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Nebucadnetsar

La vision de Nebucadnetsar
La statue d'or
Le roi est averti par Dieu dans une nouvelle vision
« Le Dieu Très-haut domine sur le royaume des hommes »
 
 
Lire : Daniel 2 : 1-6, 24, 31-45 
                     3 : 1-7, 28-29 
                     4 : 28-37.
 
 
            Nebucadnetsar a été un des plus grands et des plus puissants monarques que ce monde ait jamais connus. Son ambition sans borne et son désir de s'élever toujours plus sont évidents dès le début du livre de Daniel. Mais il est instructif de voir que ce grand roi, malgré toute sa gloire terrestre, n'est qu'un jouet entre les mains du grand Dieu des cieux qui l'incline à ce qui Lui plaît  (Jér. 27 : 6-8).
            Malgré tout ce qu'il se targuait de posséder, Nebucadnetsar a seulement servi à faire prospérer - involontairement - le propos divin. Il a été une terrible verge dans la main de Dieu contre les derniers rois idolâtres de Juda.
 
 
La vision de Nebucadnetsar
 
            Daniel - « Dieu a jugé » - était né durant le règne de Josias, le dernier roi fidèle de Juda. Il est emmené à Babylone, lors de la première phase de la déportation. Sa prophétie couvre toute la période du « temps des nations » qui durera jusqu'au rétablissement d'Israël ; Christ jugera alors le dernier empire, la puissance romaine reconstituée, et Il établira son règne (Luc 21 : 24b). La conduite de Daniel, en dépit des pressions continuelles auxquelles il est soumis, montre sa crainte de l'Eternel. Dès sa jeunesse, il jouera un grand rôle auprès de Nebucadnetsar et de ses successeurs.
            Des révélations sont faites aux chefs des empires, à commencer par Nebucadnetsar et c'est Daniel qui en donnera la signification. Le contenu de la première vision, qui agite ce monarque et le prive de sommeil, met en évidence l'impuissance de tous les devins. Il leur fait une demande, totalement déraisonnable sur le plan humain : lui raconter la vision et lui en donner l'interprétation. Le tout est assorti de menaces de mort. Les devins lui répondent : « Il n'existe pas un homme sur la terre qui puisse expliquer la chose que le roi demande… excepté les dieux, dont la demeure n'est pas avec la chair » (Dan. 2 : 10-11).
            Nebucadnetsar est décidé à mettre ses menaces à exécution, mais Daniel entre en scène à cet instant critique. Par son moyen, Dieu va montrer sa grande puissance. Le tout jeune prophète prie avec ses trois fidèles compagnons ; il reçoit la réponse divine pendant la nuit, dans un rêve. Après avoir commencé par rendre grâce et célébrer le « Dieu de ses pères » (v. 23), Daniel se rend auprès d'Arioc, le chef des gardes du roi et le prie de ne pas mettre à mort les sages de Babylone. Il demande à être introduit auprès de Nebucadnetsar, pour lui raconter le songe et lui en donner la signification (v. 24).
            Devant le roi, Daniel met d'abord en évidence l'impuissance de toute sagesse humaine et affirme que c'est Dieu seul qui révèle les secrets (v. 28). Avec une réelle humilité, Daniel Lui attribue toute la gloire. Nebucadnetsar, comme chacun d'entre nous, doit apprendre une telle leçon. Daniel sera toujours revêtu d'humilité, quelle que soit la place qu'il occupera et les honneurs qui lui seront conférés (Dan. 5 : 17).
            Cette vision de Nebucadnetsar présente un raccourci saisissant de l'histoire des nations ; il s'agit de la statue d'un homme dont chaque partie du corps est constituée d'un métal différent (2 : 32-33) :
                        - La tête d'or représente justement Nebucadnetsar (v. 37-38) et le premier empire universel, celui de Babylone - après que Dieu ait retiré son trône du milieu d'Israël. En effet cette monarchie a été brillante mais de courte durée. 
                        - Elle a dû céder la place au royaume mèdo-perse (la poitrine d'argent).
                        - L'empire grec d'Alexandre lui succédera à son tour. Il forme le ventre et les cuisses d'airain.
                        - Enfin, les jambes et les pieds de ce personnage sont en fer. Il n'est pas difficile de reconnaître l'empire romain, brutal et destructeur. Son histoire a été brusquement interrompue par ce qu'on a appelé la « parenthèse de l'Eglise ». Mais cet empire se reconstitue présentement - pour peu de temps. Il y a en lui un élément de faiblesse figuré par de l'argile mêlé au fer, qui le rend très vulnérable (Dan. 2 : 41-42). La pierre « qui s'est détachée sans mains » (v. 45) mettra fin à la domination de « l'homme de la terre » (Ps. 10 : 18). Le dernier royaume, celui de Christ, sera stable pour toujours.
 
