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« Chasse la servante et son fils »

 

Un mauvais conseil (Gen. 16)
Un conseil juste (Gen. 21)


 
Lire : Genèse 16 ; 21 : 1 : 21 ; Galates 4 : 28-31
 
            Quel heureux changement d'attitude chez Sara, dans sa façon de « conseiller » son mari Abraham, entre les deux chapitres 16 et 21 de la Genèse ! Le Saint Esprit cite cette femme parmi la grande nuée de témoins du chapitre 11 des Hébreux : « Par la foi, Sara elle aussi reçut la force de fonder une postérité, bien qu'elle en ait passé l'âge, parce qu'elle estima fidèle celui qui avait promis ; c'est ainsi que d'un seul homme, déjà comme mort, sont nés des gens nombreux comme les étoiles du ciel et comme le sable du rivage de la mer, qui ne peut pas se compter » (v. 11-12).
            Saraï, déjà bien avancée en âge, constate qu'elle ne donne toujours pas d'enfant à Abram (Gen. 16 : 1). Elle a dix ans de moins que son mari, qui en a environ quatre-vingt-cinq. Ils attendent depuis longtemps déjà l'accomplissement de la promesse divine, que l'Eternel a encore solennellement renouvelée au chapitre 15. Chacun sait toutefois par expérience combien il est difficile de rester patient et d'honorer ainsi notre Dieu (Jac. 5 : 11). Il nous faut apprendre à attendre le moment choisi par Dieu. C'est ainsi, « par la foi et par la patience », que l'on hérite ce qui a été promis (Héb. 6 : 12).
 

Un mauvais conseil (Gen. 16)

