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Les quatre prophéties de Balaam
 
Lire : Nombres 22 à 25
 
 
            Le passage de la mer Rouge, après la Pâque, évoquait aussi l'oeuvre de Christ et notre délivrance du pouvoir de Satan. Le peuple de Dieu arraché au présent siècle mauvais, est ressuscité avec Christ qui « entonne la louange au milieu de l'assemblée » (Ps. 22 : 22 ; Héb. 2 : 12). « Alors Moïse et les fils d'Israël chantèrent ce cantique à l'Eternel… » (Ex. 15 : 1). Le premier cantique de l'Ecriture exprime la joie qui remplit le coeur de tous les rachetés. Il célèbre la gloire de Celui qui a desséché la mer et qui a fait « des profondeurs de la mer un chemin pour le passage des rachetés » (Es. 51 : 10). Mais il proclame aussi ce qu'Il va faire encore, en montrant quels seront les fruits de la victoire : Dieu s'est préparé un « héritage », une « habitation », un « sanctuaire » (v. 17), et Il « régnera à toujours et à perpétuité » (v. 18).
            Le peuple est maintenant en marche pour la terre promise. Mais il doit faire les expériences du désert, rencontrer des circonstances pénibles et décevantes. Très vite, les murmures s'élèvent, les plaintes contre Dieu. Les coeurs sont prompts à oublier la bonté de Dieu qui demeure à toujours. Au retour des douze éclaireurs partis, un par tribu, explorer le Pays, chacun montre ce qui est dans son coeur. A l'exception de Josué et Caleb qui manquent d'être lapidés, c'est bientôt une incrédulité générale qui se manifeste. Le peuple méprise l'Eternel en décriant le pays désirable (Ps. 106 : 24). Toute cette génération va errer dans le désert quarante ans et n'entrera pas dans la terre promise.
            Au chapitre 21 des Nombres, le but est près d'être atteint ; le peuple marche vers le soleil levant (v. 11) toujours entouré des soins fidèles de Dieu. La manne tombe chaque matin, quoique traitée de pain misérable par la plupart. Le peuple se plaint aussi du manque d'eau (v. 5). Alors, au commandement de l'Eternel, le peuple s'assemble autour du puits de Béer. Princes et nobles ont « creusé ». L'eau jaillit des sources profondes pour le rafraîchissement de tous. Nous sommes responsables de profiter des trésors de la Parole mis à jour par ces serviteurs du Seigneur, donnés pour l'édification de l'assemblée. Ces princes, ces nobles au labeur si utile rappellent ces Béréens plus nobles que ceux de Thessalonique (Act. 17 : 11). Voilà la vraie « noblesse », celle que la Parole reconnaît. Elle invite chacun à sonder les Ecritures (Jean 5 : 39). Combien de telles ressources sont nécessaires pour parvenir au terme du voyage! Ici, le rafraîchissement spirituel goûté autour du puits réjouit le coeur du peuple de Dieu (Jac. 5 : 13) et il chante à nouveau, après tant d'années de langueur ou de dérive autour du veau d'or (Ex. 32 : 18).
            Mais les attaques de l'Ennemi sont incessantes : il a des « agents » un peu partout dans ce monde et il excelle à s'en servir. Israël ignorait les menaces qui pesaient sur lui, mais Dieu veillait et allait contrecarrer les plans de l'Adversaire (Rom. 8 : 31).
 
