bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :
LE LIVRE DE JONAS (4)
 

LE COMBAT DE LA FOI : Chapitre 2 (v. 4-5) 
Chapitre 2 (v. 6-10)
SENS PROPHETIQUE DE LA PRIERE DE JONAS : Chapitre 2 (v. 3-10)
 

LE COMBAT DE LA FOI : Chapitre 2 (v. 4-5)
 
 
            « Tu m'as jeté dans l'abîme, dans le coeur des mers, et le courant m'a entouré ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi. Et moi je disais : Je suis rejeté de devant tes yeux : toutefois, je regarderai encore vers le temple de ta sainteté »
 
            Dieu nous dit dans sa Parole de fuir le péché, mais une telle injonction ne nous touche guère ! Il permet donc que notre iniquité nous châtie (Jér. 2 : 19) ; nous comprenons alors le terrible danger que nous côtoyons : nous sommes beaucoup plus touchés et nous apprenons à haïr le péché. C'est l'expérience actuelle de Jonas. Toutefois, sans perdre courage, le prophète, du fond de l'abîme, adresse à Dieu sa requête. Elle est en partie composée de versets tirés des psaumes, que Dieu lui remet en mémoire. Elle repose sur deux pensées principales : la détresse de Jonas dans sa geôle, mais aussi sa confiance dans le secours divin.
            Jonas dit : « J'ai crié à l'Eternel du fond de ma détresse » (v. 3a). Cette prière est un cri qui monte au trône de Dieu et s'adresse à Son coeur. Il est poussé sous l'empire d'un besoin : c'est un cri de douleur. La détresse est donc, en soit, une bonne chose. Celui qui, dans la prospérité, disait peut-être comme David : « Je ne serai jamais ébranlé » (Ps. 30 : 6), et n'avait vraisemblablement pas encore prononcé une seule prière véritable, crie maintenant à Dieu dans sa tribulation. C'est un précieux fruit de l'épreuve ! En la traversant, puissions-nous dire : « Je te rends grâces, Seigneur! ». Il veut absolument nous bénir, si nous Le laissons faire. Sa fidélité nous attend au pied du trône de sa grâce.
            L'épreuve vaut donc mieux que la prospérité. Celle-ci n'humilie pas notre coeur ; la facilité ne peut pas nous garder de l'amour du monde ni nous rapprocher de Dieu. Combien de personnes, en revanche, peuvent rendre témoignage que l'épreuve a eu cet effet. L'affliction a été utile à Jonas. Si le vent, restant favorable, avait doucement poussé vers Tarsis le navire qui le portait, que serait devenu ce prophète, loin de Dieu ?
            Remarquons qu'au lieu de se plaindre du châtiment qui pèse sur lui, Jonas l'accepte. Il sent tout ce qu'a de juste et de salutaire la correction divine. Cet esprit indépendant avait jusqu'ici agi au gré de ses désirs ; il lui fallait de l'espace. Or Dieu l'enferme dans un étroit cachot ! Dans l'épreuve, soumettons-nous comme lui sous la main qui ne blesse que pour guérir ; restons muets sous les coups de la verge divine (Lam. 3 : 29). Reconnaissons la bonté de Dieu qui mesure la discipline qu'Il nous fait traverser, et la proportionne toujours à notre faiblesse. Reconnaissons son motif, le but qu'Il se propose. C'est une preuve de notre adoption : nous sommes des fils qu'Il fouette pour les corriger (Héb. 12 : 5-7). Il émonde le sarment fructueux afin qu'il porte encore plus de fruit ; Il place l'or dans le creuset pour le purifier de tout alliage. Enfin, reconnaissons encore la bonté du Seigneur dans la nature de la punition qu'Il nous envoie. Il a tous les remèdes nécessaires pour apporter la guérison à notre âme. Il nous présente toujours celui qui nous est nécessaire, sans jamais se tromper. «  Prends ceci, mon enfant, dit-Il, tu en recevras du bien ».
            Tout en courbant le front sous le châtiment, Jonas supplie pourtant le Seigneur de ne pas l'éloigner de Lui. Or, ce que Dieu ne désapprouve pas chez le prophète, Il ne le blâmera sûrement pas en nous. Il nous prescrit de demander du soulagement et même une pleine délivrance : « Invoque-moi au jour de la détresse : je te délivrerai, et tu me glorifieras » (Ps. 50 : 15). Demandons-lui toutefois, avec plus d'ardeur encore, d'éloigner la folie qui nous a attiré son châtiment.
 
