Lui reste le Même. Et l'huile ne nous parle-t-elle pas de cet autre Consolateur – le Saint Esprit - qui est venu pour être avec nous éternellement (Jean 14 : 16) ? Les torrents terrestres sèchent, mais avec le Christ vivant, le chrétien possède des ressources qui ne manqueront jamais.
            De plus, la grâce qui nous a apporté le salut nous enseigne à vivre « dans le présent siècle sobrement, justement et pieusement » (Tite 2 : 11-12). Une telle vie ne peut être vécue que dans une dépendance journalière de Christ, dans la puissance du Saint Esprit.
            Et la grâce qui apporte le salut et nous enseigne comment vivre, a placé devant nous cette bienheureuse espérance, l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ. L'apparition de la grâce conduit à l'apparition de la gloire (Tite 2 : 13). Alors effectivement, les besoins des saints seront satisfaits, leurs épreuves passées à jamais et la famine d'ici-bas pour toujours terminée.
            Mais d'autres révélations de la gloire du Dieu vivant sont en réserve pour la famille de Sarepta. Dieu a d'autres leçons pour Elie et des exercices plus profonds pour la veuve. Dieu allait se révéler non seulement comme Celui qui maintient la vie, mais comme Celui qui la donne. Pour être prêt pour le grand jour du Carmel, Elie doit connaître Dieu comme le Dieu de résurrection. Pour être établie dans des relations paisibles avec Dieu, la veuve doit connaître Dieu comme le Dieu de vérité autant que comme le Dieu de grâce, et pour cela sa conscience doit être réveillée, son péché rappelé en mémoire et jugé.
            Pour la réalisation de ces résultats élevés, l'ombre de la mort doit venir s'abattre sur la maison de la veuve. Son fils unique tombe malade et meurt. Pendant toute une année, la veuve a joui, dans une foi simple, des grâces que Dieu a accordées, mais en présence de la mort, sa conscience est réveillée et elle se souvient de son péché, car « le salaire du péché, c'est la mort » (Rom. 6 : 23). Tant que notre vie se déroule paisiblement et que nos besoins journaliers sont satisfaits, nous pouvons vivre sans beaucoup d'exercices à l'égard de bien des choses qui, aux regards de Dieu, devraient être jugées. Mais sous l'effet d'une épreuve particulière, la conscience se réveille, la vue se clarifie et beaucoup de choses qui, dans le passé, peuvent avoir été mauvaises, en pensées, paroles, habitudes et actions, sont considérées, réglées et jugées dans la présence de Dieu.
            Elie aussi a des leçons à apprendre dans cette grande épreuve. C'est une nouvelle occasion d'exercer sa foi dans le Dieu vivant. D'une manière très belle, il regarde au-delà de la maladie et de la puissance de la mort et voit, dans le mal qui est tombé sur cette maison, la main du Dieu vivant. A ses yeux, ce n'est pas la maladie qui a fait mourir l'enfant, ce n'est pas la mort qui s'est abattue sur lui ; c'est Dieu qui a frappé le fils de la veuve. Si c'était l'oeuvre de la maladie et de la mort, il n'y aurait point d'espoir, car s'ils peuvent enlever l'enfant, ils ne peuvent pas le ramener. Mais si c'est Dieu qui a frappé l'enfant, Il peut le rappeler à la vie.
            La foi d'Elie garde Dieu entre lui et les circonstances douloureuses. Mais Elie reconnaît qu'en lui-même, il n'y a pas de puissance. C'est ce que peut signifier le fait qu'il s'étendit sur l'enfant. Il s'identifie entièrement à l'enfant mort ; il réalise que, comme l'enfant mort, il n'a aucune puissance. Elie est impuissant en présence de la mort. Mais si l'enfant est mort, Dieu est vivant. Si Elie n'a pas de puissance, Elie peut prier. En s'étendant ainsi, il s'identifie avec l'impuissance de l'enfant ; en priant, il fait appel à l'immense puissance du Dieu vivant.
            L'homme avec les « mêmes penchants que nous » met de nouveau la puissance de Dieu en mouvement par la prière. « Eternel, mon Dieu ! fais revenir, je te prie, l'âme de cet enfant au-dedans de lui » (v. 21). S'adressant à Celui avec lequel il est dans une relation vivante, qu'il connaît bien et qu'il a déjà mis à l'épreuve, il peut dire avec une grande confiance « mon Dieu ». Sa foi reconnaît que c'est au pouvoir du Dieu vivant de ressusciter l'enfant mort et, avec une foi encore plus grande, il demande que la chose ait lieu. Est-ce qu'un homme, avant ou depuis, a jamais présenté une requête plus grande à Dieu, dans un langage aussi simple et par une prière aussi brève ? Il est bien évident que la prière efficace et fervente n'a pas besoin d'être compliquée ni longue.
            La prière est entendue et la requête exaucée. Dieu se révèle comme le Dieu de résurrection. Il n'est pas seulement le Dieu vivant ; il n'est pas seulement la Source de la vie et le Soutien de la vie ; mais Il peut communiquer la vie à un mort. Il brise le pouvoir de la mort et Il est victorieux du tombeau par la puissance illimitée de la résurrection.
            Elie ne revendique aucun droit sur l'enfant ressuscité ; il le rend à sa mère. La femme discerne aussitôt qu'il est un « homme de Dieu » (v. 24). L'homme aux « mêmes penchants que nous » a été transformé en « homme de Dieu » parce qu'il était un « homme de prières ».
 