 
Balak, roi de Moab, fait appel à Balaam pour maudire le peuple de Dieu
 
            Le peuple de Moab avait vu avec effroi Israël monter du désert et s'installer près de lui. Il craint, à tort, que ce peuple ne broute, comme le boeuf, toutes ses récoltes (22 : 4) ; Dieu avait donné à Moïse l'ordre de ne pas attaquer Moab (Deut. 2 : 9).
            Espérant vaincre Israël, Balak, roi de Moab décide recourir à des moyens surnaturels. Il appelle à l'aide un devin (Jos. 13 : 22) dont la réputation, comme celle de Simon plus tard (Act. 8 : 9-11), n'était plus à faire. Balaam personnifie à travers l'Ecriture un clergé complaisant se louant « à prix d'argent », chose toujours fréquente. Il habitait fort loin, en Mésopotamie. Qu'importe ! Pour obtenir son concours, Balak envoie des seigneurs de plus en plus nombreux et considérables, avec, dans leurs mains, le prix de la divination. Il lui promet s'il accepte de maudire Israël, de le couvrir d'honneurs (22 : 5-7 ; 15-19).
            Balaam avait une certaine connaissance de l'Eternel ; mais cet homme cupide et corrompu, espérait bien pouvoir répondre à cette demande du roi de Moab et satisfaire ses convoitises. Sans doute croyait-il que Dieu lui ressemblait (Ps. 50 : 16-21). Mais l'Eternel lui dit : « Tu n'iras pas avec eux ; tu ne maudiras pas le peuple car il est béni » (v.12). Il lit dans nos coeurs et voit ce qui gouverne Balaam. Devant Lui, le chemin de cet homme, asservi à l'argent, était pervers et menait à la perdition. Le Nouveau Testament parle du « chemin de Balaam » : il est suivi après avoir abandonné le « droit chemin » (2 Pier. 2 : 15). Il parle de son « erreur » (Jude 11) et enfin de « sa doctrine » (Apoc. 2 : 14). La propre volonté s'égare toujours davantage. Ces deux complices : Balak et Balaam forment ensemble une figure de ce méchant roi appelé « la Bête » et du faux prophète ou Antichrist. Satan s'en servira dans les temps apocalyptiques contre Israël et contre Dieu.
            Dieu laisse aller Balaam, tout en lui disant : « Seulement, la parole que je te dirai, tu la feras » (v. 20). Sur la route, Balaam se montre plus fou et plus aveugle qu'un âne, animal pourtant réputé obstiné, sur lequel il est monté : « Une bête de somme, parlant d'une voix d'homme réprima la folie du prophète » (2 Pier. 2 : 16). L'Ange lui-même – une figure de Christ - se montre à lui, « son épée nue dans sa main (v. 31), et l'avertit, en vain. Balaam dit bien, mais sans réelle repentance : « J'ai péché » (v. 34).
            Balak impatient entend que Balaam arrive ; il vient à sa rencontre jusque sur la frontière de l'Arnon et l'accueille, non sans montrer une certaine aigreur (v. 36-37). Balaam, contre son gré, et pour la grande colère de Balak, va être obligé de prononcer, au sommet de trois montagnes sur lesquelles il sera successivement conduit, quatre discours sentencieux ; chacun d'eux mettra en évidence, pour Israël, une bénédiction de plus en plus glorieuse.
            Sur la première de ces montagnes se trouvaient les « hauts lieux de Baal ». De cet endroit, Balaam n'apercevait que « l'extrémité du peuple ». Il semble que Balak cherchait à diminuer aux yeux de Balaam le nombre et l'ordre du peuple, groupé autour du tabernacle. C'était à l'extrémité que se produisaient souvent les troubles et que se trouvaient aussi ceux qui se traînaient derrière, objets des attaques d'Amalek.
            Sur cette montagne - comme sur les suivantes - Balaam fait ériger sept autels et offre sur chacun un taureau et un bélier. Tout concourt à créer, du moins il le pense, une atmosphère aussi solennelle que possible.
            Il dit à Balak : « Tiens-toi auprès de ton offrande, et je m'en irai ; peut-être l'Eternel viendra à ma rencontre et ce qu'Il m'aura fait voir, je te le rapporterai » (23 : 1-7). Il se rend sur une hauteur découverte et Dieu le rencontre. Balaam raconte de façon volubile à l'Eternel tous les préparatifs qu'il vient de faire, mais, sans commentaire, Dieu met une parole dans sa bouche et lui commande de retourner vers le roi, devant lequel il doit prononcer son premier discours sentencieux.
 
 
Les quatre prophéties de Balaam
 
            Les prophéties de Balaam sont comme les anneaux d'or d'une magnifique chaîne, mettant en évidence des bénédictions de plus en plus glorieuses pour le peuple de Dieu : 
                              - sa séparation : « Voici, c'est un peuple qui habitera seul » (Nom. 2 3 : 9)
                        - sa justification : « Il n'a pas aperçu d'iniquité en Jacob » (23 : 21)
                        - sa beauté : « Que tes tentes sont belles, ô Jacob ! et tes tentes, ô Israël ! » (24 : 5)
                              - son espérance et sa gloire : « Une étoile surgira de Jacob, et un sceptre s'élèvera d'Israël » (24 : 17).
 