            Jonas dit : «  Du sein du shéol, j'ai crié » (v. 3b). Le sombre cachot où il est enfermé est semblable à ses yeux au sépulcre. Cependant, il sait qu'il n'y restera pas.
            Lecteur incroyant, il y a un enfer d'où ne s'échappera nul captif, et d'où nulle prière ne pourra s'élever à Dieu. Songes-y sérieusement ; tu peux encore faire monter à Dieu ta requête. Nous t'en supplions, demande-Lui de tout ton coeur qu'Il te convertisse, de peur qu'un jour prochain, tu ne sois jeté dans le véritable enfer !
            En même temps que sa détresse, Jonas exprime sa ferme confiance dans le secours divin : « Tu as entendu ma voix ». Il est encore dans le poisson, mais dès le début de sa prière, il sait que l'Eternel l'a entendue ! Il a la même confiance qui, longtemps après, habiterait le centurion (Matt. 8 : 10) et la femme cananéenne (Matt. 15 : 28). C'est une foi à laquelle le Seigneur répond toujours : « Qu'il te soit fait comme tu veux ». Jonas se rappelle peut-être plusieurs magnifiques délivrances accordées à la prière. En tout cas, il connaît, par une expérience personnelle, la fidélité, l'amour et le pouvoir de l'Eternel son Dieu, et cela lui suffit. Le Seigneur a déjà répondu « amen » à son cri de détresse. Jonas ne l'a-t-il pas entendu dans son coeur ?
            Que la même confiance nous anime dans l'épreuve ! Que, sous la main qui le frappe, chacun s'écrie avec le Psalmiste : « Sur Dieu seul mon âme se repose paisiblement » (Ps. 62 : 1). C'est le langage de la foi. Appuyée sur les très grandes et précieuses promesses, elle espère contre toute espérance. Quand on pense qu'à vue humaine la situation est irréversible, la foi dit, au contraire : « Pour Dieu, tout est possible » (Matt. 19 : 26). Quand l'homme s'écrie : « Qui ôtera de devant moi cette montagne d'épreuves et de difficultés ? », elle crie plus fort : « Qui es-tu, grande montagne… ? Tu deviendras une plaine » (Zach. 4 : 7) ! La foi ne se demande pas comment elle sortira des entrailles du poisson ; elle ne s'arrête pas aux apparences, ne calcule pas les probabilités, ne compte pas les obstacles ; elle ne voit nulle part d'impossibilités ! La foi s'appuie sur Dieu seul, sur ses promesses, sa puissance et sa fidélité. « Il est écrit ! ». Voilà ce qui lui suffit. Armée de cette parole, elle repousse victorieusement tous les assauts de Satan ; elle fait monter au-dessus d'un puits profond, ses pieds sont affermis sur le roc, et il y a dans sa bouche le cantique du salut (Ps. 40 : 2-3). Elle honore le Seigneur qui, à son tour, l'honore. Il fait tout ce qu'elle espérait. Enfin, tout en implorant la délivrance de Dieu, la foi le bénit d'avance comme si elle la connaissait déjà ! Elle mêle la plainte et l'action de grâce, le cri de la détresse et le chant de la louange et de l'adoration.
            Mais plus que la foi du prophète, admirons les inépuisables compassions de Dieu. Il avait souvent appelé Jonas ; mais, au lieu d'écouter, ce rebelle avait obstinément suivi son propre chemin. A peine reconnaît-il son tort et soupire-t-il : « Mon Dieu ! Mon Père ! », que déjà le Seigneur répond : « Mon enfant ! ». D'aussi loin qu'Il voit revenir à lui le coupable, Il se lève, court à sa rencontre et le reçoit dans ses bras (Luc 15 : 20).
            L'exemple de Jonas, semblable à tant d'autres, nous enseigne encore que c'est souvent lorsque tout semble perdu, que le Seigneur vient à notre aide. Son bras délivre et sa miséricorde nous élève aux yeux de tous. Voyez comment Joseph est tiré subitement de sa prison pour monter sur le trône avec le Pharaon ; voyez Job se relever soudain de son fumier pour aller s'asseoir à nouveau avec les nobles ! Le fils d'Amitthaï va sortir tout à l'heure pour accomplir une glorieuse mission dans la première ville du monde.
            Telles sont les pensées que le premier verset de cette prière inspire ; les suivants n'en sont que le développement.
 
