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La discipline d'Ezéchias
 
Les quatorze premières années du règne d'Ezéchias, un temps prospère et utile
Les épreuves d'Ezéchias
Les dernières années de la vie d'Ezéchias

            Il est intéressant, et très utile, d'apprendre à connaître les voies de Dieu, au moyen d'un exemple vivant, de quelqu'un qui a eu la même nature et les mêmes sentiments que nous, d'un instrument de Dieu rendu capable par Lui de faire sa volonté. Nous voyons la grâce de Dieu agir dans cet instrument et nous la voyons être ensuite entravée. Nous avons une idée claire de ce qu'est la pensée de Dieu, comment elle s'adresse à l'homme, et comment elle le forme et le contrôle. La nature de l'action divine nous est ainsi expliquée par le moyen du serviteur. Nous voyons d'un côté comment Dieu peut employer l'homme, et de l'autre comment l'homme a manqué et comment il a agi quand ensuite Dieu le dirige. Nous avons besoin de connaître ces différents aspects pour avoir une idée claire de l'action divine. L'Ecriture montre la personne, la nature et le caractère des circonstances que traverse le serviteur de Dieu. En étudiant et en observant comment Dieu instruit l'individu, nous arrivons un peu à saisir Sa pensée.
            Ezéchias paraît sur la scène à une époque particulièrement critique de l'histoire d'Israël et la manière dont Dieu le prépare et l'enseigne pour ce temps difficile est très instructive. Il y a souvent une grande ressemblance entre la position que nous sommes appelés à occuper nous-mêmes, et celle de serviteurs distingués par Dieu. Cette ressemblance est remarquable entre les grands et les petits dans la maison de Dieu, et l'étude de Ses voies envers un éminent serviteur est en aide souvent à un moindre serviteur, peut-être inconnu au-delà de son entourage immédiat. Cependant ce dernier peut apprendre tout aussi bien, et peut être aussi profondément discipliné sous la main de Dieu, que le serviteur le plus en vue.
            L'histoire d'Ezéchias présente deux choses en particulier : d'abord comment il reçoit la force pour relever le témoignage du Seigneur, d'une manière remarquable, dans un temps où tout était tombé au niveau le plus bas et semblait irrémédiablement ruiné ; ensuite comment il est enseigné par la souffrance et amené, par la conviction de la fin et la ruine de toutes choses ici-bas, à s'en remettre à Dieu. Il est très instructif de s'arrêter sur un tel récit et d'observer comment Dieu conduit son serviteur, l'emploie pour faire Sa volonté et pour marcher dans Ses voies, en lui apprenant que tout est perdu, s'il s'appuie sur l'homme.
 
 
Les quatorze premières années du règne d'Ezéchias, un temps prospère et utile
 
            La première mention de la Parole sur Ezéchias est « qu'il ôta les hauts lieux, et brisa les statues, et coupa les ashères, et mit en pièces le serpent d'airain que Moïse avait fait, car jusqu'à ses jours-là les fils d'Israël lui brûlaient de l'encens ; et il l'appela : Nehushtan » (morceau d'airain) (2 Rois 18 : 4). C'était là un acte audacieux et décisif par lequel il ouvrait sa carrière comme serviteur de Dieu, car les hauts lieux avaient existé avant même le règne de Salomon et pendant son règne jusqu'à ce jour (voyez 1 Rois 3 : 3). Nous ne savons pas par quelle discipline Ezéchias avait déjà passé, qui pût le qualifier pour une action si prompte et si décidée. Le récit des actes de son père et l'état de choses relatif au témoignage du Seigneur, ne nous préparait pas à voir un jeune homme de vingt-cinq ans agir avec tant de vigueur et de décision au moment même de son accession au trône. Il émerge des décombres de la grandeur passée, comme s'il n'avait eu aucun contact avec cette ruine, comme si même il avait été enseigné à s'en séparer et à dénoncer tout ce qui l'entourait. Il prend sa place sur la scène, tel qu'un autre : David allant visiter ses frères dans la vallée d'Ela. Séparé des autres et pourtant au milieu d'eux, il s'applique à faire disparaître tout ce qui déshonore Dieu. Son oeuvre porte la marque de l'école où il a appris, du milieu où se sont formées ses pensées. La manière dont nous agissons, quand vient le moment d'agir, manifeste la nature des principes dont nous avons été nourris.
 