 
La statue d'or
 
            Nebucadnetsar aurait dû se laisser avertir par cette vision, dont Daniel seul avait pu lui donner l'interprétation. Dieu voulait que cet homme, alors au faîte de sa gloire, comprenne qu'il était la faiblesse même et que son immense empire pouvait s'effondrer subitement. La seule attitude convenable pour un homme mortel est l'humilité devant le Dieu souverain.
            Or, si Nebucadnetsar s'est d'abord prosterné devant Daniel, il semble au contraire que cette vision l'ait incité à dresser une statue colossale dans la plaine de Dura - entièrement en or, celle-ci. Après tout, n'était-il pas, lui, la tête d'or ? Un métal qui est l'objet d'une vénération universelle sur la terre. Il vaudrait mieux toutefois écouter sur ce point Eliphaz, et retourner vers le Tout-puissant ; en éloignant l'iniquité de notre tente ; et mettre tout l'or de ce monde dans la poussière ou au milieu des cailloux du torrent ! Ainsi le Tout-puissant sera notre or… et si nous lui adressons nos supplications, il nous entendra (Job 22 : 23-27).
            Cette statue a l'aspect d'un homme, et nous savons que celui-ci veut toujours s'adorer lui-même et se mettre à la place de Dieu ! Ce monument a aussi une ressemblance inquiétante avec l'image de la bête des temps apocalyptiques. A cette dernière aussi, chacun sera contraint de rendre hommage, sous peine de mort. Le fidèle résidu d'Israël sera soumis à rude épreuve (Apoc. 13 : 15). Shadrac, Meshac et Abed Nego représentent dans cette scène le résidu futur.
            Lors de la dédicace de cette gigantesque idole, tous les grands du royaume entourent le potentat et le peuple aussi est appelé à se réunir, au son d'une musique profane imposante et composée avec soin. Ce ne sont pas moins de sept instruments différents - dont les noms sont donnés ici à quatre reprises - qui interviennent lors de son exécution.
            La musique est apparue dans la Genèse, au sein de la famille de Caïn (4 : 21). Elle exerce un effet souvent redoutable sur nos sens, sans atteindre la conscience ! Elle peut même devenir un instrument dans la main de Satan et réveiller nos passions les plus viles. Elle fait parfois même naître des scènes d'hystérie collective.
            Les trois jeunes Hébreux sont conscients du grand danger de ne pas céder au caprice de ce souverain ; toutefois ils refusent d'obtempérer. Trahis et accusés par les Chaldéens jaloux des places d'autorité qu'ils occupent, ils comparaissent bientôt devant le roi (Dan. 3 : 13). Nebucadnetsar perd tout contrôle de lui-même et ses paroles montrent chez lui un nouveau trait de caractère. Il s'adonnait certes à l'idolâtrie, mais maintenant il se considère comme son propre dieu : « Cette puissance qu'il a, est devenue son dieu ! » (Hab. 1 : 11). Son orgueil insensé explique la parole de défi lancée avec fureur aux trois accusés (Dan. 3 : 14-15). Le conflit est maintenant entre cet impie et Dieu lui-même ! La douceur et la dignité de ces trois hommes contrastent grandement avec cette attaque violente. L'énergie de leur foi est la même que celle de Daniel. Ils sont donc jetés dans la fournaise chauffée sept fois. Mais Dieu les délivre ! Quel sujet de consternation pour Nebucadnetsar, surpris de les voir libres de leurs liens et se promenant dans les flammes en présence d'un compagnon surnaturel (v. 25 ; Es. 43 : 2). Le roi les appelle alors « serviteurs du Dieu Très-haut », en les invitant à sortir de la fournaise (v. 26).
 