            « Tu m'as jeté dans l'abîme, dans le coeur des mers, et le courant m'a entouré ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (v. 4).
            Affreuse situation ! Mais la miséricorde de Dieu protège le prophète, et sa vie ne court pas plus de périls dans l'abîme où il se trouve plongé, que s'il était avec Jacob, à Béthel ou avec David dans la retraite du Dieu fort.
            Une chose frappe dans l'expression de la détresse de Jonas : il ne s'en prend pas aux hommes. Au lieu de se débattre dans ses pensées et de dire : « Ces marins sans coeur m'ont jeté dans les flots », il s'écrie : « C'est toi, Eternel qui m'as précipité dans l'abîme, dans le coeur des mers ». Souvent un fidèle en chute accuse les autres, mais une fois relevé, il s'accuse lui-même. Il parle comme Jonas, il voit la verge dans la main de Dieu. Heureuse disposition ! Quel repos pour l'esprit ! Quel soulagement pour le coeur ! Joseph était patient dans l'épreuve : il la recevait de Dieu. Job endure ses afflictions avec courage. Il peut dire : « L'Eternel a donné, et l'Eternel a pris ; que le nom de l'Eternel soit béni ! » (Job 1 : 21). Que sont « ceux de Sheba », le vent, le feu ? Ils ne sont, après tout, que des causes secondes, des instruments dont Dieu se sert pour humilier et briser le méchant, afin de corriger le juste !
            Nulle part dans toute sa prière, Jonas ne se plaint d'avoir été puni trop sévèrement. Il sent que Dieu aurait pu, avec justice, le châtier davantage encore. Peut-être nous sommes-nous, plus d'une fois, écriés : « Pauvre Jonas, avec quelle sévérité Dieu le traite ! ». La suite montre que Dieu l'a plutôt épargné (Job 11 : 6). Tout en châtiant, il se souvient d'avoir compassion. Il pèse à la balance de sa miséricorde les épreuves qu'Il nous dispense ; et jamais Il ne donne une dose plus forte que nécessaire pour notre bien. C'est « avec mesure » qu'Il nous corrige (Jér. 10 : 24).
            Jonas dit à Dieu : « Toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi ». C'est Dieu qui les forme et les gouverne ; il déchaîne et calme à son gré leur fureur et leur dit : « Jusqu'ici et pas plus loin ! ». Ce que trois siècles auparavant le fils d'Isaï avait dit (Ps. 42 : 7), le fils d'Amitthaï se l'applique maintenant. Des flots roulent sur sa tête, semblables à ces messagers venus vers Job, l'un succédant immédiatement à l'autre. La furie de la mer est, à ses yeux, une saisissante image de la colère du ciel. Angoisses au-dedans, terreurs au-dehors : quelle position difficile que celle-là ! 
            Si telle est à présent votre situation, cher lecteur, si les flots de l'épreuve déferlent sur vous, humiliez-vous sous la puissante main de Dieu ; reconnaissez que cette discipline est juste. La même miséricorde qui a rassuré Jonas rendra le calme à votre coeur agité.
            Admirons la bonté de Dieu qui aide alors Jonas à se souvenir des passages de la Parole de vie et à saisir leur application à ses circonstances actuelles ! Il comprend les sentiments exprimés par les auteurs des psaumes mieux qu'auparavant. Quel soulagement dans la tribulation de pouvoir se rappeler les prières de ceux qui nous ont devancés dans la lice ! Heureux celui qui est familier avec les oracles de Dieu et s'emploie de bonne heure à s'en nourrir ! Heureux celui qui a dans son coeur cet inappréciable trésor ; quel puissant soutien il y trouvera au jour de la détresse.
            Jonas a déjà craint que Dieu, dans sa colère, ne lui ferme la porte de ses compassions (Ps. 77 : 7). Ni Job sur son fumier, ni Joseph dans sa fosse, ni David dans sa caverne, n'ont été délaissés : le fils d'Amitthaï le serait-il ? Heureux celui que le Seigneur arrête sur la route de l'apostasie et qu'il force à rebrousser chemin. Malheur, au contraire, à celui que Dieu laisse s'avancer, comme Ephraïm, dans une mauvaise voie (Osée 4 : 17). L'éloignement définitif de cette âme qui a cherché à fuir loin de Dieu sera, pendant l'éternité, le plus terrible des châtiments.
            Jonas sait maintenant, comme un enfant réconcilié avec son Père, qu'il sera exaucé. Il faut auparavant qu'il attende trois jours. Il le faut d'abord pour son bien. Il le faut aussi pour la gloire du Seigneur, afin que tous apprennent qu'on ne L'offense pas impunément. Il le faut enfin pour une autre raison, digne de la sagesse de Dieu : Jonas doit préfigurer Jésus dans sa mort et sa sépulture.
 
            « Et moi je disais : Je suis rejeté de devant tes yeux : toutefois, je regarderai encore vers le temple de ta sainteté ». 
            C'est vers le temple que, du fond de l'abîme, se tournent maintenant les regards de  Jonas. L'Eternel remplit tout l'univers ; le ciel est son trône et la terre son marchepied. Il dit : Quelle maison me bâtirez-vous ? Cependant Il a voulu, du temps d'Israël, avoir une demeure à Jérusalem. C'est dans cette habitation de son choix que se trouvait l'arche, avec son propitiatoire, symbole de sa présence au milieu d'une nation sainte. Là, ont été offerts les sacrifices pour purifier, en figure, Israël. Le souverain sacrificateur, avec la lame d'or «  Sainteté à l'Eternel », se tenait devant Dieu. Il s'y rencontrait selon la promesse, avec le Seigneur, pour bénir les tribus de Jacob. C'était une image du vrai sanctuaire, dans le ciel même ; là notre vrai Souverain Sacrificateur paraît pour nous devant Dieu. Jonas avait sans nul doute l'espoir que la miséricorde divine l'y introduirait un jour. C'est le sens de ses paroles (v. 5).
            Aurions-nous, à sa place, prononcé des paroles semblables ? Sur quel objet se serait porté notre espoir : nous retrouver au temple de l'Eternel, ou revoir la lumière du jour et ses riantes scènes, ou encore nos amis, nos parents, le foyer domestique ? Dans le coeur de Jonas, il y avait sans doute aussi de telles pensées ; pourtant, il ne les exprime pas dans sa prière ! Il souhaite se retrouver bientôt dans la maison du Seigneur afin de Le louer dans ses parvis. « Tes autels, ô Eternel des armées ! mon Roi et mon Dieu ! » (Ps. 84 : 3). C'est le cri de son âme, désireuse de louer son Libérateur.
 
            « Je regarderai encore vers le temple de ta sainteté ». La victoire appartient à la foi ; elle aura le dernier mot dans le terrible débat que connaît le prophète. A Dieu seul en soit toute la gloire ! Nous savons ce que le fils d'Amitthaï est personnellement capable de dire et de faire s'il est livré à ses propres sentiments.
            Reprenons courage, espérons en Dieu : son bras puissant nous affermira toujours. Ses compassions sont grandes et sa fidélité demeure à toujours. Ne craignons pas : « Le sang de Jésus Christ… nous purifie de tout péché » (1 Jean 1 : 7). Au cramoisi de notre souillure, le Seigneur est prêt à substituer l'éclatante blancheur de sa justice (Es. 1 : 18). Arrêtons-nous et par la foi en son sang, soyons revêtus du manteau de la justice divine.  
 