            La réforme opérée par le jeune roi témoigne qu'il a été élevé à l'école divine d'une manière peu ordinaire. La discipline de David au désert l'avait préparé pour le vaillant combat contre Goliath ; et il faut qu'Ezéchias ait été préparé et exercé, sinon il n'aurait pas pu réprimer avec une telle maîtrise le désordre qui l'entourait. Ce sont ces désordres même qui disciplinent et mettent à l'épreuve le serviteur de Dieu. Quelqu'un peut les admettre, un autre s'en affliger, un troisième essayer d'y remédier avec des moyens insuffisants ou mal appropriés, dans l'espoir d'améliorer les choses ; mais celui qui a reçu de Dieu la révélation de ce qu'est le véritable ordre divin, ne peut rien proposer ou accepter de moins que ce que fit Ezéchias. Pour lui, il n'y a pas de compromis : la chose juste et celle-là seulement, selon la mesure de Dieu ; c'est ainsi qu'il agit, quelles que soient les choses qui doivent être remises en ordre. C'est parfois quelque très petite chose, que d'autres serviteurs de Dieu peuvent avoir laissé passer, mais qui indique d'une manière particulière la hauteur du dessein du serviteur fidèle. La destruction du serpent d'airain par Ezéchias le désigne immédiatement comme quelqu'un dont l'âme a été disciplinée par Dieu pour son service ; car, bien que nous n'apercevions pas toujours la discipline, nous voyons ses fruits. Rien d'autre n'aurait pu les produire et les développer. Tout d'abord la gloire de Dieu est maintenue ; Ezéchias est affermi dans sa force et affirme de tous côtés les droits de sa vocation et sa véritable dignité comme roi de Juda. « Et l'Eternel fut avec lui : partout où il allait, il prospéra. Et il se révolta contre le roi d'Assyrie, et ne le servit pas » (2 Rois 18 : 7). Mais Ezéchias ne fit pas seulement qu'affirmer et maintenir sa vraie place de roi pour Dieu ; il maintint aussi d'une manière complète, le témoignage de Dieu. Il ne suffit pas de s'opposer aux ennemis et de leur résister, de les forcer à rendre ce qu'ils ont usurpé ; nous devons aussi faire voir ce qu'est la vérité de Dieu. Ezéchias ne se montre pas seulement plus fort que ses ennemis, il se voue au rétablissement du témoignage de Dieu.
 
            Dans la première année de son règne, au premier mois, il ouvrit les portes de la maison de l'Eternel et les répara. Et il agit dans cette oeuvre de restauration et de bénédiction d'une manière si complète et si efficace qu'il est dit : « Il y eut une grande joie à Jérusalem ; car depuis les jours de Salomon, fils de David, roi d'Israël, rien de semblable n'avait eu lieu à Jérusalem » (2 Chr. 30 : 26). Cela est résumé au chapitre 31 : 20 : « Et Ezéchias fit ainsi dans tout Juda. Et il fit ce qui est bon, et droit, et vrai, devant l'Eternel, son Dieu ». Résister au mal, introduire le bien, indique la possession de la puissance divine. Là où il y a seulement la conviction ou la persuasion, sans puissance divine, on ne trouve qu'imperfection. « Les jambes du boiteux sont sans force » (Prov. 26 : 7). On peut faire des efforts considérables pour résister à l'ennemi, mais on n'en fera pas d'assez grands pour rétablir la vérité. D'un autre côté il peut y avoir un vrai désir de la rétablir tout en composant avec ce qui lui est contraire ; un désir de supprimer le vice sans avoir égard au témoignage de Dieu ; ou une entente entre ce qui est réellement opposé à Christ et la profession de son nom. Tel n'était pas Ezéchias : il n'est pas sans force ; il résiste au mal, il cherche la vérité de Dieu dans sa vraie force et dans son excellence, et il la défend. Il a atteint un degré que nous admirons tous, et que nous devons par-dessus tout chercher à atteindre.
 
