bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :
PLUS DE FRUIT (5)
 
 
 
IV. LES RECABITES :   La discipline personnelle
 
 
             Une question se pose : Faut-il attendre « passivement » la discipline de Dieu, soit pour « prévenir » une chute, soit quand on a manqué ?
             La Parole nous montre en divers passages combien il est nécessaire, dans la dépendance de l'Esprit de Dieu, d'être vigilants et sobres pour être gardés de chute. Nous sommes d'autre part appelés à nous juger nous-mêmes, reconnaissant et confessant nos fautes, pour ne pas être châtiés (disciplinés) par le Seigneur, mais au contraire connaître la joie du pardon (Ps. 32).
 
 
                        a. La discipline volontaire préventive (1 Cor. 9 : 24-27 ; 1 Thes. 5 : 6-8).
 
             Pour la dixième fois peut-être dans son épître, l'apôtre déclare : « Ne savez-vous pas ? ». Il ne va pas cette fois-ci présenter une doctrine, mais une question toute pratique : cette discipline préventive, nécessaire dans la course et le combat chrétiens. Il s'agit non pas d'une obéissance légale, mais d'une disposition de coeur (Dan. 1 : 8), résultat d'une oeuvre de grâce en nous, qui ne nous amène pourtant pas à nous croire supérieurs à d'autres ! Le secret est de s'abandonner à la grâce pour qu'elle nous façonne par l'action de l'Esprit de Dieu, afin de faire « mourir les actions du corps » (Rom. 8 : 13). Il y a toutefois une constance personnelle à déployer : « Purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d'esprit » (2 Cor. 7 : 1), - sorte de cilice moral, une préservation efficace.
             Courir, combattre, implique une énergie spirituelle persévérante. En Apocalypse 2 et 3, lettre après lettre aux Eglises, l'apôtre répète : « Celui qui vaincra... ». Exhortation individuelle, personnelle, sans attendre que d'autres s'engagent dans le même chemin.
             La victoire dans la course, dans le combat, ne va pas sans « régime ». Afin d'obtenir une couronne (1 Cor. 9 : 25), mais aussi par crainte d'une chute toujours possible (v. 27).
             Quel est ce régime ? L'apôtre en avait fait l'expérience personnelle : « Moi donc... », dit-il. Il parle de mortifier son corps, plus littéralement de soumettre son corps, et de l'asservir, de peur que, après avoir prêché à d'autres, il ne soit lui-même réprouvé. Ce mot « réprouvé », puisqu'il s'agit de compétition sportive dans ce passage, pourrait être traduit par « disqualifié ». Comment un service public pour le Seigneur se poursuivrait-il avec fruit pour Lui, si l'on manque gravement dans ce que l'on annonce à d'autres ?
             Régime implique sobriété, c'est-à-dire contrôle de soi. Nous le voyons en 1 Thessaloniciens 5, où « ceux du jour » sont mis en contraste avec « ceux de la nuit ». En 2 Timothée 4 : 5, la sobriété est nécessaire à l'évangéliste. 1 Pierre 2 : 11 nous enjoint de nous abstenir des « convoitises charnelles, qui font la guerre à l'âme ». Ces convoitises de la chair ne sont-elles pas bien souvent à la base de tout écart ?  C'est le cas lorsqu'un jeune quitte délibérément le chemin du Seigneur, invoquant comme excuse des doutes intellectuels, simple voile sur son inconduite ?
             Le contrôle de soi engage le chrétien à ne pas se laisser aller à tout ce qui l'entoure et le sollicite, ou même l'intéresse. Il est exhorté à avoir les « reins ceints » (1 Pierre 1 : 13). Une pratique spirituelle du jeûne est de mise, tout spécialement dans une époque où tant de choses veulent s'imposer à l'attention. On ne saurait serrer dans sa main à la fois les vanités du monde et la main du Seigneur.
             Par amour pour lui, il faut porter son joug (Matt. 11 : 29). Le prophète soulignait déjà : « Il est bon à l'homme de porter le joug dans sa jeunesse » (Lam. 3 : 27). Ce joug d'amour comporte une marche dans le même chemin que Lui, au même pas que Lui. Réserver dix minutes au lever pour une gymnastique appropriée qui fortifiera le corps, demande un effort constant ! Exercerons-nous chaque matin cette même discipline personnelle pour consacrer un moment suffisant à écouter la Parole de Dieu et à prier ? Une vieille brochure avait pour titre : « Un quart d'heure sur quatre-vingt-seize », un quart d'heure pour être avec le Seigneur au début de la journée. Lui donnerons-nous seulement un pour cent de notre temps ? Pourquoi pas deux pour cent ? Employons-nous plus de temps à consulter les médias que sa Parole ? Cela nous conduira peut-être à renoncer à de trop longues soirées !
             « N'abandonnant pas le rassemblement de vous-mêmes », dit l'apôtre (Héb. 10. 25). Dans ce domaine aussi, il faut de l'énergie, et un « régime » qui libère le temps nécessaire.
             La parabole nous parle des « épines » (Marc 4 : 19) : les soucis, les richesses, les convoitises, qui « entrant » étouffent la Parole. - Il est impossible de ne pas avoir de préoccupations. Mais il faut apprendre à les remettre au Seigneur : « Rejetant sur lui tout votre souci, car il a soin de vous » (1 Pierre 5 : 7).
             Dans une « société affluente » comme l'actuelle, les facilités matérielles augmentent. La sobriété pour en user selon Dieu sera de mise. Il nous donne toutes choses richement pour en jouir, mais pour en jouir avec le Seigneur Jésus.
             Quant aux convoitises, prenons garde qu'elles n'entrent dans l'âme et ne lui fassent la guerre. De tant de manières elles sont amorcées, attisées, par des scènes lues, entendues ou vues. Nous ne pouvons nous empêcher de voir bien des choses, mais nous serons vigilants de peur qu'elles ne viennent à faire partie de l'être intérieur.
 