 
 
Chapitre 2 (v. 6-10)
 
            « Les eaux m'ont environné jusqu'à l'âme, l'abîme m'a entouré, les algues ont enveloppé ma tête. Je suis descendu jusqu'aux fondements des montagnes ; les barres de la terre s'étaient fermées sur moi pour toujours ; mais, ô Éternel, mon Dieu, tu as fait remonter ma vie de la fosse. Quand mon âme défaillait en moi, je me suis souvenu de l'Éternel, et ma prière est venue jusqu'à toi, dans le temple de ta sainteté. Ceux qui regardent aux vanités mensongères abandonnent la grâce qui est à eux. Mais moi, je te sacrifierai avec une voix de louange ; je m'acquitterai de ce que j'ai voué. La délivrance est de l'Éternel ».
 
            Le Seigneur recommande de couper la main ou le pied qui nous a fait broncher : il vaut mieux « entrer dans la vie manchot ou estropié que d'avoir deux mains ou deux pieds et d'être jeté dans le feu éternel » (Matt. 18 : 8). Mais souvent, nous refusons d'obéir. Que fait alors le Seigneur ? Il nous dit : « Tu ne veux pas couper ? Moi, je couperai ». Dans Sa bonté, Il veut notre salut.
            Jonas éprouve le besoin d'épancher son coeur devant Dieu. Avec le psalmiste, il s'écrie : « Les eaux me sont entrées jusque dans l'âme » (Ps. 69 : 1). Il est descendu jusqu'aux fondements des montagnes ; les barres de la terre s'étaient fermées sur lui pour toujours (v. 7). Ce sont des paroles expressives, dépeignant l'état de ce malheureux, relégué dans une sombre demeure, celle du désespoir. Jonas est dans les profondeurs de la mer ; il lui semble que les algues s'entrelacent autour de sa tête : il est semblable à un prisonnier séparé par des verrous et des barres de la société de ses semblables. Un généreux bienfaiteur pourrait peut-être descendre dans la partie la plus reculée d'une prison apporter une parole de sympathie à l'infortuné qui y consume tristement ses jours. Mais qui peut descendre dans le lieu où le fils d'Amitthaï se désole ?
            Sans doute Satan peut-il y pénétrer, avec son cortège habituel de tentations. Elles sont particulièrement dangereuses pour des coeurs plongés dans la détresse. S'approchant de Jonas, il pourrait peut-être lui dire comme la femme de Job : « Maudis Dieu et meurs » (Job 2 : 9).
            Mais l'Eternel est là et soutient Jonas. Il le couvre de son impénétrable bouclier et le met à l'abri des traits enflammés du Méchant. Aussi le prophète s'écrie-t-il : « Mais, ô Eternel, mon Dieu, tu as fait remonter ma vie de la fosse » (v. 7b). Il parle de sa délivrance avec la même certitude que si déjà elle avait eu lieu. Puissions-nous, dans 1'épreuve, glorifier Dieu par une confiance semblable ! Celui qui a su tracer une voie à son peuple à travers les flots de la mer Rouge, faire remonter Jérémie du bourbier où l'avaient plongé ses ennemis (Jér. 38 : 7-13), ramener le fils d'Amitthaï des entrailles du poisson, délivrer Daniel de la fosse aux lions et les jeunes gens des ardeurs de la fournaise, est toujours avec nous. Il est le Même hier, aujourd'hui, éternellement. Si nous croyons, nous verrons Sa gloire. Il sauve quand nul autre ne peut le faire. Reposons-nous pleinement sur Lui ; s'Il nous protège, qui pourrait nous frapper? Après nous avoir fidèlement gardés durant notre vie, Il sera notre puissant soutien à l'heure du départ.
 
            « Quand mon âme défaillait en moi - poursuit Jonas, s'appropriant une parole des psaumes (Ps. 107 : 5) - je me suis souvenu de l'Eternel, et ma prière est venue jusqu'à toi, dans le temple de ta sainteté » (v. 8). Jonas se souvient de l'Eternel, grand en bonté et miséricordieux (Ex. 34 : 6-7). Les yeux dirigés vers Lui et vers le temple de Sa sainteté, il reprend courage. Il a trouvé le vrai soutien dans la détresse : « Je me suis souvenu de l'Eternel ».
            Précieuse ressource, semblable à ce «  bois » que l'Eternel fait connaître à Moise (Ex. 15 : 25). Le nom du Seigneur adoucit nos épreuves, en ôte l'amertume. De cette grâce ineffable, le coeur de Jonas a reçu une part. Invité à chercher la face du Seigneur, il l'a trouvée : il sait que sa requête est reçue. Dieu est puissant ; il ne méprise personne (Job 36 : 5) ; il entend le cri des malheureux et prête l'oreille à leurs requêtes.
            Il dit à Israël qui gémit sous l'esclavage du Pharaon : « J'ai vu, j'ai vu l'affliction de mon peuple » (Ex. 3 : 7) ; à Ephraïm qui se désole sous la main d'un oppresseur : « J'ai très-bien entendu Ephraïm se lamentant » (Jér. 31 : 18). Tout à l'heure, il montrera qu'il a entendu le cri de Jonas. Aurions-nous moins de foi que lui, nous qui avons de plus grandes promesses ? Crions à Dieu dans notre misère ; faisons monter librement vers Lui nos supplications ; même si elles sont défectueuses. Nous avons un grand souverain Sacrificateur qui purifie l'iniquité de nos saintes offrandes et peut sympathiser à nos infirmités. Déposons-les avec confiance dans ses mains sacerdotales. Il y mêlera le pur encens de son intercession, et elles seront rendues parfaitement dignes d'être présentées à Celui qui est assis sur le trône dans le temple de sa sainteté.
 