 
Les épreuves d'Ezéchias
 
            Ce que nous venons d'esquisser rapidement s'est passé pendant les quatorze premières années du règne d'Ezéchias, un temps prospère et utile ; mais plus quelqu'un est utile, plus il a besoin d'apprendre à en avoir fini avec lui-même, et à découvrir qu'il a tout en Dieu. C'est pourquoi nous voyons que certains de ses serviteurs sont profondément disciplinés par Lui dès le début, afin d'être préparés pour une carrière utile ; d'autres, après un temps de service utile, sont abaissés et affligés afin d'apprendre combien Dieu en lui-même est vraiment et parfaitement suffisant pour tout. La quatorzième année du règne d'Ezéchias est pleine d'événements importants pour lui. Nous lisons en effet en 2 Rois 18 : 13 : « Et la quatorzième année du roi Ezéchias, Sankhérib, roi d'Assyrie, monta contre toutes les villes fortes de Juda et les prit ». Et en 2 Chroniques 32 : 1 : « Après ces choses (celles dont nous avons parlé plus haut) Sankhérib, roi d'Assyrie, vint et entra en Judée » ; c'est aussi, en ces jours-là, qu'Ezéchias fut malade à la mort (v. 24). Epreuve au dehors et épreuve au-dedans ! Sa maladie doit avoir eu lieu dans la quatorzième année de son règne, car il lui fut ajouté à ce moment quinze ans de vie, et nous savons qu'il a régné vingt neuf ans en tout. Du fait qu'elle est mentionnée comme étant survenue après la seconde invasion de Sankhérib, on peut conclure qu'elle a une importance comme type ; car les exercices par lesquels passa Ezéchias pendant cette maladie, préfigurent ce qu'Israël devra traverser avant sa délivrance finale – il ne s'agit pas d'une autre faveur qui pourrait lui être accordée.
 
            Il est beau et intéressant de voir Ezéchias marcher pendant quatorze ans (2 fois sept, période doublement parfaite) sur la terre devant Dieu, avec dignité et fidélité. Mais maintenant nous allons l'observer dans des circonstances bien différentes. Il est opprimé par le roi d'Assyrie, profondément, et douloureusement exercé dans son âme devant Dieu, et nous devons en tirer une leçon. Il semble que sa chute date de la première invasion de Sankhérib, parce qu'il est difficile d'imaginer que ce roi a persisté dans sa campagne après avoir reçu le tribut qu'il avait imposé. L'histoire est simple : la quatorzième année du règne d'Ezéchias, Sankhérib monta et assiégea plusieurs villes de Juda. Ezéchias lui paya alors une certaine somme, une rançon, pour qu'il se désistât. Mais ensuite Sankhérib revint (peut-être à son retour d'Egypte) et menaça alors Jérusalem ; et c'est entre ces deux invasions qu'Ezéchias fut profondément exercé devant Dieu par une grave maladie. Pendant quatorze ans, il avait marché avec Dieu et il avait prospéré. Puis, pour la première fois, un manquement apparaît dans sa carrière. Au lieu de repousser l'invasion du roi d'Assyrie, - avec le secours divin - comme il l'eût fait autrefois, il essaya de l'éviter en payant cet homme. Au commencement de son règne, sans ressources apparentes, il s'était libéré du joug de l'Assyrie et ne l'avait plus servi. Tandis que maintenant, solidement établi et puissant de toutes manières, il est incapable et manifestement sans force pour maintenir la position acquise par la seule foi. Combien cela explique les fréquents manquements des serviteurs de Dieu ! Mais on le comprend aisément ; quand nous servons Dieu dans Sa dépendance, quand nous considérons ses voies à notre égard, nous sommes pleins de hardiesse, même si nous ne voyons aucun moyen de nous maintenir par nous-mêmes dans Son chemin ; mais quand nous commençons à nous reposer sur les fruits de notre fidélité, les biens et les ressources que Dieu nous a donnés, nous risquons de les perdre, si nous ne les gardons pas de Sa part et avec lui. Il en fut ainsi d'Ezéchias. Lui qui avait pris sa vraie place avec tant de hardiesse, et reçu les droits divins dont il était investi, est incapable de les maintenir ; il s'abaisse et a recours à un indigne expédient : acheter celui qu'il avait défié quand sa foi était évidente. Quel contraste entre la confiance que la foi en Dieu donne, et celle qui a sa source dans les ressources humaines si grandes soient-elles ! Ezéchias, lorsqu'il n'a rien d'autre que Dieu, peut refuser de servir le roi d'Assyrie ; mais ayant acquis un grand pouvoir et en pleine prospérité, il s'abaisse et prend l'attitude d'un vassal.
 
