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Suivre Jésus dans l'évangile selon Marc
 
 
            « Si quelqu'un me sert, qu'il me suive », a dit le Seigneur lui-même (Jean 12 : 26). Pour Le servir, il faut donc Le suivre. Le suivre s'identifie en quelque sorte avec Le servir, l'un ne va pas sans l'autre. Nous comprenons par conséquent que l'évangile du service nous enseigne tout particulièrement à suivre Jésus.
 
 
Simon et André (1 : 17)
 
            Dans le premier chapitre, nous avons l'appel de Simon et d'André : « Venez après moi et je vous ferai devenir pêcheur d'hommes » (Marc 12 : 17). Aussitôt, ayant abandonné tout ce qui les avait occupés jusqu'alors, « ils le suivirent ». Cet appel : « Venez après moi » est adressé par le Seigneur à ceux qui ont déjà répondu à celui qu'Il fait entendre en premier lieu : « Venez à moi vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi je vous donnerai du repos » (Matt. 11 : 28). Nous sommes venus à Lui comme à celui qui a accompli l'oeuvre nécessaire pour ôter le fardeau de nos péchés et apporter la paix à notre conscience angoissée ; nous sommes responsables aussi de répondre à ce deuxième appel : « Venez après Moi ». Parfait serviteur, vrai Obed ("qui sert"), constitué serviteur « à toujours » (Exode 21 : 6), Il a tracé Lui-même le chemin du service et, pour y marcher, il faut aller à sa suite, être « avec Lui » (Marc 3 :14 ; 15 : 41). « Où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur » (Jean 3 : 26). Cette parole nous dit que celui qui a été avec Christ dans le chemin de l'humiliation et de la réjection sera aussi avec Lui dans la gloire.
            Ce monde est comme un vaste océan au milieu duquel le Seigneur nous appelle à être des « pêcheurs d'hommes ». Importante responsabilité du témoignage à rendre par la puissance du Saint Esprit partout où la sagesse de Dieu nous a placés, afin que des âmes soient amenées des ténèbres à Sa merveilleuse lumière. Que de « filets » occupent encore nos coeurs, nous empêchant de suivre l'exemple de Simon et d'André !
 
 
Lévi (2 : 14)
 
            Dans le chapitre 11 de ce même évangile, c'est un autre des douze qui entend l'appel divin : « Suis-moi ». Deux mots ont suffit à briser les liens qui retenaient Lévi (Matthieu) à son bureau de recette. Quelle puissance dans cet appel auquel seule la foi peut répondre ! Simon et André n'avaient pas hésité un instant, le fils d'Alphée n'hésite pas non plus : « se levant, il le suivit » (2 : 14). C'était un homme riche ; pourtant, il a tout laissé pour aller avec Jésus.
            Dans les deux passages des deux premiers chapitres de l'évangile selon Marc, nous avons donc les âmes que le Seigneur appelle à le suivre dans le chemin du service et qui, tout aussitôt, s'engagent après Lui. Mais pour aller « après Lui », il ne faut pas partir avec le seul enthousiasme des belles résolutions. Une chose est nécessaire, c'est Marc 8 : 34 qui nous dit : « Quiconque veut me venir après moi, qu'il se renonce soi-même, et qu'il prenne sa croix, et me suive ».
            Le Seigneur venait de faire comprendre à ses disciples qu'Il devait être mis à mort. Il avait pris son titre de Fils de l'homme qui implique son rejet, ses souffrances et sa mort. Pierre qui pourtant venait de confesser que Jésus était le Christ se refuse à admettre qu'Il allait parcourir un tel chemin. Il désirait, ainsi que les autres disciples, un Messie introduisant les siens dans la jouissance immédiate des bénédictions du règne. Il n'avait pas saisi que tant que la question du péché n'était pas réglée, l'établissement du règne était impossible. Il ose reprendre le Seigneur ! La chair, même vue dans le croyant sous son aspect le plus favorable (c'était le cas de Pierre), recule devant l'opprobre, va jusqu'à offenser Christ et à se faire l'instrument de Satan. Elle est incapable de suivre Jésus dans le chemin de la réjection et de la souffrance. C'est ce que le Seigneur va enseigner aux foules et à ses disciples.
 
 
Prendre sa croix (8 : 34)
 