            Saraï avait une servante égyptienne nommée Agar, probablement ramenée de l'humiliant séjour du couple en Egypte (Gen. 12 : 14-20). Elle dit à Abram, son mari: « Tu vois que l'Eternel m'a empêchée d'avoir des enfants; va, je te prie, vers ma servante; peut-être me bâtirai-je une maison par elle. Et Abram écouta la voix de Saraï » (16 : 2). En fait, elle accuse l'Eternel, et ni elle ni Abram ne le consultent avant d'user d'un tel subterfuge. Les conséquences de leur désobéissance seront graves et durables. « Ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6 : 7).
            Saraï elle-même amène Agar à son mari; il vient vers elle; elle conçoit et « sa maîtresse fut méprisée à ses yeux » (v. 4). Pour une femme, en Orient, avoir une postérité est une couronne de gloire.
            Saraï, au lieu de juger son triste rôle dans cette affaire et de s'en humilier devant Dieu, couvre son mari de reproches et affirme : « Le tort qui m'est fait est sur toi… L'Eternel jugera entre moi et toi » (v. 5). Il peut, hélas ! se passer parfois des scènes aussi peu édifiantes dans les maisons chrétiennes.
            Abram, devant ces accusations imméritées, dit à sa femme: « Voici, ta servante est entre tes mains, fais-lui comme il sera bon à tes yeux » (v. 6). Dans cette réponse, il considère sa femme comme la maîtresse de la maison. Alors, pour échapper aux conséquences de sa faute, Saraï maltraite Agar, de sorte que celle-ci se sauve finalement au désert.
            Là, dans sa grâce, l'Ange de l'Eternel va prendre soin d'elle. Il lui dit : « Retourne vers ta maîtresse, et humilie-toi sous sa main » (v. 9). Puis, il lui annonce la naissance d'Ismaël dont la semence sera très nombreuse. Le nom d'Ismaël signifie: Dieu entend, il exauce.
            L'Eternel a vu l'affliction de la pauvre servante ; il est toujours prêt, dans sa miséricorde, à répondre à toute personne qui, dans la détresse, crie à lui (Ps. 50 : 15 ; 142 : 1-2). Le puits auprès duquel se tenait Agar, où plus tard Isaac viendra méditer, devient désormais Beër-Lakhaï-roï ou « le puits du Vivant qui se révèle » (v. 13, 14).
            Abram est âgé de 86 ans au moment de la naissance d'Ismaël et il s'attache beaucoup à cet enfant. Treize années vont passer ; puis l'Eternel, dans une vision, lui adresse ce nouveau message : « Je suis le Dieu Tout-Puissant; marche devant ma face, et sois parfait » (17 : 1). Son nom devient Abraham, c'est-à-dire « père d'une multitude » et l'Eternel établit avec lui son alliance perpétuelle – la seconde dans l'Ecriture, après celle qui avait été conclue avec Noé. Dieu lui donne aussi le pays de Canaan en possession perpétuelle. Tout mâle de sa descendance, y compris Ismaël, devra désormais être circoncis ; « ce sera un signe d'alliance entre moi et vous », dit l'Eternel (v. 11).
            Saraï, elle aussi, reçoit un nouveau nom. Elle devient Sara, c'est-à-dire « princesse », et l'Eternel révèle à Abraham ses intentions à son égard : « Je la bénirai, et même je te donnerai d'elle un fils… et elle deviendra des nations; des rois de peuples sortiront d'elle » (v. 16).
            Le patriarche tombe sur sa face et il rit dans son coeur (v. 17). Ce n'est pas un rire d'incrédulité, mais d'étonnement. Il a visiblement quelque difficulté à croire qu'à leur âge, Sara et lui auront un enfant ! Le père de la foi (Rom. 4 : 11) a eu, lui aussi, ses défaillances. Abraham dit à l'Eternel : « Oh, qu'Ismaël vive devant toi ! » (v. 18). Il semble dire: Pourquoi ne pas s'en tenir à Ismaël, ce jeune et vaillant homme qui grandit? Pourquoi recommencer et en attendre un autre? Dieu le veut pourtant, et celui qui va naître sera l'héritier de la promesse.
            Dieu répond : « Certainement Sara, ta femme, t'enfantera un fils ». Il précise même son nom ; il s'appellera Isaac (rire). Il sera envoyé l'année suivante et Dieu établira aussi avec lui une alliance perpétuelle (v. 19). Isaac est un type du Fils et de l'Héritier, de Christ lui-même. Les desseins de Dieu sont invariables et fermes, hors de l'atteinte de l'homme.
            On voit l'immense bonté de l'Eternel quand il ajoute : « A l'égard d'Ismaël, je t'ai exaucé: voici, je l'ai béni, et je le ferai fructifier et multiplier extrêmement » (v. 20). Il ne tient pas rigueur à Abraham de sa défaillance, qui résulte d'avoir écouté le fâcheux conseil de sa femme.

 
Un conseil juste (Gen. 21)