            C'est à cette occasion, nous pensons, que sa maladie lui est envoyée. Elle lui était sûrement nécessaire. Dieu veut lui apprendre par elle ce qu'est la mort, et combien elle est terrible à l'homme en tant qu'homme. Il n'y a rien de plus touchant que le récit que fait Ezéchias lui-même des exercices de son âme quand il se trouve en présence de la mort. L'Eternel lui fait dire par le prophète Esaïe : « Donne des ordres pour ta maison, car tu vas mourir et tu ne vivras pas. Et Ezéchias tourna sa face contre la muraille, et pria l'Eternel. Et il dit : Hélas, Eternel ! Souviens-toi, je te prie, que j'ai marché devant toi en vérité et avec un coeur parfait, et que j'ai fait ce qui est bon à tes yeux. Et Ezéchias versa beaucoup de larmes » (Es. 28). C'est un exercice et une discipline que chaque saint doit éprouver d'une manière ou d'une autre. Ce moment, terrible pour la nature, doit être connu et senti. Et quel moment ! Quand tout ce qu'un homme aime, tout ce qui le relie à ses propres oeuvres et à sa volonté, va disparaître ! L'homme, en tant qu'homme, n'existe plus. Plus sa situation a été grande, plus ses occupations ont embrassé une vaste sphère, plus ses relations ont été agréables, plus ses affections ont été vives, plus terrible est l'arrachement qu'il éprouve avant la mort. Pourtant il est réservé aux hommes de mourir une fois, mais quand un homme a occupé une haute situation ici-bas, il lui est d'autant plus douloureux et angoissant de s'en séparer ! On peut aller jusqu'à dire que plus l'homme, en tant qu'homme, a été bon et utile, plus la mort lui semble fâcheuse et insupportable. Mais c'est le jugement sur l'humanité ; et tout croyant souffre dans son âme comme homme et passe à travers la mort avec autant d'amertume qu'Ezéchias. Ce dernier était un homme excellent et éminemment utile ; il avait marché devant Dieu en vérité et avec un coeur parfait. Sa souffrance devant la mort ne résultait pas d'un doute quant à son salut final, mais il voyait la mort comme ce qui devait le séparer de tout ce qui l'intéressait ici-bas, de toutes les activités où il était engagé. Un homme qui a conscience d'être un centre d'utilité et de force sur la terre, indépendamment d'autres considérations, pourrait-il accepter légèrement d'être privé de sa position et de sa sphère d'activité par la sombre puissance de la mort ? Peut-on réaliser ce que c'est que d'être séparé de tout ce que l'on aime, de tout ce à quoi on tient comme homme, de tous ceux qui vous chérissent et vous considèrent comme faisant partie de leur existence, et ne pas sympathiser avec Ezéchias ? Il nous montre comment un homme de Dieu, une âme régénérée, éprouve cet arrachement. Bien entendu nous ne voulons pas faire allusion à la manière dont un chrétien traverserait cette épreuve, sachant que, de l'autre côté du tombeau, en dehors de la chair et au-dessus d'elle, il possède la vie en Christ. Pourtant il doit traverser la mort. Et s'il le fait si victorieusement ce n'est pas parce qu'elle est moindre pour lui que pour Ezéchias ; mais parce qu'il a reçu par grâce la vie dans le Fils de Dieu ressuscité. Il ne souffre pas moins, mais il jouit de la grâce de Dieu infiniment plus qu'Ezéchias. L'épreuve est nécessaire pour que nous comprenions que l'abandon de notre existence humaine est une chose qu'il faut apprendre moralement par la croix de Christ ; que cet abandon, c'est-à-dire la mort, n'est pas une chose de peu d'importance ; au contraire c'est une chose excessivement amère, mais qui doit avoir lieu. La bonté et l'activité d'un homme ici-bas, au lieu d'atténuer l'épreuve, l'aggravent et augmentent notre angoisse.
 
