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NE CRAINS PAS, PETIT TROUPEAU
 
 
            « Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume. Vendez vos biens et donnez l'aumône ; faites-vous des bourses qui ne vieillissent pas, un trésor inépuisable, dans les cieux, où le voleur n'approche pas, et où la mite ne détruit pas ; car là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur.
Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées ; et soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître, lorsqu'il reviendra des noces : ainsi, dès qu'il arrivera et frappera, ils lui ouvriront aussitôt. Bienheureux sont ces esclaves que le maître, quand il viendra, trouvera en train de veiller. En vérité, je vous dis qu'il se ceindra, les fera mettre à table et, s'avançant, il les servira. Qu'il vienne à la deuxième ou à la troisième veille, s'il les trouve ainsi, bienheureux sont ces esclaves ! Mais sachez-le : si le maître avait su à quelle heure le voleur devait venir, il aurait veillé et n'aurait pas laissé percer sa maison. Vous donc aussi, soyez prêts ; car le Fils de l'homme vient, à l'heure que vous ne pensez pas (Luc 12 : 32-40).
 
 
« Ne crains pas »
 
            C'est la voix du bon Berger qui se fait entendre. L'expression « petit troupeau » est pleine d'affection ; le mot « troupeau » est aussi employé pour désigner les premiers croyants (Act. 20 : 28).
            Le Seigneur s'adresse au petit nombre de disciples qui l'entouraient au milieu d'une foule, facilement attirée par un « spectacle » (Luc 23 : 48) mais plutôt indifférente ou même rapidement hostile.
            Le vrai peuple de Dieu est en général toujours petit et méprisé au milieu de ce monde. Ce serait une erreur que de penser qu'il puisse en être autrement jusqu'à la venue du Seigneur : « Etroite est la porte, et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux sont ceux qui le trouvent » (Matt. 7 : 14).
            « Ne crains pas », dit une fois encore le Seigneur. Bien que ces disciples soient semblables à un petit troupeau de brebis, et exposés de ce fait à toutes sortes de dangers, leur Berger est dans le ciel (Ps. 23 : 1). Leur Père les protège et il Lui a plu de leur donner le royaume ! Dès lors, la confiance en Dieu connu comme un Père et la recherche du royaume doivent l'emporter dans les coeurs en toute circonstance.
            Comment en effet, possédant l'assurance d'avoir  part à des biens aussi précieux, pourrait-on se laisser envahir par des craintes, de quelque ordre qu'elles soient ? Elles naissent pourtant souvent dans nos coeurs en constatant, par exemple, que nous sommes si peu nombreux à être réunis autour du Seigneur ; nous prenons conscience aussi des pièges dangereux tendus par tous nos ennemis, ou encore des difficultés parfois difficiles à surmonter que nous rencontrons dans le chemin de la foi… Nous pouvons ainsi nous laisser gagner par le sentiment de notre faiblesse ou à coup sûr par celui de notre indignité. Mais pour répondre à toutes ces craintes, le Seigneur nous adresse une parole souveraine qui doit avoir un effet décisif : « Ne crains pas ».
 
                        Ne crains rien, je suis avec toi, ne promène pas des regards inquiets
                        Ne crains rien, car je suis avec toi, je suis ton Dieu, ton Dieu
                        Je te fortifie, je viens à ton secours, à ton secours
                        Je te soutiens de ma droite triomphante.
 
            Sur cette terre les croyants rencontrent souvent de l'opprobre, des moqueries et parfois même des persécutions. Ils sont alors, comme leur Maître, méprisés et rejetés (Jean 15 : 18-19). Mais l'apôtre écrit : « J'estime… que les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d'être comparées avec la gloire à venir qui doit nous être révélée » (Rom. 8 : 18). « Quand le Christ, qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui en gloire » (Col. 3 : 4).
 