 
 
4 - ABDIAS
 
Le préposé sur la maison du roi (1 Rois 18 : 1-16)
 
 
            Les années de famine touchent enfin à leur terme et, de nouveau, la parole de Dieu vient à Elie disant : « Va, montre-toi à Achab, et je donnerai de la pluie sur la face de la terre » (v. 1). Au début des années de sécheresse, l'Eternel avait dit à Elie : « Va-t'en d'ici... cache-toi » (17 : 3). Il y a un temps de nous cacher et un temps de nous montrer ; un temps de proclamer la parole de l'Eternel du sommet des toits et un temps de se retirer à l'écart dans un lieu désert et de se reposer un peu. Un temps de traverser le pays comme « inconnus » et un temps de se mêler à la foule comme « bien connus » (2 Cor. 6 : 9). De tels changements sont le lot commun de tous les vrais serviteurs du Seigneur. Jean le Baptiseur, en son temps, a été dans le désert comme inconnu, jusqu'au jour de sa manifestation à Israël comme bien connu ; puis il s'est retiré à nouveau du regard public en la présence de Celui dont il pouvait dire : « Il faut que lui croisse et que moi je diminue » (Jean 3 : 30). Cette grâce qui sait quand il convient de se montrer et quand il faut se retirer, trouve son expression la plus parfaite dans la marche du Seigneur. Il peut rassembler toute la ville à la porte du lieu où il demeure, comme quelqu'un de « bien connu » et, se levant longtemps avant le jour, se retirer dans un lieu désert, comme « inconnu ».
            Mais pour que de tels changements dans le chemin du serviteur rencontrent une obéissance prompte, il convient que celui-ci reste humble et qu'il ait une grande confiance en Dieu. Cette qualité élevée de la foi ne manquait pas chez Elie. Sans élever la moindre objection, il « s'en alla pour se montrer à Achab » (v. 2). Sa formation dans le secret l'avait préparé pour cette occasion. Aux yeux du roi, Elie était un proscrit, celui qui troublait Israël. A la lumière de la raison humaine, paraître devant le roi serait donc une pure folie. Dieu n'aurait-il pas pu envoyer la pluie sur la terre sans exposer son serviteur à la colère du roi ? Certainement, mais cela n'aurait en aucune façon répondu aux circonstances du moment. La pluie avait été retenue à la parole d'Elie, en présence du roi ; et le retour de la pluie devait aussi dépendre de l'intervention du prophète de Dieu en présence du roi. Si la pluie était tombée à nouveau indépendamment du témoignage public d'Elie, il aurait aussitôt été traité de faux prophète et d'imposteur ; pis encore, les prophètes de Baal auraient pu attribuer la délivrance à leur idole.