            Pour un homme, rendre l'âme n'est pas la douleur de la mort telle qu'un animal peut la ressentir ; c'est la fin de tout lien avec ce qui l'intéressait, l'attirait, et donnait quelque prix à sa vie. L'amertume de la mort est passée quand on est usé et fatigué par la tristesse ou la maladie, que l'on soupire après le départ ; mais être séparé de tout ici-bas sans avoir une espérance céleste, ne plus espérer exister ni pour Dieu ni pour l'homme, voilà ce qui constitue l'amertume de la mort. Ezéchias l'exprime bien quand il dit  en Esaïe 38 : « Au méridien de mes jours j'irai dans les portes du shéol ; je suis privé du reste de mes années. Je disais : Je ne verrai pas Jah, Jah dans la terre des vivants ! Avec les habitants du lieu où tout a cessé, je ne contemplerai plus l'homme. Ma durée s'en est allée, et elle est transportée loin de moi comme une tente de berger. J'ai, comme le tisserand, coupé ma vie ; ...il me séparera de la penne ; du jour à la nuit tu en auras fini avec moi. J'ai possédé mon âme jusqu'au matin ; ...comme un lion, ainsi il me brisait tous les os. Du jour à la nuit, tu en auras fini avec moi ! ...Comme une hirondelle, comme une grue, ainsi je grommelais, je gémissais comme une colombe ; mes yeux se sont consumés en regardant en haut ». On voit que cet écrit d'Ezéchias est le récit fait par l'Esprit, de l'exercice produit en lui, sous cette dure discipline. Mais lorsqu'il en vient à dire : « Seigneur, je suis opprimé ; garantis-moi », il y a évidemment une nouvelle lumière dans son âme ; il entre dans la résurrection en espérance ; Il peut dire maintenant : « Seigneur, par ces choses on vit, et en toutes ces choses est la vie de mon esprit. Et tu m'as rendu la santé, et tu m'as fait vivre... tu as aimé mon âme, la retirant de la fosse de destruction » - on trouve là aussi le sentiment du pardon de l'Eternel - « car tu as jeté tous mes péchés derrière ton dos... Le vivant, le vivant est celui qui te louera, comme moi aujourd'hui ». La discipline a atteint son but si béni. C'était une terrible épreuve, mais aucune autre ne pouvait amener l'âme à se confier entièrement en Dieu comme source et fontaine de vie. Il faut de toute nécessité que nous connaissions et que nous réalisions notre mort comme homme, pour pouvoir réaliser la bénédiction actuelle qu'il y a de vivre par le Fils de Dieu, et pour Dieu d'une manière qui lui plaise et qui convienne à sa sainteté et à sa justice. Ce n'est pas chose facile ; car c'est la valeur et la fin de toute discipline. Si nous nous considérions réellement comme morts et si nous permettions à l'Esprit de maintenir Christ en nous en toute chose, il n'y aurait pas besoin de discipline, et plus rien en nous à faire mourir. Lorsqu'il y a en nous peu de choses à faire mourir, c'est que la mort morale a réellement sa place en nous. Chez les uns cela se produit soudainement, chez les autres lentement et peu à peu ; mais la mort en tant que mort doit avoir lieu, et c'est dans la mesure où nous le réalisons que la vie qui est en Christ, prend sa place. Nous pouvons alors supporter le cours de l'épreuve et être rendus capables de dire : « Le vivant, le vivant est celui qui te louera, comme moi aujourd'hui ».
 