 
                        Premier oracle de Balaam : La séparation du peuple de Dieu
 
« Balak, roi de Moab, m'a amené d'Amram, des montagnes de l'Orient : Viens, maudis-moi Jacob ! Viens, appelle l'exécration sur Israël !
Comment maudirai-je ce que Dieu n'a pas maudit ? Comment appellerai-je l'exécration sur celui que l'Eternel n'a pas en exécration ?
Car du sommet des rochers je le vois, et des hauteurs je le contemple.
Voici c'est un peuple qui habitera seul, et il ne sera pas compté parmi les nations.
Qui est-ce qui comptera la poussière de Jacob, et le nombre de la quatrième partie d'Israël ?
Que mon âme meure de la mort des hommes droits, et ma fin soit comme la leur »(23 : 7-10).
 
            Ce premier discours met en évidence qu'Israël est le peuple que Dieu a choisi. Il montre le désir de Balak qu'Israël soit maudit et l'impossibilité dans laquelle Balaam se trouve de le faire : Dieu en a décidé autrement. La semence d'Abraham est toujours présentée comme étant l'objet de la bénédiction divine et devenant elle-même un moyen de bénédiction pour les autres (Gen. 12 : 2). Plusieurs ont cherché à maudire Jacob, à condamner Israël ! Mais Dieu déclare : « Aucun instrument formé contre toi ne réussira, et toute langue qui se lèvera contre toi en jugement, tu la condamneras (Es. 54 : 17-18). Les hommes devraient le comprendre, mais au contraire ils se réjouissent quand des « branches » d'Israël sont arrachées. Or Dieu ne peut mentir ; il y aura toujours « un résidu » selon l'élection de la grâce (Rom. 11 : 1-2, 17).
 
            Balaam, du sommet des rochers, ne voit qu'une faible partie d'Israël, mais il doit déclarer qu'il s'agit d'un peuple appelé à habiter seul : il est séparé pour Dieu ; il ne sera pas compté parmi les autres nations. Telle est sa part évidente à travers tout l'Ancien Testament. Mais certains chrétiens ont cru qu'après la croix - durant la période de la grâce –, cette part d'Israël était devenue une prérogative de l'Eglise !
            Il n'en est rien, la Parole le confirme - même si la race d'Abraham est actuellement, par la volonté de Dieu, dispersée au milieu des nations. Les voies de Dieu envers son peuple terrestre reprendront en grâce, après l'enlèvement de l'Eglise.
            Les fils de Jacob n'ont rien perdu de leurs traits caractéristiques, même si l'on a cherché à les obliger à se mêler avec les autres nations. Remarquons aussi que, de la même manière, Dieu a séparé et purifié pour-lui-même un peuple céleste, l'Eglise : il est encore en formation aujourd'hui (Tite 2 : 14 ; Jean 17 : 14).
            Balaam pose une question remarquable : « Qui est-ce qui comptera la poussière de Jacob, et le nombre de la quatrième partie d'Israël ? » (v. 10). Une promesse avait été faite à Jacob, au moment où il quittait Béer-Shéba : « Ta semence sera comme la poussière de la terre » (Gen. 28 : 14). Telle était la bénédiction terrestre promise au patriarche.
            Quel spectacle impressionnant pour Balak et Balaam ! Ils se tenaient près de leurs autels, érigés sur les hauts lieux de Baal. Sur des autels, des sacrifices, fruit de leur imagination, fumaient encore ! Et ils pouvaient apercevoir dans le désert des tentes bien alignées, groupées sous la bannière des tribus - une petite partie du peuple d'Israël !
            Ce peuple, depuis sa sortie d'Egypte, avait déjà connu des épreuves variées et des jugements mérités. Toutefois Dieu avait veillé sur lui et il restait aussi fort et nombreux en montant du désert qu'au moment d'y entrer !
            Depuis l'époque que nous considérons ici, Israël a erré dans un désert plus grand encore – un des caractères de ce monde - et il a connu de grandes afflictions. Mais Dieu a constamment empêché qu'il soit entièrement détruit, par des « pogroms » et par la « Shoah ». A la surprise de ses ennemis déçus, il n'a cessé d'augmenter en nombre, selon l'image employée de la « poussière du sol ». Personne d'ailleurs n'est capable aujourd'hui de dénombrer les Juifs qui vivent au milieu de ce monde. Ils font partie de ces « dix tribus » encore disséminées au milieu des nations ! On sait seulement que leur nombre s'accroît rapidement.
            Comment faut-il comprendre l'exclamation finale de Balaam ? Aurait-il voulu connaître la mort paisible des hommes droits ? Pour avoir une telle mort, il faut vivre d'abord dans la crainte de Dieu (Ps. 37 : 37-38) - ce n'était pas le cas de ce devin !
            Peut-être Balaam a-t-il eu plutôt, à ce moment-là, un aperçu du glorieux épilogue de l'histoire d'Israël ? Ce peuple doit connaître le « matin sans nuages » (2 Sam. 23 : 4) après une longue nuit d'orages dévastateurs.
            Il y aura déjà plus de détails dans le discours suivant de Balaam. Ce n'est pas à un descendant de la famille d'Abraham que ces grandes choses sont révélées ; Dieu les met dans la bouche de cet homme des nations pour que l'un de leurs rois l'entende !
 