            L'état moral du roi ne laisse pas le moindre doute. Tandis qu'Elie quitte Sarepta, à la parole de l'Eternel et pour la gloire de l'Eternel, le roi entreprend un voyage, par pur égoïsme et avec pour seul motif la conservation de ses chevaux. Pendant trois ans et demi, il n'est tombé ni pluie ni rosée - la famine pèse lourdement sur le pays - le roi et le peuple expérimentent que c'est « une chose mauvaise et amère » que d'abandonner l'Eternel Dieu et d'adorer les idoles. Mais qu'en est-il du roi ? Est-ce que cette terrible calamité a touché son coeur ? A-t-elle produit la repentance envers l'Eternel ? Est-ce qu'il parcourt son royaume pour chercher à soulager la détresse de son peuple mourant de faim et pour exhorter chacun à crier à Dieu ? Hélas ! Ses pensées sont occupées de ses chevaux et de ses mulets plutôt que de son peuple affamé ; et bien loin de rechercher Dieu, il cherche simplement de l'herbe.
            Homme faible, égocentrique, ne se refusant rien, dominé par une femme résolue et idolâtre, il est devenu le chef de l'apostasie et l'ennemi avoué de l'homme de Dieu. Et maintenant, insensible à la terrible visitation de la sécheresse et de la famine, il poursuit sa vie égoïste et frivole, aussi indifférent aux souffrances de son peuple qu'aux droits de Dieu. Telle est l'image de dépravation qu'offre le roi.
            Mais à ce moment, un autre caractère, très différent, est placé devant nous. Abdias était un homme qui craignait beaucoup l'Eternel et qui, dans le passé, avait rendu un grand service aux prophètes de l'Eternel, et pourtant, chose étrange, il est préposé sur la maison du roi. ! Quelle anomalie : un homme craignant beaucoup l'Eternel est trouvé en association intime avec un roi apostat ! « Non pas », comme l'a dit un autre, « qu'il ait été simplement trompé parfois ni que ses voies aient été parfois souillées, mais toute sa vie témoigne d'un homme aux principes mélangés ».
            Tant Elie qu'Abdias étaient des saints de Dieu, mais leur rencontre est marquée par la réserve plutôt que par la communion des saints. Abdias est déférent et conciliant ; Elie froid et distant. Quelle communion peut-il y avoir entre le serviteur de Dieu et le ministre d'Achab ? Quelqu'un a remarqué à juste titre : « Nous ne pouvons pas servir le monde et suivre son courant à l'insu les uns des autres, et supposer que nous pouvons ensuite nous rencontrer comme saints et jouir d'une douce communion. »
            Abdias essaie d'échapper à une mission pleine de dangers à ses yeux. « Quel péché ai-je commis, s'exclame-t-il, que tu livres ton serviteur en la main d'Achab ? » (v. 9). Pourtant Elie n'avait pas parlé de péché. Alors Abdias invoque ses bonnes oeuvres. Elie n'avait-il pas entendu parler de sa bonté envers les prophètes de l'Éternel autrefois ? Mais il n'était pas question de mauvaises ou de bonnes oeuvres ; la source de tout le trouble d'Abdias était la fausse position dans laquelle il se trouvait. Il était un homme sous un joug mal assorti.
            L'Esprit de Dieu se sert de cette scène pour montrer les conséquences solennelles du joug mal assorti entre la justice et l'iniquité, la lumière et les ténèbres, Christ et Béliar, le croyant et l'incrédule (2 Cor. 6 : 14-18).
 