 
Les dernières années de la vie d'Ezéchias
 
            Ezéchias a fait de merveilleuses expériences. Il a su ce que c'est que d'être dans la vallée de l'ombre de la mort ; il a vu les lumières d'ici-bas s'éteindre une à une, et le câble d'argent se détacher, et il a connu la puissance de Dieu qui ‘la relevé. Il a été discipliné par la tendre main de Dieu : va-t-il maintenant marcher suivant l'enseignement qu'il a reçu et être renouvelé en connaissance ? La fin de l'histoire d'Ezéchias nous montre les épreuves auxquelles est exposée une âme instruite comme l'a été la sienne ; comment il tombe dans le piège mais en même temps comment il donne la preuve qu'il a retiré du profit de la discipline par laquelle il a passé. Cela semble paradoxal qu'après un temps de discipline profonde et bénie pour lui, un homme puisse manifester d'une part une faiblesse spéciale et d'autre part une force spéciale ; cependant il en est ainsi. La faiblesse de la nature est mise à nu, et la force de la grâce est manifestée. C'est une erreur que l'on fait souvent de penser que la grâce met un voile sur la chair et empêche de la voir ; elle ne lui donne jamais une fausse apparence. Au contraire, plus il y a de grâce, plus l'horreur de la chair est rendue visible, si elle n'est pas jugée et soumise. Ainsi il n'est pas rare de voir une brutale manifestation de la chair, là où il y a un vrai et profond courant de la grâce. Pierre renie le Seigneur : sa chair est manifestée, tandis que l'action profonde de la grâce dans son âme le conduit à la repentance. L'âme de Paul est enrichie des trésors de la gloire, et comme conséquence il lui faut une écharde dans la chair afin qu'elle ne s'enorgueillisse pas. En fait, le mal qui est en moi est amené à la lumière par la grâce, tandis que je suis conduit d'une manière plus visible par cette même grâce. Le mal devrait être découvert avant qu'il puisse agir, et il en sera ainsi si, dans ma marche, je me tiens près du Seigneur ; sinon, le fait que la grâce soit là n'empêche pas le mal d'être mis à jour. Si ce mal est jugé devant Dieu, il sera ôté sans avoir été publiquement manifesté par les actes ; sinon, la grâce ne le cachera pas ; il sera amené en pleine lumière, et recevra là le jugement de la part de Dieu ; car « si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés » (1 Cor. 11 : 31). Plus nous aurons avancé dans la grâce, plus la chair sera mise à découvert, si elle n'est pas soumise par cette grâce que nous avons reçue, c'est-à-dire si nous ne marchons pas dans la dépendance de Dieu qui nous a donné la grâce. Ezéchias, dans l'affaire des ambassadeurs de Babylone, trahit sa nature ; lui qui avait dit, dans le profond exercice de son âme : « J'irai doucement toutes mes années », n'est pas capable de résister à la flatterie du monde. « Ezéchias », est-il dit, « se réjouit de leur venue, et leur montra la maison où étaient renfermés ses objets précieux, l'argent et l'or, et les aromates et l'huile fine, et tout son arsenal, et tout ce qui se trouvait dans ses trésors ; il n'y eut rien qu'Ezéchias ne leur montrât dans sa maison et dans tous ses domaines ». L'homme qui a appris, par la discipline, ce qu'est la résurrection, n'est pas à l'abri de ressentir l'orgueil d'être estimé par Babylone. Il cède et attire en conséquence le jugement sur sa maison. Ainsi il n'a vécu que pour attirer le jugement sur les siens et donne ainsi une preuve frappante de l'incurabilité du coeur de l'homme naturel ; c'est quand on fait grand cas de l'homme, qu'il est mis à l'épreuve. « Le creuset est pour l'argent... ainsi l'homme, pour la bouche qui le loue » (Prov. 27 : 21). Le simple fait qu'être reconnu et exalté est une satisfaction pour la chair, donne la preuve positive du danger qui nous menace. Ezéchias tombe dans ce piège ! Quelle chute pour un homme qui, dans l'exercice de son âme, avait connu la mort et la résurrection ! Babylone personnifie en principe tout l'égoïsme et l'indépendance de ce monde. Dans son manque de foi et sa vanité, Ezéchias recherche l'estime de Babylone et cela attire le jugement sur sa famille ; car la faveur de ce monde est tromperie. La faiblesse d'Ezéchias est mise à découvert, et le jugement lui est infligé : en effet, dans sa famille, sa propre nature adamique est jugée, et aussi le manquement qui en est le fruit.
            D'un autre côté, Ezéchias est pour nous un bel exemple de la manière dont devrait agir un homme lorsqu'il se trouve devant des difficultés en apparence insurmontables. Si la flatterie de Babylone découvre la faiblesse et la vanité de sa nature, ce qui est toujours le cas si l'on prospère dans le monde, la terrible menace et l'invasion de l'Assyrien (2 Rois 18 : 17) ne font que mettre en lumière la solidité de sa confiance en Dieu. La grande discipline qu'il a traversée n'a pas été sans résultat. Vis-à-vis de l'homme, il conserve une dignité calme et imperturbable. Au sujet des messages envoyés par le roi d'Assyrie, il est dit que le « commandement du roi » était : « Vous ne lui répondrez pas ». Mais il décharge son coeur devant l'Eternel, et lui expose toute sa détresse. Il avait auparavant, par faiblesse, tenté de payer l'envahisseur ; maintenant il déchire ses vêtements, se couvre d'un sac et entre dans la maison de l'Eternel. La place qu'il prend et toute son attitude sont exactement l'opposé de ce qu'il avait fait avec les ambassadeurs de Babylone ; et il est consolant de le voir, lui qui avait été tiré de la mort - et qui avait appris réellement ce qu'est la mort - être là comme n'étant rien en lui-même, mais ayant placé son espérance en Dieu.
 