 
Une sérieuse mise en garde
 
            Dans la parabole qui précède (Luc 12 : 16-21), l'homme riche avait amassé des trésors pour lui-même et il a tout perdu, y compris son âme. Le Seigneur révèle maintenant à ses disciples de tous les temps comment avoir un trésor à l'abri de tous les risques. Il leur « conseille » -  ce n'est pas un ordre absolu (voir Act. 5 : 4 ; 1 Tim. 5 : 8) - de se détacher des biens de la terre, en vue d'être occupé de plus en plus par les choses célestes. Déjà, dans l'évangile de Matthieu, Jésus exprime la pensée d'un tel détachement très souhaitable pour le croyant : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre » (Matt. 6 : 19-21). Ils sont périssables : la mite et la rouille, entre autres, font peu à peu disparaître les objets auxquels nous pouvons être attachés. De plus, les voleurs sont très actifs pour dérober ce qui leur plaît par effraction (Matt. 24 : 43). Les richesses de la terre peuvent disparaître de mille manières. Elles sont, de toute façon,  appelées finalement à « se dissoudre ». Le superbe édifice du monde actuel s'écroulera entièrement (2 Pier. 3 : 11). Et le Seigneur dénonce le grand danger d'y mettre notre coeur.
            L'expression qu'Il emploie dans Luc est plus catégorique encore que celle de Matthieu : « Vendez vos biens et faites l'aumône » (v. 33). C'est le conseil qu'Il a donné avec amour au jeune homme riche. Lui seul connaissait la racine du mal dans ce coeur : l'amour de l'argent l'empêchait de se décider à suivre Christ. Inquiet et avare, au lieu de suivre Jésus sans craindre de manquer du nécessaire (v. 35), le jeune homme s'en va tout triste. Il avait de grands biens et son coeur s'y était attaché (Matt. 19 : 21-22). Il faut, par amour pour le Seigneur, se séparer de tout ce qui peut être un « obstacle » pour Le suivre dans le même chemin d'humilité profonde qu'Il avait choisi ici-bas. « Il faut couper résolument l'amarre qui retient le ballon captif et l'empêche de s'élever vers le ciel ! ».
            Le Seigneur s'adresse ici à des personnes auxquelles le royaume appartenait déjà. Elles serraient le « titre de propriété » reçu dans leur coeur. Elles ne devaient pas chercher à le gagner en faisant les oeuvres considérées comme « méritoires » par les hommes ! C'est ainsi pourtant qu'agissent parfois des personnes inconverties : elles prétendent obtenir leur salut par leurs mérites. Un tel chemin est sans issue. Il faut venir à Christ, avec les dispositions intérieures si bien exprimées par ce cantique :
 
                        Tel que je suis, sans rien à moi, sinon ton sang versé pour moi,
                        Et ta voix qui m'appelle à Toi, Agneau de Dieu, je viens,
 
 
« Là sera votre trésor, aussi sera votre coeur »
 
            Les motifs qui font agir un disciple diffèrent absolument de ceux qui guident celui qui appartient encore à ce « monde qui passe ». Au lieu de chercher à amasser des biens et à mener une vie de facilité et de jouissances, le chrétien, volontairement, fait partie de « ceux qui usent du monde, comme s'ils n'en usaient pas à leur gré » (1 Cor. 7 : 31).
            Il doit être une personne qui donne, toujours disposée à partager ses biens, le plus discrètement possible (Matt. 6 : 3). Il agira par amour, sinon son don sera sans valeur aux yeux de Dieu (1 Cor. 13 : 3 ; 2 Cor. 8 : 2-4).
            Chaque croyant est invité à amasser des trésors « dans le ciel ». Ils sont inépuisables et inaltérables; c'est ce que la Parole appelle « des bourses qui ne vieillissent pas » ! (v. 33). Que « ceux qui achètent »  soient « comme s'ils ne possédaient pas » (1 Cor. 7 : 30) : tel est le principe valable pour tout enfant de Dieu, quels que soient son état et sa place dans le monde
            « Là sera votre trésor, aussi sera votre coeur » (v. 34). Or celui du croyant appartient au Seigneur, et tout son désir est de le remplir entièrement. Les disciples doivent avoir l'esprit « libre » pour s'occuper de plus en plus « des biens meilleurs et permanents » (Héb. 10 : 34) qui sont leur part éternelle dans le ciel. Christ, notre précurseur, s'y trouve déjà, assis sur le trône, signe évident que son oeuvre de grâce est achevée et acceptée. En attendant de le rejoindre, Il est par excellence « notre trésor »  (Col. 3 : 1) ! Il va venir d'un instant à l'autre chercher les siens. Cette espérance glorieuse ne peut manquer d'avoir des conséquences pratiques sur la conduite des siens. Vivons «  détachés » d'un monde auquel nous n'appartenons plus, que nous allons quitter, et purifions- nous « comme Lui est pur » (1 Jean 3 : 3).  Soyons remplis de zèle pour Le servir et attendons-Le avec joie !
 