            1. Abdias reçoit ses ordres du roi apostat. Elie prend ses directives de l'Eternel et agit selon les commandements de l'Eternel. Abdias, bien que craignant l'Eternel, n'est pas employé au service de l'Éternel et ne reçoit aucune directive de l'Eternel. Achab est son maître ; c'est Achab qu'il doit servir et c'est d'Achab qu'il reçoit ses ordres. Ainsi, en cette période de calamité naturelle, perd-il son temps à chercher de l'herbe pour les bêtes de son maître.
            2. Il vit à un bas niveau spirituel. Alors qu'il est en chemin sur ordre de son maître, « voici, Elie le rencontra » (v. 7). En présence du prophète, Abdias tombe sur sa face et s'adresse à lui comme « mon seigneur Elie », manifestant qu'il est conscient du bas niveau auquel il vit. Abdias habite dans les palais des rois ; Elie dans les lieux déserts de la terre, en compagnie de la veuve et de l'orphelin ; Abdias sait néanmoins parfaitement bien qu'Elie est le plus grand. Les positions élevées de ce monde peuvent conférer des honneurs terrestres, mais elles ne peuvent accorder des dignités spirituelles ! Elie ne peut même pas reconnaître Abdias comme un serviteur de l'Eternel. Pour lui, il n'est qu'un serviteur du méchant roi, car il dit : « Va, dis à ton seigneur : Voici Elie ! » (v. 11).
            3. La triste réponse d'Abdias montre clairement qu'il vit dans une lâche terreur du roi. Serviteur d'un autocrate égoïste, il recule devant une mission qui peut attirer sa colère et sa vengeance.
            4. Non seulement cette association profane maintient Abdias dans la crainte du roi, mais elle détruit sa confiance en Dieu. Il reconnaît que l'Esprit de l'Eternel mettra Elie à l'abri de la vengeance du roi, mais, pour lui, il n'a pas de foi pour compter sur la protection de Dieu. Une fausse position et une conscience mal à l'aise l'ont privé de toute confiance en l'Eternel.
            5. Manquant de confiance en l'Eternel, il n'est pas prêt à être employé par l'Eternel. Il recule devant une mission dans laquelle il peut discerner du danger et peut-être la mort. Trois fois il répète qu'Achab le fera mourir. Il cherche à échapper à la mission, arguant d'une part de la méchanceté du roi et, d'autre part, de sa propre bonté.
            Combien l'attitude d'Elie est différente ! Marchant dans la séparation du mal, il est rempli d'une sainte hardiesse. Non pas que sa confiance fût en lui-même ou dans sa marche de séparation, mais elle est dans le Dieu vivant. Il peut dire à Abdias : « L'Eternel des armées, devant qui je me tiens, est vivant, qu'aujourd'hui je me montrerai à lui » (v. 15). N'est-il pas solennel qu'Elie doive s'adresser à un saint de Dieu dans les mêmes termes qu'au roi apostat (1 Rois 17 : 1 ; 18 : 15) ? Abdias, se tenant devant le roi, est rempli de la crainte de la mort ; Elie se tenant devant le Dieu vivant, est plein d'une calme et sainte confiance. Dans la foi au Dieu vivant, il avait averti le roi de la sécheresse qui allait venir ; dans la foi au Dieu vivant, il avait été nourri en secret pendant les années de sécheresse, dans la foi au Dieu vivant, il peut une fois encore paraître devant le roi et dire sans trace de crainte « aujourd'hui je me montrerai à lui ».
            Abdias n'avait pas passé par une telle école. Il avait suivi le chemin de ses aises plutôt que le chemin de la foi. Il se plaisait dans la ville en tant que préposé sur la cour du roi, et non pas dans les lieux déserts de la terre comme le serviteur fidèle de l'Eternel. Sa sphère était le palais somptueux du roi plutôt que l'humble foyer de la veuve.
            Combien, aux yeux de l'homme naturel, la position d'Abdias paraît désirable avec ses aises, sa richesse et son rang élevé ; et combien misérable l'humble chemin d'Elie avec sa pauvreté et ses privations ! Mais la foi estime « l'opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l'Egypte » (Héb. 11 26). Elie a trouvé de plus grands trésors dans la pauvreté du foyer de la veuve qu'Abdias dans les splendeurs du palais du roi. Ne pouvons-nous pas dire qu'à Sarepta, « les richesses insondables du Christ » (Eph. 3 : 8) - la farine qui ne s'épuisait pas, l'huile qui ne manquait pas et la résurrection - ont été déployées devant les yeux du prophète ? Abdias n'a pas connu de telles bénédictions. Il a certes échappé à l'opprobre du Christ, mais il est passé à côté des richesses insondables du Christ. Il a échappé à l'épreuve de la foi et a perdu les récompenses de la foi.
            Il a pu être dit de Moïse : « Par la foi, il quitta l'Egypte, sans craindre la colère du roi ; car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible » (Héb. 11 : 27). Elie lui aussi a tourné le dos au monde de son temps, ne craignant pas la colère du roi. Avec la vision qu'il avait du Dieu vivant, il tint ferme, comme voyant Celui qui est invisible. Tout cela faisait défaut chez Abdias. Il craignait peut-être Dieu en secret, mais il craignait le roi publiquement. Il n'avait jamais rompu avec le monde et il ne voyait pas le Dieu vivant.
            Séparé du monde, dans une sainte consécration à Dieu, le prophète Elie est en contact avec les cieux et voit, déployées devant ses yeux, les merveilles de la grâce et de la puissance de Dieu. Abdias est tout à fait étranger à ces merveilles célestes : identifié au monde et associé au roi apostat, il ne peut être occupé que des choses terrestres et ainsi, tandis qu'Elie recherche la gloire de Dieu et la bénédiction d'Israël, Abdias cherche de l'herbe pour des chevaux et des mulets.
            Après avoir délivré le message d'Elie, Abdias disparaît du récit, tandis qu'Elie reçoit de nouveaux honneurs comme témoin du Dieu vivant, jusqu'au moment où, à la fin, il entre dans la gloire dans un char de feu.
           
 
                                                                                                H. Smith
 
    (A suivre)