            Jonas déclare ensuite que ceux qui servent les « vanités mensongères » abandonnent Celui qui les comble de bienfaits (v. 9). C'est chez lui un nouveau fruit de l'épreuve ! Au lieu de garder pour lui seul ses exercices, Jonas en fait part à tout le peuple de Dieu. Il reconnaît avoir lui-même servi les vanités trompeuses. Ce ne sont pas seulement les images taillées des païens, lesquelles, dit Jérémie, ne sont qu'un ouvrage trompeur (Jér. 10 : 14) ; c'est aussi tout ce que notre coeur recherche, tout ce qu'il aime plus que Dieu. Il en attend d'ailleurs souvent la délivrance ; ce peut être le cas même de nos parents, de nos amis, quand nous les « divinisons » ; il peut s'agir aussi de l'argent, de l'approbation des hommes ; c'est le « moi » avec sa propre justice, sa sagesse, sa volonté - cette idole de jalousie qui, par-dessus toutes nos idoles, provoque l'Eternel à la jalousie (Ezé. 8 : 3).
            Toutes ces choses ne donnent pas le bonheur. Après les avoir servies, l'une après l'autre, Salomon s'écrie : « Vanité des vanités… Tout est vanité et poursuite du vent » (Ecc. 1 : 2, 14). On saute de joie à la vue de quelque brillant hochet ; au moment où l'on croit le saisir, un incident imprévu le détruit soudain. L'illusion, la brillante fantasmagorie s'évanouit, et plus notre attente a été vive, plus profond est notre désappointement. Le monde et tout ce qu'il renferme est comme Baal ; en vain lui crie-t-on : « Exauce-nous ! ». Il ne peut rien pour nous. Tout ce qui est dans toute la création dit à celui qui a des oreilles pour entendre : « Le bonheur n'est pas en moi ; adressez-vous au Dieu qui m'a fait ; c'est Lui qui donne ». 
            Vous qui vous fatiguez inutilement à poursuivre les vanités trompeuses, comprenez enfin que vous courez après un fantasme. Il s'éloigne toujours de la main qui cherche à le saisir. Ne ressemblez pas à des petits enfants qui courent après l'arc-en-ciel, dans l'espoir de l'atteindre, ou qui pensent toucher le ciel quand ils seront parvenus au sommet de la montagne !
            Non seulement les « vanités trompeuses » ne donnent pas le bonheur, mais elles enfantent le chagrin. Aussi, dans le texte original, la Parole de Dieu se sert d'un mot qui signifie également douleur. Certes elles sont bien nommées : dès que nous nous éloignons de Dieu, quelle que soit l'idole qui nous attire, nous serons déçus dans notre attente ! N'allons pas avec le roi d'Israël vers le dieu d'Ekron pour retrouver la santé (2 Rois 1 : 2) ; n'ayons pas recours avec Saül, à la voyante pour être secourus dans la détresse (1 Sam. 28 : 7). Que l'on implore la Vierge ou les saints, que l'on mette sa confiance dans ses parents, ses amis, on d'autres bras de chair, peu importe. A la fin, nous sommes humiliés et confus ; nous détesterons nos idoles et maudirons nos douleurs.
            Ceux qui servent les idoles abandonnent le Seigneur ! Ils font ainsi « deux maux » selon l'expression de Jérémie (2 : 13). Ils ont délaissé la source des eaux vives, pour se creuser des citernes crevassées qui ne retiennent pas l'eau. Ne craignons pas, comme Jonas, de nous arrêter un moment sur nos maux et de nous rappeler les circonstances qui les ont provoqués. C'est profitable de le faire, seul avec Dieu. Ne laissons pas notre coeur faiblir et chercher à exciter la compassion de nos semblables ou à satisfaire notre orgueil.
            Au lieu du repos qu'il a cru trouver en quittant le chemin du Seigneur, Jonas n'a fait que perdre sa faveur. Aussi, désormais, il s'attache à Lui. Souhaitons que son exemple et notre expérience personnelle nous détachent enfin de tout ce qui est trompeur. Attachons-nous au contraire à Celui qui nous donne sa paix ; Il ne donne pas comme le monde donne ! (Jean 14 : 27). De quels trésors l'homme se prive en ne recherchant pas la communion de Dieu ! Quel choix insensé de préférer la créature à son Créateur, le présent à l'éternité, les ombres changeantes du temps présent aux réalités glorieuses du siècle à venir ! Ne soyons pas attirés par le potage d'Esaü (Gen. 25 : 29-34) ; pourrions-nous le préférer à l'inflétrissable couronne promise aux « premiers-nés inscrits dans les cieux » (Héb. 12 : 23) ? Supposez un homme qui dirait : « Je n'ai que faire du soleil, il est trop loin, ma lampe me suffit. ». Nous penserions que c'est un insensé. L'homme, depuis la chute, se saisit avec ardeur de tout plaisir immédiat. Il préfère la clarté douteuse et perfide émanant des joies passagères d'ici-bas à la vive et pure lumière de la communion de Jésus Christ, le soleil de la grâce. En vain, même les croyants, instruits par de longues et douloureuses expériences, répètent-ils cette importante leçon. « L'homme avisé voit le mal et se cache ; les simples passent outre et en portent la peine » ; ainsi parle le sage (Prov. 27 : 12). C'est dans tes voies, Seigneur Jésus, qu'il faut marcher ! C'est ta volonté qu'il faut accomplir, sous ton regard et avec ta force, pour être heureux.
            C'est Lui qu'il faut servir, Lui seul qu'il faut aimer. Sa gratuité est meilleure que la vie ; hors de Lui, tout est vanité. Il est cette « bonne part » qu'il faut choisir (Luc 10 : 42). Il est jaloux de posséder notre coeur ; Il désire nous rendre heureux, en nous amenant dans ses gras pâturages.
 