            Balak est très déçu par son échec et se plaint à Balaam : « Que m'as-tu fait ? Je t'avais pris pour maudire mes ennemis et, voici, tu les as bénis expressément » (v. 11) ! Et le roi de Moab veut espérer qu'un autre lieu sera plus favorable pour que ses mauvais desseins se réalisent. Peut-être Dieu se décidera-t-il enfin à laisser Balaam maudire ceux qui nombreux, au milieu de son peuple, ne cessent pas de murmurer et de se révolter !
 
            Il conduit donc Balaam au sommet du Pisga et lui dit : « Maudis-le moi de là » (v. 14). Balaam lui commande alors de rester auprès des sept autels que l'on vient à nouveau de construire et lui déclare de façon plutôt vague : « Moi, j'irai à la rencontre là… » (v. 15). Ce devin, habitué au commerce des esprits, ne souhaitait pas de se trouver une fois encore en présence de Dieu, qui s'opposait à ses mauvais désirs. Et pourtant c'est Lui qui vient à sa rencontre et met dans sa bouche une parole destinée à Balak. Balaam doit maintenant prononcer un nouveau discours sentencieux.
 
 
                        Deuxième oracle de Balaam : La justification du peuple de Dieu
 
« Lève-toi, Balak, et écoute ! Prête-moi l'oreille, fils de Tsippor !
Dieu n'est pas un homme pour mentir, ni un fils d'homme pour se repentir : aura-t-il dit et ne fera t-il pas ? Aura t-il parlé et n'accomplira-t-il pas ?
Voici, j'ai reçu mission de bénir ; Il a béni et je ne révoquerai pas.
Il n'a pas aperçu d'iniquité en Jacob, ni n'a vu d'injustice en Israël ; l'Eternel, son Dieu, est avec lui, et un chant de triomphe royal est au milieu de lui.
Dieu les a fait sortir d'Egypte ; il a comme la force des buffles.
Car il n'y a pas d'enchantement contre Jacob, ni de divination contre Israël. Selon ce temps il sera dit de Jacob et d'Israël : Qu'est-ce que Dieu a fait ?
Voici le peuple se lèvera comme une lionne, et il se dressera comme un lion ; il ne se couchera pas qu'il n'ait mangé la proie et bu le sang des tués »(23 : 19-24).
 