 
Le roi est averti par Dieu dans une nouvelle vision
 
            Confondu par ce miracle évident, Nébucadnetsar reconnaît que le Dieu de Daniel est aussi celui d'Hanania, Mishaël et Azaria - leurs vrais noms. Il est comme « obligé » d'accepter la souveraineté et la puissance du vrai Dieu. C'est le deuxième avertissement. Il semble pourtant que les deux circonstances que nous avons évoquées n'ont pas touché sa conscience. Il a encore de grandes leçons à apprendre. Il sera à nouveau averti et effrayé par une vision (Dan. 4 : 1-6 ; Job 33 : 14, 29). Les sages se montrent encore impuissants et c'est Daniel qui va donner au roi la signification de ce qu'il a vu.
            La croissance de l'arbre est d'abord présentée,  puis le jugement prononcé contre lui ;  ensuite le but et les résultats de cette épreuve sont indiqués par Daniel. Une année avait été encore laissée au monarque pour se repentir (Dan. 4 : 27), mais sans résultat. Le jugement tombe soudain, alors qu'il  s'enorgueillit en contemplant l'oeuvre de ses mains. Après un temps de profonde humiliation nécessaire - sept ans probablement, Nebucadnetsar qui a dû manger l'herbe comme les boeufs (v. 33) peut reconnaître ce que Dieu lui a enseigné et terminer sa carrière ici-bas  par une note de louange à l'adresse du « Dieu des cieux » (v. 37).
 
 
« Le Dieu Très-haut domine sur le royaume des hommes »
 
            Peut-être que le meilleur résumé du règne de ce dictateur est donné par Daniel, quand il s'adresse, après la mort de cet homme, à son successeur, Belshatsar : « Le Dieu Très-haut donna à Nebucadnetsar, ton père, le royaume, et la grandeur, et l'honneur, et la majesté ; et, à cause de la grandeur qu'il lui donna, tous les peuples, les peuplades et les langues, tremblaient devant lui, et le craignaient ; il tuait qui il voulait, et il conservait en vie qui il voulait ; il exaltait qui il voulait, et il abaissait qui il voulait. Mais quand son coeur s'éleva et que son esprit s'endurcit jusqu'à l'orgueil, il fut précipité du trône de son royaume, et sa dignité lui fut ôtée ; et il fut chassé parmi les fils des hommes, et son coeur fut rendu semblable à celui des bêtes, et sa demeure fut avec les ânes sauvages ; on le nourrit d'herbe comme les boeufs, et son corps fut baigné de la rosée des cieux, jusqu'à ce qu'il connut que le Dieu Très-haut domine sur le royaume des hommes , et qu'il y établit qui il veut » (Dan. 5 : 18-21).
            Dieu lui avait donné le royaume, de l'honneur et de la gloire, avant de les lui reprendre. Or Nebucadnetsar se montre un roi dur et violent : sa façon de tuer ou de laisser vivre, selon son humeur du moment, en est la démonstration. Il y avait chez lui un mélange pour le moins surprenant d'orgueil et, par moment, d'apparente humilité. Mais n'en est-il pas ainsi dans le coeur de la plupart des hommes ? En certaines occasions, durant son règne, il semble reconnaître la grandeur de Dieu. Ainsi, dans Daniel 2 : 46 -47, il tombe sur sa face et déclare : « En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois et le révélateur des secrets ». Mais parfois, au contraire, il traite Dieu et sa Parole avec insolence : « Qui est le Dieu qui vous délivrera de ma main ? » (3 : 15). Pourtant, après la sortie des jeunes hébreux de la fournaise, il ne peut que reconnaître la puissance divine. Il s'adresse à eux en ces termes : « Serviteurs du Dieu Très-haut… sortez, et venez ! » (v. 26). Puis il bénit « le Dieu de Shadrac, Méschac et Abed-Nego, qui a envoyé son ange et a sauvé ses serviteurs qui se sont confiés en lui » (v. 28). Il promet même un terrible jugement à quiconque parlerait « mal de leur Dieu » !
            Sans doute à travers ses rêves prophétiques - comme le Pharaon -, mais surtout à la suite du témoignage clair rendu par la conduite et les paroles de Daniel, il apprend un peu à comprendre la pensée de Dieu. Mais il semble faire partie de ces personnes auxquelles Dieu parle une fois et deux fois et qui n'y prennent  pas garde (Job. 33 : 14) !
            La promptitude du jugement de Dieu et la grandeur de l'humiliation de Nebucadnetsar sont impressionnantes. Il parcourt son palais et s'émerveille en considérant toutes ses possessions : « N'est-ce pas ici Babylone la grande que j'ai bâtie pour être la maison de mon royaume, par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence ? »  (4 : 28-30).
            « La parole était encore dans la bouche du roi qu'une voix tomba des cieux : Roi Nebucadnetsar, il t'est dit : le royaume s'en est allé d'avec toi ; et on te chassera parmi les bêtes des champs ; on te fera manger de l'herbe comme les boeufs, et sept temps passeront sur toi jusqu'à ce que tu connaisses que le Très-haut domine sur le royaume des hommes et qu'il le donne à qui il veut. Au même instant la parole s'accomplit... » (v. 31-33a). Durant la période suivante, les cheveux du roi déchu deviennent longs comme les plumes de l'aigle et ses ongles, comme ceux des oiseaux.
            Mais « à la fin de ces jours, moi, Nebucadnetsar, j'élevai mes yeux vers les cieux et mon intelligence me revint et je bénis le Très-haut et je louai et magnifiai Celui qui vit éternellement, duquel la domination est une domination éternelle, et dont le royaume est de génération en génération ; et tous les habitants de la terre sont réputés comme néant, et il agit selon son bon plaisir dans l'armée des cieux et parmi les habitants de la terre ; et il n'y a personne qui puisse arrêter Sa main et dire que fais-tu ? (v. 34-35). La période que Dieu avait déterminée pour lui s'achève alors; et la louange est produite dans son coeur et s'exprime sur ses lèvres. Il convenait en effet de rendre finalement hommage à la miséricorde infinie de Dieu à son égard ! Son âme est restaurée et il terminera ses jours d'une façon plus bénie que beaucoup de rois avant lui ! A ce récit, les versets 10 et 11 du Psaume 2 pourraient servir de conclusion : « Et maintenant, ô roi, soyez intelligents... Servez l'Eternel avec crainte, et réjouissez-vous avec tremblement ».
 