            Pour venir « après Moi » dit le Seigneur – et c'était là l'appel d'André, Simon et Lévi – il faut d'abord se renoncer soi-même. Renoncer non pas seulement à « nos filets » ou à notre « bureau de recette », non pas tant à tout ce qui peut nous intéresser et nous occuper sur la terre, mais à renoncer à ce « moi » qui est le centre de nos pensées, de nos désirs, de notre activité. Sous de beaux dehors, sous des apparences qui ne peuvent tromper que notre entourage, ne se cache-t-il pas – même parfois dans notre service – cette recherche du « moi » qui nous rend incapables de suivre fidèlement Celui qui s'est anéanti comme Dieu et abaissé comme homme. Celui qui faisait toujours les choses qui plaisaient à son Père, Celui qui, Serviteur parfait sur la terre, a pu dire : Je me suis toujours proposé l'Eternel devant moi » (Ps. 16 : 8). Pour se renoncer soi-même, il faut réaliser la fin du vieil homme, l'application pratique de la mort à la chair – il faut préférer Christ. C'est seulement dans la puissance du Saint Esprit agissant dans le nouvel homme que le renoncement au « moi » est possible.
            Pour aller après Lui, il faut ensuite « prendre sa croix », c'est à dire prendre le chemin de la mort. Un condamné qui se dirigeait vers le lieu du supplice, portant sa croix, était un objet de mépris et on pouvait dire de lui : voilà quelqu'un qui en a fini avec le monde. Prendre sa croix, c'est cela. C'est connaître quelque chose de l'opprobre de Christ, c'est réaliser d'une manière pratique que nous sommes morts au monde. Alors, nous pourrons suivre un Maître rejeté dans le sentier où a brillé la perfection de son service, le service de l'amour.
            
 
 Le jeune homme riche (10 : 21-22)
 
            C'est d'abord le jeune homme riche. Avec empressement il accourt à Jésus et, dans l'attitude la plus respectueuse, lui pose cette question « Que ferai-je afin que j'hérite de la vie éternelle ? » Il veut faire quelque chose. Mais, venu à Christ pour essayer d'acheter la vie éternelle, il en trouvera le prix au-dessus de ce qu'il peut payer. Du moment qu'il parle de « faire », le Seigneur lui rappelle les commandements de la loi. N'est-il pas écrit : « Fais cela et tu vivras ? » (Luc 10 : 28) – parole adressée par le Seigneur à un docteur de la loi qui avait posé une question à peu près identique à celle du jeune homme riche. Ce dernier répond : « Maître, j'ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse ». Alors l'apôtre, plus tard, comprendra que toute justice humaine est « comme des ordures » et n'aura d'autre désir que d'être « trouvé en Lui », d'avoir une justice divine (Phil. 3 : 7-9), le jeune homme riche cherche à se présenter devant Dieu avec sa propre justice. Certes, il nous est dit que : « Jésus, l'ayant regardé, l'aima », mais il y avait dans son coeur quelque chose que le Seigneur avait discerné et qu'Il allait mettre en évidence : « Une chose te manque ; va, vends tout ce que tu as, et donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel, et viens, suis-moi, ayant chargé ta croix ». Se renoncer lui-même et charger la croix ! Il en est incapable. Il ne peut même pas renoncer à ses richesses : elles ont plus de valeur à ses yeux que la personne de Christ. Il avait de grands biens qu'il ne veut pas abandonner, aussi il s'en va tout triste ! Il n'a pas voulu suivre Celui qui dit : « Avec moi sont les richesses et les honneurs » (Prov. 8 : 18). Celui qui est seul la source des joies infinies. Il ne le connaissait pas !
            Quel contraste avec l'eunuque éthiopien ! Philippe avait exercé à son égard un vrai ministère : celui qui attache les coeurs à Christ et non au serviteur. Aussi l'eunuque n'est pas attristé par le départ du serviteur : il possède Christ et « continue son chemin tout joyeux » (Act. 8 : 39). Contraste encore avec un autre homme riche dont nous parlent les Ecritures : Barzillaï le Galaadite (2 Sam. 19 : 31-40). Sa foi fut éprouvée par l'offre de nouvelles richesses. Mais il n'en veut pas. Il lui suffit d'avoir la bénédiction de David et de jouir de son amour (v. 39). Il appréciait cela bien au-dessus de toutes les richesses dont il aurait pu être comblé. Comme il connaissait et aimait David !
 
 
Les disciples (10 : 28, 32)
 