            Quand l'Eternel avait promis à Ezéchias la guérison de sa maladie, il lui avait aussi promis de le délivrer de l'Assyrien (2 Rois 20 : 6). La victoire de l'Eternel est complète ; sur Ezéchias et sur l'oppresseur ; mais le coeur doit apprendre comment, ayant passé par la mort, il peut mieux résister en présence de la mort et du danger, que devant la flatterie et l'approbation du monde. Ezéchias comprend la mort et ce que Dieu est dans la mort ; c'est pourquoi sous la pression de l'Assyrien, il se tourne vers Dieu ; mais quand il est entouré et flatte par les ambassadeurs de Babylone, il tombe sous l'influence fatale du système qu'ils personnifient, et alors ses enfants et sa nation, suite au gouvernement de Dieu, doivent en souffrir les conséquences. La merveilleuse délivrance d'Ezéchias de la main des Assyriens par l'intervention de Dieu est le dernier événement de sa vie qui nous soit rapporté par l'Ecriture, et termine bien l'histoire de sa discipline. Il a appris que toute chair est comme l'herbe, et devant son âme Dieu est tout en tous. Quand nous en arrivons à ce point, le but de toute discipline est atteint. Puissions-nous apprendre et marcher dans la patience, pour être parfaits et accomplis, ne manquant de rien !
 
                                                                                                 B. T. (Bible Truth)