            Jonas termine sa prière en disant : « Mais moi, je te sacrifierai avec une voix de louange ; je m'acquitterai de ce que j'ai voué. La délivrance est de l'Eternel » (v. 10). David avait dit : « Que rendrai-je à l'Eternel pour tous les biens qu'il m'a faits ? Je prendrai la coupe du salut, et j'invoquerai le nom de l'Eternel. J'acquitterai mes voeux envers l'Eternel, - oui, devant tout son peuple (Ps. 116 : 12-14) ». Aussitôt retiré de la détresse, il veut accomplir les voeux que sa bouche a prononcés pendant la tribulation. Et nous chrétiens, offrons donc sans cesse par Christ à Dieu « un sacrifice de louanges, c'est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13 : 15). Les actions de grâce sont notre service intelligent, c'est aussi notre privilège et notre bonheur. Jamais, dans le service journalier, les sacrificateurs ne se trouvaient plus près du lieu très-saint qu'au moment où ils faisaient monter les parfums sur l'autel d'or, devant le voile. Jamais les rachetés, comme sacrificateurs, dans le culte rendu chaque jour à Dieu, ne sont plus près du vrai sanctuaire !
            « La délivrance est de l'Eternel », s'écrie Jonas. Merveilleuse conclusion de sa prière, témoignage de sa foi en la bonté de Dieu !
            Un détail nous frappe encore : sur le navire, Jonas a entendu gronder la colère divine ; dans les entrailles du poisson, il n'entend plus qu'une voix douce et subtile, celle de la miséricorde.
            Tout environné qu'il était des ombres de la mort, Jonas parle de la vie et proclame le salut comme s'il l'avait déjà reçu. C'est la même assurance que celle de Noé, dans l'arche, au milieu du déluge permis de Dieu. Noé ne pouvait pas lui-même ouvrir la porte, il devait attendre le temps assigné ; mais déjà il saluait la terre nouvelle avec foi. C'était aussi l'assurance d'Israël en quittant l'Egypte : il célébrait la merveilleuse rédemption reçue de Dieu (Ex. 15 : 11-13), comme s'il possédait déjà le beau pays de la promesse ! C'était aussi la parfaite confiance du meurtrier involontaire entré dans la ville du refuge (Nom. 35 : 11) : le vengeur du sang était proche, l'épée nue à la main ; mais les portes de la cité étaient fermées, et le coupable jouissait du salut trouvé dans ses murs. Il gardait le doux espoir de revoir, un jour, son foyer.
            Le Tout-Puissant a fait pour nous de grandes choses ; il nous a retirés d'une fosse plus profonde que celle où s'est trouvé le prophète et nous a amenés infiniment plus haut : Il veut nous faire asseoir en Jésus Christ sur son trône, nous introduire dans le palais de sa sainteté pour Le contempler. Jésus est là, établi au-dessus de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle présent, mais aussi dans celui qui est à venir (Eph. 1 : 21). A lui soit la gloire éternellement. Amen !
 
 
 
SENS PROPHETIQUE DE LA PRIERE DE JONAS : Chapitre 2 (v. 3-10)
 