            Les résolutions divines sont immuables ; toute tentative pour obtenir qu'Il maudisse alors qu'Il veut bénir est condamnée d'avance. La force d'Israël vient de son Dieu, auquel il est si étroitement lié. L'apôtre Paul en rend le témoignage : « Les dons de grâce et l'appel de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11 : 29). Peut-être le peuple murmurait-il dans ses tentes au moment même où Dieu faisait proclamer leur perfection à Ses yeux par ce « prophète » cupide. Dieu peut avoir à s'occuper des siens à bien des égards ; il doit peut-être les censurer mais Il ne donne à personne le droit de le faire !
            Comment la Parole de Dieu peut-elle affirmer ce que des faits contredisent ? peut-on s'étonner en lisant le verset 21 en contraste avec le chapitre 25. L'Eternel veut-il oublier  les rébellions, les convoitises, l'idolâtrie… ? Le verset 24 apporte la réponse : « Selon ce temps-ci, il sera dit de Jacob et d'Israël : Qu'est-ce que Dieu a fait ? ». Israël accumule les faux pas mais l'Eternel a préparé dans ses conseils d'éternité l'oeuvre indispensable pour purifier son peuple. Tous les péchés de l'homme peuvent désormais être effacés. Les sacrifices, la sacrificature, le serpent d'airain - tous les types qui se trouvent dans l'histoire d'Israël - sont autant d'aspects de l'oeuvre rédemptrice de Jésus à la croix. Dieu voyait ici, par avance, le sacrifice de son Fils. Il est fidèle et juste pour pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité (1 Jean 1 : 9). Comment pourrait-il imputer la moindre faute à celui qui est lavé dans le sang précieux de Christ ?
            On remarque d'ailleurs que jamais dans ces prophéties de Balaam le péché et la culpabilité de l'homme ne sont même mentionnés. Lisons à ce sujet avec adoration Michée 7 : 18-20.
            Balak, dans son ignorance, mais aussi sa haine est un triste type de la chrétienté apostate actuelle. Elle ne croit pas aux promesses de Dieu à Abraham ni à ses desseins touchant Israël. Elle se montre plutôt prête à maudire ceux qu'elle devrait honorer et aimer car, ainsi que le rappelle le Seigneur, « le salut vient des Juifs » (Jean 4 : 22).
            Balaam ajoute que son Dieu est avec lui et qu'un chant de triomphe est au milieu d'Israël (v. 21). Peut-être pouvait-il apercevoir le Tabernacle ou la nuée qui, au-dessus de la Tente de l'Eternel, confirmait Sa merveilleuse présence ? Dieu a fait sortir son peuple d'Egypte et maintenant aussi la victoire leur est assurée pour entrer dans le Pays promis (v. 24) !
            Balak est sidéré d'entendre Balaam et il dit à ce « prophète » dont les paroles sont odieuses à ses yeux : « Ne le maudis donc pas ; mais du moins ne le bénis pas » ! Balaam rétorque : « Ne t'ai-je pas parlé, disant : Tout ce que l'Eternel dira, je le ferai ? » (v. 25-26). Il était impossible à cet homme d'agir à sa guise. Toutes choses Le servent.
            Tenace, Balak pourtant s'obstine ; il va conduire Balaam dans un autre endroit, avec toujours l'espoir - évidemment déçu - qu'il convienne à Dieu qu'Israël soit maudit à cet endroit !
            Ils parviennent au plus haut sommet, celui du Péor. De ce lieu, Balaam peut voir en tout cas la plus grande partie du peuple « dans ses tentes selon ses tribus ». « L'Esprit de Dieu fut sur lui » - comme il viendra plus tard sur un autre incrédule, Saül (chap. 24 : 2 ; 1 Sam. 10 : 11-12). Balaam qui s'adonnait au spiritisme, s'abstient cette fois-ci des sortilèges habituels. Il tourne sa face vers le désert ; il voit qu'il est bon aux yeux de l'Eternel de bénir Israël ! Tous les sacrifices « rituels » viennent d'être, une fois encore, offerts. Il va prononcer le troisième discours sentencieux.
 
 
 
 
                       
                 Troisième oracle de Balaam : La beauté du peuple de Dieu
 
Balaam, fils de Béor dit, et l'homme qui a l'oeil ouvert, dit,
Celui qui entend les paroles de Dieu, qui tombe et qui a les yeux ouverts, dit :
Que tes tentes sont belles, ô Jacob ! et tes demeures, ô Israël !
Comme des vallées elles s'étendent, comme des jardins auprès d'un fleuve, comme des arbres d'aloès que l'Eternel a plantés, comme des cèdres auprès des eaux ;
L'eau coulera de ses seaux ; et sa semence sera au milieu de grandes eaux ;
Et son roi sera élevé au-dessus d'Agag, et son royaume sera haut élevé.
Dieu l'a fait sortir d'Egypte : il a comme la force des buffles ; il dévorera les nations, ses ennemis ; il cassera leurs os, et les frappera de ses flèches,
Il s'est courbé, il s'est couché comme un lion, et comme une lionne : qui le fera lever ?
Bénis sont ceux qui te bénissent, et maudits ceux qui te maudissent (24 : 3-9).
           