            Après vingt-cinq ans d'attente, la foi, hélas! quelquefois vacillante, est récompensée. Dieu visite Sara comme il l'avait dit. Le fils tant désiré naît. Mais à peine la grande promesse accomplie, une nouvelle épreuve apparaît pour le patriarche: il devra maintenant se séparer d'Ismaël, malgré les liens étroits qui se sont tissés entre eux.
            « Sara dit: Dieu m'a donné lieu de rire ; quiconque l'entendra rira avec moi… Qui eût dit à Abraham: Sara allaitera des fils ? Car je lui ai enfanté un fils dans sa vieillesse » (Gen. 21 : 6, 7).
            Les enfants étaient sevrés vers deux ou trois ans. A cette occasion, on célébrait une fête de famille. Ismaël devait avoir à ce moment-là seize ou dix-sept ans. Pendant le festin, Sara le voit rire. Dans cette circonstance, c'est plutôt de la moquerie à l'égard d'Isaac. Ismaël avait peut-être été paisible jusqu'alors, mais il montre maintenant son véritable caractère: il se moque du petit enfant. Il est prêt à contester les droits d'Isaac, alors que toutes les promesses concernaient cet enfant. L'apôtre Paul écrit : « Celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l'Esprit » (Gal. 4 : 29).
            On a ici une image de l'homme dans la chair, qui ne peut rien comprendre aux desseins de Dieu accomplis en Christ. Ismaël, le fils de la servante, représente l'homme sous la servitude de la loi, n'ayant de ce fait aucun droit aux promesses divines ni aucune part à l'héritage des élus. La présence d'Isaac déclenche ce qui se passe ici chez Ismaël. Et la présence de la «nouvelle nature» fait ressortir ce qu'est toujours la chair, même si elle apparaît sous une forme aimable: « La chair convoite contre l'Esprit, et l'Esprit contre la chair » (Gal. 5 : 17).
            En conséquence de ce qui vient de se passer, Sara est pleinement convaincue que le choix de son fils comme héritier ne doit pas être contesté. Elle dit à Abraham : « Chasse cette servante et son fils; car le fils de cette servante n'héritera pas avec mon fils, avec Isaac » (v. 10). Une même disposition sera prise au chapitre 25, concernant d'autres descendants d'Abraham.
            Cette parole de Sara paraît dure, mais elle est en accord avec la pensée de Dieu! Cette «princesse» a maintenant un bon degré spirituel et montre ici plus de discernement que son mari. La Parole dit : « Cela fut très mauvais aux yeux d'Abraham, à cause de son fils » – c'est-à-dire d'Ismaël (v. 11).
            Par la figure du renvoi d'Ismaël, Dieu veut nous montrer que l'héritage appartient à Christ seul. Il veut aussi être glorifié dans la vie des croyants, qui ont été constitués « enfants de promesse » (Gal. 4 : 6, 7, 28). A la croix, le Seigneur s'est acquis tous les droits sur leurs coeurs.
            Ainsi, Dieu dit à Abraham: « Que cela ne soit pas mauvais à tes yeux à cause de l'enfant, et à cause de ta servante. Dans tout ce que Sara t'a dit, écoute sa voix; car en Isaac te sera appelée une semence » (v. 12 ; Rom. 9 : 8). Toutefois, il console Abraham au sujet d'Ismaël et lui promet que ce fils aura aussi une part à la bénédiction promise à tous les enfants d'Abraham (v. 13 ; 16 : 10 ; 17 : 20).
            Alors le patriarche se lève de bon matin ; il obéit immédiatement. En est-il toujours ainsi pour nous ? Il donne simplement à Agar et à son fils du pain et une outre d'eau. Quand l'eau de cette outre sera épuisée, le « Vivant qui se révèle », ayant entendu la voix de l'enfant, interviendra en sa faveur et vis-à-vis d'Agar, sa mère, qui désespérée, erre dans le désert. Dans sa miséricorde, il renouvellera sa délivrance (21 : 15-20).
            Dans l'épître aux Galates, l'apôtre Paul cite les paroles de Sara à son mari. Il déclare : « Que dit l'Ecriture ? – Chasse la servante et son fils » (4 : 30). Chers lecteurs croyants, il nous faut aussi réaliser en pratique cette injonction de l'Ecriture, et – avec le secours d'en haut – chasser tout ce qui en nous appartient à la servante et à son fils. Dieu a condamné tous les fruits de la chair et il réprouve aussi les enseignements erronés qui voudraient réintroduire subrepticement la loi chez ceux qui sont les enfants de la « femme libre ».
            L'apôtre, en terminant son enseignement à ce sujet, affirme: « Ainsi, frères, nous ne sommes pas enfants de la servante, mais de la femme libre » (Gal. 4 : 31). Le Seigneur lui-même avait déclaré : « Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres » (Jean 8 : 36). S'il a été pénible pour Abraham de renvoyer Ismaël, il est plus difficile encore pour le croyant de se séparer de tout ce qui est légal et de tenir sa chair dans la mort, là où la croix l'a placée. Mais s'il réalise par la foi qu'il est affranchi, il peut saisir la valeur des promesses divines et entrer déjà en possession de son héritage.
 
                                                              Ph. L – article paru dans le « Messager Evangélique » 2010