             En Proverbes 24 : 33-34, il nous est dit : « Un peu de sommeil, un peu d'assoupissement, un peu croiser les mains pour dormir... et ta pauvreté viendra comme un voyageur, et ton dénuement comme un homme armé ». Quel piège dans ce « un peu » ! On aura pratiqué habituellement la sobriété, la tempérance. Mais l'apôtre Pierre nous engage à y ajouter la patience (2 Pier. 1 : 6), c'est-à-dire la persévérance à être sobre. Ne pas se laisser aller, « pour une fois », à la tentation qui nous est offerte ; ne pas s'abandonner « un peu » au sommeil spirituel qui nous guette. L'ennemi ne saurait que trop en profiter pour s'introduire dans notre vie et l'appauvrir de façon durable.
             Quelle consolation dans l'affirmation de l'apôtre, parlant du serviteur du Maître : « Il sera tenu debout, car le Seigneur est puissant pour le tenir debout » (Rom. 14 : 4).
 
 
                        b. Les Récabites (Jérémie 35 : 1-11, 18-19).
 
             Les descendants de Jonadab, fils de Récab, avaient reçu de leur père l'injonction de ne pas boire de vin, de ne pas construire de maisons, de ne pas semer de champs, ni planter de vignes. Ils étaient ainsi remarqués comme pèlerins, étrangers sur la terre. Souvenons-nous de la parole de ce serviteur qui pouvait dire : « C'est le trésor que j'ai trouvé dans Son amour qui a fait de moi un pèlerin dans ce monde ».
             Les circonstances étaient devenues difficiles ; la guerre avait poussé la petite tribu dans la ville de Jérusalem ; Jérémie reçoit de l'Eternel l'ordre de faire venir ces hommes dans le temple et de les engager à boire du vin. C'était une mise à l'épreuve. Mais les Récabites tiennent ferme. Il n'était pas mauvais en soi de boire du vin, mais ils voulaient obéir à leur père et ils s'en privaient volontairement, comme il le leur avait enjoint. A plus d'une reprise il est répété qu'ils « écoutaient » sa voix ; alors que le peuple, loin de suivre leur exemple, ne prêtait pas attention à la parole de l'Eternel et amenait ainsi sur eux-mêmes la discipline de son châtiment (v. 17).
             Il est facile d'appliquer spirituellement l'enseignement de Jonadab, fils de Récab. Le vin ôte le discernement : que d'autres choses sont également aptes à enlever à nos âmes ce discernement spirituel, si nous nous laissons aller. Les tentes, par opposition aux maisons, démontrent que l'on ne s'établit pas dans ce monde, que l'on n'y trouve pas sa patrie et sa satisfaction. Ne pas semer de champs, ne pas planter de vignes, c'est ne pas attendre de récolte spirituelle dans ce monde, mais trouver sa joie dans les choses invisibles qui demeurent.
             Afin d'être mis à part pour Dieu, tout entier pour Lui, le Nazaréen d'autrefois (Nom. 6), pour un temps limité (Act. 18 : 18), ou pour la vie (Jug. 13 : 5), s'abstenait de vin, de joies mondaines, - laissait croître ses cheveux, renonçant à sa dignité personnelle et à sa réputation, - et se séparait de toute personne morte, s'éloignant de toute corruption. Une telle pratique n'était pas obligatoire, mais celui qui, par amour pour son Dieu, voulait se tenir à part du mal, veillait à ces choses.
 
 