            Cet oracle constate prophétiquement l'admirable beauté des tentes d'Israël, leur belle ordonnance, avec au milieu d'elles celle de l'Eternel, la demeure de sa gloire. Les images choisies par l'Esprit sont celles d'une fertilité durable ; et cet arbre, l'aloès, dégage une très suave odeur, évoquant le parfum de Christ pour Dieu au moment de sa mort expiatoire.
La nation d'Israël est comparée à deux seaux, ramenés tout ruisselants de la fontaine, remplis jusqu'au bord de ces eaux vives, gage de cette bénédiction qu'Il répandra en abondance envers les autres nations durant le millénium. « Agag » est le titre collectif de tous les rois d'Amalek - la première des nations - dont la fin sera d'être détruite (v. 20). Comme Juda, la tribu royale, dans les bénédictions de Jacob (Gen. 49 : 9), Israël est comparé à un lion, à une lionne au repos, après avoir dévoré tous ses ennemis.
            Balaam a maintenant les yeux ouverts, pour voir le peuple comme Dieu les voit. Il entend Ses paroles mais il n'est pas personnellement touché dans sa conscience par ce qu'il exprime de la part de l'Eternel. Que Dieu nous préserve de tomber dans un si déplorable état !
            La colère de Balak s'embrase ; Balaam ne vient-il pas de bénir par trois fois ses ennemis ? Il lui ordonne de s'enfuir dans son pays. L'Eternel l'a empêché de recevoir les « honneurs » que Barak lui promettait ! Balaam lui rappelle qu'il l'avait averti de l'impossibilité dans laquelle il se trouvait de dire autre chose que ce que Dieu lui commandait de dire (v. 13).
            En effet il se proposait de retourner vers son peuple, mais seulement après avoir donné aux Madianites une idée diabolique, pour induire Israël à pécher ! Selon la pensée divine, son peuple devait demeurer seul, il fallait donc l'inciter à se mélanger, en se servant de la convoitise de la chair (31 : 8, 16).
            Cependant avant de partir, il dit à Barak : « Viens, je t'avertirai de ce que ce peuple (Israël) fera à ton peuple à la fin des jours » (v. 14). D'où un dernier et solennel discours qui concerne en outre plusieurs nations.
 
 
                        Quatrième oracle de Balaam : L'espérance et la gloire du peuple de Dieu
 
« Balaam, fils de Béor, dit et l'homme qui a l'oeil ouvert, dit :
Celui qui entend les paroles de Dieu et qui connaît la connaissance du Très-haut, qui voit la vision du Tout-puissant, qui tombe et qui a les yeux ouverts, dit :
Je le verrai, mais pas maintenant ; je le regarderai mais pas de près.
Une étoile surgira de Jacob, et un sceptre s'élèvera d'Israël, et transpercera les coins de Moab, et détruira tous les fils de tumulte.
Et Edom sera une possession... eux ses ennemis ; et Israël agira avec puissance. Et celui qui sortira de Jacob dominera, et il fera périr de la ville le résidu.
 Et il vit Amalek, et proféra son discours sentencieux et dit : Amalek était la première des nations ; et sa fin sera la destruction.
Et il vit le Kénien, et il proféra son discours sentencieux et il dit : Forte est ta demeure, et tu as placé ton nid dans le rocher. Toutefois le Kénien doit être consumé, jusqu'à ce qu'Assur t'emmène captif.
Et il proféra son discours sentencieux et dit : Malheur ! Qui vivra quand Dieu fera ces choses ? Et les navires viendront de la côte de Kittim, et affligeront Héber, et lui aussi ira à la destruction » (24 : 15-25).
 