            La prière et toute l'histoire du prophète ne s'expliquent pas facilement  si l'on s'en tient à des raisons purement morales. Certes, on y voit bien ce que devient l'homme livré à lui-même, et quel abîme sa volonté creuse sous ses pas quand il la prend pour guide; on y touche également du doigt la haine de l'Eternel pour le péché ; sa justice ne manque pas de le punir. Sa toute-puissance enfin, dans la lutte inégale qui s'établit entre la volonté humaine et la volonté divine, a toujours le dessus ; mais elle garde et soutient le coupable même sous le châtiment qu'elle lui inflige, et le délivre ensuite magnifiquement. Toutes ces pensées apparaissent dans le livre de Jonas.
            On y voit surtout comment, pour faire ressortir les incompréhensibles trésors de l'amour de Dieu, l'Esprit Saint le met en opposition, dans tout le livre, avec les inépuisables capacités de la malice humaine. Toutes ces instructions si variées, si précieuses, se lisent à chaque ligne dans ce court récit. Mais néanmoins, elles ne m'expliquent pas notamment ce qu'on pourrait assimiler à « la mort », - la sépulture et la « résurrection » de Jonas - et sa courte prédication au milieu des Gentils.
            La clef de l'énigme se trouve dans l'aspect symbolique de l'histoire du prophète ; à lui seul il explique les actes les plus saillants du grand drame qui se joue devant nous, en particulier par la sépulture de Jonas, sa conservation miraculeuse et la prière qu'il fait monter à Dieu, dans le ventre du poisson.
            Or nous connaissons déjà Jonas, en ce qu'il a de mauvais, comme une sorte de type d'Israël, rebelle au Seigneur. Il peut en même temps être considéré en ce qu'il est selon Dieu, en personnifiant le résidu pieux de ce même peuple, tel qu'il doit apparaître dans les derniers jours. On aime à retrouver, dans cette prière, l'expression prophétique des sentiments de détresse, puis de confiance, que doit successivement revêtir, aux approches du jour de Christ, ce résidu de la nation juive, fidèle et pieux. On le voit demander alors, avec foi, que cesse  l'indignation dont ce peuple est l'objet depuis tant de siècles ; on le voit implorer et attendre l'apparition prochaine du Messie, la pleine délivrance et le rétablissement de la nation, la restauration finale de Jérusalem, du sanctuaire de l'Eternel et la reprise du culte (Esaïe 63 ; 64 ; Ps. 66 : 10-15). C'est le thème général dont Daniel et Zacharie nous entretiennent à la fin de leurs prophéties.
            Mais c'est principalement Jésus souffrant pour nos péchés qui, à travers le « faible » type de Jonas, se présente à nous dans ce remarquable chapitre ; on pense à la détresse de l'Homme de douleur et à son entière confiance en l'Eternel son Dieu pendant les longues heures de sa souffrance sur la croix. L'Esprit de Christ semble évoquer, dans la bouche du prophète, quelques traits du combat soutenu par le Messie. On les retrouve, beaucoup plus affirmés encore, dans le livre des Psaumes.
            Le sens messianique de la supplication de Jonas découle du caractère prophétique de ce livre. Jonas, en effet, est un prophète, mais un prophète désobéissant ; il est plutôt en contraste avec Christ parfaitement obéissant. Il préfigure un peu le Sauveur lors de sa sépulture. On peut discerner, dans la prière du serviteur, une annonce prophétique de ce que le Seigneur devait souffrir un jour, mais à notre place.
            L'Esprit de Christ qui était dans les prophètes, dit Pierre, rendait par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part du Christ et des gloires qui suivraient (1 Pier. 1 : 11). Comment le voyons-nous en Jonas ? Quand, par exemple, il dit aux marins de le jeter à la mer pour qu'elle s'apaise ; ou lorsque, dans « sa tombe », il adresse une prière à l'Eternel qui le délivrera.
            En lisant les paroles exprimant à la fois l'angoisse et la foi du prophète, on trouve une certaine ressemblance avec le langage de Christ dans les psaumes messianiques, le psaume 69 en particulier (v. 1-2, 14-17).
            Jonas était un homme ; son histoire est vraie ; ce sont ses impressions, ses expériences qui sont décrites. Dieu a sûrement dirigé l'esprit de son serviteur, de sorte qu'en épanchant sa douleur personnelle, il exprime quelque peu ce que le Messie aurait à souffrir pour nous à Gethsémané et au Calvaire.
            La prière de Jonas, sa détresse, sa ferme attente au secours de Dieu évoquent ce qu'a connu le Fils de l'homme « durant les jours de sa chair » (Héb. 5 : 7). Il s'est écrié : « Tu m'as jeté dans l'abîme, dans le coeur des mers, et le courant m'a entouré ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi… Les eaux m'ont environné jusqu'à l'âme, l'abîme m'a entouré… Je suis descendu jusqu'aux fondements des montagnes; les barres de la terre s'étaient fermées sur moi… ».
            Les accents de la douleur de Jésus sont exprimés dans des termes comparables dans plusieurs psaumes (Ps. 22 ; 42 ; 69 déjà cité, par exemple). Il soupire et gémit, Il est abandonné par les siens et, par-dessus tout, seul sous le poids de la colère de Dieu. L'Esprit Saint a voulu qu'une large portion de la Parole de Dieu soit consacrée à nous faire toucher un peu du doigt ce que le Seigneur a souffert. Nous entrevoyons à quel prix Il nous a sauvés et ce que nous Lui devons, en retour de cet amour extrême. Lisons, relisons ces pages : notre dévouement pour Lui sera ranimé.
            Une vérité à retenir, c'est la réalité de l'humanité de Christ. Il s'est abaissé : Il est devenu réellement homme tout en étant véritablement Dieu. Homme parfait ici-bas, Il a eu faim après quarante jours et quarante nuits de jeûne ; Il a été lassé du chemin au puits de Sichar ; Il a pleuré devant les désastres que le péché avait introduits sur la terre ;  Son âme a été troublée à la perspective de ce qu'Il nomme « cette heure », l'heure de la croix ; il appelle l'Eternel à son aide et Il s'appuie sur Lui. Il est vraiment notre Substitut. Il se présente à notre place devant la justice de Dieu. Il est chargé de toute notre souillure qu'il appelle ses iniquités, sa folie (Ps. 40 : 12 ; 69 : 5) ; Il est abandonné de Dieu pendant les trois heures de ténèbres, à cause de nos forfaits, après que les hommes s'en sont donné à coeur joie en l'insultant et en le frappant.
            Reconnaissons la réalité et la grandeur infinie des souffrances de Jésus Christ. Ce que nous contemplons à Gethsémané et à Golgotha est une effrayante réalité. Aucune autre souffrance ne peut donner une idée de celle de Jésus à cette heure-là. Nul autre n'aurait pu la supporter. Il a goûté la mort pour tout (Héb. 2 : 9). Battu de Dieu et affligé, accablé sous le fardeau de nos iniquités, Il boit la coupe de la fureur de Dieu contre le péché. Le Saint d'Israël subit le rejet de la part des hommes et connaît la malédiction de Dieu. Il est le but de toutes les flèches du Très-haut. L'épée de l'Eternel sort de son fourreau et se réveille contre Lui. Elle frappe Celui qui est le compagnon de Dieu (Zach. 13 : 7).
            Jonas s'est écrié : « Et moi je disais : Je suis rejeté de devant tes yeux » (v. 5). On trouve un cri de détresse similaire, le plus terrible qui soit, dans le Psaume 22 qui commence par ces mots : « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'as-tu abandonné ? ». Ce sont des paroles mystérieuses, insondables dans la bouche du Fils de Dieu. Mais « le Christ, durant les jours de sa chair, ayant offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété, bien qu'il fût Fils, a appris l'obéissance par tout ce qu'il a souffert » (Héb. 5 : 8). Prophétiquement déjà, Il pouvait déclarer : « Tu n'abandonneras pas mon âme au shéol, tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption. Tu me feras connaître le chemin de la vie » (Ps. 16 : 10). D'autre part, Il dit : « Je laisse ma vie afin que je la reprenne… J'ai le pouvoir de la laisser, et j'ai le pouvoir de la reprendre » (Jean 10 : 17-18). Il est parfaitement homme et parfaitement Dieu. Adorons ce mystère et aimons le Seigneur avec ferveur.
            Le Christ de Dieu ne pouvait pas succomber sous le poids de la souffrance. « J'ai crié à l'Eternel du fond de ma détresse, et il m'a répondu… J'ai crié ; tu as entendu ma voix ». En lisant les Psaumes  22, 61, 69 et tant d'autres qui peuvent être appliqués à notre Seigneur, on retrouve le même dévouement complet, la même détresse, mais aussi la même foi et la même vertu. Admirons cette confiance manifestée par le Saint de Dieu ! Il dit : « Je suis rejeté de devant tes yeux », et l'instant d'après, Il s'écrie : « Toutefois, je regarderai encore vers le palais de ta sainteté » ! Encore tout environné des ombres de la mort, Il chante triomphalement : « O Eternel, mon Dieu, tu as fait remonter ma vie de la fosse » ! Il termine sa prière par ces paroles : « Je te sacrifierai avec une voix de louange... La délivrance est de l'Eternel ».
            Encore un mot sur la foi du Messie, telle qu'elle est dépeinte par le Psaume 40. Il attend tout, avec une parfaite assurance en la fidélité, l'amour et le pouvoir de Dieu. Il a, avant tout, devant Lui, la résurrection. Il sait qu'Il sera reçu dans le sanctuaire, le ciel même, comme un Homme glorifié. Et là, salué et introduit par Dieu lui-même, Il entonnera la louange au milieu de ses rachetés, comme leur souverain sacrificateur!
 