            Au verset 28 du chapitre 9, Pierre rappelle qu'ils avaient tout quitté pour suivre le Seigneur. C'est la foi répondant à l'appel : « Venez après moi » (Marc 1 : 16-20) qui les y avait conduits. Le Seigneur annonce alors à son disciple quelle est la part présente et éternelle de ceux qui le suivent : maintenant, c'est tout à la fois la douceur des relations familiales, la jouissance de biens spirituels et des « persécutions » (cf. Jean 15 : 20) – pour l'avenir, c'est la vie éternelle. En résumé, c'est une part avec Christ pour le temps présent et pour l'éternité. Tandis que le Seigneur s'entretenait ainsi avec Pierre, ils étaient en chemin, montant à Jérusalem. Les chemins qui montent sont, en général, dans les Ecritures, des sentiers difficiles. C'était bien le cas pour celui du Seigneur ; il se terminait à Jérusalem, la ville où Il allait être crucifié et vers laquelle Il avait résolument dressé sa face, car Il était venu pour cela. Les disciples suivaient le Seigneur, mais ils étaient « frappés de stupeur et le suivaient avec crainte » (v. 32). Pourquoi une telle crainte dans le chemin où pourtant « Jésus allait devant eux » ? (v. 32). Parce qu'il y avait la croix (v. 33-34). Parce qu'ils n'avaient pas réalisés le renoncement. De quoi étaient-ils occupés ? D'eux-mêmes. Jacques et Jean désiraient avoir une place élevée dans la gloire et s'il est vrai que les dix conçurent de l'indignation en les entendant formuler leur demande, c'est sans doute parce qu'ils avaient déjà oublié que peu auparavant, « ils avaient discuté entre eux pour savoir qui serait le plus grand » (Marc 9 : 34). Le Seigneur leur parle alors de « l'abaissement qui va devant la gloire » (Prov. 15 : 33) – du chemin qu'Il suivait lui-même (Marc 10 : 45 ; Phil. 2 : 6-8) et dans lequel Il leur demandait de s'engager – de la coupe des souffrances qu'ils auraient à boire, du baptême de la mort dont ils auraient à être baptisés – souffrance et mort que beaucoup ont rencontrées à la suite d'un Maître rejeté. Pour y marcher, il ne faut pas penser au « moi », il faut avoir Christ devant soi comme seul objet. Plus tard, dans la puissance du Saint Esprit venu sur la terre comme personne divine, les apôtres seront pleins de zèle pour suivre le sentier de la souffrance et de la réjection, et Jacques sera précisément le premier des douze à subir la mort pour son Maître (Act. 12 : 2).
            Sur le chemin qui mène à la gloire, il y a la croix. C'est ce que l'apôtre Paul désirait même, « pour le connaître, Lui, et la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances » (Phil. 3 : 10). Paul allait comparaître devant ses juges, il avait la mort devant lui, mais ayant communion aux souffrances de Christ, il avait l'assurance de mieux le connaître ainsi et de le posséder bien davantage. Il réalisait que la croix est un privilège, car elle nous enlève tout ce qui nous empêche de connaître Christ. Entièrement débarrassé du « moi », il ne s'occupait que de Christ » (Phil. 3 : 8). La puissance du Saint Esprit – qui n'a aucune communion avec le « moi » - ne nous occupe que de Christ (Jean 16 : 14).
 
 
Bartimée (10 : 52)
 
            Si le jeune homme riche, qui ne connaissait pas Jésus, était incapable de se renoncer lui-même et de charger sa croix (il nous présente la chair sous son caractère aimable), si les douze étaient remplis de crainte parce qu'il y avait la croix sur le chemin où ils suivaient le Seigneur et dans lequel ils étaient surtout occupés d'eux-mêmes (là, nous avons la chair de l'homme converti qui recule devant la croix, la chair qui montre son égoïsme sur le sentier où il faut manifester le renoncement), Bartimée nous présente, tout à la fin de ce chapitre, quelqu'un qui va résolument à la suite d'un Maître rejeté. Le Seigneur n'a pas besoin de lui rappeler les commandements de la loi, de lui parler de la coupe ou du baptême, parce que Bartimée n'avait pas la prétention de « faire » quelque chose et ne demandait pas une place dans le royaume. Il ne désirait rien d'autre que suivre Christ, Christ lui suffisait. Aussi, dès qu'il a recouvré la vue – image d'un pécheur qui est passé des ténèbres à la lumière, du pouvoir de Satan à Dieu (Act. 26 : 18), - il n'est occupé d'aucun objet terrestre. Il y a un objet qui a captivé son coeur, une personne à laquelle il veut demeurer attaché, « et il le suivit dans le chemin ». Quel chemin ? – celui qui montait à Jérusalem ! – Chemin de souffrances qui aboutissait au ciel, mais qui passait par la croix. Avant celle-ci cependant, le Seigneur devait entrer comme roi à Jérusalem, échantillon de la gloire à venir (Marc 11 : 1-11).
 
 
Les femmes (15 : 41)
 
            Lorsque notre précieux Sauveur, arrivé au terme de ce chemin de réjection et d'humiliation, fut élevé sur le bois maudit de la croix, quelques femmes se trouvaient là, qui regardaient de loin. C'était de pieuses femmes qui, lorsqu'Il était en Galilée parmi les méprisés et les pauvres du troupeau, « l'avaient suivi et l'avaient servi » – « qui étaient montées avec Lui à Jérusalem » (Marc 15 : 40, 41). Sans doute étaient-elles comprises dans le « ils » de Marc 10 : 32. Malgré leur faiblesse, elles avaient été « avec » Lui, soutenues par la puissance de Celui qui encourage et fortifie tous ceux qui vont à sa suite. Comme David autrefois, elles avaient expérimenté ce qu'est ce monde, « terre aride et altérée, sans eau ». Mais, « rassasiées comme de moëlle et de graisse », elles pouvaient Lui dire aussi : « Mon âme s'attache à toi, pour te suivre ; ta droite me soutient » (Ps. 63).
            Dieu veuille que ces quelques portions de sa Parole rendent plus précieuse à nos coeurs la puissance de Jésus. Puisse-t-Il suffire à nos âmes, afin que nous sachions mieux le connaître, l'aimer, le suivre et le servir !
 
                               Suivons-Le tous, animés d'un saint zèle ;
                               N'arrêtons pas nos coeurs en ces bas lieux.
                               Ce Dieu Sauveur, lui-même, nous appelle,
                               Et nos vrais biens sont cachés dans les cieux.
 
                                     
                                        Paul FUZIER article paru en 1945 dans le « Messager Evangélique » (p. 197)