            Selon ses propres déclarations, Balaam « entend les paroles de Dieu », il « connaît la connaissance du Très-haut », il « voit la vision du Tout-puissant » (v. 16). Tout cela le rend grandement responsable ! Plusieurs soi-disant chrétiens s'écrieront, en trouvant la porte de la grâce fermée : « Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton nom ? » Il leur sera répondu : « Je ne vous ai jamais connus » (Matt. 7 : 22-23). Ils partageront le sort final de Balaam. La connaissance des vérités de la Parole de Dieu peut rester sans effet sur la conscience.
            Quel sort tragique ! Avoir les yeux ouverts pour voir Jésus, le Messie – car c'est de Lui qu'il est question quand la Parole emploie ici ces beaux symboles : l'étoile et le sceptre -, ils comprendront trop tard, comme Balaam qu'ils ne verront jamais le Seigneur de près. C'est le cas du riche dans la parabole : il voit - depuis le lieu des tourments - le bonheur des élus. Un « grand gouffre » le sépare d'eux à jamais ! (Luc 16 : 19-31). « Tout oeil le verra » (Apoc. 1 : 7), mais ils ne seront pas tous dans le même état.
            Devant cet homme « qui tombe », se déroule un panorama prophétique, illuminé par une étoile brillante : Christ, le roi de gloire (Apoc. 2 : 28 ; 22 : 16) Les affections de ceux qui aiment son apparition sont réveillées. Mais ce jour correspond aussi au jugement définitif, déjà esquissé dans le passé, de ces nations ennemies, voisines d'Israël. Moab, qui avait voulu qu'Israël soit maudit, est nommée la première - avant même Edom (Séhir), l'ennemie héréditaire, qui subira un sort plus radical encore (v. 19). Moab - et avec lui tous les « fils du tumulte » - sera transpercée de toutes parts (Jér. 48 : 45).
            Si Moab est une figure de l'orgueil humain (Es. 16 : 6 ; Jér. 48 : 39-40), Edom évoque la sagesse de l'homme (Abd. 8 ; Jér. 49 : 7 ; Jac. 3 : 15-16).
            La seconde partie de l'oracle concerne la ruine d'Amalek, un peuple caractérisé par son opposition acharnée à tout ce qui est « de Dieu » (Ex. 17 : 16 ; 1 Sam. 16 : 2). Elle ne méritait pas vraiment son appellation de première des nations, ni du fait de son ancienneté, ni à cause de sa puissance et de sa gloire. Il est question ensuite des Kéniens. Ils appartenaient sans doute - comme Hobab (Nom. 10 : 29) ; Jug. 4 : 11) - au peuple de Madian. Ce peuple s'était joint aux Moabites pour lutter contre Israël. 
                  
            L'oracle s'achève sur la ruine prédite des Assyriens. Balaam ne pouvait annoncer la destruction de sa propre patrie sans émotion. Des instruments, dans la main divine, seront chargés d'accomplir cette vengeance divine contre la verge de la colère divine (Es. 10 : 5-7).. Des navires viendront du côté de Kittim (sans doute l'Italie ou Chypre ?). Les empires grecs et romains allaient d'abord asservir tour à tour l'Assyrie.
            Toutes les nations citées ont déjà eu affaire au jugement de Dieu dans le passé, mais il sait où les retrouver ! Comme l'exprime un cantique, « tous ses conseils sont la fermeté même et ses desseins ne varieront jamais ». Ils connaîtront toute sa fureur.     
        
            En revanche, pour les Hébreux, ces prophéties ne contiennent que des bénédictions. Dieu se sert de Balaam pour mettre en évidence le prix d'Israël à Ses yeux et les caractères qui sont les siens, déjà indiquées : sa séparation, sa justification, sa beauté, son espérance et sa gloire. 
            Le royaume universel de Christ, du Messie s'établira après la destruction de ces nations ennemies. Des prophètes suscités plus tard – surtout Jérémie et Daniel - ne feront que développer ces premières prophéties. Ici, à sa gloire, Dieu oblige Balaam à prononcer de telles paroles.
                
            Ni Balak ni Balaam n'ont su tirer les leçons de ces révélations extraordinaires. La fin du chapitre 24 ne montre aucune repentance de leur part. Balaam prend le chemin du retour, mais il s'arrête chez les Madianites, donne ses pernicieux conseils et périra avec eux, de la main d'Israël.           
           
 
                                                                                              Ph. L   le 13. 05. 09