            Terminons par quelques réflexions pratiques. Jésus a été notre Substitut, Il est notre modèle. En marchant après Lui dans un chemin marqué peut-être par la souffrance, méditons les accents prophétiques de sa douleur et ceux du chant triomphal de sa foi.
            Nous pouvons dire maintenant avec le Psaume 23 : « L'Eternel est mon Berger : je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, il me mène à des eaux paisibles » (v. 1-2). Nous avons part à la discipline paternelle. Les épreuves qu'Il dispense ont pour but de nous purifier. C'est une faveur inappréciable pour laquelle les enfants de Dieu le béniront durant l'éternité. Les seules souffrances que nous pouvons dans une mesure partager avec Christ, sont les souffrances pour la justice.
            Il faut s'approprier les accents de la foi de Jésus, glorifier Dieu, comme Lui dans la tribulation, montrer la fermeté de notre confiance. Avec Christ, notre précurseur et notre modèle, au lieu de fléchir sous le faix de nos peines, prions sans nous lasser. Espérons parfaitement en Lui. Attendons tout, avec la même assurance que Lui, de la fidélité, de l'amour et du pouvoir de Dieu : d'abord notre résurrection s'il faut passer par la mort, puis notre entrée dans le sanctuaire, dans la gloire incomparable - liée au sacerdoce royal (1 Pier. 2 : 9) - à laquelle son amour a voulu nous associer. Bientôt, dans le palais, nous contemplerons sa face !
            Appuyés sur le Bien-Aimé, nous pouvons l'attendre sans effroi. Notre vie est liée à la sienne et nous revivrons avec Lui. La tombe n'est plus pour le racheté que le chemin qui mène à la vie. Avant la mort et la résurrection de Jésus Christ, les clefs de la mort étaient encore entre les mains de Satan. Maintenant, Christ dit à chacun de ses rachetés comme à Jean à Patmos : « Ne crains pas… J'ai été mort, et voici je suis vivant aux siècles des siècles ; et je tiens les clefs de la mort et de l'hadès (Apoc. 1 : 17-18). Puissant Rédempteur! Les portes de l'hadès ne prévaudront pas contre ton Eglise. Prince de la vie ! Les liens de la mort ne retiendront pas captive ta bien-aimée ; nos corps ne resteront pas dans le sépulcre, nous entrerons dans la présence de Dieu pour Lui offrir des sacrifices de louange. De Lui vient le salut !
            Encore exilés, nous bégayons la louange, en attendant de la chanter à jamais dans notre céleste patrie où l'Agneau nous a précédés.
 
 
                                           D'après E. Guers – « Jonas, fils d'Amitthaï » 1846
 
    (A suivre)