 
 
            Nebucadnetsar avec sa morgue, sa violence et sa corruption est l'un des plus tristes représentants de ce premier homme au sujet duquel l'Ecriture rend un terrible et humiliant témoignage. « Il n'y a point de juste, non pas même un seul ; il n'y a personne qui ait de l'intelligence, il n'y a personne qui recherche Dieu ; ils se sont tous détournés, ils se sont tous ensemble corrompus ; il n'y en a aucun qui exerce la bonté, il n'y en a pas même un seul » (Rom. 3 : 10-12).
            Quel contraste complet avec le second homme, le dernier Adam, Celui qui « est venu du ciel », un « esprit vivifiant » (1 Cor. 15 : 47, 45). Lui seul a glorifié Dieu. Il a donné sa vie, versé son sang pour que nous puissions être réconciliés avec Dieu. Il invite encore tous les hommes : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur ; et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est facile à porter et mon fardeau est léger (Matt. 11 : 28-30). Hâtons-nous d'aller à Lui si nous sommes encore dans nos péchés. Le jour de la grâce - au moment où nous écrivons - dure encore. Demain, ce ne sera plus le Sauveur, mais le Juge qu'il faudra rencontrer (Jean 5 : 22). L'appel du Seigneur concerne aussi ses rachetés. Qui d'entre nous ne doit pas reconnaître qu'il ne se fatigue pas parfois inutilement ou porte des charges dont le Seigneur veut le décharger ? Lui seul donne le repos.
            Si Nébucadnetsar lui-même a dû connaître un jugement très sévère, il a pu cependant réaliser que c'était pour lui faire du bien à la fin. Quand son intelligence lui a été rendue, ce fut pour louer et magnifier Celui qui est puissant pour abaisser ceux qui marchent avec orgueil (Dan. 4 : 37).
 
                                                                                                                          Ph. L    le 25. 05. 10