 
L'attente du Maître
 
            « Que vos reins soient ceints » (v. 35). La ceinture liée autour de ses reins était l'un des signes que les Israélites allaient quitter en hâte l'Egypte, après s'être nourris de la Pâque (Ex. 12 : 11) ; elle évoque dans ce passage la préparation pour la marche. D'une façon générale, en ce temps-là on portait une robe. Mais il ne faut pas laisser « nos » vêtements flotter, la ceinture est là pour les empêcher de toucher la terre ! La marche devient plus aisée et  nos vêtements se souillent plus lentement (Mich. 2 : 10). La ceinture est aussi le signe du service (Luc 12 : 37b), ou celui du combat (Eph. 6 : 14). Nos reins doivent être « ceints de la vérité » ((1 Pier. 1 : 13)
            Nos lampes doivent être allumées. Il ne suffit pas d'en avoir une, serait-elle remplie d'huile, figure du Saint Esprit. Même ainsi, on peut s'assoupir au lieu de veiller en attendant l'Epoux (Matt. 25 : 5 ; Cant. 5 : 2). Notre lampe brille-t-elle constamment pour dissiper les ténèbres morales environnantes ?
            Avons-nous, en figure, une lampe éclairée à la main ? Sommes-nous prêts à Lui ouvrir dès qu'Il aura frappé ? « Bienheureux sont de tels esclaves », est répété deux fois par le Seigneur (v ; 37-38). « Il se ceindra, les fera asseoir à table et, s'avançant, il les servira ». Il est dit prophétiquement : « L'homme m'a acquis comme esclave dès ma jeunesse » (Zach. 13 : 5). Et par amour, Son service est éternel ! Il prend cette place en notre faveur, et nous introduit dans la Maison du Père pour en goûter les biens spirituels durant l'éternité. La  béatitude des serviteurs restés vigilants jusqu'à Sa venue s'accompagne de cet acte de condescendance et d'amour inouï, inimaginable au milieu des hommes (Luc 17 : 7-9) ! C'est certainement une des plus belles promesses parmi celles du Nouveau Testament.
            Christ est l'objet de la foi, la récompense de ceux qui l'attendent. Il promet : « Je viens bientôt » (Apoc. 3 : 11 ; 22 : 7, 12, 20), sans que nous sachions à quelle veille de la nuit sa venue aura lieu ? Aura-t-elle lieu à la deuxième, à la troisième ? Cette incertitude voulue nous conduit à veiller constamment, pour ne pas être surpris (1Thes. 5 : 4).
            L'exemple donné par le Seigneur est basé sur l'heure évidemment inattendue de l'effraction perpétrée par un voleur. Si le maître de la maison avait connu cette heure, nul doute qu'il aurait veillé. C'était la seule manière de l'empêcher de pénétrer (1 Thes. 5 : 2 ; 2 Pier. 3 : 10 ; Apoc 3 : 3 ; 16 : 15). Or, en fait, il ne l'a pas fait et il a laissé percer sa maison. Cette idée d'un manquement évident de la part du maître de maison - ce que les termes de l'original mettent bien en évidence - rend l'avertissement du Seigneur beaucoup plus frappant qu'une simple supposition ne le ferait.
 
            Au lieu de poser la question de Pierre (v. 41), à qui cette exhortation du Seigneur s'adresse, que chacun se sente concerné par la conclusion solennelle de Jésus : « Vous donc aussi, soyez prêts ; car le Fils de l'homme vient, à l'heure que vous ne pensez pas » (v. 40). Lorsqu'Il viendra, quelles seront nos pensées, nos paroles, notre occupation ? Notre conduite aura-t-elle Son approbation ? (Matt. 25 : 21, 23).
 
 
                                                                                           Ph. L       le 06. 04. 10