                        c. La discipline personnelle quand on a manqué
 
             1 Corinthiens 11 : 31-32 place devant nous un principe de la plus haute importance.
             En rapport avec la cène du Seigneur, il nous est dit : « Que chacun s'éprouve soi-même et qu'ainsi il mange » (v. 28). Qu'est-ce donc que s'éprouver soi-même ? Seulement juger nos fautes ? L'apôtre l'explique un peu plus bas, en nous engageant à nous juger nous-mêmes pour n'être pas jugés. Le jugement de soi implique l'accord avec Dieu contre nous-mêmes, le discernement dans sa lumière des causes profondes de nos manquements. Tout d'abord, selon 1 Jean 1 : 9, les confesser, dire à Dieu clairement le mal que nous avons fait, le reconnaître aussi envers ceux que nous aurions offensés. Ensuite, rechercher dans sa présence quels ont été les motifs ou les mobiles secrets de notre faute. Nous éviterons ainsi cette discipline du Seigneur rendue autrement nécessaire : « Quand nous sommes jugés, nous sommes châtiés (disciplinés) par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde ». Bien plus, nous pourrons dire avec David : « Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée » (Ps. 32 : 1).
 
             Un tel exercice ne nous amènera pas à une sombre appréciation des choses ; au contraire, il affermira en nous le sentiment de la grâce qui nous permet malgré tout de nous approcher de la cène du Seigneur, d'annoncer sa mort par laquelle nos péchés ont été effacés. Non pas se dire : cette semaine n'a pas trop mal été, je peux bien venir à la table sainte. Au contraire : s'éprouver soi-même, se juger soi-même, et saisir par la foi, comme tout à nouveau, que ces péchés trop facilement présents dans nos voies, ont été expiés à la croix par le Seigneur Jésus ; il nous a lavés par son sang précieux ; lui est la propitiation pour nos péchés. Alors, assurés du pardon, et conscients du prix qu'il a payé pour expier nos fautes, nous venons participer au mémorial dans le sentiment profond de la grâce immense qui nous a été faite.
 
                    O grâce infinie !
                    Tu fus immolé,
                    Tu laissas ta vie,
                    Ton sang a coulé
                    Pour qu'au sanctuaire,
                    De tous honoré,
                    Notre Dieu ton Père
                    Pût être adoré.
 
             « Il y a pardon auprès de toi, afin que tu sois craint » (Ps. 130 : 4). La conscience de la grâce ne nous amène pas à répéter légèrement nos fautes, mais au contraire à craindre de déplaire au Seigneur en manquant à nouveau. Proverbes 28 : 13 précise : « Celui qui confesse ses transgressions et les abandonne obtiendra miséricorde ». Cela ne demande-t-il pas une sérieuse discipline personnelle, dans le saint désir, par la force que Dieu fournit, de ne pas retomber ?